« Les défis économiques à long terme : perception et réalité »

publicité
juin 2008
eco
Table des matières
1 « Les défis économiques à long terme :
perception et réalité »
18 La conjoncture économique
21 Rapport sur la politique monétaire
21 Colloque sur « La parité du $ canadien, une situation soutenable pour l économie du Québec ? »
26 « Tadek Matuszewski : un pionnier de
la recherche économique au Québec »
26 Un salaire minimum à 8,50$ (Pierre Fortin)
« Les défis économiques à long terme :
perception et réalité »
André Downs, président de l’Association des économistes
québécois (ASDEQ) pour l’année 2007-2008, et
Éric Sanscartier, président du Congrès 2008, avaient un
important défi à relever après les grands succès en termes
d’assistance et d’appui financier des quatre Congrès
précédents de l’ASDEQ. À la 33ième édition du Congrès
annuel de l’Association, qui s’est déroulé les 15 et 16 mai
derniers à l’Hôtel Hilton Lac-Leamy, Gatineau, l’équipe de
l’ASDEQ-Outaouais a très bien relevé le défi en organisant
un congrès qui portait sur « Les défis économiques à long
terme : perception et réalité », un thème majeur pour notre
société et qui comprenait une brochette de
25 conférenciers renommés et provenant de divers
milieux. Ceux-ci sont venus traiter des diverses facettes
de ce thème devant plus de 250 congressistes réunis pour
connaître leur vision, leurs préoccupations et leurs diverses
expériences. La plupart des présentations produites au
congrès sont disponibles au site Internet de l’ASDEQ :
http://www.asdeq.org/congres/congres_2008.html.
www.asdeq.org
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
Une telle réflexion a su interpeller les économistes actifs
en politiques publiques, et le congrès fut encore une
occasion privilégiée de renouer et même créer des liens
avec les nombreux collègues de toutes les régions du
Québec, dans une ambiance conviviale et détendue.
La conférence d’ouverture
La conférence d’ouverture a été offerte par le professeur
Gérard Bélanger, Professeur titulaire au Département
d’économique, Université Laval, qui a publié, en 2007,
un livre sur « l’économie du Québec, mythes et réalité »,
sujet qui était étroitement relié au thème du Congrès 2008.
Lors de son exposé fort captivant, M. Bélanger
a « déboulonné » plusieurs mythes en reprenant, sans
ménagement et avec un brin d’humour, quatre thèmes
qui s’inspirent largement de sa très longue carrière
d’économiste : les économies à offre illimitée de
travailleurs ; la maladie des coûts des services personnels;
pourquoi les conseils des économistes sont-ils rarement
suivis ? ; et l’importance des perceptions.
M. Bélanger croit que le faible
écart du revenu moyen entre le
Québec et l’Ontario devrait se
transposer dans les paiements
de péréquation avec un montant
nul pour les deux provinces ce qui est le cas pour l’Ontario,
mais pas pour le Québec qui reçoit
8 milliards $ en 2008-2009. Selon lui, les discussions sur
la capacité du gouvernement québécois à maîtriser son
immigration en fonction de quelques critères sociaux
désirables sont sans fondement et des interventions à
cet égard sont sans effet puisque, même si le Québec
Équipe de rédaction
Directeur du bulletin:
Gilles René
Collaborateur:
Charles A.Carrier
Conception et design:
François Akio Côté
juin 2008
eco
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
contrôlait seul l’immigration internationale sur son
territoire, il n’aurait aucun contrôle sur le solde migratoire
interprovincial, qui est déterminé par les conditions
économiques.
Les économistes n’auraient pas tenu compte des enjeux
politiques alors que le gouvernement s’identifie plutôt
comme une institution répondant aux incitations véhiculées
par les règles du jeu politique.
La politique la plus favorable à une hausse de la population
du Québec s’identifierait donc à une politique de croissance
économique qui permettrait ainsi de stimuler la croissance
de main-d’œuvre (ce qui expliquerait pourquoi la population
albertaine est en forte expansion).
Finalement, M. Bélanger a réfléchi sur « les perceptions »,
que les économistes évitent parce qu’ils n’y voient pas leur
avantage comparatif. Selon lui, les crises reposent sur des
perceptions influencées par les biais et les mythes.
Dans le livre « The Myth of the Rational Voter »,
Bryan Caplan avait relevé quatre familles de croyances qui
limitent le « miracle de l’agrégation ». Le premier biais
concerne la dépréciation du pouvoir des processus de
marché (ou, selon Schumpeter, le « préjudice indéracinable
que toute action visant à servir l’intérêt du profit doit être
antisociale »). Le deuxième biais touche à la peur d’établir
des relations avec l’étranger, favorisant diverses mesures
protectionnistes. Le troisième biais porte sur le recours au
nombre de travailleurs comme critère d’évaluation au lieu
de la rentabilité ou du surplus engendré.
Il existe différentes façons de réagir à la montée
des coûts des services personnels : en diminuer la
consommation ; et rechercher une standardisation accrue
des services personnels. Pour M. Bélanger, la maladie
des coûts croissants est le produit de la croissance de la
productivité de toute l’économie, permettant d’accroître la
consommation de l’ensemble des produits, y compris ceux
qui ont une productivité stagnante. Pour ce faire, une part
plus élevée d’un revenu croissant devra être consacrée aux
services personnels. Si l’on n’y prend pas garde, une plus
grande richesse entraînera la perte des aspects humains
des services personnels. Cependant, le progrès technique
pourrait éviter cette « décadence », puisqu’il impliquerait
la baisse du prix de tous les produits mesuré en heures de
travail.
M. Bélanger croit que les économistes ont abusé des
effets d’entraînement au Québec. À titre d’exemple, il a
cité le ratio avantages-coûts estimé par Investissement
Québec dans son rapport annuel 2006-2007 : « Depuis
1998, l’évaluation annuelle de la rentabilité économique
d’Investissement Québec a toujours résulté en un ratio
avantages-coûts supérieur à 1. De fait, le ratio global
s’établit à 3,74/1 ». Pourtant le gouvernement du Québec
n’accroît pas beaucoup ses fonds placés dans cet
organisme parce que l’estimation du ratio avantages-coûts
n’est que de la poudre jetée aux yeux des citoyens.
www.asdeq.org
Le progrès technologique est alors perçu comme
destructeur d’emplois. Le dernier biais est le pessimisme,
une tendance à surestimer la sévérité des problèmes et à
sous-estimer la performance de l’économie. Au Québec,
deux facteurs renforcent ces biais : le statut de groupe
minoritaire en Amérique du Nord ; et l’histoire religieuse
du Québec. Pour M. Bélanger, une faible croissance de
la productivité n’est pas nécessairement un indice de
mauvaise performance économique, et la maximisation
du taux de croissance de la productivité ne peut servir de
critère d’évaluation des différentes activités. Le critère pour
juger de l’efficacité des politiques et aussi des différents
projets est celui de la rentabilité - si les bénéfices attendus
d’une activité ou d’un projet sont supérieurs aux coûts
juin 2008
eco
prévus, le projet contribue à accroître le revenu réel de la
population et doit être réalisé, même si le projet n’a pas
les caractéristiques de modernité ou de technologie de
pointe. C’est pourquoi, les alumineries ont une productivité
du travail très élevée, mais demeurent aujourd’hui une
source de pauvreté pour le Québec. M. Bélanger a donc
saisi l’occasion pour réitérer que l’aide récurrente aux
alumineries soit expliquée.
Les plénières
Première plénière
La première plénière a porté sur « D’une crise à
l’autre ? Perception et réalité » avec les conférenciers
Jean-Louis Roy, chercheur invité au Centre de recherche
en Droit Public de l’Université de Montréal et Président
de Partenariat International, et Louis Lévesque,
sous-ministre, Affaires intergouvernmentales,
Bureau du Conseil privé.
M. Roy a réfléchi aux défis
économiques à long terme en deux
temps : d’abord en tirant quelques
enseignements des évolutions actuelles
et prévisibles du monde; et dans un
second temps, en identifiant certains
des éléments qui sont susceptibles
d’avoir un impact direct, puissant et
durable sur le contrôle et la direction de l’économie au
XXIè siècle. La révolution démographique et la révolution
de la longévité ajoutée à l’urbanisation accélérée de la
famille humaine constitue un défi politique, économique et
social monumental. Au cours des prochaines décennies,
le monde ne ressemblera en rien à celui que nous
connaissons ni par la taille de la famille humaine, sa
distribution spatiale et la pyramide des âges. Émergent des
enjeux de gouvernance, du développement économique
comprenant notamment la distribution de l’investissement
international et de l’accès aux ressources, de la cohésion
sociale, de la sécurité collective et de la sécurité humaine
de grande portée. La mondialisation est le plus important
www.asdeq.org
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
évènement géopolitique des temps modernes, qui a
produit des bouleversements considérables que nul
n’avait anticipés, mais qui n’a pas encore produit tous ses
effets. Deux éléments constitutifs de la mondialisation,
la libéralisation des économies à l’échelle de la planète
et la globalisation du système d’information et de
communication ont modifié durablement la situation des
uns et des autres concernant la production et l’application
de la science et de la technologie. La mondialisation
concourt, sans conteste, à un rééquilibrage économique
majeur et inachevé. De plus, la montée spectaculaire
du commerce et de l’investissement Sud-Sud pourrait
ouvrir une nouvelle phase dans la mondialisation. Cette
phase serait marquée par la prépondérance des acteurs
économiques du Sud dans l’ensemble des marchés du Sud.
Certains se réjouissent de cette perspective. D’autres s’en
inquiètent et s’interrogent sur les conséquences d’une telle
mutation sur le système international. Il est évident que
la taille de l’économie des pays membres du BRIC (Brésil,
Russie, Inde et Chine) surpassera vraisemblablement celle
des pays membres du G6 (États-Unis, Japon, Allemagne,
Grande-Bretagne, France, Italie) dans 20 ans, et que la
taille de l’économie chinoise devrait atteindre celle des
États-Unis quelques années plus tard.
De ce qui précède se dégagent quelques enseignements
d’ensemble :
- l’idée d’une transition vers autre chose qui est en train d’advenir et demeure toujours incertain ;
- l’idée aussi que la prépondérance américaine ne dispose plus, avec la même assurance, de toutes les assises indispensables qui ont fondé son remarquable positionnement depuis la Seconde Guerre mondiale ; et
- l’idée enfin que d’autres ambitions se déploient et
que leurs avancées actuelles apparaissent substantielles, convaincantes et susceptibles de faire l’avenir.
Les défis économiques globaux à long terme sont donc
indissociables de cette géopolitique mouvante et incertaine.
La perception, voire la conviction, est largement partagée
que l’étape actuelle est pleine de risques et incapable de
juin 2008
eco
produire les avancées hier encore présentées comme
souhaitables, sinon indispensables. Dans le monde
tel qu’il est et dans un monde qui comptera demain
près de 10 milliards de personnes, le défi principal est
celui de la recomposition du système international et
les requêtes d’inclusion et d’équité qui surgissent de
toute part. Certes le défi est d’abord politique, mais les
conditions de la stabilité et de la sécurité ont un impact
direct et substantiel sur l’économie, la croissance et le
développement.
Le monde serait dominé non pas par un ou deux États ou
plusieurs d’entre eux, mais bien par un grand nombre de
sources de pouvoir de toute nature.
Il va de soi que les positions acquises du Canada sont
intégralement remises en cause par les changements
du monde. Certes, une vraie délibération est nécessaire
concernant l’avenir à long terme du pays, le maintien
de sa capacité de préserver les équilibres acquis entre
croissance économique et croissance sociale, ses niches
d’« excellence » technologiques et autres, le maintien et
le développement de ses indispensables relations avec
les pays « amis » pour compenser le déclin relatif de
son poids dans le monde et dans la nouvelle conjoncture
internationale, ses besoins d’investissement pour
maintenir et accroître sa compétitivité. Il s’agit aussi
de la culture politique canadienne dans le système
international, du maintien de sa capacité et de sa volonté
ou non de formuler des propositions et de les défendre
pour la refondation du système international. La même
chose s’applique pour le Québec, qui ne doit pas laisser à
d’autres le soin de définir ses intérêts dans la conjoncture
fluide actuelle et qui, dans la nouvelle définition de la
politique canadienne doit faire valoir avec force ses intérêts
propres. Certaines initiatives récentes concernant nos
liens avec l’Europe et la mobilité professionnelle entre le
Québec et la France, demain peut-être entre le Québec et
les pays membres de la Francophonie, vont dans ce sens.
Le Québec appartient à la catégorie des États fédérés à
l’intérieur des grands ensembles politiques comme des
pouvoirs régionaux majeurs.
www.asdeq.org
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
Dans son allocution, Louis Lévesque a
utilisé, en premier lieu, des analogies
à l’histoire militaire depuis 100 ans. Il a
relaté le choc entre la technologie et la
tradition où la destruction de l’ennemi se
faisait sans honneur par la trigonométrie
et la grosseur des canons plutôt que la
bravoure. Il a noté que les idées et les
valeurs changent moins rapidement que la technologie
et la réalité économique. La guerre est finie, mais la
prochaine sera différente - les perdants comprennent
ça d’instinct, mais les gagnants se complaisent. Côté
économie, il a noté que, traditionnellement, les bons
emplois étaient dans le secteur manufacturier, dont les
problèmes occupent beaucoup de place dans les médias
et les préoccupations des gouvernements. Les activités
d’Investissement Québec, qui sont concentrées à plus de
80% dans le secteur manufacturier, démontrent qu’elles
influencent les politiques publiques. De plus, la part de ce
secteur est à la baisse dans toutes les économies avancées
parce que des bons emplois sont créés dans d’autres
secteurs.
Au Québec, le secteur des services propulse l’économie
du Québec alors que la part du secteur manufacturier,
concentré dans certaines régions et avec ses emplois
visibles et bien rémunérés, suit une tendance à la baisse,
tout comme dans les pays industrialisés.
