Mémoires de Saint-Jacques - Ville de Saint Jacques de la Lande

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Rédaction et publication
«Groupe Mémoire» du Centre de
la Lande - Juin 2004 - 5 €
SOMMAIRE
- Saint-Jacques à la veille de la
2nde Guerre mondiale
- Repères et phases de l’histoire
de Saint-Jacques pendant la
Deuxième Guerre
- Saint-Jacques à l’heure
allemande
Mémoires de
Saint-Jacques
60e anniversaire de la
guerre 39 - 45
- Les bombardements
- La résistance à Saint-Jacques
- L’aérodrome de Saint-Jacques
de la Lande
- Les terrains militaires
- Le Mur de l’Atlantique passait-il
à St-Jacques ?
- Le Haut Bois
- La butte de la Maltière
2
N° spécial
GM
roupe
émoire
de
Saint-Jacques de la Lande
SOMMAIRE
3 Éditorial
SAINT-JACQUES DE LA
VEILLE DE LA 2 E GUERRE
MONDIALE À LA LIBÉRATION
Saint-Jacques en 1939
Repères et phases de l’histoire
de Saint-Jacques pendant la
Deuxième Guerre
Saint-Jacques à la fin de la
Deuxième Guerre
TÉMOIGNAGES ET
DOCUMENTS
Saint-Jacques à l’heure allemande
Les faits majeurs racontés par...
Les bombardements
La résistance à Saint-Jacques
Autres témoignages
LES LIEUX DE MÉMOIRE
L’aérodrome
Les terrains militaires
Le Mur de l’Atlantique passait-il à
St-Jacques ?
Le Haut Bois
La butte de la Maltière
HISTOIRE ET MÉMOIRE DE
LA DEUXIÈME GUERRE
T
ous nos remerciements à ceux qui ont
acheté le premier numéro de notre
revue et à ceux qui ont souscrit un
abonnement annuel pour trois numéros. Ces
adhésions sont pour nous un précieux encouragement et assurent une base solide pour la
poursuite de notre projet.
A la différence du numéro 1, ce deuxième
numéro de « Mémoires de Saint-Jacques »
est entièrement consacré à un seul thème : la
ÉDITORIAL
Deuxième Guerre mondiale. C’est là une période bien courte à l’échelle d’une vie humaine
et à fortiori d’une commune. Elle nous paraît
d’autant plus courte qu’elle est désormais lointaine. En réalité, ces années de la Deuxième
Guerre mondiale ont été interminables pour
ceux qui les vécurent car ce furent des années
de sang et de larmes, de privations et de souffrances qui se prolongèrent au-delà de la guerre.
Ce furent aussi pourtant, des années d’espoir,
de résistance et même d’allégresse, lorsque les
occupants durent quitter précipitamment le territoire où certains d’entre eux pensaient s’être
installés pour mille ans !
Dans ce numéro spécial, le lecteur ne retrouvera pas les rubriques annoncées comme devant
être habituelles. Nous leur avons substitué trois
autres pour ordonner nos articles sur Saint-Jacques pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Dans la première, « Saint-Jacques de 39 à
45 », les articles visent à donner une vue globale de la commune et de son histoire, de la veille
de la guerre au lendemain de la Libération.
Dans la seconde, « Documents et témoignages », nous avons utilisé les archives municipales et surtout les récits recueillis depuis
plusieurs années par Renée Thouanel auprès
des Jacquolandins contemporains de cette période : plus d’une centaine de témoins !
Enfin, avec les « Lieux de mémoire », ce
numéro évoque les principaux sites de la commune concernés par la guerre. Le plus tristement célèbre est celui de la Maltière. Mais il
y en eut bien d’autres très importants : l’aérodrome, le Bourg, le Haut-Bois, les camps de
la Marne et de Verdun…
Nous n’avons pu, bien entendu, citer tous
les témoignages ni traiter tous les aspects de
la Deuxième Guerre mondiale à Saint-Jacques.
Mais nous aurons l’occasion d’y revenir. Dans
l’évocation de ces années de guerre, ce numéro
spécial a cherché à en donner la description la
plus fidèle possible, une vue historiquement
correcte sans être humainement désincarnée.
Et comme le dit la formule classique d’avertissement des productions ciné-matographiques et autres à substrat historique : « toute
ressemblance avec des situations actuelles est
fortuite » .
Auguste Charlou
SAINT-JACQUES DE LA VEILLE DE LA 2 e GUERRE
MONDIALE À LA LIBÉRATION
SAINT-JACQUES EN 1939
A
u début du mois de
septembre 1939, SaintJacques avait conservé
son double visage traditionnel
de commune à la fois agricole et résidentielle. Mais les
années 30 avaient accentué son
éclatement et renforcé l’emprise militaire.
Une commune agricole et
résidentielle
L’agriculture y tenait une
place qu’on a peine à imaginer
aujourd’hui. On y dénombrait une bonne cinquantaine
d’exploitations, parmi lesquelles de « belles fermes »
comme celle de la Gautrais,
tenue par les Delabouëre ou
celle du Haut-Bois, tenue
par les Guédard. Près des
deux-tiers du territoire étaient
cultivés en céréales, plantes
fourragères,
légumes…ou
occupés par des prairies. Les
fermes employaient plusieurs
centaines de travailleurs, parmi
lesquels nombre d’ouvriers
agricoles et des « patous », les
enfants qui y passaient leurs
vacances scolaires à garder
les vaches et autres tâches
annexes. Ce n’est pas tout à
fait par hasard que le maire de
Saint-Jacques en 1939, et ce
depuis 14 ans, était un agriculteur : Francisque Daniel, qui
tenait la ferme de Mi-Voie.
Saint-Jacques était aussi une
commune résidentielle pour
des notables urbains, rennais
ou autres, qui y possédaient
des maisons d’une dimension
4
et d’un confort bien supérieurs
aux habitations ordinaires.
La majorité de ces maisons
bourgeoises était appelée
pompeusement
« manoir »,
à l’exemple du Manoir du
Bourg, (la Rivière, la Buhotière, Maloré…) ou même,
dans le cas de la Pérelle, du
Pèlerinage, de la Reuzerais
et bien sûr du Haut-Bois, du
qualificatif de « château » !
Une commune éclatée
Ce caractère éclaté découlait d’abord de sa ruralité.
En effet, selon les critères du
recensement de 1936, plus de
4 habitants sur 5 vivaient dans
des «villages et des hameaux».
C’est dire combien l’habitat
était dispersé sur les 12 km2 de
son territoire. Même au Bourg
ou dans un quartier en voie
d’urbanisation comme celui
du Pigeon Blanc, il y avait
des exploitations maraîchères
comme celle des Lanoë, des
fermes avec leurs bâtiments
d’habitation et d’exploitation,
leurs champs : la Croix Verte,
la Rablais, le Temple de
Blosne…
L’éclatement de la commune
tenait aussi au tronçonnement
de son territoire par les routes
nationales de Nantes et de
Redon, mais surtout par la voie
ferrée. A défaut de passerelle,
de pont ou de tunnel, comme
aujourd’hui, il y avait des
passages à niveau, à la
Rablais, au Petit Haut-Bois, à
la Calvenais et à proximité de
la Rivière.
Mais l’éclatement de la
commune venait surtout du
renforcement du second pôle
de concentration de la population, celui de l’ex-Faubourg
de Nantes, désormais appelé
le Pigeon Blanc. C’est lui qui
avait été le principal bénéficiaire du doublement de la
population durant l’entre-deuxguerres. Le signe le plus révélateur de la forte croissance de
ce pôle était l’existence depuis
le début des années 30, d’une
école publique, école qu’il
avait fallu agrandir en 1935 !
L’emprise militaire
renforcée
Cette emprise, qui remontait au moins au début du
XIXe siècle, était déjà loin
d’être négligeable à SaintJacques avant les années 30 :
la Courrouze et le Polygone,
le camp de Verdun et celui de
la Marne. Durant la décennie
précédant la guerre, elle s’accrut encore par une création et
des extensions.
La création, c’était celle
d’un camp d’aviation à proximité du Bourg. Les extensions
concernaient le Polygone et ce
terrain d’aviation. La première
avait entraîné les démolitions
de l’antique château de la
Maltière et de la ferme du
Bois-Teilleul. La seconde,
qui datait de 1935, avait porté
à plus de 100 hectares l’emprise de l’aérodrome. Or cet
aérodrome n’avait qu’un trafic
SAINT-JACQUES DE LA VEILLE DE LA 2 e GUERRE
MONDIALE À LA LIBÉRATION
Place de la Mairie,
à la veille de la 2nde Guerre Mondiale
commercial dérisoire. C’était
surtout une installation militaire supplémentaire !
Une commune en mutation
Au moment où commence
la Seconde Guerre mondiale,
Saint-Jacques était donc en
pleine mutation. Sa population
avait dépassé 2 000 habitants
au recensement de 1936. A
côté de l’agriculture traditionnelle, se développaient des
activités liées à la proximité
de la grande ville, de celle des
installations militaires et de
l’Atelier Rennais ou Arsenal.
Le Bourg n’était pas resté à
l’écart de ces transformations.
Il y avait plusieurs commerces
et ateliers : élevage de volailles
et de lapins Hélianthis de
Beucherie, restaurant Gauthier,
boulangerie Piel, menuiserie
Demeuré… et même un photographe ! Le long de la route
de Redon qui le traversait
alors, de nouvelles maisons,
avaient été construites grâce à
la loi Loucheur. Elles étaient
modestes, mais elles aussi
témoignaient de l’essor de la
commune.
