Collection Technique .......................................................................... Cahier technique n° 189 Manœuvre et protection des batteries de condensateurs MT D. Koch ■ Merlin Gerin ■ Square D ■ Telemecanique Les Cahiers Techniques constituent une collection d’une centaine de titres édités à l’intention des ingénieurs et techniciens qui recherchent une information plus approfondie, complémentaire à celle des guides, catalogues et notices techniques. Les Cahiers Techniques apportent des connaissances sur les nouvelles techniques et technologies électrotechniques et électroniques. Ils permettent également de mieux comprendre les phénomènes rencontrés dans les installations, les systèmes et les équipements. Chaque Cahier Technique traite en profondeur un thème précis dans les domaines des réseaux électriques, protections, contrôle-commande et des automatismes industriels. Les derniers ouvrages parus peuvent être téléchargés sur Internet à partir du site Schneider. Code : http://www.schneiderelectric.com Rubrique : maîtrise de l’électricité Pour obtenir un Cahier Technique ou la liste des titres disponibles contactez votre agent Schneider. La collection des Cahiers Techniques s’insère dans la « Collection Technique » du groupe Schneider. Avertissement L'auteur dégage toute responsabilité consécutive à l'utilisation incorrecte des informations et schémas reproduits dans le présent ouvrage, et ne saurait être tenu responsable ni d'éventuelles erreurs ou omissions, ni de conséquences liées à la mise en œuvre des informations et schémas contenus dans cet ouvrage. La reproduction de tout ou partie d’un Cahier Technique est autorisée après accord de la Direction Scientifique et Technique, avec la mention obligatoire : « Extrait du Cahier Technique Schneider n° (à préciser) ». n° 189 Manœuvre et protection des batteries de condensateurs MT Denis KOCH Ingénieur diplômé de l’IEG (Grenoble) en 1979, a intégré la même année la division THT de Merlin Gerin. Il a ensuite été responsable technique des disjoncteurs moyenne tension, puis en charge du marketing opérationnel. Depuis 1995, toujours dans l’activité Transport et Distribution de Schneider il est chargé, au sein de l’équipe de marketing stratégique, des domaines normalisation, technologie et environnement. CT 189 édition juin 1997 Cahier Technique Schneider n° 189 / p.1 Manœuvre et protection des batteries de condensateurs MT La détérioration du cosinus ϕ due aux charges à caractère selfique provoque une augmentation significative du courant dans les installations électriques et donc des pertes dans les lignes et les transformateurs. Le distributeur d’énergie et les industriels sont donc amenés à mettre en œuvre des batteries de condensateurs. Mettre sous tension et hors tension des condensateurs entraîne des phénomènes très particuliers qui influent directement sur la caractérisation des organes de manœuvre et de protection. C’est l’objet de ce Cahier Technique, qui fait de nombreuses références aux normes et essais. Sommaire 1 Compensation de l’énergie réactive 1.1 Généralités 1.2 Les techniques de compensation MT 1.3 Définition des symboles utilisés p. 4 p. 5 p. 6 2 Manœuvre des batteries de condensateurs 2.1 Phénomènes électriques liés à l’enclenchement p. 7 2.2 Phénomènes électriques liés au déclenchement 2.3 Quelques ordres de grandeurs p. 9 p. 10 3.1 Contraintes électriques p. 11 3.2 Conception des batteries de condensateurs 3.3 Dimensionnement thermique de l’appareillage p. 11 p. 12 4.1 Problèmes posés p. 12 3 Problèmes posés aux condensateurs et solutions 4 Problèmes posés à l’appareillage et solutions techniques 5 Calcul des courants d’enclenchement et inductance de choc 6 Protection contre les surintensités 4.2 Solutions Schneider p. 13 4.3 Normes 4.4 Tableau de choix de l’utilisation de l’appareillage moyenne tension MG p. 13 p. 15 5.1 Batterie unique p. 16 5.2 Batterie en gradins 5.3 Les inductances de choc p. 16 p. 16 6.1 Protection par fusible p. 18 6.2 Protection par disjoncteur 6.3 Protection contre les défauts internes p. 18 p. 19 Annexe 1 : principales caractéristiques de l’appareillage MT p. 20 Annexe 2 : choix de l’appareillage MT, qualification p. 21 Annexe 3 : tableau de synthèse des calculs des courants d’enclenchement p. 23 Annexe 4 : bibliographie p. 24 Cahier Technique Schneider n° 189 / p.3 1 Compensation de l’énergie réactive 1.1 Généralités La localisation des condensateurs sur un réseau électrique constitue ce que l’on appelle le « mode de compensation ». II est déterminé par : c le but recherché (suppression des pénalités, soulagement des câbles, transformateurs…, relèvement du plan de tension), c le mode de distribution de l’énergie électrique, c le régime de charge, c l’influence prévisible des condensateurs sur les caractéristiques du réseau, c le coût de l’installation. La compensation de l’énergie réactive peut être (cf. fig. 1 ) : c globale ; exemple : v réseau HT pour EDF ➀, v réseau MT pour un abonné MT ➁, v réseau BT ➂ d’un abonné BT sur batterie de type fixe, c par secteur ; exemple : v centre de distribution pour EDF (postes source) ➃, v atelier ou bâtiment pour un abonné BT ➄, c individuelle. Cette dernière compensation est techniquement idéale puisqu’elle produit l’énergie réactive à l’endroit même où elle est consommée, et en quantité rigoureusement ajustée à la demande. Cependant cette solution est onéreuse et conduit généralement à une surcompensation puisqu’elle n’intègre pas les possibilités de foisonnement des charges. Exemple : gros moteurs MT ou BT. Réseau HT de distribution ➀ Réseau MT de distribution Transfo de distribution MT / BT