Dysfonction érectile chez les patients insuffisants rénaux

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◆ TRANSPLANTATION RÉNALE
Progrès en Urologie (2005), 15, 447-456
Dysfonction érectile chez les patients insuffisants rénaux
et transplantés rénaux
François KLEINCLAUSS (1), Colette KLEINCLAUSS (2), Hugues BITTARD (1)
(1)
Service d’Urologie, Hôpital Saint Jacques, Besançon, France, (2) Service d’Endocrinologie-Diabétologie, Hôpital Jean Minjoz, Besançon, France
RESUME
La fréquence des troubles de l’érection peut être majorée dans certaines populations particulières comme les
patients insuffisants rénaux chez qui elle est estimée entre 50% à 70% selon le stade de l’insuffisance rénale.
Dans cette population encore plus que dans la population générale, la dysfonction érectile apparaît être d’étiologies multiples, associant troubles organiques et psychologiques.
Si la transplantation rénale est le traitement de choix de l’insuffisance rénale terminale, il semble qu’elle ait des
effets très variables sur la dysfonction érectile. En effet celle-ci peut l’améliorer au même titre que la qualité de
vie globale. Cependant il a été montré par certains auteurs un rôle aggravant de la transplantation rénale sur la
qualité de l’érection, voire l’apparition d’une dysfonction érectile inexistante avant celle ci.
A l’heure actuelle, les progrès réalisés dans les domaines de l’épuration extra-rénale et de la transplantation
rénale ont permis une nette amélioration de la qualité de vie des patients insuffisants rénaux chroniques. Cependant cette amélioration de la qualité de vie ne concerne pas toujours la vie sexuelle des patients.
Les principales causes de dysfonctions érectiles chez les patients hémodialysés sont les perturbations endocriniennes, la neuropathie urémique, l’atteinte tissulaire liée à l’insuffisance rénale chronique, et les prises médicamenteuses. Ces facteurs de dysfonction érectile sont partiellement corrigés par la transplantation mais d’autres facteurs peuvent alors intervenir comme les causes vasculaires ou médicamenteuses.
L’objectif de ce travail est donc de réaliser une revue de la littérature sur la dysfonction érectile (épidémiologie,
physiopathologie, traitement) chez les patients insuffisants rénaux au stade terminal (dialyse) et après transplantation rénale.
Mots clés : Dysfonction érectile, insuffisance rénale, transplantation rénale.
La dysfonction érectile (DE) est définie comme l’impossibilité d’avoir ou de maintenir une érection suffisante pour permettre un rapport sexuel satisfaisant [33]. La dysfonction érectile est une pathologie fréquente dans la population générale [19, 33, 48]. La fréquence de ces troubles de l’érection est majorée dans certaines
populations particulières comme les patients insuffisants rénaux
chez qui elle est estimée entre 50% à 70% selon le stade de l’insuffisance rénale [5, 37]. Dans cette population encore plus que dans
la population générale, la DE apparaît être d’étiologies multiples,
associant troubles organiques et psychologiques [5, 37].
patients dialysés vont disparaître avec la transplantation. Cependant
d’autres mécanismes, comme les troubles de la vascularisation
pénienne, les prises médicamenteuses peuvent apparaître après la
transplantation et influer sur la survenue ou l’aggravation de la DE.
A l’heure actuelle, les progrès réalisés dans les domaines de l’épuration extra-rénale et de la transplantation rénale ont permis une
nette amélioration de la qualité de vie des patients insuffisants
rénaux chroniques [35]. Cependant cette amélioration de la qualité
de vie ne concerne pas la vie sexuelle des patients et de plus en plus
le traitement de cette DE devient, à juste titre, une véritable revendication de ceux ci.
Si la transplantation rénale est le traitement de choix de l’insuffisance rénale terminale, il semble qu’elle ait des effets très variables
sur la DE. En effet celle-ci peut améliorer la DE au même titre que
la qualité de vie globale [4]. Cependant plusieurs études ont montrés un rôle négatif de la transplantation rénale sur la DE avec
aggravation de celle-ci, voire apparition d’une DE inexistante avant
la transplantation [26, 38, 44].