Enfin, avec ses environs
(Cours-Jouault, Pas-Hubert,
Rivière, Gautrais, Calvenais)
le Bourg regroupait 40% de
la population ! Et il avait fière
allure, avec son école-mairie et
tout à proximité, le château du
Pèlerinage et son grand parc,
quelques fermes encore, une
gare, une belle Avenue bordée
d’arbres partant de la route de
Redon vers la Calvenais, son
antique Manoir et enfin son
église encore pourvue de son
clocher.
A.C.
SAINT-JACQUES DE LA VEILLE DE LA 2 e GUERRE
MONDIALE À LA LIBÉRATION
REPÈRES ET PHASES DE L’HISTOIRE DE SAINT-JACQUES PENDANT LA
DEUXIÈME GUERRE
A défaut de pouvoir présenter un récit étoffé et continu de ces années de guerre, voici un tableau
comparatif de repères chronologiques et un résumé des faits majeurs survenus à Saint-Jacques durant
chacun des trois temps classiques de la Deuxième Guerre mondiale.
Repères chronologiques
FRANCE
RENNES
SAINT-JACQUES
1939
Entrée en guerre
1940
10 mai : offensive allemande.
22 juin : armistice.
10 juillet : pleins pouvoirs à
Pétain.
24 octobre : Montoire.
17 juin : Bombardement
allemand sur la plaine de Baud.
18 juin : Le drapeau à croix
gammée sur l’Hôtel de Ville
18 juin au soir : occupation du camp
d’aviation
21 juin : occupation du presbytère, de
l’école Saint-Luc et des plus belles
maisons du Bourg.
Juillet-août : réquisition de maisons,
de locaux et de terrains.
1941
Sept-octobre : exécution
d’otages à Paris, puis
Châteaubriant, Nantes. …
17 juin : le Préfet interdit la
manifestation en mémoire des
victimes du bombardement de la
plaine de Baud.
17 avril : décision allemande
d’extension du camp d’aviation.
26 mai : ordonnance d’expulsion du
Tribunal civil.
21 juin : démolitions au Bourg.
1942
Avril : retour de Laval au
pouvoir.
Juin : la « Relève »
Juillet : rafle du Vel’ d’Hiv.
Novembre : invasion de la
zone libre.
Avril : attentat contre Doriot au
théâtre municipal.
15 décembre : début du « Procès
des Trente » pour « actes
terroristes » devant le tribunal
allemand. »;
9 février : le Conseil municipal
accepte l’indemnité d’expropriation
de la mairie-école démolie en mai
1941. (304 459 F.)
30 décembre : exécution à la
Maltière, de 25 condamnés du
« Procès des Trente »
1943
Janvier : création de la milice.
Février : institution par la loi
du S.T.O. pour les garçons âgés
de 21 à 23 ans.
Mai : création du C.N.R.
(Conseil National de la
Résistance).
Janvier : indemnisations pour les
classes installées à la Teillais, Bon
mi-février : premier
bombardement allié sur la ville. Espoir, la Rablais et au Petit
8 mars- 29 mai: bombardements Laurier et pour la Mairie chez
Croyal.
très meurtriers
( respectivement plus de 300 et Des Jacquolandins sont envoyés au
STO, d’autres se cachent pour ne pas
220 morts.)
partir.
1944
5-6 juin : réunion de généraux
allemands à la caserne du
6 juin : débarquement en
Colombier.
Normandie.
31 juillet- 4 août : 6 000 obus
13-25 août : libération de Paris.
sur Rennes.
4 août : Rennes libéré.
7-8mai : bombardements anglais sur
Saint-Jacques et Bruz.
30 juin : 14 résistants exécutés à la
Maltière.
Nuit du 2-3 août : déportation
d’Honoré .Commeureuc, Frédéric
Benoit, Roger Dodin fils.
4 août : Saint-Jacques libéré.
8 mai : capitulation de
l’Allemagne.
Octobre : double référendum
et élections d’une Assemblée
constituante.
29 avril : premier tour des élections
municipales : 10 élus et 6 postes à
pourvoir par un second tour.
19 mai : installation du nouveau
Conseil municipal. Jean Pont élu
Maire..
1945
A partir de septembre, afflux de soldats à Rennes et à Saint-Jacques
Mai : Yves Milon confirmé au
poste de maire. Henri Fréville,
premier adjoint.
SAINT-JACQUES DE LA VEILLE DE LA 2 e GUERRE
MONDIALE À LA LIBÉRATION
Les grandes phases
La périodisation de l’histoire de Saint-Jacques, comme
celle de Rennes et de sa région
(ou celle de la France), peut se
faire autour de deux tournants
majeurs : la défaite de 1940 et
le débarquement des Alliés en
Normandie le 6 juin 1944.
du Nord de la France, les Allemands, après s’être emparé de
Rennes le 18 juin, s’empressent
d’occuper le soir-même le camp
d’aviation, le presbytère et les
autres plus belles demeures de
Saint-Jacques.
l’aterrissage de leurs avions. A
partir de février 1943, SaintJacques subit les bombardements alliés qui visent avant
tout le site stratégique que
constitue le camp d’aviation.
• La « drôle de guerre »
Cette première phase est
marquée
à
Saint-Jacques
par l’afflux de mobilisés qui
s’ajoutent aux troupes habituelles et aux réfugiés espagnols fuyant la victoire franquiste. En plus, Saint-Jacques
reçoit des troupes alliées : 80 à
90 aviateurs polonais et surtout
des Anglais. Ces derniers
restent à Saint-Jacques jusqu’à
la veille de l’arrivée des Allemands. Ils aménagent une
voie ferrée entre l’aéroport
et la ligne Rennes-Redon
passant par le Pas Hubert et
la Rivière. Ils ont des entrepôts
de carburants et de vivres dans
l’actuel quartier de la Mairie (à
l’emplacement de P.B.I et de
l’ex-Consortium des grandes
Marques).
Les casernements ne suffisent pas et une partie des mobilisés s’entasse dans des fermes
(la. Gautrais, Chancors…).
Selon le livre de paroisse de
l’abbé Vallais, plus de 6000
hommes viennent grossir la
garnison de Saint-Jacques.
• De l’arrivée des Allemands au
débarquement
A peine 5 semaines après le
début de l’offensive allemande
sur les frontières du Nord-Est et
Occupation allemande
L’occupant organise son
administration, s’installe dans
les maisons, les fermes… Il
rebaptise des rues au Bourg
en leur donnant des noms
allemands : la route de Redon
qui traverse le bourg sera la
Haupstrasse, la rue de l’église
sera la Sedanstrasse et la rue
de la Pommerais actuelle sera
la Reimstrasse,. Il construit
des blockhaus, installe des
batteries de D.C.A., recrute
de la main-d’œuvre … Durant
quatre années, les habitants de
la commune, dont une partie a
dû fuir, subissent leur présence,
leur contrôle, leurs exigences,
réquisitions et exactions. La
pénurie est générale.
Occupation allemande
En juin 1941, pour agrandir
le camp d’aviation, une trentaine de maisons du Bourg sont
démolies, avec des apparences
de légalité. Le clocher de
l’église est abattu car il gênait
Juin 1941, démolition d’une partie du
bourg par les Allemands pour agrandir l’aéroport
• La libération et la fin de la
guerre
La dernière phase de la
guerre pour Saint-Jacques
commence avec le débarquement en Normandie du 6 juin
1944. Les bombardements
s’intensifient. Saint-Jacques est
aussi touché par les bombes qui
firent, dans la nuit du 7 au 8 mai
1944, un abominable carnage
(près de 200 morts !) dans la
commune voisine de Bruz.
La libération de SaintJacques intervient, le 4 août,
le même jour que celle de
Rennes.
Mais la guerre se poursuit
encore pendant plusieurs mois.
L’aéroport de Saint-Jacques,
réparé par les Américains, leur
sert de base pour bombarder
Brest et Saint-Malo et les
poches de Lorient et SaintNazaire, presque jusqu’à
la capitulation allemande.
Pendant ces mois de fin de
guerre, la commune accueille
prisonniers et réfugiés, recense
ses dommages, aménage des
logements de fortune.
A.C.
SAINT-JACQUES DE LA VEILLE DE LA 2 e GUERRE
MONDIALE À LA LIBÉRATION
SAINT-JACQUES À LA FIN DE LA DEUXIÈME GUERRE
D
ans la première décade
du mois de mai 1945,
au moment où la
guerre mondiale s’achève en
Europe, enfin, les citoyens de
Saint-Jacques participent à la
première élection depuis près
de 10 ans pour les hommes et
les femmes, pour la première
fois de leur vie. Il s’agit de
désigner les 16 membres du
conseil municipal. Le premier
tour a lieu le 29 avril 1945.
Le procès-verbal des résultats
du second tour ne sera signé
que le 16 mai. Entre temps,
l’Allemagne a capitulé et la
guerre commencée depuis près
de 5 ans est finie en Europe.
Concernée directement par
la guerre jusqu’à l’extrême
fin des opérations militaires
et même au-delà, du fait de
son aéroport et de ses camps
de prisonniers, la commune
ne peut encore que constater
l’ampleur des dégâts, du recul
démographique et des problèmes de ravitaillement et de
reconstruction.
Des prisonniers
par milliers !
Les prisonniers : c’étaient
désormais des milliers de
soldats allemands ! Ou plus
exactement de P.G.A. (Prisonniers de Guerre de l’Axe). Car
à ces soldats s’ajoutaient des
civils allemands, des hommes
enrôlés dans des régions et
pays annexés ou alliés : Alsaciens, Italiens, Tchécoslovaques, Russes, Mongols… Plus
de 100000 dans la 11e Région
militaire, celle de Rennes,
répartis en onze camps dont
deux dans la région rennaise :
le camp 1101, route de Lorient
et le camp 1102 situé à SaintJacques.