Transfo MT / BT Réseau BT JdB BT ➃ ➂ Abonné BT ➁ ➄ Abonné MT fig. 1 : les localisations de la compensation d’énergie réactive. Cahier Technique Schneider n° 189 / p.4 II est plus économique d’installer des batteries de condensateurs en moyenne et haute tension pour des puissances supérieures à environ 1000 kvar. L’analyse des réseaux des différents pays montre cependant qu’il n’y a pas de règle universelle. Le mode de compensation dépend de la politique énergétique des pays et des distributeurs. Aux U.S.A. la compensation est essentiellement en MT pour des raisons de politique tarifaire. De façon opposée, en Allemagne, la compensation se fait en BT car il est logique de compenser exactement au point de consommation d’énergie réactive. En France : c EDF installe des batteries fixes sur les réseaux 63 et 90 kV (batteries non fractionnées), et des batteries en gradins (batteries fractionnées) dans ses postes sources HT/MT sur les réseaux 10,15 et 20 kV. La puissance de ces dernières peut atteindre 4,8 Mvar sous 20 kV. c Les abonnés MT ou BT doivent compenser leurs installations pour obtenir un cos ϕ au point de raccordement au réseau supérieur ou égal à 0,928. Ce document ne traite que de la compensation en moyenne tension. 1.2 Les techniques de compensation MT Compensation traditionnelle Les batteries de condensateurs sont en dérivation sur le réseau. Elles peuvent être : c Uniques (cf. fig. 2 ). Lorsque leur puissance réactive est faible et la charge relativement stable. c Multiples ou fractionnées (cf. fig. 3 ). Ce type de compensation est communément appelé en « gradins » (back to back en anglais). Ce type de batterie est très utilisé par certaines HT grosses industries (forte puissance installée) et les distributeurs d’énergie (EDF dans les postes sources). II permet une régulation pas par pas de l’énergie réactive. L’enclenchement ou le déclenchement des gradins de condensateurs peut être piloté par des relais de type varmétrique. Compensations particulières Nota : Ces systèmes sont rapidement rappelés pour mémoire. c Compensateurs statiques instantanés. Dans le cas où une compensation variable et continue est nécessaire (industries à forte charge très variable et régulation de tension sur certains réseaux THT) des installations alliant condensateurs, inductances variables et électronique de puissance sont réalisées (cf. fig. 4 ). MT fig. 2 : batterie de condensateurs unique. HT MT fig. 3 : batterie de condensateurs fractionnée. fig. 4 : principe du compensateur statique instantané. Cahier Technique Schneider n° 189 / p.5 L’ensemble est généralement composé de : v une batterie de condensateurs fixe, v un ensemble de filtres d’harmoniques absorbant les harmoniques du réseau et les harmoniques générés par l’installation ellemême (électronique de puissance), v une inductance variable connectée par thyristors ; cette inductance absorbe l’énergie réactive excédentaire générée par les condensateurs. Pour une partie, les condensateurs peuvent être eux-mêmes commutés par thyristor. c Batteries séries. Dans le cas de grands réseaux aux lignes très longues, des batteries de condensateurs peuvent être montées en série sur la ligne (cf. fig. 5 ). Un tel montage permet une compensation adaptée en permanence au besoin puisque l’énergie réactive fournie dépend du courant circulant dans la ligne. ligne fig. 5 : batterie série. De telles réalisations existent sur le continent américain. Cette technologie n’est pas utilisée en Europe. Un système sophistiqué de courtcircuitage est nécessaire pour éviter le claquage des condensateurs lorsqu’un courant de courtcircuit circule dans la ligne. 1.3 Définition des symboles utilisés Cette étude ne traite que le cas des circuits triphasés. Les notations sont les suivantes : c La charge. v C : capacité de la batterie. v Q : puissance de la batterie c La source. v U : tension entre phases du réseau. v Icc : courant de court-circuit du réseau. v Scc : puissance de court-circuit du réseau : ( Q = U Cω = S cc = 3 U I cc = U 2 L 0ω v L0 : inductance de court-circuit du réseau. v f : fréquence industrielle. v ω : pulsation à fréquence industrielle. c Les liaisons. v L : inductance de liaison (série) avec la batterie (cas batterie unique). v l : inductance de liaison (série) avec chaque gradin de la batterie (cas batterie en gradins). v L : inductance de choc Cahier Technique Schneider n° 189 / p.6 2 3 U I capa ). v Icapa : courant capacitif qui circule dans la batterie. c Les phénomènes transitoires. v Ie : courant crête de fermeture. v fe : fréquence propre d’oscillation de Ie. v Sa : coefficient de surtension amont (côté réseau) SA en p.u. = tension crête max amont en fermeture divisée par U 2 . 3 v Sb : coefficient de surtension aval (côté condensateur) c L’appareillage. v In : courant en service continu. v Iencl. max : courant crête maximum de fermeture. 