annexes

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ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE SUR SAGA PEDO
pages 2-25
Pourquoi une bibliographie si fournie ?
ARTICLES CONSULTÉS
page 2
ARTICLES NON CONSULTÉS
page 2-3
ARTICLES NUMÉRISÉS
page 4-25
L’ambition de rassembler et de diffuser l’ensemble des connaissances françaises
sur Saga pedo nous a incité à réaliser un état des lieux bibliographique le plus
exhaustif possible. Cependant, les publications anciennes et récentes étant fort
dispersées géographiquement, il manque certainement de nombreuses références
à cette liste. C’est pourquoi nous vous invitons à nous faire connaître les références
bibliographiques manquantes ou erronées.
Voisin, 2003
Bellmann, 1995
Bernier, 2004
Mossot, 1999
Anonyme, 2004
Albaille, 1933
Bérenguier, 1905
Mingaud, 1907
Quidet, 1988
Schall, 2002
Chopard, 1941
Bonfils, 1960
Carrière, 2004
Martin, 1998
Chinery, 1988
Bérenguier, 1907
p4
p4
p5
p5
p6
p7
p 8-11
p 11
p 12-15
p 16-21
p 21-22
p 22
p 22-23
p 23
p 23
p 24-25
PAGES WEB SUR SAGA PEDO
Les articles que nous avons pu recueillir ont été numérisés et rassemblés dans ces
annexes. Il s’agit de faciliter l’accès du plus grand nombre à ces documents qui sont
souvent difficiles à récupérer par soi-même. Le travail collectif effectué dans le cadre
de l’enquête Saga permet la constitution d’un fonds documentaire «ressource», sous
une forme informatisée directement exploitable par tous. Nous espérons que cet outil
stimulera l’émergence de futurs travaux menés sur Saga pedo dans notre pays.
Quant à la recherche des sites internet traitant de Saga pedo, nous vous proposons
ici une toute petite partie de ce qu’il existe sur la toile. Ce travail de recherche et
de compilation est sans fin mais peut néanmoins apporter des informations essentielles et inédites sur Saga pedo. De nombreux chercheurs et naturalistes mènent
des travaux parallèles sur cette sauterelle et ne sont pas toujours au courant des
découvertes des uns et des autres. Nous vous invitons également à nous faire part
de toute information sur Saga pedo trouvée sur le net.
Pour contacter des référents sur Saga pedo :
pages 25-29
Statuts de protection
p 25
France
Espagne
Suisse
Italie
Hongrie
Russie
Etats-Unis
p 26-27
p 27
p 28
p 28
p 28
p 29
p 29
Réseau francophone d’entomologie Tela Insecta : [email protected]
Contacter le coordinateur de l’enquête Saga : [email protected]
Ecologistes de l’Euzière : Tel 04.67.59.54.62, Domaine de Restinclières, 34730 Prades
Observatoire Naturaliste des Ecosystèmes Méditerranéens : [email protected]
Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, Jean-François Voisin : [email protected]
Nous avons par ailleurs mis en ligne un espace internet dédié à Saga pedo :
http://www.saga.onem-france.org
Synthèse de lʼenquête nationale sur Saga pedo - Réseau Tela Insecta, LʼONEM, Les Ecologistes de lʼEuzière & Le MNHN - mars. 2005
1
Bibliographie sur Saga pedo
Bibliographie consultée et numérisée
ALBAILLE S.-J., 1933.- Deux captures de SAGA SERRATA (Fabr.) dans l’Aude et
dans l’Hérault, in Bull. Soc. d’Etudes Sc. Nat. de Béziers, 36 : 51-54.
ANONYME, 2004.- La magicienne dentelée, in La Salamandre, 163 : 40-41.
Bibliographie non consultée
ANONYME, 1979.- La Saga pedo, à propos de 4 captures en Drôme, in Cahiers de
l’Oule 7 : 17.
BALAZUC J. et REVEILLET P., 1968.- Nouvelles captures de Saga pedo (P.) dans
le bassin du Rhône. in L’entomologiste 24 (1) : 1-3.
BELLMANN H. & LUQUET G., 1995.- Saga pedo (Pallas, 1771) (= Saga serrata F.),
in Guide des Sauterelles, Grillons et Criquets d’Europe occidentale, pp 158-159.
BELLMANN H., 1993.- Saga pedo (Pallas, 1771) (= Saga serrata F.), in
Heuschrecken beobachten, bestimmen.
BÉRENGUIER Paul, 1905.- Notes orthoptérologiques I. La Magicienne dentelée “Saga
serrata”, in Bull. Soc. ét. sc. nat. de Nîmes, vol. 33, pp.145-154 avec un cliché.
BUGNION E., 1931-32.- La Saga serrata Fabr., in Bulletin de la Murithienne,
Société Valaisanne des sciences naturelles, fasc. XLIX. Sion (Suisse).
BÉRENGUIER Paul, 1907.- Notes orthoptérologiques III. Observations sur les Mues de
quelques Locustaires, in Bull. Soc. ét. sc. nat. de Nîmes, vol. 35, pp.XXIII et 14-20.
CHEYLAN, G & CHEYLAN M., 1970.- Un insecte carnassier peu connu. La Saga
pedo. in La Vie des Bêtes 138 : 20.
CHOPARD L., 1922.- Orthoptères et Dermaptères. Faune de France 3. 212 pp.
BERNIER Christophe, 2004.- La Saga des Magiciennes dentelées, in La Lettre,
Bulletin de liaison des Ecologistes de l’Euzière, n° 61 (sept. 2004) : 12-13.
CHOPARD, L., 1946.- Quelques notes sur les mœurs de la Saga (Orth.
Tettigoniidae), in Bull. Soc. Ent. Fr. (Paris), 9 : 126-128, 1 fig.
BONFILS J., 1960.- Note sur quelques Orthoptères de la Corse. in Bulletin de la
Société entomologique de France, 65 : 84-91.
CHOPARD, L., 1965.- Atlas des Aptérygotes et Orthoptéroïdes de France. Ed. N.
Boubéee
CARRIERE. J, 2004.- Variantes chromatiques de Mantis religiosa L. dans l’Hérault : Aspect
iconographique, notes de terrain. (orthoptera - Mantidae), in Lambilionea, CIV, 2 : 171-175
CORAY A. & THORENS Ph., 2001.- Orthoptera. Fauna levetica 5, Centre Suisse de
la Cartographie de la Faune, 236 pp.
CHOPARD L., 1951.- Orthoptéroïdes et Dermaptères. Faune de France 56. 359 pp.
DEFAUT B., 1997.- Synopsis des
entomocénotiques, hors-série, 74 pp.
Orthoptères
de
France.
Matériaux
MARTIN Philippe, 1997. - La nature méditerranéenne en France, Ed. Del.& Niestlé, 272 p.
DEFAUT B., 2001a.- Synopsis des
entomocénotiques, hors-série, 74 pp.
Orthoptères
de
France.
Matériaux
MINGAUD Galien, 1907.- Observations sur la “Saga serrata”, in Bull. Soc. ét. sc.
nat. de Nîmes, vol. 35, pp.XXVII et 69-70.
DELABIE, J., 1976.- Une rencontre peu commune : Saga pedo Pallas, 1771, in Bull.
Soc. d’Etudes Sc. Nat. de Béziers (N.S) 4 (45) : 27-34.
MOSSOT Michèle, 1999.- Les peuplements d’Orthoptères (Insecta : Orthoptera)
du Parc National du Mercantour (Alpes-Maritimes, Alpes-de-Haute-Provence) in
Bulletin de la Société Entomologique de France, 104 (2) : 149-166.
ÈAPUTA A., 1967).- Vzácne a chránené Zivoèíchy Slovenska, sága stepná (Saga
pedo) [Un animal rare et protégé de Slovaquie, Saga pedo]. in Krásy Slovenska 44
(11): 437 (en Slovaque). (trouvé sur http://mujweb.cz/www/petr_kocarek/Bibliography.htm).
QUIDET, P., 1988.- Saga pedo Pallas. Une sauterelle qui pose des problemes aux
entomologistes. in Bulletin de la Société des Sciences de Nîmes et du Gard 58: 63-68.
FINOT, 1883 et 1890.- Les Orthoptères de France, Paris, Deyrolle, p.224, pl.11, fig.147
VOISIN J-F., 2003.- Saga pedo (Pallas, 1771) La magicienne, in Atlas des
Orthoptères (Insecta : Orthoptera) et des Mantides (Insecta : Mantodea) de France,
Patrimoines Naturels, 60 : 34.
GINTER O., 1924.- Saga serrata F. na Moravì. [Saga serrata F. en Moravie]. Sbor.
Pøírodovìd. Spoleè. v Mor. Ostravì 2 (1922-1923): 1-4 (en Tchèque).
(trouvé sur http://mujweb.cz/www/petr_kocarek/Bibliography.htm).
GRASSE P.P., 1977.- La Parthénogénèse. Traité de Zoologie. Tome VII.
Synthèse de lʼenquête nationale sur Saga pedo - Réseau Tela Insecta, LʼONEM, Les Ecologistes de lʼEuzière & Le MNHN - mars. 2005
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Bibliographie sur Saga pedo
HARZ, K & KALTENBACH, A., 1976.- The Orthoptera of Europe. III.- Series
entomologica 12 : 434 pp.
MINGAUD G., 1908.- Observations de Saga serrata, in Feuilles des jeunes naturalistes,
Paris, 82-83.
HORVÁTH G., 1916.- A Saga serrata Fabr. elterjedése hazánkban. [La répartition
de Saga serrata Fabr. en Hongrie]. in Rovart. Lap. 23: 33 - 35 (en Hongrois).
(trouvé sur http://mujweb.cz/www/petr_kocarek/Bibliography.htm).
NADIG A., 1987.- Saltatoria (Insecta) des Süd und Südostabdachung zwischen der
Provence im W, dem pannonischen Raum in NE und Istrien im SE (mit Verzeichnissen
der Fundorte und Tiere meiner Sammlung). I. Teil : Laubheuschrecken (Tettigoniidae).
Rev. suisse Zool., 94 : 257-356.
HOVETTE Chr., 1971.- Note sur la reproduction du Faucon crécerelette Falco
naumanni en Provence, in Nos Oiseaux 31 : 82-90.
JAUS I., 1934.- Ein Beitrag zur Biologie und Ockologie von Saga serrata F.,
Konowia, p. 171-177.
KALTENBACH, A., 1967.- Unterlagen für eine Monographie der Saginae. I.
Superrevision der Gattung Saga Charpentier. in Beiträge zur Entomologie 17 : 3-107.
KALTENBACH A., 1970.- Unterlagen für eine Monographie des Saginae. II : Beiträge
zur Autoekologie der Gattung Saga Charpentier. in Zool. Beitr., 16 : 155-245.
KALTENBACH A., 1986.- Saginae, Saltatoria, Tettigoniidae. in Das Tierreich, The
Animal Kingdom, 103 : 1-11
KRUSEMAN G., 1988.- Matériaux pour la faunistique des Orthoptères de France. III.
Les Ensifères et les Caelifères : Les Tridactyloides et les Tétrigoides des Musées de
Paris et d’Amsterdam. Verslagen en Technische Gegevens, 51 : I-XIX + 1-164.
KENYERES Z., BAUER N. & RÁCZ I., 2002.- Saga pedo Pallas dans le bassin des
Carpates, synthèse et nouvelles données (Orthoptera, Tettigoniidae). in Bulletin de
la Société Entomologique de France, 107 (2): 149-156.
MARGIER, CABANNES & HUGUES, 1917.- Orthoptères nouveaux ou rares pour le
département du Gard, in Miscella Entomologica, vol. XXIV.
MATTHEY, R,. 1941.- Étude biologique et cytologique de Saga pedo Pallas
(Orthoptera Tettigoniidae). in Revue Suisse de Zoologie 48 (2) : 91-142, Pl. 2-4.
MATTHEY R., 1945.- La répartition de Saga pedo dans le canton du Valais. Mitt.
Scheiz. ent. Ges. p. 482-484.
MATTHEY R., 1946.- Démonstration du caractere géographique de la parthénogénèse de Saga pedo Pallas et de sa polyploïdie, par comparaison avec les espèces
bisexuées S. ephippigera Fisch. et S. gracilipes Uvar. in Experientia 2: 260-261.
MATTEY, R,.,1948 a.- Données nouvelles sur les chromosomes des Tettigoniides et la
parthénogénèse de Saga pedo Pallas. in Revue Suisse de Zoologie. 55 (2) : 45-56.
MINGAUD Galien, 1893.- Note sur la capture de Saga serrata Fabr. dans les
environs de Nîmes in Bull. Soc. ét. sc. nat. de Nîmes : 40-45.
MINGAUD G., 1894.- Mœurs et métamorphose de Saga serrata, in Bull. Soc. ét. sc.
nat. de Nîmes, p. LXIII-LXIV et124-126.
NADIG A. & THORENS P., 1991a. Liste faunistique commentée des Orthoptères de
Suisse (Insecta, Orthoptera Saltatoria). in Bull. Soc. entomol. Suisse, 64 : 281-291.
NADIG A. & THORENS P., 1991b. Atlas de distribution des Orthoptères de Suisse.
CSCF & Pro Natura, 236 pp.
NAGY, B., 1960.- A Saga pedo Pall. (Orthopt. : Tettigonioidea). in Folia Entomologica
Hungarica (Series Nova), XIII(12) : 251-253.
NAGY, B., KIS, B., & NAGY, L., 1983.- Saga pedo Pall. (Orthoptera, Tettigoniidae) :
Verbreitung und Ökologische Regelmessigkeiten des Vorkommens in S.O. Mitteleuropa.
Verhandlungen SIEEC X. Budapest 1983 : 190-192.
PALLAS, 1771.- Reise, I, p. 467
PINEDO M. Conception, 1985.- Los Tettigoniidae de la Peninsula Iberica, Espagna
insular y norte de Africa. IV Subfamilia Saginae Stal, 1874. Graellsia, t. XLI : 167-172.
QUILICHINI C., 2003.- Diagnostic écologique des neuf espèces d’insectes protégés de
Corse. Rapport de DEA “biodiversité” de l’Université de Corse, 24 pages + annexes.
RAMME, W., 1951.- Zur Systematik, Faunistik und Biologie der Orthopteren von
Südost - Europa und Vorderasien. 3. Revision der Gattung Saga. Mitteilungen aus
dem Zoologischen Museum in Berlin. Band 27 : 172-191.
SÄNGER, K. & HELFERT, B. 1994.- Vergleich von Anzahl und Lage der Mikropylen
und der Form der Eier von Saga pedo, S. Natoliae und S. ephippigera (Orthoptera
: Tettigoniidae). in Entomologia Generalis 19 (1/2) : 49-56.
SAUSSURE, H. de., 1888.- Synopsis de la tribu des Sagiens, in An. Soc. Ent. Fr. : 127-155.
SAUSSURE, H. de.,1892.- Note supplémentaire à la synopsis de la tribu des
Sagiens. Annales de la Société Entomologique de France : 5-16.
SCHALL A., 2002. Détails sur la connaissance de Saga pedo (Pallas, 1771), cycle
biologi-que en captivité, (Orthoptera, Tettigoniidés, Saginae). in Bulletin de la
Société Entomologique de France, 107 (2): 157-164.
SOYER B., 1949.- Les Orthoptères des collines des environs de Marseille. Bull.
Soc. Linnéenne Prov., 17 : 1-8.
Synthèse de lʼenquête nationale sur Saga pedo - Réseau Tela Insecta, LʼONEM, Les Ecologistes de lʼEuzière & Le MNHN - mars. 2005
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Articles consultés numérisés
VOISIN J-F., 2003.- Saga pedo (Pallas, 1771) La magicienne, in Atlas des
Orthoptères (Insecta : Orthoptera) et des Mantides (Insecta : Mantodea) de
France, Patrimoines Naturels 60. p 34.
Famille des SAGIDAE
Saga pedo (Pallas, 1771) La Magicienne
Kaltenbach (1970) a montré que la rareté de cette espèce est plus apparente
que réelle. Hovette (1971) a observé un couple de Faucons crécerelettes (Falco
naumanni) qui en a apporté 10 à son poussin en cinq heures et demie. Elle est
connue en France de tous les départements méditerranéens y compris la Corse,
d’où elle est citée par Kruseman (1988). Dans la vallée du Rhône, elle remonte
jusque dans la Drôme et l’Ardèche, et vers le nord-ouest jusque dans l’Aveyron
et le Lot. Elle semble toutefois rare dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales. C’est
surtout un Orthoptère de plaine, auquel sa tolérance écologique permet d’atteindre
1 700 m dans les régions favorables. Parthénogénétique, on n’en connaît pas de
mâle (Kaltenbach 1986, Schall 2002). Son activité est essentiellement nocturne
(Kaltenbach 1970, 1986). Elle s’observe de mai à septembre.
BELLMANN H. & LUQUET G., 1995.- Saga pedo (Pallas, 1771) (= Saga serrata F.),
in Guide des Sauterelles, Grillons et Criquets d’Europe occidentale : 158-159.
Saga pedo (Pallas, 1771) (= Saga serrata F.)
La Magicienne dentelée, la Langouste de Provence.
Siigeschrecke, Steppen-Siigeschrecke, Dornenschrecke.
Cette impressionnante Sauterelle - l’un des plus grands Insectes européens
représente le géant des Orthoptères ouest-européens. En effet, le mâle mesure
60 mm (mais il n’a jamais été trouvé en Europe occidentale) et la femelle 61 à 67
mm, longueur à laquelle il faut ajouter celle de l’oviscapte (34 à 45 mm) ! D’un beau
vert moyen, orné d’une bande latérale d’un blanc rosé - mais parfois gris, rehaussé
d’une bande jaune pâle -, ce curieux Insecte se reconnaît aisément à son corps
remarquablement long et grêle, son pronotum cylindrique et allongé, et l’absence
totale des organes du vol. Il est pourvu de pattes longues et robustes, les fémurs
antérieurs et médians étant armés, sur leur face inférieure, de longues épines;
les tibias antérieurs sont également pourvus de très fortes épines; les fémurs
postérieurs, longs et grêles, portent en dessous des épines moins développées
que celles des autres paires de pattes. L’oviscapte est allongé, doucement incurvé,
denticulé dans son tiers apical.
La Magicienne dentelée est un Insecte rare, qui fréquente les garrigues des
régions méditerranéennes calcaires, privilégiant les endroits arides et sauvages.
Occasionnellement, l’espèce peut s’égarer parmi les vignes. L’adulte se montre
à terre ou sur les buissons, de juillet jusqu’en automne. En Europe occidentale,
le mâle est inconnu et le développement s’effectue par parthénogenèse (les
œufs déposés par les femelles se développent sans fécondation). L’animal est
carnassier, se nourrissant avant tout de petits Acridiens et de jeunes Sauterelles
qu’il retient prisonniers, comme les Mantes, embrochés dans les rangées d’épines
de ses membres antérieurs, comparables à des pattes ravisseuses. Dans la région
considérée, Saga pedo n’est connu que du nord de la Suisse et du Midi de la France.
En France, la Magicienne dentelée est officiellement protégée par la loi. Cette
mesure permet d’instruire des dossiers de préservation de milieux, et notamment
d’étayer des demandes d’arrêtés préfectoraux de protection de biotopes, en cas
de menace pesant sur les biotopes hébergeant l’espèce (aménagements divers,
extensions agricoles ou sylvicoles, etc.).
En photos : Saga pedo o+, Mont Ventoux (Les Trois Termes)/Va, 8-IX-1975
{commune
commune de Sault
Sault}.
