Thème 1 : Puissances et tensions dans le monde de la fin de la Première Guerre mondiale à nos jours : Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale Introduction : Proche-Orient : expression qui désigne les régions orientales du bassin méditerranéen : Egypte, Israël, Palestine, Liban, Syrie et Turquie. C’est une expression inventée par les Français pour désigner l’Orient « proche » de l’Europe. Moyen-Orient : expression qui s’emploie par opposition à l’Extrême-Orient. Elle recoupe tous les pays du Proche-Orient, mais aussi l’Afghanistan, l’Iran, l’Irak, la Jordanie et les pétromonarchies de la Péninsule arabique (Arabie Saoudite, Emirats-Arabes-Unis, Qatar, Oman, Yémen, Bahreïn et Koweït). Situé au cœur de l’arc des crises, une région qui va de la Russie à l’Afrique et qui connaît de graves crises politiques et des guerres, le Moyen-Orient est un des principaux foyers de conflits dans le monde aux XXe et XXIe siècles. Le sujet central de ce chapitre est donc la notion de conflit. Les conflits ont des origines complexes, des causes nombreuses et des conséquences qui se font sentir souvent au-delà de leurs limites géographiques. Deux angles de vue donc pour analyser les conflits : Les causes des conflits souvent mélangées les unes aux autres : ressources naturelles, lieux stratégiques, culture, religion, ethnie, idéologie politique, nationalisme, etc. Les échelles des conflits : les conflits se concrétisent souvent à des échelles multiples : o Tensions internes à un Etat o Tensions régionales entre Etats du Moyen-Orient o Tensions internationales faisant intervenir des Etats extérieurs au MoyenOrient Plan du cours : I. Une région riche en atouts, politiquement redessinée (1945-1948) II. Proche et Moyen-Orient dans la Guerre Froide (1948-1991) III. Paix et guerre au Moyen-Orient depuis 1991 I. Une région riche en atouts, politiquement redessinée (1945-1947) a. Une région stratégique et convoitée Emplacement géographique: Une des premières raisons qui font du Proche et Moyen-Orient un espace de conflits est son emplacement géographique : 1 La région est un carrefour géographique entre trois continents (Afrique, Europe, Asie) ce qui lui vaut une place historique au cœur de nombreux flux (route de la soie, route du pétrole…) Entre 1859 et 1869 le canal de Suez est percé, permettant aux navires d’aller d’Europe en Asie sans devoir contourner l’Afrique. Ce canal est donc un point extrêmement stratégique car il permet aux navires de gagner énormément de temps, que ce soit pour le commerce ou la guerre ! Dès le XIXe siècle, les grandes puissances de l’époque (France, Grande-Bretagne, Empire Ottoman) rivalisent pour avoir le contrôle du canal. Plusieurs détroits constituent des points de passage stratégiques, comme Bab-elMandeb, Ormuz… A nouveau, le contrôle de ces passages est un atout stratégique important pour le commerce ou la guerre. Pétrole et gaz : La seconde raison qui fait du Proche et Moyen-Orient un espace de conflits est sa richesse en hydrocarbures: La région comprend de nombreux gisements de pétrole et de gaz. Elle abrite plus de 60% des réserves mondiales de pétrole. L’Arabie Saoudite en détient à elle seule un quart. L’Iran, l’Irak, le Koweït, les Emirats Arabes Unis sont également des géants du pétrole. Le Qatar, l’Arabie Saoudite et l’Egypte en détiennent eux 40% des réserves mondiale de gaz. Du coup, la région est un carrefour des routes du pétrole et du gaz. Ses passages stratégiques comme les détroits et le canal de Suez, permettent aux pétroliers d’acheminer les hydrocarbures vers le reste du monde. Un réseau de transport des oléoducs et gazoducs traverse la Moyen-Orient pour amener ces ressources vers les mers. Cette richesse en hydrocarbures fait du Moyen-Orient un objet de convoitise pour les grandes puissances qui cherchent à s’assurer le contrôle de ces ressources. Par