N° 56 SEPTEMBRE 2008 Editorial LETTRE D’INFORMATION DE L’AGENCE RÉGIONALE DE L’ENVIRONNEMENT DE HAUTE-NORMANDIE dossier La « crise » financière nous montre – s’il en était encore besoin – les limites d’un développement non durable. On avait déjà vu, hélas, ce que donnait un développement qui détruisait l’environnement ou qui faisait fi des aspects sociaux. Voici maintenant que l’économie elle-même est menacée par un développement sans autre objectif que le profit à court terme, sans aucune création de valeur. Il est évident qu’un « développement » qui détruit ses bases économiques, sociales et environnementales est non seulement non durable, mais suicidaire. En revanche, on pourrait imaginer un développement qui serait axé, non pas sur des indices boursiers, mais sur le bien-être humain. Un développement qui assurerait à tout habitant de la planète l’accès à l’eau, à l’énergie et autres besoins fondamentaux. Un développement qui créerait de la richesse en contrecarrant le changement climatique. Un développement qui s’appuierait sur une biodiversité préservée… Après tout, c’est le bon côté des crises que de nous obliger à changer ! Climat : la HauteNormandie demain Domaines de vulnérabilité de la Haute-Normandie au changement climatique Ressource en eau Inondations Approvisionnement Qualité Ecosystèmes terrestres Habitats Erosion Carbone dans les sols Répartition des végétaux et des animaux Productivité des forêts Ecosystèmes côtiers et marins Niveau de la mer Erosion, submersions Salinisation Eutrophisation Faune, ressources halieutiques Tourisme et loisirs Flux touristiques Espaces verts, paysages Santé Evénements climatiques extrêmes (canicules, sécheresses…) Pollution de l’air Allergies Maladies infectieuses Risques naturels Ruissellement, inondations Risque souterrain, risque littoral Submersions de tempête Agriculture Nombre de jours de gel Fertilité des sols Rendements Ravageurs et maladies Michel Coletta Président de l’AREHN AU SOMMAIRE DE CE NUMERO Dossier Actualité Agenda Vient de paraître - Acteur Brèves L’Agence 1 5 5 6 7 8 Avec le soutien de la Région d o ss i e r A « 2 Exercice périlleux Glossaire Tenter d’imaginer le climat du futur dans une petite région comme la GES : gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, Haute-Normandie est un exercice méthane, protoxyde d’azote…). périlleux… Et pourtant il faut s’y risGiec : groupe d’experts intergouvernemental quer, car, quels que soient les efforts que sur l’évolution du climat. nous ferons pour réduire nos émissions Phénologie : étude de l'apparition d'événede gaz à effet de serre**, cause du phénoments périodiques dans le monde vivant. mène, nous ne pourrons empêcher le climat Scénario : intégration longue (jusqu'à un siècle) d’un modèle en faisant une de changer. Une lourde machine est lanhypothèse particulière. Par exemple, on cée… Or, le climat gouverne nos activités, suppose que le taux de gaz carbonique notre santé, notre environnement… En augmente de 1 % chaque année. Cela se quoi ces domaines seront-ils affectés ? traduit notamment par des planisphères Comment pouvons-nous anticiper ces représentant, par exemple, les variations changements, à notre niveau de citoyen, de des températures moyennes et le la pluvioprofessionnel, de collectivité ? Nous commétrie à la surface du globe. mençons juste à pouvoir répondre à ces questions, avec, comme on peut s’en douter, une certaine marge d’incertitude. Au fur et à mesure de la publication des nons » 2,5 à 3 °C « seulement », le Grand rapports successifs du Giec, notre connais- Nord… 10 °C ! Notons cependant que la sance s’affine. Nous disposons maintenant Haute-Normandie est une des régions de d’une cartographie du climat du futur France où le réchauffement se fait le plus jusqu’à une échelle régionale. Le scénario sentir, avec + 3,8 °C sur les minimales, au sein d’un Grand Ouest qui devient un océan de douceur, moins froid que le Midi ou la Corse. En été, c’est l’Europe du Sud qui prend + 4 °C et davantage, la Normandie se contentant de + 3 à 3,5 °C, avec tout de même une hausse de 7 °C sur les températures maximales. Côté canicules, notre région traditionnellement