Ce camp 1102 n’était autre
que le camp de la Marne où,
durant toute l’Occupation,
avaient été retenus les prisonniers de guerre de l’armée
française (surtout des « coloniaux »). Les P.G.A. étaient
encore sous la garde exclusive
des Américains dont le gros
des troupes avait pourtant
quitté Saint-Jacques dès la fin
septembre 1944. Le camp 1102
était tellement bondé qu’il avait
fallu établir des annexes à la
Ville en Pierre et à la Basse
Chevrolais.
Ces prisonniers n’étaient
pas encore utilisés comme
main-d’œuvre pour les besoins
de la reconstruction. Seules
quelques dizaines d’entre eux
avaient été confiées à la Marine
ou à l’Aviation françaises pour
déminer, avec les baïonnettes
que les Américains leur avaient
restituées. Les P.G.A, parqués
dans le camp de la Marne
et ses annexes, vivaient dans
des conditions d’alimentation
et d’hygiène extrêmement
précaires. Les Américains ne
transmettront leur garde aux
Français que le 20 juin 1945, ne
laissant après eux qu’un minimum de matériel et 15 jours de
vivres.
Une commune sinistrée
En ce début de mai 1945,
la commune conservait encore
tous les stigmates de la période
de l’Occupation. Les pénuries
et les privations persistaient,
en particulier en matière de
logements. Aux 31 maisons
démolies au Bourg en 1941
s’ajoutaient 50 immeubles
sinistrés d’avril à juillet 1944,
partiellement ou plus souvent
encore, totalement détruits. Le
recensement de 1946 constatera
un recul de plus de 13% de la
population : 1802 habitants
contre 2080 au recensement
précédent de 1936 !
Et en mai 1945, la population devait être encore sensiblement inférieure à ce chiffre,
car les habitants qui avaient été
contraints de quitter la commune pendant la guerre n’étaient
pas tous rentrés. De plus, à cette
date, les prisonniers et déportés
du travail n’étaient pas, eux non
plus, de retour à Saint-Jacques.
Selon une statistique du
20 juillet 1945, 427 personnes
avaient quitté Saint-Jacques
durant la guerre, soit plus de
1 sur 5. Au Bourg et dans les
environs, sur 829 personnes, il
n’en restait que 402 : à peine un
habitant sur deux !
Une élection à surprises
Les dernières élections
municipales avaient eu lieu en
1935. A Saint-Jacques, comme
dans bien d’autres communes
rurales, les autorités de Vichy
TÉMOIGNAGES ET DOCUMENTS
s’étaient contentées de maintenir le maire dans ses fonctions,
malgré sa coloration politique.
Ce maire, Francisque Daniel,
se représentait
en 1945, à côté
d’une
bonne
trentaine d’autres candidats,
pour 16 postes à pourvoir. La
première surprise de ce scrutin
uninominal auquel les femmes
participaient pour la première
fois de leur existence, vint,
plus que du ballottage, du fait
que parmi les candidats qui ne
furent pas élus au premier tour
figurait le maire Francisque
Daniel ! Il lui avait manqué une
pincée de voix .
Le deuxième tour du 6 mai
1945 fut marqué par d’autres
surprises : l’élection de la seule
candidate en lice au premier
comme au deuxième tour et
l’échec de Francisque Daniel,
maire de Saint-Jacques depuis
1925.
Nous ne manquerons pas de
revenir, dans un prochain numéro, sur cette élection qui clôture l’histoire de Saint-Jacques
pendant la Deuxième Guerre
mondiale.
Au lendemain de ces élections, il restait à désigner le
maire par le conseil municipal.
Il restait surtout à effacer les
traces de la guerre, à dédommager les sinistrés, à reconstruire
les habitations et en particulier
celles du Bourg, à remettre en
bonne marche l’économie pour
subvenir d’abord au ravitaillement qui, avec le logement,
devait être pendant plusieurs
années encore, la préoccupation majeure de la majorité de
la population de Saint-Jacques.
A.C.
L
a deuxième partie de ce numéro spécial est constituée
essentiellement d’extraits de documents cités des archives municipales ou des notes du recteur de Saint-Jacques,
l’abbé Vallais, dans le Livre de Paroisse. Mais la source essentielle en est plus encore la quantité impressionnante de témoignages recueillis par Renée Thouanel auprès de plusieurs dizaines de
Jacquolandins ayant connu cette époque.
Chacun de ces récits présente un grand intérêt. Mais il a fallu
faire une sélection. Que ceux qui ont participé à ce travail de
mémoire et ne re-trouvent pas leurs témoignages cités nous en
excusent.
Dans la masse de documents et de témoignages, nous avons
sélectionné ceux qui nous ont paru le mieux illustrer les thèmes
principaux retenus : la vie quotidienne sous l’Occupation, les
grands évènements de l’histoire de la commune pendant la guerre,
les bombardements et la Résistance. Cette deuxième partie est
clôturée par quelques témoignages complémentaires, dont les
plus récents recueillis : ceux de résidents actuels du Foyer de la
Rablais.
SAINT-JACQUES À L’HEURE
ALLEMANDE
C
ette « heure allemande » dura du 18 juin
1940 au 4 août 1944 :
plus de 1 500 jours, soit plus
de 36 000 heures ! Grâce aux
archives et plus encore aux
témoignages des Jacquolandins,
nous pouvons évoquer divers
aspects de la vie quotidienne
de la commune durant ces
« années noires » où l’occupant
régna en maître, théoriquement
absolu, sur tout le territoire de
la commune et tous ses habitants. Pour donner une idée de
la manière dont fut vécue cette
étrange cohabitation forcée, il
convient de voir les deux faces
de Saint-Jacques à l’heure allemande : celle des occupants et
celle des assujettis.
Les occupants
• Des Allemands omniprésents
Ils sont présents sur tout le
territoire communal : au camp
d’aviation et autres installations
militaires, au Bourg et dans ses
environs immédiats. Ils sont
aussi au Pigeon Blanc, dans
les « châteaux » (la Pérelle, la
Piblais, la Reuzerais...). Un
peu partout des barbelés, des
guérites et sentinelles, des miradors, des batteries de D.C.A.,
des dépôts et même, près du
Haut-Bois, une ferme modèle !
Le poste de commandement est
la Kommandantur.
« … Il y avait un bureau
de la Kommandantur dans
une baraque rue Jules Vallès,
TÉMOIGNAGES ET DOCUMENTS
côté militaire, entre la maison
Vannier et la maison du boulanger Piel. Près de la météo, où il
y a une cabine télé-phonique,
il y avait une guérite avec un
garde allemand à qui il fallait
montrer ses papiers chaque
fois qu’on passait. L’emprise
du terrain militaire était plus
grande ; elle allait jusque chez
Martiniault, 13, rue Louis
Rossel. A la place de son
jardin, il y avait une pièce de
D.C.A. Le socle en béton est
resté dans la terre. A la place
du parc du Cours Jouault, il y
avait plusieurs guérites pour la
surveillance du camp ».
Témoignages de Félix
Martiniault et Roger Dodin
Occupation allemande
• Un comportement correct ?
Arrivés pratiquement sans
opposition, leur comportement
fut à ses débuts très correct,
conformément à la ligne générale de la politique initiale
d’occupation. Mme Vilboux,
qui tenait la boucherie de la
rue de Nantes, déclare que
les Allemands « laissaient [ses
clients] tranquilles » et que
« au début, quand ils sont arrivés, ils ont tout acheté dans la
boucherie, mais corrects ».
Plusieurs témoignages indiquent qu’un tel comportement
s’est prolongé durant toute la
période. « On a vécu l’occupation avec les Allemands, là,
dans nos champs, partout. Mais
on ne peut pas dire, ils ont été
corrects. Je veux parler des gars
qui étaient chez nous… » (M.
Delabouëre qui tenait la ferme
de la Gautrais).
Ce même témoin note
encore, à propos des services
qu’exigeaient les Allemands :
« On n’avait pas grand mal. On
chargeait là, on allait décharger
un peu plus loin. On était payé
correctement ». Il raconte encore que lors de l’évacuation de la
ferme de la Gautrais en mai 44,
ses parents eurent la surprise à
leur retour de trouver « sur le
coin du buffet l’argent correspondant à ce qu’ils avaient bu
comme cidre. Ils n’avaient rien
cassé, rien emporté ».
Pour autant, il ne faudrait
pas s’imaginer que l’occupant eut un comportement
sans reproche autre que celui
d’avoir été l’occupant. En plus
des réquisitions de maisons et
de terrains, des démolitions
de mai-juin 1941, il y eut
d’autres expulsions, des saccages comme celui des arbres du
Haut-Bois ou de maisons (mise
à feu du château et de la ferme
de la Pérelle, de la ferme de la
Haie des Cognets, minage de la
poudrière de la Courrouze…).
Mise à feu du Château de la Pérelle
par Les Allemands, en 1941
Leur arrivée suscitait la
peur d’une perquisition ou
d’une arrestation comme le
montre le témoignage de Mme
Goupil, rue du Temple de
Blosne : « Pendant la guerre,
il y avait toujours des soldats
allemands qui passaient par là
; on allait souvent coucher dans
les champs, avec nos couvertures, dans un fossé parce qu’on
avait peur des rafles…On avait
ordre de laisser nos maisons
ouvertes… Mon mari se cachait
pour ne pas partir au S.T.O. A
Paris, il s’est échappé. Il est
revenu. Il se cachait dans l’atelier à son père... Quelquefois, il
y avait des types de la Gestapo
qui venaient et demandaient de
ses nouvelles. Sa mère disait
toujours : vous êtes venu le
chercher, il est parti. On n’a pas
de ses nouvelles ».
