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Thème 1 : Puissances et tensions dans le monde de la fin de la Première Guerre mondiale à
nos jours :
Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer
de conflits depuis la fin de la Première
Guerre mondiale
Introduction :
Proche-Orient : expression qui désigne les régions orientales du bassin méditerranéen :
Egypte, Israël, Palestine, Liban, Syrie et Turquie. C’est une expression inventée par les Français
pour désigner l’Orient « proche » de l’Europe.
Moyen-Orient : expression qui s’emploie par opposition à l’Extrême-Orient. Elle recoupe tous
les pays du Proche-Orient, mais aussi l’Afghanistan, l’Iran, l’Irak, la Jordanie et les
pétromonarchies de la Péninsule arabique (Arabie Saoudite, Emirats-Arabes-Unis, Qatar,
Oman, Yémen, Bahreïn et Koweït).
Situé au cœur de l’arc des crises, une région qui va de la Russie à l’Afrique et qui connaît de
graves crises politiques et des guerres, le Moyen-Orient est un des principaux foyers de
conflits dans le monde aux XXe et XXIe siècles.
Le sujet central de ce chapitre est donc la notion de conflit. Les conflits ont des origines
complexes, des causes nombreuses et des conséquences qui se font sentir souvent au-delà de
leurs limites géographiques. Deux angles de vue donc pour analyser les conflits :
 Les causes des conflits souvent mélangées les unes aux autres : ressources naturelles,
lieux stratégiques, culture, religion, ethnie, idéologie politique, nationalisme, etc.
 Les échelles des conflits : les conflits se concrétisent souvent à des échelles multiples :
o Tensions internes à un Etat
o Tensions régionales entre Etats du Moyen-Orient
o Tensions internationales faisant intervenir des Etats extérieurs au MoyenOrient
Plan du cours :
I.
Le Proche et Moyen-Orient dans les Guerres mondiales (1917-1948)
II.
Proche et Moyen-Orient dans la Guerre Froide (1948-1991)
III.
Paix et guerre au Moyen-Orient depuis 1991
I.
Le Proche et Moyen-Orient dans les Guerres mondiales
(1917-1948)
a. Une région stratégique et convoitée
Emplacement géographique: Une des premières raisons qui font du Proche et Moyen-Orient
un espace de conflits est son emplacement géographique :
1

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
La région est un carrefour géographique entre trois continents (Afrique, Europe, Asie)
ce qui lui vaut une place historique au cœur de nombreux flux (route de la soie, route
du pétrole…)
Entre 1859 et 1869 le canal de Suez est percé, permettant aux navires d’aller d’Europe
en Asie sans devoir contourner l’Afrique. Ce canal est donc un point extrêmement
stratégique car il permet aux navires de gagner énormément de temps, que ce soit
pour le commerce ou la guerre ! Dès le XIXe siècle, les grandes puissances de l’époque
(France, Grande-Bretagne, Empire Ottoman) rivalisent pour avoir le contrôle du canal.
Plusieurs détroits constituent des points de passage stratégiques, comme Bab-elMandeb, Ormuz… A nouveau, le contrôle de ces passages est un atout stratégique
important pour le commerce ou la guerre.
Pétrole et gaz : La seconde raison qui fait du Proche et Moyen-Orient un espace de conflits est
sa richesse en hydrocarbures:
 La région comprend de nombreux gisements de pétrole et de gaz. Elle abrite plus de
60% des réserves mondiales de pétrole. L’Arabie Saoudite en détient à elle seule un
quart. L’Iran, l’Irak, le Koweït, les Emirats Arabes Unis sont également des géants du
pétrole. Le Qatar, l’Arabie Saoudite et l’Egypte en détiennent eux 40% des réserves
mondiale de gaz.
 Du coup, la région est un carrefour des routes du pétrole et du gaz. Ses passages
stratégiques comme les détroits et le canal de Suez, permettent aux pétroliers
d’acheminer les hydrocarbures vers le reste du monde. Un réseau de transport des
oléoducs et gazoducs traverse la Moyen-Orient pour amener ces ressources vers les
mers.