modérée pourrait bien voir son statut se rapprocher de celui de la Provence et du Sud-Ouest ! vec des températures qui atteignent 42 °C l’été, la mairie de Dunkerque a été repeinte en blanc, les toits sont couverts de végétation et de panneaux solaires, on aperçoit au loin des éoliennes offshore, des digues de quinze mètres ont été construites faisant face à l’élévation du niveau de la mer. » Telle est l’image prospective que donne Yannick Gourvil, architecte, de Dunkerque en 2100*. Il aurait aussi bien pu décrire Le Havre ou Saint-Valery-en-Caux… Une vision à laquelle il faut sans doute se préparer, même si ce n’est pas facile. En effet, l’expression « changement climatique » évoque plutôt la fonte des calottes polaires, le recul des glaciers, la submersion des atolls du Pacifique, la perspectives de factures de chauffage moins lourdes… On imagine moins spontanément certaines autres conséquences sur les régions paisibles et verdoyantes du Nord-Ouest de la France. Une image prospective : Dunkerque en 2100. D’autant que ce fameux chanA2 du Giec – un des plus défavorables, gement climatique consiste en un réchauf- avec un développement économique à fement global qui, s’il est maintenant orientation régionale et la poursuite de devenu une certitude aux yeux des scienti- la croissance des émissions de GES –, fiques, ne saute pas aux yeux du commun nous annonce + 3,4 °C (fourchette prodes mortels. bable :+ 2 à + 5,4 °C) à la surface du globe à l’horizon 2100. Le changement climatique en Europe Avec le scénario le plus vertueux, qui n’est pas le plus probable, nous n’échapperons pas à une hausse moyenne de 1,8 °C (1,1-2,9 °C). En ce qui concerne les températures, la Haute-Normandie se situe en périphérie des « points chauds » de la planète que constituent les zones circumpolaires et le Bassin En haut : variations des températures moyennes sur l’année, en hiver et en été, entre les méditerranéen.En périodes 1961-1990 et 2071-2100, selon le scénario A2 du Giec. hiver, nous « preEn bas : id. pour les précipitations. « Quelque chose d’autre » En ce qui concerne les précipitations, la Haute-Normandie se situe à la fois en bordure des zones boréales appelées à voir leur pluviométrie s’accroître fortement en hiver et de zones subtropicales auxquelles on prédit d’importants déficits estivaux. Notre pluviométrie à nous sera globalement peu modifiée, avec toutefois un contraste plus fort entre des hivers en moyenne un peu plus pluvieux (+ 5 à 10 %) et des étés largement déficitaires par rapport à ce qu’ils sont aujourd’hui (- 20 à 30 %). Il est probable que vagues de chaleur, sécheresses et inondations verront leur fréquence augmenter. Quant aux tempêtes et orages, les avis sont partagés. Quelques degrés de plus sur les températures moyennes, cela « déplace » Rouen au niveau de Lyon, Bordeaux, voire Avignon à l’échéance de la fin du siècle. Mais d’autres facteurs que la température moyenne interviennent ! Citons le régime des pluies, l’ensoleillement, l’amplitude des températures, le nombre de jours de gel, le nombre de jours très chauds, la latitude, la proximité de la mer, le relief, etc. La Haute-Normandie, même avec des températures moyennes DR L. Vachier / Fotolia.com Hivers plus doux et plus humides, étés en moyenne plus chaud et plus secs… Cela ne sera pas sans conséquences sur l’environnement et la vie des Les arbres réputés frileux Haut-Normands à progressent vers le nord. l’horizon 2050, 2100, ou peut-être même avant. d o ss i e r changement climatique Paysage méditerranéen : nous aurons « quelque chose d’autre ». venant s’ajouter aux facteurs de dégradation majeurs que sont la pollution et la destruction des habitats. La nature peut répondre par des basculements rapides. Fruits plus précoces Sont particulièrement Le changement climatique est déjà une réa- menacées les plantes lité. Au cours du dernier siècle, la tempéra- endémiques à faibles ture de la Haute-Normandie s’est ainsi éle- effectifs telle la violette vée de 1,3 à 1,5 °C pour les températures de Rouen ou la luneminimales, d’un peu moins de 0,3 °C pour tière de Neustrie. Les les maximales. La pluviométrie est en