6 #4 un dépistage de l’hypothyroïdie à la naissance. En France, il est effectué le 3ème jour après la naissance par la mesure de la concentration de l’hormone thyréostimulante hypophysaire (TSH) qui est un indicateur du fonctionnement thyroïdien. L’adulte en état de carence d’apport en iode est également considéré comme potentiellement sensible à une surexposition aux perchlorates. Figure 1 : schéma du fonctionnement thyroïdien, (source : exposition aux contaminants organiques et effets potentiels sur les fonctions thyroïdiennes chez la femme enceinte, le nouveau-né et l’adulte, Dallaire Renée, Thèse de doctorat, Université Laval, Canada) A très forte dose (sans commune mesure avec une exposition environnementale), les perchlorates sont utilisés dans un cadre médical pour traiter certaines hyperthyroïdies liées à des surcharges en iode (4). POPULATIONS LES PLUS À RISQUE DE SUBIR UN EFFET DE L’EXPOSITION AUX PERCHLORATES Le fœtus et le nouveau-né sont considérés comme étant les plus sensibles au déficit d’hormones thyroïdiennes. En effet, la totalité de leurs thyrocytes sont utilisés pour la fabrication des hormones et ne laissent aucune marge d’adaptation contrairement à l’adulte dont un certain nombre de thyrocytes sont au repos et mobilisables lors d’une baisse de disponibilité d’iode (3). Par ailleurs, le stade fœtal et les premiers mois de vie sont une période critique du développement neuro-cognitif dans lequel les hormones thyroïdiennes ont un effet important. Les ions perchlorates peuvent traverser la barrière placentaire. Ainsi, malgré la compensation d’une diminution de l’activité thyroïdienne fœtale par la thyroïde de la mère, il recommandé, par précaution, aux femmes enceintes d’éviter de s’exposer aux perchlorates. Les effets d’un manque d’hormones thyroïdiennes chez le nouveau-né peuvent être compensés par un traitement médical adéquat commencé le plus tôt possible. Aussi, de nombreux pays ont mis en place Aux doses environnementales, l’importance de l’influence des ions perchlorates sur la baisse de la synthèse des hormones thyroïdiennes reste discutée. D’autres anions tels que les thiocyanates ou les nitrates ont aussi la propriété d’inhiber le passage de l’iode vers la glande thyroïde. Par ailleurs, le maintien d’une bonne activité thyroïdienne est également tributaire des apports en iode via l’alimentation. Ce sont ces interactions qui jouent le rôle de facteur de confusion dans de nombreuses études menées dans des contextes d’exposition par l’eau de boisson de l’alimentation publique. LES ÉTUDES ÉPIDÉMIOLOGIQUES Dix études épidémiologiques se sont intéressées au lien entre la concentration en perchlorate dans l’eau d’alimentation et le fonctionnement thyroïdien chez le nouveau-né (7). Aucune étude ne montre d’augmentation de la prévalence de l’hypothyroïdisme congénital. Toutefois, deux études retrouvent une association entre les concentrations hydriques et une altération modérée de la fonction thyroïdienne (8;9). Cinq études se sont intéressées, quant à elles, au lien entre la concentration en perchlorate dans l’eau d’alimentation et le fonctionnement thyroïdien chez la femme enceinte ou en âge de procréer. Une seule étude montre une association positive, contrairement aux autres (7). Cette association n’est observée que chez les femmes présentant une concentration urinaire en iodures inférieure à 100 µg/L. Pour les femmes qui présentaient une concentration supérieure à 100 μg/L, la concentration urinaire en perchlorate était prédictive du niveau sérique de TSH mais pas du niveau sérique de T4 (10). Les études épidémiologiques se heurtent à la difficulté de concilier la maîtrise des facteurs de confusion et la puissance statistique liée au nombre de données disponibles. Ainsi, par exemple, pour des raisons de faisabilité, dans la plupart des études, ni la consommation d’eau du robinet, ni le statut iodé des femmes enceintes ou des nouveau-nés ne sont connus.