Simonnet Jean Licence 3ème année : Biologie cellulaire et physiologie 2000/2008 Analyse Génétique : Compte rendu de TP Etude de la complémentation et de la recombinaison au niveau de la région R II chez le bactériophage T4 . Notre but sera de montrer le déterminisme génétique chez différentes souches du phage T4 mutés au niveau de la région RII, région impliquée dans la lyse bactérienne, par des tests de complémentation pour savoir quel gène est touché et également par des tests de recombinaison pour déterminer plus précisément la localisation des mutations. I. Généralités A. Phage T4 1. Structure Le phage T4 affecte Escherichia coli (E. coli). C’est un virus, de la famille des myoviridae, à ADN double brin. Il présente une nucléocapside qui comporte la capside, formée de protéines virales, qui contient le matériel génétique, ici de l’ADN double brin. Il présente aussi une queue qui va lui permettre de s’adsorber à la bactérie, grâce à des fibres présentes à son extrémité, avant l’injection de son matériel génétique. 2. Cycle viral Le virion libre s’attache à la paroi bactérienne d’E. coli. Il injecte son ADN double brin dans la bactérie qui va être répliqué après digestion de l’ADN de l’hôte. On a alors une phase de biosynthèse qui va aboutir à l’assemblage de nouveaux virions qui seront libéré après la lyse de la bactérie. Les nouveaux virions formés pourront alors infecter d’autres bactéries. Une bactérie peut être infectée par 2 phages en même temps. Le cycle viral est très court, il dure environ 30 minutes, ce qui en fait un outil très utile en génétique du fait de sa rapidité à se multiplier. 3. Région RII C’est la région responsable de la lyse des bactéries. Elle se compose de 2 gènes distincts, RIIa et RIIb. La mutation des 2 gènes empêche la lyse de la bactérie. Cependant, selon le type de bactérie, la mutation d’un seul des 2 gènes ne peut avoir aucun incident : pour les bactéries B, on à lyse des bactéries, pour les bactéries K12, la lyse n’a pas lieu. On dit que les bactéries B sont permissives et les bactéries K12 sont restrictives. Pour une lyse de la bactérie K12, les deux gènes doivent être fonctionnels. 1 Licence 3ème année : Biologie cellulaire et physiologie Simonnet Jean 2000/2008 Différentes Souches en fonction de la région RII Souche sauvage RIIa + RIIb + RIIa + RIIb - Souches mutés RIIa - RIIb + Lyse de B et K12 Lyse de B, pas de K12 Lyse de B, pas de K12 Pas de lyse RIIa - RIIb - Le «-» signifie que le gène est muté et le «+» signifie que le gène est sauvage B. Complémentation chez le phage Lors d’une infection par 2 phages ayant un génotype opposé, on peut avoir complémentation. Considérons deux gènes A et B commandant chacun l’expression d’une protéine spécifique. Considérons également qu’un phage (1) comporte le gène A sauvage et le gène B muté (donnant protéine défectueuse) et qu’un phage (2) comporte le gène A muté (donnant une protéine défectueuse) et le gène B sauvage. Si les 2 phages infectent la même bactérie, chaque génome va être introduit. Le génome (1) va exprimer une protéine B défectueuse et le génome (2) une protéine A défectueuse, cependant, le génome (1) produit une protéine A fonctionnelle et le génome (2) va produire une protéine B fonctionnelle : les deux génomes sont défectueux sur 2 gènes différents et peuvent donc se complémenter. Si la mutation avait touché le même gène chez les 2 phages, il n’y aurait pas eu complémentation, le cycle phagique ne se serait pas produit. Pour ce qui est du phage T4, une complémentation est possible entre