Le chômage continue d’être l’indicateur économique
qui retient le plus l’attention. À long terme, l’emploi sera
largement déterminé par la démographie avec peu ou pas
de croissance de la population active et de l’emploi.
La croissance de l’économie devra provenir de sources
autres que de l’emploi telles que l’augmentation de
la productivité ou des heures de travail. À long terme,
la croissance de l’emploi est déterminée par celle de la
population active qui est largement déterminée par la
démographie. Ce qui entraînera un changement radical de
situation – la politique économique qui est dominée par le
modèle keynésien de gestion de la demande (chômage dû à
l’insuffisance du nombre de postes par rapport au
ASDEQ
C.P. 6128,
succ. Centre-Ville
Montréal (Québec)
H3C 3J7
Téléphone :
514.342.7537
Télécopieur :
514.342.3967
Courriel :
[email protected]
Internet :
www.asdeq.org
juin 2008
eco
nombre de personnes) devra tenir compte des besoins
des employeurs qui indiquent maintenant des difficultés
croissantes à remplir leurs postes vacants avec une main
d’oeuvre spécialisée. Cette situation est encore plus
marquée dans les provinces de l’Ouest.
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
(IRPP),Alain Dubuc, Chroniqueur, journal La Presse,
et Joseph Facal, Professeur agrégé, École des Hautes
études commerciales, ont tenté de répondre à la question
suivante : « Peut-on rendre compatibles la gestion de long
terme et le cycle électoral ? »
ASDEQ
C.P. 6128,
succ. Centre-Ville
Montréal (Québec)
H3C 3J7
Téléphone :
À long terme, le défi de la productivité a un impact plus
important que les problèmes sectoriels ou la création
d’emploi. La faible croissance ou la diminution de l’emploi
total est inévitable étant donné la démographie. Sans
amélioration de la productivité, il y aura un ralentissement
important de la croissance du PIB par habitant (niveau
de vie). De surcroît, le vieillissement de la population
entraînera des pressions de dépenses surtout pour la
santé. Le défi démographique sera plus marqué au Québec
qu’ailleurs Canada. Si la croissance de la productivité
se maintient à 1% par année en moyenne, il y aura un
ralentissement important de la croissance du PIB par
habitant au Québec. De plus, il y aura de fortes pressions
à la hausse pour les dépenses en santé.
M. Lévesque a dit qu’il faut éviter des conclusions faciles,
simplistes et inutiles telles que : c’est la faute aux médias:
les journalistes recherchent le sensationnalisme et ne
comprennent pas l’économie ; ou bien c’est la faute
aux politiciens: ils sont obsédés par les sondages et les
considérations électorales de court terme. Selon lui,
il serait beaucoup plus utile de prendre un miroir et de
questionner le rôle des professionnels de l’économie :
Il faut mettre à jour nos modèles et nos discours au lieu
d’être en train de livrer les batailles du passé ;
Il faut faire l’effort de trouver les bonnes façons de
communiquer les nouvelles réalités au lieu de simplement
répéter ce qu’on veut entendre des économistes ;
et Il faut apprendre à vivre avec la réalité démocratique
et à communiquer clairement et simplement
Deuxième plénière
A la deuxième plénière, France St-Hilaire, Vice-présidente,
Recherche, Institut de recherche en politiques publiques
www.asdeq.org
France St-Hilaire a intitulé
sa présentation « La myopie
des gouvernements face aux
grands enjeux économiques et
sociaux : Plus qu’un problème
de vision ». Elle a informé les
participants que l’IRPP venait
juste de terminer un important
projet de deux ans sur la même
thématique avec comme objectif
de contribuer à un débat de
fond sur les grands enjeux à moyen terme en ce qui a
trait au bien-être économique et social des Canadiens.
La conclusion est que nous sommes en présence de
tendances lourdes, tant sur le plan de la mondialisation
que sur le plan démographique et environnemental, et qu’il
est grand temps de réfléchir aux implications de
ces changements, et surtout d’agir en conséquence.
En fait, les grands enjeux sont bien connus et font l’objet
de consensus assez larges, en particulier ceux qui ont trait
à l’impact économique et social du vieillissement de la
population, des économies émergentes et de la mobilité
accrue des facteurs de production, et de la dégradation
de l’environnement. Pour ce qui est de la question au
programme à savoir si on peut rendre compatibles la
gestion à long terme et le cycle électoral, c’est autre
chose. Même dans le meilleur des mondes, il est toujours
difficile pour tout gouvernement de se pencher sur de
grands enjeux et de prendre des mesures appropriées
lorsque les horizons, et les résultats escomptés, se
situent bien au-delà des échéanciers électoraux. Cette
tendance à la myopie est d’autant plus inévitable dans un
contexte de gouvernement minoritaire, tel que celui qui
existe au fédéral depuis 2004 et au Québec depuis l’an
dernier. C’est pourquoi, la teneur des débats actuels est
en bonne partie dictée par des considérations politiques
514.342.7537
Télécopieur :
514.342.3967
Courriel :
[email protected]
juin 2008
eco
immédiates étant donné que le climat récent n’a pas été
très propice aux discussions approfondies sur les grandes
tendances. Par contre, les gouvernements majoritaires,
sous Messieurs Pearson, Trudeau et Mulroney, n’ont pas
manqué d’ambition et de vision à long terme, et n’ont pas
hésité à mettre de l’avant des mesures structurelles et des
institutions permanentes qui ont permis la mise en place
des derniers piliers de l’État-providence, la croissance
marquée de l’intervention gouvernementale dans
l’économie et les politiques sociales, et la libéralisation des
échanges commerciaux avec les États-Unis.
Au lieu de critiquer les politiciens,
M. Dubuc s’est plutôt porté à leur
défense. Pour lui, il est normal qu’un
politicien tienne compte de l’échéance
électorale, et que, par conséquent,
le désir d’être réélu soit tout à fait
légitime – la réélection allonge les
objectifs. Cependant, il ne faut pas
oublier que les politiciens ont quand
même réussi à mettre en place des politiques ou des
programmes à long terme (p.ex. l’assurance-maladie, les
centres de la petite enfance (CPE), la défense militaire),
mais ils se doivent aussi de tenir compte des contraintes.
M. Dubuc a tenu a rappeler que les politiciens sont une
émanation de la population, et que, par conséquent, le
gouvernement se doit de tenir compte des désirs du
peuple, et à cet égard, réagir à une catastrophe est tout
à fait humain. Un autre élément à retenir est le jeu entre
le pouvoir et l’opposition, qui est dans le court terme.
L’idéologie est un autre facteur, car s’il n’y a pas de
consensus sur une politique ou un programme, il devient
très difficile pour un politicien de les mettre en œuvre.
La plupart des choix font des gagnants et des perdants.
Pour les politiciens, ça prend l`énergie et la vision d’un
leader pour bien expliquer les enjeux et d’entreprendre des
réformes avant qu’il ne soit trop tard.
M. Facal, un ex-ministre du gouvernement provincial, a
admis que, pour les politiciens, il y a un mariage plutôt
compliqué entre le long terme et le court terme. En
premier lieu, il faut mettre ça en contexte, car il y a le
processus démocratique, qui est parfois lourd et bruyant
www.asdeq.org
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
- si la démocratie était absente, ce
serait la dictature. Ensuite, il faut
relativiser le problème puisque,
même à long terme, il y a des
problèmes idéologiques. M. Facal
a fait part des trois points de vue
suivants : le long terme est difficile
à cause des problèmes difficiles
à court terme (p. ex. la question du trade-off entre le
court terme et le long terme parce qu’il n’y a pas assez
de ressources) ; un politicien est un otage d’une situation
toute simple : « se faire élire » – ce qui implique que le
comportement du politicien, qui n‘est pas irrationnel, vise
à maximiser non pas les valeurs, mais les votes ; il ne
faut pas blâmer les politiciens, mais nous-mêmes, l’être
humain - « pourquoi un politicien doit dire la vérité si nous
ne voulons pas l’entendre ? ».
Il a terminé son allocution en disant que la population
récompense la droiture, et qu’il faut espérer un leadership
politique qui expliquera pourquoi il faille se soucier du
long terme. À des questions provenant de la salle, M. Facal
a répondu : que la grande majorité des engagements
électoraux sont tenus d’après des études sociologiques,
mais que les journalistes ne retiennent que ce qui ne va
pas ; et que les subventions aux alumineries furent une
erreur et que nous semblons persister dans cette erreur.
Il trouve qu’on subventionne lourdement des projets dans
des régions en difficulté à cause des effets de levier et que
c’est faux.
Dîners-causerie
Les défis économiques à long terme du Québec
Au premier dîner-causerie, Marcel Côté, fondateur associé
de Secor, était le conférencier invité. En préparant son
allocution, il a redécouvert une conférence qu’il avait
prononcée en 1988 au congrès du chapitre québécois de la
Société canadienne de science économique et qui portait
sur « Les conséquences économiques de l’insularité
juin 2008
eco
linguistique du Québec ». Dans un premier temps,
M. Côté a passé en revue ce qui pourrait être appelé
« le consensus des économistes » sur les défis à moyen
terme de l’économie du Québec, et dans un deuxième
temps, il a repris la thèse qu’il avait développée en 1988,
à savoir : la centralité de la singularité linguistique du
Québec dans ces défis, pour enfin proposer des pistes pour
une réflexion plus approfondie sur le rôle de la langue dans
notre compréhension des défis économiques du Québec à
moyen terme.
Il a noté que, depuis au moins une
vingtaine d’années, les choses
vont relativement mal au Québec,
où sévit plusieurs crises : d’abord,
une crise démographique,
qui est une crise plus à venir que
réelle, alimentée par le double
effet d’une fécondité trop basse et
de la psychose des retraites anticipées des babyboomers,
qui affecteront le marché du travail ; ensuite, une crise de
productivité, dont les causes sont, entre autres, l’éducation,
le taux d’investissement, particulièrement dans les
technologies de l’information, et spécifiquement pour le
Québec, une fiscalité dysfonctionnelle et les rigidités du
marché du travail ; troisièmement, la crise des finances
publiques, et son complément, une fiscalité individuelle
démotivante qui, de plus en plus, ne s’appliquera qu’à une
minorité des électeurs ; et enfin, une crise d’immobilisme,
p. ex. le retrait du projet du Casino et le cafouillage du
CHUM qui en sont des symboles.
Ces crises, qui ne datent pas d’hier, sont aussi, à
quelques nuances près, les grands enjeux économiques
de demain au Québec : la démographie ; la productivité ;
le déséquilibre structurel de nos finances publiques ;
et la dynamique politique québécoise, avec ses obsessions
et ses règles du jeu parfois paralysantes.
M. Côté a rapporté que la performance économique
structurelle du Québec inquiète les analystes qui
l’ont étudié. Les difficultés à attirer au Québec un
www.asdeq.org
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
nombre suffisant d’immigrants pour maintenir le poids
démographique dans l’ensemble nord-américain peuvent
expliquer les carences dans la croissance du PIB.
De plus, la singularité linguistique du Québec contribue
à la difficulté de hausser ce niveau d’immigration. Par
ailleurs, la croissance économique per capita du Québec
est relativement semblable à celle de l’Ontario, et jusqu’au
dernier boom des matières premières, à celle du Canada.
Montréal, qui compte pour près de la moitié du PIB du
Québec, a de la difficulté à jouer son rôle de moteur sur
l’économie du Québec, ce qui se remarque d’ailleurs
dans des taux de chômage chroniquement élevé pour une
métropole, relativement à ce qui est observé ailleurs au
Québec. Une région dont la métropole n’est pas motrice est
mal en point économiquement. Il y a lieu de se pencher sur
l’optimisation de l’économie de Montréal dans le cadre de
son défi collectif d’être une ville francophone en Amérique
du Nord. Enfin, autant par sa taille que par la présence
d’une minorité anglophone importante et son attrait auprès
des immigrants, Montréal est différente et sera toujours
différente du reste du Québec. Mais la dynamique politique
québécoise qui en résulte ne semble pas bien servir
Montréal. La singularité linguistique du Québec se traduit
par un haut niveau de capital social, ce qui semble être
bon pour le bonheur collectif, selon les travaux sur le sujet.
Mais il y a en contrepartie des effets pervers qui viendront
mettre du sable dans les engrenages des décisions
économiques à portée collective.
Même si beaucoup de choses ont changé au Québec
sur le front linguistique depuis vingt ans, le Québec
demeure encore aujourd’hui un îlot francophone intégré
économiquement à un ensemble anglophone 50 fois plus
gros, et il continuera d’affirmer son caractère francophone
dans les décennies à venir. Les analyses prospectives
usuelles sur l’économie du Québec traitent, au chapitre
des recommandations, de productivité, de capital humain,
d’investissements, de recherche et développement. Mais,
comme des poissons dans l’eau, la réalité linguistique
dans laquelle nous baignons, et qui nous distingue de nos
partenaires économiques, est trop souvent oubliée. Il est
juin 2008
eco
à souhaiter que les économistes du Québec penseront
plus à la langue et à ses effets structurels sur l’économie
québécoise.
Les théories économiques au service
des politiques économiques
Au deuxième dîner-causerie, l’allocution de
Rodrigue Tremblay, Professeur émérite de sciences
économiques, Université de Montréal, portait sur
« Les théories économiques au service des politiques
économiques ». Il s’en est tenu aux quatre observations générales suivantes sur :
- l’économie en tant qu’art appliqué,
- la vérité des prix et l’efficience des marchés,
et quand il est nécessaire de réglementer,
- l’endettement financier par rapport à l’économie réelle au cours des cycles économiques, et
- finalement, la crise énergétique qui se pointe à l’horizon et sur l’évolution du dollar canadien au
cours de cette tourmente appréhendée.