exemple, dès 1928, des FTN européennes et américaines se partagent l’exploitation du pétrole irakien en créant l’Irak Petroleum Compagny (IPC). L’Irak est indépendant en 1932 mais le pétrole ne sera nationalisé qu’en 1972. La guerre en Irak de 2003 aura notamment pour but caché de permettre aux grandes FTN du pétrole comme BP, Shell, Exxon ou Total, de pouvoir revenir exploiter le pétrole irakien. Eau : d’autres ressources naturelles sont aussi des raisons de conflits, comme l’eau. Si les hydrocarbures sont des objets de conflits internationaux, l’eau, elle est l’objet de rivalités au sein de la région. Le Moyen-Orient est touché par l’aridité ce qui fait de l’eau une ressource rare et vitale, objet de conflits. Les pays ayant accès à la source des grands fleuves, en amont, utilisent l’eau (agriculture) ou la retiennent (barrages), ce qui crée des tensions avec les pays en aval qui reçoivent moins d’eau. Par exemple, il existe de fortes tensions entre la Turquie d’une part, et l’Irak et la Syrie d’autre part. La Turquie construit des barrages sur le Tigre et l’Euphrate qui réduisent les débits d’eau qui arrivent dans ces pays… b. Une région en manque d’unité Diversité culturelle : Une autre raison qui fait que le PMO est une zone particulièrement touchée par les conflits est le manque d’unité qui la caractérise. La région peut être décrite comme une mosaïque culturelle Cinq grands ensembles culturels/linguistiques dominent la région : arabe, turc, juif, kurde et persans, euxmêmes divisés en sous-ensembles. 2 Il existe donc une grande variété ethnique et linguistique qui ne correspond pas toujours aux divisions étatiques. Par exemple, les Kurdes ont leur propre langue et leur propre culture, mais ils n’ont pas d’Etat à eux et sont divisés entre l’Irak, la Syrie et la Turquie. Diversité religieuse : La diversité est aussi flagrante sur le plan religieux. L’islam est la religion majoritairement pratiquée, mais elle est divisée en plusieurs courants, principalement les sunnites (90% des croyants) et les chiites (10% des croyant). Les chiites sont majoritaires en Iran, et constituent la moitié de la population d’Irak. Des communautés chrétiennes, comme les maronites au Liban et les coptes en Egypte sont présentes dans toute la région. Les juifs ont leur propre Etat, Israël, mais ils sont aussi présents un peu partout. c. Entre aspirations nationales et domination occidentale Divisions politiques : La région est aussi très divisée politiquement. Jusqu’en 1918, elle fait partie de l’Empire Ottoman, qui s’allie à l’Allemagne lors de la Premières Guerre mondiale. Au sortir de la guerre, le traité de Sèvres (août 1920) détermine le sort de l’Empire Ottoman, et met en place les frontières entre les Etats qui sont encore en vigueur aujourd’hui : o Le territoire des Ottomans est confiné au plateau anatolien, l’actuelle Turquie. o Les territoires à majorité arabe sont confiés à la France (Syrie, Liban) et à la Grande-Bretagne (Irak, Transjordanie, Palestine) par la Société des Nations, par le système des mandats. Aspirations nationales : dès les années 1920, plusieurs Etats accèdent à l’indépendance, et les dernières décolonisations ont lieu peu après la Seconde Guerre mondiale : le Liban en 1943, la Jordanie et la Syrie en 1946. Le Moyen Orient est donc divisé en plusieurs Etats. Panarabisme : Cette division pose problème pour les partisans du panarabisme qui souhaitent, depuis le XIXe siècle la création d’un Etat rassemblant tous les Arabes. La naissance d’Israël : A cause d’une longue histoire d’antisémitisme en Europe, à la fin du XIXe siècle, Théodore Herzl crée l’idéologie sioniste. Il propose de créer un Etat juif en Palestine. Des Juifs commencent à immigrer en Palestine dès les années 1920. Les premières révoltes palestiniennes contre la présence juive ont lieu dans les années 1930. En 1945, la Palestine est