les gènes RIIa et RIIb. 2 Licence 3ème année : Biologie cellulaire et physiologie Simonnet Jean 2000/2008 Phage RIIa+ RIIb - Phage RIIa- RIIb + Phage RIIa- RIIb+ Phage RIIa- RIIb + Apporte RIIa+ Apporte RIIb+ Apporte RIIb+ Apporte RIIb+ Complémentation Pas de Complémentation E. coli E. coli Lyse de la bactérie C. Pas de lyse de la bactérie Recombinaison chez le phage Considérons la région RII comme il suit : la région RIIa se divise en 6 sous unités (a1 à a6). a1 a2 a3 a4 a5 a6 RIIa RIIb La souche de phage X présente une délétion de toute la région RII La souche de phage Y présente une délétion de A4, A5, A6 et RII LA souche de phage Z présente une délétion de A6 et RII. Pour la recombinaison, deux hypothèses sont envisageable pour chaque test de recombinaison. Soit la mutation est dans la région délétée, soit elle est en dehors de cette région. 3 Simonnet Jean Licence 3ème année : Biologie cellulaire et physiologie 2000/2008 Hypothèse 1 : Mutation dans la région délétée Délétion Crossing over Phage connu (X, Y ou Z), incapable de lyser K12 Mutation Phage à tester (1, 2 ou 3), incapable de lyser K12 Les 2 phages ne peuvent toujours pas lyser K12 : un est délété et l’autre muté : recombinaison léthale. Le deuxième phage peut lyser les bactéries B : RIIb sauvage Hypothèse 2 : Mutation hors de la région délétée Délétion Mutation Phage connu (X, Y ou Z), incapable de lyser K12 Crossing over Phage à tester (1, 2 ou 3), incapable de lyser K12 Phage présentant et un mutation et une délétion : pas de lyse. Génotype sauvage récupérée : lyse des bactéries K12 Sur K12: Avec X : il n’y aura pas de plage de lyse, car il n’y a plus de région RII : on vérifiera que la mutation est bien dans la région RII. Avec Y : S’il y a des plages de lyses, c’est que la mutation se situe en a1 a2 a3. S’il n’y en a pas, c’est que la mutation est comprise dans la région délétée. Avec Z : s’il y a des plages de lyse, c’est que la mutation se situe avant a6. (De a1 à a5) S’il n’y en a pas, c’est qu’elle est après a5. 4 Licence 3ème année : Biologie cellulaire et physiologie Simonnet Jean II. 2000/2008 Manipulations On dispose de 3 souches de phages inconnues. Notre but sera, dans un premier temps, de déterminer quel gène est touché, puis par la suite nous préciserons quelle partie du gène est touché. A. Test de complémentation : détermination du gène muté On dispose de 2 souches bactériennes d’E. coli. Une souche B, permissive, et une souche K12, restrictive. On dispose également d’une souche de phages mutants, dont la mutation est connue : RIIa- RIIb+. On appelle ce mutant le mutant tester. On va faire des tests de complémentation entre les différentes souches de phages (1, 2 et 3) et le phage T, c'est-à-dire que l’on va mettre en présence la souche 1, 2 ou 3 et T, dans un milieu comportant des bactéries. Dans chaque boite (a, b et c), place 10 µl des solutions de 1, 2, 3, T et LB (0) en des points bien distincts. On réalise 3 boites de culture : 1 témoin négatif, un témoin positif et la boite de complémentation. Le témoin positif montre que les mutants ne poussent pas sur des bactéries restrictives. Le témoin positif montre que les phages mutants peuvent pousser sur les bactéries permissives, et donc qu’ils ont gardé leur capacité à lyser. a : Témoin négatif, on dispose une solution de bactéries K12 dans la boite de Pétri contenant un milieu gélosé. On réalise une solution contenant 100µl de K12 et 1 mL de solution LB que l’on met dans un tube de solution soft agar fournie. b : Témoin positif, on dispose une solution