2 Manœuvre des batteries de condensateurs 2.1 Phénomènes électriques liés à l’enclenchement Dans ce qui suit, le condensateur à coupler au réseau est supposé totalement déchargé. Le condensateur C étant muni d’une résistance de décharge R, cette hypothèse est vérifiée lorsque le condensateur est déconnecté depuis au moins 2 à 3 constantes de temps RC. Tout couplage intempestif avant ce délai serait dangereux. La norme CEI 871 stipule qu’au bout de 10 minutes, la charge résiduelle d’une batterie déconnectée ne doit pas excéder 75 V. Si l’application nécessite une réponse rapide de la régulation varmétrique, des dispositifs de décharge rapide sont à prévoir. L’enclenchement d’une batterie de condensateurs destinée à fonctionner en dérivation sur un réseau est accompagné d’un régime transitoire résultant de la charge de la batterie. Du point de vue «courant», la mise sous tension provoque une surintensité dont l’amplitude est fonction des caractéristiques du réseau et de la batterie. L’enclenchement équivaut pratiquement à établir, au point considéré, un court-circuit de faible durée. En fait le transitoire de tension auquel est soumis le condensateur provoque un phénomène oscillatoire amorti du fait de l’inductance et de la résistance du réseau. Du point de vue tension, la charge est accompagnée de la propagation sur le réseau d’une onde de choc. Ces phénomènes transitoires dépendent des caractéristiques du réseau, et de l’instant de fermeture des contacts ou du préamorçage. Deux cas sont à envisager : batterie unique et batterie fractionnée en plusieurs gradins. Batterie ou condensateur unique (cf. fig. 6 ) Nota : L i L0. On néglige donc L par rapport à L0 dans les calculs qui suivent. L’enclenchement d’une batterie en étoile isolée sur un réseau (schéma de principe et courbes de courant et de tension montrant la surintensité de courant et les surtensions amont et aval qui accompagnent l’enclenchement) est représenté sur la figure 7 . La fréquence propre des oscillations est égale à fe = 1 2π L 0C Les surtensions amont et aval sont égales à SA = SB = 2 p.u. Le courant crête de fermeture est donné par : Ie = C U 2 3 L0 = I capa . 2 S cc Q Scc = puissance de court-circuit de la source en MVA au point de raccordement. Q = puissance du condensateur en Mvar. tension réseau SA (surtension amont) SB (surtension aval) tension condensateur Ie L0 (courant crête de fermeture) L courant condensateur U C fe (fréquence d'oscillation) fig. 6 : schéma de principe de l’enclenchement d’une batterie isolée sur le réseau. fig. 7 : courant et tensions lors du couplage au réseau d’une batterie isolée. Cahier Technique Schneider n° 189 / p.7 Batterie fractionnée (cf. fig. 8 ) Remarque : nous ne traitons ici que le cas de gradins tous identiques (simplicité des équations). Les calculs sont plus compliqués dans le cas général (voir norme CEI 56.1987 annexe BB). Par contre, la surintensité est d’autant plus forte que le nombre de gradins en service est important. Ie = n U 2 n +1 3 C l = I capa 2 n fe n +1 f fréquence propre d’oscillation : fe = L0 Surtension côté réseau : S A = Côté condensateur : S A = l l l C C C gradin n°1 …n n+1 fig. 8 : schéma de principe d’une batterie fractionnée. Lo = inductance source (liaison jeu de barres). l = inductance de liaison série. n = nombre de gradins en service quand on ferme le n+1ème. L’enclenchement d’un gradin, se faisant en présence de condensateurs déjà sous tension, est accompagné de deux phénomènes transitoires superposés. Le premier très rapide, de fréquence 1 2π L 0C lC p.u. n +1 2n p.u. n +1 c Ces surtensions atteignant au plus deux fois la tension du réseau ne posent généralement pas de problèmes, tous les composants étant capables de tenir ce niveau par construction. c Par contre les surintensités nécessitent souvent de définir des moyens appropriés pour éviter d’endommager les condensateurs et l’appareillage. SA tension réseau SB tension condensateur , donc très souvent négligeable devant l’autre (L0 très supérieur à l), correspond à la décharge dans le réseau de l’ensemble des batteries dont les potentiels seront égalisés. L’enclenchement du n+1ème gradin d’une batterie fractionnée (schéma de principe et courbes de courant et de tension montrant les surintensités, les surtensions apparaissant lors de cet enclenchement en distinguant les deux phénomènes est représenté sur la figure 9 ). A noter que la surtension propagée au réseau SA est d’autant plus faible que le nombre de gradins en service est important. Cahier Technique Schneider n° 189 / p.8 2π 1 , 2π lC correspond à la décharge des condensateurs dans le gradin enclenché ; le second, plus lent, de fréquence n+ 2 1 Ie intensité condensateur phénomène 1 phénomène 2 fig. 9 : courant et tensions lors du couplage au réseau d’un gradin d’une batterie fractionnée. 2.2 Phénomènes électriques liés au déclenchement Par contre, si elle croît moins vite que la tension de rétablissement, il y a claquage (cf. fig. 10 c ). La norme distingue le réallumage (claquage avant le quart de période après la coupure) phénomène ne donnant pas lieu à une escalade de tension, du réamorçage (claquage après le quart de période). Dans ce cas (cf. fig. 10 d ) les phénomènes sont similaires à ceux rencontrés lors de I’enclenchement, mais peuvent être amplifiés du fait que l’amorçage peut avoir lieu sous une tension égale au double de celle sous laquelle a lieu l’enclenchement. Lors de l’extinction de l’arc de l’appareil de manœuvre, à un passage à zéro du courant, la batterie séparée reste chargée à la tension crête. Celle-ci est ensuite ramenée à zéro grâce aux résistances de décharge qui équipent chaque condensateur (temps : de 1 à 5 minutes). La tension de rétablissement aux bornes de I’interrupteur atteint donc 2 Um en une demipériode (hypothèse : temps d’arc très faible). Si la régénération diélectrique de l’interrupteur croît plus vite que la tension de rétablissement, la coupure se passe normalement. a - Schéma de principe I L0 a b Ua Ub C0 d - Tensions et courants en cas de réamorçage b - Courbe courant-tension ouverture contacts Ub Ub UM I oscillations de courant Ua t Ua I UM oscillations de tension c - Phénomène de claquage courant après réamorçage Uab 2 UM claquage courbe de régénération diélectrique -3 UM Ub après réamorçage ouverture contacts t fig. 10 : courants et tensions au déclenchement d’une batterie. Cahier Technique Schneider n° 189 / p.9 Du point de