Les facteurs épidémiologiques et étiologiques, la physiopathologie
et les différents traitements des DE chez les patients dialysés
(hémodialyse ou dialyse péritonéale), ainsi que chez les patients
transplantés seront détaillés dans ce travail. Les différents traitements envisageables et adaptés aux différents modes d’épuration
extra-rénale et à la transplantation rénale seront passés en revue.
La variabilité de l’effet de la transplantation rénale sur la DE peut
être expliquée par le fait que la DE présente chez les patients insuffisants rénaux chroniques n’a pas les mêmes étiologies que la DE
présente chez les patients transplantés. En effet certains facteurs
étiologiques de DE comme les troubles hormonaux, l’altération de
l’état général, les syndromes anxio-dépressifs présents chez les
Manuscrit reçu : décembre 2004, accepté : mars 2005.
Adresse pour correspondance : Dr. F. Kleinclauss, Service d’Urologie, Hôpital Saint
Jacques, 2, place Saint Jacques, 25000 Besançon.
e-mail : [email protected]
Ref : KLEINCLAUSS F., KLEINCLAUSS C., BITTARD H. Prog. Urol., 2005, 15, 447-456
447
F. Kleinclauss et coll., Progrès en Urologie (2005), 15, 447-456
INSUFFISANCE RENALE CHRONIQUE
ET DYSFONCTION ERECTILE
Epidémiologie
La dysfonction érectile est une pathologie extrêmement fréquente
chez les patients insuffisants rénaux [10, 22, 31, 40, 41]. La fréquence de la DE au sein de cette population est très nettement supérieure a celle retrouvée dans la population générale [19]. La prévalence de la DE au sein de cette population varie dans la littérature
de 9 à 90% [5, 22, 31, 40]. Cependant la prévalence de la DE est
corrélée à la gravité de la maladie. Ainsi elle est estimée à 9% chez
les patients insuffisants rénaux non dialysés alors qu’elle avoisine
90% chez les patients dialysés [5]. De même la définition de la DE
est variable selon les études. En effet certains auteurs séparent les
DE modérées des DE sévères. Ainsi ROSAS retrouve une prévalence globale de DE de l’ordre de 82%, alors que la prévalence de DE
sévère est de 45% [40].
Le mode d’épuration extra-rénale ne semble pas jouer un rôle
majeur dans la DE. En effet les différentes études retrouve une prévalence de DE de 70 à 88% chez les patients en dialyse péritonéale
alors que la prévalence de la DE chez les patients hémodialysés
varie de 70 à 82% [22, 40, 52].
La qualité de l’érection n’est pas le seul élément de la vie sexuelle
à être perturbé par l’insuffisance rénale et la dialyse. En effet les
patients se plaignent aussi d’une baisse de la libido et d’une diminution de fréquence des rapports sexuels [37]. En effet il a été montré que le score de l’International Index of Erectile Function (IIEF)
était largement abaissé chez les patients dialysés et que chacun des
5 domaines couvert par l’IIEF [41], c'est-à-dire la fonction érectile,
la fonction orgasmique, le désir, la qualité des rapports et la satisfaction globale, était abaissé [51]. Les patients dialysés présentent
donc une perte d’intérêt pour les activités sexuelles qui est rapportée à la fatigue chronique induite par la dialyse mais aussi souvent
à un état anxio-dépressif [37, 49, 51].
Physiopathologie
La physiopathologie de la dysfonction érectile est, comme dans la
population générale, multifactorielle et associe le plus souvent des
facteurs organiques et psychogènes. L’origine de la DE chez les
patients insuffisants rénaux est le plus souvent organique. En plus
du “milieu urémique” il existe le plus souvent des troubles endocriniens, une anémie, une neuropathie périphérique responsable de
dysautonomie, et une atteinte vasculaire périphérique. A ces étiologies organiques s’associent des troubles psychologiques associant
une perte de l’estime de soi à un syndrome anxio-dépressif [5, 37].
Perturbations Endocriniennes
Les principales modifications de l’équilibre hormonal responsable
de DE touchent la synthèse et le métabolisme des androgènes, l’axe
hypothalamo-hypophysaire et la synthèse de prolactine [3, 5, 37].