Saga pedo, o+ dévorant un Dectique (Marzana/Is), 9-VIII-1975. {Istrie, en Croatie}
Synthèse de lʼenquête nationale sur Saga pedo - Réseau Tela Insecta, LʼONEM, Les Ecologistes de lʼEuzière & Le MNHN - mars. 2005
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Articles consultés numérisés
BERNIER Ch., 2004.- La Saga des Magiciennes dentelées, in la Lettre,
Bulletin de liaison des Ecologistes de lʼEuzière, n° 61 (sept.2004) : 12-13.
Fin de notre série préférée de l’été : La Saga des Magiciennes dentelées
Ne ratez pas le dernier épisode !!!
Parmi les nombreux Aliens de la garrigue, il en est un qui surpasse tous les autres,…ce
n’est ni la fascinante Empuse, ni le terrible Scorpion langedocien, ni l’horripilante Tarentule !
Non, notre monstre porte le mystérieux nom scientifique de Saga pedo et stimule encore
plus l’imaginaire par un nom vernaculaire évocateur : la Magicienne dentelée.
La Magicienne dentelée, localement appelé « Langouste de Provence » à l’est
du Rhône ( !), est considérée comme l’un des plus grands insectes européen : il
atteint près de 15 cm de long de la pointe du sabre au bout des antennes ! Tapie
dans les buissons pendant la journée, notre sauterelle, car c’en est une, passe à
l’offensive dès la tombée de la nuit. Là, ce mastodonte d’apparence maladroite se
métamorphose en un habile prestidigitateur capable des pires méfaits.
C’est que ce terrible carnassier a tout du parfait boucher : de puissantes mandibules,
capables de broyer la plus solide des cuirasses, des pattes antérieures et médianes
ravisseuses et armées de longues épines empaleuses… Brrrrrrr, heureusement que nous
n’avons pas la taille d’un criquet ! Car la Saga se nourrit principalement d’Orthoptères, avec
une préférence pour les juteuses Ephippiger. Même le Dectique à front blanc et la Grande
Sauterelle verte – considérés comme de grands carnassiers – passent à la casserole !
Spécimen récolté par Thierry sur le Lien à Teyran (34) le 28 juin 2004 vers 2h du matin !
On ne connaît de cette sauterelle aucun mâle en Europe… Cela signifie que tous
les individus que vous rencontrez sont des femelles, capables de se reproduire par
parthénogénèse (les œufs pondus sans fécondation sont fertiles). La femelle pond
une vingtaine d’œufs dans le sol à l’aide de son oviscape dentelée (sabre).
(Extrait :) Orthoptères des basses régions : du supraméditerranéen au montagnard.
La Magicienne dentelée est une sauterelle méditerrranéenne protégée à l’échelle
européenne et cantonnée aux meilleurs secteurs de garrigues. Cette année, les
orthoptères ayant été abondants, les Saga pedo aussi. De nombreux « Ecolo » ont
pu les observer cet été, par de chaudes nuits, traversant les routes, au risque de
provoquer de nombreux accidents pour les moins avertis d’entre-nous !
On l’appelle la magicienne dentelée en raison de son attitude d’intimidation qui
consiste à se dresser sur les pattes postérieures et médianes, les pattes antérieures
écartées et bougeant lentement, à la façon d’un magicien qui vous jetterait un
mauvais sort… Vraiment très impressionnant ce numéro de cirque !
NB : si vous aussi, vous avez eu la chance de rencontrer la rare Magicienne dentelée,
dites-le nous, nous essayons d’effectuer la mise à jour de la répartition de cette espèce
en France.
MOSSOT Michèle, 1999.- Les peuplements dʼOrthoptères (Insecta : Orthoptera)
du Parc National du Mercantour (Alpes-Maritimes, Alpes-de-Haute-Provence)
in Bull. Soc. Ent. France, 104 (2) : 149-166.
Dans le cadre de cette étude nous nous sommes bornée à étudier les peuplements
orthoptériques dela zone centrale du Parc National du Mercantour. C’est dire que
les régions basses qui se trouvent en général dans la zone périphérique ont été
irrégulièrement explorées, aussi nous contenterons-nous de donner une liste des
espèces rencontrées. Nous y remarquerons l’absence de Saga pedo (PALLAS,
1771), pourtant vu deux années de suite dans la vallée de l’Issole proche du
Haut-Verdon à 1750 m d’altitude (montagne du Cheval Blanc). Quelques efforts
de prospection, sur les versants qui jouissent de conditions microclimatiques aussi
favorables, notamment en périphérie du Parc National, nous permettraient sans
doute d’y découvrir cet Orthoptère discret, qui passe souvent inaperçu dans la
végétation haute où il se tient le plus souvent immobile durant les heures chaudes
de la journée. En dehors de quelques espèces pour lesquelles les localités sont
précisées, les Orthoptères listés ci-dessous - selon la nomenclature adoptée par
DEFAUT (1997), ou THORENS & NADIG (1997) - ont été observés dans la plupart
des vallées du Parc National du Mercantour.
Synthèse de lʼenquête nationale sur Saga pedo - Réseau Tela Insecta, LʼONEM, Les Ecologistes de lʼEuzière & Le MNHN - mars. 2005
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Articles consultés numérisés
ANONYME, 2004.- La magicienne dentelée, in La Salamandre, n°163, pp 40-41.
6 La Magicienne dentelée
Pour finir en beauté, la “Salamandre” souhaitait vous offrir une rencontre avec la plus grande
et la plus mystérieuse de nos sauterelles, véritable mythe vivant : la magicienne dentelée.
Rendez-vous à la tombée de la nuit dans une prairie aride parsemée d’épineux.
Cela sent bon la Provence, et pourtant nous sommes en Valais, dans la région de
Martigny. Sur cette pente désolée vit, paraît-il, avec ses dix à onze centimètres
de long du sommet de la tête jusqu’au bout du sabre, un des plus grands insectes
d’Europe. Et encore, c’est compter sans ses antennes presque aussi longues que lui !
La quête
Qui dit antennes interminables pense sauterelle, et c’est juste, mais dans notre cas
il s’agit d’une bête au corps démesuré et aux mœurs étranges. Ceux qui ont eu la
chance de rencontrer Saga pedo sont si rares qu’on peut presque les soupçonner
d’avoir tiré de leur imagination cette invraisemblable créature. La quête commence
dans la nuit. Les faisceaux de nos lampes balaient les herbes sèches en s’attardant
sur les petits et impénétrables buissons au cœur desquels elle aime se cacher.
Que cherchons-nous ? Un abdomen interminablement allongé, vert strié d’une ligne
blanc rosé. Des pattes démesurées, armées d’épines. Le tout pourtant est réputé
presque impossible à trouver.
Géant maladroit
Rien dans nos ronds de lumière. Juste des criquets endormis et quelques
sauterelles. Ce sont eux que recherche la magicienne dentelée pour leur jeter un
sort affreux avec ses pattes ravisseuses. Sur les images qui la représentent, la
Saga pedo est assez terrifiante. En réalité, elle serait d’une affligeante maladresse.
Trop grand peut-être, l’insecte se déplacerait avec gaucherie. Surprendre les
criquets en plein sommeil serait sa seule chance de les attraper. Intrigué par ce
véritable mythe vivant, le professeur MATTHEY, de l’Université de Lausanne, a mené
dans les années 40 une vaste enquête. Ce zoologiste, à qui la surprenante présence
de la saga méditerranéenne avait été signalée en Valais, a passé des semaines à sa
recherche pour n’en ramener que quelques exemplaires isolés.
Sauterelle à cent sous
Mais le savant lausannois ne se décourage pas et, par voie d’annonces, il invite la
population locale à lui apporter contre paiement la bête étrange. En peu de temps
et à coup de pièces de cent sous, il se retrouve riche d’une trentaine de spécimens.
La légende de la sauterelle à cent sous ne fait que commencer.
Matthey, à sa grande surprise, n’a récolté que des femelles toutes reconnaissables
à leur longue tarière. Des expériences menées en captivité prouvent bientôt que
les magiciennes dentelées n’ont nul besoin de mâles pour se reproduire. Même
si, durant toute leur vie longue de quatre ou cinq mois, elles ne rencontrent aucun
congénère, elles sont capables une fois adultes de pondre dans la terre aride une
vingtaine de gros œufs longs d’un centimètre... avant de mourir épuisées.
Tranches fines
Fasciné, Matthey sacrifie toutes ses captives et découpe leurs organes reproducteurs
en centaines de tranches millimétriques. C’est un bon millier de lames de verre que le
scientifique étudie au microscope pour percer le secret de cet insecte. Pareil carnage
en valait-il la peine? On sait en tout cas grâce à lui qu’il .y a une seule division de
maturation, équationnelle et en tous points identique aux mitoses somatiques. Son
caractère hétéropolaire résulte de l’obliquité du fuseau… Retenons simplement que
la magicienne dentelée - cas rarissime chez \ les animaux - possède dans chacune
de ses cellules quatre jeux complets de chromosomes et que ses œufs sont produits
par parthénogenèse. Des cousines de la saga vivent dans les Balkans, où des
formes mâles ont également été observées. Plus on va, vers l’ouest, plus ces grands
insectes méditerranéens, deviennent rares. Déjà exceptionnels en Provence, ils ont
sans doute à la faveur d’une époque chaude remonté la vallée du Rhône en petit
nombre pour s’établir sur quelques pentes ensoleillées du Valais.
Phasme et fantasmes
La traque continue, et
voici soudain un phasme
blanc translucide qui
déploie lentement ses
pattes épineuses
dans la lumière d’une
de nos lampes. La bête
en pleine métamorphose
est en train de gonfler
patiemment ses ailes
laiteuses. Premiers pas
d’une mante religieuse
transparente dans la
nuit. De quoi nous
consoler de notre
rendez-vous manqué
avec la sauterelle
de légende...
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Articles consultés numérisés
ALBAILLE S.-J., 1933.- Deux captures de SAGA SERRATA (Fabr.) dans
lʼAude et dans lʼHérault. in Bull. Soc. dʼEtudes Sc. Nat. de Béziers, 36 : 51-54.
NOTES SCIENTIFIQUES OCCITANES II Deux captures de SAGA SERRATA
(Fabr.) dans l’Aude et dans l’Hérault, par S.-J. ALBAILLE
Deux intéressantes captures de Saga serrata Fabr., faites dans notre région au
cours de ces dernières années, l’une par notre doyen, M, J.-B. RENAUD, l’autres
par notre président, M.E.GENSON, méritent d’être signalées et m’incitent à
donner quelques renseignement sur cette rare sauterelle. La Saga serrata Fabr.
(Magicienne dentelée) est un orthoptère de la famille des Locustaires décrit par
Fabricius en 1793 sous le nom de Locusta. Elle a fait le sujet de nombreuses
études, parues dans diverses publications scientifiques ; celles qui intéressent
notre région sont, principalement :
FINOT : Les Orthoptères de France, Paris, Deyrolle, 1883, et éd. 2, 1890.
P.BÉRENGUIER : Notes orthoptérologiques. La Magicienne dentelée (Saga
serrata) in Bull. Soc. et sc. nat. de Nîmes, vol. 32, pp.145-154 avec figures (1905).
P.BÉRENGUIER : Observations sur les mœurs de quelques locustaires, mues de
Saga in Bull. Soc. et sc. nat. de Nîmes, vol. 35, pp.XXIIII et 17 (1906).
MINGAUD (Galien) : Observations sur la Saga serrata, in Bull. Soc. et sc. nat. de
Nîmes, vol. 35, pp.XXVII et 69-77 (1907).
MARGIER, CABANNES et HUGUES : Orthoptères nouveaux ou rares pour le
département du Gard, in Miscella Entomologica, vol. XXIV (1917).
E. BUGNION : La Saga serrata Fabr., in Bull. de la Murithienne, Soc. Valaisanne
des sciences naturelles, fasc. XLIX, 1931-32. Sion (Suisse).
J’emprunterai à ces divers auteurs, qui ont longuement décrit l’insecte et ses
mœurs, quelques notes nécessaires à sa connaissance.
Voici une courte description des caractères spéciaux à Saga serrata Fabr. : Grand
insecte à corps très long 60-78 mm, à tête prolongée horizontalement, vertex
acuminé ; yeux grands : antennes longues sétacées contiguës à la base ; pronotum
cylindrique ; prosternum à deux épines ; élytres squamiformes chez les mâles,
réduites à un pli du mesosternum chez les femelles : pattes postérieures propres au
saut : tarses de 4 articles, déprimés, les deux premiers sillonnés latéralement ; tibias
antérieurs n’ayant jamais, en dessus, d’épines apicales, à trous auditifs (tympans)
tendus ; tibias postérieurs sans épine apicale, en dessus, sur aucun côté, munies
en dessous de deux épines apicales ; oviscape corné, libre et apparent, allongé en
forme de sabre ; composé de 4 valvules réunies.
qu’elles grincent sur l’acier d’une pince, chez Saga, les deux premières paires de pattes
fonctionnent, comme pour les Mantes, en guise de ravisseuses ; elles sont armées
d’une double rangée d’épines sur les tibias et les fémurs, et engrenant entre elles. Ses
pattes ont la faculté de se replier, complètement, fémurs contre tibias, à la façon d’une
pince dentelée. D’autre part, la poitrine, fortement cuirassée, porte le complément des
appareils de contention sous forme de six épines robustes ; de plus, les deux premières
paires de pattes sont munies, vers la base de la hanche, d’une forte dent qui correspond
au vide régnant entre les six épines du thorax, de façon à engrener avec elles.»
La nourriture de Saga se compose d’acridiens, principalement de Stenobothrus et d’Oedipodes.
Cette grande espèce habite en France le littoral de la Méditerranée, principalement les
parties chaudes de la Provence ; son aire de dispersion comprend la Sibérie, la Russie
méridionale, la Hongrie, la presqu’île des Balkans, le sud de l’Autriche, l’Italie, la France
méridionale et l’Espagne.
Chez nous, la femelle est rare, le mâle est introuvable. La reproduction des Saga serrata
dans notre domaine a lieu probablement par parthénogénèse, ainsi que le prouve les
cas de pontes d’oeufs ayant donné des larves vivantes, par des femelles n’ayant jamais
été en contact avec des mâles, d’après les observations de BÉRENGUIER.
Le nombre de captures signalées en France jusqu’en 1905 représentent seulement une
cinquantaine d’indvidus ainsi répartis :
- Département du Var, 31;
- Département du Gard, 11 ;
- Département de l’Hérault : 6, tout des femelles adultes.
Il faut ajouter à cette liste quelques captures faites depuis à Sisteron, aux environs de
Marseille et de Nîmes et les deux que nous signalons aujourd’hui. Les six exemplaires
de l’Hérault provenaient :
- des dunes de Sète, une femelle adulte (MARQUET) ;
- Vignes à Coussargues et la Rocaute1, trois femelles adultes (MARQUET) ;
- Vias près Béziers, une femelle adulte (MARQUET) ;
- Marseillan, une femelle adulte (VALERY-MAILLET).
Au cours de sa villégiature à Réals, près Cessenon, en 1927, M.J.B. RENAUD, chassant
des coléoptères pour son importante collection, eut la bonne fortune de prendre, en
septembre, sur un buisson, une femelle de Saga serrata Fabr. que nous identifiâmes
à premières vue avec les gravures de FINOT et BÉRENGUIER ; notre Président,
M.E. GENSON, qui avait vu l’insecte dans la collection de M. RENAUD, le reconnut
Le géant des orthoptères Français est formidablement armé : voici ce qu’en dit
l’année suivante pendant sa campagne de fouilles préhistoriques devant la grotte de
BÉRENGUIER : « En outre de ses mandibules, véritables cisailles, cornées, si dures
Bize (Aude), et rapporta la magnifique femelle qui aujourd’hui partie des collections du
Muséum d’Histoire naturelle de Béziers.
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Ces deux captures sont d’autant plus intéressantes que les localités de Réals et de
Bize sont en dehors de la zone maritime où l’on rencontre habituellement cet insecte
en France ; la station de l’Aude est, en outre, la première pour ce département étant
à combler la lacune signalée dans la dispersion de la Saga serrrata Fabr. entre
l’Hérault et la Catalogne espagnole.
1. Roquehaute, commune de Portiragnes, près Béziers. Localité réputée par sa
flore. Terrain volcanique.
BÉRENGUIER P., 1905.- Notes orthoptérologiques I. La Magicienne dentelée
“Saga serrata”, in Bull. Soc. Ét. Sc. Nat. de Nîmes, vol. 33, pp.145-154.
NOTES ORTHOPTÉROLOGIQUES I La Magicienne dentelée “Saga serrata”
Par PAUL BÉRENGUIER
Les Orthoptères français sont actuellement répartis en sept familles, dont les
formes typiques sont bien connues:
1° Les Forficules, dits Perce-oreilles.
2° Les Blattes ou cafards.
3° Les Mantes, vulgairement : Préga Diou.
4° Les Phasmes ou bacilles, en forme de bâtonnet.
5° Les Acridiens ou criquets, petites sauterelles.
6° Les Grillons, dont le cri-cri est le type.
7° Les Locustaires ou grandes sauterelles (porte sabre).
C’est à cette dernière famille qu’appartient Saga serrata ; famille caractérisée :
Par des antennes très longues filiformes ;
Par les organes de l’ouïe placés sur les tibias antérieurs ;
Par des tarses à quatre articles ;
Par la forme allongée en sabre de l’oviscapte.
Par la disposition des organes de la stridulation dans les élytres.
Un seul de ces caractères manque à Saga, son mâle, pourvu d’élytres rudimentaires,
est à peu près muet ; chez la femelle, les élytres font complètement défaut. Ayant
eu la bonne fortune de découvrir un des habitats préférés de Saga, dans le parc
d’une de mes propriétés - le Clos-Oswald - située dans les forêts de la Chaîne des
Maures, du département du Var, j’ai pu étudier les mœurs de ce curieux orthoptère
et tout le loisir de l’élever en captivité.
C’est en 1895 que pour la première fois au Clos-Oswald, Saga attira mon attention,
inutile d’ajouter que c’était une énorme femelle, le mâle de cet insecte passant pour
introuvable, ou à peu près, puis qu’on n’en connaît qu’un seul exemplaire de France.
Depuis cette première capture, je recueillis à plusieurs reprises d’autres femelles,
mais ce n’est qu’à partir de l’an dernier, durant l’été de 1904 que je commençais
un élevage attentif des femelles que je capturais afin d’étudier leurs mœurs, et les
suivre jusqu’à leur mort. Avant de résumer mes observations, j’indiquerai à grands
traits l’aire européenne de Saga serrata, décrit pour la première fois par Fabricius,
en 1793, sous le nom de Locusta serrata, et placé en 1825 par Charpentier dans
son genre Saga.
On peut circonscrire cet Area entre les 9 degrés de longitude ouest et 48 degrés
de longitude est. D’autre part entre les 35 et 48 degrés de latitude. Partant de la
Sibérie, nous retrouvons cet orthoptère dans la Russie méridionale, la Hongrie,
la presqu’île, des Balkans, le sud de l’Autriche, l’Italie, les côtes méridionales
françaises et l’Espagne.
Nous avons opéré pour la France le relevé minutieux des habitats signalés le voici : Tout
d’abord nous constatons une lacune depuis la frontière italienne jusqu’aux limites du
département du Var ; cependant il est certain que Saga doit exister le long des côtes
des Alpes Maritimes. Le premier habitat signalé à la limite du département du Var,
se trouve au lieu dit la Suvière de l’Esterel, 200 mètres d’altitude. De ce point, avec
mon excellent ami Joseph Azam, bien connu par ses travaux sur les orthoptères,
nous avons relevé une suite d’habitats assez rapprochés pour reconstituer tout le
cheminement de Saga dans le département du Var, ainsi :
- Bois des Escoles : 351 m d’altitude, Esterel.
- Bagnols : 292m d’altitude, dans l’Esterel.
- Clos-Oswald: 220m d’altitude, chaîne des Maures.
- Saint-Tropez: presque sur la côte, aux pieds des Maures.