Occupation allemande
• Un occupant à deux visages
Le témoignage de Mme
Biheul, qui habitait la Pérelle,
illustre les deux visages de
l’occupant : « On n’a jamais eu
d’ennuis avec les Allemands,
au contraire, ils nous ont bien
arrangé parce que pour l’eau,
il fallait qu’on aille la chercher
dans un puits au milieu de la
ferme. Eux, ils ont mis un tuyau
avec un robinet au bout du
château. Comme nous, on était
en face, ils nous ont dit : vous
prendrez l’eau là. Ils n’étaient
pas mauvais. C’était surtout
TÉMOIGNAGES ET DOCUMENTS
des vieux qui étaient à la
cuisine. Quelquefois, pendant
une quinzaine de jours, on a
eu des S.S., c’était pas marrant.
Ils n’ont pas été là longtemps,
mais le temps qu’ils ont été là,
ils ont volé du beurre, de l’apéritif dans le café de Babelouse.
Ils ont été punis, par les Allemands eux-mêmes… ».
Ces S.S. représentent le
visage le plus hideux de l’occupant : celui des voleurs, des
noceurs, des brutes. Madame
Roche, fille du tailleur Dalibot,
indique que « avant de démolir
le château du Pèlerinage, les
Allemands y ont fait beaucoup
de fêtes ». Les brutes étaient
ceux qui faisaient le plus peur.
C’étaient, outre les S.S, ceux
de la Gestapo, et les gendarmes
ou « Feldwebels avec leurs
colliers à vaches » dont parle
M. Lecointre… et d’une façon
générale, les chefs.
Le témoignage de Mme
Clément porte aussi sur les
pratiques brutales de l’occupant : « Mon père a toujours
fait des pigeons voyageurs. Ils
étaient déclarés en mairie, mais
vous savez que pendant la guerre, c’était interdit, les pigeons
voyageurs… Les Allemands
sont venus très souvent chez
nous avec leurs grands colliers
et leurs chiens policiers… [ils]
sont allés voir ma mère : Vous
avez des pigeons voyageurs.
Ma mère a dit : oui, mais je
ne sais pas si ce sont des voyageurs. Ils ont vérifié. Ils ont
dit : vous, colombophile, mais
nous aussi ! Ils sont revenus
quand mon père était là. Ils ont
dit : donnez-nous vos pigeons !
Heureusement, il y avait un
mélange avec des communs.
Ils ont trouvé 8 pigeons voya-
geurs. Mon père a été condamné à 2 jours de prison à Jacques
Cartier par pigeon. Il a fait
16 jours. Il est ressorti. Deux
jours après, il y avait un départ
pour l’Allemagne, il a eu de la
chance. C’était l’année de ma
communion. Je suis allée voir
mon père en communiante. Ma
mère est tombée sans connaissance. C’est des choses qui
marquent. Mon père ne s’est
jamais servi de ses pigeons
pendant la guerre, mais c’était
toute sa vie ».
taire et de guerre et trouvant la
maison familiale rasée. Quand
il lui déclara, en lui mettant
la main sur l’épaule : « Gross
malheur la guerre ! », vraisemblablement, sa compassion
n’était pas feinte.
Mme Diraison, née Galbrun,
dont les parents avaient dû
quitter en 1938 la ferme du
Pignon Blanc, près de la Pitardière, pour celle de la Telhais,
en Chartres, mais tout près du
Bourg de Saint-Jacques, en
donne un autre exemple.
Une des traces de l’emprise allemande sur la commune : à gauche de la baraque, figure un numéro peint par les Allemands.
Cependant, beaucoup de
témoignages, autres que celui
de Mme Biheul cité plus haut,
notent qu’il y avait aussi des
Allemands d’un type bien
différent. M. Delabouëre déclare à ce sujet : « Avec la troupe,
on n’a jamais eu d’histoire,
même si ça changeait souvent
d’équipe ». Parmi ces Allemands « corrects », il y avait
même des chefs ! Exemple,
celui de la Kommandantur qui
accueillit Louis Demeuré en
1942, de retour au Bourg de
Saint-Jacques « après 3 ans et
47 jours » d’absence forcée
pour cause de service mili-
« J’étais allée à la Kommandantur avec mon père parce que
ma mère avait été menacée par
un Allemand avec sa baïonnette. Le chef avait dit que si ça
se reproduisait, il fallait le leur
dire. Les Allemands étaient
punis dans ce cas-là. Un de ces
chefs de la Kommandantur à
Saint-Jacques était bien vu par
les gens parce qu’il a empêché
beaucoup de jeunes de partir en
Allemagne. Il s’appelait Glad
ou Glane. Il s’est fait tuer à
Bout de Lande. Je pense que
c’est un autre qui l’a tué parce
que lui, il se serait rendu. Les
gens l’estimaient bien mais,
TÉMOIGNAGES ET DOCUMENTS
malgré tout, ils se moquaient
de lui parce qu’il parlait mal
le français. Il n’était pas très
jeune ».
Benoît, Yves Lemoigne et les
résistants, Roger Dodin père,
Honoré Commeurec.
Les assujettis
Ces assujettis, c’est la
population de Saint-Jacques
qui s’est retrouvée sous la botte
de l’Occupant. Ils forment un
ensemble très hétérogène, du
fait surtout de la grande diversité des conditions de vie des
différentes catégories qui le
composent. En effet, dans cet
en-semble, on trouve, outre
les prisonniers des camps
de la Marne et de la BasseChevrolais, les réquisitionnés,
les expulsés, les menacés par
le S.T.O., les fermiers, les
ouvriers, les femmes…et, à ne
pas oublier, les absents !
• Les absents !
Ce sont d’abord les prisonniers en Allemagne. Ainsi, le
futur maire de Saint-Jacques,
René Vilboux, jeune marié de
1939, mobilisé puis prisonnier.
Sa femme dut tenir la boucherie
de la rue de Nantes, pendant
toute la guerre, seule avec un
ouvrier ! Et vraisemblablement, ce ne fut pas le seul cas
de ce genre.
Ces prisonniers ne sont pas
oubliés. Des chorales chantent
pour eux dans les kermesses.
On organise des expéditions de
colis.
« On tuait un cochon, un
tous les mois. Des cochons
de 150 à 180 kilos Plus de la
moitié partait dans les colis
pour les prisonniers. On faisait
beaucoup de rillettes et on
faisait fumer la saucisse. Les
Une des traces de l’emprise allemande sur la commune : noms de rues et de
quartiers donnés par les Allemands, Archives Municipales de St-Jacques.
femmes venaient en chercher
pour envoyer à leur mari parce
que ça se conservait bien ». (M.
Delabouëre)
Aux prisonniers de guerre,
qui restèrent souvent plus de
5 ans en Allemagne, il faut
ajouter ceux qui durent quitter
la commune pour échapper au
S.T.O comme le mari de Mme
Goupil qui dut partir un temps
à Paris ou René Lepêcheur qui,
menacé par le S.T.O en 1943,
gagna Goven pour y travailler
dans les fer-mes. Sans omettre les malheureux qui furent
déportés comme Frédéric
• Les menacés
Il s’agit de ceux qui restèrent
sur le territoire de la commune
mais y vécurent sous la menace
d’une perquisition, d’une arrestation, d’une déportation, d’une
exécution.
Une anecdote racontée par
M. Delabouëre illustre bien la
peur de la répression, même en
dehors de tout acte délictueux
ou de résistance.
« On était au terrain de la
Rivière ; il y avait un petit
étang là. Les Allemands nous
avaient fait abattre un arbre. Il
TÉMOIGNAGES ET DOCUMENTS
les gênait il faut croire. Mais
il est tombé dans la mare. On
a voulu le remonter avec des
palans…Tout d’un coup, ça a
lâché d’un coup sec et voilà la
ligne qui venait de la D.C.A.
des Ormeaux qui casse. Les
fils sont tombés. Tu sais qu’on
est allé les prévenir vite fait. Ils
nous ont dit : c’est très bien ! il
ne va pas y avoir de représailles.
Sinon, toute la population du
Bourg pouvait y passer ».
Mais les plus menacés, en
dehors des résistants, étaient
les jeunes susceptibles d’être
soumis au S.T.O. Nous ne
pouvons savoir combien d’habitants de la commune n’y
purent échapper, mais Mme
Delabouëre rapporte un exemple étonnant sur la manière
dont un habitant du Bourg put
éviter de très peu le départ pour
l’Allemagne.
« Les Allemands avaient
amené tout un groupe d’hommes pour les envoyer en
Allemagne… Il y avait bien
une centaine d’hommes qui
partaient pour le S.T.O. Je dis
à Maman : « il y a un monsieur
que je connais ! » Elle regarde.
C’était Emile Grégoire dont les
parents habitaient au coin où
est la rue Louis Rossel maintenant. Maman va le voir et lui
dit : qu’est ce que vous faites là
Emile ? Ben, ma pauvre dame !
Je vais partir en Allemagne. Je
n’y peux rien. Maman lui dit :
ne restez pas là. Moi je vais
occuper les Allemands. Rentrez
chez vous ! C’est ce qu’il a
fait. Elle a discuté avec les
Allemands, je ne sais ce qu’elle
leur a dit. Emile est parti par la
rue de la Pommerais avec son
ballot sur le dos. Il se retournait
de temps en temps… Mais le
pauvre Emile était tout près de
chez lui. Après, il est resté là. Il
a même dû travailler au camp.