 Cette richesse en hydrocarbures fait du Moyen-Orient un objet de convoitise pour les
grandes puissances qui cherchent à s’assurer le contrôle de ces ressources. Par
exemple, dès 1928, des FTN européennes et américaines se partagent l’exploitation du
pétrole irakien en créant l’Irak Petroleum Compagny (IPC). L’Irak est indépendant en
1932 mais le pétrole ne sera nationalisé qu’en 1972. La guerre en Irak de 2003 aura
notamment pour but caché de permettre aux grandes FTN du pétrole comme BP,
Shell, Exxon ou Total, de pouvoir revenir exploiter le pétrole irakien.
Eau : d’autres ressources naturelles sont aussi des raisons de conflits, comme l’eau.
 Si les hydrocarbures sont des objets de conflits internationaux, l’eau, elle est l’objet de
rivalités au sein de la région. Le Moyen-Orient est touché par l’aridité ce qui fait de
l’eau une ressource rare et vitale, objet de conflits.
 Les pays ayant accès à la source des grands fleuves, en amont, utilisent l’eau
(agriculture) ou la retiennent (barrages), ce qui crée des tensions avec les pays en aval
qui reçoivent moins d’eau.
 Par exemple, il existe de fortes tensions entre la Turquie d’une part, et l’Irak et la Syrie
d’autre part. La Turquie construit des barrages sur le Tigre et l’Euphrate qui réduisent
les débits d’eau qui arrivent dans ces pays…
b. Une région en manque d’unité
Diversité culturelle : Une autre raison qui fait que le PMO est une zone particulièrement
touchée par les conflits est le manque d’unité qui la caractérise.
 La région peut être décrite comme une mosaïque culturelle Cinq grands ensembles
culturels/linguistiques dominent la région : arabe, turc, juif, kurde et persans, euxmêmes divisés en sous-ensembles.
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Il existe donc une grande variété ethnique et linguistique qui ne correspond pas
toujours aux divisions étatiques. Par exemple, les Kurdes ont leur propre langue et
leur propre culture, mais ils n’ont pas d’Etat à eux et sont divisés entre l’Irak, la Syrie et
la Turquie.
Diversité religieuse : La diversité est aussi flagrante sur le plan religieux.
 L’islam est la religion majoritairement pratiquée, mais elle est divisée en plusieurs
courants, principalement les sunnites (90% des croyants) et les chiites (10% des
croyant). Les chiites sont majoritaires en Iran, et constituent la moitié de la population
d’Irak.
 Des communautés chrétiennes, comme les maronites au Liban et les coptes en Egypte
sont présentes dans toute la région. Les juifs ont leur propre Etat, Israël, mais ils sont
aussi présents un peu partout.
 Le Moyen-Orient est aussi le berceau où sont nées les trois grandes religions
monothéistes, christianisme, judaïsme et islam. Ces trois religions y possèdent donc
leurs lieux sacrés et villes saintes, comme Jérusalem et La Mecque. L’accès à ces lieux
est aussi un objet de tensions et rivalités.
Divisions politiques : La région est aussi très divisée politiquement. Jusqu’en 1918, elle fait
partie de l’Empire Ottoman, mais après la Première Guerre mondiale, elle est divisée en de
nombreux Etats :
 En effet, au début du XXe siècle, l’Empire Ottoman est puissant mais il possède une
faiblesse. Les Ottomans qui le gouvernent sont de culture turque, alors que la majorité
de la population est arabe. En 1914, l’Empire Ottoman s’allie à l’Allemagne. Les
Anglais cherchent à le déstabiliser en créant des désordres internes. Ils incitent les
peuples arabes à se révolter contre les Ottomans, en leur promettant la création d’un
Etat arabe indépendant au sortir de la guerre.
 Or, en même temps, ils signent avec la France les Accords Sykes-Picot (1916). Ces
accords prévoient le partage des territoires de l’Empire ottoman entre France et
Grande-Bretagne après la guerre… ce qui est contraire à la promesse faite aux arabes !
 Au sortir de la guerre, le traité de Sèvres (août 1920) détermine le sort de l’Empire
Ottoman :
o Le territoire des Ottomans est confiné au plateau anatolien, l’actuelle Turquie.
o Les territoires à majorité arabe sont confiés à la France (Syrie, Liban) et à la
Grande-Bretagne (Irak, Transjordanie, Palestine) par la Société des Nations,
par le système des mandats.