M. Tremblay a réitéré sa conviction
que l’économie, surtout l’économie
appliquée, est tout autant un art
qu’une science. Les économistes
sont un peu à l’économie ce que sont
les médecins à la santé du corps
humain. Les médecins utilisent
les sciences, telle la biologie, pour
exercer leur art alors, et les économistes se réfèrent à
des théories économiques éprouvées et à des techniques
quantitatives pour résoudre des problèmes ou formuler des
politiques. La différence entre la médecine et l’économie
appliquée est que la médecine est davantage inductive,
tandis que l’économie demeure une discipline qui se
fonde encore principalement sur la déduction de principes
généraux plutôt que sur les problèmes économiques
concrets à solutionner.
www.asdeq.org
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
Les économistes croient que le système des marchés
concurrentiels et des prix relatifs et monétaires
flexibles est le meilleur moyen de faire l’allocation des
ressources et d’éviter les situations de pénurie, en plus
de favoriser l’efficacité et la productivité. S’il n’y a pas
d’ajustements par les prix, les ajustements doivent se
faire par les quantités, ce qui est beaucoup plus difficile
et douloureux à mettre en œuvre. C’est pourquoi la très
grande majorité des économistes favorisent le libreéchange et ne réservent les mesures protectionnistes
qu’à des situations particulières. Ils favorisent aussi des
monnaies indépendantes et des taux de change flexibles,
toujours afin de favoriser les ajustements par les prix
plutôt que par les quantités. Cependant, les ajustements
par les prix n’ont jamais été et ne seront jamais des
mécanismes parfaits d’allocation des ressources, car il y
a des situations où la « vérité des prix » n’existe pas (p.ex.
le cas de la pollution et des produits polluants). En fait, les
marchés sont des institutions fragiles, très influencées
par le contexte politique général, et ils sont très souvent
sujets à des dérapages et à des défaillances. Il y a même
des ressources pour lesquelles l’exploitation par le libre
marché et le libre jeu des prix est tout à fait contreindiquée, comme la surpêche des fonds marins l’illustre
bien. De plus, les cartels, les monopoles et la manipulation
des marchés, conduisent aux besoins de réglementation
des marchés quand le nombre de producteurs est
restreint ou quand l’intérêt public peut facilement être
floué de façon irrévocable. Mais il faut éviter les effets
pervers en situations de sur-réglementation ou de sousréglementation (p.ex. l’intérêt des réglementeurs de surréglementer et de réglementer tout et rien d’une manière
tatillonne). Un grand problème vient de l’intervention
politique partisane dans l’application des réglementations
lorsque des marchands, des industriels ou des banquiers
s’emparent de facto des organismes de réglementation
(p.ex. la Securities and Exchange Commission (SEC) et la
FED furent confiés à des personnes proches de l’industrie
qu’ils avaient à réglementer, de sorte qu’ils ne sont point
intervenus lorsque les banques et les courtiers se sont mis
à faire des prêts obligataires avec des dépôts négatifs ou à
faire des placements risqués, pour ensuite transférer les
risques à des investisseurs trompés par les agences de
juin 2008
eco
cotation). La bulle spéculative dans l’immobilier et la crise
bancaire américaine qui s’en ait suivie sont, en grande
partie, le résultat du lobby des banques qui fit sauter le
Glass-Steagall Act qui défendait aux banques de se lancer
dans le trafic de titres spéculatifs. La crise du subprime et
du papier commercial adossé à des actifs (PCAA) va servir
pendant longtemps de référence à ce qui arrive quand
les marchés se détraquent et que la réglementation est
suspendue ou paralysée.
M. Tremblay a ensuite abordé le fardeau d’endettement
maximal qu’une économie peut supporter. Selon lui, la
question structurelle de l’importance des dettes non
bancaires par rapport au produit intérieur brut (PIB)
ne reçoit pas beaucoup d’attention dans les études
théoriques, alors que le ratio des dettes sur le PIB peut
être un indicateur d’importants problèmes économiques
à venir. Au début des années ‘80, le ratio américain s’est
mis à grimper, de sorte que présentement il est au même
niveau qu’il l’était en 1932, soit supérieur à 300 pourcent.
Il pense que le fardeau du surendettement est susceptible
de peser encore plus longtemps sur l’économie réelle
aux États-Unis. Les exportations seraient la principale
source de croissance grâce à une monnaie sous-évaluée,
et possiblement par un endettement public encore plus
grand pour financer des guerres ou de grandes dépenses
d’infrastructure. Pour le Canada, les producteurs
trouveront le marché américain moins hospitalier et
beaucoup plus compétitif au cours des prochaines années.
Le présent ralentissement ou la récession actuelle
(si elle est confirmée), après un rebondissement
temporaire, pourrait perdurer encore quelques années.
Ce pourrait être une période de stagflation, c’est-à-dire
caractérisée par une croissance anémique et par des
hausses de prix dans la foulée de la flambée des prix du
pétrole et des produits de base.
Comme le Canada a une pétro-monnaie, le dollar canadien
sera sans doute le facteur qui influencera le plus l’évolution
de l’activité économique et de l’emploi au cours des
prochaines années. La Banque du Canada sait bien que le
Canada est menacé de la « maladie hollandaise » et d’une
www.asdeq.org
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
désindustrialisation importante si le scénario du «Peak
Oil», avec des prix pour le pétrole qui pourraient dépasser
$200 le baril, en venait à dominer l’économie mondiale
dans les prochaines années. L’économie mondiale devra
donc s’adapter à une transformation majeure dans les
sources énergétiques. Cela prendra du temps, à cause du
très grand stock de capitaux reliés au pétrole, notamment
en matière de transport, de sorte que la stagflation
pourrait perdurer pendant encore plusieurs années.
Pour le Canada, cela pourrait signifier un dollar fort et
surajusté à la hausse, pouvant atteindre possiblement
1,20-1,30 $U.S. Un tel scénario aurait vraisemblablement
des conséquences désastreuses pour la production et
l’emploi dans le secteur manufacturier du Québec et de
l’Ontario, et même dans celui de la forêt et des mines et
de tous les secteurs exportateurs ou en concurrence avec
les importations. Comme le Canada a de grands gisements
en pétrole et en gaz naturel, M. Tremblay a réitéré sa
proposition que le gouvernement canadien constitue un
fonds de richesse collective, en monnaies étrangères, afin
de gérer la crise énergétique qui s’annonce. Ainsi, pendant
une dizaine d’années, le gouvernement canadien pourrait
constituer un fonds de richesse collective de quelques
200 milliards, ce qui permettrait de maintenir le dollar
canadien à l’intérieur d’une fourchette qui empêcherait que
la désindustrialisation de l’économie canadienne, et le flux
des revenus découlant de ce fonds pourrait servir à bonifier
les paiements de péréquation versées aux provinces pour
que ces dernières procèdent à la reconstitution de leurs
infrastructures de base.
M. Tremblay a conclu que, même si l’économie
canadienne, qui est en meilleure santé que l’économie
américaine, devrait aussi ralentir dans les prochaines
années puisque environ quatre-vingt-cinq pourcent des
exportations canadiennes sont dirigées vers les ÉtatsUnis, et que la poussée des prix du pétrole devrait se
refléter sur un dollar canadien à la hausse. Et si ça
s’avérait vrai, ce le serait davantage pour le Québec et
l’Ontario dont les secteurs manufacturiers subiront le
gros des contrecoups. Cependant, il souhaite que cette
tendance lourde, qui n’est pas complètement inévitable,
juin 2008
eco
soit amortie par des politiques économiques appropriées.
Sa deuxième conclusion a été que l’économiste permet
de comprendre en profondeur comment fonctionnent les
sociétés et quels sont les défis qu’elles doivent relever
pour survivre et pour prospérer. Il a exprimé le souhait que
les économistes participent davantage aux grands débats
publics concernant les problèmes économiques et sociaux
de l’heure. Les économistes doivent être visibles sur la
place publique, sinon d’autres professions le seront et les
résultats risques d’en souffrir.
Les ateliers
Huit ateliers concomitants fort intéressants ont porté sur
des thèmes très variés : changements démographiques;
les entreprises ; l’environnement ; l’immigration ;
les partenariats public-privé (PPP) ; nouvelles énergies ;
la productivité ; et l’adoption de nouvelles technologies
dans les pays en développement.
Atelier 1A - Changements démographiques : sommes-nous prêts ?
Les conférenciers de cet atelier furent Alain Denhez,
Directeur associé de recherche, Projet de recherche sur
les politiques, Laurent Martel, Chef, Division Analyse
démographique, Statistique Canada, et
Jean-Claude Ménard, Actuaire en chef du Canada, Bureau
du Surintendant des institutions financières du Canada.
M. Denhez est convaincu que le vieillissement de la
population est un défi à relever, et non une crise, qui
entraînera des transitions sociales et économiques dans
la société. Il a noté l’importance du risque économique
que pose le vieillissement de la population et a insisté
sur la nécessité pour les individus d’exercer des choix
dans leur intérêt personnel bien compris ainsi que celui
de la famille et de la société. Il faut aussi encourager les
travailleurs âgés à prolonger leur vie active au profit de leur
famille, d’eux-mêmes et de l’économie, et de les outiller
en conséquence. « Habiliter » et « encourager » sont donc
des mots clés. Quant à l’évaluation de l’avenir, il pense
que nous avons l’occasion, comme société, d’atteindre
www.asdeq.org
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
des objectifs sur les plans économique, social et de la
qualité de vie en adoptant une stratégie proactive pour
changer les attitudes, améliorer les conditions de travail,
développer le capital humain et favoriser l’inclusion sociale
et économique.
Pour M. Martel, la plus importante tendance pour le futur
est la baisse inéluctable du taux global d’activité au Canada
et dans toutes les provinces, une tendance également
observée dans d’autres pays industrialisés comme
l’Allemagne ou les Etats-Unis. C’est une conséquence
projetée de la faible fécondité et du vieillissement de la
population canadienne, vieillissement qui sera exacerbé
dans les années à venir par l’arrivée à l’âge de la
retraite des boomers. Une hausse de la fécondité ou de
l’immigration n’aurait qu’un effet marginal sur l’évolution
attendue du taux global d’activité, du moins à court ou à
moyen termes. Il a aussi constaté que la poursuite de la
hausse des taux d’activité par âge permettrait de retarder
de quelques années la baisse du taux global d’activité. Et cette évolution procurerait au Canada une possibilité
d’exploiter une « fenêtre d’opportunité » pendant encore
quelques années. Il a de plus observé que le vieillissement
rapide de la population active continuera au moins jusqu’au
début des années 2020 d’avoir des effets sur le marché
du travail, constituant pour les employeurs canadiens un
défi important quant à la gestion et au renouvellement
de leur main-d’oeuvre. L’augmentation du nombre de
travailleurs âgés pourrait également avoir des effets sur la
productivité du travail. Quoi qu’il en soit, nul doute que la
baisse attendue dans l’avenir de la population active aura
de nombreuses implications sur l’économie et la société
canadienne. De nouveaux équilibres seront probablement
à trouver afin d’assurer la pérennité des régimes de retraite
et de santé actuels, la baisse de la population active
ayant un effet non seulement sur le rapport de cotisants/
prestataires mais aussi sur le volume des revenus fiscaux
des gouver­nements. Elle affectera également le potentiel
de croissance de l’économie canadienne puisqu’il repose
essentiellement sur deux facteurs : la part de la population
au travail et la productivité. La croissance économique
dans l’avenir reposera moins sur la démographie et
juin 2008
eco
davantage sur les gains en productivité, gains qui
pourraient cependant venir atténuer les conséquences de
l’évolution plus lente, voire de la baisse de la population
active. Les tendances de la population active devront faire
l’objet d’une attention particulière si le Canada veut relever
les défis d’une société vieillissante tout en assurant sa
prospérité économique.
Après avoir mentionné que le niveau de la population
canadienne, âgée de 65 ans ou plus, devrait croître de
151 % entre 2006 à 2050, M. Ménard a dit que la société a
besoin d’un système public de retraite fiable et basé sur
les trois grands principes suivants, qui ont d’ailleurs été
retenus par le système canadien, à savoir :
- équité intergénérationnelle (chaque génération paie un taux de cotisation équitable, tout en permettant
- d’assurer le maintien du régime à long terme) ;
solidarité (où la société protège chaque individu et assure collectivement un niveau de vie de base pour les retraités à faible revenu) ; et
- responsabilité (où la sécurité du revenu de retraite
relève conjointement de l’État, de la société, des employeurs et des particuliers).
La sécurité du revenu à la retraite relève conjointement
de l’État, de la société, des employeurs et des particuliers.
C’est pourquoi, le système canadien de sécurité du revenu
à la retraite comporte divers modes de financement (p.ex.
le Régime de pensions du Canada (RPC), le Régime de
rentes du Québec et la sécurité de la vieillesse (SV)), et est
complémenté par des régimes de retraite privés et des
Régimes enregistrés d’épargne-retraite (REER). Il croit
que la société devrait aussi encourager les travailleurs à
rester plus longtemps sur le marché du travail à cause
de l’allongement de l’espérance de vie et de la pénurie
anticipée de main-d’oeuvre. Relativement au vieillissement
à l’échelle mondiale, il y a trois grands indicateurs à
considérer : la rapidité du vieillissement ; son ampleur;
et l’évolution de la population active. Il appert que les
États-Unis représentent le pays industrialisé qui sera le
moins touché par le vieillissement de la population. À
noter que sept pays de l’OCDE ont ou auront fixé un âge
www.asdeq.org
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
normal de la retraite supérieur à 65 ans (dont l’Allemagne,
le Royaume-Uni et États-Unis), alors que dans presque
tous les autres pays, l’âge normal de la retraite demeure 65
ans. Parmi les pays ayant fixé l’âge de la retraite à moins
de 65 ans, on y retrouve la France. M. Ménard a conclu en
disant que, bien qu’il soit toujours possible d’améliorer un
système de pensions national, celui du Canada satisfait les
caractéristiques d’un système de retraite efficace à cause
de :
- la diversification des sources de revenu de retraite ;
- le coût économique raisonnable des pensions publiques (en % du PIB) ;
- la diversification des modes de financement ;
- le maintien du niveau de vie à la retraite ;
- la réduction de l’inégalité des revenus ; et
- la réduction de la pauvreté chez les aînés.
