Thème 2 : Les dynamiques de la mondialisation: la mondialisation en fonctionnement Processus et acteurs de la mondialisation Plan du cours : 1. Le processus de mondialisation : un monde de plus en plus intégré 2. Les acteurs de la mondialisation Qu’est-ce que la mondialisation ? La mondialisation peut être définie comme la construction d’un système-monde par la mise en relation généralisée des espaces mondiaux. Les lieux, les économies et les sociétés sont désormais interdépendants à l’échelle e la planète. Tous les champs de l’action humaine sont concernés : économique, technique, politiques, social, culturel… On parle d’un système-monde pour décrire un monde constitué d’espaces mis en interrelation par de multiples réseaux qui forment ensemble un système dont aucun lieu ne se situe à l’écart. La mondialisation est donc une mise en relation généralisée des différentes parties du monde, mais celle-ci est aussi hiérarchisée. Ainsi la mondialisation fonctionne sur une double logique : intégration et exclusion. 1. Le processus de mondialisation a. Les principales phases de la mondialisation La mondialisation est un phénomène ancien qui connaît une accélération depuis les années 1980. On distingue trois phases principales : La première mondialisation est caractérisée par un capitalisme marchand. A la fin du XVe siècle, les européens se lancent dans la conquête des Océans Indiens et Atlantiques. Ils constituent des empires coloniaux et font venir des esclaves d’Afrique pour exploiter leurs nouveaux territoires. La seconde mondialisation débute au XIXe siècle pour accompagner l’essor du capitalisme industriel. Avec la révolution industrielle, les entreprises européennes et étasuniennes recherchent des matières premières et des débouchés. Les Etats font la conquête de vastes empires coloniaux notamment en Afrique et en Asie du Sud. Après la Seconde Guerre mondiale, le processus enregistre une nouvelle progression : les Etats-Unis réorganisent le monde (conférence de Bretton Woods) et imposent en 1947 le libre-échange par les Accords du GATT (Accord Général sur les Tarifs Douaniers et le Commerce). Le GATT devient l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) en 1995. La troisième mondialisation commence à la fin des années 1960 avec la décolonisation mais elle s’accélère à partir des années 1990 quand le communisme disparaît. Tous les pays adoptent un modèle économique libéral (même la Chine communiste avec son « économie socialiste de marché »). b. La mise en relation des territoires Rappel : en économie, la libéralisation consiste à rendre libre l’accès à une activité économique, par exemple en diminuant les taxes et les quotas. La libéralisation de l’économie accompagne le processus de la mondialisation depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le commerce mondial est passé de 58 milliards de dollars en 1948 à plus de 12'000 milliards en 2009. La révolution des transports a considérablement contribué à ce processus de mondialisation. Il est possible de transporter par mer des volumes de marchandises très importants à des prix très compétitifs grâce aux conteneurs et aux navires spécialisés (tankers pour le pétrole, 1 méthaniers pour le gaz)… Le transport aérien a connu la même évolution avec l’apparition de très gros avions (Airbus A380). La révolution des télécommunications représente un autre facteur d’accélération des échanges de biens, de services et de personnes. La téléphonie mobile, internet ou encore les chaines télévisées internationales réduisent aussi les distances et fluidifient les échanges. c. Spécialisations territoriales et inégalités L’augmentation des échanges et des flux de marchandises concerne l’ensemble de la planète, aucun territoire n’échappe à la mondialisation. Mais celle-ci affecte les différentes parties du monde de manière différenciée. D’une part, la majorité des échanges s’effectue entre les pays du Nord. Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, grandes puissances émergentes qui se réunissent en sommets annuels) deviennent des centres de production déterminants et s’insèrent dans la mondialisation. Par contre les PMA (Pays Moins Avancés), surtout situés en Afrique, sont désavantagés. Les flux de la mondialisation les traversent beaucoup moins (par exemple internet). Ces divergences entrainent une nouvelle Division Internationale du Travail (DIT). La baisse du coût des transports a permis aux entreprises industrielles d’exploiter d’avantage les différences entre les pays, en termes de couts salariaux, de droit du travail, etc. Ces entreprises opèrent des délocalisations en fonction de ces différences. Une délocalisation est le transfert d’activités, de capitaux et d’emplois dans des lieux bénéficiant d’avantages compétitifs (coûts de production bas, infrastructures de qualité, marché attractifs etc.). La sous-traitance (un contrat par lequel une entreprise demande à une autre de réaliser une partie de sa production ou des composants nécessaires à sa production) se généralise à l’échelle internationale. Les composantes de produits mondialisés sont de plus en plus fabriqués dans différentes parties du monde et certains pays se spécialisent par tâches. La mondialisation entraine donc une mise en concurrence des territoires. Ils cherchent tous à se rendre attractifs pour les entreprises par la mise en valeur de leurs ressources naturelles ou des prix de leurs mains-d’œuvre mais aussi de leurs capacités à innover et à offrir un cadre de travail stable et agréable. Les conséquences de la DIT sont très débattues. Le processus permet aux consommateurs de bénéficier de produits moins chers et aux