vue théorique, s’il y a plusieurs réamorçages, on constate : c des ondes de choc croissantes : 2 UM ; 4 UM ; 6 UM … c des surtensions croissantes : 3 UM ; 5 UM ; 7 UM … c des tensions de rétablissement croissantes : 2 UM ; 4 UM … En pratique, les tensions n’augmentent pas aussi rapidement ni d’une façon aussi régulière à chaque réamorçage du fait qu’il n’apparaît pas toujours lorsque la différence de tension est maximum et que l’amortissement joue dans une certaine mesure. Néanmoins, les réamorçages successifs à la coupure d’une batterie peuvent conduire à des surtensions élevées, dangereuses pour le réseau et les condensateurs. Par ailleurs, les surintensités entraînées sont proportionnelles à la différence de tension existant avant l’amorçage entre le réseau et la batterie. En conséquence, ces surintensités ont des amplitudes toujours supérieures à celles rencontrées à l’enclenchement et sont donc plus dangereuses pour l’ensemble des matériels. II est donc primordial d’utiliser un appareillage de manœuvre dont la rapide régénération diélectrique évite tout réamorçage. 2.3 Quelques ordres de grandeurs Les surintensités à l’enclenchement sont très variables selon les types de montage. c Dans le cas d’une batterie unique, l’intensité transitoire crête maximum dépend de la puissance de court-circuit au point de raccordement. La figure 11 donne le rapport Ie en fonc- I capa tion de Scc et de la puissance de la batterie Q. Compte tenu des installations réalisées, la surintensité ne dépasse jamais 100 fois le courant assigné (Icapa). En moyenne, la surintensité est de l’ordre de 10 à 30 fois Icapa. La fréquence propre du régime transitoire est de 300 à 1000 Hz ( fe = 1 2π L 0C = ω Ie 2π 2 I capa c Dans le cas d’une batterie fractionnée l’intensité transitoire est beaucoup plus élevée car l’inductance de liaison l est très faible par rapport à l’inductance d’une source. Sans limitation particulière (inductances d’amortissement), la surintensité est 30 à 50 fois plus élevée que dans le cas précédent. Ces surintensités dépassent en général les valeurs supportables par les matériels. Des inductances de limitation (appelées « selfs de choc ») sont donc nécessaires dans la majeure partie des cas (voir § 5). Ie Icapa Q = 100 kVAr 100 500 1 000 5 000 10 000 20 000 10 Scc 10 100 1 000 MVA fig. 11 : surintensité à l’enclenchement d’une batterie unique en fonction de sa puissance et de la puissance de court-circuit. Cahier Technique Schneider n° 189 / p.10 ) 3 Problèmes posés aux condensateurs et solutions 3.1 Contraintes électriques La manœuvre des condensateurs engendre des surintensités et des surtensions qui doivent pouvoir être supportées par les matériels. Si les matériels sont conçus pour supporter les contraintes norrmales, des précautions sont nécessaires dans le cas où les appareils de manœuvre n’ont pas les performances suffisantes. Du point de vue des condensateurs La surtension transitoire aux bornes de 2UM est supportée normalement sans vieillissement particulier à condition qu’elle ne soit pas répétée plus de 1000 fois par an. Les surintensités à l’enclenchement ne doivent pas dépasser 100 fois le courant nominal de la batterie de condensateurs. Une telle surintensité peut être supportée 1000 fois par an, une surintensité de 30 fois In peut être supportée 100 000 fois par an. Dans le cas de surintensités supérieures, des inductances de limitation communément appelées selfs de choc sont mises en série avec la ou les batteries de condensateurs. 3.2 Conception des batteries de condensateurs Deux cas sont à considérer : c batterie unique (cf. fig. 12 ) c batterie multiple ou en gradins (back to back) (cf. fig. 13 ). Batterie unique Le matériel est en général de conception simple car : c la Scc du réseau n’engendre pas de surintensités supérieures à 100, c le nombre de manœuvres est faible puisqu’il n’y a pas régulation d’énergie réactive. Il n’y a donc pas en général nécessité de selfs de choc. La batterie de condensateurs est directement raccordée au réseau par l’intermédiaire de son organe de protection, choisi selon les caractéristiques de tension, pouvoir de coupure, courant thermique (courant capacités + 30 %). c Ie doit être inférieur au pouvoir de fermeture de l’appareil de protection pour le nombre de manœuvres considéré. Batterie en gradins Les inductances de liaison sont généralement très réduites entre les différentes batteries de condensateurs. Une limitation des courants d’enclenchement par selfs de choc en série avec la batterie est nécessaire : c pour ne pas dépasser les 100 Icapa admissibles par les condensateurs, c pour ne pas dépasser le pouvoir de fermeture de l’appareillage. batteries ∆ et Y fig. 12 : batterie unique. inductances de choc batteries ∆ et Y fig. 13 : batterie en gradins. Cahier Technique Schneider n° 189 / p.11 3.3 Dimensionnement thermique de l’appareillage Cette surcharge permanente provient généralement d’harmoniques de courants de fréquences supérieures à la fréquence industrielle. Les condensateurs de puissance peuvent supporter 1,3 fois leur courant assigné. Ainsi le courant capacitif maximum assigné à 50 Hz pour tout appareil sera égal à 0,7 fois l’intensité nominale des appareils de manœuvre. Un appareil est caractérisé entre autre par un courant nominal qui correspond à une tenue d’échauffement permanent. Lorsque ces mêmes appareils commandent et/ou protègent des condensateurs, il doit être tenu compte du courant réel traversant la batterie qui peut être supérieur au courant assigné. 