Atelier 1B - Nos entreprises sont-elles à la fine pointe ?
Pascal Gauthier, Économiste, TD Economics, et Pedro
Antunes, Directeur des prévisions économiques nationales
et provinciales, Conference Board du Canada, furent les
conférenciers de cet atelier sur le défi des entreprises.
M. Gauthier a dit que, même si le Québec ferait mieux que
l’Ontario, les entreprises sont susceptibles de se serrer la
ceinture et certaines d’entre elles auront peut-être, à court
terme, du mal à réunir de nouveaux capitaux, ce qui risque
de réduire leurs investissements. En revanche, elles sont
dans l’ensemble en bonne santé financière et pourront
surmonter les obstacles. M. Antunes a dévoilé les enjeux
suivants pour les entreprises québécoises : à court terme:
le prix des matières premières demeurent élevés, et le
huard maintient sa force alors que l’économie américaine
s’affaiblit ; à long-terme : démographie (vieillissement de
la population et pénurie de main d’oeuvre) et productivité
de la main d’œuvre (investissement au niveau du capital
puisque le coût de la main d’œuvre augmente) ; et
l’intégration dans les chaînes de valeur mondiale – étant
donné que toutes tes les étapes de la chaîne de valeur d’un
produit, depuis la conception jusqu’à la consommation,
deviennent de plus en plus mobiles, le défi que doit relever
juin 2008
eco
le Canada consiste à mettre en place un environnement
économique qui attirera et retiendra les étapes les plus
profitables pour les entreprises canadiennes.
Atelier 1C - Environnement : sommes-nous des élèves modèles ?
François Cardinal, auteur et journaliste, La Presse et
Martin Comeau, Économiste, Recyc-Québec, sont venus
témoigner de ce que les québécois disent et font au sujet
de l’environnement. M. Cardinal, auteur du livre « Le
Mythe du Québec vert », a dit que l’image verte qu’ont les
québécois d’eux-mêmes n’est, en réalité, qu’une illusion
puisque les québécois, avec une production par habitant de
quelque 466 kg de détritus, sont les champions canadiens
de la production de déchets, en plus d’être de piètres
recycleurs, de grands amateurs de (grosses) voitures, et
très énergivores. Le virage vert n’a pas encore eu lieu au
Québec. Pour y remédier, il faut se tourner vers le concept
de plus en plus répandu du système pollueur-payeur,
soit demander aux québécois d’assumer le coût de leur
impact sur l’environnement. Le système « pay-as-youthrow » est largement répandu puisqu’il a été adopté
par des centaines de municipalités au Canada, par des
milliers de municipalités aux États-Unis, et en Europe.
Dans le domaine du transport, étant donné que le pétrole
continuera d’être , pour des décennies à venir, le carburant
de choix, il faut revoir les façons de tarifer la conduite
en appliquant le système « pay-as-you-drive ». Dans le
domaine de l’énergie, le principe de l’utilisateur-payeur
passe par une hausse des tarifs d’électricité (en d’autres
mots, le « pay-as-you-chauffe » !). Martin Comeau a dit
que la performance actuelle du Québec en matière de
récupération et de mise en valeur des matières résiduelles
témoigne de progrès importants, qui sont le fruit des
efforts mis en oeuvre par tous les partenaires engagés
dans ces secteurs. Il a noté l’impact de deux mesures
importantes : 1) une redevance à l’élimination (65 M $
ont été versés aux municipalités pour la mise en oeuvre
des plans de gestion de matières résiduelles) ; et 2) un
régime de compensation par l’industrie pour les coûts de
la collecte sélective municipale. Toutefois, il n’en demeure
www.asdeq.org
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
pas moins que les actions doivent s’intensifier afin de
favoriser la progression du Québec vers les objectifs fixés à
la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles
1998-2008. Une troisième mesure à venir est le projet de
règlement basé sur le principe de la responsabilité élargie
des producteurs (RÉP) pour les produits suivants : produits
électroniques ; les piles ; et les lampes fluorescentes.
Tel que le mentionnait M. Cardinal, le principe « payez
pour ce que vous jetez » est déjà utilisé ailleurs dans le
monde, sauf au Québec. L’expérience de la tarification au
volume ou au poids des déchets démontre des résultats
intéressants : réduction des quantités à enfouir
(38 %) ; augmentation des quantités récupérées (40 %) ;
et réduction à la source des quantités générées (7 %). Mais,
il y a la nécessité d’avoir des alternatives en place.
Atelier 2A Politique de sélection et d’intégration des immigrants
Pour élaborer le thème de cet atelier, on a eu recours à
Gilles Grenier, Professeur titulaire, Université d’Ottawa,
et Marc Van Audenrode, Managing Principal, Analysis
Group. M. Grenier croit que les critères d’une politique
d’immigration demeurent toujours en grande partie
une question de jugement de valeurs. La contribution
économique de l’immigration, quoique significative, est
probablement relativement petite et les objectifs sociaux
et culturels sont tout aussi importants. Selon lui, une
politique d’immigration responsable qui tient compte
des besoins du marché du travail, de la conjoncture
économique et des particularités culturelles de la société
d’accueil est probablement celle qui a les meilleures
chances de réussite. Pour maximiser les gains de
l’immigration, il y a un intérêt à faire venir des travailleurs
dont les compétences diffèrent de ceux de la population
du lieu d’accueil, de façon à ce qu’ils viennent combler
des besoins précis. Si la répartition par profession des
immigrants est une copie conforme de celle des natifs,
il y a des chances que l’immigration ait un effet neutre,
ou même négatif s’il y a des rendements décroissants.
Par contre, si les immigrants sont répartis entre les
professions et les niveaux de qualifications différemment
des travailleurs qui sont déjà présents, des possibilités
économiques nouvelles peuvent être exploitées.
juin 2008
eco
En pratique, cela veut dire qu’une politique qui sélectionne
des immigrants qualifiés en fonction des besoins du
marché du travail a les meilleures chances de réussite.
M. Van Audenrode a dit que l’arrivée à la retraite de la
génération du baby-boom, jumelée à la forte baisse de
la natalité depuis les années 1960, entraînera une baisse
de la population en âge de travailler dès le tournant de la
prochaine décennie. L’immigration peut réduire quelque
peu l’ampleur du choc démographique, mais elle ne peut
résoudre le problème, même si on multipliait par quatre
le nombre d’immigrants. Les familles immigrantes ont
une structure d’âge comparable aux familles québécoises
et leur arrivée ne fera pas rajeunir les baby-boomers.
Ce qui peut se produire toutefois, c’est que davantage de
personnes de 55 ans et plus, et même de plus de 65 ans,
se retrouvent sur le marché du travail. Quant au slogan
« Liberté 55 », c’est pas mal fini, en tout cas, ça achève.
De même, il est ridicule de parler d’une pénurie de maind’oeuvre généralisée puisque les emplois iront ailleurs ou
ne se créeront pas. L’économie va vouloir s’ajuster.
Atelier 2B - Doit-on avoir peur des PPP ?
Mathieu Laberge, Économiste, Institut économique de
Montréal, et Christian Rouillard, Titulaire de la Chaire
de recherche en gouvernance et en gestion publique,
Université d’Ottawa se sont faits promoteurs, l’un pour,
et l’autre contre, les partenariats public-privé (PPP).
M. Laberge croit que les PPP seront un outil efficace afin
de fournir aux contribuables un service de qualité tout en
maximisant le rendement des deniers publics investis.
Une étude du vérificateur général du Royaume-Uni
rapporte que 73 % des projets réalisés en mode
conventionnel sont livrés en retard comparativement à
22 % dans le cas des projets réalisés en PPP. Les projets
réalisés en PPP permettent, lorsque les conditions sont
favorables, des économies importantes dans les coûts de
fonctionnement (p.ex., les coûts de fonctionnement ont été
réduits de 20 à 40 % dans le cas de la gestion des usines de
traitement de l’eau aux Etats-Unis) et l’implantation de la
gestion déléguée pour les infrastructures routières a mené
www.asdeq.org
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
à des économies de l’ordre de 25 %. À plusieurs égards,
il semble donc que le cadre québécois de réalisation des
PPP réponde aux conditions de succès pour ce mode
de réalisation. La présence d’une agence indépendante,
soumise aux enquêtes du vérificateur général, ainsi qu’un
engagement politique fort envers les PPP sont les pierres
angulaires de la réussite des PPP québécois. Toutefois,
plus d’efforts devraient être déployés pour expliquer
l’importance d’intégrer des entreprises étrangères dans
les consortiums privés. La courbe d’apprentissage des
partenaires privés devrait également faire l’objet d’une
meilleure explication par les promoteurs publics des PPP.
Une première étape québécoise pour apprivoiser le mode
de réalisation en PPP pourrait être de réaliser les futurs
projets de réfection et de construction d’infrastructures
routières en partenariat. Les investissements à venir dans
ce domaine sont majeurs, 12 milliards $ d’ici 2012 selon le
ministère des Transports, et donnent lieu à penser que le
gouvernement pourrait profiter d’un mode de financement
offrant une solution de rechange à l’endettement pour leur
réalisation. Qui plus est, les chantiers de réfection routière
peuvent être divisés de sorte à assurer leur viabilité
commerciale à moyen terme pour le partenaire privé tout
en permettant de maintenir une taille raisonnable pour
les premiers projets en PPP. Finalement, le domaine
de la construction routière implique depuis longtemps
déjà le secteur privé dans leur réalisation et les PPP
représentent une étape conséquente avec les expériences
passées dans ce domaine. Christian Rouillard ne voit
pas d’indices tangibles de la valeur des PPP pour la
prestation de services publics abordables, équitables et
de qualité, alors que les dérapages auxquels a mené cette
pratique en Grande-Bretagne, au Canada et ailleurs dans
le monde sont nombreux. C’est pourquoi, il lui apparaît
que la démarche du gouvernement québécois en matière
de PPP manque de prudence. Il considère que le recours
aux PPP ne devrait être envisagé qu’exceptionnellement,
et avec beaucoup de précautions, dans le cas de projets
d’infrastructures d’une extrême complexité. Cependant,
ce n’est pas l’approche adoptée par le gouvernement, qui
compte institutionnaliser les PPP comme mode de gestion
et de prestation des services publics, avec la création
d’une agence et la présentation d’une politique qui, loin de
modérer l’usage de ce type de partenariat, en visent plutôt
juin 2008
eco
la promotion. C’est bien que les gouvernements gèrent les
affaires de l’État avec la rigueur comptable qu’on attribue
souvent aux entreprises privées, mais, en se braquant sur
la recherche du rendement financier et du profit à court
terme, ils abdiquent leur responsabilité sociale. Un tel
comportement n’est condamnable pour l’entreprise privée
qui recherche le profit, mais ce n’est pas la raison d’être de
l’État et du service public.
Atelier 2C - Innovation et nouvelles énergies :
une panacée pour l’environnement ?
Pour nous entretenir de ce thème, les organisateurs
ont retenu les services de Matthew Bramley, Directeur,
Changements climatiques, Institut Pembina, et Gaétan
Lafrance, Professeur, Institut national de recherche
scientifique, qui a d’ailleurs publié en 2007 un livre intitulé
« Vivre après le pétrole, mission impossible ? ». M. Bramley
croit que le Canada peut satisfaire et même dépasser les
objectifs de réduction de émissions de gaz à effet de serre
(GES) du Protocole de Kyoto au moyen de technologies
éprouvées déjà à sa disposition et du même coup faire
réaliser aux consommateurs d’énormes économies
d’énergie, tout en poursuivant une croissance économique
normale et même en continuant de produire beaucoup
de pétrole – grâce à des voitures plus efficaces, maisons
construites et rénovées selon des standards beaucoup
plus exigeants, production d’énergie éolienne, captage
du carbone par les producteurs pétroliers. Il a énoncé
cinq principes qui devraient influencer toutes les lois et
politiques fédérales : soit le principe de prudence ; celui du
pollueur-payeur ; la protection des opportunités futures ;
l’imputabilité ; et le civisme global. C’est bien d’encourager
les canadiens à réduire leur demande d’énergie pour
réduire les GES, mais les efforts du Canada doivent
être accrus en s’orientant vers un programme canadien
d’écologisation de la fiscalité tel que fixer un prix sur le
carbone au moyen de taxes ou d’un système de plafonds
et d’échanges pour les émissions de GES et utiliser les
recettes pour financer les dépenses environnementales
tout en protégeant les canadiens à faible revenu - une
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
charge d’au moins 30 $ la tonne métrique de CO2 (ou
l’équivalent) en 2009, qui passerait à 75 $ la tonne métrique
en 2020, serait une façon efficace de démontrer le sérieux
des mesures prises par le Canada pour atténuer l’effet des
changements climatiques. M. Lafrance avance que, d’ici
15 à 20 ans, peut-être avant, l’humanité aura consommé
la moitié des réserves ultimes de pétrole, et qu’à peine
une décennie plus tard, le portrait sera semblable pour
le gaz naturel. La vie après le pétrole est difficilement
imaginable, non pas tant à cause du manque d’alternatives
techniques, économiques et physiques, mais en raison de
la rigidité des comportements sociaux et des structures
organisationnelles. Au niveau mondial, on ne peut pas
modifier très rapidement et très significativement la
contribution des grandes énergies sans changer le rapport
énergie-société. Le premier paramètre des scénarios de
transition vers un âge de l’énergie moins dépendant des
combustibles, est le système de valeurs des générations
d’humains qui vivront dans ce XXIe siècle, et surtout
de la nôtre. C’est pourquoi, la vie après le pétrole est
difficilement imaginable, non pas tant à cause du manque
d’options de rechange techniques, économiques et
physiques, mais en raison de la rigidité des comportements
sociaux et des structures organisationnelles. Plus encore,
la mollesse généralisée de la communauté internationale à
gérer la décroissance des combustibles fossiles, fait peur.