haus- écologues considèrent se en hiver. que 3 °C de plus dans la Les conséquences de cette évolution ne sont moyenne annuelle de Météorologie et climat pas encore très palpables. Cependant, les température correspondent à un plantes et les animaux, sentinelles hyper- déplacement de 300 à 400 km vers le Par quel miracle les scientifiques parviennent-ils à sensibles, nous alertent déjà à travers cette nord des aires de répartition des nous donner une idée du climat qui règnera dans science d’observation qu’est la phénologie, végétaux. La myrtille, à tendance un siècle, alors que les météorologues ne sont qui trouve aujourd’hui tout son sens. Les boréale, pourrait régresser tandis que jamais sûrs du temps qu’il fera le lendemain ?! plantes fleurissent de plus en plus tôt au des méridionales comme le souci des C’est toute la distinction qu’il faut faire entre printemps. Le paysage végétal que l’on a champs, ou encore des invasives comme le temps qu’il fait et le climat, le travail des maintenant dans son jardin haut-normand la jussie – une plante aquatique – tireprévisionnistes de Météo France et celui des à la mi-avril, par exemple, est celui qu’on raient leur épingle du jeu. climatologues. A la différence des premiers, avait début mai dans les années 1980 ! Les Le saumon atlantique ne trouvera plus en qui travaillent sur des variations à court terrécoltes de fruits ont lieu plus précocement. Haute-Normandie les conditions climatime de l’état de l’atmosphère, les seconds s’intéressent à des tendances, à des moyenLa belle saison a tendance à s’allonger… Les ques correspondant à ses exigences. Le cornes sur le moyen ou le long terme. On sait hirondelles reviennent plus tôt de leurs moran huppé s’est déjà raréfié au bord de la par exemple que le climat de Montpellier est zones d’hivernage d’Afrique, les cigognes Manche, comme d’autres oiseaux de mer, plus ensoleillé que celui de Rouen, n’empêrestent en hiver au marais Vernier au lieu faute de lançons, petits poissons qui che qu’il peut faire mauvais temps à Montpeld’émigrer. Les batraciens se reproduisent constituent l’essentiel de sa nourriture. lier et beau temps à Rouen ! plus tôt en fin d’hiver… La modification du plancton est en cauBien d’autres impact, réels ou potentiels, se, en relation avec le réchauffement de sont maintenant documentés : retrait des l’eau. De nouveaux ravageurs se préglaciers, saisons de croissance plus longue sentent à nos frontières régionales, telle la qui prévaut – et prévaudra toujours – une pour les plantes, cycles végétatifs plus courts, redoutable processionnaire du pin… bonne partie de l’année en Haute-Normandéplacement des espèces, impacts sur la die. En revanche, la vigne, plus tolérante, santé des vagues de chaleur, augmentation Eucalyptus et mimosa pourrait faire un retour remarqué dans des risques d’inondation éclair et de l’éro- Hivers plus doux, étés plus chauds, rayon- nos vallées. Revers de la médaille, chez les sion … Toutes les régions d’Europe seront nement solaire en hausse… Notre paysage arbres et arbustes, le débourrement de plus affectées négativement, à des degrés divers. va changer. Nos traditionnelles essences de en plus précoce expose fleurs et jeunes La Haute-Normandie comme les autres. plaines et de collines, voire de montagnes – pousses aux gelées printanières ! Certaines hêtre, sycomore, tilleuls, bouleaux, charme, variétés fruitières risquent de voir leur La redoutable processionnaire chêne pédonculé, noisetier… – se trouve- production affectée faute d’un froid hiverCompte tenu de la rapidité du phénomène, ront progressivement inadaptées et seront à nal suffisant. toutes les espèces vivantes ne pourront terme concurrencées par d’autres typiques s’adapter. La biodiversité est menacée, le des zones atlantiques (châtaignier, chêne Cycles plus rapides tauzin, pin maritime, par exemple), La tendance dominante sera celle d’écosysvoire, dans nos secteurs littoraux tèmes plus productifs avec des cycles plus Climat ressenti, climat réel ou le sud-est du département de rapides, une inertie diminuée, et une sensil’Eure, méditerranéennes, telles bilité au stress accrue. Cela concerne notamQui