de B dans la boite de Pétri contenant un milieu gélosé. On réalise une solution contenant 100µl de B et 1ml de solution LB que l’on met dans un tube de solution soft agar fournie. c : boite de complémentation : on dispose une solution contenant des bactéries K12 et les phages T (1.107pfu/mL) dans une boite de Pétri contenant un milieu gélosé que l’on met dans un tube de solution soft agar fournie. a b 1 1 2 0 T 3 Milieu avec E. coli K12 c 1 2 0 T 3 Milieu avec E. coli B 5 2 0 T 3 Milieu avec E. coli K12 Licence 3ème année : Biologie cellulaire et physiologie Simonnet Jean 2000/2008 Concentration de la Solution fournie (pfu/mL) Volume et Concentration auquel utiliser le phage 2,5.108 1,1 mL à 1.107 1,6.108 2,1.108 2,8.108 50 µL à 1.108 50 µL à 1.108 50 µL à 1.108 Pfu : plaque forming unit Phage Tester Phage 1 Phage 2 Phage 3 Préparation des solutions : Volume de solution mère Volume de solution LB Volume et concentration finale (en pfu/mL) 440 µL 660 µl 1,1 mL à 1.107 31,25 µL 23,81 µL 17,86 µL 18,75 µL 26,19 µL 32,14 µL 50 µL à 1.108 50 µL à 1.108 50 µL à 1.108 Phage Tester Phage 1 Phage 2 Phage 3 B. Test de recombinaison On dispose de 3 souches de phages X Y et Z mutés dans la région RII. On doit tout d’abord évaluer la concentration en phage pour effectuer les tests de recombinaison. 1. Titration des phages X, Y et Z. a) Numérotation approximative On réalise une dilution en cascade au 1/10ème de la solution mère de phage. On dépose ensuite 10 µl des solutions à 10-2, 10-3, 10-4, 10-5 et 10-6 dans une boite de pétri dans laquelle on a disposé précédemment une solution de bactéries B dans du soft agar. Pour les dilutions, où ce sera possible on pourra compter, le nombre de plages de lyse, on pourra déterminer la concentration approximative. ON réalisera ensuite pour ces dilutions une numérotation plus précise (voir partie suivante) 6 Licence 3ème année : Biologie cellulaire et physiologie Simonnet Jean 20 µL 20 µL 20 µL 20 µL 20 µL 2000/2008 20 µL Solution mère 180 µL LB 10-1 180 µL LB 10-2 180 µL LB 10-3 180 µL LB 180 µL LB 180 µL LB 10-4 10-5 Dilution en cascade 10-6 10-2 10-6 10-3 10-5 10-4 Soft agar + Bactéries B b) Numérotation précise. La numérotation approximative est possible à 10-5 et 10-6 On dispose alors 100 µL des solutions à 10-5 et à 10-6 dans le milieu soft agar avec des bactéries B. On coule ensuite les solutions dans des boites de Pétri. 10-5 100 µL 100 µL 10-6 Bactéries B Soft agar Boites de Pétri 2. Test de Recombinaison Nous allons réaliser une série de tubes, numérotés de A à I. On va réaliser des mélanges entre les phages 1,2, 3 et les phages X, Y, Z. 25 µl de chaque solution de phage à 1,6.108 pfu seront introduits dans les tubes. Les dilutions des solutions X, Y et Z se feront en fonction des résultats trouvés à la titration (voir partie interprétation). 7 Licence 3ème année : Biologie cellulaire et physiologie Simonnet Jean 2000/2008 Voici le tableau du croisement des phages : Phage 1 Phage 2 Phage 3 Phage X Phage Y Phage Z Tube A Tube D Tube G Tube B Tube E Tube H Tube C Tube F Tube I Dans 3 tubes de soft agar maintenu à chaud, on dispose 100µl de bactéries K12, que l’on laisse au moins 10min au bain marie avant de les étaler sur 3 boites de Pétri (I, II et III). On dilue 300µl de bactéries B dans 1mL de milieu LB. On maintient le milieu pendant 10min au bain marie. On met ensuite 50µL de bactéries B dilué dans les tubes A à I. en utilisant une solution bactérienne diluée, on augmente ainsi la probabilité d’une co-infection par les deux phages qui doivent