M. Lafrance a abordé cette question dans l’optique d’une
planète en quête d’alternatives énergétiques. L’hypothèse
qu’il avance est que l’âge du pétrole sera suivi par celui
de l’électricité. Il croit que chaque communauté dans
le monde aura son propre modèle d’approvisionnement
énergétique qui sera basé sur l’électron, et le modèle
québécois sera considéré comme une référence. M.
Lafrance estime que le défi mondial à l’échelle de la
gouvernance, afin d’assurer un avenir durable pour la
planète, est de respecter le protocole de Kyoto.
l’asdeq remercie
Centre de recherches pour
le développement international
Ressources naturelles Canada
Transports, Infrastructure
et Collectivités Canada
www.asdeq.org
Industrie Canada
juin 2008
eco
Atelier 3A - L’accroissement de la productivité : une panacée ?
Comment nos secteurs traditionnels s’ajusteront-ils à l’appréciation
du dollar canadien ?
Ce fut un atelier fort couru pour entendre les points de
vue d’Elliot Lifson, Vice-président, Peerless ; Président,
Fédération canadienne du vêtement (une association
nationale qui représente les centaines de fabricants
canadiens de vêtements.), et de Louis L. Roquet, Président
et chef de l’exploitation, Desjardins Capital de risque.
M. Lifson a rappelé que le matin du 1er janvier 2005,
les fabricants canadiens de vêtements étaient entrés
dans une ère nouvelle puisque, à partir de ce jour-là,
les derniers contingents d’importation qui protégeaient
l’industrie canadienne avaient été abolis. Les fabricants
étaient désormais livrés à eux-mêmes dans leur lutte
contre les géants de la main-d’œuvre bon marché comme
la Chine et l’Inde. Ce qui explique pourquoi le nombre
d’emplois dans l’industrie a chuté abruptement, dont la
majeure partie au Québec où est concentrée l’industrie du
vêtement. Non, l’industrie n’est pas condamnée, surtout
si elle exploite efficacement les avantages stratégiques
que procurent ses forces en marketing, en création, et
son infrastructure de service. Ce sont là des facteurs
essentiels au maintien d’une position concurrentielle. La
libéralisation des échanges commerciaux de la dernière
décennie procure ainsi au Canada certains atouts.
Aujourd’hui, l’infrastructure du secteur du vêtement est
l’une des meilleures au monde et elle exporte plus de
vêtements aux États-Unis qu’avant la mise en œuvre de
l’Accord de libre-échange en 1989. En fait, les fabricants
canadiens sont devenus des entreprises nord-américaines.
Cette vision plus globale est indispensable pour s’attaquer
aux marchés autres qu’américains. L’industrie se doit
d’offrir à ses clients des concepts, des délais de livraison,
de la qualité et un ajustement supérieurs compte tenu du
prix demandé. Si l’industrie est en mesure de maintenir
un bon rapport qualité-prix, elle réglera tous les autres
problèmes liés à la concurrence et pourra mieux exploiter
ses forces. La survie de l’entreprise dépend de sa capacité
de grimper dans la chaîne de valeur et, ce faisant, d’établir
un très bon rapport qualité-prix. La reconnaissance que le
secteur n’est plus simplement une industrie de confection
www.asdeq.org
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
ouvre d’autres possibilités. L’industrie du vêtement englobe
aussi le secteur de la mode, où l’innovation et la créativité
sont essentielles. Les vêtements comme tels sont une
simple marchandise, et le Canada n’est pas compétitif
par rapport à la plupart des fabricants purs. Par contre,
sa compétitivité se trouve dans le domaine de la création,
car il peut compter sur un énorme bassin de talents et,
surtout à Montréal, sur une combinaison d’influences
européennes et nord-américaines qui pourrait, au bout
du compte, se traduire par une forte demande pour des
vêtements d’un genre que les producteurs à faible coût ne
peuvent livrer. M. Roquet a dit que, selon la définition de
Gibsons de « comment réinventer une industrie », il faut
avoir la capacité de récréer nos modèles d’affaires. Il a noté
la révolution de la technologie de l’information. Auparavant,
les concepteurs devaient être à côté des producteurs,
maintenant, c’est complètement découpé.
Ce n’est pas juste une question de main-d’œuvre moins
chère, mais plutôt l’obligation, à chaque étape du
processus de production, d’être de classe mondiale. Le
dollar canadien n’est pas le problème – en fait, la faiblesse
du dollar est plutôt une subvention à l’improductivité.
Avec l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA),
les règles du jeu ont été changées, et tout s’est produit
sur un laps de temps court. On ne fonctionne plus de la
même façon, et les solutions ne sont pas simples dans un
problème complexe. La demande dépassait l’offre après
la deuxième guerre mondiale alors que maintenant, l’offre
dépasse largement la demande, à un point tel qu’il faille
penser en dehors de la boîte. M. Rocquet fait confiance aux
entrepreneurs pour trouver les solutions appropriées à
ce nouveau contexte. C’est sûr que la hausse soudaine du
dollar canadien, le prix du pétrole, la crise dans le domaine
du bois et des textiles, la présence croissante des pays
à bas salaires ainsi que l’émergence de la concurrence
dans des domaines que nous pensions à l’abri, comme
la technologie, forcent la réflexion. Mais c’est justement
dans la réflexion, la recherche et la création d’avantages
concurrentiels que résident les solutions. Afin de prendre
le virage de la globalisation et en tirer profit, l’entrepreneur
se doit d’offrir des produits ou des services de haute
qualité, en étant flexibles en matière de production, en
innovant, répondant ainsi mieux aux besoins de la clientèle.
Il a aussi réitéré sa confiance dans les entrepreneurs qu’il
juin 2008
eco
a aussi encouragés à profiter de la hausse du dollar pour
renouveler des équipements ou encore envisager des
alliances ou des acquisitions. M. Rocquet, auteur d’un
livre sur « la gestion par proverbes », a eu le mot de la fin
avec le proverbe suivant : « tous les champignons sont
comestibles, mais certains ne le sont qu’une seule fois ».
Atelier 3B - L’adoption des technologies dans les
pays en développement
Madame Nadia Belhaj Hassine, Université d’économie et
gestion de Nabeul, Tunisie, et monsieur
Abdoulaye Ndiaye, Consultant International et
Directeur Général de AGIR Promouvoir, Sénégal, étaient
les conférenciers de cet atelier sur les technologies
prometteuses, l’infrastructure nécessaire, le rôle des
secteurs privé et gouvernemental pour promouvoir
l’adoption de technologies de pointe, l’impact de ces
technologies sur l’entreprenariat. Madame Belhaj Hassine
a parlé d’une étude sur la compétitivité internationale
de l’agriculture de différents pays impliqués dans
le partenariat Euro-méditerranéen. L.analyse a fait
ressortir une forte spécialisation des pays méditerranéens
dans l’exportation des fruits et des légumes ainsi qu’une
importante similarité de leurs structures d’exportation.
L’analyse a aussi révélé une grande diversité dans
les formes de compétitivité de ces pays, et a montré
un effet prépondérant de la qualité dans l’échange
international des produits agricoles. Il apparaît à travers
l’analyse empirique une forte spécialisation des pays
méditerranéens dans l’exportation des cultures intensives
en eau. Les pays souffrant d’un problème de rareté
de leurs ressources pourraient être pénalisés par la
libéralisation agricole. M. Ndiaye, expert en technologies
de l’information et des communications (TIC), a dit que
les PME peuvent facilement vendre leurs produits sur
le marché international en y accédant directement sans
intermédiation, et donc à des prix très compétitifs. Pour
réussir dans ce nouveau type de commerce, elles sont
obligées de se conformer aux normes et exigences
internationales en matière de respect des délais, des
www.asdeq.org
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
règles de qualité, d’adopter des styles de gestion plus
rigoureux. Le besoin de répondre aux injonctions d’un
marché international très concurrentiel les amène à
rendre leur main-d’oeuvre polyvalente et plus flexible
en investissant beaucoup plus sur la formation. L’État
a un rôle primordial à jouer dans la mise en place d’un
environnement propice au développement des nouvelles
technologies de l’Information et de la communication
(NTIC) dans le secteur privé. Il doit promouvoir un cadre
juridique et réglementaire nécessaire à l’éclosion du
commerce électronique (signatures et contrats) et de
l’e-business. Il a aussi comme obligation de permettre
à l’organe de régulation de jouer le rôle d’arbitre dans
le secteur des NTIC en veillant à l’applicabilité de la
réglementation et à ce que les PME et micro-entreprises
ne soient pas lésées par les grandes entreprises nationales
et internationales. Prendre des mesures incitatives (en
particulier l’exonération douanière des équipements
NTIC), démultiplier les parcs industriels en les dotant
d’équipements NTIC adéquats, fournir aux entreprises de
services et celles tournées vers l’exportation, des outils et
services les familiarisant avec les NTIC qu’elles auront à
intégrer dans leur stratégie de développement, tels sont
d’autres aspects concernant l’intervention de l’État. Il
doit, enfin, mettre en place en faveur des entreprises un
système d’incitation (fonds de formation professionnelle en
NTIC ou systèmes de crédit d’impôts).
L’atelier de formation
L’atelier de formation d’avant-congrès a porté sur le
« Calcul des retombées économiques ». Après un survol
des quatre familles de modèles, à savoir : modèles simples;
modèles économétriques ; analyse coûts-bénéfices ; et
modèles entrées-sorties, Marcel LeBreton, Président,
EcoTec Consultants, s’est attardé sur la méthode la plus
utilisée, à savoir celle des modèles entrées-sorties et
de ses nombreuses variantes. Le développement de ces
modèles a valu à son auteur, Wassily Leontief,
le prix Nobel d’économie en 1973.
juin 2008
eco
Cette session de formation a offert un survol des modèles
entrées-sorties, y compris leurs limites, et a mis l’emphase
sur l’aspect pratique de l’évaluation des retombées
économiques, y compris l’importance de la collecte
des données, bien identifier l’origine des intrants et les
facteurs qui influencent la magnitude des retombées. Des
exemples réels ont été présentés pour illustrer diverses
problématiques liées à l’estimation des retombées
économiques. En somme, l’exposé de M. LeBreton
http://www.asdeq.org/congres/pdf/2008/lebreton.pdf a permis
aux économistes de parfaire leurs connaissances sur le
« Calcul des retombées économiques »
L’assemblée générale
L’Assemblée générale de l’Association a permis aux
membres de constater que l’ASDEQ est devenue « une
association de plus en plus forte, crédible et reconnue »,
et qui compte maintenant plus de 650 membres.
André Downs, qui, en 2007-2008, en était à son
deuxième mandat à titre de président de l’ASDEQ (le
premier mandat ayant été en 1998-1999), a souligné
les énormes changements survenus à l’ASDEQ entre
ces deux mandats tels que : augmentation de près de
70% des membres ; augmentation de près de 100 % en
commandites ; changements au site de l’ASDEQ et à l’Éco,
en plus des personnes qui ont été remplacées à divers
postes, et activités régionales plus nombreuses et plus
diversifiées.
Charles A. Carrier, Directeur général de l’ASDEQ,
a informé l’assemblée de quatre développements
relativement : 1) au Carrefour de l’emploi, dont l’accès est
de plus en plus facilité ;
2) à l’adoption par les deux commanditaires majeurs,
soit la Caisse de dépôt et de placement du Québec
et Merrill Lynch, de règlements révisés pour le
Prix du journalisme économique et financier ;
3) à la première activité pan-régionale de l’ASDEQ,
où chacune des trois régions a accueilli tour à tour le
conférencier Pierre-Alain Schieb de l’OCDE qui a traité
des besoins d’infrastructure à l’horizon 2030 ; et
4) à la bonne santé financière de toutes les sections
régionales.
www.asdeq.org
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
Il a aussi informé l’Assemblée que la candidature de
Gilles Beausoleil, membre honoraire de l’ASDEQ, avait été
soumise à l’Ordre national du Québec, et qu’une décision
devrait être rendue bientôt.
M. Clément Gignac, Économiste en chef, Banque
Nationale du Canada, et Premier Vice-président et
Stratège, Financière Banque Nationale, devient président
de l’ASDEQ pour l’année 2008-2009. M. André Downs,
directeur principal de projets au Projet de recherche sur
les politiques (PPP) qui est rattaché au ministère des
Ressources humaines et du Développement social Canada
(RHDSC), devient président sortant en remplacement de
M. Jacques Brind’Amour, président-directeur général,
La Financière agricole du Québec.
Conseil d’administration de l’ASDEQ - 2008-2009
Président : Clément Gignac
Président sortant : André Downs
Présidente désignée : Sylvie Dillard
Trésorière : Lise Lefèbvre
Secrétaire : Martin Comeau
Directeur général: Charles A. Carrier
Présidente, section de Montréal : Audrey Azoulay
Président, section de Québec : Martin Hébert
Présidente, section de l ’Outaouais : Judith Hamel
Directeur, section de Montréal : François Poitras
Directeur, section de Québec : Bernard Barrucco
Directeur, section de l ’Outaouais : Denis Martel
La 34ième édition du congrès à Montréal en 2009
À la fin du Congrès 2008, Clément Gignac, Président
2008-2009 de l’ASDEQ, a invité les membres à participer
en grand nombre à la 34ième édition du Congrès annuel
de l’Association qui aura lieu les 7 et 8 mai 2009 à l’Hôtel
Hilton de Montréal sous le thème « Rôle des grandes villes
dans le développement économique: locomotive
ou remorque ? »
juin 2008
eco
La conjoncture économique
Depuis le déclenchement de la crise du crédit à l’été
2007, les participants des marchés et les autorités
réglementaires nationales et internationales s’efforcent
de comprendre l’étendue et la portée de cette crise. Afin
d’en saisir les conséquences financières et économiques,
l’ASDEQ-Outaouais a organisé, le 23 avril dernier,
un « 5 @ 7 » sur ce sujet avec la participation de messieurs
Yves St-Maurice, directeur et économiste en chef adjoint,
Études économiques, Mouvement Desjardins, Serge
Dupont, sous-ministre adjoint, Direction de la politique du
secteur financier, Finances Canada, et Jean-Pierre Aubry,
retraité de la Banque du Canada et Président du Comité
des politiques publiques de l’ASDEQ.