toujours sous mandat britannique, elle compte 1.2 millions d’arabes et 560'000 juifs. Après le génocide des juifs, la majorité de la communauté internationale est pour la création d’un Etat juif. En Palestine, le climat est toutefois toujours tendu entre juifs et arabes. Les épisodes de violences se succèdent. En 1947, l’ONU propose un plan de partage de la Palestine qui attribue 56% du territoire pour la création d’un Etat juif. Les Palestinien obtiennent trois territoires séparés les uns des autres. Du fait de son statut de ville sainte, Jérusalem est administrée par une autorité internationale. Ce plan injuste est rejeté par les Palestiniens et par les Etats arabes voisins, mais l’Etat d’Israël est quand même constitué en mai 1948. 3 II. Proche et Moyen-Orient dans la Guerre Froide (19481991) a. Tensions externes : un enjeu de la rivalité Est-Ouest Comme toute la planète, le Proche et le Moyen-Orient est impliqué dans l’affrontement idéologique entre le bloc occidental et le bloc soviétique pendant la Guerre Froide. Bloc occidental : Pays alliés des Etats-Unis au début de la guerre : o En 1945, les EUA signent un pacte avec l’Arabie Saoudite surnommé le pacte pétrole contre protection. Ils promettent à la dynastie islamiste régnante de la protéger de ses rivaux en échange d’un accès à son pétrole (doc. 1 p. 216). o Israël est l’allié inconditionnel des Etats-Unis dans la région dès sa création. o Au début de la guerre froide, l’Iran est également allié aux EUA qui financent son armée. o La Turquie reçoit l’aide du Plan Marshall au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Elle adhère à l’OTAN en 1952. La doctrine Eisenhower : o La doctrine de l’endiguement prend une forme particulière au Proche et Moyen-Orient, appelée doctrine Eisenhower (1957). En effet, les EUA ont un double intérêt au Moyen-Orient, d’une part endiguer le communisme, mais surtout, s’assurer un accès favorisé aux hydrocarbures. Cette doctrine promet donc une aide financière et militaire (aux pays qui refusent de s’aligner avec l’URSS. o Les EUA n’hésitent pas à intervenir militairement pour s’assurer un accès au pétrole. En 1953, le Premier ministre iranien Mossadegh nationalise le pétrole qui jusque là était exploité par la FTN anglaise Anglo-Iranian Oil Company. Les EUA lancent alors un coup d’Etat pour chasser Mossadegh du pouvoir. o Par ailleurs, les EUA arment des milices qui s’opposent à la domination soviétique. Par exemple, en Afghanistan, ils soutiennent les Moudjahidines, un groupe de résistants islamistes. Le bloc soviétique : Du son coté, l’URSS se présente comme l’ennemi principal de l’impérialisme occidental au Proche et Moyen-Orient et donc comme défenseur des nationalismes arabes. Elle aide économiquement et militairement des régimes qui combinent nationalisme et socialisme, comme le régime de Nasser qui prend le pouvoir en 1954 en Egypte, ou celui du parti Baas en Syrie et en Irak. La crise de Suez : L’Egypte est un cas particulier. Même si le pays est indépendant depuis 1922, le Royaume-Uni et la France contrôlent toujours le canal de Suez. En 1954, Nasser arrive au pouvoir. Cherchant à faire de l’Egypte une nation prospère et indépendante, il met en place de nombreuses réformes socialistes. En 1956, il décide de nationaliser le canal de Suez, chassant ainsi les occidentaux. Les Britanniques et les Français organisent une riposte militaire avec l’aide d’Israël. Leurs troupes débarquent en Egypte le 5 novembre. Dès le lendemain, aussi bien l’URSS, alliée de Nasser, que les Etats-Unis les obligent à cesser leur expédition. 