- Ramatuelle : 146m d’altitude, chaîne des Maures.
- Cogolin: dans la plaine, non loin de la mer, les Maures.
- Baie de Cavalaire : dans les bois près du rivage, les Maures.
- Hyères : 193m d’altitude, dernier chaînon des Maures.
- La Sainte Baume près de Toulon: à mi-côte, 455m d’altitude.
Là, M. Abeille de Perrin, au milieu d’un mauvais champ de luzerne, eut la joie de
trouver dans son filet, un jeune mâle, non adulte malheureusement ; c’est le seul
et unique trouvé jusqu’ici en France. (Cette observation n’a jamais pu être vérifié et
est certainement erronée).
- Encore à la Sainte-Baume, une larve femelle capturée par le Dr Siépi.
Quittant le département du Var, Saga est signalé : à Saint Marcel près Marseille,
par le lieutenant Carpentier; mais ensuite, nouvelle et immense lacune, de ce point
jusqu’à Nîmes ; cependant il est plus que probable qu’il doit exister des stations de
Saga entre Marseille et le Rhône, et de celui-ci à Nîmes. Ici, grâce aux recherches
de M. Galien Mingaud, je releve :
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1 femelle adulte trouvée il y a quelques années parun garde champêtre sans
désignation de localité.
3 femelles, collection Poidevin provenant du Serre du Diable près la route de Sauve.
1 larve femelle, bois de Signan. - G. Mingaud.
2 larves femelles, Générac. - G. Mingaud.
1 larve femelle, bois des Espeisses. -- G. Mingaud.
1 larve femelle, bois de Mittau. - Pierre Crouzet.
1 larve femelle, même endroit. - Valéry Mayet.
1 jeune femelle, Saint Geniès de Malgoirès. - A. Hugues.
1 femelle adulte à Charlot. - Louis Mingaud.
Constatons encore une large lacune entra Nîmes et Cette.
1 femelle adulte, dunes d_ Cette. - Marquet.
3 femelles adultes, vignes de Cousergues et de la Rocaute.
1 femelle adulte, Vias près Béziers - Marquet.
1 femelle adulte, Marseillan. - Valéry Mayet.
Là s’arrêtent les habitats signalés à notre connaissance, mais puisque Saga serrata
se retrouve en Espagne, nul doute qu’il n’existe tout le long de la côte.
Au delà de la frontière Espagnole nous retrouvons Saga à Ribas, province de
Girone, Catalogne, au revers de la chaîne des Pyrénées; ensuite à Uclés et ses
environs, dans la Sierra de Cuenca, autour de Madrid, à l’Escorial, à Talavera de
la Reina, et presque toujours à des altitudes beaucoup plus fortes qu’en France.
D’autre part, en Ligurie, à Voltaggio, vers 700 mètres d’altitude.
En résumé, il a été capturé en France seulement une cinquantaine de sujets, dont
un mâle unique et non adulte. Le département du Var a fourni environ 32 femelles,
plus le mâle en question. La station du Clos-Oswald entre à elle seule dans ce
nombre pour 14 exemplaires.
Une seule femelle a été recueillie dans les Bouches-du-Rhône.
11 adultes femelles ou larves dans le Gard.
6 femelles adultes dans l’Hérault.
Saga n’est donc pas précisément une espèce commune, mais sa rareté provient de
sa localisation, due surtout à son genre de nourriture.
Saga est uniquement carnivore, je devrais dire acridivore, puisque sa nourriture exclusive
se compose d’insectes appartenant à cette famille, encore fait il un choix judicieux
entre ces acridiens. C’est un gourmet ; paraît-il, qui préfère les Oedipodes d’abord, les
Stenobothrus ensuite, mais qui dédaigne les Acrotyles, probablement trop poilus, qui
craint de s’attaquer aux gros Locustaires, plutôt par, paresse que par poltronnerie, car
nous l’avons souvent, placé en face d’adversaires dignes de lui, et si toujours l’issue du
combat lui fut favorable, rarement nous l’avons vu se repaître du vaincu.
Toute autre est sa manière de déguster ses victimes choisies, bien vite paralysées,
grâce à sa formidable armure. En outre de ses mandibules, véritables cisailles
cornées, si dures qu’elles grincent sur l’acier d’une pince, chez Saga les deux
premières, paires de pattes fonctionnent, comme pour les Mantes, en guise de
ravisseuses; elles sont armées d’une double rangée d’épines sur les tibias et les
fémurs, et engrenant entre elles. Ces pattes ont la faculté de se replier complètement,
fémurs contre tibias, à la façon d’une pince dentelée (d’où le nom spécifique) (1).
D’autre part, la poitrine fortement cuirassée porte le complément des appareils de
contention sous forme de six épines robustes; de plus, les deux premières paires de
pattes sont munies, vers la base de la hanche, d’une forte dent qui correspond aux
vides régnant entre les six épines du thorax, de façon à engrener avec elles.
(1) Nous relevons dans la synopsis de la tribu des Sagiens par H. de Saussure :
(An. Soc, Ent. Fr., sept. 1988, p. 129), une note ainsi conçue : “j’ignore si ce mot
est emprunté au latin Saga : magicienne, sorcière, ou si Charpentier comparant les
bandes blanches longitudinales et transversales dont le coprs de ces insectes est le
plus souvent orné, à un harnais de cheval, a dérivé le nom du genre par lui décrit du
mot grec harnais. Pour nous, l’attitude hiératique de Saga semblerait devoir militer
de la première interprétation.
J’avais cru, tout d’abord, que Saga profitait des premières heures du matin ou de
la tombée de la nuit pour capturer ses agiles victimes, plus ou moins engourdies
par l’abaissement de la température et l’absence du soleil... J’étais dans l’erreur...
j’aurais dû penser que tous les orthoptères (Saga ne fait pas exception), aimaient ce
grand soleil brûlant, qui leur rend cette activité, cette agilité, dont ils nous fournissent
la preuve par leurs bonds multipliés, et qu’à chercher dans l’herbe épaisse, saturée
de rosée, ses victimes préférées, Saga ferait lui aussi triste mine, sinon buisson
creux; ensuite Saga n’aime pas à promener sur le sol son vaste abdomen, mal
protégé par une enveloppe chitineuse assez molle. C’est bien un sauteur expert
dans les grandes occasions, mais c’est surtout un grimpeur. Le voilà donc posté sur
un buisson, à l’extrémité d’un rameau, fortement cramponné pal’ ses longue patte,
immobile, à l’affût ! Qu’un imprudent Stenobothrus, qu’une Œdipode étourdie, par
un bond malheureux, ne s’approche trop près de Saga, en un clin d’œil, les voila
agrippés par l’une des pattes antérieures, l’autre arrive en aide, puis l’une des
mitoyennes, le malheureux captif est littéralement roulé, garrotté, écrasé, contre les
épines de la poitrine, de telle façon que finalement son thorax arrive en face des
mandibules de Saga, qui le saisissent à la jonction de la tête et du prothorax.
Insouciant des derniers soubresauts de sa victime, réduite à l’état de cadavre.
Saga déguste tout, puis faisant tourner lentement le corps entre ses pattes avant
consciencieusement enlève toute l’enveloppe chitineuse… on dirait un peloton qui
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se dévide…, les élytres, les ailes, les pattes sont coupées ras au passage... et le
cadavre pivote toujours, tant et si bien que lorsque Saga desserre son étreinte, il ne
reste sous lui comme traces de son repas que les ailes, les élytres, les pattes, et un
sac noirâtre renfermant les viscères auxquels il ne touche jamais.
J’ignorais, au début de mes élevages, le besoin impérieux qu’éprouvait cet
orthoptère d’étancher sa soif, ce fut la perte de mes premiers élèves; mais il faut
pour que Saga prisonnier puisse se désaltérer suivant ses habitudes, imiter la
nature en aspergeant modérément chaque matin le rameau frais planté dans sa
cage. Généralement, le captif demeure intraitable, farouche, mais sait parfaitement
s’emparer lui-même des proies vivantes introduites dans sa prison; quant aux
acridiens morts il n’en a cure.
La ponte de Saga est très curieuse à observer; on est surpris du soin méticuleux,
de la méthode déployée; elle s’effectue à plusieurs reprises et à plusieurs jours
d’intervalle, durant trois ou quatre semaines; c’est généralement vers le milieu de
la journée qu’elle a lieu. En captivité, vingt quatre heures avant, la femelle, plus
lourde, dédaigne de chasser, se déplace lentement, descend sur le terreau qui
forme le fond de sa cage, inspecte de ci, de là, tâte avec ses antennes, puis reste
immobile pour recommencer ces manœuvres peu après. Enfin, la place est choisie,
de longues aspirations soulèvent le flanc de l’animal, ses pattes antérieures et
mitoyennes s’écartent en s’arc-boutant solidement sur le sol, tandis que les pattes
postérieures se projettent obliquement en arrière.
Tout à coup, l’animal recourbe son abdomen et le cintre de telle façon que la pointe
de l’oviscapte se trouve située juste en dessous de sa poitrine très soulevée, pour
inspecter une dernière fois le terrain par une suite de tâtonnements; alors, par une
série de mouvements alternatifs, il ratisse en quelque sorte le sol d’avant en arrière
avec la pointe de son oviscapte. Dès que la place est bien nivelée, l’oviscapte se
plante verticalement en terre en aidant cet enfoncement par des mouvements lents
de haut en bas et de droite à gauche, se frayant ainsi le passage jusqu’à ce qu’il ait
entièrement disparu, or, il mesure de 3 1/2 à 4 centimètres de long. Suit un long repos.
Enfin la femelle se soulève davantage, et retire hors de terre sa tarière de
deux tiers, on voit alors distinctement les lames de l’oviscapte s’entre ouvrir
légèrement, et l’œuf descendre dans son intérieur, dès qu’il y est bien engagé,
nouvel enfoncement en terre; l’oviscapte a l’apparence de fouiller le sol de côté et
d’autre; l’œuf est ainsi déposé. Nouveau repos et nouvelles pontes, mais chaque
fois, l’oviscapte tout en redescendant par le même orifice, dépose chaque nouvel
œuf à distance des premiers pondus, sans l’y faire toucher. Après six ou sept œufs
ainsi déposés (plantés en quelque sorte verticalement ‘à côté les uns des autres,
sans qu’ils se touchent) la tarière ressort définitivement de terre, et entreprend de
niveler par les mêmes mouvements qu’au début, l’orifiee qui lui a servi de passage:
de temps en temps l’animal s’interrompt, vérifie, pal’fait son travail, tant et si bien
que quand il s’arrête épuisé, quittant la place, i1 est absolument impossible de trou
ver la moindre trace de ses manœuvres. L’œuf de Saga, ovoîde aux extrémités,
cylindrique allongé. Il mesure 1 centimètre de long sur 3 millimètres de diamètre. Il
est de couleur brun jaunâtre (cuir), à coque très dure, lisse et brillante à l’œil, mais
alvéolée vue sous une forte loupe. La moyenne des œufs, pondus en captivité,
s’élevait à une vingtaine, mais après la mort des femelles, j’ai toujours trouvé dans
leur abdomen, de 10 à 15 œufs : prêts à être pondus, ce qui m’a prouvé en passant,
que je ne m’approchai pas encore assez, dans mon élevage, des conditions
naturelles essentielles à la vie de mes captives, puisqu’elles mourraient avant la
fin de la ponte), en revanche les ovaires des femelles mortes, ne contenaient plus
d’œufs, en voie de formation.
Quelle est la durée de l’incubation ? Nous ne pouvons encore répondre ; 17 œufs
pondus l’an passé par deux femelles ne sont pas éclos ce printemps ; il est vrai que,
par précaution fort mal comprise, nous les avons mis à l’abri à l’intérieur, durant
l’hiver. Un de ces œufs, sacrifié en septembre, m’a montré son contenu intact.
Cette année, les œufs de femelles ayant pondu durant l’été sont restés exactement
dans la même situation sans être dérangés ; depuis la ponte nous les avons laissés
exposés à toutes les intempéries, nous contentant d’entourer la base des cages
d’élevage, d’un amas de feuilles sèches. Les œufs ont été pondus dans du terreau,
formant le fond des cages, sur 8 centimètres d’épaisseur. Les cages portent à
même le sol. Notre élevage n’a d’autre but que de vérifier si la parthénogenèse
existe pour Saga ; la rareté excessive du mâle le ferait soupçonner, et il est est fort
possible, puisqu’elle a été bien constatée chez les Phasmes.
La durée de la vie de Saga doit être d’environ 4 à 5 mois ; les premières larves
paraissent en avril, et les premiers adultes en juin. Je n’ai pas encore pu suivre
les mues successives précédent l’état adulte, mais qui doivent être de 4 à 5 : Une
femelle adulte, capturée en juin, mua le lendemain de sa mise en cage, et pondit
19 jours plus tard, pour mourir après treize jours de ponte seulement. Si l’on admet,
que la femelle adulte commence à pondre 20 à 25 jours après sa dernière mue, et
que la ponte dure à peu près autant, on peut croire que le cycle de vie, de l’éclosion
à la mort, se déroule en quatre mois, cinq au plus.
Telles sont les observations que j’ai pu noter, depuis deux ans d’élevage, et que
je me propose de continuer avec persévérance, car il est à présumer que, tôt ou
tard, aura lieu l’éclosion des œufs pondus dans mes cages d’élevage, (environ une
centaine), c’est le seul moyen d’obtenir la clef de cette énigme, intéressante.
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En terminant cette première note, je dois signaler une très belle et très curieuse
variété de Saga serrata, que j’ai capturée le 15 Juillet 1905, dans le parc du Clos
Oswald, près de Roquebrune (Var). En voici la description : corps légèrement plus
trapu, que le type, oviscapte à peine plus court. Long. du corps, 7 cent, ; long. de
l’oviscapte 13 cent. Couleur testacée, avec taches noires sur les côtés et le dessus
de chaque segment de l’abdomen. Bande blanc pur, partant de l’œil et aboutissant
à la plaque sur-anale, en longeant les flancs. Fin liseret blanc, bordant l’intersection
de chaque segment abdominal.
J’avais donné à cette variété le nom de Oswaldi pour rappeler son habitat,
depuis lors, j’ai eu en mains le travail de M.L. Bolivar : Catalogo sinoptico de los
Orthopteras de la Fauna Iberica (1) et j’ai trouvé au genre Saga, ces quelques
lignes suggestives, dont voici la traduction : “J’ai indiqué les différences de cette
espèce, Saga serrata et de la S.Vittata Fisch.V.V., afin que si on la rencontrait dans
la péninsule, on soit prévenu que je possède des exemplaires femelles, provenant
de Cuenca, qui offrent la coloration caractéristique de la S. Vittata de Fisch, V.V.,
mais ne connaissant pas le mâle, je ne puis décider sûrement si ce n’est pas
simplement une variété de S.serrata ayant la coloration de la S. Vittata”.
(1) Annales des Sc. Nat. Porto, 1897-1900.
Une indication dans ce sens est aussi donnée par le R.P. Pantel (Orth. du Sitio,
Sierra de Cuenca, p. 110. An. Soc. Esp.Hist. Nat. t. XXV, 1896) : “ Les champs
cultivés, sur les éteules (individus gris) et landes à végétation rabougrie, sur les
buissons (individus verts ou gris).”
Il est très probable que les sujets de M. Bolivar et dtl R. P. Pantel doivent se rapporter
à notre variété Oswaldi. Ayant conservé une dizaine de jours en cage cette femelle,
nous l’avons vu pondre, dix-sept œufs, qui sont actuellement en observation dans
le terreau de la cage où ils ont été pondus. Si leur éclosion se produit, peut-être
tranchera-t-elle la question, dans le cas d’individus de colorations différentes. Nous
avons eu le soin de photographier l’animal vivant, de grandeur naturelle ; nous
donnons ci-joint une reproduction de cette photographie, légèrement réduite.
Nîmes. 20 décembre 1905
Photo publiée en pleine page :
Saga serrata, Fabr. - Var. Oswaldi, Béreng. Femelle. Cliché P. Bérenguier.
Long. du corps, 7 cent. Long. de l’oviscapte. 3 cent.
- (Reproduction légèrement réduite).
MINGAUD G., 1907.- Observations sur la “Saga serrata”, in Bull. Soc. ét. sc.
nat. de Nîmes, vol. 35, pp.XXVII et 69-70.
Observations sur la “ Saga Serrata ” par GALIEN MINGAUD.
Le 23 juillet 1907, mon ami, M. Fernand Audemard, m’apporta vivantes deux femelles
adultes de Saga serrata, qu’il venait de capturer dans les garigues de son domaine
de Boissières (Gard). Chacune de ces deux belles bêtes pesait 4 grammes et
mesurait : longueur du corps 65 millimètres, longueur de l’oviscapte 38 millimètres.
Je les mis en observation dans une des cages (terrarium) que possède le Muséum.
Malheureusement, l’une d’elles, blessée, mourut le lendemain, Je l’autopsiai et je
trouvai dans son ovaire quatorze œufs prêts à être pondus et d’autres œufs en
période de développement. Tous ces œufs finirent par se dessécher. L’autre Saga a
vécu jusqu’au 18 octobre et n’est morte qu’après 88 jours de captivité. Je l’ai nourrie
de petits acridiens et de locustes qu’elle attrapait vivement et q’elle mangeait de bon
appétit. Elle est restée fort agile jusqu’à la fin et a paru être en parfait état de santé.
Je l’ai observée soigneusement pendant sa captivité ; quelques jours avant sa mort
je l’ai vue pondre à plusieurs reprises. D’ailleurs la ponte n’était pas complète quand
elle mourut, car à l’autopsie je retirai de son ovaire quatorze œufs prêts à être pondus.
D’autre part, je tamisai la terre de la cage où elle avait précédemment déposé ses
œufs et j’en trouvai quinze déposés à nu dans la terre. Total : 14 + 15 = 29 œufs. Ce
nombre est absolument conforme à celui que M. Paul Bérenguier a trouvé pour les
pontes des Saga qu’il a élevées au clos Oswald (Var). Les œufs ont 1 centimètre de
longueur sur 3 millimètres de diamètre ; ils pèsent de 4 à 5 centigrammes.
Je les ai soignés en les mettant autant que possible dans les conditions normales.
J’attendrai patiemment le mois de mai prochain pour voir s’ils écloront, espérant que
peut-être ils donneront un mâle (on sait que jusqu’à ce jour ce mâle n’a pas été vu en
France). Je rappelle ici les intéressantes observations que M. P. Bérenguier a publiées
dans le Bull. Soc. Etude Sc. Nat. de Nimes, 1905, p. 145-154, sur la Saga serrata
et celles plus récentes (Bull. 1907) qu’il a faites sur l’éclosion et les premières mues
d’une jeune larve provenant d’œufs pondus en captivité en 1906 par une femelle
ayant subi plusieurs mues sans jamais avoir été en contact avec aucun mâle.Il y a
lieu de présumer, d’après la rareté du male, que les femelle de Saga serrata pondent
des œufs dont le développement normal et régulier est parthénogénétique. Un cas
analogue - œufs à développement parthénogénétique a été observé pour la première
fois par l’abbé Dominique sur Bacillus gallicus, et depuis sur d’autres Phasmes par
plusieurs
naturalistes.
___________________________________________________________________
Zoologie - M. G. Mingaud, fait passer sous les yeux de l’Assemblée, deux magnifiques
femelles adultes vivantes de Saga serrata, qu’il doit à l’amitié de M..F. Audemard. Ces
rares locustes ont été capturées par M. Fernand Audemard, à la tombée de la nuit, le
23 juillet, dans la garigue qui avoisine le château de Boissières.
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Synthèse de lʼenquête nationale sur Saga pedo - Réseau Tela Insecta, LʼONEM, Les Ecologistes de lʼEuzière & Le MNHN - mars. 2005
Articles consultés numérisés
QUIDET Pierre, 1988.- Saga pedo Pallas. Une sauterelle qui pose des problemes aux
entomologistes. in Bulletin de la Société des Sciences de Nîmes et du Gard 58: 63-68.
