SORTIE CEOLOGIQUE DU 25 AVRIL 2008 EN CREUSE

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SORTIE CEOLOGIQUE DU 25 AVRIL 2008
EN CREUSE
ITINERAIRE
SYNTHESE GEOLOGIQUE
Le but de ces quelques lignes est de donner des informations assez fiables et récentes sur
l'histoire géologique de la région traversée par l'excursion (écrit d'après les notices des cartes
géologiques et d'après les synthèses de C. Cartannaz (2006)).
Les anatexites d'Aubusson ou aubussonites:
Elle ne seront pas rencontrées lors de cette excursion. Elles forment l'encaissant des granites du massif de
Guéret. Ce sont des diatexites (roches grenues issues d'une fusion importante avec une perte importante de
foliation) à cordiérite. Les analyses chimiques montrent une origine pélitique (shales) avec une faible
participation volcanique (greywackes). Ces roches se seraient comportées comme un magma (forte fusion
partielle) ayant migré à partir d'un niveau sous-jacent. Les denières datations disponibles montrent un âge finidévonien (vers 375 MA) pour l'épisode d'anatexie.
Les granites de Guéret:
Daté de 355 MA (Dinantien , Tournaisien), ce grand massif de granite alumineux à cordiérite fréquente a
longtemps été interprété comme une lame reposant sur une semelle d'anatexites (aubussonites) et s'enracinant
dans sa région orientale vers Crocq. Cette interprétation fut corroborée par un sondage profond dans la région
de St Etienne de Fursac (O. Laurent) et des données gravimétriques (A. Gebelin). Les dernières données (C.
Cartannaz 2006) semblent quant à elles montrer un massif complexe structuré sous différents champs de
contraintes et dont la mise en place s'échelonne de 360 MA (début du Tournaisien) avec les massifs en lames à
320 MA (mi Viséen Supérieur) avec des massifs enracinés.
Les affleurements que nous observerons appartiennent au granite de Maupuy dont les datations vont de 360 à
350 MA. Il appartient à une deuxième génération des granitoïdes de Guéret. C'est un monzogranite porphyroïde
à cordiérite peu abondante.
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Les Tufs anthracifères du Viséen (CARBONIFERE):
Ils forment deux ensembles sur la zone traversée.
-L'Unité du Pont à la Dauge est formée de tufs volcaniques de composition rhyodacitique reposant
directement sur les granites du complexe de Guéret
-Les bassins des Combrailles: Les tufs volcaniques y sont associés à des roches sédimentaires le plus
souvent d'origine continentale, pélitique à gréseuse, avec des grés carbonatés avec des niveaux
charbonneux. La lentille de calcaire du Chat-Cros témoigne d'incursions marines. En fait, ces bassins
correspondent à des lambeaux d'une formation beaucoup plus étendue conservés dans des bassins
d'effondrement le long de la la faille de la Marche.
Le bassin houllier stéphanien de Lavaveix-les-Mines (CARBONIFERE):
Longtemps interprété comme un bassin ouvert en pull-apart le long de la zone faillée cisaillante de la Creuse, il
apparaît plus comme un demi-graben limité par une faille à l'ouest et reposant en discordance sur le socle
granitique à l'ouest. Les formations sédimentaires y affichent une disposition synclinale asymétrique.
Les études ont permis de distinguer trois membres distincts
-un membre inférieur ou poudingue de base: essentiellement formé de conglomérat à galets surtout
granitiques emballés dans une matrice gréseuse. Ces conglomérats peuvent présenter des passées
gréseuses. Cette formation est interprété comme résultant d'un démantélement de reliefs proches dans
un régime torrentiel avec cones de déjection.
-un membre intermédiaire ou complexe argilo-gréso-silteux à passées charbonneuses: Il constitue
une succession complexe de bancs de grès et de silts argileux incorporant des couches de houille. Ces
couches d'une puissance allant de quelques centimètres à deux mètres (50 cm en moyenne) ont été
exploitées du XVIIIème siècle jusqu'aux années 1970. Elles ont montré une flore typique du Stéphanien
moyen. Ces formations sont interprétées comme des sédiments déposés en milieu lacustre résultant de
l'érosion de reliefs peu importants.
-un membre supérieur ou poudingue supérieur formé d'une alternance de conglomérats et de grès.
