Fleurissement - le Portail Educatif de l`Oise

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FICHE TECHNIQUE – Planter autrement : le fleurissement raisonné
Enrayer l’érosion de la biodiversité est devenu un enjeu majeur qui requiert l’engagement de tous et qui
profite à tous. Le fleurissement dans un collège peut y participer, tout en remplissant sa mission
d’accueillir l’élève, de valoriser les œuvres d’arts, d’offrir un support pédagogique aux enseignants
(dissection de fleurs, intégration d’un site scolaire dans un paysage,…), ou encore d’améliorer un espace
de détente, d’optimiser le temps d’intervention sur un espace difficile d’accès pour l’agent. L’évolution des
pratiques de fleurissement invite donc les agents en charge des espaces extérieurs à développer de
nouvelles compétences et à faire évoluer leurs métiers en cohérence avec les pratiques en cours de
transition des jardiniers de toutes les collectivités territoriales.
Un fleurissement raisonné : de quoi parlons-nous ?
1. Le fleurissement avec des variétés horticoles : un appauvrissement de la
biodiversité
En favorisant les variétés horticoles, on aboutit à un milieu appauvri en biodiversité et les massifs restent
très consommateurs de mains d’œuvre. Le fleurissement purement esthétique est invité à évoluer vers un
fleurissement raisonné à la fois esthétique et qui respecte – voire restaure – les équilibres naturels, et
s’intègre au paysage local.
2. La perte de biodiversité locale en matière de flore
« Sur les 1 433 espèces végétales indigènes de Picardie, 184 n’ont pas été revues après 1990 et sont
aujourd’hui considérées comme disparues, soit près de 13 % en considérant aussi les espèces pour
lesquelles il existe un doute quant à leur présence encore sur le territoire. »
« Il est important de signaler aussi que 16 % des espèces indigènes de Picardie sont exceptionnelles,
c’est-à-dire, pour chacune d’elles, localisées sur moins de 6 localités (0,5 % du territoire). »
« 72 sont gravement menacées d’extinction et leurs populations risquent de s’éteindre à court terme et
111 sont menacées de disparition et présentent donc un risque élevé de disparition à moyen terme. »
Schéma régional de cohérence écologique – Picardie : Diagnostic écologique
3. Un plan de fleurissement raisonné
Dans le cadre de la gestion différenciée des espaces extérieurs, l’agent en charge de ces espaces peut
planifier le fleurissement pour que celui-ci soit cohérent avec ses contraintes d’entretien et ses objectifs de
qualité des espaces.
Ainsi, alors que le fleurissement d’un accueil ou d’un patio peut-être particulièrement travaillé, celui sur un
parking aura pour but de répondre à la difficulté de trouver un moment où il n’y a pas de voitures, pour
pouvoir passer la débroussailleuse ; celui sur une bute aura pour but de limiter les risques de chutes pour
débroussailler ; une bande de prairie fleurie aura pour but de renforcer l’aspect champêtre d’une tonte
tardive et surtout son acceptation par des riverains.
Chaque lieu nécessite un fleurissement adapté. En privilégiant les espèces locales, il limitera le temps
d’entretien, tout en privilégiant des critères paysagers.
La planification du fleurissement, intégrée à celle de la gestion différenciée, fait l’objet d’une concertation
avec les élèves (recueillir leur sensation, les associer à la vie de l’établissement), avec les enseignants (qui
peuvent avoir des intérêts pédagogiques sur certaines espèces), avec les autres agents (qui vivent
également dans cet établissement), pourquoi pas des riverains et bien sûr l’adjoint gestionnaire, le
principal.
Le fleurissement peut également se faire pas à pas, année après année, surtout si les vivaces sont
privilégiées.
A chaque espace un fleurissement adapté
1. A l’entrée du collège
Les espaces verts sont le premier contact d’un élève avec son collège. L’entrée du collège peut donc
participer à offrir une note d’ambiance à la communauté scolaire. Les massifs fleuris peuvent se composer
de vivaces, bulbes, couvres-sol, graminées, en cherchant à atteindre un fleurissement long – sur les
périodes d’accueil des élèves.
2. Les patios
Les patios sont des écrins de nature à l’intérieur des bâtiments. Ces espaces très visibles peuvent devenir
des espaces de détente pour les enseignants, des sites de jardins pédagogiques : tout dépend de la
configuration des lieux.
3. Sur la cour
Eviter le fleurissement en pot qui risque d’être abîmé rapidement, privilégier des parterres, avec des
arbustes. Les plantes toxiques et à épines sont proscrites des espaces accessibles aux élèves.
4. Sur un talus
L’objectif de fleurir un talus est bien évidemment d’en réduire l’entretien aux maximum. Il est donc
conseillé de privilégier des couvres-sol ne nécessitant pas de taille, si ce n’est en périphérie.
5. Sur des tontes tardives
Il est possible de semer à la volée des plantes annuelles / bisannuelles indigènes adaptées à votre sol. Cela
peut aussi se faire dans le format de prairie constitué d’espèces pérennes de floricoles. Le format « prairie
fleurie » vendu est à éviter, car ne propose pas nécessite davantage de préparation et la possibilité que
les annuelles / bisannuelles se ressèment seules est limité (sur 2 ans maximum).
Les types de plantes
1. Les espèces indigènes
L'utilisation d'espèces locales garantit de bons résultats au point de vue de leur implantation. Pour prendre
connaissance d’une liste d’espèces indigènes par habitat, se rendre sur le portail éducatif de l’Oise,
rubrique « Mon collège s’engage pour le développement durable » rubrique « ici, on préserve la
biodiversité ».
Elles peuvent être semées :