 C’est donc lors du traité de Sèvres que les frontières de ces pays sont décidées. Cet
état de fait pose des problèmes jusqu’à aujourd’hui :
o Ce découpage ne respecte pas le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes
car il ne dépend pas de l’appartenance ethnique, linguistique ou culturelle des
peuples qui y vivent. Les Etats du Moyen-Orient abritent de nombreuses
minorités, ce qui est une source de tensions.
o Ainsi, ce découpage n’est pas fait en fonction du bien-être des peuples arabes,
mais des intérêts stratégiques et économiques des puissances européennes.
c. Entre aspirations nationales et domination occidentale (1918-1945)
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Domination occidentale : Face à la domination occidentale, les populations arabes
cherchent à s’unir pour revendiquer leur indépendance. Trois idéologies principales



s’affirment dans les années 1920, le panarabisme, l’islamisme politique et le
nationalisme.
Panarabisme : Depuis le XIXe siècle, se développe un mouvement nationaliste arabe,
appelé panarabisme, qui veut la création d’un Etat rassemblant tous les Arabes. La
division du Moyen-Orient en différents Etats, prévue par le Traité de Sèvres, provoque
donc un fort mécontentement chez les partisans du panarabisme.
Islamisme politique : L’islamisme politique nait à la fin des années 1920 à l’initiative
des Frères Musulmans qui veulent créer en Egypte un Etat dont les lois seraient
fondées sur l’islam. Ce courant politique rencontre un vif succès dans tout le monde
arabe car son idéologie n’empreinte rien à l’Occident.
Aspirations nationales : En 1920, les populations arabes sont aussi mécontentes car
elles refusent la tutelle française ou britannique, et veulent l’indépendance. Dès les
années 1920, plusieurs Etats accèdent à l’indépendance. L’indépendance de pleins
d’Etats va à l’encontre du projet panarabe…
o La Turquie devient une république laïque dirigée par Mustapha Kemal Atatürk
en 1924. Le pays s’occidentalise.
o En 1925, la Perse (qui s’appellera Iran dès 1935) accède à l’indépendance. Elle
devient un Etat impérial gouverné par un roi, le Shah, et s’occidentalise. Elle
reste toutefois très dominée par la Grande-Bretagne.
o En Arabie Saoudite, l’émir Abd al-Aziz Idn Saoud fonde un royaume ultraconservateur islamiste en 1934.
o L’Irak est indépendante en 1932 et l’Egypte en 1936.
d. Le début des tensions en Palestine


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II.
Sionisme : A cause d’une longue histoire d’antisémitisme en Europe, à la fin du XIXe
siècle, Théodore Herzl crée l’idéologie sioniste. Il propose de créer un Etat juif en
Palestine. Avant 1920, deux vagues d’immigration juive vers ce pays sont organisées.
En 1920, il y a déjà 80'000 Juifs pour 800'000 Palestiniens en Palestine.
Déclaration de Balfour : En 1917, lors de la Déclaration de Balfour, les Britanniques
promettent aux organisations sionistes la création d’un foyer national juif en
Palestine. De nouvelles vagues d’immigration juive ont donc lieu dans l’entre-deux
guerres car la Palestine est sous mandat britannique. A la fin des années 1930, les juifs
sont plus de 400'000 et représentent un peu moins du tiers des habitants de la
Palestine. Le Royaume Uni a donc joué un triple jeu en promettant des nations
indépendantes à la fois aux Juifs et aux Arabes, tout en préparant un partage des
territoires avec la France.
Premières révoltes : Les populations arabes de Palestine et des pays voisins sont
mécontentes de l’occupation par les Européens et les Juifs de leurs terres (doc. 4 p.
209). Une première vague de révoltes palestiniennes a lieu entre 1936 et 1939 pour
protester contre le mandat anglais et l’immigration juive.
Proche et Moyen-Orient dans la Guerre Froide (19481991)
a. Tensions externes : un enjeu de la rivalité Est-Ouest
Comme toute la planète, le Proche et le Moyen-Orient est impliqué dans l’affrontement
idéologique entre le bloc occidental et le bloc soviétique pendant la Guerre Froide.
