#4 5 HLORATES SUR LA SANTÉ ET L’EAU D’ALIMENTATION PUBLIQUE : NCES SCIENTIFIQUES INCOMPLÈTES SUR LA PROBLÉMATIQUE IODE C. HEYMAN, CELLULE DE L’INSTITUT DE VEILLE SANITAIRE EN RÉGIONS NORD PAS-DE-CALAIS PICARDIE C. RAOUL, AGENCE RÉGIONALE DE SANTÉ NORD PAS-DE-CALAIS G. BINET, AGENCE RÉGIONALE DE SANTÉ NORD PAS-DE-CALAIS P. CHAUD, CELLULE DE L’INSTITUT DE VEILLE SANITAIRE EN RÉGIONS NORD PAS-DE-CALAIS PICARDIE sous forme d’anion ClO4-. Celui-ci migre facilement vers les aquifères où l’on considère qu’il reste très stable. Il possède des propriétés oxydantes fortes (1). Le perchlorate d’ammonium peut par ailleurs être synthétisé et utilisé dans de multiples applications industrielles mettant en jeu ses propriétés explosives et détonantes, en particulier dans les milieux militaire et aérospatial. Il constitue par exemple 70 % du propergol utilisé comme carburant pour les fusées. Il est aussi présent dans les dispositifs pyrotechniques, la poudre de certaines munitions et dans les systèmes de déclenchement des « airbags ». Lors de la 1ère guerre mondiale, le perchlorate d’ammonium fut employé dans 2 types d’obus de tranchées : le crapouillot français et le minen allemand, qui n’ont constitué qu’un faible pourcentage des explosifs tirés. Environ 120 tonnes de munitions sont encore récupérées chaque année en région Nord Pas-de-Calais. Le taux de munitions n’ayant pas explosé durant la guerre 1418 est d’environ 30 %. Effets sur la santé - Toxicité MÉTABOLISATION Après ingestion, les ions perchlorates sont rapidement absorbés au niveau du tractus gastrointestinal d’où ils se distribuent dans tout l’organisme et plus particulièrement au niveau de la thyroïde. Leur demi-vie sanguine est de l’ordre de 6 à 12h. Ils sont éliminés dans les urines (ou le lait maternel) dans lesquelles ils sont couramment mesurés (2). EFFETS SUR L’ORGANISME A ce jour, aucune étude scientifique n’a pu mettre en évidence d’effet mutagène ou reprotoxique. Le principal effet d’intérêt des perchlorates est d’être un inhibiteur compétitif du passage des ions iodures vers les cellules de la thyroïde (3). Ils agissent au niveau d’une protéine membranaire, le symporteur sodiumiode qui permet à l’iode de pénétrer activement, contre le gradient de concentration défavorable à un passage passif (4). L’effet inhibiteur a été montré dans plusieurs études, dont celle de Greer en 2002 (5) réalisée chez des volontaires sains avec l’utilisation d’iode radiomarqué en concentrations plus élevées que celles rencontrées en expositions environnementales. Cet effet biologique est précurseur d’une éventuelle baisse, selon la dose d’exposition, de la synthèse des hormones thyroïdiennes T4 (thyroxine) et T3 (triiodothyronine) (figure 1) par les thyrocytes (cellules de la thyroïde). Ainsi, l’effet suspecté d’une exposition aux ions perchlorates est une diminution de l’activité de la thyroïde, pouvant aller jusqu’à l’hypothyroïdisme. Les hormones thyroïdiennes ont de multiples fonctions dans le corps humain et leurs récepteurs sont présents sur tous les tissus. Elles contribuent, entre autres, au développement neurologique, à la régulation thermique, à la régulation de l’activité cardiaque, à la croissance et au développement osseux (4). Dans l’étude de Greer, si l’inhibition du passage de l’iode a bien été mise en évidence, en revanche, aucune diminution parallèle des hormones thyroïdiennes n’a été observée.