entreprises de maximiser leurs bénéfices. Toutefois, ce processus repose sur l’exploitation d’une main-d’œuvre à bas coût dont les droits sociaux sont quasiment inexistants. Par ailleurs, les bénéfices se font surtout au profit des grandes firmes occidentales et moins de leurs partenaires du Sud. d. La financiarisation de l’économie La mondialisation libérale s’accompagne d’une explosion des échanges financiers, les capitaux circulant encore plus que les marchandises. De nombreux Etats du nord versent une Aide Publique au Développement (APD) aux pays les plus pauvres, mais elle se réduit de plus en plus. De leur coté, les entreprises font de plus en plus d’IDE (Investissements Directs à l’Etranger) et contribuent ainsi à la croissance de certains territoires. La répartition des IDE est toutefois très inégales : elle reflète la préférence des entreprises pour des régions offrant une situation politique et économique stable (Amérique du Nord, Europe, Chine…) au détriment d’espaces moins attractifs comme le continent africain. La mondialisation financière favorise et est favorisée par les dérèglementations (suppression des règles et lois pour favoriser la concurrence) et l’existence de paradis fiscaux (territoire sans impôts ou avec des impôts très bas), ce pour quoi elle est l’objet de vives critiques. Les entreprises et les organismes financiers sont accusés de suivre des logiques spéculatives, c’està-dire de rechercher les meilleurs profits à court terme en misant sur les fluctuations du marché et au détriment d’investissements plus productifs. 2 2. Les acteurs de la mondialisation a. Les acteurs que la mondialisation favorise : Les Firmes Transnationales (FTN) aussi appelées Firmes Multinationales (FMN) sont les acteurs principaux de la mondialisation. Une FTN est une très grande entreprise disposant de nombreuses filiales dans le Monde et donc la majorité des ressources est localisée hors du pays où se trouve son siège social. On les estime a près de 80'000 et elles réalisent aujourd’hui les deux tiers du commerce mondial. Elles profitent des faibles couts des transports et de la concurrence entre les territoires. Du fait de leur fort impact sur l’économie mondiale, elles ont un pouvoir diplomatique : elles peuvent faire pression pour empêcher les Etats de prendre des décisions contraires à leurs intérêts. Les réseaux illégaux et criminels sont d’autres grands gagnants de la mondialisation. Le traffic illicite s’est lui aussi mondialisé à partir de bases nationales identifiées (mafias italiennes ou chinoises, cartels colombiens etc.). Des régions entières vivent – souvent au grand jour – de cette économie illégale (le Rif marocain, l’Afghanistan, les plateaux andins…) Face à ces organisations, l’attitude des Etats varie entre répression et complicité, mais l’argent des trafics concourt à une corruption qui progresse. De nombreux mouvements citoyens sont favorisés par le développement des réseaux sociaux (comme Facebook ou Twitter), par exemple le mouvement des indignés ou les révolutions arabes. b. Les acteurs qui composent avec la mondialisation Les Etats sont toujours des acteurs majeurs de la mondialisation. Ce sont eux qui choisissent d’ouvrir ou fermer leurs territoires aux échanges en signant des accords bilatéraux (entre deux pays) ou multilatéraux (entre plusieurs pays). Ils financent aussi des aménagements qui permettent de se connecter au monde (ports, aéroports, trains) et d’attirer des entreprises. Ils votent des lois qui ont des incidences sur l’économie : baisses d’impôts, création de zones franches (les ZES chinoises)… Par ailleurs, les Etats peuvent utiliser les moyens diplomatiques pour aider leurs FTN à décrocher des contrats dans d’autres pays. Par ailleurs, les Etats sont responsables de la sécurité au sein de leur territoire, de la recherche (innovations) et de la protection sociale des travailleurs. Par leurs consommations, leurs déplacements touristiques, leur projet de vie dans un autre pays, leur présence sur Internet etc., les individus sont un acteur de plus en plus important du système-monde. c. Les acteurs qui régulent ou dénoncent la mondialisation Les organisations internationale comme l’ONU et ses filières (BIT, UNESCO, UNICEF, FAO…) ont pour but d’éviter les conflits et de favoriser la coopération aussi bien politique que sociale ou économique des Etats. Dans le domaine de l’économie, des organisations internationales tentent de réguler la mondialisation : le Fond Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM) proposent des prêts pour le développement. L’OMC organise des négociations multilatérales et règlent les conflits pour éviter les guerres commerciales. A coté de ces organisations, il existe des forums comme le G8 ou le G20. Les Organisations Non Gouvernementales (ONG) sont des organismes privés (pas contrôlés par les Etats) qui se multiplient depuis les années 1960 dans des domaines d’intervention très divers (droits de l’homme, environnement, éducation, santé…) Certains ONG sont devenues de véritables puissances capables de faire pression sur les Etats et parfois même sur certaines firmes. Des mouvements et forums altermondialistes ont vu le jour depuis la fin des années 1990 : le mouvement ATTAC dénonce la domination de l’économie sur les autres aspects de la vie, tandis que le Forum Social Mondial (FSM) qui se tient chaque années depuis 2001 cherche des modèles de mondialisations alternatifs à la mondialisation libérale. Le commerce équitable, visant à établir une juste rémunération des producteurs dans les pays tropicaux est une manifestation de cette recherche d’un système économique alternatif. 3