M. St-Maurice (voir la présentation au site suivant :
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
serait durement touché par la contraction de l’économie
américaine. La croissance du PIB réel prévue pour le
Canada en 2008 est de 1,4 %.
Le Québec devrait éviter la récession, mais pas l’Ontario,
grâce à l’apport gouvernemental (baisses de taxes et
d’impôt [autant provincial que fédéral, en plus de la
réduction de « un » point de la TPS], plan québécois
des infrastructures publiques, et mesures du budget
2008-2009 pour soutenir l’investissement des entreprises)
qui contribuera à la croissance du PIB de 1,2 % en 2008.
L’indice précurseur Desjardins indique la poursuite du
ralentissement économique, mais que la récente baisse est
limitée jusqu’à maintenant. La création d’emplois demeure
soutenue malgré les pertes dans le secteur manufacturier,
et le déficit commercial continuera de freiner l’économie,
mais la demande intérieure devrait demeure robuste.
http://www.asdeq.org/activites/pdf/2008/presentation-yves.pdf
croit que les difficultés économiques actuelles devraient
demeurer contenues à moins que les tensions financières
s’amplifient. Au niveau mondial, il a noté une baisse de la
confiance des consommateurs et un assombrissement
des perspectives, même en Chine. Quant à l’économie
américaine, il a constaté qu’il y eu a une récession
technique au début de 2008 avec une baisse des ventes
réelles, de la production industrielle, de l’emploi et du
revenu réel (moins les transferts). Les coûts de l’énergie
et le resserrement des conditions de crédit fragilisent la
progression de la consommation, et, pour la 1re fois, les
ménages détiennent moins de 50 % de la valeur de leur
maison.
Au Canada, la dualité de l’économie canadienne s’accentue.
M. St-Maurice a indiqué que la demande intérieure et
le commerce extérieur divergent énormément, et que
la situation du marché immobilier est très différente au
nord de la frontière. Le marché du travail demeure en
bonne santé, malgré les difficultés dans certains secteurs.
Les conditions de crédit ont continué à se resserrer
pour les entreprises, mais le crédit ne ralentit toujours
pas. Le dollar canadien devrait reprendre sa tendance
haussière à partir de la mi-2008 et le commerce extérieur
www.asdeq.org
Côté politique monétaire, il croit que d’autres baisses des
taux directeurs de la Fed et de la Banque du Canada sont
à prévoir.
M. Dupont a rappelé que, depuis l’été 2007, les marchés
financiers mondiaux traversent une profonde crise, et
que la fin n’est pas présentement prévisible. Selon lui, la
crise serait à mi-parcours, et il n’est pas encore possible
de mesurer toute l’étendue et toutes les conséquences
de la crise, qui a toutes les caractéristiques d’une bulle
financière, à savoir : période prolongée d’accès facile au
crédit ; envolée du prix de certains actifs ; sous-estimation
chronique du risque ; fragilisation puis effondrement de
la confiance à l’égard de la valeur des actifs en cause ;
ralentissement du marché qui se traduit d’abord par une
crise aigüe de liquidité, puis par des pertes financières
réelles ; et (c’est là où nous en sommes) long et difficile
processus de réévaluation des actifs et de désendettement
pour redresser les bilans et retrouver un point d’équilibre
du marché.
Même si les fondements de l’économie canadienne
demeurent solides, le pays n’a pas échappé à cette crise.
Par contre, le Canada est bien situé par rapport à ses
principaux concurrents mondiaux. Le marché canadien
de l’immobilier, pour diverses raisons, n’a pas connu les
juin 2008
eco
dérives et les excès du marché américain, et le marché
hypothécaire sub-prime y est embryonnaire et plus
discipliné. De plus, la plupart des institutions bancaires
n’ont pas investi de façon importante dans des titres de
crédits sub-prime américain. Leur bilan de santé est
globalement bon et leurs ratios de capital, un baromètreclé pour ces institutions, demeurent élevés au regard de
la concurrence mondiale. Ce qui a caractérisé de façon
plus particulière la crise chez-nous est l’effondrement du
marché du papier commercial adossé à des actifs dont
les promoteurs étaient des institutions non bancaires.
On s’attend à la conclusion prochaine de « l’accord de
Montréal », que la Caisse de dépôt et placement a lancé
avec d’autres importants investisseurs pour éviter le pire.
D’abord on gèle tout ce marché de 32 milliards de $, et
puis dans un exercice d’une extraordinaire complexité,
le papier sera restructuré, pour aligner son terme sur
la durée des actifs sous-jacents et pour établir une
structure intégrée plus stable, comportant de moindres
risques pour les investisseurs. L’accord de Montréal est un
exemple novateur d’une restructuration financière menée
par les acteurs du marché sans intervention directe des
gouvernements. La Banque du Canada et le Ministre des
Finances ont appuyé le processus.
Le Ministre des Finances s’est engagé à ce que le Canada
mette en œuvre les recommandations du Forum pour la
stabilité financière (FSF) et le travail est déjà entrepris.
Le gouvernement a déjà déposé des amendements à la Loi
sur la Banque du Canada pour donner à celle-ci davantage
de marge de manœuvre pour mener ses opérations
sur les marchés monétaires. Les mesures politiques
et réglementaires à prendre feront intervenir la banque
centrale, le Surintendant des institutions financières, et
les commissions provinciales de valeurs mobilières. Au
Canada, un exercice a aussi été amorcé pour améliorer le
contenu et la structure de réglementation du marché des
capitaux dans le contexte d’un plan émis par le Ministre
dans le budget 2007. Cependant, une priorité s’impose une agence commune de réglementation des valeurs
mobilières administrant un régime fondé davantage
sur des principes. Un groupe d’experts a pour mandat
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
de soumettre des propositions, y compris un projet de
loi commune, aux ministres fédéral et provinciaux d’ici
la fin de l’année. Une agence commune n’aurait pas
nécessairement permis d’éviter la crise du PCAA au
Canada, par exemple. Mais elle serait assurément mieux
en mesure de répondre efficacement et rapidement
aux défis actuels en plus d’être un interlocuteur plus
représentatif et donc plus crédible pour le Canada dans les
instances internationales.
La crise est mondiale, et la réponse l’est aussi. A sa
réunion du 11 avril dernier, le G7 a endossé intégralement
les recommandations du FSF, qui est le principal
instrument de concertation en matière de stabilité
financière, qui visent :
- une supervision plus étroite du capital, de la liquidité,
et de la gestion des risques des institutions financières,
y compris des engagements hors bilan, en particulier
par la mise en œuvre et le renforcement du cadre
prudentiel de Bâle II ;
- une transparence accrue et une évaluation plus
complète de la valeur des actifs ;
une révision du rôle et de l’utilisation des cotes de
crédit tant par les investisseurs que par les autorités
réglementaires ;
- une réglementation plus sensible au risque ; et
des mécanismes et procédures renforcés pour éviter
et résoudre les crises.
En plus d’endosser les recommandations du FSF, les
ministres ont établi des priorités d’action pour les 100
premiers jours, en particulier :
- la divulgation rapide et complète, sur une base
harmonisée et alignée sur les meilleures pratiques,
des avoirs et des risques des banques, notamment de
produits structurés ; et
- des normes améliorées d’évaluation d’actifs pour les
produits complexes se transigeant sur des marchés
peu liquides.
l’asdeq remercie
Ministère du Développement économique,
de l’Innovation et de l’Exportation du Québec
Ministère des Finances du Québec
Ministère des Affaires municipales
et des Régions du Québec
Secrétariat du Conseil du trésor du Québec
www.asdeq.org
juin 2008
eco
La crise a non seulement miné la santé financière
d’investisseurs sur les marchés de capitaux, mais elle
a perturbé le cœur du système financier mondial tout
en compromettant sa stabilité. Elle s’est répercutée sur
l’économie réelle et représente encore un risque important
pour la croissance et l’emploi. La profonde crise a mis en
lumière des carences importantes dans le fonctionnement
et la réglementation des marchés. M. Dupont croit
que d’autres crises financières surviendront, mais
qu’elles seront possiblement atténuées par les mesures
entreprises aujourd’hui pour assainir le système financier.
Tant les acteurs du marchés que les gouvernements et
autorités monétaires et réglementaires doivent néanmoins
tirer des enseignements de la crise, apporter des
correctifs, mieux gérer les risques futurs et contribuer à
redonner confiance au marché. Le Canada, comme ses
partenaires mondiaux, essaie d’en tirer les enseignements
pour établir un système financier plus fort qui pourra
continuer d’appuyer la croissance.
M. Aubry a dit que la bulle du marché de l’habitation
aux États-Unis a commencé à se gonfler il y a plusieurs
années. Certes les nouveaux instruments financiers (les
subprimes) ont contribué à son gonflement, mais ils ne
sont pas les seuls responsables puisque la déductibilité
des intérêts hypothécaires a contribué aussi au gonflement
de cette bulle. Il s’est dit d’accord sur les causes des
turbulences sur le marché financier que le gouverneur de
la Banque du Canada a identifiées dans son discours du
13 mars dernier http://www.bankofcanada.ca/fr/discours/2008/
sp08-3f.html). Cependant, il a noté que les mots suivants ou
expressions suivantes y étaient absents, à savoir : maisons,
prix des maisons, équilibre macroéconomiques.
Selon M. Aubry, une des causes de la bulle est que les
citoyens (acheteurs de maisons) et le personnel des
institutions financières ne pouvaient pas imaginer que le
prix mayen des maisons pouvait chuter. Pour eux, le prix ne
pouvait que monter. Dans un tel scénario, les institutions
financières ne pouvaient pas perdre au niveau agrégé,
même si elles prêtaient à des individus peu solvables ou
à plus de 100 % de la valeur présente de la propriété.
www.asdeq.org
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
Pourquoi se préoccuper de prêter à 105 % de la valeur de
la propriété, si celle-ci augmentera de 15 % dans les 12
prochains mois ? En cas de non-paiement des mensualités
hypothécaires, les institutions reprenaient les propriétés
et les revendaient facilement sans perdre sur le capital
investi. De plus, la prime de risque sur le taux hypothécaire
leur permettait d’éponger les frais encourus par de telles
faillites (un peu comme dans le cas de des prêts sur cartes
de crédits où on joue sur la loi des grands nombres et sur
la prime de risque).
Malheureusement, les entrées énormes de capitaux dans
le marché hypothécaire ont poussé les taux à la baisse et
les prix à la hausse, hors d’un équilibre soutenable par le
secteur réel. Les prix ont commencé à chuter et la valeur
des propriétés saisies devenait de plus en plus inférieure
aux hypothèques. Les organismes de surveillance étaient
au courrant des entrées énormes de capitaux sur ce
marché venant du monde entier. L’hypothèse de base
que le prix moyen des propriétés ne pouvait que monter
était fausse. C’est le même phénomène de déconnexion
entre ce que le secteur réel pouvait soutenir et ce que les
institutions financières mettaient dans ses livres que l’on
a vu (1) lors de la crise asiatique (les rendements réels sur
les investissements suite à l’influx monstre de capitaux
ont décru), (2) dans les crise des technos (le prix des
actions n’était plus lié aux rendements réels des lignes de
production) et (3) lors de la crise immobilière au Japon.
Faute de bonnes analyses macroéconomiques, de telles
déconnections n’ont pas été identifiées et dénoncées à
l’intérieur des institutions financières prêteuses et des
organismes de surveillance. L’exubérance était là et on n’a
pas sonné la cloche. M. Aubry pense qu’il faut rehausser
le niveau des analyses macroéconomiques/sectorielles de
façon à identifier de telles déconnexions en plus des projets
au niveau de la transparence des instruments financiers et
du bilan des institutions financières. L’analyse d’agrégats
de crédit au niveau sectoriel pourrait s’avérer utile. La
diversification des portefeuilles d’investissements au
niveau de la planète est une chose souhaitable, mais il fait
éviter que tous les investisseurs se précipitent au même
endroit - le principe des rendements décroissants existe
encore dans le secteur réel.
juin 2008
eco
Rapport sur la politique monétaire
Le 28 avril dernier, l’ASDEQ-Québec invitait M. Pierre
Duguay, sous-gouverneur à la Banque du Canada (BdC), à
dresser un portrait de la conjoncture économique actuelle
et à offrir ses perspectives pour les mois à venir. Étant
donné que la BdC venait à peine de publier la livraison
d’avril du « Rapport sur la politique monétaire »
http://www.bankofcanada.ca/fr/rpm/pdf/rpm240408.pdf,
M. Duguay a saisi l’occasion pour souligner les principaux
faits saillants de ce rapport qui examine les tendances
économiques et financières actuelles, dans le cadre de la
stratégie de la Banque de maîtrise de l’inflation au Canada.
M. Duguay a noté que le rythme d’expansion de l’économie
mondiale a commencé à décélérer au quatrième trimestre
de 2007 et au premier trimestre de 2008, sous l’effet
du ralentissement prononcé de l’économie américaine
et des perturbations persistantes sur les marchés
financiers internationaux. La baisse de régime de
l’économie américaine est plus marquée et plus prolongée
qu’escompté, et le ralentissement du rythme d’expansion
de l’économie mondiale et les turbulences persistantes sur
les marchés financiers auront des conséquences directes
sur l’économie canadienne parce que :
- les exportations devraient se replier et freiner
considérablement la croissance en 2008 ;
les turbulences sur les marchés financiers mondiaux
continueront de se répercuter sur le coût et la
disponibilité du crédit ; et
- la confiance des entreprises et des consommateurs au
Canada devrait reculer quelque peu.
Néanmoins, la demande intérieure devrait demeurer
vive, alimentée en cela par la fermeté des cours des
matières premières, la vigueur de l’emploi et l’incidence de
l’assouplissement cumulatif de la politique monétaire.