Les stratifications entrecroisées et les structures en chenaux témoignent d'une sédimentation fluviatile.
Les rhyolites du Stéphanien Supérieur (CARBONIFERE):
Elles forment des coulées importantes et épaisses au niveau du bassin de Gouzon. Ce sont des roches jaunes
ou roses présentant de petits cristaux de quartz automorphes. Elles sont restées en relief, formant de fausses
buttes témoins au niveau du bassin tertiaire (en effet, elles représentent des paléoreliefs antérieurs à la mise en
place du bassin. La coulée de Fourneaux qui recouvre le houiller n'est pas datée, selon les auteurs elle est
considérée comme stéphanienne ou permienne.
Le bassin tertiaire et quaternaire de Gouzon:
Le bassin de Gouzon a une histoire polyphasée assez complexe. Après une histoire paléozoïque qui s’étale du
carbonifère au permien, l’ère tertiaire voit à l’éocène la mise en place d’un important bassin lacustre qui va se
colmater progressivement.
La profondeur du bassin se réduit du Nord au Sud. Au nord la série atteint 60 m. de puissance. La base est
datée du Cuisien-Lutétien. Les roches vont des microconglomérats aux argiles en passant par des sables
feldspathiques souvent argileux. Au sud-est du bassin, on observe des passées gypseuses qui témoignent d’un
régime lagunaire. Ce lac se comble progressivement.
Au Quaternaire, la sédimentation reprend dans un lac réduit où se déposent des sables associés à quelques
dépôts tourbeux à pollens d’arbres et d’herbacées.
L'étang de Landes (ou plutôt sa partie naturelle) est interprété comme le dernier vestige de la cuvette
sédimentaire de Gouzon
La tectonique tardive: même si on ne dispose pas de preuves formelles, on suppose que les reliefs
du Maupuy et l'escarpement de l'Est du bassin de Lavaveix-Ahun sont dus à des réactivations récentes
(quaternaire) des failles hercyniennes.
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ECHELLE CHRONOSTRATIGRAPHIQUE DES FAITS GEOLOGIQUES
OBSERVABLES SUR LE SECTEUR VISITE
ERE
Systèmes et Etages
QUATERNAIRE
Néogène
Principaux événements
_3
Bassin de Gouzon
Pliocène
Plaisancien
Zancléen
Miocène
Messinien
Tortonien
Serravalien
Langhien
Burdigalien
Aquitanien
_23
Rupélien
Chattien
_35
Priabonien
Bartonien
Lutétien
Yprésien
_54
TERTIAIRE
Oligocène
Paléogène
Age absolu
Eocène
Paléocène
SECONDAIRE
_5
?
_65
_248
Permien
_305
Carbonifère
Westphalien
-Rhyolites
-Bassin de Lavaveix-Ahun
_315
Dinantien Sup.: Viséen
Dinantien Inf.:Tournaisien
Dévonien
Emersion supposée
_286
Stéphanien
PRIMAIRE
Bassin de Gouzon
_350
-Tufs anthracifères
-Granites de Guéret tardifs
_360
Granites de Guéret
_375
-Anatexie des aubussonites
-Fin de la collision continentale
hercynienne pour le Massif Central
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Arrêt 1 : Granite du Maupuy
Ce granite , « faciès Maupuy » appartient à l’entité géologique du granite de Guéret, plus précisément à l’unité
de Peyrabout: Monzogranite à biotite , cordiérite et muscovite
Jusqu’aux années 1950, ce massif fut un lieu d’exploitation importante (Pierres de taille et pierre civières des
carrières du Maupuy).Ce massif peu fissuré permettait d’extraire de très gros blocs.
La roche gris-bleu, devenant gris jaunâtre à l’altération, comporte des phénocristaux de feldspath (dents de
cheval), quelques enclaves de roches métamorphiques, voire quelques nodules de cordiérite (« crapauds » des
carriers) .
Ce site constitue l’illustration complète de l’altération du granite le long de fissures avec formations de boules, en
effet l’aménagement d’une petite route effectuée en 2007- 2008 permet l’observation de l’altération progressive
de ce monzogranite.