SAGA PEDO PALLAS : Une sauterelle qui pose des problèmes aux entomologistes
Résumé
Saga pedo est une sauterelle de grande taille, d’origine vraisemblablement
très ancienne et bisexuée. Elle s’est répandue tardivement dans tout le Sud de
l’Europe, plus nordique et plus froid que ses régions d’origine, et se reproduit là
uniquement par parthénogénèse (parthénogénèse thélytoque géographique). Le
mâle est pratiquement inconnu. Sa formule chromosomique et la grande taille de
ses cellules comparées à celles des autres espèces de Saga présentes en Asie
Mineure amènent à penser que l’espèce actuelle S. pedo est tétraploïde. L’insecte,
qui se nourrit essentiellement de criquets, se déplace très peu, au moins le jour.
Son immobilité et son homochromie le rendent pratiquement invisible et expliquent
sa réputation d’insecte rare colportée par des entomologistes qui n’ont pas une
grande habitude du terrain où vit Saga pedo.
INTRODUCTION
Lorsque M. Méric me parla de Saga pedo en 1985, en me demandant si je
connaissais cette grande sauterelle, j’avouais ignorer son existence et ne l’avoir
jamais rencontrée au cours des nombreuses chasses aux papillons et autres
insectes réalisées depuis dix ans dans le Gard et les départements voisins. M.
Méric me présenta la Saga comme un animal étrange par sa taille, ses mœurs, y
compris le fait qu’on n’en connaissait pas le mâle dans nos régions, l’insecte se
reproduisant uniquement par parthénogénèse. De telle sorte que Saga pedo me
paraissait un animal mythique dont je mettais en doute l’existence jusqu’au jour où
M. Méric m’apporta une Saga trouvée morte devant sa maison, près de la cote 204
au Nord de la route d’Anduze.
Peu après M. Gory me montra au Musée d’Histoire Naturelle de Nîmes quelques
exemplaires conservés en collection et qui me prouvaient aussi l’existence de
Saga pedo dans notre région. Il s’étonnait que je ne l’ai jamais rencontrée dans la
Garrigue. En juillet 1986 M. Méric me remit une belle Saga trouvée au stade adulte
sur sa propriété voisine de la route d’Anduze et peu après il me signalait que M.
Garimond en avait récolté une deuxième à Fons outre Gardon et la lui avait portée
à mon intention. 1971
C’est ainsi que je connus Saga pedo vivante et combien plus belle que les individus
desséchés et jaunis observés quelques mois auparavant. Ce fut l’occasion de faire
un élevage pendant deux mois pour étudier les mœurs de cet insecte réputé difficile
à voir dans La nature, tant il se confond avec le milieu environnant. Il me fut ainsi
possible d’observer ses méthodes de chasse mais aussi la ponte qui s’effectue en
terre en août -septembre.
Les articles publiés a la fin du siecle dernier et au début du nôtre dans le Bulletin de
la Société d’Etude des Sciences Naturelles de Nîmes, notamment par Bérenguier,
m’ont fourni un complément de données au sujet de l’état larvaire qu’il ne m’a pas
été donné d’observer. Enfin l’ample bibliographie existant au Muséum d’Histoire
Naturelle de Paris (bibliothèque centrale et bibliothèque d’Entomologie) m’ont
apporté des renseignements sur l’origine de S. Pedo et son mode de reproduction
actuel par parthénogénèse. Les photographies reproduites ici ont été prises au
cours de l’élevage réalisé en août-septembre 1986.
1 - DESCRIPTION ET MOEURS
1. 1 - Description
Les femelles adultes trouvées dans notre région mesurent, sans les antennes, 9,5
à 12,3 cm. Voici les dimensions d’un exemplaire capturé dans la garrigue et mesuré
aussitôt après sa mort :
Antennes 6cm
Tête 0,7
Prothorax 1,1
Mésothorax + métathorax 1
Abdomen 3,9
Oviscapte 3,8
Soit au total 16,5 cm (antennes comprises)
Saga pedo est donc une sauterelle de grande taille, au corps le plus souvent vert
clair présentant une ligne blanche ou blanc rosé sur les flancs. Cette ligne va du
prothorax au dernier anneau de l’abdomen. La couleur blanche vire au beige à la fin
de juillet et souvent deux autres lignes de même couleur apparaissent sur le dos,
encadrés de taches noires sur chacun des anneaux. Les élytres sont nulles chez
la femelle, seule présente chez nous. Les fémurs et les tibias des deux premières
paires de pattes sont garnis en dessous de fortes épines. Les pattes postérieures
très longues mais aux fémurs plus grêles sont armées d’épines moins fortes que
les autres pattes. L’oviscapte est long, légèrement courbé vers le haut, denticulé
à l’apex. Les tympans auditifs, situés sur les tibias des pattes antérieures, sont en
forme de fente.
1. 2 - Comportement.
Ce bel insecte, toujours assez rare d’après la plupart des auteurs, se rencontre
surtout dans la garrigue et dans les endroits herbeux, à terre ou sur les buissons. Il
est insectivore et se nourrit presque exclusivement d’Acridiens (criquets).
Les œufs pondus en terre l’été précédent éclosent dans la première quinzaine
de mai, L’insecte devient adulte au début de juillet après avoir subi huit mues
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qui s’échelonnent sur une période de 110 jours environ, Saga pedo se déplace
lentement, par saccades douces, avançant les pattes l’une après l’autre, gardant
parfois une patte levée et se balançant sur place, comme si elle hésitait à avancer
de peur d’être vue, Elle reste souvent très longtemps immobile à l’affût de ses
proies, Sa couleur verte et son immobilité la font se confondre avec le milieu
environnant, Dans les cages d’élevage où j’avais installé deux Saga adultes, elles
restaient plaquées à terre ou juchées sur une plante, toujours immobiles, et j’avais
beaucoup de mal à les découvrir.
Très vraisemblablement ce mimétisme de l’insecte avec son environnement a pour
résultat de le dissimuler à la vue de ses proies et il explique que S. pedo ait été taxée
de rare par les entomologistes, Seul un œil exercé sait la découvrir dans son milieu
de vie et, en réalité, elle est probablement beaucoup moins rare qu’on le prétend,
1. 3 - Alimentation.
La Saga se nourrit essentiellement de criquets, spécialement des espèces du genre
OedifJoda (O. caerulescens à ailes bleues et O. germanica à ailes rouges) qui
sont très répandus partout. Dans l’élevage réalisé de juillet à septembre 1986, les
adultes avaient été isolés dans deux cages d’assez grande taille. Dix centimètres
de terre meuble disposée au fond des cages avait permis de repiquer des plantes
sauvages (lavandes...) et devait aussi permettre la ponte qui a lieu dans le sol.
Trois côtés et le dessus de la cage étaient fermés par un fin grillage (mailles de 1,5
mm), Une vitre coulissante servant de porte fermait le quatrième côté. Saga pedo
se tenait le plus souvent en haut des plantes, à l’affût du gibier, mais elle grimpait
aussi sur le grillage et même sur la vitre verticale qui servait de porte (pattes munies
de pelotes adhésives).
La nourriture des Saga était constituée principalement de criquets Oedipoda
capturés dans la garrigue. Huit à dix criquets étaient mis vivants dans chaque cage,
Les Saga les poursuivaient rarement. Quelquefois elles abaissaient la tête pour les
observer mais elles attendaient généralement qu’il en passe un à proximité pour
le saisir très rapidement avec les pattes antérieures, Le tibia et le fémur garnis
d’épines puissantes se refermaient comme un étau, un peu comme chez la mante
religieuse, Puis la Saga saisissait sa proie entre les mandibules, dans la région
du thorax ou cie la nuque, Les pattes lâchaient alors complètement l’acridien et la
Saga se promenait un certain temps avec sa proie “ entre les dents ”, à la manière
d’un chien de chasse tenant un lapin, avant de s’y attaquer, Parfois le repas avait
lieu aussitôt la capture,
A ce moment la Saga reprend sa proie entre les pattes avant avec l’extrémité des
tibias et des tarses, Ces derniers tournent el retournent le criquet comme le feraient
de véritables mains, de manière à saisir avec les mandibules les parties de la proie
à consommer. La Saga laisse choir ailes et pattes qu’elle ne consomme pas et après
avoir dévoré la tête et le thorax, elle fait tourner l’abdomen pour ne manger que
l’enveloppe, sans toucher l’intestin qu’elle laisse pendre et finalement abandonne.
Contrairement à certains auteurs nous n’avons pas eu de problème polir nourrir
les Saga en captivité. Mais nous avions reconstitué dans les cages un cadre
naturel avec des plantes sur lesquelles elles pourraient grimper. Elles étaient
abondamment fournit en acridiens vivants et nous n’avons jamais eu à intervenir
pour leur présenter les proies qu’elles saisissaient elles-mêmes. En dehors des
criquets nous avons mis dans les cages quelques sauterelles (Phaneroptera et
Locusta viridissima) et avons constaté qu’elles étaient parfaitement consommées.
Dans la nature ces espèces sont plus rares que les criquets, il est donc normal que
ces derniers servent le plus souvent de proies.
Une libellule à corps large (Libellula fulva) a été également introduite dans une des
cages, La Saga a mangé la tête et le thorax et laissé l’abdomen et les ailes.
Ajoutons qu’une pulvérisation d’eau tous les matins, sur les plantes et sur la Saga
elle-même, permet à l’insecte de s’abreuver et favorise le bon état de l’élevage.
1. 4 - Ponte
Le 16 août la Saga trouvée par M. Méric le 27/7 pond dans la cage en deux endroits:
première ponte à 15 h, la deuxième à 15h20 (heure solaire). Chaque ponte dure de
15 à 20 minutes. L’insecte soulève l’abdomen de manière à placer son oviscapte
en position verticale. Puis il enfonce ce dernier dans la terre, semblant rechercher
les endroits meubles pour le faire pénétrer dans le sol jusqu’à l’extrémité de
l’abdomen et le retire. L’oscultation du terrain dure environ trente secondes. Après
quoi l’oviscapte est sorti de terre et enfoncé à nouveau à côté, tantôt vertical, tantôt
incliné en biais. Il semble qu’un seul oeuf soit pondu à chaque pénétration de
l’oviscapte. Après une vingtaine de minutes l’insecte s’arrête de pondre et change
de place.
Le 21 août, à 18h50 une troisième ponte est observée et une quatrième le 22
août à 15h. Le 22 août, après avoir pondu, la Saga monte sur un pied de lavande,
s’immobilise, replie son abdomen vers l’avant et passe son oviscapte entre ses
mandibules, comme pour le débarrasser des débris de terre pouvant y adhérer,
Autrement dit elle fait sa toilette après la ponte.
La même Saga a pondu plusieurs autres fois le 27 août à 17 h, le premier septembre
à 17 h30, le 2. septembre à 9h30 et le 7 septembre (heure non notée). Les huit
pontes observées entre le 16 août et le 7 septembre ont eu lieu entre 9h 30 et 18h
30 (heures solaires) mais le plus souvent entre quinze et dix sept heures.
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Articles consultés numérisés
La deuxième Saga, trouvée par M, Garimond, trois semaines après la première,
a pondu également dans sa cage. Devant m’absenter,un certain temps, les deux
femelle ont été tuées le 9 septembre. Une autopsie a montré qu ‘elles renfermaient
encore quelques œufs :
A la fin de septembre la terre de la cage n° 1 a été tamisée. Il en a été retiré 52 oeufs
marron clair brillants. Les oeufs assez gros mesurent 10 à 11 mm de long et 2 à 3
mm de diamètre. Ils sont cylindriques, légèrement, arqués avec les bouts arrondis.
Leur poids est de 0,04 et 0,05 g.
Etant donné que nous avons observé huit pontes pour la première femelle, s’il n’y
a pas eu d’autre ponte passé inaperçu, de jour ou de nuit, lors de chaque ponte il a
été déposé six ou sept oeufs en moyenne.
Si la Saga n ‘avait pas été tuée le neuf septembre, elle aurait sans doute pu pondre
encore 15 à 20 oeufs, soit un total de 67 à 72 Œufs, l’insecte étant convenablement
nourri.
Les auteurs citent des chiffres de 25 à 40 œufs. Mais ont-ils récolté toutes les
pontes et les insectes ont-ils été bien approvisionnés en nourriture.
5 - Développement larvaire.
Les œufs obtenus en élevage semblent éclore très difficilement.
Sur les soixante Œufs obtenus à partir des deux SAGA élevées en 1986, aucune
éclosion n’a été observée. Les œufs avaient été conservés en terre, sous un abri
ouvert, et humidifié périodiquement. Ont-ils manqué d’humidité ou bien ont-ils été
insuffisamment protégés contre le froid, la température étant descendue assez bas
pendant l’hiver 1986-87 comme au cours des deux hivers précédents ?
MATTHEY qui avait élevé plusieurs SAGA trouvées dans le Valais suisse en 1941
n’a pas obtenu de larves à partir des œufs conservés à Lausanne pendant l’hiver
suivant.
Paul Bérenguier a obtenu une éclosion à partir des 23 oeufs pondus en captivité
en 1906, dans sa propriété du Clos Oswalt, près de Roquebrune (Var). L’éclosion
s’est produite dans la nuit du 11 au 12 mai 1907. La jeune larve mesurait 12 mm.
Malheureusement elle est morte lors de la troisième mue.
Bérenguier ayant élevé quelques larves de Saga récoltées à des stades différents
a pu établir le calendrier suivant des mues :
On notera le nombre élevé de mues et la durée du développement larvaire, plus
de trois mois et demie. On remarquera également encore ici la fertilité très réduite
des œufs, (une seule éclosion sur vingt trois), peut-être due aux conditions de
conservation hivernales. La Saga qui a
produit cette ponte avait été capturée au
quatrième stade et avait subi en captivité
les 5, 6, 7 et 8ème mues. Elle n’a jamais
été en contact avec un mâle. Le fait qu’un
des œufs pondus ait été fécond prouve
le caractère parthénogénétique de la
descendance.
A signaler le développement progressif
de l’oviscapte qui était à peine indiqué au
premier stade (très légère protubérance
sous l’extrémité de l’abdomen) et s’allonge
peu à peu après chaque mue, pour
atteindre sa taille définitive au stade adulte
Eclosion 12 mai
1 mue
15 jours après l’éclosion
2 mue
29 jours après l’éclosion
3 mue
44 jours après l’éclosion
4 mue
56 jours après l’éclosion
5 mue
69 jours après l’éclosion
6 mue
81 jours après l’éclosion
7 mue
92 jours après l’éclosion
8 mue
106 jours après l’éclosion
Adulte
111 jours après l’éclosion
La larve néonate est d’un vert très pâle. La couleur fonce au stade suivant.
II - REPARTITION GEOGRAPHIQUE.
Dans la Revue Suisse de Zoologie (Février 1941) Matthey a consacré un long
article ;à Saga pedo et publié une carte indiquant sa répartition géographique.
Nous trouvons l’insecte répandu sur le pourtour nord de la Méditerranée: Grèce,
Balkans, sud de l’Autriche, Italie, sud de la France, Espagne, avec deux zones plus
continentales: Valais suisse et Sud de la Russie.
D’après une étude paléogéographique et paléoclimatique, l’origine du genre Saga
remonterait au Permien, il aurait pris naissance dans l’hémisphère austral avant
la dislocation du grand continent gondwanien, Les premiers Tettigoniidae fossiles
proviennenr du Lias où ils sont représentés par des formes passablement évoluées
ayant vraisemblablement derrière elles un passé déjà lointain.
La répartition des espèces actuelles du genre Saga montre que ces espèces se sont
répandues dans leur habitat moderne à partir du Miocène seulement, les migrations
lentes et la diversification des espèces s’étant simultanément poursuivies durant le
Pliocène et le Pléistocène.
Un premier centre évolutif important du genre Saga a été l’Asie Mineure (11 espèces),
un deuxième centre, moins favorable, la péninsule balkanique (5 espèces dont S.
pedo). A partir de la fin du quaternaire, seule S. Pedo poursuit sa diffusion dans une aire
encore plus septentrionale. Il semble que la migration dans les zones les plus au Nord
de sa répartition se soit produite à partir du berceau balkanique. On peut ainsi admettre
que S. Pedo est une espèce récente, probablement la plus récente du genre.
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Articles consultés numérisés
Une analyse des facteurs écologiques montre que la distribution de S. pedo est liée
à des facteurs climatiques (zones isothermiques). En Suisse elle est surtout présente
sur les versants exposés au Midi (Valais) et Mattey pense que S. pedo est remontée
dans cette région à partir du Sud de la France, en suivant la vallée du Rhône.
Le fait que la distribution de S. Pedo dépasse largement vers le Nord celle des
espèces bisexuées semble indiquer que la parthénogenèse observée chez S. pedo
a favorisé son extension septentrionale.
III - PARTHENOGENESE.
Le mâle de S. pedo est pratiquement inconnu. On a cité deux exemplaires
pouvant lui être rapportés, l’un trouvé près de Fiume, l’autre en Moravie. Mais ce
fait demanderait confirmation. En France et dans plusieurs autres pays, tous les
individus observés sont des fèmelles (parthénogénèse thélytoque).
Comme plusieurs espèces d’insectes présentent une pathénogénèse accidentelle
ou facultative (pucerons, phasmes...) liée à un changement de conditions
climatiques, on peut penser que Saga pedo, venue de zones plus méridionales et
plus chaudes, s’est adaptée à un climat plus nordique et plus froid en se reproduisant
par parthénogénèse. On parle dans son cas de parthénogénèse géographique.
L’étude du développement de l’embryon effectuée en Suisse (1939 à 1948)
par Matthey a montré que la méiose était identique à ce qu’elle est dans un
développement normal; c’est-à-dire que l’œuf commence son développement
avec une formule haploïde (N) qu’une régulation ultérieure ramène au chiffre 2
N. Matthey a établi que le nombre diploïde de chromosomes chez S pedo et les
espèces voisines étaient les suivantes :
Saga pedo
68 chromosomes
Saga gracilipes
31 chromosomes
Saga ephippigera
33 chromosomes
4 autres espèces de Tettigoniidae : 24 à 30
Ceci indique que S. pedo est certainement polyploïde et vraisemblablement
tétraploïde. Matthey fait remarquer que la grande taille de S. pedo et le fait que ses
cellules sont plus grandes que celles des autres Tettigoniidae plaide en faveur du
caractère tétraploïde de l’insecte.
On peut alors se poser la question: la forme ancestrale, probablement bisexuée et
diploïde de Saga pedo existe-t -elle encore ? D’origine sans doute très ancienne et
plus méridionale, a-t-elle aujourd’hui disparu pour subsister sous forme d’une race
parthénogénétique mieux adaptée à l’aire géographique plus septentrionale qui
correspond à sa répartition actuelle ?
REMERCIEMENTS.
Nous adressons nos remerciements à Monsieur Méric qui nous a fait connaître
Saga pedo et procuré quelques exemplaires pour élevage ainsi qu’à Messieurs R.
Jeantet, Conservateur du Muséum de Nîmes et G. Gory qui nous ont sélectionné
les articles anciennement parus dans le Bulletin de la Société d’Etude des Sciences
Naturelles de Nîmes. Nos remerciements vont également à Madame Bonora,
bibliothécaires au Muséum de paris (entomologie) et au Docteur Michel Sartori,
conservteur du Musée zoologique de Lausanne qui nous ont adressé les copies
des articles de Mattey (Suisse), nous fournissant un important complément de
connaissances sur la biologie de Saga pedo.
(1) Mode de déplacement commun à d’autres sauterelles.
(2) Espèces vivant en Palestine.