- Déficit testiculaire primitif
L’insuffisance rénale est le plus souvent associée à une diminution
des taux sériques de testostérone libre et totale [3, 37]. Plusieurs
mécanismes comme une élimination de la testostérone accrue, une
anomalie de sécrétion et une résistance à l’hCG (human chorionic
gonadotrophin) des cellules de Leydig peuvent expliquer cette baisse de la testostéronémie [5]. La baisse de la testostérone libre et la
perte de sensibilité des cellules de Leydig à l’hCG apparaissent très
précocement dans l’histoire de la maladie. Il a été démontré dans le
sérum des patients urémiques, la présence, d’un facteur bloquant les
récepteurs de la hormone lutéinisante (LH), expliquant ainsi la faible réponse des cellules de Leydig après stimulation à l’hCG [37].
Cette baisse de la testostérone joue probablement un rôle dans la
DE par l’intermédiaire d’une diminution de synthèse de monoxyde
d’azote (NO) [6].
- Déficit gonadotrope
Il a été montré chez les patients insuffisants rénaux une augmentation relative de la concentration plasmatique de LH (Hormone lutéinisante), qui apparaît au stade précoce de l’insuffisance rénale et
s’accentue avec l’aggravation de l’insuffisance rénale [5, 37]. Plusieurs mécanismes sont en causes. La testostérone exerce un rétrocontrôle négatif sur la synthèse de LH. Une diminution de testostérone synthétisée par les cellules de Leydig entraîne donc une hypersécrétion de LH. De plus, le rein contribue en grande partie au
métabolisme de la LH et de la GnRH. L’insuffisance rénale entraîne donc une diminution de la clairance de LH et de GnRH expliquant ainsi l’augmentation des concentrations plasmatiques. L’absence de réponse, c'est-à-dire l’absence de sécrétion de testostérone, des cellules de Leydig à cette augmentation de LH confirme
l’atteinte de ces cellules par l’insuffisance rénale. En effet, en cas
d’insuffisance rénale les cellules de Leydig présente une diminution
de la sensibilité à la LH [37].
La concentration sérique de FSH (follicle stimulating hormon) est
aussi augmentée en cas d’insuffisance rénale. Cette hormone a peu
d’action sur la fonction érectile mais joue un rôle primordial dans la
spermatogenèse. Les patients présentant une IRC, présente le plus
souvent une altération du spermogramme associant oligospermie et
diminution de la mobilité. Ces altérations du spermogramme sont
réversibles par le traitement de l’insuffisance rénale, c'est-à-dire la
transplantation rénale mais pas par l’épuration extra-rénale.
L’insuffisance rénale peut entraîner de même une altération de la
régulation des gonadotrophines au niveau hypothalamique. En effet
l’insuffisance rénale provoque une perte de la pulsatilité de synthèse de GnRH [5, 37]. Or la sécrétion pulsatile de GnRH est fondamentale pour la régulation de synthèse de LH et FSH. Les conséquences de cette perte du caractère pulsatile de la sécrétion de
GnRH sont encore mal connues à l’heure actuelle [37].
- Hyperprolactinémie
L’insuffisance rénale entraîne des troubles du métabolisme de la
prolactine. En effet il a été observé une élévation des concentrations
plasmatiques de prolactine chez les patients IRC et dialysée dans 25
à 75% des cas [3, 5]. Cette augmentation est liée à une hypersécrétion autonome de PRL, le rein ne participant quasiment pas au
métabolisme de la PRL. Sur le plan biologique, la PRL est associée
à une diminution de la testostérone. Sur le plan clinique une hyperprolactinémie peut être responsable d’une baisse de la libido, d’une
infertilité, et d’un hypogonadisme [5, 37].
L’implication de la PRL dans le DE est encore incertaine mais elle
peut de façon certaine être responsable de perte de la libido.
Neuropathie urémique
Il a été montré dans l’insuffisance rénale une atteinte du système
nerveux périphérique sympathique. Cette neuropathie proche de la
neuropathie diabétique entraîne une atteinte des systèmes sympathiques et parasympathiques dès les premiers stades de la maladie.
La neuropathie urémique peut donc être impliquée dans la survenue
d’une DE. L’association d’une DE et de signes de vessie neurolo448
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gique est fortement évocatrice d’une atteinte neurologique due à
l’insuffisance rénale [37, 55].