a vu du réchauffement en Haute-Normandie durant l’été que le cyprès, l’arbre de Judée, le ment l’agroécosystème et les forêts. L’effet 2008, caractérisé de l’avis de tous par une météorologie chêne vert. Certains arbres et de « fertilisation carbonée » par le CO2 « médiocre ? Et pourtant, la température moyenne a été légèarbustes à feuilles larges et persis- – matériau de base de la photosynthèse – rement supérieure aux chiffres de référence dans la plus tantes – laurier-cerise, laurier noble… augmentera la production végétale, de grande partie de la région ! Il peut « faire moins chaud » – progressent vers le nord-est, devenant façon très variable selon l’adaptation des avec pourtant une moyenne plus élevée si les minimales spontanés chez nous. On commence à espèces. Mais il sera largement modulé par sont plus élevées et les maximales plus basses. Un été voir de beaux sujets de mimosa, palmier et un contraste saisonnier accru entre excès peut être perçu comme « pourri » avec des précipitaeucalyptus, essences réputées frileuses. d’eau hivernal et assèchement estival. tions fréquentes mais pas nécessairement abondantes. Cela peut déjà influencer nos choix végéL’être humain est plus sensible aux extrêmes (vagues taux et modifier les façons de jardiner ou de froid ou canicules) qu’aux moyennes, qui sont l’es* Collectif d’architectes « Et alors ? », in « Ça chauffe de concevoir les espaces verts en Hautesence même du climat. Plus généralement, les variaadaptons-nous », actes des 9e Assises de l’énergie 2008. Normandie. L’artichaut, le figuier, retroutions interannuelles du climat – années plus ou moins vent leur cycle végétatif méditerranéen ! ** C’est le propos des 5e Journées des pratiques du « chaudes », « fraîches », « humides » – masquent aux développement durable en Haute-Normandie L’olivier et l’abricotier profiteraient bien yeux du profane le réchauffement du climat. Bref, seuls (Parc expo de l’Agglo. de Rouen, 10-13 octobre 2008), les chiffres peuvent parler. de quelques degrés en plus, mais ils ont dont il sera rendu compte dans un prochain dossier d’AREHN infos. le tort de ne pas supporter l’humidité J.-P. Thorez / AREHN identiques à celles de la Provence des années 1970, n’offrira jamais le spectacle d’une garrigue ou d’un maquis. La Manche n’est pas la Méditerranée, et la Normandie n’est pas abritée, comme la Côte d’Azur ou le Languedoc, par des Alpes ou un Massif central ! Nous aurons « quelque chose d’autre ». 3 d o ss i e r J.-P. Thorez / AREHN La pression des pathogènes Même si on est encore loin d’avoir examiné par simulation ou expérimentation la réaction de chaque plante cultivée au changement climatique, les cultures haut-normandes devraient tirer leur épingle du jeu. C’est du moins l’hypothèse retenue par le Port de Rouen, grand exportateur de céréales, pour justifier le chantier d’amélioration de ses accès maritimes (cf. AREHN infos n° 55). Mais encore faut-il que l’eau et la fertilité Les Andelys (Eure), juin 2008 : olivier au pied d’un coteau. nant quoi, les prés continueront à jouer leur rôle dans le stockage du carbone, l’infiltration et la dépollution de l’eau, et… l’alimentation des bovins. Coulées boueuses Du fait de la densité de sa population, la Haute-Normandie fait partie des régions françaises les plus exposées aux risques naturels susceptibles d’être influencés par le changement climatique. Sur nos côtes, le risque de surcotes (inondations) liées aux ondes de tempêtes tend à augmenter légèrement du fait de la hausse du niveau de la mer (+ 23 à 51 cm à l’horizon 2100 avec le scénario A2). La vitesse de recul des falaises du pays de Caux, estimée en moyenne à 20 cm par an sur la période 19661995, pourrait être augmentée de 10 cm si la vitesse d’élévation du niveau de la mer augmentait elle-même de 1 mm par an. Or, le rythme, en accélération, dépasse actuellement les 3 mm par an… Sans compter l’impact – déterminant dans les effondrements de falaises – des eaux de ruissellement. En effet, des inondations par coulées boueuses se produisent dans notre région en hiver à la suite de pluies prolongées ou en fin de printemps à la suite de violents orages. Le