BIBLIOGRAPHIE :
BÉRENGUIER P., 1905.- Notes orthoptérologiques I. La Magicienne dentelée “Saga
serrata”, in Bull. Soc. ét. sc. nat. de Nîmes, vol. 33, pp.145-154 avec un cliché.
BÉRENGUIER P., 1907.- Notes orthoptérologiques III. Observations sur les Mues de
quelques Locustaires, in Bull. Soc. ét. sc. nat. de Nîmes, vol. 35, pp.XXIII et 14-20.
CHOPARD, L., 1946.- Quelques notes sur les mœurs de la Saga (Orth. Tettigoniidae),
in Bull. Soc. Ent. Fr. (Paris), 9 : 126-128, 1 fig.
CHOPARD L., 1951.- Orthoptéroïdes et Dermaptères. Faune de France 56. 359 pp.
GRASSE P.P., 1977.- La Parthénogénèse. Traité de Zoologie. Tome VII.
MATTHEY, R,. 1941.- Étude biologique et cytologique de Saga pedo Pallas
(Orthoptera Tettigoniidae). in Revue Suisse de Zoologie 48 (2) : 91-142, Pl. 2-4.
MATTHEY R., 1945.- La répartition de Saga pedo dans le canton du Valais. Mitt.
Scheiz. ent. Ges. p. 482-484.
MATTHEY R., 1946.- Démonstration du caractere géographique de la parthénogénèse de Saga pedo Pallas et de sa polyploïdie, par comparaison avec les espèces
bisexuées S. ephippigera Fisch. et S. gracilipes Uvar. in Experientia 2: 260-261.
MATTEY, R,.,1948 a.- Données nouvelles sur les chromosomes des Tettigoniides et la
parthénogénèse de Saga pedo Pallas. in Revue Suisse de Zoologie. 55 (2) : 45-56.
MINGAUD G., 1893.- Saga serrata in Bull. Soc. ét. sc. nat. de Nîmes : 40-45.
MINGAUD G., 1894.- Saga serrata in Bull. Soc. ét. sc. nat. de Nîmes, p. LXIII-LXIV et124-126.
MINGAUD G., 1908.- Observations de Saga serrata, in Fll. jeunes naturalistes, Paris, 82-83.
PINEDO M. Conception, 1985.- Los Tettigoniidae de la Peninsula Iberica, Espagna
insular y norte de Africa. IV Subfamilia Saginae Stal, 1874. Graellsia, t. XLI : 167-172.
SAUSSURE, H. de.,1892.- Note supplémentaire à la synopsis de la tribu des
Sagiens. Annales de la Société Entomologique de France : 5-16.
Synthèse de lʼenquête nationale sur Saga pedo - Réseau Tela Insecta, LʼONEM, Les Ecologistes de lʼEuzière & Le MNHN - mars. 2005
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Articles consultés numérisés
SCHALL Alain, 2002.- Détails sur la connaissance de Saga pedo (Pallas,
1771), cycle biologique en captivité (Orthoptera, Tettigoniidae, Saginae), in
Bull. Soc. Ent. Fr, 107 (2) : 157-164.
Détails sur la connaissance de Saga pedo (Pallas, 1771), cycle
biologique en captivité (Orthoptera, Tettigoniidae, Saginae)
par Alain SCHALL, Maison forestière, F - 68150 Aubure
Résumé. L’élevage en captivité de Saga pedo (Pallas, 1771), espèce à reproduction
parthénogénétique thélytoque, a permis d’étudier durant huit années consécutives
l’évolution ab ovo de son cycle biologique. La durée de la diapause de ses œufs
est désormais connue. Également controversé jusqu’à ce jour, le nombre de mues
jusqu’au stade adulte a définitivement pu être arrêté à cinq ou le plus souvent à six.
Ceci dans un contexte artificiel qui a tenté de se rapprocher le plus possible des
conditions naturelles.
Summary. Details on the knowledge of Saga pedo (Pallas, 1771), biological cycle
in captivity (Orthoptera, Tettigoniidae,Saginae). Breeding in captivity of Saga pedo
(Pallas, 1771), a species with a thelytoque pattile≠nogenetic reproduction, has
enabled us to study the evolution ab ovo of its biological cycle over a period of eight
years running. The length of time necessary for diapause of its eggs and the number
of moults (5 or more often 6) have now been finally established.
Mots clés. Orthoptera, Tettigoniidae, Saginae, Sagapedo, élevage en captivité,
diapause, mues, reproduction, parthénogénêse thélytoque.
En 1905, BÉRENGUIER nous livre une première étude sur la «Magicienne
dentelée», Saga pedo (Pallas, 1771), portant essentiellement sur sa répartition,
la capture des proies, la ponte. N’ayant pas obtenu l’éclosion des œufs, il n’a pu
observer les mues successives. Puis MATTEY (1941, 1946, 1948) publie une
importante série de travaux portant particu≠lièrement sur la cytologie de S. pedo,
travaux qui concluent à la tétraploïdie de l’espèce et confirment la reproduction par
parthénogénèse thélytoque.
Enfin, le Dr AIfred P. KALTENBACH, du Muséum d’Histoire naturelle de Vienne
(Autriche) entreprend un important travail sur le genre Saga, qui se poursuit sur
plusieurs années. Son étude, «Unterlagen für eine Monographie der Saginae»,
s’articule en deux parties. La première (1967) est essentiellement un travail de
laboratoire qui permet à l’auteur d’analyser et de réviser les collections privées et
celles des muséums de la zone géographique concernée. La deuxième (1970) est
une magnifique étude, illustrée de photos, des différentes espèces du genre Saga
et ce, alternativement, tant dans leur milieu naturel qu’en captivité.
La première partie de cet immense travail a permis à KALTENBACH (1967), d’une
part, de réviser la clé d’identification de RAMME (195 1), de nous en proposer
une nouvelle et de rectifier de nombreuses erreurs d’étiquetage. Ainsi, il nous livre
une nouvelle classification du genre Saga Charpentier, 1825, avec les 13 espèces
suivantes : S. pedo (Pallas, 1771) ; S. ornata Burmeister, 1838 ; S. natoliae
Serville,1839 ; S. ephippigera Fischer de Waldheim, 1846 ; S. longicaudata Krauss,
1878 ; S. ledereri Saussure, 1888 ; S. puella Wemer, 1901; S. cappadocica Wemer,
1903 ; S. campbelli Uvarov, 1921 ; S. rhodiensis Salfi, 1929 ; S. rammei Kaltenbach,
1965 ; S. bejeri Kaltenbach, 1967 ; S. hellenica Kaltenbach, 1967.
Il examine également les «mâles» de Saga pedo Pallas, étiquetés comme tels, et
vérifie toutes les données les concernant. Rappelons que parmi les 13 espèces
du genre, 12 sont bisexuées et 1 seule parthénogénétique (S. pedo). La littérature
ancienne, de FISCHER de WALDHEIM (1846) à GÔTZ (1965), in KALTENBACR,
1967, fait état de «mâles» de S. pedo, ainsi que d’exemplaires de Saga déterminés
comme S. pedo mâles dans les Muséums et Instituts de Zoologie de Helsinki,
Istanbul, Leningrad et Vienne. L’examen de ces exemplaires par KALTENBACH
lui permet de conclure à des erreurs d’identification dues aux clés imparfaites de
l’époque considérée, d’autant que tous les individus concernés par un étiquetage «S.
pedo» sont des jeunes, de détermination plus délicate, appartenant finalement à des
espèces bisexuées très ressemblantes (S. longicaudata, S. rammei, S. campbelli).
Nous pouvons affirmer aujourd’hui, grâce aux travaux de MATFEY (1941, 1946,
1948), que Saga pedo se reproduit uniquement par parthénogénèse thélytoque,
donnée confirmée par KALTENBACH (1986) «Saga pedo pflantzt sich auf
dem Weg einer obligatorischen thelytoken Parthenogenese fort (Tetraploide
Chromosomenzahl : 2n = 68). Litteraturangaben über Männchen Von S. pedo
beruhen auf Fehlbestimmungen »1. Ainsi, le mâle de cette espèce est inexistant.
1 «Saga pedo se reproduit par voie de parthénogénèse thélytoque obligatoire (tétraploïdie 2n =
68); la littérature faisant état de mâles de S. pedo repose sur des erreurs de détermination».
MATÉRIELS ET MÉTHODES
Ces conclusions, ainsi que les données contradictoires de divers auteurs concernant
le nombre de mues, m’ont encouragé à entreprendre un élevage de Saga pedo,
élevage débuté en 1992 et qui se poursuit encore. La souche est originaire de
la Crau et des Alpilles (Bouches-du-Rhône, France). Toutes les éclosions sont
issues de cette souche. L’espèce étant protégée sur le territoire national par arrêté
du 22 juillet 1993, j’ai sollicité et obtenu une autorisation ministérielle (94/512).
Concernant le nombre de mues, BÉRENGUIER (1907), repris par MATTEY (1941)
et QUIDET (1988), conclut, par extrapolation à partir de trois jeunes trouvés à des
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stades différents, à l’existence de huit mues pour le cycle. Pour DELABIE (1976)
leur nombre varie de neuf à dix. MATTEY (1941) n’a pas réussi l’élevage complet.
De même Harz (comm. pers.) ainsi que Kaltenbach (comm. pers.) et Sänger
(comm. pers.), n’ayant pu réaliser l’ensemble du cycle en captivité, ne dorment pas
d’indications sur le nombre de mues.
A titre de comparaison, K. SÄNGER (1980) in KALTENBACH, 1986 (Institut fi~
Zoologie, Universität Wien), fait part de six mues chez Saga natoliae Serv., espèce
bisexuée élevée par lui, plus grande et plus lourde que Saga pedo Pallas. Ce chiffre
correspond au cas général des Orthoptères Ensifères Tettigoniidae, dont le nombre
de mues s’échelonne de cinq à sept, ce qui marque un écart avec les chiffres
annoncés par les divers auteurs.
Intrigué par la difficulté apparente d’obtention du cycle complet de S. pedo en
captivité ainsi que par les différences annoncées sur le nombre de stades, j’entrepris
de laisser pondre cinq femelles. Celles-ci furent maintenues en terrariums de 40 x
30 x 30 cm avec un fond de terre naturelle d’environ 6 cm d’épaisseur et quelques
touffes de végétation enracinée. Les terrariums étaient mis à l’extérieur par beau
temps ou à l’intérieur, derrière une fenêtre, en cas contraire.
LES PROIES
Les magiciennes dentelées adultes acceptent toutes les proies animales terrestres
qu’elles sont capables de maîtriser. J’ai observé qu’en période de maturation des
œufs, où l’appétit est énorme, elles se jettent, comme aveuglément, sur tout ce qui
bouge et n’excède pas ou peu leur propre taille ; le réflexe conditionné de la capture
d’une proie est alors très fort. CHEYLAN & CHEYLAN (1970) font part d’une prédation,
en captivité, sur un jeune lézard vert de 12 cm de long «elle sauta sur lui avec vigueur et
d ‘un seul coup de ses puissantes mandibules coupa la tête du reptile. .. Elle le dévora
alors entièrement en moins d ‘une heure, sans laisser le moindre déchet».
Les jeunes fraîchement éclos, stade J1, ont été nourris essentiellement de J1 et J2 de
sauterelles Tettigonia viridissima et cantans, et occasionnellement de jeunes cercopes
Philaneus spumarius (Homoptera) dont les nids d’écume sont très communs sur les
cistes. J’ai également pu leur faire accepter des mouches : Musca domestica. Les
adultes ont été nourris avec un diptère Tabanus bovinus ; des lépidoptères Inachis io,
Vanessa atalanta, et surtout des orthoptères ensifères : Decticus albifrons, Tettigonia
viridissima, T cantans, Pholidoptera griseoaptera et caelifères : Stenobothrus lineatus,
Chorthippus parallelus, Dociostaurus maroccanus, Oedalus decorus, Calliptamus sp.,
Anacridium aegyptium qui constitue le plus gros orthoptère consommé (long. 66 mm).
On note le cas intéressant des guêpes Vespula sp., soit attaquées et consommées,
soit côtoyées sans intérêt ni méfiance, soit non maîtrisées. Dans ce dernier cas, la
guêpe, de petite taille pour une Saga adulte, une fois capturée, pique très prestement
entre les pièces buccales et est alors immédiatement rejetée.
MÉTHODES DE CAPTURE DES PROIES
Une fois repérée, la proie est approchée plus ou moins rapidement selon la faim
de la Magicienne, d’une démarche basculée dans l’axe de déplacement, à la
manière des caméléons. Arrivée à quelques centimètres, la Saga se jette par un
petit saut très rapide sur sa proie qu’elle maintient et emprisonne de ses deux
paires de pattes antérieures, à la manière d’une corbeille. Instantanément, elle
tourne prestement sa capture de sorte à ce qu’elle soit positionnée ventralement
contre elle et tête devant. Elle lui broie immédiatement la jonction entre la tête et le
thorax. La Magicienne est aidée en cela par la position hypognathe de sa tête. Tout
est consommé, sauf les ailes, les parties dures des pattes, les parties sclérifiées
trop rigides ainsi que le tube digestif. Après avoir tué sa proie, la Saga se promène
souvent longtemps avec sa capture maintenue entre les mandibules, à la recherche
d’une position adéquate. Une proie qui par une fausse manoeuvre tombe à terre
ou sur un rameau de buisson, est recherchée tant qu’elle est à portée de vue.
Strictement carnivore, la Magicienne ne consomme pas de végétaux, fruits, etc.
L’observation de MATTEY (1941) d’une Saga captive qui mordait dans une cerise
présentée ne pouvait correspondre qu’à un besoin en liquide. En effet, elle boit
volontiers. Si les terrariums restent plusieurs jours sans être arrosés, les captives
s’avancent de suite vers les gouttes d’eau d’aspersion qui coulent le long des vitres,
ou sur les feuilles, et boivent. Elles se laissent aussi abreuver avec des pipettes.
LA PONTE
A partir du quatorzième jour, plus souvent du seizième jour après la mue imaginale,
les oeufs sont mûrs et la femelle est prête à pondre. La ponte s’effectue en plusieurs
séries espacées dans le temps.
Tableau I. Échelonnement des pontes de 2 femelles captives.
Femelle A (mue imaginale du 19.Vll.1994): dates et heures des 14 pontes, en 1994
(décès le 14.XI à 21 h).
Date
3.VIII
Heure
21h
7.VIII 11.VIII 17.VIII 21.VIII 29.VIII 25.IX
15h30
20h
16h
19h
16h
18h
29.IX
5.X
11.X
16.X
3.XI
4.XI
9.XI
17h
18h30
19h
20h30
15h
12h
12h
Femelle B (mue imaginale du 16.Vll.1995) dates et heures des 17 pontes, en 1995
(décès le 24.XI à 13 h).
Date
Heure
30.VII 2.VIII 16.VIII 17.VIII 19.VIII 31.VIII 21.IX
20h
19h30
23h
19h30 18h30 15h30 17h15
26.IX
18h
29.IX
10.X
16h30 17h30
15.X
18.X
27.X
6.XI
19h
21h
17h15
16h
11.XII
15.XI
20.XI
15h30
16h
16h15
Les pontes ont lieu préférentiellement entre le milieu et la fin de l’après-midi, plutôt
en début de soirée. J’ai, depuis avoir établi ce tableau, maintenu 49 S. pedo écloses
dans mes terrariums et parvenues adultes. Les données sont équivalentes. Je n’ai
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jamais observé de pontes le matin. Cependant, il est probable qu’elles puissent avoir
lieu en pleine nuit, bien que des réveils volontaires de ma part par échantillonnage
d’heures, ne m’aient pas permis d’observer de pontes après 23h. On observe des
séries groupées, espacées de quelques jours puis un espacement plus important.
Pour pondre, la Magicienne recherche l’endroit qui convient avec ses antennes ; puis
elle teste le sol de son oviscapte qu’elle enfonce enfin jusqu’à la base de l’abdomen.
Cette opération est effectuée à plusieurs reprises, sans que l’insecte ne se déplace,
en différents endroits. Chaque forage est refermé avec le bout de l’oviscapte. A la fin
de l’opération, celui-ci est soigneusement nettoyé entre les mandibules.
Le 3 août 1994 à 21 h, j ‘ai assisté à un curieux comportement l’oviscapte et les deux
derniers tergites enfoncés en terre pour pondre, la femelle capture un criquet qui
passe entre ses pattes antérieures et le maintient entre ses mandibules mais sans
l’entamer. Elle s’est ainsi déplacée à deux reprises pour pondre tout en maintenant
sa proie. Après le dernier forage, elle a consommé le criquet.
Les pontes ont été maintenues en l’état dans les terrariums et constituent la souche
de l’élevage permanent qui se continue. Cette méthode ne m’a pas permis de
connaître le nombre d’oeufs pondus, mais se voulait de copier le processus naturel.
BÉRENGUIER (1905), MATTEY (1941), KALTENBACH (1970), QUIDET (1988),
indiquent des nombres d’oeufs pondus ou comptés dans l’abdomen de femelles
autopsiées : ils varient de 25 à 80. Les terrariums ont ensuite été maintenus en
chambre, derrière les fenêtres jusqu’au 15 novembre. J’ai tout de même déterré
en tout onze oeufs pour en mesurer la taille. Ils sont de couleur brunâtre et ont
l’apparence de grands grains de riz. J’ai mesuré des longueurs de 9,0 à 10,1 mm
pour des diamètres de 2,0 à 2,5 mm. Le chorion est dur.
Par ailleurs, une autre expérience a été menée. Les cinq terrariums avec leurs pontes
respectives en 1 992 ont été étiquetés A, B, C, D, E, et soumis à des températures
diffé≠rentes pendant l’hiver suivant (Tableau Il). Le but était de constater l’influence
éventuelle de la température sur la durée de diapause des oeufs.
On constate que les oeufs observent une diapause longue. Les différentes températures
ont eu peu d’influence significative. L’essentiel des éclosions a lieu les armées n + 2 à
n + 4. Le cas du terrarium A est intéressant car 3 jeunes ont éclos seulement en 1 997,
l’armée n + 5. Du terrarium E a éclos unjeune en 1993, année n+1.
Tableau III. Échelonnement des éclosions annuelles d’une ponte complète.
Exemple du terrarium A.
Années 1994 (année n+2)
Années 1995 (année n+3)
Années 1996 (année n+4)
Années 1997 (année n+5)
18, 20, 22 et 29 avril
17, 22, 23 et 25 avril
1, 2, 3, 4 et 11 mai
21 avril
A titre de comparaison, chez Saga ephippigera, la plus grande espèce, les éclosions
débutent l’année n +1 d’après M. P. Pener, de Jérusalem (comm. pers.).
Il a également été intéressant de noter à quels moments de la journée ont lieu les
éclosions. De 1 994 à 200 1 inclus, j’ai obtenu les résultats suivants : 1 O % des
jeunes sont sortis de terre entre 5h30 et 6h, 75 % entre 6h et 7h30, 10 % entre 7h30
et 1 1h et enfin 5 % entre 1 1h et 19h. Sur 250 juvéniles éclos je n’ai observé que
trois cas d’éclosion l’après-midi. Il est facile de reconnaître un jeune fraîchement
éclos à sa légère transparence à contre-jour et surtout à ses antennes de couleur
blanchâtre qui deviennent brun-rosé peu après. Les 250 juvéniles éclos sur huit
armées étaient bien tous des femelles.
LES MUES
Comme dit précédemment, des disparités et des données incomplètes figurent dans la
littérature concernant la biologie de la Magicienne dentelée. Seul Barnabàs Nagy, de
Tableau Il. Années d’éclosion des pontes en fonction de la température
Budapest, confirme avoir obtenu des juvéniles régulièrement en captivité (comm. pers.).
de conservation des terrariums durant la période hivernale 1992/1993.