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Bloc occidental :
 Pays alliés des Etats-Unis au début de la guerre :
o En 1945, les EUA signent un pacte avec l’Arabie Saoudite surnommé le pacte
pétrole contre protection. Ils promettent à la dynastie islamiste régnante de la
protéger de ses rivaux en échange d’un accès à son pétrole (doc. 1 p. 216).
o Israël est l’allié inconditionnel des Etats-Unis dans la région dès sa création.
o Au début de la guerre froide, l’Iran est également allié aux EUA qui financent
son armée.
o La Turquie reçoit l’aide du Plan Marshall au sortir de la Seconde Guerre
mondiale. Elle adhère à l’OTAN en 1952.
 La doctrine Eisenhower :
o La doctrine de l’endiguement prend une forme particulière au Proche et
Moyen-Orient, appelée doctrine Eisenhower (1957). En effet, les EUA ont un
double intérêt au Moyen-Orient, d’une part endiguer le communisme, mais
surtout, s’assurer un accès favorisé aux hydrocarbures. Cette doctrine promet
donc une aide financière et militaire (aux pays qui refusent de s’aligner avec
l’URSS.
o Les EUA n’hésitent pas à intervenir militairement pour s’assurer un accès au
pétrole. En 1953, le Premier ministre iranien Mossadegh nationalise le pétrole
qui jusque là était exploité par la FTN anglaise Anglo-Iranian Oil Company. Les
EUA lancent alors un coup d’Etat pour chasser Mossadegh du pouvoir.
o Par ailleurs, les EUA arment des milices qui s’opposent à la domination
soviétique. Par exemple, en Afghanistan, ils soutiennent les Moudjahidines,
un groupe de résistants islamistes.
Le bloc soviétique :
 Du son coté, l’URSS se présente comme l’ennemi principal de l’impérialisme occidental
au Proche et Moyen-Orient et donc comme défenseur des nationalismes arabes.
 Elle aide économiquement et militairement des régimes qui combinent nationalisme
et socialisme, comme le régime de Nasser qui prend le pouvoir en 1954 en Egypte, ou
celui du parti Baas en Syrie et en Irak.
La crise de Suez :
 L’Egypte est un cas particulier. Même si le pays est indépendant depuis 1922, le
Royaume-Uni et la France contrôlent toujours le canal de Suez.
 En 1954, Nasser arrive au pouvoir. Cherchant à faire de l’Egypte une nation prospère
et indépendante, il met en place de nombreuses réformes socialistes. En 1956, il
décide de nationaliser le canal de Suez, chassant ainsi les occidentaux.
 Les Britanniques et les Français organisent une riposte militaire avec l’aide d’Israël.
Leurs troupes débarquent en Egypte le 5 novembre. Dès le lendemain, aussi bien
l’URSS, alliée de Nasser, que les Etats-Unis les obligent à cesser leur expédition.
 La crise de Suez marque la fin de l’influence coloniale européenne au Moyen-Orient,
laissant les deux superpuissances en face à face.
b. L’émergence du conflit israélo-arabe
Contexte :
 En 1945, la Palestine est toujours sous mandat britannique, elle compte 1.2 millions
d’arabes et 560'000 juifs. Après le génocide des juifs, la majorité de la communauté
internationale est pour la création d’un Etat juif.
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
En Palestine, le climat est toutefois toujours tendu entre juifs et arabes. Les épisodes
de violences se succèdent.
 En 1947, l’ONU propose un plan de partage de la Palestine qui attribue 56% du
territoire pour la création d’un Etat juif. Les Palestinien obtiennent trois territoires
séparés les uns des autres. Du fait de son statut de ville sainte, Jérusalem est
administrée par une autorité internationale.
 Ce plan injuste est rejeté par les Palestiniens et par les Etats arabes voisins, mais l’Etat
d’Israël est quand même constitué en mai 1948.