recombiner. On mélange, puis on laisse 10 min au bain marie. Par ce temps relativement court, on évite alors une multiplication trop importante des phages, qui pourraient masquer les résultats de la recombinaison. On réalise ensuite une dilution à 10-1 des solutions des tubes A à I avant de disposer sur les boites I, II et III, les solutions de la façon indiquée ci-dessous. Tube A TubeD 10-1 Tube G 10-1 0 10-1 0 10-1 0 0 Tube B Boite I 10-1 10-1 Tube C 0 10-1 0 10-1 0 Tube E 0 0 Tube F TubeH Boite II 10-1 Tube I Boite III On met la solution mère et la solution à 10-1 de chacun des tubes A à I. Remarque : on étale sur K12, car de ce fait, seulement les recombinants donnant un type sauvage pourront donner des plages de lyse. En effet, on sait que RIIb n’est pas muté chez 1, 2 et 3 : les phages ne recombinant pas pousseraient et certaine recombinaisons donneraient des phages poussant sur B. Pour les tubes où la recombinaison aura redonné des sauvages, on aura alors des plages de lyse. On va réaliser une manipulation pour ces tubes, nous permettant d’estimer le nombre de phage recombinés. On dispose 1mL de l solution des tubes concernés diluée à 10-6 dans un tube de soft agar dans lequel on a ajouté 100µl de bactéries B. On peut alors étaler le tout sur une boite de Pétri et on pourra alors dénombrer les plages de lyse. 8 Licence 3ème année : Biologie cellulaire et physiologie Simonnet Jean III. 2000/2008 Résultats A. Complémentation On constate qu’aucune boite ne contient de plage de lyse. B. Recombinaison 1. Titration Dans notre groupe, les expériences ne semblent pas avoir fonctionnée. Cela proviendrait surement de la solution de phage. On se sert des résultats de l’autre groupe de TP pour effectuer la titration. Voici le tableau des résultats bruts (en nombre de plage de lyse) Phage X Phage Y 183 15 -5 Dilution à 10 Dilution à 10-6 2. Test de recombinaison 9 Phage Z 197 65 Simonnet Jean IV. Licence 3ème année : Biologie cellulaire et physiologie 2000/2008 Interprétation A. Complémentation Il n’y a donc pas eu complémentation. On peut en déduire que la mutation des phages 1, 2 et 3 sont portées par le gène RIIa. En effet le phage tester portait une mutation en RIIa. Si un des phages avait comporté la région RIIa sauvage, celle-ci aurait complémentée la région RIIa mutée du phage tester, mais l’absence de complémentation montre que cette région n’est pas fonctionnelle, donc mutée. B. Recombinaison 1. Titration On constate une aberration dans les résultats de titration. Il devrait y avoir un facteur 10 entre les résultats 10-6 et 10-5. On constate qu’il n’en est rien. ON considère tout de même ces résultats pour la suite de l’expérience. On cumule les deux résultats (10-5 et 10-6) pour déterminer la titration. Concentration de X : à 10-5 on trouve alors 714 pdl (plage de lyse). Pour 100µl cela fait 357 pdl à 10-5. Soit 357.105 phages dans les 100µl de solution mère, soit une concentration d’environ 3,6.108 pfu. On utilise la même méthode de calcul pour Y et Z et on trouve 1,7.108 pfu pour Y, et 4,25.108 pfu pour Z. On doit réaliser des dilutions pour pouvoir les utiliser pour la recombinaison. Il nous faut 25 µl de solution de phage par tube. Ce qui fait un total de 75 µl de chaque solution de phage. On en prépare 100µl en cas d’erreur. Voici le tableau des dilutions : X Y Z Concentration initiale Volume solution mère Volume LB Volume total Concentration final finale 3,6.108 pfu 1,7.108 pfu 4,25.108 pfu 44 µL 94 µL 37,6 µL 66µL 6 µL 62,4µL 100µl 100µl 100µl 10 1,6.108 pfu 1,6.108 pfu 1,6.108 pfu