Personne ne lui a rien dit ».
D’autres
Jacquolandins
purent échapper au S.T.O., tout
en restant à Saint-Jacques, en
se faisant embaucher dans les
entreprises travaillant au camp
et d’une façon générale dans
l’organisation Todt. Le moyen
le plus original fut probablement celui de Raymond Croyal,
du Pigeon Blanc.
« Quand j’ai réussi à me
faire réformer de l’armée en
1942, je suis revenu à SaintJacques et j’ai repris les courses
de vélo. En 43, j’étais désigné
pour partir au S.T.O. Je n’ai
pas répondu. Je suis passé
coureur cycliste professionnel.
Avec cette carte, on pouvait
passer partout. Les Allemands regardaient la photo, la
date. Raoust ! Les gendarmes
venaient faire un tour au magasin de mon père, il était maréchal-ferrant et réparateur de
machines agricoles. Il n’est pas
là Raymond ? Oh non ! disait
mon père. Je ne sais pas où il
est encore parti ! Il ne fallait
pas que je reste à la maison ».
• Les expulsés et réfugiés
Ce sont tous ceux qui furent
contraints de quitter leur domicile pour cause de réquisitions,
de démolitions en 1940 et
1941 ou des bombardements,
surtout ceux de 1944. Voici
deux témoignages illustrant la
diversité des situations de ces
personnes déplacées.
Mme Durand : « Moi, j’habitais à la Gaieté, 2 maisons
après Dodin…Mes parents ont
été mis à la porte de chez eux…
Ils vivaient dans un wagon à
côté et les Allemands vivaient
dans leurs maisons. Les
Boches, c’étaient des femmes
ou des couples qui vivaient
dans nos meubles… »
Elise Guédard : « On est
resté durant toute la guerre
sauf, à la fin, quand ça bombardait tant ( d’avril à août 1944).
Les copains disaient à Papa :
Tu vas rester à te faire tuer avec
toute ta famille. Il répondait :
Mais où voulez-vous que j’aille
avec toutes mes bêtes ?
C’est le fermier de
Bréquigny [Bouget] qui lui a
dit : viens chez moi, j’ai de
la place. On a emmené notre
bétail, une vingtaine de vaches
et on y est resté environ deux
mois… On n’avait pas le droit
de revenir chez nous. C’était
la période des récoltes… Les
Allemands avaient coupé une
partie de nos récoltes et à
d’autres fermiers aussi ».
• Les fournisseurs
Malgré leur ferme modèle
et l’utilisation des prisonniers,
les occupants avaient absolument besoin de recourir à des
fournisseurs de denrées pour
leur ravitaillement et de main
d’œuvre pour leurs travaux et
même pour leurs plaisirs!
Pour le premier de leurs
besoins, nous avons privilégié
le témoignage d’Elise Guédard
qui fait bien comprendre que la
fourniture de denrées à l’occupant n’a rien à voir avec la
collaboration. « Certains Allemands venaient à la maison. On
était tenu de leur fournir du lait
et certaines denrées (je ne sais
plus quoi) mais comme mon
père livrait du lait à Rennes, il
TÉMOIGNAGES ET DOCUMENTS
Indemnités suite aux réquisitions, Archives Municipales de St-Jacques.
est allé voir le maire, M. Daniel.
Il lui a dit : Moi je ne peux pas
leur livrer tout mon lait et laisser mes clients à Rennes. J’ai
des enfants… Alors la mairie
a décidé que chaque fermier
devrait livrer un peu de lait.
Donc, chaque jour, les fermiers
apportaient leur bidon de lait.
Je vois encore M. Benoît (le
père de Frédéric Benoît) arriver
par le bas du camp directement
de la Reuzerais avec son petit
bidon de lait ».
Les fermiers étaient aussi
réquisitionnés pour transporter
divers matériaux : en hiver,
surtout du charbon, en été, du
matériel, du sable, du ciment.
Ils étaient aussi réquisitionnés
pour aider au comblement
des trous creusés sur les pistes
par les bombardements. Mais
la principale source de maind’œuvre où puisait l’occupant,
c’était celle des entreprises qui
travaillaient pour la construction de leurs baraquements du
Haut-Bois et surtout au camp
d’aviation.
M. Dugué, de la rue de la
Pommerais, se rappelle de la
« baraque verte » située près de
la Kommandantur, « où étaient
embauchés tous ceux qui
voulaient travailler au camp ».
M. Delabouëre décrit cette
main-d’œuvre en ces termes :
« Il y avait 3 entreprises :
Eblée ou (Eplée) qui s’occupait surtout de la menuiserie, la
mécanique, tout ça…Il y avait
Ebebrandt qui rebouchait les
trous après les bombardements
sur les pistes. Et aussi Marens
(un Polonais) qui avait fait les
travaux sur l’aéroport avant la
guerre. Cela faisait du monde à
travailler dans ces entreprises…
Les ouvriers qui travaillaient
dans les entreprises venaient de
Rennes, Chartres, Chavagne…
Certains venaient à vélo. Il y
avait deux trains qui amenaient
les ouvriers tous les matins.
On les voyait arriver de la gare
de Saint-Jacques. L’avenue
(boulevard Eugène Pottier)
était pleine ; elle n’était pas
aussi large que maintenant,
remarquez ! C’étaient des Français, quelques Républicains
espagnols ».
L’occupant recourait aussi à
la main-d’œuvre féminine, en
particulier dans leurs cantines.
Alors que dans le blockhaus
du Haut-Bois travaillaient
« des femmes allemandes,
des femmes militaires…des
souris grises … Aux cuisines,
c’étaient des femmes françaises qui venaient travailler
là, embauchées par les Allemands » (Elise Guédard).
Dans les archives municipales,
nous avons trouvé un document curieux sur les besoins
de l’occupant en main d’œuvre
féminine. Il s’agit de la réponse
de la Préfecture à une demande
d’ouverture d’une « maison de
prostitution à Saint-Jacques
de la Lande ». En date du 16
septembre 1941, le secrétaire
général de la Préfecture informait la demanderesse « que
cette maison étant réservée
TÉMOIGNAGES ET DOCUMENTS
exclusivement à l’Armée allemande, la réglementation instituée par mon arrêté du 15 mars
1941 ne lui est pas applicable à
moins d’instructions spéciales
des Autorités occupantes ».
Nous ignorons le contenu de
cette réglementation de Vichy
en la matière et les éventuelles
« instructions spéciales » des
Allemands. Mais le document
montre un aspect peu souvent
évoqué de ce que fut aussi la
vie quotidienne sous l’Occupation.
Conclusion : D’autres aspects
de cette vie quotidienne, comme
le déplacement des écoles, la
recherche d’abris au moment
des bombardements… auraient
pu être encore évoqués. Pour
s’en tenir à ce que nous avons
abordé, il apparaît que les grandes rigueurs et les drames de
l’Occupation furent atténués à
Saint-Jacques par les particularités de la commune.D’abord,
celle d’être encore agricole,
donc très utile pour le ravitaillement de proximité en lait, cidre,
épicerie…, pour la restauration,
la fourniture de petits moyens
de transport et de main-d’œuvre. Saint-Jacques eut aussi
pour particularité d’avoir eu
pour occupant une majorité de
braves gens, souvent âgés, enrôlés par les nazis pour une guerre
qu’ils n’avaient pas voulue et
dont ils attendaient la fin, relativement heureux d’être à SaintJacques pour ne pas aller au
front effrayant de Russie. Ces
observations ne doivent pas
faire oublier les exactions, les
démo-litions, les déportations,
les tueries de la Maltière qui ne
se limitèrent pas à l’exécution
des 25 Fusillés du sinistre 30
décembre1942.
LES FAITS MAJEURS DE L’HISTOIRE DE SAINTJACQUES PENDANT LA DEUXIÈME GUERRE
MONDIALE RACONTÉS PAR CEUX QUI LES
VÉCURENT
C
et article est constitué d’une sélection de
témoignages évoquant
les grands évènements que
connut Saint-Jacques pendant
la Deuxième Guerre mondiale.
Le récit de l’abbé Vallais a la
particularité d’avoir été rédigé
très peu de temps après les
évènements. Les autres sont
des récits recueillis par Renée
Thouanel. Tous ont en commun
d’émaner de personnes qui
furent les témoins directs des
évènements évoqués.
La mobilisation
Abbé Vallais : « Septembre nous a donné la guerre,
qui nous menaçait comme une
épée de Damoclès depuis un
an surtout. M. l’abbé Logeais,
mon Vicaire, est parti pour
le front avec le 47e R.I. La
garnison de Saint-Jacques a
augmenté considérablement,
6000 hommes. Quelle pagaille !
On en a envoyé dans les camps
voisins : Gaël, Dinard… »
Elise Guédard : « En
septembre 39, quand tous les
réservistes français ont été
rappelés, il n’y avait pas de
place pour les loger, donc, ils
étaient logés dans des fermes.
Il y en avait dans toutes les
fermes de Saint-Jacques. Ils
couchaient souvent dans les
greniers ou dans les granges.
On mettait de la paille sur le sol
et des matelas ou des couvertures dessus. »
L’afflux des réfugiés
M. Delabouëre : « A la
ferme de la Gautrais, on a vu
passer du monde…On a d’abord
eu les Français qui cantonnaient
dans la ferme…Après il y a eu
la débâcle ; on a eu les réfugiés
du Nord, les pauvres vieux. On
a hébergé dans la grange (celle
qui est en dehors de la ferme)
au mois 40 à 50 personnes.