La réussite des élevages ici relatés a été fort bonne, bien que, sur 8 années, j’aie
constaté 2 ou 3 terrariums sans éclosions de juvéniles l’une
Terrariums
Températures, hiver 1992-93
Nombre de jeunes par années
ou l’autre armée. A la sortie de terre, le jeune apparaît sous
(pontes)
d’éclosion
un stade vermiforme, de couleur verte. Voici un extrait de mon
1993 1994 1995 1996 1997
carnet d’observations « le 22 avril 1995, à 8h15, j’assiste à la
A 1992
l0 jours à12°C ; 50 jours à 0°C ; 47 jours à 6°C ; 30 jours à 20°C
15
8
6
3
sortie de terre de 2jeunes ; ils ont un aspect vermiforme, comme
B 1992
4 mois à l8-21°C
2
3
2
encapuchonnés ; les derniers segments de 1 ‘abdomen et le
C 1992
4 mois à15° la nuit et 21°C le jour
6
4
3
bout des tibias postérieurs encore en terre, le jeune repose
D 1992
l0 jours à 12°C ; 50 jours à 2°C ; 30 jours à 6°C ; 30 jours à 18°C
14
6
face au sol et les 2 paires de pattes antérieures ainsi que les
E 1992
l0 jours à 12°C ; l20 jours à 6°C ; 30 jours à 20°C
1
7
6
8
antennes sortent de la gaine, d’arrière en avant. Débarrassé de
n+1 n+2 n+3 n+4 n+5
cette gaine, le jeune se traîne pour se suspendre et attendre que
Total (94 jeunes)
=1
=44 =27 =19
=3
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durcissent ses téguments. La gaine s’élimine à la manière d’une peau de serpent ».
Après ce stade larvaire vermiforme, intermédiaire, qui dure quelques secondes, le
juvén≠ile apparaît, parfait, au stade J1.
Sur 250 juvéniles éclos en captivité, 72 ont péri à différents stades pour diverses
raisons (cannibalisme, refus de se nourrir, etc.), 129 ont été relâchés en Provence,
également à divers stades et 49 ont été élevés jusqu’à la ponte et leur propre mort
(de 1994 à 2000).
Sur les 49, 8 ont mué 5 fois, soit 5 stades juvéniles en plus du stade adulte ; et 41
ont mué 6 fois, soit 6 stades juvéniles en plus du stade adulte.
Tableau IV. Mensurations (en mm) par stade.
Stades
1
2
3
4
5
6
7
L.corps
15 à 17
21 à 23
25 à 29
34 à 35
41à 44
51à 54
63 à 72
L. oviscapte
0.3
1 à 1,5
2.5 à 3
4.5 à 5
12 à 17
27 à 32
34 à 39
L. antennes
14 à 16
20 à 22
24 à 28
33 à 34
40 à 43
50 à 53
60 à 69
Nombre
98
70
65
65
55
42 J6 et 8 adultes
41 adultes
Aux stades J1 et J2, l’oviscapte est de longueur inférieure aux cerques. A partir de
J3, l’oviscapte dépasse les cerques. On note la taille maximale de 72 mm obtenue
en captivité. J’ai cependant mesuré des tailles de 75, 76, et 78 mm sur des individus
de l’île de Krk, en Croatie. Les mesures indiquées ont été effectuées 4 heures après
la mue et avant toute prise de nourriture, en captivité ou dans le milieu naturel. La
pesée d’une cinquantaine d’imagos nous donne un poids compris entre 5,5 et 7,5
g. La partie traitant de l’écologie (milieu naturel) doit faire l’objet d’une publication
ultérieure.
La durée de chaque stade, à température comprise entre 19 et 25°C et avec un
nourris-sage régulier, est de 9 à 13 jours pour le 1er stade, 12 à 19 pour le 2e, 14 à
17 pour le 3C, 14 à 16 pour le 4C, à 20 pour le 5, 11 à 14 pour le 6e ; l’adulte peut
vivre de 89 à 144 jours. Les variations sont dues, bien sûr, à la température mais
aussi aux succès des prédations.
Avant chaque mue, la Saga pedo arrête de s’alimenter. Ce jeûne peut durer 6 jours
avant la mue imaginale. Il faut également attendre i à 2 jours avant qu’elle ne se
réalimente. La mue de Saga pedo est identique à celle observée chez les grandes
sauterelles (Tetti≠gonia viridissima, T cantans, etc.). Le vert franc prend une couleur
vert pâle, délavé. On constate aussi une segmentation plus marquée des tergites.
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La Magicienne se place horizontalement, dos vers le bas. Il m’est arrivé à plusieurs
reprises d’assister et de photographier la mue complète à différents stades. Pour la
mue imaginale, fixée sous son support, Saga pedo reste immobile durant environ
2h 30, animée de légères convulsions de l’abdomen.
Pendant cette longue période, elle lèche régulièrement ses euplantules. Puis,
légèrement arc-boutée, le point de poussée semble être le pronotum par où la
cuticule se déchire. L’oviscapte est alors presque perpendiculaire au corps et
dirigé vers le bas (fig. 1). Les deux paires de pattes avant, les fémurs postérieurs,
la tête et l’avant de l’abdomen se libèrent, tout en effectuant une traction continue
sur les antennes (fig. 2). L’abdomen enfin dégagé jusqu’à la base de 1’oviscapte,
l’extraction des antennes et des tibias continuent.
Durant cette opération, les fémurs accusent une flexion à angle droit (fig. 3). Une
fois les tibias et les tarses entièrement libérés (fig. 4), la Saga tire doucement sur
ses antennes qui finissent par sortir de leur gaine. Elle reste alors ainsi suspendue
par l’extrémité de l’abdomen, l’oviscapte non sorti, pour une pause nécessaire au
durcissement partiel des téguments (fig. 5). Après quoi elle se redresse et s’agrippe
à l’exuvie par les pattes antérieures pour dégager l’oviscapte. L’extraction complète
de la Saga dure 1 heure puis elle se suspend verticalement la tête en haut durant
environ 2 heures (fig. 6).
Elle consomme alors son exuvie. A titre de comparaison la mue de J1 à J2 dure
environ 25 minutes et celle de J2 à J3 environ 30 à 35 minutes (extraction complète
de l’exuvie). C’est lors des différentes mues, surtout de la dernière, que j’ai eu à
déplorer le plus de pertes. Bon nombre de magiciennes, mal accrochées, sont
tombées pendant la périlleuse opération.
Une fois à terre, les bêtes ne peuvent plus s’extraire et les téguments mous se
blessent ou durcissent déformés. Les pertur≠bations et causes de chutes sont
nombreuses. Il ne faut plus qu’il y ait de proies en déplacement dans les terrariums.
Il faut également veiller à ce qu’il y ait un dégagement important sous la bête, de
l’ordre de 15 cm. Le vent fort est à éviter en cas de cage grillagée.
COLORATION
A la naissance les jeunes sont d’abord vert clair ; puis deviennent vert franc avec
une ligne blanche plus ou moins rosée, se devinant dans l’oeil et qui suit le corps à
la séparation des faces dorsale et ventrale. Adulte, la coloration peut varier du vert
mat uni au vert foncé avec motif sur les tergites. Certains sujets sont gris-vert pâle à
brun-gris. La Saga a la capacité de faire varier sa pigmentation. Ainsi il m’est arrivé
de capturer une magicienne brun-gris dans une végétation brûlée par le soleil, de
la placer dans un terrarium garni de végétation verte et d’observer, au bout de
quelques jours, un changement de coloration allant vers le vert, mais sans jamais
être aussi franc que celui des individus verts.
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ACTIVITÉS ET PARTICULARITÉS
Les magiciennes dentelées sont très indolentes, se déplaçant très peu mais
recherchent les coins ensoleillés des terrariums. Je les ai observées chasser aussi
bien de jour que de nuit, période où elles se déplacent toujours suspendues aux
couvercles grillagés, ce qui est rarement le cas durant la journée. Saga pedo adulte
peut mordre fortement, jusqu’au sang, la main qui la saisit. Cependant, on observe
une curieuse attitude d’akinésie lorsqu’on effectue une pression sur le sternum où
l’abdomen, par exemple entre le pouce et l’index. La magicienne se raidit, pattes
et mandibules écartées. On peut ainsi la retourner sur le dos où elle reste figée
de 2 à 10 mn, avant que les mouvements des tarses puis des pattes ne soient
perceptibles. L’autotomie des pattes postérieures, à la manière des sauterelles
(Tettigonia, Decticus, Eupholidoptera, etc.) n’a pas été observé.
Espèce ne se reproduisant que par parthénognèse thélytoque, Saga pedo peut
néanmoins s’accoupler. L’évolution n’a pas induit de modification des voies
génitales. Ainsi, KALTENBACH (1970 et comm. Pers.) a obtenu un accouplement
complet avec un mâle de S. campbelli Uvarov. Les œufs pondus n’ont pas éclos
et il n’a pas été possible à Kaltenbach (comm. pers.) de constater s’il y a eu ou
non un développement embryonnaire. Cette anatomie génitale non modifiée et
tout le comportement sexuel permettant à S. campbelli mâle de s’approcher et
de s’accoupler, laisse penser à une reproduction bisexuée, vraisemblablement
ancienne chez Saga pedo, dont les réflexes sexuels se sont conservés.
REMERCIEMENTS
Je tiens avant tout à remercier ma chère épouse pour avoir supporté l’envahissement
des chambres par tant de terrariums. Mes remerciements vont également à Antoine
Foucart pour les échanges d’idées et ses encouragements, à Nîcolas Beck et
Perrine Gauthier pour leur accueil, ainsi qu’à Kurt Harz, Alfred Kaltenbach, KarI
Singer, Bamabàs Nagy, Louis Bigot, Philippe Pond, Marc Cheylan, Philippe Dreux,
M.P. Pener et Vicenta Liorente pour avoir bien voulu répondre à mes courriers, sans
oublier Sophie et Johann Beauvery pour l’aide informatique.
AUTEURS CITÉS
BÉRENGUIER P., 1905. - Notes orthoptérologiques.l. La Magicienne dentelée «Saga
serrata». Bulletin de la Société d’Étude des Sciences naturelles de Nîmes, 33 145-154.
BÉRENGUIER P., 1907. - Mues de quelques Locustaires : Saga serrata Fabricius.
Bulletin de la Société d’Étude des Sciences naturelles de Nîmes, 35 17-20.
Fig. 1 à 6. – Séquences progressives de la mue imaginale de Saga pedo.
CHEYLAN G. & CHEYLAN M., 1970. - Un insecte carnassier peu connu : La Saga
pedo. La Vie des Bêtes, 138 : 20.
Synthèse de lʼenquête nationale sur Saga pedo - Réseau Tela Insecta, LʼONEM, Les Ecologistes de lʼEuzière & Le MNHN - mars. 2005
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Articles consultés numérisés
DELABIE J., 1976. - Une rencontre peu commune : Saga pedo (Pallas, 1771). Bulletin
de la Société d’Étude des Sciences naturelles de Béziers (N.S), 4 (45) : 27-34.
KALTENBACH A., 1967. - Unterlagen für eine Monographie der Saginae. I.
Superrevision der Gattung Saga Charpentier. Beifrage zur Entomologie, 17 3-107.
CHOPARD Lucien, 1951.- Orthoptéroïdes, 56, Faune de France : 156-157.
Famille des SAGIDAE
KALTENBACH A., 1986. - Saginae, Saltatoria, Tettigoriiidae. Das Tîerreich. The
AnimalKingdom, 103 1-11.
Famille très caractérisée par un corps allongé plutôt grêle. Tête allon≠gée, le vertex
comprimé entre les antennes ; celles-ci-épaisses à la base ; yeux grands. Elytres
et ailes variables, nuls chez l’unique espèce française. Pro, méso et métasternum
armés de 2 épines. Pattes longues, les deux premières paires fortes, à fémurs et
tibias armés de longues épines ; fémurs postérieurs très grèles. Les Sagidae se
rapprochent par certains caractères des Tettigoniidae, mais ils s’en séparent par
l’absence d’épine apicale au bord supérieur externe des tibias postérieurs.
HARZ K. & KALTENBACH A., 1976. - The Orthoptera of Europe. III. Series
entomologica, 12 1-434.
Gen. SAGA Charpentier, 1825
KALTENBACH A., 1970. - Unterlagen flir eine Monographie der Saginae. 11. Beiträge zur
Autokologie der Gattung Saga Charpentier. Zoologtsche Beitrage, 16 (2-3) : 155-245.
MATTHEY R,. 1941. - Étude biologique et cytologique de Sagapedo Pallas
(Ortiioptera Tettigoniidae). Revue Suisse de Zoologie, 48 (2) 91-142.
MATTHEY R,. 1946. - Démonstration du caractère géographique de la
parthénogénèse de Saga pedo Pallas et de sa polyploïdie, par comparaison avec
les espèces bisexuées, 2(7): 1-3.
MATTHEY R,. 1948. Données nouvelles sur les chromosomes des Tettigoniides et
la parthénogenèse de Saga pedo Pallas. Revue suisse de Zoologie, 55 (2) 45-56.
NAGY B., Kis B. & NAGY L., 1983. - Saga pedo Pall. (Orthoptera Tettigonidae)
Verbreitung und ôkologische Regelmässigkeiten des Vorkornmens in SOMitteleuropa. Verhandlungen SIEEC X. Budapest.
QUIDET P., 1988. - Saga pedo Pallas, une sauterelle qui pose des problèmes aux
entomologistes. Bulletin de la Société des Sciences Naturelles de Nîmes, 58 63-68.
RAMME W., 1951. - Zur Systematik, Faunistik und Biologie der Orthopteren von
Südost-Europa und Vorderasien. 3. Revision der Gattung Saga. Mitteilungen aus
dem Zoologischen Museum in Berlin, Band 27: 172-191.
SÄNGER K. & HELFERT B., 1994. - Vergleich von Anzahl und Lage der Mikropylen
und der Form der Eier von Saga pedo, S. natoliae und S. ephippigera (Orthoptera
Tettigoniidae). Entomologia Generalis, 19 (1/2) 49-56.
SAUSSURE H. de, 1888. - Synopsis de la tribu des Sagiens. Annales de la Société
entomologique de France, 127-155.
SAUSSURE H. de, 1891. - Note supplémentaire à la synopsis de la tribu des
Sagiens. Annales de la Société entomologique de France, 5-16.
Grande taille. Pronotum cylindrique, allongé ; élytres réduits chez le mâle, nuls chez
la femelle. Fémurs antérieurs et intermédiaires armés de fortes épines en dessous ;
fémurs postérieurs étroits, armés d’épines moins fortes qu’aux autres paires ; tibias
antérieurs garnis en dessous de très fortes épines ; tympans auditifs en forme de
fente. Cerques des mâles forts, courbés à l’apex. Oviscapte long, peu courbé,
denticulé à l’apex.
Distribution. – Région méditerranéenne orientale ; une seule espèce s’étendant
jusqu’au nord de l’Espagne.
Saga pedo (PALL.) – Gryllus pedo PALLAS, 1771, Reise, I, p. 467. - Saga pedo
CHOPARD, 1922, p.76, fig. 77-78 ; - CHOPARD, 1947, p.51. – Saga serrata FINOY,
1890, P.224, pl.11, fig. 147 ; - AZAM, 1901, p.106 ; - HOULBERT, 1927, p.257, fig. 81.
Biologie. – BÉRENGUIER, 1905, Bull. Soc. Sc. Nat. Nîmes, p.145 ; - BÉRENGUIER,
1907, Bull. Soc. Sc. Nat. Nîmes ; JAUS, 1934, Konovia, XIII, p.171 ; - MATTHEY,
1941, Rev. Suisse Zool., XLVIII, p.91 ; - CHOPARD, 1946, Bull. Soc. Ent. Fr., p.126.
Vert avec des bandes latérales blanc rosé ; on trouve parfois aussi une forme gris
un peu violacé, à bandes latérales jaune pâle, limitées par du brun claire au lieu
du pourpre de la forme verte. Vertex à sommet aigu ; plaque sous-génitale de la
femelle triangulaire, à apex légèrement émarginé.
Long. 67-78 mm. ; pronot. 12-14 mm. ; fém. post. 43-46-mm., oviscapte 35-39 mm.
Ce bel insecte; toujours assez rare, se rencontre dans les garrigues, à terre ou sur
les buissons; il est insectivore et se nourrit presque exclusivement d’Acridiens ;
cependant, MATTHEY dit qu’il accepte la pulpe de cerise et de prune. L’éclosion a
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lieu dans la première quinzaine du mois de mai et l’insecte devient adulte au début
de juillet, après avoir effectué 8 mues. Le mâle est inconnu de France, mais on a
cité deux exemplaires semblant pouvoir lui être rapportés, l’un de Fiume, l’autre de
Znaim, en Moravie. La reproduction parthénogénétique a été observée dès 1905 par
BÉRENGUIER ; elle a été récemment l’objet 4 une très belle étude de MATTHEY qui
a constaté que par rapport aux espèces bisexuées du même genre, la Saga pedo
est tétra≠ploïde. La ponte se fait dans la terre, généralement au lieu de la journée
(BÉRENGUIER, JAUS), parfois la nuit (MATTHEY) ; les œufs en forme de cylindre
allongé, arrondis aux deux extrémités, sont très gros, atteignant un centimètres de
long sur 3 millimètres de diamètre ; leur nombre varie de 25 à 40 d’après JAUS.
BONFILS J., 1960, Notes sur quelques Orthoptères de la Corse, in Bull. Soc Ent. Fr
Fr, 69 : 89.
(Extrait) SAGIDAE Saga pedo Pallas. - PROPRIANO, plaine alluviale de Tavaria à
l’hippodrome, 2 m. hautes herbes ; 6 juin 1955, une larve femelle pré-imaginale ; 23 juin
1955, (les larves et une femelle adulte ; juin-juillet 1956 et 1957, des femelles adultes.
BONIFACIO, plage herbeuse du Golfe de Santa Manza, 0 m ; 11 juillet 1956, des
femelles adultes ; juillet-août 1957, des femelles adultes. Je l’ai récoltée uniquement
dans la Corse du Sud en deux stations qui, apparemment, sont des biotopes
analogues plaines herbeuses fraîches du littoral, population estivale d’Orthoptéroïdes
particulièrement variée et abondante. Les deux types de coloration coexistent.
CARRIERE. J, 2004.- Variantes chromatiques de Mantis religiosa L. dans
l’Hérault : Aspect iconographique, notes de terrain. (orthoptera - Mantidae), in
Lambilionea, CIV, 2 : 171-175
(Extrait) Une réflexion du même ordre vaut pour la rare Magicienne dentelée, Saga pedo
(Pall.) = S. serrata (F.), aptère et dont le régime carnassier est surtout composé de petits
acridiens ; cette superbe espèce parthénogénétique de grande taille peut être ça et là
rencontrée, soit sous sa forme verte classique, soit sous une forme brune comme Mantis
religiosa. Elle est protégée au plan national sur le seul critère de statut indéterminé et
cela est regrettable car sa biologie mériterait une analyse de terrain approfondie, mais
dont on ne peut par avance se fixer sur le moindre projet à court terme.
FIG, 290 bis, - Saga pedo Pallas, femelle, gr. Nat.
Tous les départements bordant la Méditerranée :
Var : Roquebrune ; Sainte-Beaume ; Bagnols ; St Tropez ; Ramatuelle ; Cogolin ;
Cavalaire ; Hyères ;
Basses-Alpes : Sisteron (ABEILLE DE PERRIN) ;
Bouches-du-Rhône : Plateau de St-Cyr ; St-Marcel ; camp de Carpiagne ;
Albaron ; Stes-Maries-de-la-Mer (BUGNION) ; bords de l’étang de Berre, Vitrolle
(MOURGUES) ;
Gard : environs de Nîmes, Saint-Geniès de Malgoires (HUGUES) ; Aigues-Mortes (Rey) ;
Hérault : dunes de Sète ; environ de Béziers ; Marseillan (VALÉRY MAYET) ;
Aude : Bize (ALBAILLE) ;
Pyrénées-Orientales : La Coste, Belloc (XAMBEU) ; Lot : Cabrerets, Cahors
(CHOPARD) ;
Aveyron : St Martin-de-Larzac, 800 m. (DE VICHET).