Les guerres israëlo-arabes :
De 1947 à 1973, Israël et les Etats arabes voisins se font trois guerres, qui se soldent toutes par
une victoire d’Israël :
 Première guerre israélo-arabe (1948-1949) :
o Dès le lendemain de sa création, l’Etat d’Israël est attaqué par les Etats arabes
voisins (Egypte, Syrie, Transjordanie, Liban). L’armée israélienne remporte la
victoire, grâce au soutien américain. Israël s’empare d’une bonne partie des
territoires palestiniens qui sont confinés à la bande de Gaza et à la Cisjordanie,
et de Jérusalem Ouest.
o 700'000 Palestiniens sont contraints de fuir les territoires envahis et se
réunissent dans des camps de réfugiés aux conditions de vie désastreuses.
o Des accords d’armistice sont signés entre janvier et juillet 1949.
 La guerre des Six Jours (1967) :
o En juin 1967, suite à une série de tensions, l’Egypte bloque l’accès à la Mer
Rouge aux navires israéliens, empêchant leur approvisionnement en pétrole.
Israël attaque l’Egypte et son alliée la Syrie. Elle gagne la guerre en seulement
6 jours.
o Israël étend son territoire. Elle occupe toute la Palestine (Cisjordanie et Gaza)
et s’empare, du plateau du Golan (Syrie) et du désert du Sinaï (Egypte). Seuls
ont été restitués le Sinaï en 1982, et Gaza en 2005. Les autres territoires
demeurent sous occupation.
o Six mois après la guerre, l’ONU adopte la résolution 242 qui affirme que les
territoires occupés seront restitués en échange de la reconnaissance
diplomatique d’Israël par ses voisins.
 La guerre du Kippour (1973)
o En octobre 1973, l’Egypte et la Syrie attaquent Israël le jour de la fête de Yom
Kippour afin de récupérer leurs territoires. Après une contre-offensive
victorieuse d’Israël, l’ONU impose un cessez-le-feu qui débouche sur un statu
quo (aucun changement territorial).
o Toutefois, pour riposter contre le soutien occidental à Israël, les pays arabes
producteurs de pétrole décident d’une hausse de 40-50% du prix du pétrole
brut, provoquant le choc pétrolier de 1973.
c. Tensions internes : entre panarabisme et rivalités
Le panarabisme :
 En 1945 est fondée la Ligue arabe. Elle cherche à coordonner les politiques des
différents Etats arabes divisés depuis 1918. C’est donc une organisation panarabe. A
partir de 1948, la lutte contre Israël devient le ciment du nationalisme arabe.
 Pendant la Guerre Froide, la création de la Ligue arabe, les guerres contre Israël et le
choc pétrolier de 1973 sont révélatrices de la persistance d’un sentiment nationaliste
arabe, détaché de l’influence des deux blocs.
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
Par ailleurs, aussi bien Nasser que le parti Baas seront des acteurs important du
mouvement des non-alignés. Nasser est d’ailleurs le principal porte-parole du
panarabisme. On voit donc que de nombreux Etats arabes cherchent à s’émanciper de
toute domination externe.
La rivalité entre les puissances régionales :
 Les conflits qui agitent le Moyen-Orient ne découlent toutefois pas toutes de la
domination occidentale. Les divisions et les rivalités entre Etats sont un autre facteur
essentiel. La rivalité entre les Etats progressistes (Turquie, Egypte), qui veulent
instaurer le progrès social, et les Etats conservateurs islamistes (Arabie Saoudite, Iran)
est un premier facteur de divisions.
 Par exemple, pour récupérer le Sinaï, l’Egypte s’éloigne de l’URSS et se rapproche des
Etats-Unis dans les années 1970. En 1979, le Président Sadate signe les Accords de
Camp David, un traité de paix et de reconnaissance diplomatique de l’Etat d’Israël.
L’Egypte est exclue de la Ligue arabe, et Sadate assassiné par des islamistes en 1981.
 Les Etats du Moyen-Orient rivalisent pour obtenir le statut de puissance régionale. En
témoigne leur volonté de s’approprier l’arme nucléaire. Israël la possède, sans
l’avouer officiellement. Depuis 2002, l’Iran essaie de développer une technologie
militaire nucléaire au mépris des conventions internationales.
III.
Paix et guerre en Orient depuis 1991
a) Islamisme et guerre contre le terrorisme
La montée de l’islamisme :
 L’islamisme nait dans les années 1920, mais il se répand surtout dans les années 1970.