4 La crise de Suez marque la fin de l’influence coloniale européenne au Moyen-Orient, laissant les deux superpuissances en face à face. b. L’émergence du conflit israélo-arabe Les guerres israëlo-arabes : De 1947 à 1973, Israël et les Etats arabes voisins se font trois guerres, qui se soldent toutes par une victoire d’Israël : Première guerre israélo-arabe (1948-1949) : o Dès le lendemain de sa création, l’Etat d’Israël est attaqué par les Etats arabes voisins (Egypte, Syrie, Transjordanie, Liban). L’armée israélienne remporte la victoire, grâce au soutien américain. Israël s’empare d’une bonne partie des territoires palestiniens qui sont confinés à la bande de Gaza et à la Cisjordanie, et de Jérusalem Ouest. o 700'000 Palestiniens sont contraints de fuir les territoires envahis et se réunissent dans des camps de réfugiés aux conditions de vie désastreuses. o Des accords d’armistice sont signés entre janvier et juillet 1949. La guerre des Six Jours (1967) : o En juin 1967, suite à une série de tensions, l’Egypte bloque l’accès à la Mer Rouge aux navires israéliens, empêchant leur approvisionnement en pétrole. Israël attaque l’Egypte et son alliée la Syrie. Elle gagne la guerre en seulement 6 jours. o Israël étend son territoire. Elle occupe toute la Palestine (Cisjordanie et Gaza) et s’empare, du plateau du Golan (Syrie) et du désert du Sinaï (Egypte). Seuls ont été restitués le Sinaï en 1982, et Gaza en 2005. Les autres territoires demeurent sous occupation. o Six mois après la guerre, l’ONU adopte la résolution 242 qui affirme que les territoires occupés seront restitués en échange de la reconnaissance diplomatique d’Israël par ses voisins. La guerre du Kippour (1973) o En octobre 1973, l’Egypte et la Syrie attaquent Israël le jour de la fête de Yom Kippour afin de récupérer leurs territoires. Après une contre-offensive victorieuse d’Israël, l’ONU impose un cessez-le-feu qui débouche sur un statu quo (aucun changement territorial). o Toutefois, pour riposter contre le soutien occidental à Israël, les pays arabes producteurs de pétrole décident d’une hausse de 40-50% du prix du pétrole brut, provoquant le choc pétrolier de 1973. c. Tensions internes : entre panarabisme et rivalités Le panarabisme : En 1945 est fondée la Ligue arabe. Elle cherche à coordonner les politiques des différents Etats arabes divisés depuis 1918. C’est donc une organisation panarabe. A partir de 1948, la lutte contre Israël devient le ciment du nationalisme arabe. Pendant la Guerre Froide, la création de la Ligue arabe, les guerres contre Israël et le choc pétrolier de 1973 sont révélatrices de la persistance d’un sentiment nationaliste arabe, détaché de l’influence des deux blocs. Par ailleurs, aussi bien Nasser que le parti Baas seront des acteurs important du mouvement des non-alignés. Nasser est d’ailleurs le principal porte-parole du 5 panarabisme. On voit donc que de nombreux Etats arabes cherchent à s’émanciper de toute domination externe. La rivalité entre les puissances régionales : Les conflits qui agitent le Moyen-Orient ne découlent toutefois pas toutes de la domination occidentale. Les divisions et les rivalités entre Etats sont un autre facteur essentiel. La rivalité entre les Etats progressistes (Turquie, Egypte), qui veulent instaurer le progrès social, et les Etats conservateurs islamistes (Arabie Saoudite, Iran) est un premier facteur de divisions. Par exemple, pour récupérer le Sinaï, l’Egypte s’éloigne de l’URSS et se rapproche des Etats-Unis dans les années 1970. En 1979, le Président Sadate signe les Accords de Camp David, un traité de paix et de reconnaissance diplomatique de l’Etat d’Israël. L’Egypte est exclue de la Ligue arabe, et Sadate assassiné par des islamistes en 1981. Les Etats du Moyen-Orient rivalisent pour obtenir le statut de puissance régionale. En témoigne leur volonté de s’approprier l’arme nucléaire. Israël la possède, sans l’avouer officiellement. Depuis 2002, l’Iran essaie de développer une technologie militaire nucléaire au mépris des conventions internationales. III. Paix et guerre en Orient depuis 1991 a) Islamisme et guerre contre le terrorisme La montée de