Ils couchaient là une nuit. Le
lendemain matin, Maman leur
a dit : vous n’allez pas partir
comme ça. Elle leur a préparé
un petit déjeuner. Elle a fait du
café autant comme autant…En
souvenir elle leur a donné un
petit mouchoir. Ils sont repartis,
je ne sais où… »
L’arrivée des Allemands
Abbé Vallais : « Le 18 juin,
vers 15 h, l’armée allemande
est arrivée victorieuse sans
opposition ici comme dans les
autres environs de Rennes. Ils
ont occupé le camp d’aviation
dès le 18 au soir, et le presbytère le vendredi 21 courant. »
Maurice Beucherie : « Je
me souviens de l’arrivée des
Allemands à Saint-Jacques.
D’abord une moto avec un
TÉMOIGNAGES ET DOCUMENTS
side-car et d’autres à pied. Ils
sont passés sous les fenêtres
du bureau de mon père. Ils sont
arrivés comme ça sans combat,
sans rien, puisque les Français
et les Anglais. étaient paris et le
peu qui restait, ils n’avaient que
des bâtons pour se battre. »
Elise Guédard : « …
Quand les Allemands sont arrivés en 40, il y a un régiment
de Français qui était resté là,
qui n’avait pas voulu partir. Il
y a eu de la bagarre. Quand les
Français ont vu qu’ils étaient
battus, ils ont jeté toutes leurs
armes dans la mare près de la
route, où c’est remblayé maintenant. Les Français ont été
faits prisonniers. »
Les démolitions de 1941
Ordonnance de Monsieur
le Président du Tribunal civil
de Rennes, en date du 26
mai 1941 : Expropriation des
immeubles bâtis pour l’extension du camp de Saint-Jacques
de la Lande.
…Vu la requête de M. Le
Préfet…vu les décrets-lois
de…1935, vu…l’ordre d’évacuation émanant de l’Autorité
militaire allemande en date du
17 avril 1940…vu la lettre de
M. le Trésorier Payeur Général…, vu la liste des propriétaires expropriés.
Déclarons expropriés immédiatement les terrains et bâtiments situés en la Commune
de Saint-Jacques de la Lande,
dont la prise de possession a
été décidée par l’Autorité allemande le 17 avril …
1°) Liste des propriétaires dont
les maisons ont été démolies :
(23 noms dont Beucherie,
Dufil, Fraleu, Galbrun Pierre,
le Manoir, la Mairie-Ecole,
Fouchard Joseph, La Pilate,
Goupil Victor, 191, rue de
Nantes).
2°) Liste des propriétaires
dont les maisons sont en cours
de démolition : (10 noms
dont Mme Vve Chevrier,
Closel, Chalois Pierre, Cours
Jouault).
Maurice Beucherie : « …
On avait huit jours pour partir.
On a vu un officier allemand
arriver et nous dire : « Monsieur, Madame, gros malheur,
vous partir, nous casser
maison. » C’était un drame
pour tout le monde, mais ça
l’était surtout pour tous ceux
qui avaient construit avec la
loi Loucheur dans les années
30... »
Les fusillés du 30 décembre
1942
Madame Jouan née Lerenard : « Mon père travaillait à
la Courrouze. Il a assisté à la
fusillade des 25 de la Maltière.
Il est revenu en pleurant. Il
disait ; « C’est atroce, j’ai
assisté à tout. J’entendais les
cris Vive la France à chaque
fois qu’il y en avait un qui
tombait. »
Pierre Lefaix : « Une autre
fois… je voulais absolument
aller dans les hangars…Ce
jour-là, je ne pourrai pas
l’oublier. C’était le jour des
25 Fusillés. Je suis ressorti
des hangars. J’ai voulu passer
par devant le cimetière, j’ai pu
passer. Il y avait les cercueils
alignés devant le cimetière et
les Allemands autour. On avait
entendu la fusillade le matin
mais on ne pouvait pas savoir
ce que c’était. .. »
Abbé Vallais : « 25
Fusillés : le 30-12-1942. Le 15
décembre, au Palais de Justice
de Rennes, le tribunal militaire
allemand condamne à mort 19
français pour acte de franctireurs et 6 pour intelligence
avec l’ennemi…[ Suit la liste
nominative des 25 avec pour
chacun, la profession, l’âge et
le domicile.]
Ces condamnés à mort
étaient tous détenus à la Prison
Départementale ; l’Aumônier
…les a tous vus, je le sais de
lui-même. Ces condamnés ont
été exécutés au château de la
Maltière en ruine, adossés à un
mur. Les dames Josse de la Ville
en Pierre les voyaient descendre des camions par groupe de
4 ou 5, mais ne les voyaient pas
tomber sous les balles, comme
elles avaient vu passer devant
leur maison les 2 camions des
condamnés, suivis d’une voiture de policiers français avec
un aumônier et une voiture
d’officiers et de policiers allemands : ils furent mis en bière
par les noirs prisonniers des
Allemands et conduits aussitôt
au cimetière de Saint-Jacques.
Le sang coulait de certaines
bières m’ont dit ces voisines.
2 fosses communes les attendaient : 12 furent déposés dans
la fosse à gauche de l’entrée et
parallèle à la route et 13 dans la
fosse au fond du cimetière, côté
sud-est. »
TÉMOIGNAGES ET DOCUMENTS
Le départ des Allemands
Jean Guédard : « On avait
laissé beaucoup de choses à la
ferme… 60 à 70 barriques de
cidre dans la cave. Quand on est
revenu, les Allemands étaient
tout juste partis ; on a trouvé
le cidre partout à courir qui
recouvrait la cour, le chemin.
Ils avaient défoncé toutes les
barriques…
On est allé voir dans le
château. Ils étaient partis précipitamment. Le potage était
servi dans les assiettes, les
entrées étaient prêtes à servir.
Ils ont tout laissé comme ça. Ils
avaient des jambons, des confitures… »
M. Guilloret : « Dans les
Allemands, il y avait les vieux
qui n’étaient pas mauvais. Ils
gardaient les réserves d’essen-
ce. Avant de partir, ils avaient
l’ordre de mettre le feu. Ils ne
l’ont pas fait. Ils ont dit aux
gens de venir se servir. Tous les
gens du coin y sont allés…. »
L’arrivée des Américains
Elise Guédard : « Il y a eu
2 vagues d’Américains. Il y a
d’abord eu ceux qui passaient.
Ils avaient leurs tentes. C’étaient
surtout des Noirs… Après sont
venus ceux qui se sont installés.
Mais le château n’a pas longtemps été occupé par eux. C’est
l’aviation militaire qui est venu
s’installer. Mais il y avaient des
femmes françaises qui venaient
coucher avec les Américains,
de véritables « grues »…Elles
venaient même l’après-midi le
long des murs de terre (avenue
Léon Blum); C’étaient surtout
des Noirs, de véritables armoi-
res à glace. »
M. Delabouëre : « C’était
des troupes de choc. Un soir,
un Américain est venu, il
nous a payé un fût de cidre
de 4 barriques. Vous vous
rendez compte ! Les gars, ils
prenaient ça dans leur casque,
ils buvaient ça. Ah ! ils étaient
chouettes ! Ah ! On avait
des cigarettes,bon d’la !…
Ils étaient pourris de fric. Et
puis, ils partaient se battre, ils
n’étaient pas sûrs de revenir…
Les Américains, on ne les entendait pas marcher, ils avaient
tous des semelles en caoutchouc. Ce n’était pas comme
les bottes des Allemands. ».
A.C.
Américains à Saint-Jacques,
autour d’un P-47.
TÉMOIGNAGES ET DOCUMENTS
LES BOMBARDEMENTS
S
aint-Jacques étant, pendant la guerre, largement
occupée par les Allemands, est très souvent victime
des bombardements alliés. Les
occupants l’avaient prévu et
avaient entouré leurs installations militaires.
M. Delabouëre qui habitait
à la Gautrais raconte : « Il y
avait des DCA partout autour
de l’aéroport, dans le terrain de
sports actuel de la Gautrais…
Dans l’espace vert de la rue
Louise Michel, il y a une butte,
c’était un socle de DCA…
taillement sentait et disait :
« benzine ! benzine ! ». On
lui disait : « non ! non ! pas
benzine ! ». On avait creusé
un abri, comme tout le monde ;
on se cachait dedans quand il y
avait une alerte. Mais une partie
de la maison a été démolie par
le bombardement ».
Mme
Delabouëre
née
Lemoine raconte à son tour :
« On habitait à peu près où est
l’Aire Libre maintenant. Il est
tombé une bombe sur le café
Gautier, à côté de chez nous.
C’était une bombe soufflante.
Bombardements
Et puis, ils avaient des miradors pour les projecteurs et les
mitrailleuses en même temps.
Quand ils prenaient un avion
dans leurs projecteurs, ça lui
pétait au derrière !…
Nous, on avait réussi
à faucher de l’essence aux
« Chleux ». On avait enterré
le bidon dans le jardin. Mais
une bombe est tombée à côté,
ça sentait l’essence. Un Allemand qui était là pour le ravi-
Le café a été démoli et toute
la toiture de notre maison a été
soulevée et elle est retombée. Il
y avait des dégâts, bien sûr ».
Les souvenirs s’égrènent
chez les anciens de la commune : « On a connu les forteresses volantes. On reconnaissait
le bruit. Même les chiens les
reconnaissaient. C’étaient de
gros bombardiers américains,
des avions énormes.
- Je me souviens d’un
bombardement de nuit sur
les pistes. Les avions avaient
d’abord lâché des petits parachutes avec des lumières (des
fusées éclairantes), si bien
que le camp était tout éclairé… Après ils repassaient ou
d’autres arrivaient derrière et
bombardaient tout. Cela a été
terrible en 1944.