En effet, pendant la Guerre Froide, les mouvements islamistes sont soutenus
financièrement et militairement par l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis. En effet, les
EUA arment les islamistes, comme les Moudjahidines d’Afghanistan, pour qu’ils luttent
contre les communistes, dans le cadre de la politique d’endiguement.
 Mais l’islamisme se répand aussi comme une idéologie alternative aux modèles
capitalistes ou communistes. Il devient rapidement un symbole de lutte contre
l’impérialisme. Ainsi, de nombreux islamistes s’opposent aux EUA, à l’URSS et à Israël.
 Par exemple, en 1979, les islamistes iraniens renversent le gouvernement du Shah
soutenu par les Occidentaux, et porte l’ayatollah Khomeini, un membre du clergé
chiite, au pouvoir. C’est la Révolution iranienne. Une constitution islamiste est
adoptée par le nouveau gouvernement résolument anti-occidental (doc. 2 p. 224).
L’islamisme radical :
 Diffusion : L’islamisme se diffuse rapidement au cours des années 1980-2000, et il
devient l’idéologie officielle de plusieurs Etats. Il est divisé entre les partisans d’un
islamisme modéré, combinant démocratie et islam, et des islamistes radicaux qui eux
ont recours à l’action violente pour prendre le pouvoir. Ces derniers créent des
réseaux terroristes comme Al-Qaïda1. Le Hezbollah chiite au Liban et le Hamas en
Palestine sont des exemples de mouvements islamistes qui recourent au terrorisme.
 La guerre en Afghanistan (1979-1989) :
1
Attention : le discours des médias et de la société a tendance à associer islamisme et terrorisme, en les
plaçant toujours l’un à côté de l’autre. Les deux éléments sont pourtant bien distincts. L’islam politique
n’est pas une forme de terrorisme, mais une idéologie. Le genre de discours qui associent « islamisme »
et « terrorisme » est dangereux, il alimente la xénophobie.
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o


En 1979, par peur que la révolution iranienne ne se propage, l’URSS envahit
l’Afghanistan. Les moudjahidines, combattants islamistes, affluent de tout le
Moyen-Orient pour combattre les communismes. Ils mènent le djihad durant
10 ans, avec le soutien des Occidentaux.
o Les islamistes arrivent donc au pouvoir en Afghanistan en 1992. Dès 1996, les
Talibans, un autre courant islamiste radical, prend le pouvoir.
Le 11 septembre 2001 :
o Les Etats-Unis sont victimes d’un attentat terrorisme orchestré par le réseau
terroriste d’islamistes radicaux Al-Qaïda le 11 septembre 2011. Ils accusent les
Talibans de soutenir Al-Qaïda et son leader, Ben Laden. Ils entrent en guerre
avec l’Afghanistan, soutenus par l’ONU, de 2001 à 2014.
o En 2003, les EUA attaquent l’Irak et son Président Saddam Hussein, accusé de
détenir des armes de destruction massives et de soutenir Al-Qaïda. Ben Laden
y est tué en 2011. Cette guerre permet également aux FTN occidentales de
prendre le contrôle de nombreux gisements de pétrole qui avaient été
nationalisés par Hussein.
o On dénombre entre 1,3 et 4 millions le nombre de victimes de la guerre
contre le terrorisme américaine en Irak et Afghanistan.
Etat islamique : Actuellement, l’organisation islamiste radicale dont on parle le plus
est l’Etat islamique (EI) ou Daech, créé en 2006.
o Cette organisation est fermement anti-occidentale à cause d’une longue
histoire de domination et interventions européennes et américaines au
Moyen-Orient. Daech a profité des guerres en Syrie et en Irak pour prendre le
contrôle d’importants territoires.
o Depuis 2014, une coalition internationale de 22 pays menée par les EUA, ainsi
que la Russie, mènent des frappes aériennes contre l’EI. L’Etat islamique
riposte en menant des attaques terroristes comme celle du 13 novembre 2015
en France.
o Les tensions actuelles provoquées par la montée de réseaux islamistes
radicaux touchent toutefois bien plus les populations arabes qu’occidentales.
l’EI est responsable de massacres de plusieurs milliers de personnes en Syrie
et en Irak. Il exécute systématiquement ses prisonniers, mais s’en prend
également à des civils pour des raisons ethniques ou religieuses.