Dans d'autres secteurs du Maupuy, on peut observer une altération en masse avec formation d'arène seule
sans boules. Il parait difficile de savoir si les boules ont fini par s'altérer elles aussi avant de pouvoir être
dégagées par l'érosion ou s'il s'agit d'une arénisation massive
Arrêt 2 : Forêt de Chabrière Cabane Parrain
Le chaos de la Cabane Parrain, comme tout le Maupuy se trouve dans les granites à biotite du massif de
Guéret. Il s’agit d’un grand massif d’aspect homogène présentant en fait plusieurs faciès selon la présence ou
non de cordiérite, de phénocristaux de feldspath ou une géochimie différente. Ici, le faciès est légèrement
porphyroïde.
Dans tout le secteur du Maupuy se trouvent des chaos granitiques. Celui de la cabane Parrain (ou Pierre de
l’Ermite) est un des plus accessibles et des plus beaux.
Avant le chaos, dans la zone aménagée, on peut voir un bloc portant des traces de coins, témoignage de
l’exploitation des boules de granite par les tailleurs de pierre. Ce phénomène est assez fréquent sur le massif,
bien visible aussi à l’entrée du « Parc des Loups de Chabrière ».
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Arrêt 3 : Pontsebrot , Sédimentation fluviatile : conglomérats
Le site présente les formations sédimentaires basales du bassin d'Ahun-Lavaveix.
Le carbonifère d'Ahun,d'âge stéphanien moyen est continental limnique à remplissage fluvio-palustre
ou lacustre, à couches de charbon.
On observe ici des formes détritiques très grossières constituées de conglomérats (poudingues de
base) à galets roulés dont la taille moyenne est de 5 à 8 cm. Les clastes de galets de granite de
même nature que le granite affleurant à proximité prédominent largement,la matrice est constituée de
grés arkosique et l'on note par endroit des lentilles grésoschisteuses plus fines.
Ces dépôts détritiques résultent de cônes de déjection torrentiels et de coulées boueuses mises en
place à la suite de rupture de pente sur les bordures du bassin. La fréquence et la taille des galets
indiquent des courants épisodiquement très forts au niveau des chenaux.
Sur la route, on passe des conglomérats au granite sans qu'il soit toutefois possible de localiser et de
caractériser le contact. Sur un affleurement, de petites géodes de quartz semblent s'être installées
dans des structures de distension associées aux failles du bassin.
Arrêt 4 : Courbarioux
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L’affleurement est formé de roches détritiques supposées appartenir au membre supérieur de la série
houillère stéphanienne de Lavaveix.
On observe des lentilles de conglomérat interstratifiées dans des arkoses (grès feldspathiques). A la
base de l’affleurement, on peut voir des termes plus schisteux avec une petite lentille centimétrique
d’anthracite. A proximité, une cavité laisse supposer la présence d’une galerie de recherche.
La présence de feldspaths dans les grès témoigne d’une altération incomplète et d’une proximité des
protolithes granitiques. De même, les lentilles conglomératiques sont le signe d’un transport court.
Arrêt 5 : Sablières tertiaires et quaternaires de Gouzon
Le bassin de Gouzon a une histoire polyphasée assez complexe.
Au tertiaire:
Le bassin est occupé par un lac. Les roches de cette époque vont des microconglomérats aux argiles
en passant par des sables feldspathiques souvent argileux. Au sud-est du bassin, on observe des
passées gypseuses qui témoignent d’un régime lagunaire
Les deux affleurements proposés se situent sur la partie nord et présentent des sables argileux
feldspathiques bariolés.
Au Quaternaire
la sédimentation reprend dans un lac réduit où se déposent des sables associés à quelques dépôts
tourbeux à pollens d’arbres et d’herbacées.
Ce sont ces formations quaternaires qui sont observables dans la sablière avec des structures de
stratifications entrecroisées bien visibles sur les fronts de tailles.
Arrêt 6 :Rhyolites de Puy Haut
les rhyolites permiennes sont des roches alcalines à hyperalcalines qui se sont mises en place sous
forme de coulées il y a 286-288 MA.
Elles affleurent largement sous forme de buttes ayant résisté à l’érosion au niveau des villages de
Réville et de Puy Haut. De part leur âge (antérieur au bassin tertiaire de Gouzon), elles ne peuvent
pas être considérées comme buttes témoins au sens strict. En effet, lors de la sédimentation, elles
formaient des îles au milieu du bassin.
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