4 Problèmes posés à l’appareillage et solutions techniques Dans l’appareillage, nous pouvons distinguer (cf. fig. 14 ) : c les appareils de manœuvres (interrupteurs, contacteurs) utilisés dans le cas des gradins multiples, c les appareils de protection (disjoncteurs) qui sont toujours utilisés dans le cas des batteries uniques, et en fait assez souvent aussi dans les gradins multiples. disjoncteur disjoncteur interrupteur, contacteur, parfois disjoncteur batterie unique batteries en gradins fig. 14 : appareils de manœuvre et de protection des batteries. 4.1 Problèmes posés Les principaux problèmes qui se posent à l’appareillage sont résumés ci-après : fréquence élevée qu’à fréquence nominale, pour un courant équivalent. Courant d’enclenchement c A fréquence nominale (50 ou 60 Hz), le disjoncteur ne voit pas de crête de courant pendant la période de préamorçage (< 3 ms). c A une fréquence de l’ordre du kHz, le disjoncteur est soumis à toute une série de crêtes de courant pendant la période de préamorçage : cela signifie que l’usure des contacts est nettement plus importante à Coupure Les principaux phénomènes en jeu sont décrits dans le paragraphe phénomènes électriques liés au déclenchement (problème diélectrique avant tout ; attention aux réamorçages). Cahier Technique Schneider n° 189 / p.12 A cela, rajoutons, au cas où il faut assurer la fonction protection, les contraintes liées à la coupure de courant de court-circuit. Surcharges dues aux harmoniques Les générateurs et récepteurs dont les circuits magnétiques sont saturés (les convertisseurs statiques) produisent des déformations de l’onde de tension : Il en découle des harmoniques de courant non négligeables puisque, dans le cas des condensateurs, le courant I est proportionnel à la fréquence, soit pour l’harmonique de rang n, et de valeur relative x %. I = UCnω = I 50 Hz 1+(nx) avec U = U50 Hz 1+ x 2 2 2 ≈ 1+ x 2 Icapa (A) 630 400 1 250 875 2 500 1 750 3 150 2 200 fig. 15 : courant Icapa maximal fonction du courant en service continu In. 2 Le coefficient de surcharge est 1+(nx) In (A) n −1 . 2 2 1+ x Les normes UTE 127, C54.100, CEI 70, CEI 871 relatives aux condensateurs, indiquent un coefficient de surcharge de 30 % (qui correspond à n = 5 et x = 17 %). Si In est le courant en service continu de l’appareil, le courant capacitif maximal à 50 Hz qui pourra transiter est donc égal à Icapa = 0,7 In (cf. fig. 15 ). Endurance mécanique L’appareillage réalisant la commande et la protection des batteries de condensateurs doit manœuvrer souvent plusieurs fois par jour ; il est donc nécessaire d’avoir, outre une bonne endurance électrique, une bonne endurance mécanique. 4.2 Solutions Schneider Pour répondre à tous ces problèmes, Schneider a choisi la technique de coupure dans le SF6. La rigidité diélectrique de ce gaz étant très supérieure, à pression égale, à la plupart des milieux connus, la coupure de courants capacitifs est assurée sans réamorçage, et ceci à une pression relative de SF6 faible (≤ 2,5 bars). La tenue diélectrique à l’ouverture n’est pas liée à la crête de l’intensité de fermeture précédente. L’usure des contacts est principalement due à la surintensité apparaissant à la fermeture (l’usure à l’ouverture est négligeable) car elle se produit à chaque manœuvre : c’est donc la valeur de cette surintensité crête ainsi que le nombre de manœuvres qu’il faut considérer pour l’endurance électrique. Une bonne endurance électrique est obtenue grâce à l’emploi d’alliages de tungstène à l’extrémité des contacts pour étincelles et grâce à l’utilisation du SF6 avec un tamis moléculaire qui a pour but de limiter le taux de décomposition du gaz en coupure, à des valeurs négligeables. La robustesse et la simplicité du mécanisme des appareils permettent de réaliser, en général, 5 fois plus de manœuvres que n’en exige la norme CEI 56.1987, soit 10 000 manœuvres. L’ensemble de la gamme d’appareils Merlin Gerin est apte à manœuvrer les bancs de condensateurs conformément aux normes CEI et ANSI. Les performances sont consignées dans les fiches techniques : nous donnons à titre d’exemple quelques caractéristiques (valables en 1997) de disjoncteurs, contacteurs et interrupteurs MT en annexe 1. Normes CEI La norme 56.1987 indique les modalités d’essais pour la fermeture et la coupure de courants capacitifs. Deux circuits d’alimentation sont possibles : c circuit A : Impédance telle que le courant de court-circuit est inférieur ou égal à 10 % du pouvoir de coupure nominal en court-circuit du disjoncteur, c circuit B : Impédance telle que le courant de court-circuit est de l’ordre du pouvoir de coupure nominal en court-circuit du disjoncteur. Si Icapa est Ie pouvoir de coupure nominal en courant capacitif, on distingue 4 séquences 4.3 Normes Cahier Technique Schneider n° 189 / p.13 d’essais (cf. fig. 16 ci-contre). Chaque séquence d’essais doit comporter 10 essais (cas triphasé) ou 12 essais (cas monophasé). En ce qui concerne le pouvoir de fermeture des batteries de condensateurs à gradins, la norme CEI rappelle les méthodes de calcul des courants d’enclenchement et indique l’ordre de grandeur de la fréquence propre de ces courants : 2 à 5 kHz. Norme ANSI Documents concernés : ANSI C 37-06 (1987), IEEE C 37-09 (1979), IEEE C 37-12 (1979) Définition des paramètres de cette norme : c V : tension nominale maximale c Isc : courant de court-circuit c A = I sc I sc − I capa séquences circuit d’alimentation courant d’essai en % de Icapa 1 A 20 à 40 2 A supérieur à 100 3 B 20 à 40 4 B supérieur à 100 fig. 16 : les quatre séquences d’essais selon la norme CEI 56. Nombre d’opérations : 24 ouvertures réparties de la façon suivante : c 12 O de 0° à 180° avec 2 O tous les 30°, c 6 O avec temps d’arc 1ère phase qui coupe le plus court (à ± 7,5°), . Voir figure 17 ci-dessous. Dans chaque séquence, un amorçage est toléré s’il n’a pas lieu au-delà d’1/3 de cycle après la coupure (soit 5,5 ms). c 6 O avec temps d’arc 1ère phase qui coupe le plus long (à ± 7,5°). Valeur de Icapa (cf. fig. 18 ). Paramètres d’essais back to back (cf. fig. 19 ). séquence n° de séquence tension % capa nombre d’opérations banc de capacité isolé ou câblé 1A 2V.