Le printemps arabe :
 Démocratie : Depuis des décennies, la majorité des Etats du Moyen-Orient sont
gouvernés par des dictateurs. Dès décembre 2010, des mouvements populaires
partent de Tunisie et d’Egypte réclamant l’instauration de la démocratie. Les
manifestations se propagent en Lybie, au Yémen, dans les Etats du Golfe et en Syrie.
Les réseaux sociaux (blogs, Facebook, téléphone mobile) ouvrent une brèche dans la
censure et permettent l’organisation de ces mouvements. Ces contestations sont
baptisées Printemps arabe.
 Conséquences : Les Printemps arabes provoquent une nouvelle phase d’instabilité
profitable à l’expansion des mouvements islamistes radicaux. Si les contestations
cherchaient à promouvoir la démocratie, elles ont aussi ouvert la voie à l’instauration
de régimes islamistes radicaux ou de nouveaux dictateurs :
o En Tunisie, de nombreuses libertés, ainsi que des élections libres, ont été
établies. Toutefois, le pays est une cible privilégiée de Daech, et les nombreux
attentats soufferts en 2015 font que, sous prétexte de lutter contre le
terrorisme, le gouvernement recommence à violer les libertés fondamentales.
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o
o
En Egypte, Mohammed Morsi, candidat du parti des Frères Musulmans, est
élu à la présidence de la république en 2011 après la destitution du dictateur
Moubarak. L’armée égyptienne lance un coup d’Etat en 2013 et le maréchal
Abdel Fatah al Sissi s’empare du pouvoir. Il massacre des milliers d’opposants,
rétablit la censure et devient un champion des violations des droits de
l’homme...
En Lybie, après la mort de Kadhafi, le pays est déchiré par une guerre civile
entre islamistes et progressistes. Depuis 2014, deux gouvernements rivaux se
partagent le pays.
En Syrie, une guerre civile faire rage depuis 2011. Le dictateur Bachar Al Assad
s’accroche au pouvoir, soutenu par l’Iran, l’Irak et la Russie. Il est en guerre
contre les rebelles syriens à la fois islamistes et démocrates, soutenus par les
Occidentaux. Les Kurdes syriens et l’EI ont profité des instabilités pour
s’emparer d’une partie du pays. On dénombre déjà 500'000 victimes.
b) Ressources naturelles et enjeux stratégiques, l’exemple de l’Irak
La guerre Iran-Irak (1980-1988) :
 Dès 1979, Saddam Hussein du parti Baas, dirige l’Irak. Il craint de la révolution
islamiste chiite en Iran ne provoque un soulèvement des chiites irakiens. En effet,
ceux-ci représentent plus de 50% de la population irakienne mais ne sont pas
représentés au sein du gouvernement. Les enjeux sont donc culturels et religieux.
 Mais les enjeux sont aussi géostratégiques. Hussein veut…
o …s’assurer le contrôle du fleuve Chatt-Al-Arab à la frontière entre l’Iran et
l’Irak, qui permet aux navires de relier au Golfe Persique la ville irakienne de
Bassorah, et l’iranienne Khorramshar.
o …récupérer trois îles du détroit d’Ormuz annexées par l’Iran en 1971 pour
soustraire le détroit d’une emprise exclusivement iranienne.
 En 1980, Hussein attaque l’Iran qui réagit par une gigantesque mobilisation. La guerre
dure 8 ans et fait plus d’un million de morts.
La première guerre du Golfe (1990-1991) :
 Cette guerre est enclenchée par l’Irak peu après le cessez-le-feu de 1988 avec l’Iran.
L’Irak est ruiné par la guerre, mais Hussein veut que son pays demeure une puissance
régionale. Il envahit le Koweït pour s’approprier son pétrole.
 L’ONU lance une coalition dirigée par les EUA pour protéger le Koweït et vainc l’Irak en
1991. C’est l’opération qui inaugure le supposé nouvel ordre mondial multilatéral
proposé par George H. Bush au sortir de la Guerre Froide. L’exemple de ce conflit
montre d’une part l’importance du pétrole, mais aussi l’internationalisation des
enjeux géopolitiques au Proche et Moyen-Orient.