Artériopathie
Le rôle de l’athérosclérose dans la survenue de DE est maintenant
parfaitement reconnu aussi bien dans la population générale que
chez les patients insuffisants rénaux [19, 33, 39]. Plusieurs travaux
ont démontré que l’existence d’antécédents cardio-vasculaires,
d’une hypertension artérielle, d’une surcharge pondérale, et/ou
d’une dyslipidémie étaient des facteurs de risque de DE chez les
patients insuffisants rénaux [10, 15]. Cependant ces facteurs de
risque d’athérosclérose ne semblent avoir aucun rôle sur l’artériopathie spécifique des patients dialysés [5, 21].
En effet, l’insuffisance rénale chronique est responsable de l’apparition d’une athérosclérose qui se développe de façon accélérée
dans l’ensemble des artères. Cette athérosclérose est en partie
responsable de la forte prévalence d’accidents cardio-vasculaires
chez les patients insuffisants rénaux chroniques. Le principal mécanisme expliquant cette athérosclérose est l’atteinte des cellules
endothéliales de l’intima des artères [21]. Cette artériopathie distale peut être une étiologie de DE en particulier par oblitération de
vaisseaux péniens. KAUFMAN a démontré que 78% des patients
insuffisants rénaux présentent une occlusion des artères caverneuses. Le plus souvent ces anomalies vasculaires sont associées à un
défaut d’occlusion veineuse (90%) [21]. Ces anomalies veineuses
touchent principalement les veines dorsales du pénis, les veines
caverneuses mais aussi le corps spongieux et le gland. Plusieurs travaux ont montré que cette artériopathie n’est pas corrélée aux facteurs de risques habituels de l’athérosclérose et peut être améliorée
par la transplantation précoce [5, 21].
Facteurs tissulaires et moléculaires
L’insuffisance rénale chronique entraîne des lésions tissulaires au
niveau des corps caverneux et des nerfs érecteurs pouvant expliquer
en partie la DE.
Le principal facteur de ces modifications tissulaires est l’hypoxie
chronique liée à l’IRC. Cette hypoxie chronique peut être due à une
hypoventilation pulmonaire (liée à la surcharge hydro-sodée) et/ou à
une anémie chronique par altération de la synthèse d’érythropoïétine (EPO) [21, 23]. L’hypoxie chronique va entraîner d’une part une
baisse de la synthèse de NO dans l’endothélium vasculaire et dans
les nerfs caverneux et leurs branches, et d’autre part une augmentation du tonus musculaire des fibres des corps caverneux [6, 21]. En
absence d’oxygène, la relaxation de ces fibres musculaires lisses est
incomplète ce qui explique le défaut d’occlusion veineuse. Par contre la réponse des fibres musculaires au NO n’est pas altérée [6]. Ceci
est peut être une explication à l’amélioration de la DE par l’érythropoïétine recombinante qui en traitant l’anémie permet de réduire
l’hypoxie et donc augmente la synthèse de NO [5, 21, 23]. L’autre
mécanisme d’action de l’hypoxie chronique est la synthèse de
Transforming Growth Factor-β1 (TGF-β1), cytokine connue pour
induire la production de collagène. Par l’intermédiaire de la synthèse de cette cytokine, l’hypoxie entraîne une altération de la balance
collagène/élastine au sein des corps caverneux TGFΒ, perturbation
responsable d’une fibrose des corps caverneux. [21, 38]. Enfin pour
certains auteurs l’altération de la fonction rénale pourrait entraîner
un défaut de clairance de certains métabolites, dérivés oxygénés en
particulier, responsable de l’inhibition de la NO synthase [5, 6].
Prises médicamenteuses
Un grand nombre de molécules ont été impliquées dans la survenue
de DE dans la population générale [19]. Certaines de ces molécules, comme les anti-hypertenseurs, béta-bloquant en particulier, ou
les diurétiques, sont largement prescrites chez les patients insuffisants rénaux et peuvent donc avoir un effet négatif sur la fonction
érectile [5, 37]. Le changement de molécules ou de classes thérapeutiques est un pré requis au traitement de la DE mais reste la plupart du temps insuffisant pour rétablir une fonction érectile satisfaisante, confirmant ainsi l’origine multifactorielle de la DE chez les
IRC [5, 37].