La croissance de l’économie canadienne résulte de
la vigueur de la demande intérieure, soutenue par le
niveau élevé de l’emploi et l’amélioration des termes de
l’échange, a été largement contrebalancée par le recul
considérable des exportations nettes. Le PIB canadien
devrait progresser de 1,4 % en 2008, de 2,4 % en 2009 et de
3,3 % en 2010.
www.asdeq.org
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
L’apparition d’une offre excédentaire au sein de l’économie
devrait contribuer à maintenir l’inflation qui, mesurée par
l’indice des prix à la consommation (IPC) global et l’indice
de référence, avoisinait 1,5 % à la fin du premier trimestre.
La Banque estime que l’inflation tendancielle se situe aux
alentours de 2 %, ce qui cadre avec l’opinion selon laquelle
l’économie tournait tout juste au-dessus de son plein
potentiel. L’IPC devrait s’établir légèrement en dessous
de 2 % en 2009 et revenir à ce niveau en 2010. Selon le
scénario de référence de la Banque, les risques entourant
la projection en matière d’inflation semblent équilibrés.
Il faudra probablement encore augmenter le degré de
détente monétaire afin d’atteindre la cible d’inflation.
À la lumière de ces perspectives, la Banque estime qu’il
faudra probablement encore augmenter le degré de
détente monétaire afin d’atteindre la cible d’inflation à
moyen terme. Étant donné que le taux cible du financement
à un jour a été abaissé de 150 points de base au total
depuis décembre, si l’on tient compte de la réduction de
50 points de base annoncée le 22 avril, le moment où
toute nouvelle détente monétaire sera opérée dépendra
de l’évolution de l’économie mondiale et de la demande
intérieure ainsi que de son incidence sur l’inflation au
Canada.
La parité du $ canadien, une situation
soutenable pour l’économie du Québec?
Le 30 mai dernier, l’ASDEQ-Québec tenait un colloque sur
les fluctuations du $ canadien, offrant ainsi une occasion
de réfléchir et d’échanger sur les impacts de l’appréciation
du taux de change canadien et des ajustements
nécessaires pour y faire face. Plusieurs conférenciers de
marque avaient été invités à présenter leur analyse de
cet enjeu. Tout d’abord, Francis Généreux, économiste
principal au Mouvement Desjardins, après avoir examiné
la présente économie américaine, a donné un pronostic de
grippe, et a prescrit les remèdes qui s’imposent. Ensuite,
Ryan MacDonald, économiste à Statistique Canada, a traité
du syndrome chinois, plutôt que hollandais, après avoir
dresser un portrait empirique de l’évolution de l’économie
juin 2008
eco
canadienne suite à la valorisation du dollar canadien et à la
montée des prix des produits de base. Pour sa part, Simon
Prévost, vice-président de la Fédération canadienne de
l’entreprise indépendante (FCEI), a analysé les soubresauts
de l’économie à partir de l’indice de confiance des
dirigeants de PME. Ultérieurement, ce fut au tour de Pierre
Fortin, professeur de sciences économiques à l’UQÀM, de
faire part de sa réflexion sur une union monétaire avec les
États-Unis. Enfin, Alain-Marie Carron, directeur de SECORTAKTIK, a formulé une réponse à la nouvelle concurrence
asiatique par la PM-M (Petite et Moyenne Multinationale).
Le conférencier du déjeuner de clôture fut Pierre Arcand,
adjoint parlementaire au Ministre des Finances, qui a traité
des politiques orientées vers la création de richesse.
Grippe américaine : causes, symptômes et remèdes
M. Francis Généreux, économiste principal au Mouvement
Desjardins a analysé l’évolution des taux de change et le
contexte économique nord-américain http://www.asdeq.org/
activites/pdf/2008/20080530-fgenereux.pdf.
Selon lui, les causes de la grippe américaine seraient :
la progression du marché immobilier qui a été appuyée par
l’essor des produits hypothécaires « exotiques » ; les prêts
subprime qui se sont avérés plus coûteux qu’attendus ;
les prêts de moindre qualité à taux variable qui sont les
plus à risque ; le stock de maisons est encore trop élevé,
et l’offre dépasse la demande ; le marché immobilier n’est
plus un appui à la consommation où une baisse de la
valeur des actifs incite les ménages à épargner une plus
grande part de leur revenu ; la baisse du prix des maisons
existantes est généralisée ; les conditions de crédit sont
de plus en plus difficiles ; et la consommation d’essence
demeure stable malgré la forte augmentation du prix de
l’essence (à noter que l’augmentation du prix d’un bien très
inélastique équivaut à une taxe sur le revenu). M. Généreux
a ensuite enchaîné avec les symptômes suivants : la
baisse des indices de confiance signale clairement une
diminution de la consommation des ménages ; et le
resserrement des conditions de crédit assombrit les
perspectives d’investissement des entreprises. Les
www.asdeq.org
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
difficultés économiques s’étendent à un point tel qu’il y a
eu a une récession technique au début de 2008 avec une
baisse des ventes réelles, de la production industrielle,
de l’emploi et du revenu réel (moins les transferts). Quant
aux remèdes, M. Généreux croit que la hausse du prix de
l’essence annulera en grande partie l’effet du plan fiscal
de stimulation économique ( le Economic Stimulus Act
of 2008 prévoyait des rabais fiscaux importants pour les
particuliers (105,7 G$ US) et les entreprises (44,8 G$ US).
Par contre le secteur extérieur continuera de profiter de la
faiblesse du dollar américain. La récession est surtout «
intérieure » avec :
- le marché immobilier qui demeure un frein important
pour la croissance (les mises en chantier ne se stabiliseront pas avant 2009) ;
- le resserrement des conditions de crédit qui limitera
les dépenses des ménages et des entreprises ;
le plan fiscal de stimulation économique qui aidera à
relancer la consommation dès la fin du printemps ;
- la hausse du prix de l’essence et la baisse de confiance
qui contrebalanceront en partie l’effet du plan ;
les mises à pied s’accumuleront ; et
le secteur extérieur qui continuera de contribuer
positivement à la croissance de l’économie.
Les prévisions de croissance du PIB réel sont : 1,1 % 2008 :
et 1,7 % en 2009.
Le syndrome chinois
Ryan Macdonald, Division de l’analyse microéconomique,
Statistique Canada, a élaboré sur les changements
importants survenus à la structure de l’économie mondiale
au cours des 10 dernières années http://www.asdeq.org/
activites/pdf/2008/20080530-rmacdonald.pdf.
L’intégration du Brésil, de la Russie, de l’Inde et de la
Chine (les pays BRIC) à l’économie mondiale a fait croître
de façon importante la demande de ressources et amené
une grande capacité de fabrication, souvent avec des coûts
de main-d’oeuvre inférieurs à ceux qui sont observés
dans les économies développées. C’est la Chine qui a eu
l’effet le plus important et qui a mené à un changement
des prix à l’échelle mondiale à un point tel que les prix
juin 2008
eco
dans l’ensemble des pays développés s’ajustent. Il y a eu
une différence importante dans les tendances des prix
qui a émergé entre les biens échangés et les biens non
échangés et entre les facteurs de production échangés
(comme l’énergie) et les produits échangés (comme les
vêtements). L’intégration des pays BRIC, particulièrement
de la Chine, a coïncidé avec une croissance de l’économie
mondiale. Les prix des produits de base ont augmenté, ce
qui a mené à une appréciation du dollar canadien.
Les économies canadienne et québécoise ont répondu
en réorientant leurs processus de production. Certaines
industries manufacturières ont connu un déclin, mais
l’extraction des ressources s’est accrue et les services
ont pris de l’importance. De plus, le pouvoir d’achat des
produits canadiens et québécois a augmenté. En raison du
syndrome chinois, l’emploi dans le secteur de la fabrication
a diminué même si les niveaux de production ont peu
changé. Il y a d’autres facteurs qui interviennent dans le
secteur manufacturier : les industries manufacturières
subissent une transformation ; les industries qui doivent
faire concurrence à la Chine, ou qui ont vu la demande
s’effriter pour d’autres raisons, sont en déclin ; les
industries qui produisent des intrants, surtout les intrants
capitaux, sont en croissance ; et l’appréciation du dollar
accélère le processus. Au Québec, il y a eu des diminutions
importantes (p.ex., les boissons et le tabac, les textiles et
les vêtements, le cuir, l’impression, et les meubles), ainsi
que des gains importants (p. ex., les produits chimiques,
les plastiques et le caoutchouc, les métaux transformés
et ouvrés, l’équipement électrique, et le matériel de
transport). Tant au Québec qu’au Canada, la transition du
secteur manufacturier est la même. Elle croît dans les
industries des capitaux et diminue dans les industries des
produits de consommation. En fin de compte, ce processus
modifie le secteur manufacturier. Les changements dans
le secteur manufacturier font partie d’une transition
plus importante qui survient au Québec et au Canada.
Les fluctuations des prix mènent à davantage d’emplois
liés aux ressources et à moins d’emplois liés au secteur
manufacturier. Les emplois dans le secteur des biens
demeurent constants (au Canada) ou diminuent (au
Québec), alors que l’emploi dans le secteur des services
est en croissance.
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
Au Canada et au Québec, la croissance des prix et de
l’emploi dans les secteurs des ressources et des services
ont mené à des salaires plus élevés dans ces secteurs,
et le pouvoir d’achat a cru suite à l’augmentation des prix
des produits de base, l’appréciation de la devise et la chute
des prix à l’échelle mondiale pour de nombreux biens
du secteur manufacturier. La croissance des termes de
l’échange n’implique pas que les prix à l’importation n’ont
pas répondu au prix croissant de l’énergie. Le Québec n’est
pas la seule province où les termes de l’échange se sont
améliorés puisque presque toutes les provinces ont profité
d’améliorations aux termes de l’échange. Les prix pour
les investissements et les prix à la consommation se sont
ajustés aux effets de la Chine. Les prix à la consommation
s’ajustent avant que le dollar ne s’apprécie alors que les
prix pour les investissements s’ajustent lorsque le dollar
chute. Dans les deux cas, un effet positif est ressenti par
les entreprises et les consommateurs. Les entreprises
voient également des effets contraires étant donné que
l’augmentation des prix de l’énergie et des matières
est contrée par une chute des prix des machines et du
matériel.
En conclusion, les pays BRIC, la Chine en particulier,
créent une redistribution mondiale. Les prix et la
production s’ajustent. Les économies canadienne et
québécoise sont en transition avec comme résultats : des
pertes d’emplois et gains d’emplois dans l’ensemble de
l’économie et au sein du secteur manufacturier. Il y a eu
des changements de production entre les industries dans
l’économie en général et dans le secteur manufacturier.
Cependant, en raison des prix records de l’énergie, d’une
appréciation de 60 % du dollar au cours des six dernières
années et de la plus forte concurrence étrangère depuis
une génération, les taux de chômage au Québec et au
Canada demeurent près des taux les plus bas des 30
dernières années.
l’asdeq remercie
La Financière agricole du Québec
Ministère des Services
gouvernementaux du Québec
Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries
et de l’Alimentation du Québec
Ministère des Transports du Québec
www.asdeq.org
RECYC-QUÉBEC
juin 2008
eco
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
Contexte économique et taux de change…
vus par les PME
L’union monétaire avec les États-Unis est-elle
souhaitable ?
Simon Prévost, Vice-président Québec, Fédération
canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) a parlé
des résultats du dernier sondage réalisé par la FCEI pour
établir le niveau d’optimisme des entreprises
M. Pierre Fortin, Professeur, Département des sciences
économiques, UQÀM, a fait part de sa réflexion sur une
union monétaire avec les Etats-Unis http://www.asdeq.org/
activites/pdf/2008/20080530-pfortin.pdf. M. Fortin croit qu’une
union monétaire avec les Etats-Unis est économiquement
souhaitable, mais politiquement improbable de telle sorte
qu’il faudra continuer à vivre avec le régime monétaire
actuel pendant longtemps. Il est vrai que la croissance
de nos échanges commerciaux est plus lente avec un $
canadien qui varie de 25% à 60% à tous les 5 ou 10 ans
que si nous étions en union monétaire avec les EtatsUnis. Les secteurs de l’extraction et de la première
transformation des ressources naturelles, qui représentent
moins de 15% de l’économie, sont à la source de 90% des
variations subies par le taux de change du $ canadien. Les
fluctuations du $ canadien transforment une instabilité
sectorielle en instabilité globale, car elles augmentent
sensiblement le risque de faire des affaires à partir du
Canada. Quant à l’abandon du régime monétaire canadien
actuel (cible d’inflation à 2% et taux de change flexible)
en faveur d’une union monétaire nord-américaine, ce ne
serait une perte sensible pour l’économie canadienne.
Le Canada ferait d’une pierre deux coups – il aurait un
taux de change stable et importerait un taux d’inflation
stable américain. Cependant, c’est une impossibilité
politique parce qu’abandonner le huard serait vu comme
une « humiliation nationale » au Canada. De plus, une
union monétaire avec les voisins du Sud n’aurait aucune
légitimité politique au Canada. L’industrie financière
canadienne devrait se soumettre aux lois et règlements
américains parce que les américains n’accepteraient pas
de partager leur souveraineté monétaire (profits de la
banque centrale, prêts de dernier ressort, formulation de la
politique monétaire). Donc, double menace pour le Canada.
Les acquis du libre-échange affrontent aujourd’hui deux
embûches : l’instabilité du taux de change du $ canadien;
et la montée du protectionnisme aux Etats-Unis. Deux
solutions s’offrent à nous : bien jouer nos cartes avec les
américains (sécurité, énergie, amitié) ; et prier (Dieu le
Père, Allah, Bouddha, Manitou, Krishna,…).
http://www.asdeq.org/activites/pdf/2008/20080530-sprevost.pdf.