Des espèces sauvages peuvent tout à fait prendre place aux pieds de plantes cultivées, comme les
tulipes ou les roses. Certains mariages sont très heureux, lorsque l’on joue sur la complémentarité
des couleurs. De plus, les plantes indigènes maintiennent l’humidité et peuvent être répulsives
pour certains parasites. Ainsi, le bugle rampant, la véronique petit-chêne ou le lotier corniculé
peuvent « habiller » les massifs de plantes à bulbes, pour y créer de très beaux contrastes.
Cependant elles évoluent dans un sol pauvre, donc non paillé. Un choix est alors à faire.
Dans des espaces de tontes tardives.
Récolter les semences dans la nature



D’abord identifier la plante lorsqu’elle est en fleur.
Surveiller l’état de mûrissement. Certaines espèces peuvent mûrir très rapidement et
simultanément leurs graines. Si la récolte n'est pas effectuée durant les 8 ou 15 jours favorables,
on ne trouve plus que des tiges nues ou des gousses vides, comme avec la marguerite ou les
vesces.
L’idéal est de collecter les graines mûres et sèches.
La plupart des semences se récoltent facilement à la main.

Elles présentent leurs graines en haut de leurs ombelles desséchées. C’est également le cas
d’autres espèces : gaillets, colombaire, benoîte...
Il est souvent nécessaire de briser une capsule (coquelicot) ou une gousse (vesces), de retourner
le fruit ouvert par le haut (coucou, millepertuis) au-dessus d'un sac en papier.
Pour certaines espèces il faudra décortiquer (centaurée) ou battre (bardane, achillée millefeuille)
l’enveloppe pour extraire les graines.
Certaines plantes se bouturent également très facilement.
Sinon, où se fournir ?
La législation française n’oblige en rien à identifier l’origine géographique, la qualité des plantes ou des
lots de semences sauvages. Cependant, le Conservatoire botanique national de Bailleul participe à
l’élaboration nationale d’un label « végétal local » qui garantit l’origine locale et la préservation génétique
des espèces. Le catalogue d’espèces disponibles est destiné à s’étoffer petit à petit.
Lien du site : http://www.fcbn.fr/vegetal-local-vraies-messicoles (onglet « végétaux labellisés)
Des listes de végétaux indigènes par usage et type d’habitat est téléchargeable sur Péo60.fr
http://www.peo60.fr/espaces-exterieurs/ .
ECOSEM sprl est une société Belge spécialisée dans la production de semences et de plantes indigènes
d'origine contrôlée. La Belgique est en avance sur cette pratique et propose des labels « plantes
indigènes ». Or le territoire de l’Oise partage de nombreuses espèces avec la Belgique.L'objectif de cette
multiplication contrôlée est de préserver le patrimoine génétique des espèces sauvages indigènes en
évitant l'introduction de plantes d'origine
lointaine, voire de variétés horticoles. ECOSEM
développe aussi la multiplication d'arbustes
indigènes à petits fruits, attractifs pour la petite
faune et très décoratifs par leur floraison et leur
fructification.
http://www.ecosem.be/
2. Les bulbes
Les bulbes peuvent être utilisés dans de nombreuses situations : accompagnement de voirie (entre 2
rangées de parking), sous-bois, marquage de lisières, de bordures, associés aux massifs de vivaces et/ ou
aux prairies fleuries.
Composition