Carence en zinc
Une carence en Zinc peut être retrouvée chez certains patients
insuffisants rénaux. Les causes de cette carence sont soit un apport
alimentaire diminué, soit une malabsorption ou une capture du zinc
par la dialyse. La carence en Zinc liée à l’insuffisance rénale a été
décrite comme potentiellement néfaste pour la vie sexuelle. En effet
une carence en zinc peut entraîner une diminution de la testostérone, une augmentation de la PRL et une dégradation de la spermatogenèse. Cliniquement elle est corrélée à une baisse de la libido et à
la dysfonction érectile [37].
Facteurs psychologiques
Les syndromes psychologiques comme l’anxiété et la dépression
sont des étiologies classiques de DE au sein de la population générale [19, 33]. La prévalence de la DE varie de 25 à 90% en fonction
de la gravité de l’état dépressif [19]. Ces étiologies dites psychogènes sont souvent retrouvées dans la population des patients insuffisants rénaux chroniques [5, 37, 49, 51].
D’une part ces patients souffrent souvent d’une fatigue chronique
qui peut altérer l’intérêt pour la vie sexuelle. Cette fatigue chronique est plus ou moins associée à un certain degré d’anxiété et une
perte de l’estime de soi. Ces différents facteurs engendrent une
baisse de la libido, une aversion sexuelle voir une inhibition de la
fonction orgasmique [51]. D’autre part le syndrome dépressif peut
aussi être une cause de DE chez les patients IRC. Il a été montré une
corrélation entre l’état dépressif et l’absence de rapport sexuel chez
les patients dialysés [49]. Ce phénomène est auto-entretenu, l’absence de vie sexuelle altérant la qualité de vie et renforçant la
dépression [49]. Les facteurs psychologiques peuvent donc être des
causes non négligeables de DE, qui de plus se surajoutent à d’autre
facteurs organiques de DE.
Facteurs de risques
De nombreux travaux ont étudié les caractéristiques des populations de patients insuffisants rénaux présentant une dysfonction
érectile [10, 22, 31]. Ces travaux ont permis de mettre en évidence
certains facteurs de risque de développement d’une DE. Certains de
ces facteurs de risque sont communs avec ceux de la population
générale comme l’age, le diabète, l’athérosclérose [19, 33, 48],
alors que d’autres sont plus spécifique de la population insuffisante
rénale (durée de prise en charge en dialyse, étiologie de l’insuffisance rénale).
Mode de dialyse
La survenue d’une DE n’est pas corrélée au mode d’épuration
extra-rénale. En effet les travaux retrouvent la même fréquence de
DE chez les patients hémodialysés que chez les patients en dialyse
péritonéale [22, 31, 52]. TURK a analysé les caractéristiques de deux
cohortes de patients en hémodialyse et en dialyse péritonéale. Dans
leur travail, la fréquence de DE, le score IIEF, le statut hormonal
sont identiques dans les deux groupes. La seule différence relevée
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dans cette étude susceptible de jouer un rôle sur la qualité de vie
sexuelle et non sur la DE est la dépression, plus fréquente chez les
patients en dialyse péritonéale [52].
Ancienneté de la dialyse
La durée de prise en charge en dialyse semble être un facteur de
risque de DE. En effet il a été montré une augmentation de la fréquence des DE avec l’augmentation du temps de dialyse. Une des
explications est la survenue de l’artériopathie des patients dialysés
qui s’aggrave progressivement avec le temps [10, 15]. Cette hypothèse est confirmée par les résultats des transplantations rénales au
stade précoce de l’IRC qui semblent améliorer la DE [5, 21].
Par contre il n’a pas été mis en évidence de corrélation entre la DE
et l’état général des patients, évalué par le score de Karnofsky [40].
Etiologies de l’insuffisance rénale
Seul le diabète, comme cause d’IRC est corrélée à une fréquence
élevée de DE [8, 22, 40]. Le diabète est l’endocrinopathie la plus
fréquemment responsable de DE. Cette DE a une origine mixte
multi-factorielle : vasculaire via l’artériopathie distale, neurologique via la neuropathie diabétique et tissulaire via les dommages
tissulaires de l’endothélium des corps caverneux responsables
d’une diminution de la libération de NO [8]. Le diabète est aussi un
facteur de risque de DE érectile chez les patients insuffisants rénaux
[22, 40], certaines études retrouvant même une prévalence de 100%
de DE chez les patients IRC diabétiques [22]. Cette fréquence
extrêmement élevée peut s’expliquer par l’association d’un diabète
souvent au stade avancé (responsable de l’IRC) et de l’insuffisance
rénale avec son cortège de troubles endocriniens, métaboliques,
vasculaires et neurologiques.
