Débat sur les approches de génétique et de biologie moléculaire J

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Entretien de Yvonne Cauderon
réalisé en 1996, revu par le témoin en 2007
Débat sur les approches de génétique et de biologie moléculaire
J’ai discuté quand même avec des biologistes moléculaires – je ne veux pas citer de
noms – qui n’étaient pas des généticiens, chose curieuse. Ils m’ont posé des
questions, bien sûr qui pouvaient paraître naïves parce qu’ils observaient tel ou tel
phénomène. Je me souviens d’avoir dit à mes collègues : « Mais ce que vous
observez là, c’est un phénomène d’épistasie ». Or l’épistasie, ils ne connaissent pas.
Ils ne connaissent pas le nom. C’est pour ça que je me suis intéressée au
dictionnaire aussi. Ils ne connaissent pas le terme, mais ils observaient, en biologie
moléculaire, c'est-à-dire transférés à une autre échelle, les mêmes phénomènes que
nous. Peut-être qu’un jour, ils auront l’étincelle qui leur permettra de penser que ce
qu’ils ont fait au niveau moléculaire, c’est la transposition absolument… D’ailleurs, ils
utilisent les mêmes termes… je l’ai vu en rédigeant le dictionnaire - les mêmes
termes qu’en génétique. Les transferts de gènes, j’en ai fait sur les chromosomes.
Ce sont de simples transpositions.
La preuve…
…il y a eu une fois un exposé qui a été fait par un garçon, et qui était très bien. Il
nous a présenté un exposé de biologie moléculaire avec des analyses précises de
marquage des gènes pour des études de phylogénétique. Il était tout surpris, il a pris
des échantillons dans les différentes classes établies par ses ancêtres si je puis dire,
et il était tout surpris de retrouver la même chose avec ses approches. Il n’avait pas
fait la liaison entre les deux. Je lui ai dit : « Vous faites de la taxinomie sans le savoir.
Vous ne faîtes qu’ajouter un critère aux critères qui ont déjà été trouvés par les
morphologistes, par les généticiens, par les biochimistes, etc ». C’est arrivé en plus
pointu à des résultats qui sont plus précis, à condition qu’on puisse les comparer à
ce qu’on sait déjà. On part du connu, d’un connu qui est classé et répertorié, et on
découvre cela (…)
Il faudrait peut-être qu’on pense qu’il y a un continuum dans le temps, et qu’il faut,
déjà dans l’enseignement, maintenir un minimum. (…). Il faudrait quand même qu’ils
puissent se mettre un peu au courant, si je puis dire. Il faut également regarder à
côté.
Mais c’est un peu le laboratoire de l’excellence ?
L’avenir dira s’ils sont excellents. Ils doivent penser qu’ils auront une suite ; ça n’est
pas la fin du monde.
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