(1+A)-1 30 24 O banc de capacité isolé ou câblé 1B 2V.(1+A)-1 100 24 FO back to back 2A 2V.(1+A)-1 30 24 O back to back 2B 2V.(1+A)-1 100 24 FO fig. 17 : séquence d’essai selon norme ANSI. In (A) Icapa max (A) disjoncteur intérieur disjoncteur extérieur 1 200 630 400 2 000 1 000 400 3 000 1 600 400 fig. 18 : essais selon norme ANSI - valeur de Icapa fonction de In. In ≤ 2 000 A In = 3 000 A disjoncteur intérieur disjoncteur extérieur Ie (kÂ) fe (kHz) Ie (kÂ) fe (kHz) 15 ≤ 2,0 20 4,2 25 1,3 20 4,2 fig. 19 : paramètres d’essais « back to back ». Cahier Technique Schneider n° 189 / p.14 Règlement EDF Normes : NF C 64-132, interrupteurs de batteries de gradins de condensateurs. EDF utilise des gradins de condensateurs MT sous enveloppe avec interrupteur intégré. L’interrupteur Merlin-Gerin utilisé est l’ISF1. Puissance des batteries : 4,8 Mvar soit 160 A sous 20 kV. EDF distingue 2 classes d’interrupteurs (cf. fig. 20 ). Les essais peuvent être effectués : c soit sur un même appareil, dans l’ordre du tableau, c soit sur deux appareils, l’un subissant les essais d’endurance mécanique, l’autre subissant les essais d’endurance électrique. L’interrupteur ISF1 satisfait à la classe 2 qui requiert 10 000 F/O en endurance électrique ( Ie = 10,2 k avec une fréquence de 4400 Hz et Icapa = 160 A) et 10 000 F/0 en endurance mécanique : ces essais illustrent, pour le matériel MG à coupure dans le SF6, la parfaite maîtrise des phénomènes électriques qui surviennent lors de l’enclenchement et du déclenchement des capacités sur le réseau, ainsi que l’endurance mécanique élevée. nombre d’appareils à essayer classe endurance électrique endurance mécanique 1 1 3 000 F/O 2 000 F/O 2 5 000 F/O 5 000 F/O 1 appareil 1 5 000 F/O 2 appareil 2 2 appareil 1 endurance électrique endurance mécanique 5 000 F/O 5 000 F/O 2 000 F/O 20 000 F/O appareil 2 10 000 F/O fig. 20 : essais pour EDF. 4.4 Tableau de choix de l’utilisation de l’appareillage moyenne tension MG Endurance électrique (en fermeture) Les différents essais qui ont pu être menés en laboratoire, ainsi que les calculs théoriques d’usure des contacts suivant la loi de Weibull nous permettent de donner, pour chaque appareil, le nombre de manœuvres maximal en fonction de la valeur du courant d’enclenchement. La fréquence d’oscillation a peu d’influence sur l’usure des contacts et donc sur le comportement de l’appareil, (sauf contacteur Rollarc 1,6 kHz maxi). Les courbes pour chaque appareil sont consignées en annexe n° 2, ainsi que des références d’essais, et un tableau indiquant pour chaque appareil : c le courant crête correspondant à l’endurance mécanique de l’appareil, c le courant crête maximum et le nombre de manœuvres correspondant. Cahier Technique Schneider n° 189 / p.15 5 Calcul des courants d’enclenchement et inductances de choc Préliminaires : c Définition des symboles utilisés : voir § 1 page 3. c En fonction des tensions et courants nominaux (avec Icapa ≤ 0,7 In), du pouvoir de coupure, etc. on suppose choisi l’appareillage pour les calculs qui suivent. 5.1 Batterie unique c Puissance Q = U Cω = 2 3 U I capa c Courant crête de fermeture : 1 Ie = x L 0C 1 ω 3 U I cc = S cc = U v 1er cas Ie > 100 Icapa (limitation du condensateur). S cc I capa 2 Q Prendre L u 2 L 0ω avec Lo : inductance source. Scc : puissance de court-circuit du réseau. c Fréquence propre d’oscillation : fe = c Calcul de l’inductance de choc l (qui se rajoute à L0) L en µH v 2ème cas Ie > Iencl. max courant crête, maximum de l’appareil (indiqué en annexe 2). Prendre L u En général, il n’y a pas nécessité d’inductance de choc, sauf dans le cas où Scc est élevée et Q faible ; le courant crête doit alors être limité : v soit pour les condensateurs ( Ie > 100 Icapa), v soit pour l’appareillage ( Ie incompatible avec courbes en annexes). U en kV SCC en MVA Q en Mvar 1 2π L 0C 2 6 U 200 10 − ω Q S cc avec 2Q ω 3 I encl. max 10 6 ( ) 2 − S cc U 2 L en µH U en kV Q en Mvar Iencl. max en kÂ. v 3ème cas Cumul du premier cas et du deuxième cas. Prendre pour L la plus grande valeur trouvée. 5.2 Batterie en gradins c n gradins (identiques) enclenchés quand on enclenche le n+1ème. c Puissance unitaire : Q = U Cω = 2 3 U I capa c Courant crête de fermeture : Ie = 2 Ux 3 n C n +1 l = I capa 2 n fe n +1 f l inductance de liaison : 0,5 µH/m est une bonne approximation pour les barres ou câbles en MT. Cahier Technique Schneider n° 189 / p.16 c Fréquence d’oscillation : fe = 1 2π lC Les inductances de liaison entre les différentes batteries sont généralement très réduites (quelques µH). C’est pourquoi une limitation des courants d’enclenchement par une inductance de choc en série avec la batterie est très généralement nécessaire (cf. fig. 21 ). 2 n 2.10 Prendre L u n +1 ω 2 U 2 Q v 2ème cas Ie > Iencl. max courant crête, maximum de l’appareil (indiqué en annexe 2). 2 n 2.10 Prendre L u n +1 3ω C C fig. 21 : les inductances séries limitent les courants d’enclenchement. c Calcul de l’inductance de choc L. On néglige dans le calcul la valeur de I qui se rajoute à L. v 1er cas Ie > 100 Icapa (limitation du condensateur). 