Les petites et moyennes entreprises (PME) du Canada
maintiennent une perspective prudente face à leur avenir
en raison de l’incertitude entourant les marchés financiers
et les marchés de l’énergie ainsi que les inquiétudes
suscitées par l’économie américaine déclinante. Malgré
tout, les dirigeants des PME sont loin d’exprimer un
pessimisme profond, et même le niveau d’optimisme reste
fort dans plusieurs provinces.
Étant donné que les entreprises canadiennes font face à
la parité du dollar depuis six mois, elles sont nombreuses
à subir des pressions. Les entreprises manufacturières
axées sur l’exportation et les entreprises de transport,
en particulier, sont doublement touchées par le faible
taux de change et le ralentissement de la demande sur
les marchés américains. La performance des PME
québécoises a été relativement solide alors la performance
des PME dans l’ensemble du pays demeure stable. La
plupart des PME sont indifférentes à la valeur de la
devise, bien que certains secteurs soient évidemment plus
sensibles. La confiance des PME est en baisse, mais le
dollar n’y est pour rien.
M. Prévost a conclu que, d’une manière générale,
les sources de préoccupation pour les PME restent
pratiquement les mêmes : les prix de l’énergie ; l’inflation;
la pénurie de main d’œuvre ; l’économie américaine ; et
les taux de change. L’évolution des taux d’intérêt est au
moins une bonne nouvelle, mais la fiscalité des entreprises
continue à être très défavorable au Québec. Cependant,
malgré le ralentissement de l’économie, les PME du
Canada ne semblent pas suivre la même trajectoire
extrême que celle des États-Unis. Même si l’environnement
d’affaires n’est pas tellement favorable au Québec, les
dirigeants de PME sont toutefois loin d’être pessimistes et
se sentent généralement peu concernés par la valeur de la
devise.
www.asdeq.org
juin 2008
eco
Répondre à la concurrence asiatique par la Petite et
Moyenne Multinationale (PM-M)
Alain-Marie Carron, directeur de SECOR-TAKTIK, a formulé
une réponse à la nouvelle concurrence asiatique par la
Petite et Moyenne Multinationale (PM-M) http://www.asdeq.
org/activites/pdf/2008/20080530-amcaron.pdf.
La mondialisation s’accélère et le monde s’installe sur
nos marchés. En effet, la Chine a une part croissante
de marché dans diverses économies de grande taille.
Cependant beaucoup de petites et moyennes entreprises
(PME) ratent des informations essentielles et ne pensent
pas en termes de chaîne de valeur internationalisée.
Pourtant les TGE (très grandes entreprises) ont réagi
depuis longtemps en se donnant une chaîne de valeur
mondiale et en s’implantant dans les pays émergents.
Toutes les grandes multinationales sont en Chine et/ou en
Asie pour optimiser leurs coûts de production ; tenir tête
à leurs concurrents asiatiques ; et conquérir de nouveaux
marchés. Nos PME peuvent le faire et leur survie en
dépend.
La concurrence chinoise change de nature (p.ex., China
International Marine Containers est devenu le no 1 mondial
des conteneurs par sa stratégie de coût/innovation). Il
faut donc : trouver le maillon faible du concurrent et le
briser ; marier les nouvelles technologies et faibles coûts ;
associer variété aux technologies nouvelles, à la production
de masse, aux bas prix ; et investir à chaque étape dans
de la recherche et développement (R&D) à faibles coûts.
Une liste déjà longue : ‘Goodbaby’ avec variété, innovation
de masse ; ‘ACER’ qui joue sur la marque et l’innovation
technologique ; et ‘Haier’ qui a fait un marché de masse
à partir d’un marché de niche. Ce qu’elles font aussi
bien que nous : innovation technologique ; recherche &
développement ; dénicher les produits de niche ; variété;
économie d’échelle ; et marques (bientôt). Certes, il y
a des atouts que nous ne pouvons pas copier (p.ex., un
énorme réservoir de main d’œuvre (300 millions de ruraux
qui veulent aller en ville), salaires très bas (jusqu’à 30 fois
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
moins chers), beaucoup de cerveaux bien formés (environ
300 000 nouveaux ingénieurs par an) et relativement peu
payés (3 à 4 fois moins chers), et marché immense de
1 milliard 300 millions).
Il faut alors trouver une riposte et un message positif.
Les PME peuvent se servir de la mondialisation pour se
développer. Il y a la riposte par la PM-M en allant sur leur
terrain ; en se donnant les mêmes avantages qu’eux ; et
en développant des entreprises agiles. Ne rien faire n’est
pas une option. La PM-M se donne une chaîne de valeur
internationale en s’approvisionnant là où les prix sont les
plus bas, en exportant là où les marchés explosent, en
fabriquant là où les coûts sont les plus faibles. Mais la
PM-M conserve les atouts du modèle FAIM (Fabrication
Approvisionnement, Innovation, R&D et Marketing et
Ventes), à savoir : excellence dans ses opérations ;
chaîne de valeur ; et la relation client et la proximité.
L’internationalisation modifie l’organisation de l’entreprise.
En effet, la logistique, les TI , les actifs intangibles
(adaptabilité, ouverture) deviennent plus importants.
Les avantages concurrentiels changent dans le temps et
l’espace et les opportunités de marché, d’expertise et de
coûts existent. L’entreprise qui dure est l’entreprise qui
change. Il y a des PM-M au Québec (bottes d’hiver Kamik,
ACIFLEX et VERBOM).
La logique de l’approche PM-M est que :
- la mondialisation s’accélère et s’amplifie ;
- la Chine peut nous concurrencer à peu prés partout ;
- il faut riposter aux pays émergents en utilisant leurs propres forces ; et
- il est temps de donner l’heure juste aux PME.
l’asdeq remercie
Ministère des Affaires intergouvernementales
canadiennes, des Affaires autochtones,
de la Francophonie canadienne, de la Réforme
des institutions démocratiques et de l’Accès
à l’information du Québec
Institut de la statistique du Québec
www.asdeq.org
juin 2008
eco
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
M. Taduszewski que « Certains ont vu en lui l’économètre
spécialisé qui a enseigné à Harvard, en Californie et en
Europe, qui a développé avec son équipe le système de
comptabilité économique du Québec. Pourtant, derrière
le technicien rigoureux, consciencieux et minutieux
qu’était Tadek Matuszewski, on retrouve le philosophe des
systèmes économiques… ».
« Tadek Matuszewski: un pionnier de la
recherche économique au Québec »
À Québec le 20 mai et à Montréal le 22 mai avait lieu le
lancement du livre des frères Pierre et Jean Matuszewski
sur la vie de leur père Tadek Matuszewski (1925-89), un
professeur d’économétrie fort reconnu qui a enseigné à
UBC (L’Université de la Colombie-Britannique), l’Université
Western de l’Ontario, Harvard, UCLA (Université de
Californie à Los Angeles), Louvain, mais aussi à l’Université
de Montréal et surtout à l’Université Laval (1966 à 1979) où
il a fondé le Laboratoire d’économétrie. Il fut élu membre
de la Société Royale du Canada en 1984.
Tadek Matuszewski, polonais d’origine, a été l’un des
artisans de nouvelles pratiques rigoureuses dans la
recherche économique au Québec. Il a structuré, avec son
équipe au cours de la Révolution tranquille, ce qui allait
être le système de comptabilité économique du Québec.
Ses recherches ont influencé notre quotidien économique.
À propos de la science économique, Tadek Matuszewski
disait qu’elle essaie « de réduire une réalité complexe à
un petit nombre de relations analytiques compliquées, à la
signification obscure et à la validité suspecte ». Il voulait
ainsi injecter une dose d’humilité à une science « qui en a
grandement besoin ». Pour sa part, Gilles Paquet a dit de
Ses garçons vous invitent donc à mieux connaître l’homme
fascinant à découvrir qu’était leur père, un économiste
injustement relégué dans l’ombre. En plus de l’histoire
d’un homme, d’un immigrant au Canada, le livre porte
sur la vie universitaire, sur la naissance d’une innovation
scientifique (où on lui attribue la paternité des modèles
intersectoriels de planification économique qui furent et
sont encore utilisés dans les dossiers de prise de décision
de dépenses en immobilisation), sur la collaboration entre
les universités et le secteur privé et sur la période de la
révolution tranquille qui a marqué le Québec dans les
années 60 et 70. Le livre contient aussi des articles sur sa
contribution ainsi que certains de ses propres écrits.
Une bonne décision
Un salaire minimum à 8,50$ donne le plus haut pouvoir
d’achat au bas de l’échelle, ne répand pas le chômage, et
fait sortir les personnes seules de la pauvreté
Pierre Fortin, UQAM
La meilleure stratégie à poursuivre pour le salaire
minimum est de le fixer au plus haut niveau possible,
mais sans que cela répande le chômage. Au Québec, le
salaire minimum a augmenté de 6% le 1er mai dernier,
passant de 8$ à 8,50$ l’heure. En pouvoir d’achat absolu,
ce niveau est parmi les cinq plus élevés des 60 États et
provinces d’Amérique du Nord, alors même que le revenu
par habitant du Québec est parmi les cinq plus bas du
continent. L’effort saute aux yeux.
Faites la comparaison avec l’Ontario. Le salaire minimum
dans cette province est de 8,75$. Mais comme le coût de la
vie y est 15% plus élevé qu’au Québec, les 8,50$ du salarié
www.asdeq.org
juin 2008
eco
québécois peuvent acheter la même chose que 9,75$ en
Ontario. Vous voulez un salaire minimum à 10 $? On y est
presque! Aux États-Unis, le salaire minimum est beaucoup
plus bas. À 6,55$ l’heure à partir de juillet prochain, le
salaire minimum fédéral américain sera inférieur de 28% à
celui du Québec en pouvoir d’achat. Les États-Unis ne sont
pas un exemple à suivre.
Si un salaire minimum élevé est une si bonne chose,
pourquoi ne pas l’augmenter à 11$, ce qui équivaudrait à
60% du salaire moyen du Québec? C’est que les hausses
de salaire font augmenter les coûts de main-d’oeuvre
pour les PME. Et si ça leur coûte trop cher, elles vont
embaucher moins. On peut certainement se permettre
une bonne hausse du salaire minimum chaque année,
mais si on dépasse les bornes, l’emploi des travailleurs à
salaire minimum va en souffrir et leur taux de chômage va
augmenter.
À la fin des années 1970, à l’époque, justement, où le
salaire minimum équivalait à 60% du salaire moyen
au Québec, le taux de chômage des travailleurs au bas
de l’échelle dépassait celui des autres travailleurs de
dix points de pourcentage. René Lévesque n’a pas pris
beaucoup de temps à comprendre que ça ne donnait pas
grand chose d’avoir un salaire minimum excessivement
élevé si ses effets favorables sur le revenu étaient annulés
par un chômage exorbitant.
Sur la base de cette constatation, le gouvernement du
Québec a fini par stabiliser le salaire minimum autour de
46% du salaire moyen depuis une dizaine d’années. La
politique québécoise se démarque de deux façons. D’une
part, aucun autre État d’Amérique du Nord – à part la
Saskatchewan – ne maintient son salaire minimum dans
un rapport aussi élevé avec son salaire moyen. D’autre
part, le taux de chômage des travailleurs au bas de
l’échelle ne dépasse plus celui des autres travailleurs que
de cinq points. En France, on n’a pas encore compris qu’un
salaire minimum à 60% du salaire moyen entraîne des
conséquences graves pour l’emploi des jeunes et des autres
petits salariés. Le taux de chômage des jeunes Français est
suspendu dans la stratosphère, au-dessus de 20%.
www.asdeq.org
Bulletin de l’Association des économistes québécois
Vol. 15 no. 5
Il va de soi qu’un salaire minimum à 8,50$ ne peut enrayer
à lui seul la pauvreté des familles. Pour ces dernières, il
faut l’apport d’autres mesures d’aide de l’État, comme les
prestations pour enfants, la prime au travail, les congés
parentaux, les garderies à 7$, etc. Mais il est néanmoins
intéressant d’observer que le salaire minimum à 8,50$ va
porter le revenu annuel disponible d’une personne seule
travaillant à temps plein au salaire minimum au Québec à
quelque 1 140$ au-dessus du seuil de faible revenu après
impôt de Statistique Canada.
En 2008, au Québec, travailler 40 heures par semaine au
taux de 8,50$ l’heure procurera à cette personne seule
un revenu annuel brut de 17 680$ (égal à 40 x 8,50 x 52).
Après paiement des impôts et cotisations et réception
des crédits, il lui restera un revenu disponible de 15 970$.
[Note : les impôts fédéral et provincial et les cotisations à
l’Assurance emploi, au Régime des rentes du Québec, au
Régime québécois d’assurance parentale et au Régime
général d’assurance médicaments sont soustraites; les
crédits d’impôt pour la TPS et la TVQ et le remboursement
d’impôts fonciers sont ajoutés.] Ce n’est pas un gros
revenu net, puisqu’il est tiré d’un salaire minimum. Malgré
tout, il dépassera le seuil de faible revenu après impôt que
Statistique Canada conseille d’utiliser. Ajusté en fonction
du coût de la vie pour une personne seule vivant au
Québec, ce seuil de faible revenu en 2008 sera de 14 830$
pour la moyenne des villes du Québec. [Note : la moyenne
des seuils de bas revenu canadiens pour personne seule,
pondérée pour les parts de la population québécoise dans
les régions urbaines et rurales des diverses tailles, est
calculée pour l’année 2005; puis le résultat est indexé au
coût de la vie jusqu’en 2008; et enfin, le tout est multiplié
par le ratio entre le coût de la vie au Québec et le coût de la
vie dans l’ensemble du Canada, soit 0,93.].
Tout compte fait, le choix du Québec est le bon. Avoir un
niveau de salaire minimum qui est parmi les plus élevés
du continent, qui minimise les retombées néfastes pour
l’emploi et qui sort les personnes seules de la pauvreté est
toute une réussite pour un État comme le Québec, dont les
moyens sont plus que modestes. La décision du ministre
du Travail David Whissel de maintenir cette politique est la
bonne.
Téléchargement