Le contexte économique - Entreprises et cultures numériques

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L’ENTREPRISE NUMERIQUE
Le contexte économique
Un constat s’impose : notre contexte économique est
et demeurera instable. Cette instabilité économique,
internationale, devient la norme et se décline à tous
les niveaux : social, politique, démographique... Cette
nouvelle donne doit rester à l’esprit de ceux qui
s’emploient à développer les entreprises.
L’entreprise de demain sera encore plus marquée par
la montée en puissance des entreprises asiatiques,
l’émergence de nouveaux acteurs et une nécessaire
différenciation par l’innovation.
Vers une régionalisation des marchés
Les difficultés de la coopération internationale entre
les pays, notamment en matière monétaire, et la
quasi impossibilité d’assurer une régulation mondiale
des échanges et des équilibres économiques, tendent
à renforcer les initiatives de nature protectionniste.
On y discerne la volonté de chaque zone économique
de s’assurer des avantages compétitifs sur les
marchés internationaux. On observe également une
tendance des pays en développement à se regrouper
sur une base géographique.
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Par exemple, depuis janvier 2010, la Chine et les dix
pays de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est
(ASEAN) ont formé la plus grande zone de libreéchange du monde. Dans un contexte de
mondialisation, cette multiplication des zones
d’intégration commerciale s’accompagne d’une
résurgence d’identités économiques régionales.
Selon l’OCDE, le taux de croissance du marché chinois
en 2010 a atteint 11,9 % contre une baisse de 2 % en
moyenne dans les pays avancés. Le marché chinois va
peser de plus en plus lourd dans le marché mondial.
C’est d’ores et déjà la deuxième plus grande puissance
économique devant le Japon. La Chine est en passe de
supplanter les Etats-Unis et va transformer l’ordre
géopolitique mondial. La montée en puissance de la
compétitivité chinoise va d’ailleurs de pair avec un
effort particulier en matière de dépôts de brevets et
d’investissements colossaux en R&D, dans un
contexte où la main-d’œuvre est abondante et de plus
en plus qualifiée.
Retenons quelques chiffres : selon l’indice mondial
de compétitivité établi par le Forum économique
mondial, la Chine était au 50ème rang en 2001. En
2010, elle se positionne au 27ème rang en termes de
compétitivité. Dans les années 1980, la Chine exportait
0,5 % des marchandises mondiales. Aujourd'hui, elle
en exporte 10 %. Aucun grand pays n’a pénétré le
marché mondial avec une telle rapidité.
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L’émergence des nouveaux acteurs
Le classement des « nouveaux challengers globaux »
établi en 2009 par le Boston Consulting Group (BCG)
montre que les grands groupes chinois, indiens, mais
aussi brésiliens, russes ou du Moyen-Orient sont
devenus des groupes mondiaux qui n’ont rien à envier
aux groupes américains et européens. La réussite de
ces groupes est surprenante à la fois par sa rapidité et
par son ampleur. Ces nouveaux acteurs mondiaux
partagent trois caractéristiques : d’abord, un avantage
concurrentiel au départ, par exemple avec un accès
privilégié à certains marchés, la disponibilité d’une
main-d’œuvre à bas coût et une « absence de
lourdeurs structurelles ou technologiques qui grèvent
souvent la compétitivité des entreprises issues des
marchés matures », souligne l’étude du BCG. Ensuite,
ces groupes ont une réelle ambition de devenir
leaders mondiaux, qui devient possible avec un goût
prononcé pour le risque, et un accès facilité au capital.
Enfin, ils mènent une stratégie de croissance exogène
dont les deux piliers sont des partenariats stratégiques
et des fusions-acquisitions. Les nouveaux acteurs
mondiaux appuient leur développement sur l’innovation,
véritable fer de lance de conquête des marchés.
Se différencier par l’innovation
Les deux tiers des dirigeants d’entreprises placent
l’innovation parmi leurs trois premières priorités
stratégiques, et la considèrent comme critique pour la
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compétitivité à long terme, selon une autre étude
du BCG. Dans l’entreprise, l’innovation ne se résume
pas à une accumulation de moyens, d’équipes et
d’investissements, c’est aussi une question de culture.
De plus en plus, l’innovation est ouverte, surtout dans
un monde numérique. Qu’est-ce que l’innovation
ouverte (open innovation) ? C’est avant tout l’exploitation
de flux de connaissances entrants et sortants qui
stimulent l’innovation interne et permettent
l’extension des marchés grâce à l’engagement de
contributeurs externes. Cela suppose que l’entreprise
peut et doit utiliser des idées internes et externes à
son organisation, voire à son marché. Il s’agit d’une
forme naturelle de l’innovation dans le secteur des
technologies de l’information, en témoigne le succès
des logiciels libres soutenus par les projets
développés par des communautés : il peut servir de
modèle à toute entreprise. Il s’agit d’une remise en
question de l’approche classique des modèles
d’innovation traditionnelle, dans lesquels l’entreprise
maîtrise l’ensemble de la chaîne de valeur.
La Silicon Valley représente l’exemple le plus abouti
d’un modèle de fertilisation de l’innovation au sein
d’un tissu économique dans lequel les entreprises
numériques sont très représentées. Le succès de la
Silicon Valley, et sa valeur de modèle, proviennent
d’un réseau fécond d’entreprises locales, d’institutions
de recherche et d’experts qui produisent
continuellement de nouvelles idées et testent
immédiatement leur potentiel économique.
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L’innovation ne peut être dans sa totalité maîtrisée, et
encore moins contrôlée, par une seule entreprise,
aussi puissante soit-elle. Les grands groupes ont bien
compris le potentiel de l’innovation ouverte, des
acteurs comme IBM, Nokia ou Procter & Gamble en
ont été les précurseurs.
Les efforts de R&D2 des entreprises françaises
apparaissent en retrait par rapport à ceux des autres
pays. Une étude de l’OCDE parue en mai 2010
souligne qu’au sein des pays de l’OCDE, la France a
été l’un des pays dans lesquels les entreprises ont le
moins augmenté leur effort de R&D, depuis le milieu
des années 1990 : +1,4 % en moyenne par an contre
4,1 % en moyenne. On notera d’ailleurs que les efforts
des Etats-Unis (+ 4 % par an) ou de la Chine (+ 23,6 %)
sont sans commune mesure. La France a consacré en
2008, 2,1 % de son PIB à la R&D, contre 2,3 % pour
les pays de l’OCDE ; des pays y consacrent bien
davantage, notamment la Finlande (3,7 %), le Japon
(3,4 %) ou la Suède (3,8 %).
Lors d’un colloque organisé par le Centre d’Analyse
Stratégique en novembre 2010, il a été rappelé qu’il
importe d’allouer suffisamment de ressources aux
activités d’innovation technologique. Une combinaison
d’aides publiques directes aux projets et d’avantages
fiscaux est de nature à accroître l’attractivité du pays
concerné et le développement de technologies de
pointe.
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