6 Q (I encl. max ) 2 avec n : nombre de gradins enclenchés quand on enclenche le n+1ème, Q : puissance batterie en Mvar, Iencl. max : pouvoir de fermeture max de l’appareil en kÂ, U : tension en kV, L : inductance de choc en µH. v 3ème cas Cumul premier cas + deuxième cas. Prendre pour L la plus grande valeur trouvée. Nota : Une page de synthèse de calculs des courants d’enclenchement dans le cas batterie unique et le cas batterie en gradins est donnée en annexe 3. 5.3 Les inductances de choc Les inductances devront être adaptées en fonction des possibilités des fabricants et des considérations économiques. Installation : intérieur - extérieur. Courant permanent nominal : 1,3 à 1,5 In . Valeur de l’inductance : 0 + 20 %. Tenue thermique aux surintensités momentanées : 30 à 50 In . Tenue électrodynamique : Icc crête au point de raccordement. II s’agit d’inductance dans l’air sans noyau magnétique. Lee valeurs les plus utilisées sont des inductances de 50,100 ou 150 µH. Exemple : EDF 50 µH 200 A pour 3 gradins de 4,8 Mvar sous 20 kV. Cahier Technique Schneider n° 189 / p.17 6 Protection contre les surintensités La protection contre les surintensités peut être réalisée par un fusible ou par un disjoncteur équipé d’une protection à temps indépendant à double seuil. 6.1 Protection par fusible Le courant d’enclenchement, même limité, peut entraîner la détérioration des fusibles. Pour déterminer le calibre du fusible, il faut calculer la valeur crête du courant d’enclenchement, comme indiqué précédemment, et déterminer la constante de temps de ce courant transitoire. La méthode est assez complexe. Elle nécessite de connaître la résistance du réseau amont et la résistance des fusibles. Il existe des logiciels permettant de déterminer le calibre des fusibles. En pratique, le calibre des fusibles est de 1,8 à 2,5 fois le courant nominal de la batterie de condensateurs. La protection par fusible est efficace contre les courts-circuits sur le circuit de branchement de la batterie au réseau. 6.2 Protection par disjoncteur Le disjoncteur doit être équipé d’une protection à temps indépendant, à double seuil. Seuil bas Irb Il protège contre les surcharges dues à un taux d’harmoniques de tension anormalement élevé. Il doit être réglé à 1,43 fois le courant nominal de la batterie de condensateurs. Irb = 1,43 Incapa. La temporisation Tb peut être réglée à plusieurs secondes. En présence d’harmoniques, la protection contre les surcharges doit mesurer la valeur efficace vraie du courant. Il faut bien noter à ce propos que sur un réseau, la présence simultanée d’harmoniques et de condensateurs est à examiner de près : le Cahier Technique Schneider n° 189 / p.18 Cahier Technique n°152, consacré aux perturbations harmoniques, détaille ce cas de figure qui outre une augmentation de la pollution harmonique par résonance avec l’inductance du réseau, peut mettre en danger les condensateurs. Seuil haut Irh Comme les fusibles, il protège contre les courtscircuits. Il doit être réglé à une valeur inférieure au courant de court-circuit minimal. Irh i 0,8 Iccb,min Le calcul montre que la durée du courant d’enclenchement est faible (surtout dans le cas de batteries en gradins). Elle est inférieure à 200 ms. La temporisation Th pourra donc être fixée à 0,2 seconde. 6.3 Protection contre les défauts internes Lorsqu’un condensateur unitaire se met en défaut, le courant absorbé par la branche de la batterie concernée augmente. Par exemple, et en supposant cet élément en court-circuit franc, la variation est de 11% si 10 condensateurs sont en série. Ce défaut, indétectable par les protections de surintensité peut entraîner un effet d’avalanche qui conduit à la destruction d’autres condensateurs unitaires, puis de la batterie. Il existe des protections basées sur la symétrie du schéma des batteries. A titre d’exemple, l’assemblage dit « double étoile » est couramment utilisé. Comme indiqué sur la figure 22 , un relais de protection contre les déséquilibres entre points neutres permet de détecter la circulation d’un courant dans la liaison entre ces deux points. La détérioration In > fig. 22 : batterie en double étoile. d’éléments condensateurs provoque un déséquilibre, et donc la circulation d’un courant détectable. Le seuil de réglage est donné par le constructeur. Il dépend de la structure interne de la batterie (association série et parallèle de condensateurs unitaires) et de la présence ou non de fusibles internes de protection des condensateurs. La temporisation est de l’ordre de quelques dixièmes de seconde. La présence de fusibles internes sur les condensateurs (cf. fig. 23 ) est une amélioration qui permet une bonne continuité de service. La batterie assure encore sa fonction même avec plusieurs éléments déconnectés. fig. 23 : Condensateur avec fusibles internes, constitué de 4 groupes en série. Cahier Technique Schneider n° 189 / p.19 Annexe 1 : principales caractéristiques de l’appareillage MT Toutes les caractéristiques à jour sont données dans les fiches techniques. Nous en rappelons ici quelques-unes (valables en 1997) : Disjoncteurs (*) Performances en coupure Courant en service continu Courant capacitif coupé LF1 Jusqu’à 12 kV - 31,5 kA 630 et 1250 A 400 LF2 50 kA - 7,2 kV 40 kA - 12 kV 31,5 kA - 17,5 kV 630 à 1250 A 400 LF3 Jusqu’à 50 kA - 7,2 kV Jusqu’à 50 kA - 12 kV Jusqu’à 34,5 kA - 17,5 kV 1250 à 3150 A 400 SF1 Jusqu’à 25 kA - 40,5 kV 630 et 1250 A 400 à 800 A SF2 Jusqu’à 40 kA - 36 kV 2500 A 400 à 1750 A 10 kA - 7,2 kV 400 A 240 A 24 kV 200 A 160 A Contacteur (*) Rollarc R 400 Interrupteur pour condensateur ISF1 (*) Ces appareils peuvent aussi être utilisés en interrupteur de condensateur. Cahier Technique Schneider n° 189 / p.20 Annexe 2 : choix de l’appareillage MT, qualifications Tableau de choix : Appareil Nbre maxi de