Communiqué de Presse Brest, le 30 octobre 2008 En campagne dans les vallées sous-marines de Méditerranée L’Agence des aires marines protégées lance un vaste programme de connaissance dédié aux canyons de Méditerranée française. Dans le cadre de son programme d’amélioration de la connaissance du milieu marin, l’Agence des aires marines protégées va dresser un état des lieux des habitats et des espèces présentes dans toutes les têtes de canyon de la Méditerranée au large des côtes françaises. La zone d’étude s’étend de la frontière espagnole à la frontière monégasque. Les nombreux canyons sous-marins qui entaillent le plateau continental méditerranéen, parfois sur plus de 50 km, forment des habitats remarquables notamment par la présence de coraux profonds d’eau froide et sont essentiels pour la compréhension de la biodiversité des zones côtières et du plateau continental. Ils constituent tout à la fois un lieu de refuge, de reproduction (frayère) et de nurserie pour de nombreuses espèces (poissons, crustacés, cétacés, céphalopodes…). Certaines de ces espèces, d’intérêt commercial (merlu), sont capturées au niveau du plateau continental à proximité de la côte. Le programme que lance l’Agence des aires marines protégées avec l’appui scientifique de nombreuses équipes (Ifremer, EPHE, CNRS, Institut des sciences de la mer de Barcelone, Université de Perpignan, de Marseille et de Nice, Stations marines de Villefranche sur Mer et de Banyuls – Paris VI - …) constitue une première. En effet, les canyons de Méditerranée au large des côtes françaises vont faire l’objet pour la première fois d’une campagne systématique. Durant les 21 mois de campagne prévus, les expéditions, composées par les mêmes équipes, utiliseront les mêmes moyens techniques de pointe et la même méthodologie pour chaque exploration. Avec ce protocole, il devrait être possible de comparer les caractéristiques de chaque canyon et de mieux comprendre l’importance écologique de ces entités dans le fonctionnement des écosystèmes cotiers. Ce programme de connaissance reposera en priorité sur l’acquisition de données grâce à l’imagerie scientifique haute-définition obtenue à partir de sous-marins soit habités soit téléguidés et grâce à des prélèvements sédimentaires et faunistiques. L’Agence des aires marines protégées prévoit de mener une dizaine d’expéditions d’exploration. L’objectif final est d’obtenir un état de référence des écosystèmes entre 100 et 600 m de profondeur, comprenant une information précise sur la présence et la répartition de coraux profonds et d’espèces biologiques particulières (poissons, crustacés, cnidaires). L’Agence des aires marines protégées s’intéresse par ailleurs au plateau continental situé dans la partie orientale de la Méditerranée française entre 50 et 200 m de profondeur. Relativement étroite, cette zone, située au-delà des profondeurs que peuvent fréquenter les plongeurs, n'a été que peu étudiée. Au-delà de l’amélioration de la connaissance de ces espaces marins remarquables, les résultats de ces campagnes favoriseront une meilleure gestion du patrimoine écologique associé aux canyons de Méditerranée. Ils fourniront également des arguments pour la création d’aires marines protégées en cours d’étude dans la région, telle que les projets du parc naturel marin de la côte Vermeille et du parc national des Calanques. 1 La première campagne, qui se déroulera à partir du 3 novembre - sous réserve des conditions météorologiques partira de Port-Vendres (Pyrénées-Orientales) et portera sur les canyons LacazeDuthiers, Pruvot et Bourcart. «Minibex», un navire de la COMEX à positionnement dynamique, embarquera un sous-marin téléguidé (1000 m de profondeur) ainsi qu’un sous-marin habité (600 m de profondeur). Cet équipement permettra la cartographie de ces zones et la réalisation des inventaires faunistiques à partir d’images scientifiques et de prélèvements. Canyons et projet de parc naturel marin de la Côte Vermeille. Une mission d’étude pour la création d’un parc naturel marin a été mise place en septembre 2007 sur la Côte Vermeille, dans les Pyrénées-Orientales. Au large des côtes catalanes, se situent trois canyons remarquables inclus dans le périmètre de réflexion du projet qui seront étudiés lors de la campagne en mer. Aspect fédérateur de la campagne et projet parc de la Côte Vermeille : Les orientations du futur parc sont actuellement en cours de définition, en concertation avec les acteurs locaux (collectivités, usagers professionnels et de loisirs, associations, scientifiques, etc.). Dans ce cadre, la mission d’étude du parc s’est attachée à associer à la campagne les scientifiques partenaires du projet de parc au niveau local, spécialistes de ces environnements profonds et de la faune associée : université de Perpignan, université de Barcelone, observatoire océanologique de Banyuls/mer, Ecole pratique de hautes études de Perpignan, station biologique de Sète de l’Ifremer. Zone en haute-mer et projet parc : Un parc naturel marin est un outil de connaissance, de gestion et de protection du milieu marin adapté à de grandes étendues marines. L’amélioration de la connaissance du milieu marin en général et de la zone qu’il couvre en particulier, fait partie des fonctions que lui attribue la loi. Le projet de parc naturel marin sur la Côte Vermeille a donc permis de focaliser une partie de la campagne en mer sur l’étude des canyons présents dans la zone de réflexion du projet. Les résultats de la campagne seront pris en considération dans les orientations du projet de parc. Etudes scientifiques et intérêt écologique : D’après d’anciennes études, il semble que les canyons catalans possèdent une très grande diversité de faune fixée et mobile, ainsi que des peuplements de coraux profonds d’eau froide. Ils constitueraient des milieux beaucoup plus riches que le reste du talus, notamment en poissons, en oursins, en mollusques (poulpes, calmars, huîtres…), en cnidaires (coraux, méduses…) et en plancton (gélatineux, crustacés…). De fait, ces canyons forment un pôle d’attraction pour les grands prédateurs, comme certains cétacés, qui viennent se nourrir dans la zone. Les canyons sont le refuge de beaucoup d’espèces qui y trouvent nourriture, abri pour frayer et conditions propices à la nurserie. Mais ces zones sont fragiles et peuvent être affectées par les activités humaines telles que la pollution et la surpêche. C’est pourquoi, il semble aujourd’hui très important, de dresser un état des lieux, le plus exhaustif possible, afin de pouvoir estimer précisément la qualité de ces écosystèmes et de les faire bénéficier de mesures de suivi. Contact presse : [email protected] 02 98 33 92 58 / 06 74 78 69 23 2