l’islamisme : L’islamisme nait dans les années 1920, mais il se répand surtout dans les années 1970. En effet, pendant la Guerre Froide, les mouvements islamistes sont soutenus financièrement et militairement par l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis. En effet, les EUA arment les islamistes, comme les Moudjahidines d’Afghanistan, pour qu’ils luttent contre les communistes, dans le cadre de la politique d’endiguement. Mais l’islamisme se répand aussi comme une idéologie alternative aux modèles capitalistes ou communistes. Il devient rapidement un symbole de lutte contre l’impérialisme. Ainsi, de nombreux islamistes s’opposent aux EUA, à l’URSS et à Israël. Par exemple, en 1979, les islamistes iraniens renversent le gouvernement du Shah soutenu par les Occidentaux, et porte l’ayatollah Khomeini, un membre du clergé chiite, au pouvoir. C’est la Révolution iranienne. Une constitution islamiste est adoptée par le nouveau gouvernement résolument anti-occidental (doc. 2 p. 224). L’islamisme radical : Diffusion : L’islamisme se diffuse rapidement au cours des années 1980-2000, et il devient l’idéologie officielle de plusieurs Etats. Il est divisé entre les partisans d’un islamisme modéré, combinant démocratie et islam, et des islamistes radicaux qui eux ont recours à l’action violente pour prendre le pouvoir. Ces derniers créent des réseaux terroristes comme Al-Qaïda1. Le Hezbollah chiite au Liban et le Hamas en Palestine sont des exemples de mouvements islamistes qui recourent au terrorisme. La guerre en Afghanistan (1979-1989) : 1 Attention : le discours des médias et de la société a tendance à associer islamisme et terrorisme, en les plaçant toujours l’un à côté de l’autre. Les deux éléments sont pourtant bien distincts. L’islam politique n’est pas une forme de terrorisme, mais une idéologie. Le genre de discours qui associent « islamisme » et « terrorisme » est dangereux, il alimente la xénophobie. 6 o En 1979, par peur que la révolution iranienne ne se propage, l’URSS envahit l’Afghanistan. Les moudjahidines, combattants islamistes, affluent de tout le Moyen-Orient pour combattre les communismes. Ils mènent le djihad durant 10 ans, avec le soutien des Occidentaux. o Les islamistes arrivent donc au pouvoir en Afghanistan en 1992. Dès 1996, les Talibans, un autre courant islamiste radical, prend le pouvoir. Le 11 septembre 2001 : o Les Etats-Unis sont victimes d’un attentat terrorisme orchestré par le réseau terroriste d’islamistes radicaux Al-Qaïda le 11 septembre 2011. Ils accusent les Talibans de soutenir Al-Qaïda et son leader, Ben Laden. Ils entrent en guerre avec l’Afghanistan, soutenus par l’ONU, de 2001 à 2014. o En 2003, les EUA attaquent l’Irak et son Président Saddam Hussein, accusé de détenir des armes de destruction massives et de soutenir Al-Qaïda. Ben Laden y est tué en 2011. Cette guerre permet également aux FTN occidentales de prendre le contrôle de nombreux gisements de pétrole qui avaient été nationalisés par Hussein. o On dénombre entre 1,3 et 4 millions le nombre de victimes de la guerre contre le terrorisme américaine en Irak et Afghanistan. Etat islamique : Actuellement, l’organisation islamiste radicale dont on parle le plus est l’Etat islamique (EI) ou Daech, créé en 2006. o Cette organisation est fermement anti-occidentale à cause d’une longue histoire de domination et interventions européennes et américaines au Moyen-Orient. Daech a profité des guerres en Syrie et en Irak pour prendre le contrôle d’importants territoires. o Depuis 2014, une coalition internationale de 22 pays menée par les EUA, ainsi que la Russie, mènent des frappes aériennes contre l’EI. L’Etat islamique riposte en menant des attaques terroristes comme celle du 13 novembre 2015 en France. o Les tensions actuelles provoquées par la montée de réseaux islamistes radicaux touchent toutefois bien