O. SANCHEZ - Les intoxications au monoxyde de carbone

publicité
Les intoxications au monoxyde de carbone
O Sanchez, F Penouil, M Labadie, B Clouzeau, P Perpère
CHU DE Bordeaux
Le monoxyde de carbone est un gaz incolore, inodore et insipide. Il est en outre
volatile, diffusible et comme sa densité est voisine de celle de l'air, il se répand facilement
dans tout l'espace. Il s'agit d'un gaz très commun, produit tout simplement par la combustion
incomplète d'un composé carboné en raison d'une quantité d'oxygène insuffisante. Ces
propriétés expliquent que les causes d'intoxication sont extrêmement diverses, fréquentes et
difficiles à détecter.
On différencie les intoxications aigües des intoxications chroniques qui répondent à une
autre problématique et à une autre prise en charge. Nous ne nous intéresserons dans ce
travail qu'aux intoxications aigües.
Ces intoxications sont fréquentes puisquʼelles touchent environ 4000 personnes par an en
France et sont responsables de 100 décès par an (hors incendies).
La physiopathologie est complexe. La toxicité du monoxyde de carbone sʼexplique par 3
grands mécanismes : lʼhypoxie, la toxicité cellulaire directe et les lésions de réoxygénation.
La caractéristique de ces intoxications réside dans le fait, qu'outre les symptômes immédiats
liés à l'inhalation de monoxyde de carbone, d'autres symptômes peuvent apparaître 2 à 6
semaines après l'intoxication et persister dans le temps (syndrome post intervallaire).
Le diagnostic de lʼintoxication aigüe est basé sur lʼassociation de plusieurs facteurs : une
suspicion dʼexposition au monoxyde de carbone, une chronologie des symptômes
compatible avec une intoxication au monoxyde de carbone et une élévation du taux de
carboxyhémoglobine (et/ou du CO expiré). Un taux normal nʼéliminant pas le diagnostic car il
dépend de son délai de réalisation par rapport à lʼexposition. Il est plus élevé chez le fumeur.
Les pompiers sont systématiquement équipés de détecteurs de CO dans leurs sacs
dʼintervention.
Le traitement principal est lʼoxygène normobare ou hyperbare. De nombreuses équipes se
sont intéressées à ce sujet afin de déterminer quelles étaient les indications de
l'oxygénothérapie hyperbare et son apport dans le pronostic de la pathologie sans qu'aucune
réponse claire n'ait été donnée pour le moment.
Afin de guider la décision thérapeutique il existe donc des recommandations européennes
(ECHM 2004) et françaises (HAS 2007):
ü toute intoxication au monoxyde de carbone datant de moins de 24h doit être traitée
par oxygénothérapie normobare en première intention
ü lʼoxygénothérapie hyperbare est recommandée chez les patients ayant perdu
connaissance ou présentant des signes neurologiques, cardiaques, respiratoires ou
psychiatriques et chez les femmes enceintes
ü il nʼest pas recommandé de mettre en place un traitement après un délai de 24h
après la dernière exposition si les symptômes ont disparu
ü pour les autres patients lʼoxygénothérapie hyperbare reste optionnelle.
De plus depuis 2005 en France, toute intoxication au monoxyde de carbone est à
déclaration obligatoire et doit être signalée à lʼARS. Celle-ci, en collaboration avec le
Centre Antipoison, après enquête, adresse les données à lʼInVS qui les analyse au
niveau régional et national. Des mesures sont alors prises en urgence pour aider le
patient à trouver la source responsable et à prévenir les récidives éventuelles. Enfin, cela
permet de décrire la répartition spatio-temporelle, les circonstances de survenue et les
facteurs de risque et dʼévaluer lʼefficacité de la politique de prévention.
Ainsi lʼintoxication aigüe au monoxyde de carbone est une pathologie fréquente, parfois
lourde de conséquence nécessitant un diagnostic rapide, une prise en charge adaptée, et
une politique de prévention efficace.
Téléchargement