Italie, Espagne, Bohème, Autriche, Valais ; Méditerranée orientale jusqu’au
Caucase ; Iles Dalmates.
{Données non intégrées dans la synthèse Saga 2004
>>> Intégration prévue pour la synthèse Saga 2005}
Cette apparente rareté tient probablement à ses moeurs nocturnes ; le 30.07. 1998
l’un de mes neveux, alors gendarme auxiliaire à Montagnac, de surcroît passionné
par l’étude des Phasmes, patrouillait de nuit dans les environs de Nizas en direction
de Cabrières (centre du département). Dans la lueur des phares, il aperçut un
rassemblement inattendu de cette espèce qui traversait la route et dont un bon
nombre avait déjà fait les frais de véhicules passés par là. Avec l’autorisation de
ses supérieurs, quelque peu médusés par ses arguments, un bref arrêt lui permit
d’assister à la rapide migration de ces bêtes vers un lieu de ponte présumé propice
et de me confier deux exemplaires endommagés et mourants, l’un vert et l’autre brun
(de 105 mm de vertex à l’apex de l’oviscapte) ; à l’ouverture de l’abdomen la forme
verte me démontra la présence de 24 oeufs cornés de 12 x 4 mm, la forme brune de
16 œufs identiques.
Outre l’aspect purement anecdotique, cela conforte l’idée qu’une espèce considérée
comme rare peut à l’occasion être localement abondante et surtout que la variabilité
chromatique, objet de cette note, n’est pas l’apanage des Mantidés. L’incidence des
facteurs thermiques et/ou hygrométriques lors de la deruière mue est peut être à
prendre en compte ; ainsi, la station météorologique de Cabrières a enregistré 41,7°c
le 21 juin et 42,2°c le 12 août 2003 avec une moyenne des températures, pour la
période du 15 juin au 31 août, de 3 à 5°c au-dessus des normales saisonnières.
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Coïncidence ou pas, ce même territoire m’a livré entre le 15 septembre et la fin de
novembre suivants des formes chromatiques inhabituelles, uniquement des femelles à
cette époque de l’année, allant du vert au jaune franc, du testacé au brun nervuré de rouge
- pour la plupart photographiées in situ et laissées libres. Je dois ajouter que, parcourant
depuis plus de quatre décennies les stations sèches du département, c’est bien la
première fois que j’ai noté semblables nuances réunies. L’abondance de Mantis religiosa
dans les garrigues ou le maquis de la proche région biterroise en particulier est établie
de longue date, la présente note ne se réclame donc d’aucune prétention faunistique. La
Mante jaune capturée le 27.09.2003 a déposé le 16.10.2003, à reflets rougeâtres, ont
été sacrifiées sur le champ : le jaune de la première s’est notablement estompé après
préparation, le brun des autres a persisté alors que le rouge n’a laissé aucune trace. A
noter au passage qu’en des temps reculés les oothèques, désignés en Provence sous le
vocable de «Tignos», bénéficiaient de vertus thérapeutiques à l’encontre des engelures
ou des maux de dents et appartenaient à la pharmacopée rurale - croyances populaires
qui parmi tant d’autres se perdent dans les pratiques empiriques.
Il ressort enfin des lignes qui précèdent que parmi les Orthoptéroïdes la fécondité
des femelles varie considérablement selon les Familles et les Genres ; l’anecdote
concernant Saga pedo oriente vers une vingtaine d’oeufs déposés en moyenne et
dont le volume comparé à la taille de l’Insecte est impressionnant. Au total moindre
sera la descendance et ceci peut expliquer la faible représentation numérique
admise, d’autant que les juvéniles restent exposés à leurs propres prédateurs.
Néanmoins toute investigation de terrain est soumise à de multiples aléas; Si les
grosses espèces héliophiles communes sont de découverte aisée, il n’en va pas de
même pour les plus ténues. Leur quête à vue est certainement inadaptée et évoquant
là les petites Mantes du Genre Ameles, je suis en mesure de ne faire état que d’une
unique capture d’Ameles decolor (Charp.), femelle brunâtre de 20 mm saisie sur un
buisson dans une zone inculte proche d’Assas, localité aux portes de Montpellier
(21.09.1976). Il est à peu près certain que si j’avais à l’époque procédé par battage, la
récolte eut été fructueuse ; mais davantage intrigué par l’aspect comportemental que
par l’attrait de plus ou moins longues séries de ces Insectes remarquables que sont
les Mantes, l’on devine aisément combien ma démarche de naturaliste amateur peut
comporter de lacunes et autant d’ignorance sur la matière des travaux publiés.
Ouvrages consultés :
CHOPARD, L., 1922. - Orthoptères et Dermaptères. Faune de France, 3. P.
Lechevalier, Paris.
CHOPARD, L., 1965. - Atlas des Aptérygotes et Orthoptéroïdes de France. Ed. N.
Boubée, Paris.
DELAGE, Dr., 1931. - Coloration et pigments chez les Insectes. Miscellaena
Entomologia, Vol. XXXIII, n°7-8, pp. 57-88.
Entomologia
FABRE, J.-H., 1920-1924. - Souvenirs entomologiques (Cinquième série) - Édition
définitive illustrée. Ed. Delagrave, Paris.
HARANT, H. et JAR,RY, D., 1973. - Guide du naturaliste dans le Midi de la France,
T. Il, La garrigue, le maquis, les cultures. Ed. Delachaux & Niestlé.
MARTIN Philippe, 1997. - La nature méditerranéenne en France, Ed. Del.& Niestlé, 272 p.
Insectes Orthoptères (p. 212-213) - Ensifères
580 - La Magicienne dentelée Saga pedo (6-7 cm + 4 cm pour l’oviscapte !) femelle est un
grand insectes assez rare et curieux car on n’a jamais trouvé d’individu mâle en Europe
occidentale. Les œufs sez développent sans fécondation (parthénogénèse). Détail de
la tête (a). Larve (b). Elle se nourrit de petits Orhtoptères qu’elle saisit de ses pattes
antérieures bardées d’épines, dans les broussailes des terrains arides. Espèce protégée.
Juil.-sept. A. R. Méd.
CHINERY Michael, 1988.- INSECTES d’Europe occidentale, Ed. Arthaud, 320 p.
Saga pedo (Pallas). S. VII-IX.
Remarquable. Un des plus
grands insectes d’Europe. Parfois
gris à bande jaune clair qui peut
ne pas exister sur les spécimens
vert et gris. Aptère. Reproduction
parthénogénétique. Dans les
garrigues de zones calcaires,
à terre ou sur les buissons. Se
nourrit presque exclusivement
de sauterelles et de criquets
capturés avec ses pattes antérieures épineuses. Rare.
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Articles consultés numérisés
BÉRENGUIER P., 1907.- Notes orthoptérologiques III. Observations sur les Mues de
quelques Locustaires, in Bull. Soc. ét. sc. nat. de Nîmes, vol. 35, pp.XXIII et 14-20.
NOTES ORTHOPTÉROLOGIQUES III
Observations sur les Mues de quelques Locustaires par Paul BERENGUIER
{Extrait} Je résumerai simplement les notes prises durant quelques élevages que
j’ai pu mener à bien :
Saga serrata (Fabr.)
Captures. - Larve n° 2, 20 juin 1906 ; larve n° 3, 10 juin 1906.
Malgré tous mes soins, je n’ai pu obtenir jusqu’ici qu’une unique éclosion sur
tous les œufs pondus en captivité depuis quatre ans ; malheureusement la larve
éclose périt en effectuant sa troisième mue ; du reste je n’ai pas encore pu réussir
l’élevage complet d’un même individu depuis son éclosion jusqu’à sa mort. C’est
donc en réunissant mes observations sur l’élevage de trois différentes que j’ai pu
noter le nombre réel des mues. Des trois larves élevées ; la première (celle éclose
en captivité) a subi ses trois premières mues; la seconde, les troisième, quatrième,
cinquième et sixième mues ; la troisième : les cinquième, sixième, septième et
huitième mue, atteint la taille adulte sans avoir jamais été en contact avec aucun
mâle, elle a pondu 23, œufs du 30 juillet au 20 août 1906, dont l’un a donné
naissance à la larve n°1, le 12 mai 1907. Il y a donc eu Parthénogénèse.
Larve n°1
Eclosion durant la nuit du 11 au 12 mai 1907, au matin, j’ai trouvé la larve sortie
de terre ; la coque de l’œuf dégagé avec précaution présente une ouverture bien
arrondie sur le bout supérieur, je n’ai pas trouvé trace de l’opercule à l’époque.
La larve mesurait 12 mill. de long, l’oviscapte était à peine indiqué par une très
légère protubérance sous l’extrémité, l’abdomen, les cerques étaient relativement
très gros, triangulaires, aplatis, longs de presque x mill, un peu inclinés en bas ; le
pronotum très court, la couleur générale était d’un vert très clair et très pâle. J’offris
de très jeunes larves de Phaneroptera et Tylopsis comme nourriture, mais elles ne
furent acceptées que le quatrième jour en les présentant au bout d’une pince, il en
fut ainsi jusqu’à la x mue,
La première mue : 21 mai (15 jours après l’éclosion) ; long 19 mill., l’oviscapte à
peine sensible, cerques cylindriques ; la couleur verte du corps devient plus foncée,
la larve ne mange que très peu, au bout de trois jours, elle a dévoré sa dépouille, il
faut toujours lui présenter sa nourriture.
Deuxième mue : 10 juin (14 jours après la première) ; long, 23 mill., oviscapte
commençant à faire saillie, la larve dévore encore sa dépouille, elle ne mange
que deux Phaneroptera qu’il faut lui présenter ; évidemment l’animal ‘souffre’, les
aliments offerts ne doivent pas lui convenir, il ne les prend que faute de ce qu’il ne
trouve pas, l’agilité se perd, la teinte du corps
pâlit de nouveau.
Troisième mue: 24 juin (14 jours après la seconde) s’opère de nuit, au matin l’animal
est encore engagé dans sa dépouille, il est tombé sur le fond de la cage et meurt
dans la journée sans pouvoir se dégager. Long. corps 30 milI. environ, l’oviscapte
non dégagé.
Larve n°2
Le x juillet 1905, année précédent 1906, j’avais capturé dans le Parc de ma propriété
du Clos Oswald, près Roquebrune, (Var,) une autre larve de Saga longue de 30 mill
ovisc. 1/2 min.; elle reste cinq jours sans manger, puis se suspend tête en bas
pour muer le 25 juin ; elle mange sa dépouille, long. corps 31mill, l’oviscapte 5 milI.
Comparée à la larve n°1, la longueur du corps m’indique qu’elle vient de subir sa
troisième mue ; cette larve prend toute seule les Phaneroptera mis dans sa cage.
Quatrième mue : 8 juillet (13 jours après la troisième) ; long. corps 35 mill., ovisc.
11 mill. La couleur du corps est presque celle de l’adulte, la larve est très vive et
mange déjà quelques Platyphyma giornæ qu’elle semble préférer aux larves de
Phaneroptera, la croissance s’accentue.
Cinquième mue: 21 juillet (13 jours après la quatrième) ; 40 mill., ovisc. 26. Je
considère ma larve comme presque sauvée, elle mange Platyphyma, Caloptenus,
Edipoda, Stenobothrus, mais refuse Acrotylus ; la croissance devient très rapide.
Sixième mue : 2 août (13 jours après la cinquième) ; la mue s’opère de nuit et
dans de très mauvaises conditions ; la veille au soir un violent orage m’avait fait
craindre de laisser dehors mon élève, j’eus la malencontreuse idée de l’enfermer
provisoirement pour la nuit dans une boîte à cigales, ne comptant pas sur la mue
qui ne me semblait pas imminente vu l’agilité de la larve ; trop à l’étroit dans cette
boite pour se suspendre tête en bas, la mue s’opéra à plat, et bien que dégagée
complètement de sa dépouille, la larve ne put laisser raffermir en bonne posture ses
tibias postérieurs, et son oviscapte, qui restèrent tordus ; la malheureuse bête ne
pouvant que se traîner ne tarda pas à mourir.
Larve n°3
Le 10 juin 1906, j’avais trouvé dans le parc du Clos Oswald, une larve femelle
mesurant 38 mill. de long, ovisc. 13 mill, le lendemain 11 juin cette larve muait; long.
41, oviscapte 26 mill. Si l’on compare ces longueurs du corps et de l’oviscapte aux
longueurs correspondantes de la larve no 2, ayant mué pour la cinquième fois le 21
juillet; on voit que la larve qui nous occupe, effectuait aussi sa cinquième mue.
La sixième mue eut lieu le 23 juin (13 jours après la cinquième) ; long. corps 50
mill., ovisc. 30 mill. La larve très vigoureuse mangeait régulièrement, la croissance
est régulière.
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Articles consultés numérisés
Septième mue: 4 juillet (11 jours après la sixième) : long corps 55 mil, ovisc 34 mill
La croissance suit sa progression.
Huitième mue: 18 juillet (14 jours après la septième); long. corps 60 mill. ovisc. 35;
c’est la dernière mue; la taille augmente très rapidement ; cinq jours plus tard, le 23
juillet, la longueur du corps est de 69 mill., celle de l’oviscapte de 36 min. L’insecte
est arrivé à toute sa taille, la ponte a lieu du 30 juillet au 20 août et c’est de l’un de
ces œufs qu’est née la larve n°1 comme je l’ai déjà dit. La femelle a vécu quelques
jours après la fin da sa ponte, puis la voyant ne plus manger ni pondre, je l’ai tuée et
préparée pour ma collection ; j’ai trouvé seulement trois œufs dans son abdomen.
D’après l’élevage de ces trois larves on peut établir le tableau suivant des mues :
1ère mue
15 jours après l’éclosion.
2
29
3
44
4
56
5
69
6
81
7
92
8
106
Adulte
111
Clos-Oswald, octobre 1907.
PROCÈS-VERBAUX XXIII
Séance du 27 juin 1907 Présidence de M. JULES GAL.
Zoologie. - M. Paul Bérenguier communique l’intéressante observation qu’il a faite
sur les premières mues d’une de ses Saga serrata obtenue de l’éclosion d’œufs
pondus en captivité en 1906, à son domaine du clos Oswald, près Roquebrune (Var
par une femelle ayant subi en captivité les 5, 6, 7 et 8e mues, sans jamais avoir
été, par conséquent, en contact avec aucun mâle. Cette femelle a pondu 23 œufs
du 30 juillet au 20 août, dont. l’un est éclos dans la nuit du 11 au 12 mai 1907. La
jeune larve mesurait alors 12 mill. ; 1’oviscapte était à peine indiqué par une très
légère protubérance sétacée sous l’extrémité de l’abdomen ; les cerques très gros,
triangulaires aplatis, 1 mill. de long un peu inclinés en bas, pronotum très court.
Première mue 27 mai (14 jours après l’éclosion).
Deuxième mue 10 juin (15 jours après la première)
Troisième mue 24 juin (14 jours après la seconde). Cette mue s’opérant dans de
mauvaises conditions, l’insecte meurt sans parvenir à se dégager entièrement de sa
dépouille. Notre collègue ajoute que c’est la seule éclosion qu’il a eu parmi la centaine
d’œufs pondus par plusieurs Saga élevée en captivité, chez lui, au clos Oswald.
Pages web sur Saga pedo
Statuts de protection de Saga pedo
http://www.portcrosparcnational.fr/patrimoine/parcnational/index.asp?id=34&nbf=57&stheme=0
Magicienne dentelée (Saga pedo Pallas, 1771)
Protection Cʼest une espèce qui est protégée par la loi au niveau national et européen
(Annexe II de la convention de Berne et Annexe IV de la directive Habitat). Il est donc
interdit de la tuer ou de la ramasser.
Biologie Cette sauterelle est un des plus grands insectes européens. Elle mesure de 9 à 12
cm environ. Elle fréquente les endroits arides et secs, et se nourrit de criquets et de jeunes
sauterelles. On peut la rencontrer à partir du mois de juillet et jusquʼen automne.
Caractéristiques En Europe occidentale, le mâle est inconnu. On ne trouve que des femelles
qui se reproduisent par parthénogénèse. La femelle pond des œufs féconds sans avoir besoin
de lʼintervention dʼun mâle. Ces œufs donnent naissance à des femelles uniquement.
Présence sur le Parc National au niveau du Cap Lardier (photo).
www.inra.fr/Insectes/Hebergement/OPIE-Insectes/lip-fr.htm
**Les insectes protégés en France**
I. Espèces de Métropole :Orthoptères :
Le Criquet rhodanien Prionotropis rhodanica Uvarov, 1922
Le Criquet hérisson Prionotropis hystrix ssp azami Uvarov, 1923
La Magicienne dentelée Saga pedo Pallas, 1771
http://big.chez.tiscali.fr/rare/protection.htm
**Convention de Washington** (03-30-1973) Entrée en vigueur en France : 01-07-1975.
Elle concerne lʼinterdiction de vente et circulation dʼespèces (liste : Annexe A ci-jointe) dans
la mesure où les spécimens ne sont pas munis dʼun certificat CITES.
Annexe A de la convention de Washington
ORTHOPTERA Tettigoniidae : Baetica ustulata & Saga pedo
http://www.mnhn.fr/mnhn/bimm/protection/fr/Berne/Annexe2.html
CONVENTION RELATIVE À LA CONSERVATION DE LA VIE SAUVAGE ET DU
MILIEU NATUREL DE LʼEUROPE - Berne, 19.IX.1979
ANNEXE II : ESPÈCES DE FAUNE STRICTEMENT PROTÉGÉES
INVERTÉBRÉS : Orthoptères : Baetica ustulata & Saga pedo
DIRECTIVE 92/43/CEE DU CONSEIL DU 21 MAI 1992 CONCERNANT LA
CONSERVATION DES HABITATS NATURELS AINSI QUE DE LA FAUNE ET DE LA
FLORE SAUVAGES
ANNEXE IV : ESPECES ANIMALES ET VEGETALES DʼINTERET COMMUNAUTAIRE
QUI NECESSITENT UNE PROTECTION STRICTE
>> INVERTÉBRÉS : Orthoptères : Baetica ustulata & Saga pedo
Synthèse de lʼenquête nationale sur Saga pedo - Réseau Tela Insecta, LʼONEM, Les Ecologistes de lʼEuzière & Le MNHN - mars. 2005
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Pages web sur Saga pedo
France : Pages web sur Saga pedo
http://www.laplanetedesinsectes.net/index.php
http://octavie.no-ip.com/naturimages/
«La magicienne dentelée» (Saga Pedo) n’a rien de «magicienne», comme la mante
n’a rien de «religieuse» ! C’est un insecte dit «rare» dont la morphologie tient un
peu de la mante et un peu de l’éphippigère. Totalement inoffensif, il est doué d’un
mimétisme parfait qui est d’ailleurs sa seule défense et certainement à l’origine de
sa prétendue rareté. Reproduction par parthénogénèse.
Orthoptère de la famille des Tettigoniidae, c’est donc une Sauterelle de la sous
famille des Saginae (Magiciennes). Elle porte deux noms vernaculaires : La
Magicienne dentelée ou la Langouste de Provence. C’est une impressionnante
Sauterelle, que j’ai eu la chance de rencontrer à plusieurs reprises. Le plaisir de
l’apercevoir au détour d’un buisson, crée toujours cette joie immense que seul un
amoureux de la nature connaît. L’identifier est très facile, en revanche, la trouver
l’est nettement moins, et pour cause ! C’est un insecte très rare et en voie de
disparition, donc extrêmement protégé du moins en France.