Privilégier les espèces rustiques qui réclament peu d’entretien et s’installent de façon pérenne (ex
: jacinthes, narcisses, jonquilles...).
Planter par “taches” plutôt qu’en linéaire en recherchant un effet naturel.
Réalisation




Faire des trous au plantoir.
Mettre en place du sable de type “rivière” (ø 0,3) au fond de chaque trou sur 3 cm d’épaisseur.
Mettre le bulbe.
Reboucher les trous.
Entretien
Faucher les bulbes lorsque les fleurs sont fanées et les feuilles bien sèches (environ un mois après la
dernière floraison)
3. Les vivaces
Composition


Structurer le massif en harmonisant les couleurs et les hauteurs de végétation, en employant un
maximum de vivaces (plus économiques en temps de travail et en eau que les annuelles), et
choisissant préférentiellement des espèces locales.
Utiliser des vivaces aussi pour leur feuillage persistant, évoluant selon les saisons et qui peuvent
être d’un grand intérêt en hiver....
Réalisation



Les vivaces structurent le massif. Elles peuvent être associées aux bulbes.
Les annuelles / bisannuelles peuvent y participer, mais nécessitent de renouveler la plantation.
Pailler.
Entretien


Tailler, rabattre et retirer fleurs et feuilles mortes en hiver ou au printemps. Ce nettoyage doit
permettre la mise en valeur des feuillages pour l’hiver.
Regarnir le paillage.
4. Les plantes couvre-sol
Les plantes couvre-sol, comme leur nom l’indique couvrent les sols, elles peuvent donc limiter la pousse
des adventices en occupant l’espace. Les plantes couvre-sol indigènes sont à privilégier.
Elles peuvent être installées :
• dans les massifs (fleuris ou arbustifs) ;
• au pied des arbres et des haies ;
• dans les zones difficilement accessibles (talus…) ;
• … et de façon générale sur toute zone que l’on cherche à recouvrir de végétation et où l’emploi
d’une pelouse n’est pas satisfaisant.
Plantation et entretien:
 Il faut commencer par nettoyer minutieusement le terrain par un
bon désherbage.
IDEE RECUE
 La pose d’un géotextile biodégradable au bout de 3-4 ans sera à
Contrairement aux idées
envisager pour certains espaces et certaines espèces. La
reçues, le lierre n’est pas une
biodégradabilité du géotextile est indispensable car le rôle des
plante exotique envahissante
couvres-sol est de jouer la même mission et la présence d’un
et ne menace pas les arbres.
géotextile déchiré, entremêlé dans les plantes n’est pas du
Bien au contraire ! De
nombreuses études prouvent
meilleur effet, de plus son retraitement est onéreux et
que son action est bénéfique
contraignant.
pour l’arbre qui le porte.
 Ces plantes sont à planter tous les 30 cm environ (selon les
De
plus,
sa
floraison
espèces) pour avoir vite une couverture dense : soit 4 à 5 plants
attractive et tardive pour les
par m².
pollinisateurs,
ses
fruits
 Planter de préférence en automne ou au printemps et ne pas
appréciés des oiseaux (à une
période où les sources de
tarder pour épandre, entre les touffes, un épais paillis de 7 cm
nourriture sont rares), son
d'épaisseur.
feuillage persistant et touffu,
 Arroser jusqu'à reprise complète et désherber au fur et à mesure.
font du lierre un véritable
 Sans géotextile biodégradable, pendant les deux premières
hôtel-restaurant pour de
saisons, il faut sarcler et désherber à la main autour des plantes
nombreuses espèces. Mais
jusqu'à ce qu'elles forment un véritable tapis. Par la suite,
aussi une formidable couvresol.
l'entretien sera réduit au minimum.
 Comme la plupart des espèces s'étalent ou forment des buissons
vigoureux, il est possible de les diviser tous les ans ou tous les deux ans pour obtenir à chaque fois
de nouveaux plants – et pourquoi ne pas coloniser un nouvel espace ? ou transmettre à un autre
collège ?
PRAIRIE FLEURIE