plus les populations arabes qu’occidentales. l’EI est responsable de massacres de plusieurs milliers de personnes en Syrie et en Irak. Il exécute systématiquement ses prisonniers, mais s’en prend également à des civils pour des raisons ethniques ou religieuses. Le printemps arabe : Démocratie : Depuis des décennies, la majorité des Etats du Moyen-Orient sont gouvernés par des dictateurs. Dès décembre 2010, des mouvements populaires partent de Tunisie et d’Egypte réclamant l’instauration de la démocratie. Les manifestations se propagent en Lybie, au Yémen, dans les Etats du Golfe et en Syrie. Les réseaux sociaux (blogs, Facebook, téléphone mobile) ouvrent une brèche dans la censure et permettent l’organisation de ces mouvements. Ces contestations sont baptisées Printemps arabe. Conséquences : Les Printemps arabes provoquent une nouvelle phase d’instabilité profitable à l’expansion des mouvements islamistes radicaux. Si les contestations cherchaient à promouvoir la démocratie, elles ont aussi ouvert la voie à l’instauration de régimes islamistes radicaux ou de nouveaux dictateurs : o En Tunisie, de nombreuses libertés, ainsi que des élections libres, ont été établies. Toutefois, le pays est une cible privilégiée de Daech, et les nombreux attentats soufferts en 2015 font que, sous prétexte de lutter contre le terrorisme, le gouvernement recommence à violer les libertés fondamentales. 7 o o o En Egypte, Mohammed Morsi, candidat du parti des Frères Musulmans, est élu à la présidence de la république en 2011 après la destitution du dictateur Moubarak. L’armée égyptienne lance un coup d’Etat en 2013 et le maréchal Abdel Fatah al Sissi s’empare du pouvoir. Il massacre des milliers d’opposants, rétablit la censure et devient un champion des violations des droits de l’homme... En Lybie, après la mort de Kadhafi, le pays est déchiré par une guerre civile entre islamistes et progressistes. Depuis 2014, deux gouvernements rivaux se partagent le pays. En Syrie, une guerre civile faire rage depuis 2011. Le dictateur Bachar Al Assad s’accroche au pouvoir, soutenu par l’Iran, l’Irak et la Russie. Il est en guerre contre les rebelles syriens à la fois islamistes et démocrates, soutenus par les Occidentaux. Les Kurdes syriens et l’EI ont profité des instabilités pour s’emparer d’une partie du pays. On dénombre déjà 500'000 victimes. b) Ressources naturelles et enjeux stratégiques, l’exemple de l’Irak La guerre Iran-Irak (1980-1988) : Dès 1979, Saddam Hussein du parti Baas, dirige l’Irak. Il craint de la révolution islamiste chiite en Iran ne provoque un soulèvement des chiites irakiens. En effet, ceux-ci représentent plus de 50% de la population irakienne mais ne sont pas représentés au sein du gouvernement. Les enjeux sont donc culturels et religieux. Mais les enjeux sont aussi géostratégiques. Hussein veut… o …s’assurer le contrôle du fleuve Chatt-Al-Arab à la frontière entre l’Iran et l’Irak, qui permet aux navires de relier au Golfe Persique la ville irakienne de Bassorah, et l’iranienne Khorramshar. o …récupérer trois îles du détroit d’Ormuz annexées par l’Iran en 1971 pour soustraire le détroit d’une emprise exclusivement iranienne. En 1980, Hussein attaque l’Iran qui réagit par une gigantesque mobilisation. La guerre dure 8 ans et fait plus d’un million de morts. La première guerre du Golfe (1990-1991) : Cette guerre est enclenchée par l’Irak peu après le cessez-le-feu de 1988 avec l’Iran. L’Irak est ruiné par la guerre, mais Hussein veut que son pays demeure une puissance régionale. Il envahit le Koweït pour s’approprier son pétrole. L’ONU lance une coalition dirigée par les EUA pour protéger le Koweït et vainc l’Irak en 1991. C’est l’opération qui inaugure le supposé nouvel ordre mondial multilatéral proposé par George H. Bush au sortir de la Guerre Froide. L’exemple de ce conflit montre d’une part l’importance