- Moi, je me souviens des
combats aériens. Ah ! on n’était
pas fier, ça pouvait nous tomber
dessus.
- On a été bombardé en
1943, mais le plus fort a été en
1944, d’avril au 4 août, quand
les Alliés voulaient appuyer
le débarquement et empêcher
les Allemands de monter en
Normandie. La plupart des gens
qui étaient restés là pendant la
guerre ont été obligés de partir
à ce moment-là ».
Si les bombardements sur
Saint-Jacques n’ont pas été
aussi meurtriers que ceux sur
Rennes qui firent des milliers
de morts, il suffit de voir la liste
des immeubles sinistrés pendant
cette période pour comprendre
combien ils furent nombreux.
Tous les villages autour de
l’aéroport et des terrains militaires ont été touchés. Quatre
habitations du boulevard
Jean Mermoz ont été en partie
démolies, dont la maison de
Honoré Commeurec.
Dans les archives anglaises, le général Chesnais a noté,
entre autres, 2 bombardements
importants sur l’aérodrome
de Saint-Jacques, l’un dans
la nuit du 27 au 28 mai 1944
avec 83 quadrimoteurs anglais
et l’autre dans la nuit du 9 au
TÉMOIGNAGES ET DOCUMENTS
Bombardements de l’aérodrome de Saint-Jacques
10 juin 1944 avec 71 quadrimoteurs.
Le plus important dans la
région pendant cette période est
sans aucun doute le bombardements de Bruz le 8 mai 1944.
(Pour parler de cette tragédie
qui endeuilla une commune
voisine mais marqua toute la
région, nous nous appuierons
sur un travail du général Chesnais pour la société archéologique d’Ille et Vilaine. Il s’est
servi des archives de la Royal
Air Force).
« Parmi les bombardements
qui ont endeuillé Rennes et
sa région pendant la dernière
guerre mondiale, celui de Bruz,
dans la nuit du 7 au 8 mai 1944,
est resté, dans la mémoire des
survivants, comme l’un des
plus terribles car il raya pratiquement de la carte, le bourg
de cette commune, le soir
d’une communion solennelle,
anéantissant des familles entières, alors qu’aucun objectif
militaire allemand ne semblait
atteint…
Le rapport final de bombardement… fait ressortir qu’il y
avait, en fait, deux objectifs
cette nuit-là, dans la région de
Rennes :
- un dépôt de munitions
situé à Bruz au nord du bourg,
bombardé par 51 avions.
- l’aérodrome de SaintJacques de la Lande bombardé par 49 avions…
Les bombardiers lourds
anglais,
volant
indépendamment les uns des autres,
de nuit, faisaient leur visée de
bombardement, individuellement, mais sur les indications
d’un « Path Finder » (littéralement « trouveur de cheminement, de chemin »), appelé
aussi
« Master
Bomber »
(maître de bombardement)
ou encore plus vulgairement
« Master of Ceremonies »
(maître de cérémonies)… Il
s’agissait d’équipages très
confirmés, c’est-à-dire ayant
survécu à de nombreuses
missions. Equipés de bombardiers légers rapides, des
Mosquitos la plupart du temps,
ils étaient chargés d’aller, à très
basse altitude, reconnaître l’objectif, de le marquer à l’aide
de feux de couleur au sol et de
diriger sur ces feux les flots des
bombardiers lourds qui arrivaient, eux, à haute altitude.
Par radio, ils indiquaient alors
« bombardez sur le marqueur
rouge » (ou le marqueur
jaune)… »
On sait que ce bombardement sur Bruz fut une terrible
erreur de visée qui, s’il ne
produisit pas de dégâts sur
les installations allemandes,
détruisit une grande partie du
bourg de Bruz en tuant des
centaines de civils.
Reprenons le travail du
général Chesnais :
« Pour l’aérodrome de
Saint-Jacques,
il
semble
TÉMOIGNAGES ET DOCUMENTS
que les visées aient été plus
efficaces. On peut lire dans
un rapport : « Le premier
marqueur lancé tomba très
près du point à viser central.
Des incendies se développèrent
dans les hangars avec un feu
spectaculaire dans la zone de
stockage d’essence. Au point à
viser Nord, deux grosses explosions ont, semble-t-il, résulté
de deux coups directs sur des
dépôts de munitions…
Reconnaissance de jour :
Le terrain d’aviation a énormément souffert de l’attaque.
La principale concentration de
bombes est tombée sur la zone
de dispersion du sud-ouest,
endommageant
sévèrement
onze abris à avions. Six des
dix-huit hangars ont été détruits
et six autres endommagés. Dix
baraques, six autres bâtiments
et deux ateliers ont été endommagés ou détruits. 43 cratères
ont été faits sur les pistes et
deux avions endommagés au
sol ».
L’abbé Vallais qui a été
chassé du presbytère par les
Allemands dormait dans la
sacristie. Il raconte comment
il a vécu cette nuit-là : « Dans
la nuit du 7 au 8 mai 1944,
Saint-Jacques fut copieusement
bombardé. Tous les vitraux de
l’église tombèrent sous la pression de l’air… L’imposte [partie
vitrée] de la porte de la sacristie
tomba au pied de mon petit lit.
Je ne me levai pas, je me serrai
dans mes couvertures contre le
vestiaire. J’en fus quitte pour
la peur. Je me rendormis et me
levai à mon heure ordinaire. Je
vis les dégâts, je sonnai l’angélus puis je célébrai ma messe.
Je fis une action de grâce… Je
fis un tour et vis les dégâts sur
le camp et à la Calvenais…. A
Chartres, j’appris l’écra-sement
de Bruz, surtout de l’église et
de ses environs… A partir de ce
jour, tous les habitants de SaintJacques, autour de l’église,
cherchèrent un alibi, un refuge.
Mon abri était tout trouvé : le
presbytère de Chartres. Les 6
ou 7 personnes qui fréquentaient l’église chaque matin
disparurent peu à peu. Je vins
encore quelques dimanches, ma
dernière messe fut le dimanche
de la Trinité ; il ne restait plus
que la Teillais et la Bouvrais.
Pendant 3 mois, je célébrais la
messe à Chartres… Maintes
fois, je revenais jardiner à la
Rivière chez M. Rialland, les
gens revinrent aussi, mais c’était
périlleux. J’étais mal abrité
dans le chemin de la Thélais
quand la maison d’habitation
de la Gautrais fut écrasée en
partie. Les laboureurs revinrent
aussi affrontant le danger, firent
leurs gros travaux… Le doryphore eut beau jeu et dévora les
pommes de terre… Les foins
et les céréales furent récoltés
mais en retard, volontairement,
afin que les Allemands ne les
emportent pas.»
A cette époque du printemps
1944, les bombardements
étaient si fréquents et les pistes
si abîmées que les Allemands
ne trouvaient plus assez de main
d’œuvre pour boucher les trous
faits par les bombes. Il faut dire
que les Français réquisitionnés
y mettaient de la « mauvaise
volonté ». Ils sentaient la fin
de la guerre arriver et la défaite
des Allemands ne faisait plus
guère de doute. Plusieurs
n’hésitaient pas à saboter le
travail exigé par les Allemands.
Les trous de bombes étaient
tellement profonds qu’ils y
lançaient pelles et brouettes
avec les cailloux. Ensuite, ils ne
pouvaient plus rien faire. C’est
aussi grâce à des gestes comme
ceux-là que le Débarquement
du 6 juin 1944 a pu réussir et
conduire à la Libération.
Renée Thouanel
Référence
Le livre de paroisse écrit par tous
les prêtres de Saint-Jacques au
cours du 20e siècle, nous a été
prêté par l’abbé Pouriel, recteur
de la paroisse « Bienheureux
Marcel Callo ».
TÉMOIGNAGES ET DOCUMENTS
LA RÉSISTANCE À SAINT-JACQUES
Q
uand on pense à la
Résistance à SaintJacques, on pense
généralement aux Fusillés de
la Maltière et plus particulièrement aux 25 Fusillés du 30
décembre 1942. C’est vrai que
ce fut un événement important
qui a beaucoup marqué les
habitants de la commune et qui
continue à être commémoré
chaque année, 62 ans après
le drame. Toutefois, ils ne
furent pas, malheureusement
les seuls à être fusillés à cet
endroit et des Jacquolandins,
parfois oubliés, s’engagèrent
eux aussi, dans la Résistance.
C’étaient souvent des gens sans
engagement politique affirmé,
que rien ne prédestinait à un
rôle particulier dans la vie de la
nation mais qui refusaient tout
simplement la présence et la
suprématie des Occupants sur
notre territoire.
Pierre Lefaix
Comme beaucoup d’autres
habitants de la commune, il est
requis pour travailler sur l’aérodrome. Il doit transporter, entre
autres, bois et charbon dans les
baraquements où travaillent
les Allemands à l’entretien des
avions. Il en profite pour noter
des renseignements sur tout ce
qu’il peut voir. Il transmet ces
notes à un réseau de résistance
qui l’a contacté par l’intermédiaire de Marcelle Sallou, la
tante du général Chesnais. Il
réussit également à mesurer la
longueur de la piste secondaire
du terrain d’aviation. Pour cela,
il longe cette piste avec sa charrette en comptant le nombre de
tours de roues. Il multiplie par
le périmètre de la roue et obtient
ainsi la longueur parcourue.
Ces renseignements, envoyés
à Londres, sont utiles pour les
bombardements. Il obtiendra la
carte de Combattant Volontaire
de la Résistance.