Son exceptionnelle taille (de 60 à 70 mm de corps auquel on rajoute un oviscapte
d’environ 40 mm) en fait l’insecte le plus grand d’Europe, son régime alimentaire
exclusivement carnivore, et sa reproduction parthénogénétique, en fait un insecte
exceptionnel. Je ne m’étendrais pas sur sa description, les photos parlent d’ellesmême. Si au cours d’une promenade, le hasard vous fait découvrir cet insecte, je vous
demanderais de ne pas le martyriser, ne pas le capturer pour le déplacer, voir tenter de
l’élever. Rien ne vous empêche de l’observer, le photographier et de le laisser dans son
biotope d’origine. Vous remarquez, que je ne citerais pas les lieux de mes découvertes,
ce sera ma modeste contribution à la sauvegarde de cette superbe espèce.
Parthénogenèse : Plusieurs groupes d’insectes peuvent produire une descendance
sans fécondation, c’est à dire : parthénogénétique. C’est un phénomène que l’on
rencontre assez souvent chez les Pucerons (Homoptères). Il est particulièrement
remarquable chez ces espèces, puisque double, il se combine avec celui de la
viviparité. Chez les Hyménoptères sociaux, comme la reine des abeilles, seule
femelle capable de pondre des oeufs fécondés, Ce phénomène permet de pondre
des oeufs (ovocytes) non fécondés, qui donneront des mâles ou faux-bourdons. Les
autres femelles (ouvrières) peuvent pondre des oeufs, mais ceci ne donneront que
des mâles. Chez certaines espèces de Phasmes, les femelles pondent des œufs
qui n’engendrent que des femelles. Chez nous, la Saga pedo, superbe Sauterelle
ne se rencontre que de sexe femelle, nous ne lui connaissons pas de mâle.
http://pageperso.aol.fr/cassiopee1937/
Saga pedo
LA PLANETE INCONNUE . 3. Saga pedo. «Magicienne dentelée»
Photos pierre-Jean BERNARD, [email protected]
« Saga pedo » ( ou « Saga serrata» ) se déplace lentement avec un balancement
caractéristique avant-arrière et fréquente les chardons en particulier. Son biotope
est la prairie sèche parsemée de petits arbustes (genêts, ronces, etc...) bien
ensoleillée. On peut la rencontrer en été, surtout aux mois d’août-septembre dans
le LUBERON, où ont été prises ces photographies.
{Photos} Saint-Martin-les-eaux ( 04 ). Altitude 470 m. C’est dans les friches audessus du village que vit « Saga pedo » .Détails d’une patte. L’oviscapte
« Si la femelle de cet insecte a été observée dans de nombreuses localités, le mâle
par contre est presque introuvable. J. AZAM signale qu’on ne connait jusqu’ici en
France, qu’un seul mâle qui fut trouvé par M.Abeille de Perrin à la sainte-Beaume,
près de Marseille, dans un champ de luzerne.» (documentation OPIE années 80).
« Le mâle de Sage pedo est pratiquement inconnu. On a cité deux exemplaires
pouvant lui être rapportés, l’un trouvé prés de Flume, l’autre en Moravie. Mais ce
fait demanderait confirmation. En France (NDLR : voir ci-dessus) et dans plusieurs
autres pays, tous les individus observés étaient des femelles (parthénogénèse
thélythoque) Saga pedo possède 68 chromosones» ( Pierre Quidet « in «Saga
pedo, une sauterelle qui pose des problèmes aux entomologistes» 1988)
Alors : il y a des mâles ou il y en a pas ? That is the question.
La «Magicienne Dentelée» peut atteindre jusqu’à 10-12 centimètres du bout
de l’oviscape jusqu’aux antennes. Elle est carnassière et se reproduit par
parthénogénèse. Depuis que je parcours les collines du LUBERON (Alpes-deHaute-Provence), j’ ai rencontré cet insecte à seulement trois reprises au cours de
plusieurs décennies. Insolite : une année, j’ai trouvé une «Magicienne dentelée»
dans ...l’église ! Une «Saga religieuse» quoi !
«Cette belle espèce habite notre littoral méditerranéen, elle se tient immobile,
sur les buissons, parmi les feuilles dans les endroits chauds et sauvages. Sète,
Agde, Nîmes, la Sainte-Beaume près de Marseille, Bagnols, Cogolin ,etc... Eté et
automne». (Données OPIE années 80)
Synthèse de lʼenquête nationale sur Saga pedo - Réseau Tela Insecta, LʼONEM, Les Ecologistes de lʼEuzière & Le MNHN - mars. 2005
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« Saga pedo» au sol, dans les herbes. Elle aime aussi beaucoup se poster dans
les chardons, surtout au bord des chemins, ce qui fait que les débroussaillements
les éliminent souvent. Ici en gros plan, l’oviscape de Saga pedo et une patte (en
arrière-plan)
COMPTE RENDU D’OBSERVATIONS DE «SAGA PEDO» :
Des visiteurs du site me communiquent leur récente rencontre avec la «Magicienne
dentelée» : - 2 août 2004 : «Saga pedo» à OCTON (34) prés du lac du Salagou
dans l’Hérault. Insecte sur un mur en bordure d’une terrain inculte. Trouvée par mr.
J.C.Rivière, archéologue-conservateur.
- 9 août 2004 : «Saga pedo» à POURRIERES (83), au nord de TRETS, sur la
colline «Bellevue» (360 m.). L’insecte a été trouvé sur...le lit du filleul de mr. et mme.
Revel-Mary !!
- Septembre 2004 : des «Saga pedo» signalées dans la région de Prades-le-lez
(Hérault ), dont de nombreuses écrasées sur les routes ! ( «les écologistes du
L’euziere» ). Mr. Christophe BERNIER, de l’association, signale ses observations de
« Saga pedo « au massif de la Montagnette et au massif des Alpilles ( au nord des
Bouches-du-Rhône ) où cet insecte était méconnu des naturalistes jusqu’à cet été !
- 27 août 2004 : «Saga pedo» à saint-Martin-les-eaux (04) , prés de Manosque
(photo ci-dessus), alt. 470 m. Trouvée sur la terrasse d’un habitant en plein village !
- 26 septembre 2004. Une observation sur terrain alcalin à Eyragues ( 13 ). «Saga»
de coloration beige...par mr. Christophe BERNIER (voir plus haut).
*** Vous pouvez me communiquer vos observations éventuelles de «Sage pedo»,
elles seront les bienvenues.
Saga pedo a daigné relever son oviscape. La voici entière !
Insolite : Sur cette photo on peut voir une mouche posée sur la patte de Saga pedo !
http://aramel.free.fr/INSECTES9bis-4.shtml
Saga pedo 3-Famille des Sagidés :
-tibias postérieurs et antérieurs sans épine apicale au bord supéro-externe
-corps très allongé, tête longue
-fémurs antérieurs et intermédiaires armés
-antennes insérées entre les yeux
Une espèce type Saga pedo ou «Magicienne dentelée», 60-80mms, aptère qui vit
à terre ou dans les buissons (le plus grand insecte européen!) avec oviscapte long
faiblement courbé, rare. Saga pedo «dentelée» (à cause de ses épines fémorales et
tibiales) et homochrome dans la végétation à l’affût pour chasser des petits Criquets.
http://perso.club-internet.fr/eric_detrez/breves2001.htm
Saga pedo en Ardèche
Site de Dominique CHAMBETTAZ
Compte Rendu d’Actrvité de l’Association Papillyons ADE (Association pour la
Découverte de l’Entomologie) : Le 10 juillet 2001 : Présentation de la deuxième
sortie de l’association qui à eu lieu le week-end du 7 et 8 juillet 2001 en Ardèche.
Lors de cette sortie de deux jours, nous avons pu découvrir différents représentants
d’ordre d’invertébrés. Les découvertes ont été marquées par deux événements
phares: - trois rencontres avec la Saga pedo, sauterelle carnivore protégée par la
convention de Washington. C’est un Orthoptère parthénogénétique (il n’existe que
des femelles) qui pour se nourrir chasse un peu comme une mante religieuse en
capturant ces proies à l’aide de ses pattes avants. Les heureux découvreurs Isabelle
Falipou, Yvan Oelshlâger et Pascal Fort, ont relâché ces charmantes petites bêtes
après une série de photos réalisée par Dominique Chambettaz.
Photos d’une larve pré-nymphale et de nymphes du coléoptère Oryctes
nasicornis, autrement dit le Rhinocéros. Photos issues de l’élevage de Dominique
Chambettaz.
Espagne : Pages web sur Saga pedo
Atlas des Orthoptères de Catalogne
Saga pedo Pallas, 1771 **Presence 3 grid squares (0.8 %).** Description Body: 60 to 112
mm (ovipositor even in females). Very long body. Subgenital plate in the female triangular with
a small incision in the apex. Tegmina of the males very short, reduced to stridulatory organs,
in contrast, the females do not have tegmina. Very long ovipositor, denticulate in the apical
region. The anterior and median tibiae and femurs have teeth on the lower part to catch insects
on which they feed. **Ecology Present in: siliceous rockrose scrub and heath and brambles.
Has been found above 70 m (Delfià, Alt Empordà, UTM: 31TEG08) up to 1065 m (El Mascar,
Tortosa, UTM: 31TBF72)**. It is a parthenogenetic species. In Catalonia, at present, we
know of no male specimen. **It has been found in the regurgitations of lesser kestrel (Falco
naumanni) in the Empordà**. In France, it has also been found in the regurgitations of the
lesser kestrel and the common kestrel. Distribution Empordà plains and southern tip of the
Coastal mountain system. Europe and Asia. Status Legally protected species in France. In
danger of extinction in Switzerland. **Very rare species**. Bibliography Bailey & Rentz
1990; Bellmann & Luquet 1995, p. 158; Chopard 1951, p. 156; Defaut 1999, p.19; Gangwere
et al. 1985; Gómez et al. 1991; Harz 1969, p. 490; Herrera 1982, p. 24; Nagy 1987; Pardo et
al. 1991 and 1993; Pinedo 1985; Pinedo 1988; Quidet 1988
Synthèse de lʼenquête nationale sur Saga pedo - Réseau Tela Insecta, LʼONEM, Les Ecologistes de lʼEuzière & Le MNHN - mars. 2005
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Suisse : Pages web sur Saga pedo
http://la-murithienne.nomades.ch/
Société valaisanne de sciences naturelles
Le Bulletin annuel de la Murithienne paraît depuis 1869. Il présente les dernières
études réalisées en Valais dans le domaine des sciences naturelles et constitue une
référence appréciée pour tous ceux qui oeuvre dans ce domaine.
Index des matières, lieux, personnes
-Saga pedo (Orthoptera). 606
-Saga serrata (Orthoptera). 561
Index des auteurs et des titres anonymes
-Bugnion, Edouard. 559, 560, 561
http://lepus.unine.ch/carto/
Centre Suisse de Cartographie de la Faune
Articles consultés numérisés
has been considered very vulnerable by IUCN commission which included it in the
protected species list for the European Community since 2000 (www.redlist.org)
Every single feature of this insect is weird and interesting. It’s a grasshopper (order
Orthoptera, family Tettigonidae, subfamily Saginae) but it’s completely carnivorous,
just like a praying mantis! It ambush other insects, especially crickets and other
hoppers, among grass and bushes of the few dry scrublands where he lives. It
seems very letargic until the very last moment, when the prey come close and is
suddenly seized by the deadly hug of the first two pairs of legs adorned with strong
thorns
Saga pedo is a precocious species too and reach maturity before other othopteroids,
preying on them extensively. It’s possible to find adult individuals in july. No males
are known, since Saga pedo is obligatorily parthenogenetic, and is therefore able to
produce offspring without any fecundation. Eggs are planted deep in the soil using
the long sabre-like ovopositor in late summer.
Pour obtenur la carte de Saga pedo
1. Cliquez sur «Public Access»
2. Sélectionnez «Orthoptera» dans le menu «Taxonomic Group»,puis cliquez «NEXT»
3. Sélectionnez «Saga» dans le menu «Select a genus» puis cliquez «NEXT»
4. Sélectionnez «pedo» dans le menu «Select a species» puis cliquez «MAP»
5. Sur la carte cliquez sur «refresh», puis modifier les menus déroulant dans le
bandeau en haut pour changer de fond de carte ou d’années («threshold year»).
The pictures you see here are taken in out-of-the way locations in natural parks
in Provence (Southern France), Piemonte (Italy) and Liguria (Italy, new record!).
Many thanks to Fabio De Vita, Renato Cottalasso and Pierre Jean Bernard for their
precious help and advices.
Bilan concernant Saga pedo pour la Suisse :
13 carrés UTM 5x5km connus dont 6 récents (depuis 2000) et 6 anciens (avant 1950).
2 populations distinctes l’une dans le Valais à l’Ouest, l’autre à l’extrême Est du pays.
http://mujweb.cz/www/petr_kocarek/Bibliography.htm http://mujweb.cz/www/
orthoptera/bibliografie.htm
Donnent des références bibliographiques
Italie : Pages web sur Saga pedo
Hongrie : Pages web sur Saga pedo
http://www.isopoda.net/portfolio/saga.html
http://www.bsi.fr/pne/html/body_parcs_3.htmParcs nationaux Européens: AGGTELEK,
http://www.bsi.fr/pne/html/parcs_4.htm AGGTELEK NATIONAL PARK+ TENGERSEM
OLDAL 1 H 3758 JOSVARO TEL/FAX : (36) 48-350-006
The predatory bush cricket. A closer look at the surprising and elusive Saga pedo
(Orthoptera; Tettigonidae). By Francesco Tomasinelli: [email protected]
UPDATED 19/7/2004
Considered one of the biggest insects in Europe, if not the biggest (12 cm total
lenght!), the Saga pedo (Pallas, 1771) is one of the rarest too. Although counted
in many southern european countries it presents a very scattered distribution and
Tchéquie : Pages web sur Saga pedo
Création : 1985, Superficie : 19 708 ha, Habitats :Broad leafed forests, Laubwalder, Forêts
de feuillus, Satut : Réserve de biosphère MAB/UNESCO
Faune forestière : sangliers, chevreuils, cerfs, mouflons, loups, lynx. Côté oiseaux, présence
de la cigogne noire (Ciconia nigra)et dʼune population intéressante de Testrastes bonasia .
Insectes remarquables dont le criquet Saga pedo.
Synthèse de lʼenquête nationale sur Saga pedo - Réseau Tela Insecta, LʼONEM, Les Ecologistes de lʼEuzière & Le MNHN - mars. 2005
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http://www.mek.iif.hu/porta/szint/egyeb/lexikon/pallas/html/030/pc003024.html
l. a mellékelt képet [ÁBRA] EGYENES SZÁRNYUAK.
(állat, Orthoptera Oliv., Synistata Fabr., Odorata Fabr.), a rovarok osztályának
(Insecta) egyik rendje, melyet a jól kifejl�dött rágó szájrészek, szabad el�tor, 2 pár
különnemü v. hasonló szárny és tökéletlen vagy át nem alakulás jellemez. Testök
alakja, nagysága változatos. Többnyire megnyultak, karcsuk, ritkán zömökek és
rövid testüek. Vannak köztük alig pár mm. nagyságuak, de elérhetnek 15-20 cmt
is **(Saga serrata Fab.).** Kitin állományu b�rvázzal. Különböz� nagyságu és
gyürükb�l összetett testökön általában három f�részt, u. m. fejet, tort és potrohot
különböztethetni meg. A fej rendesen nagy és változó alakú. Némelyeknél el�re áll
és szabadon a torhoz csatlakozik (Froficula), másoknál hátrafelé a tor széle által
fedett (Blattina), ismét más fajoknál egészen a torba beillesztett (sáskák, tücskök).
Rajta találjuk a külérzéki szerveket, csápokat, szemeket és szájrészeket elhelyezve.
A csápok igen változatos alakuak, nagyságuak. Igy lehet fonal, sertealakú, hengeres
vagy oldalt összenyomott, a testnél sokkal rövidebb, vagy nála 2-3-szor hosszabb,
de mindig számos izb�l összetett. Nagy összetett szemeik többnyire félgömb-,
tojásdad-, vagy vesealakuak, egymáshoz közelebb vagy távolabb állhatnak, de
sohasem hiányoznak. Ezeken kivül kettesével, hármasával álló mellékszemeket is
találhatni, melyek azonban hiányozhatnak is. Szájrészeik több - páros és páratlan
- részb�l összetettek. A félkör alaku vagy négyszögü fels� ajak (labrum), melynek
mells� szabad része közepén gyakran kimetszett, igen nagy; a fels� állkapcsok vagy
rágók (mandibulae, egy pár) igen er�sek, sarlóalakúak, élesek, gyakran fogasak és
igen alkalmasak ugy a táplálék megragadására, mint annak összeaprítására. Az
alsó állkapcsok (maxillae, egy pár) több egymáshoz szorosan kapcsolt részb�l
állanak, melyek közül az állkapcsi faldosók (palmi maxillares) rendesen ötizüek.
Az alsó ajak (labium) két félb�l áll, melyek egymással szorosan nem n�nek össze
és mindeniken találhatni egy-egy három izü faldosót (palpi labiales). A tor három
gyür�b�l áll, melyeken a mozgási szervek vannak elhelyezve. Igy az el�toron,
mely a középtorral izesül, találhatni az els� pár lábat, a középtor, mely az utótorral
össze van forrva, viseli a 2. pár lábat és az els� pár szárnyat, az utótorra pedig a 3.
pár láb és a 2. pár szárny van er�sítve.
http://ludovika.nhmus.hu/~baldi/baldi_AGEE_1997.pdf.
Russie : Pages web sur Saga pedo
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/entrez/query.fcgi?cmd=Retrieve&db=PubMed&list_uid
s=11042964&dopt=Citation
1: Izv Akad Nauk Ser Biol. 2000 Sep-Oct;(5):581-9.
[Origin of Lepidoptera fauna of the Southern Transural region]
[Article in Russian] Utkin NA.
Kurgan State University, Russia.
The butterfly fauna of the Southern Transural region began mainly through the
migration of insects from the Urals and Kazakhstan, since the end of the Cretaceous
Period to the end of Paleogen, the Transural region was covered by an epiplatform
sea. As this sea was retreating, the first regions of dry land appeared, which had
boundaries with Kazakhstan and the Urals. They were the first to be populated
by Lepidoptera. During the Pleocene and then after the Pleistocene cooling
events, insects settled generally along the valley of the Tobol River and the Turgai
depression, because these territories belong to intrazonal elements. At the present
time, the greatest species diversity among insects in the southern Transural area
is observed specifically in the Turgai depression and in areas directly adjacent to it.
This territory is mainly occupied by populations unique to the Transural regions and
belonging to the following species: Mantis religiosa (praying mantis), Saga pedo,
Parnassius apollo (apollo), Neolycaena rhymnus, Hyponephele lupina (oriental
meadow brown), Chazara persephone (dark rockbrown), Epicallia villica (creamspot tiger), etc.
Etats-Unis : Pages web sur Saga pedo
http://insects.ummz.lsa.umich.edu/fauna/Michorthops.html
Checklist of Michigan Orthopteroid
Saginae - Saga pedo pedo (Pallas) - Predatory Katydid
Orthopteran assemblages as indicators of grassland naturalness in Hungary Andrfis Bfildi *, Tibor Kisbenedek
Animal Ecology Research Group of the Hungarian Academy of Sciences, Hungarian
Natural Histo o, Museum, Baross u. 13, Budapest H- 1088, Hungary
Accepted 24 April 1997.
The predatory bush cricket (Saga pedo) is categorised as vulnerable,
Synthèse de lʼenquête nationale sur Saga pedo - Réseau Tela Insecta, LʼONEM, Les Ecologistes de lʼEuzière & Le MNHN - mars. 2005
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