Attention aux mélanges vendus en grande surface
Un fleurissement champêtre enrichit la biodiversité, mais attention au choix, et à la provenance des
graines. De nombreux mélanges de semences vendus dans le commerce sont composés d’une dizaine
d’espèces qui favorisent fortement l’abeille domestique, qui n’est pourtant pas l’acteur unique de la
pollinisation. L’objectif d’une prairie favorable aux pollinisateurs n’est pas un fleurissement spectaculaire,
comme il est possible d’en voir dans certains catalogues. L’idée est bien de faire alliance avec la nature et
non de la contraindre ou de s’opposer à elle. Passée la première année où les annuelles aux couleurs vives
sont prédominantes, le mélange s’adapte aux conditions spécifiques du lieu. Des espèces s’accommodent
mieux que d’autres et certaines disparaissent. Notre œil doit alors réapprendre à admirer des espèces qui
nous semblent « banales », mais sont en réalité de véritables trésors (pour peu que l’on prenne le temps
de les observer). Pour des raisons génétiques, privilégier des espèces dont l’origine est locale / indigène du
territoire (filière en voie de développement).
A défaut, ce type de fleurissement doit être utilisé avec parcimonie pour son intérêt paysager. En effet, la
réussite de ce type de fleurissement dépend de nombreux paramètres (composition du mélange, météo,
sol...).
Aussi, la première année, et quel que soit le mélange, il est recommandé de procéder à des
expérimentations sur de petites surfaces.
Réalisation
La réussite d’un semis dépend beaucoup de la propreté du sol et de l’absence de végétation concurrente.
Avant de décider de l’installation d’une prairie fleurie il faut s’assurer de mener un vrai désherbage
mécanique soigné.
Effectuer une première préparation du sol (sur sol nu, griffer sur 15 cm) sans semer, attendre 2 à 3
semaines et éliminer soigneusement les adventices* (technique du faux semis).
Ne pas apporter d’engrais ! Plus le sol sera pauvre en éléments nutritifs, plus la floraison sera riche.
Semer au printemps ou à l’automne selon le type de mélange et l’effet recherché. On peut aussi combiner
les 2 périodes de semis pour obtenir des floraisons sur de plus longues périodes (densité : de 2 à 3 g / m2
pour un mélange sans graminées).
- Ratisser et rouler le sol.
- Arroser modérément (sans ruissellement).
Entretien
- Faucher, un mois après la fin de la floraison (hauteur de fauche : 10 cm minimum),
- Rafraîchir annuellement le sol par binage, pour favoriser la germination et limiter la concurrence par les
graminées.
Exemple de mélange d’annuelles, bisannuelles et vivaces sans graminées : Achillea millefolium, Centaurea
jacea, Echium vulgare, Leucanthemum vulgare, Malva moschata, Origanum vulgare, Centaurea cyanus,
Trifolium pratense, Leontodon hispidus ou L.automnalis
LES PLANTES PROTEGEES PAR LA LOI
Différents végétaux des Hauts de France / Picardie sont menacés de disparition dans leur environnement
naturel. Une loi les protège et autorise leur multiplication et commercialisation, sous réserve que le
pépiniériste obtienne une autorisation ministérielle et respecte un cahier des charges strict. Si vous
souhaitez acheter une plante menacée, demandez à votre pépiniériste s’il possède cette autorisation.
Cette précaution permet également de préserver la biodiversité en ne polluant pas génétiquement les
espèces indigènes qui pourraient s’hybrider avec des espèces exotiques. Des hybridations peuvent faire
disparaître des populations végétales menacées rapidement.
Attention le prélèvement en nature de ces plantes est interdit, y compris la collecte de quelques graines ou
boutures pour ne pas risquer d’amoindrir les populations sauvages.
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