Références
Témoignages de Pierre Lefaix luimême et du Général Chesnais.
de la Résistance.
Références
Témoignages de Joseph Biheul et
de son épouse.
Joseph Boussin
Ses
parents
habitent alors
Bd Jean Mermoz. Il est
ouvrier à l’Arsenal. Avec sa
jeune épouse, ils sont adhérents
des Jeunesses Communistes.
Dès la fin de l’année 1940, il
diffuse des tracts et des journaux clandestins. Vers la mimai 1941, c’est le premier pas
vers des actions de résistance
plus importantes. Lors de son
procès, les Allemands lui
reprocheront deux sabotages
de câbles de lignes allemandes,
l’une à Ste Foix, le 12 mai 1942
et l’autre Bd Jean Mermoz
le 20 mai 1942. Il est arrêté
le 31 juillet et sera fusillé à la
Maltière le 30 décembre 1942.
Référence bibliographique
Joseph Biheul
Au moment de la guerre, il
est agriculteur à la ferme de la
Morinais. Il peut se déplacer
avec sa charrette et son cheval,
muni de son laissez-passer.
Il habite alors à la Pérelle et
travaille pour un entrepreneur
de carrière de sables et graviers.
Il est chargé de surveiller les
installations de dragage la nuit.
Cela lui donne l’occasion de se
faufiler près des constructions
allemandes et d’observer. Il a
été recruté par le groupe CND
Castille et communique avec le
réseau de Mordelles. Il a reçu la
carte de Combattant Volontaire
Mémoire de Granit, édité par la
Ville de Rennes.
Roger Dodin (père)
Il habite avec
sa
famille
à la Gaieté
en
SaintJacques. Il
travaille à la
SNCF et fait
partie du groupe de Résistance
TÉMOIGNAGES ET DOCUMENTS
du Front-National, proche du
Parti Communiste, formé par
des cheminots rennais. Sur
dénonciation, il est arrêté le 9
décembre 1943, avec son fils,
par la SPAC (Spéciale Police
Anticommuniste de la police
française). Ils sont emmenés
à la prison Jacques Cartier,
mais ils sont séparés. Roger
Dodin père part pour Laval
puis Compiègne. De là, il est
déporté à Oranienburg Sachenhausen.
Devant
l’avancée
des
Soviétiques, les Allemands
emmènent les Déportés à
Mauthausen. Il y meurt le 1er
avril 1945. Son fils sera déporté
par le « train de Langeais »,
dernier convoi partant dans la
nuit du 2 au 3 août 1944 alors
que les Américains sont aux
portes de Rennes.
Le 28 juillet 1944, les Allemands encerclent le bourg de
Guignen. La veille, deux soldats
allemands ont été tués et un officier a été blessé dans un attentat. Les occupants rassemblent
sur la place 60 à 70 hommes
qu’ils ont sortis de chez eux.
Après 2 ou 3 heures d’attente,
ils choisissent 20 otages parmi
les plus jeunes. Parmi eux, il y
a Frédéric Benoît. Ils resteront
au camp Margueritte à Rennes
jusqu’au 3 août 1944, veille de
la libération de Rennes, où ils
seront embarqués dans un train
à destination de l’Allemagne
(c’est « le train de Langeais »).
Il est déporté au camp de
Neuengamme où il meurt
d’épuisement le 1er avril 1945,
quelques jours avant l’arrivée
de l’armée américaine.
Références
- Mémoire de Granit
- Souvenirs et recherches de sa
nièce Mme Coutel.
- René Chesnais, La guerre et la
Résistance dans le sud de l’Ille et
Vilaine, éd. ?
- Témoignage de Roger Dodin
fils.
- Mémoire de Granit, édité par la
Ville de Rennes.
Références
Frédéric Benoît
Honoré Commeurec
Il n’est pas un
résistant mais
il a payé de sa
vie l’occupation nazie et
la lutte contre
l’envahisseur.
Ses parents habitent dans une
ferme à la Reuzerais près du
château du même nom. Il fait
des études de notaire à Rennes.
Après plusieurs stages, il se
trouve dans l’étude de Maître
Melun à Guignen à qui il doit
succéder.
Il habite au
51 Bd Jean
Mermoz et
est le fondateur
d’une
imprimerie
coopérative ouvrière,
« les Imprimeries Réunies »,
rue de Nemours à Rennes. Il a
été conseiller municipal socialiste à Rennes de 1908 à 1935.
Il fait partie du mouvement de
Résistance « Libération Nord »
apparu en Ille et Vilaine dès
1941. Son activité d’imprimeur
lui permet de faire de faux
papiers, des tracts et des journaux clandestins. Il est arrêté
dans son bureau par la Gestapo
le 8 février 1944. Incarcéré à la
prison Jacques Cartier, torturé,
il ne parle pas. Il fait partie, lui
aussi, d’un des derniers convois
quittant Rennes en août 1944.
Envoyé au camp de Neuengamme, il y meurt d’épuisement le
18 février 1944.
Références
- Mémoire de Granit.
- documents et souvenirs de son
neveu M. Chalois.
Yves Le Moigne
Il habite au 274 rue de
Nantes, dans cet immeuble
appelé par les habitants la
« Cour des Miracles ». Début
1941, alors qu’il a tout juste 15
ans, il est recruté pour faire des
actions contre l’Occupant nazi
par Guy Faisant, élève, comme
lui, à l’Ecole d’Industrie, Bd
Laënnec. Ils dépendent de l’OS
(Organisation Secrète, mouvement de résistance proche du
Parti Communiste clandestin).
Cinq élèves font partie de ce
groupe et participent à différentes actions hostiles à l’armée
d’occupation. Ils sont infiltrés
par un étudiant en médecine
impliqué par les Allemands
dans un trafic d’or. Ils sont arrêtés le 2 mars 1942, incarcérés à
la prison Jacques Cartier après
avoir subi des interrogatoires
« musclés », 10 rue de Robien,
siège du service de sécurité de
l’armée allemande. Après un
séjour à la prison du Cherche
Midi à Paris, ils sont déportés
en Allemagne sous la dénomination « N.N » soit Nacht und
Nebel, c’est-à-dire « Nuit et
Brouillard » : ils doivent disparaître…
Yves Le Moigne fait
plusieurs camps, tous plus durs
les uns que les autres. Il est
libéré par les Soviétiques le 8
mai 1945 et rapatrié en France
début juin. On imagine les
marques laissées sur un corps
d’adolescent, en pleine croissance, par trois années de déportation, de privations et de souffrances. Des 5 jeunes déportés
avec lui, trois autres reviennent
des camps : Gilbert Anquetil,
Guy Faisant et Michel Goltais.
Trois personnes ne reviendront
pas : Jacques Tarrière, Pascal
Lafaye ainsi que sa mère Marie
Lafaye.
d’ouvriers chez Lanoë… ».
Ils sont en relation avec Emile
Gernigon de Goven, avec
Andrée Récipon de Laillé. Ils
hébergent pendant un temps
Louis Pétri et son équipe. C’est
là qu’ils préparent leur attaque
sur la prison de Vitré pour libérer des Résistants. Gabriel et
Marie Lanoë seront tous deux
décorés et honorés après la
guerre.
Référence
- Témoignage de Guy Faisant,
Président du Comité de Coordination des Mouvements de la
Résistance.
Gabriel et Marie Lanoë
Ils sont maraîchers au 52
rue du Temple de Blosne,
à l’endroit où est maintenant
l’école de la Croix Verte. Ils
habitent alors cette grande
maison qui fut de 1956 à 1965
la mairie de Saint-Jacques. Ils
emploient plusieurs ouvriers,
des journaliers. Cela leur
permet, pendant la guerre,
d’héberger des résistants, des
réfractaires au STO, parfois
des parachutistes anglais. Il
est alors impossible de savoir
qui est journalier ou clandestin.
Les voisins se disent tout de
même : « Ils changent souvent
A gauche, Gabriel et Marie Lanoë.
Un acte de résistance
important à l’aérodrome
C’est Guy Faisant qui
nous le raconte : « Cette tentative aurait été importante si
elle avait abouti totalement.
Tout débute en avril 1944. Le
camp d’aviation est depuis
longtemps aux mains des Allemands… De là, ils lancent des
raids pour bombarder le Royaume Uni. L’intérêt stratégique de
reprendre l’aéroport aux troupes ennemies n’a, bien sûr, pas
échappé au groupe des FrancsTireurs. Ce constat amène, le
15 avril exactement, le colonel
Versini à désigner 4 de ses
hommes, déjà remarqués lors
de diverses missions, afin qu’ils
neutralisent tout le personnel
« volant » ou « rampant » de la
base. S’ils réussissent, les parachutistes britanniques pourront
reprendre, non seulement le
camp mais aussi tous les avions
qui s’y trouvent.
Léandre Leborgne, Fernand
Aubrée, Henri Bourges et
Fernand Blondeau infiltrent le
site, le premier comme barman,
les deux suivants comme
serveurs, le dernier comme
cuisinier.
Le 8 mai 1944, ils reçoivent
l’ordre d’empoisonner toutes
les personnes présentes avec un
produit à base de strychnine. Le
liquide est versé dans les fûts de
bière, mais, trop dosé, son effet
se fait ressentir alors que les
convives sont encore regroupés. L’alerte est donnée. Henri
Bourges sera abattu. Ses camarades auront plus de chance et
pourront, malgré les poursuites,
échapper aux Allemands... ».
Référence
- Ouest-France du 5-11-97.
Nous ne pouvons citer tous les
petits actes de résistance commis
par les uns ou les autres et ils furent
nombreux et importants…
R.T.
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