Rétablir les relations entre la philosophie et ses publics

publicité
07-a-Worms_Mise en page 1 21/02/12 14:41 Page23
Rétablir les relations
entre la philosophie et ses publics
Frédéric Worms*
JAMAIS les relations entre les différents aspects de la philosophie,
entre les différents publics de la philosophie, entre les différentes
philosophies n’ont été aussi menacées de se rompre en France
qu’elles ne le sont aujourd’hui. C’est là un péril véritable, qui ne
menace pas seulement la philosophie, mais la vie publique, laquelle,
partout, mais en France d’une manière singulière, repose sur ces
relations.
À quoi cela est-il dû ?
Une telle situation n’est pas causée simplement par la diversité
des types de philosophie ni des publics de la philosophie, car cette
diversité, quoique trop méconnue et souvent niée, est structurelle
et donc inévitable. Elle est même en soi un atout. Il faut commencer
par le rappeler, par en prendre la mesure, par en dresser le tableau.
Mais, en particulier en France, on avait jusqu’ici toujours maintenu
le lien entre ces différents aspects, entre ces différents publics, lien
qui est tout aussi vital, sinon plus encore, que leur distinction.
Pourquoi donc menace-t-il aujourd’hui de se briser ? Cela ne peut
être seulement lié aux institutions de la philosophie qui, en tant que
telles, ne font qu’incarner ces différents publics : institutions d’enseignement (à commencer par les classes terminales en France), de
recherche, de diffusion et de discussion publique. Il faut donc
* Professeur à l’université Lille III et à l’ENS, il est notamment l’auteur de la Philosophie
en France au XXe siècle. Moments, Paris, Gallimard, coll. « Folio essais inédit », 2009, et
publiera en 2012 Revivre. Éprouver nos blessures et nos ressources (Paris, Flammarion).
23
Mars-avril 2012
Téléchargement