 De même, en 2003, quand les EUA attaquent l’Irak de Saddam Hussein, ils affirment
que c’est parce qu’il détiendrait des armes de destructions massives. Comme celles-ci
n’ont jamais été découvertes, il semblerait que le véritable objectif était de rétablir la
position des entreprises occidentales pétrolières sur le territoire irakien.
c) Israël-Palestine, un conflit sans fin ?
Naissance et reconnaissance de l’Organisation de Libération de la Palestine :
 Jusque ici nous avons surtout parlé de guerres « israélo-arabes ». Or, à partir des
années 1960, les Palestiniens commencent à s’organiser et on glisse petit à petit vers
un conflit « israélo-palestinien ». Le sentiment national palestinien émerge dès les
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


débuts de l’immigration juive au XIXe siècle, mais la création d’Israël, la vie dans les
camps de réfugiés et les guerres successives l’exacerbent.
En 1959, Yasser Arafat fonde le FATAH (Mouvement de Libération de la Palestine). A
partir de 1964, la Ligue Arabe crée l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) et
le FATAH entre dans cette organisation.
Yasser Arafat prend la tête de l’OLP en 1969. Au départ, l’OLP recoure au terrorisme.
Par exemple, lors des Jeux Olympiques de Munich en 1972, un groupe nommé
Septembre noir prend en otage et tue 11 athlètes israéliens.
En 1974, l’organisation obtient un statut d’observateur à l’ONU. En 1988, elle
proclame l’existence d’un Etat palestinien indépendant et condamne officiellement le
terrorisme. Elle est aujourd’hui reconnue comme un partenaire diplomatique par la
plupart des Etats. C’est l’organisation qui représente la Palestine dans les
Organisations Internationales.
Les Intifadas :
 Les conditions de vie dans les territoires palestiniens occupés sont déplorables car
Israël s’est approprié meilleures terres pour l’agriculture, l’eau et les autres
ressources. La situation politique évolue peu dans les années 1980, les Palestiniens
sont oubliés et la Ligue arabe se désintéresse du problème.
 Une révolte populaire éclate entre 1987 et 1993 en Cisjordanie et à Gaza, c’est la
première Intifada, ou « guerre des pierres ». Cet événement relance la préoccupation
internationale pour le conflit israélo-palestinien.
 Au début des années 1990, les Etats-Unis incitent les différentes parties au dialogue,
ce qui conduit aux accords l’Oslo (1993) et à la poignée de main historique entre le
premier ministre israélien Yitzhak Rabin et Yasser Arafat. Israël et l’OLP se
reconnaissent mutuellement comme interlocuteurs diplomatiques. Toutefois, des
deux cotés, de nombreux mouvements extrémistes s’opposent à ces premiers
rapprochements. En 1995, Rabin est assassiné par un extrémiste sioniste.
 Côté palestinien, un courant islamiste radical considère Arafat comme un traitre, c’est
le Hamas qui commence à prendre de l’ampleur dans les années 1990 :
o Le Hamas rejette les accords de paix et recoure au terrorisme.
o Une seconde Intifada (2000-2004) conduit au retrait d’Israël de la Bande de
Gaza en 2005. Le Hamas prend le pouvoir à Gaza.
o Actuellement, deux gouvernements palestiniens coexistent : l’un à Gaza tenu
par le Hamas et l’autre en Cisjordanie, contrôlé par le FATAH.
 L’actualité regorge de tensions entre palestiniens et israéliens :
o Depuis l’été 2002, Israël construit une barrière de séparation entre son
territoire et la Cisjordanie.
o Les tensions ont débouché en juillet et août 2014 sur un nouvel affrontement
armé entre le Hamas de Gaza (tirs aveugles de roquettes) et le Tsahal (raids et
bombardements aériens d’une violence complétement disproportionnée).
o Depuis octobre 2015, une nouvelle vague de violences palestiniennes contre
des Israéliens, marquées par des attaques au couteau, à l’arme à feu et à la
voiture-bélier, prend le nom d’Intifada des couteaux.
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