du pétrole, mais aussi l’internationalisation des enjeux géopolitiques au Proche et Moyen-Orient. De même, en 2003, quand les EUA attaquent l’Irak de Saddam Hussein, ils affirment que c’est parce qu’il détiendrait des armes de destructions massives. Comme celles-ci n’ont jamais été découvertes, il semblerait que le véritable objectif était de rétablir la position des entreprises occidentales pétrolières sur le territoire irakien. c) Israël-Palestine, un conflit sans fin ? Naissance et reconnaissance de l’Organisation de Libération de la Palestine : Jusque ici nous avons surtout parlé de guerres « israélo-arabes ». Or, à partir des années 1960, les Palestiniens commencent à s’organiser et on glisse petit à petit vers un conflit « israélo-palestinien ». Le sentiment national palestinien émerge dès les 8 débuts de l’immigration juive au XIXe siècle, mais la création d’Israël, la vie dans les camps de réfugiés et les guerres successives l’exacerbent. En 1959, Yasser Arafat fonde le FATAH (Mouvement de Libération de la Palestine). A partir de 1964, la Ligue Arabe crée l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) et le FATAH entre dans cette organisation. Yasser Arafat prend la tête de l’OLP en 1969. Au départ, l’OLP recoure au terrorisme. Par exemple, lors des Jeux Olympiques de Munich en 1972, un groupe nommé Septembre noir prend en otage et tue 11 athlètes israéliens. En 1974, l’organisation obtient un statut d’observateur à l’ONU. En 1988, elle proclame l’existence d’un Etat palestinien indépendant et condamne officiellement le terrorisme. Elle est aujourd’hui reconnue comme un partenaire diplomatique par la plupart des Etats. C’est l’organisation qui représente la Palestine dans les Organisations Internationales. Les Intifadas : Les conditions de vie dans les territoires palestiniens occupés sont déplorables car Israël s’est approprié meilleures terres pour l’agriculture, l’eau et les autres ressources. La situation politique évolue peu dans les années 1980, les Palestiniens sont oubliés et la Ligue arabe se désintéresse du problème. Une révolte populaire éclate entre 1987 et 1993 en Cisjordanie et à Gaza, c’est la première Intifada, ou « guerre des pierres ». Cet événement relance la préoccupation internationale pour le conflit israélo-palestinien. Au début des années 1990, les Etats-Unis incitent les différentes parties au dialogue, ce qui conduit aux accords l’Oslo (1993) et à la poignée de main historique entre le premier ministre israélien Yitzhak Rabin et Yasser Arafat. Israël et l’OLP se reconnaissent mutuellement comme interlocuteurs diplomatiques. Toutefois, des deux cotés, de nombreux mouvements extrémistes s’opposent à ces premiers rapprochements. En 1995, Rabin est assassiné par un extrémiste sioniste. Côté palestinien, un courant islamiste radical considère Arafat comme un traitre, c’est le Hamas qui commence à prendre de l’ampleur dans les années 1990 : o Le Hamas rejette les accords de paix et recoure au terrorisme. o Une seconde Intifada (2000-2004) conduit au retrait d’Israël de la Bande de Gaza en 2005. Le Hamas prend le pouvoir à Gaza. o Actuellement, deux gouvernements palestiniens coexistent : l’un à Gaza tenu par le Hamas et l’autre en Cisjordanie, contrôlé par le FATAH. L’actualité regorge de tensions entre palestiniens et israéliens : o Depuis l’été 2002, Israël construit une barrière de séparation entre son territoire et la Cisjordanie. o Les tensions ont débouché en juillet et août 2014 sur un nouvel affrontement armé entre le Hamas de Gaza (tirs aveugles de roquettes) et le Tsahal (raids et bombardements aériens d’une violence complétement disproportionnée). o Depuis octobre 2015, une nouvelle vague de violences palestiniennes contre des Israéliens, marquées par des attaques au couteau, à l’arme à feu et à la voiture-bélier, prend le nom d’Intifada des couteaux. 9