man. N max Iencl. à Nbre de man. à Iencl. max Iencl. max N max - k SF1 10 000 10 3500 15 SF2 10 000 13 2000 25 LF1 10 000 13 2000 25 LF2 10 000 13 2000 25 25 Désignation Disjoncteur k LF3 10 000 13 2000 Contacteur Rollarc 80 000 2 15 000 4 Interrupteur ISF1 10 000 10 3500 15 a - tensions : 12 - 17,5 - 24 - 36 - 40,5 kV Ienclenchement (Ie) k ➀ 25 ➁ 15 13 10 ➀ SF1 ISF1 ➁ SF2 LF1 LF2 LF3 Icc ≤ 29 kA 1 1 2 000 3 000 10 000 nombre de manœuvres b - tensions : 7,2 - 12 kV Ienclenchement (Ie) k fe ≤ 1,6 kHz 4 2 1,5 1 1 15 000 80 000 100 000 nombre de manœuvres Courant d’enclenchement en fonction du nombre de manœuvres. Cahier Technique Schneider n° 189 / p.21 Quelques essais de qualification : c Endurance à la fermeture v ISF1 Qualification en cours de l’interrupteur de gradins de condensateurs de 4,8 Mvar classe 2 pour EDF basée sur : - les essais de fermeture/coupure déjà réalisés lors de la qualification de l’IFB4 (en raison de la grande similitude des parties actives des deux appareils, soit 10 000 F/O sous 23 kV avec courant de fermeture 11,5 kÂ, fréquence d’oscillation 3,4 kHz et courant d’ouverture de 160 A (rapport EDF HM51.02.201), - les essais d’endurance mécanique, soit 20 000 fermetures/ouvertures à vide (rapport LEMT n° M534b). c Autres essais en fermeture/ouverture v LF1 Essais triphasés 440 A / 12 kV (rapport VOLTA C2200). v LF2 - Essais triphasés 400 A / 17,5 kV 24 O à 120 A et 80 F/O 400 A à Î = 5,6 kA et F = 500 Hz (rapport VOLTA B3995). - Essais monophasés de manœuvre dos à dos de batterie de gradins de condensateurs 80 FO à 400 A à Î = 20 kA et F = 4250 Hz (rapport VOLTA B4004). v LF3 - Essais triphasés 400 A / 17,5 kV 24 O à 120 A et 80 F/O à 400 A à Î = 5,6 kA et F = 500 Hz (rapport VOLTA B3994). v SF1 - SF1 630 A 24 kV 16 kA Essais triphasés 440 A / 29 kV (rapport CESI GPS 1952 A). - SF1 630 A 36 kV 12,5 kA Essais triphasés 440 A / 39 kV (rapport CESI GPS 1952 B). - SF1 1250 A 26,4 kV 12,5 kA Selon norme Hydro-Quebec SN-15.6a Essais monophasés gradin unique . 34 F/O à 1040 A / 28,4 kV . 33 F/O à 196 A / 23,8 kV Essais monophasés dos à dos de batterie de gradins de condensateurs . 24 F/O à 860 A / 27,5 kV, Î = 20 kA, f = 4250 Hz . 24 F/O à 184 A / 23,5 kV rapport CESI GPS-94/011027. - SF1 1250 A 36 kV 25 kA 50 Hz Essais monophasés 790 A/29,1 kV (790 A / 36 kV triphasé). (rapport ASTA C 2125 b). Cahier Technique Schneider n° 189 / p.22 Annexe 3 : tableau de synthèse des calculs des courants d’enclenchement Enclenchement de batteries de condensateurs Batterie unique Batterie en gradins (cas de gradins identiques) L0 1 l l l C C C L0 = inductance de C/C du réseau n gradins enclenchés quand on Scc = enclenche le n+1ème 3 U I cc avec U / 3 = L 0ω I cc = U / L 0ω l = inductance de liaison (0,5µH/m) Q = U Cω = Q = U Cω = 2 Puissance batterie n+1 ; ; ; ; ; ;;; ;; C U 2 2 2 3 I capa 3 I capa Q = puissance de chaque gradin 1 1 L 0C ω Scc 2 n C n +1 l Courant crête de fermeture Ie = Fréquence propre fe = Courant crête max. batterie Icrête max. batt. = 100 Icapa Icrête max. batt. = 100 Icapa Endurance électrique appareillage cf. courbe annexe 2 cf. courbe annexe 2 Courant nominal appareillage I capa 2 = I capa 2 1 I capa U 3 0,7 2π n+ 2 2 p.u. Coefficient surtension batterie 2 p.u. Inductance de choc en général, pas besoin d’inductance de choc (sauf si Scc élevé et Q faible) = I capa 2 n fpropre n +1 réseau 1 Inominal u Coefficient surtension réseau Calcul inductance de choc Ie = fe = 2 π L 0C Inominal u Q lC I capa 0,7 p.u. n +1 2n p.u. n+1 6 2 10 U 2Q Lu − 2 ω 3 I Scc crête max L : µH Q : Mvar Scc : MVA Icrête max : k (*) ( ) en général, besoin d’inductance de choc 6 Lu 2 2.10 Q n 1 . 3 ω n +1 I crête max ( L : µH Q : Mvar Icrête max : k (*) ) 2 Scc : MVA Nota : définition des symboles utilisés : voir §1 page 6. Icrête max est la plus petite des deux valeurs d’enclenchement suivantes : - le courant crête maximum de la batterie (soit 100 Icapa) - le courant crête maximum de l’appareillage Iencl. max. (cf. annexe 2 : courbes ou 2e colonne du tableau récapitulatif) Cahier Technique Schneider n° 189 / p.23 Annexe 4 : bibliographie Normes c ANSI C37-06 (1987) Standard for switchgear AC High Voltage Circuit Breakers rated on a symetrical current basis. Preferred ratings and related capabilities. c ANSI/IEEE C37-09 (1979) Standard test procedure for AC High Voltage circuit breakers rated on a symetrical current basis. c ANSI/IEEE C37-012 (1979) Application guide for capacitance current switching for AC High Voltage circuit breakers rated on a symetrical current basis. c CEI 56.1987 Disjoncteurs à courant alternatif à haute tension. c CEI 871-3 (1996) Condensateurs shunt pour réseaux à courant alternatif de tension assignée supérieure à 1000 V. Partie 3 : protection des condensateurs shunt et des batteries de condensateurs shunt. c NF C 64-132 Interrupteurs tripolaires de tension assignée 24 kV destinés à la manœuvre de batteries de gradins de condensateurs. c SN-15.6a (déc. 1993) Disjoncteurs à 26,4 et 28,4 kV. Spécification technique normalisée. Hydro-Québec Canada. Cahiers Techniques c Les perturbations harmoniques dans les réseaux industriels, et leur traitement, Cahier Technique n° 152, décembre 1990 P.ROCCIA et N. QUILLON. Ouvrages divers c Guide de la compensation d’énergie réactive et filtrage d’harmoniques HT/MT. Document technique Merlin-Gerin Rectiphase. c Electra n° 87 Spécifications concernant les essais de manœuvres sur courant capacitif des disjoncteurs sans résistance shunt à l’aide de circuits d’essais synthétiques. c Electra n° 155 (Août 1994) Manœuvres des courants capacitifs. Etat de l’art. Cahier Technique Schneider n° 189 / p.24