changement du climat ne devrait malheureusement pas corriger cette fâcheuse tendance, au contraire. En effet, la probabilité de fortes pluies hivernales (plus de 20 mm par jour) est multipliée par deux à quatre, selon les simulations. Bassins versants Comment réagiront nos bassins versants au changement progressif de régime des précipitations ? Cela dépendra, bien sûr, de la façon dont est géré le territoire : couverture végétale, matière organique dans le sol, taux d’imperméabilisation… Tout cela règle la répartition entre évaporation, infiltration et ruissellement. La nappe de la craie, où les Haut-Normands puisent toute leur eau potable, devrait bénéficier de pluies d’hiver plus intenses, même si le ruissellement risque d’être plus amplifié que l’infiltration et si l’augmentation de l’évapotranspiration du sol (voir plus haut) ne soient pas « limitants », et que la pression grandissante des mauvaises herbes, champignons pathogènes et insectes ravageurs puisse être contenue. Autre « bémol » à cet optimisme : l’agriculture haut-normande est très performante, mais à l’intérieur d’une fourchette cliLa Seine dans matique relativement restreinte. On peut s’interroger sur l’impact d’une le changement climatique multiplication, voire d’une succession l Débit de la Seine à Poses : contrastes sairapprochée, d’événements jusqu’ici rares. sonniers accentués, avec forte baisse des Gardons à l’esprit que le bio répond mieux débits d’étiage et hausse (moins certaine) que les systèmes conventionnels aux séchedes débits de crue. Variabilité interanresses et inondations. nuelle du cycle plus marquée. Les prairies produiront désormais plus tôt l Au niveau de l’estuaire : bouchon en fin d’hiver, et plus tardivement à l’automvaseux et salinité déplacés vers l’amont. ne, tandis que les étés secs et chauds pénaliDu fait d’une sédimentation accrue, l’éléseront le rendement global. Il faudra prévoir vation du niveau de la mer n’a pas d’effet des stocks fourragers. Et adapter, en les sur les marais maritimes. diversifiant, les plantes prairiales à des aléas climatiques plus importants… Moyen4 J.-P. Thorez / AREHN Dans le sol, davantage de carbone sera fixé, mais l’augmentation de la température et de l’amplitude de ses variations accélèrera la dégradation bactérienne des matières organiques. On ne sait pas si la terre se comportera en puits ou en source de carbone. Ce n’est pas neutre, car plus de carbone, c’est aussi plus d’azote immobilisé – une loi de l’agronomie – et donc moins d’engrais disponible pour les cultures. C’est aussi plus d’humus protégeant le sol contre l’érosion et le dessèchement… Le changement climatique est déjà une réalité dans ce village du plateau haut-normand, en juin 2008 : en haut, sur un vieux mur, un pied de centranthe, plante à affinités méditerranéennes ; en bas, un figuier en production. par le sol et les plantes raccourcit la période où les pluies sont efficaces. Dans l’ensemble, la ressource ne devrait pas s’appauvrir, mais elle pourrait être davantage sollicitée par l’irrigation agricole. Le réchauffement de la planète est considéré par les spécialistes comme une menace pour la santé publique. On pense, bien sûr, à la canicule de 2003, qui a entraîné la mort anticipée d’environ 15 000 personnes, aléa appelé à se répéter. Mais les vagues de froid, elles aussi meurtrières, deviennent moins fréquentes. L’augmentation des températures et un niveau de dioxyde de carbone plus élevé dans l’atmosphère allongent la période où les plantes produisent des allergènes. De même, la pollution émise par les véhicules peut engendrer plus d’ozone au niveau du sol – un polluant qui cause des problèmes respiratoires – dans les zones urbaines qui souffrent déjà d’une mauvaise qualité de l’air. Sans doute d’autres mauvaises surprises nous attendent-elles. Ainsi, un climat plus chaud pourrait modifier la nature des grippes saisonnières et affecter la propagation de la maladie. De nouvelles maladies « à vecteur » pourraient faire irruption en Haute-Normandie, comme tout récemment la fièvre catarrhale ovine, qui n’affecte pas l’homme… A consulter : simulations du climat régional sur onerc.org