Aucune autre étiologie d’IRC n’a été rapportée comme étant un facteur de risque de DE
Traitement
Le traitement de la DE chez les insuffisants rénaux comporte deux
volets. Le premier est le traitement des complications de l’insuffisance rénale chronique, c'est-à-dire la correction des troubles endocriniens, de l’anémie chronique, des carences alimentaires, et la
substitution des médicaments pouvant être responsables de dysfonction érectile. Une prise en charge psychologique peut aussi s’avérer nécessaire. L’objectif de ces traitements vise à améliorer la
qualité de vie générale des patients condition sine qua non à la vie
sexuelle. Le deuxième volet du traitement sera la prise en charge
médicale des troubles de l’érection, au moyen de traitements généraux ou locaux, adaptés au statut d’insuffisant rénal du patient.
Prise en charge générale des troubles sexuels
- Correction des troubles endocriniens
La correction de l’hypo-testostéronémie reste d’une efficacité très
réduite. En effet le traitement par androgène permet inconstamment
un retour de la libido et n’a quasiment aucune action sur la dysfonction érectile [24, 37]. Par contre la normalisation de la concentration plasmatique de testostérone est associée à un sentiment de
“mieux-être” favorable à la vie sexuelle [24]. Certains auteurs préconisent un traitement substitutif lorsque le symptôme dominant est
la perte de la libido [37]. Indirectement la correction de la testostéronémie entraîne une correction de LH et de la FSH [37].
Le clomiphène a été décrit pour corriger les troubles hormonaux
chez l’homme insuffisant rénal en induisant une élévation de la tes-
tostérone et une normalisation de la FSH et de la LH par action
direct sur l’axe hypothalamo-hypophysaire [5, 29].
La correction de l’hyperprolactinémie (après contrôle de son étiologie) peut être envisagée lorsque celle-ci est très augmentée et
s’accompagne d’une baisse de la libido. Un traitement par Bromocriptine peut être envisagé chez les patients insuffisants rénaux
[37]. Ce traitement a montré son efficacité sur la restauration de la
libido [5, 37]. La correction de l’hyperparathyroïdie secondaire par
la 1,25 dihydroxy-vitamine D peut, par l’intermédiaire d’une baisse de la prolactinémie, augmenter la fonction sexuelle et la libido.
- Correction des carences
Il a été montré que la correction de la carence en zinc chez les
patients insuffisants rénaux pouvait entraîner une amélioration de la
fonction sexuelle et de l’érection [37]. Sur le plan biologique cette
correction entraîne une augmentation de la testostérone, une diminution de la LH, de la FSH et de la prolactine. Une amélioration du
spermogramme peut aussi être observée après traitement.
- Corrections des facteurs aggravants
La correction de l’anémie chronique par un traitement par érythropoïétine recombinante (EPO) a un effet positif sur la qualité de la
sexualité et sur la fonction érectile. Concernant le mécanisme d’action deux hypothèses sont discutées. Le traitement de l’anémie
chronique permet une diminution de la fatigue chronique et améliore la qualité de vie et le bien être des patients. Cette diminution
de la fatigue permet la réalisation d’effort physique et donc une
activité sexuelle [5, 23].
L’autre hypothèse est une action directe de l’érythropoïétine avec
un rôle sur l’axe hypothalamo-hypophysaire. En effet il a été observé une augmentation de la testostéronémie après traitement par
EPO, mais sans normalisation des concentrations de LH, de FSH et
de PRL [23]. Cette action directe de l’EPO est encore controversée
[37].
- Prise en charge psychologique
L’influence du statut psychologique sur la qualité de la sexualité
n’est plus à démontrer [19, 33]. La prise en charge des troubles de
la sexualité chez les patients insuffisants rénaux ne doit donc pas
négliger cet aspect étiologique. En effet un grand nombre de ces
patients souffrent de dépression ou d’anxiété en rapport avec la
maladie chronique. Dans ce cas une prise en charge spécialisée doit
être envisagée.
- Substitution médicamenteuse
Un grand nombre de molécules ayant été impliqué dans la survenue
ou l’aggravation de trouble de l’érection, la prise ne charge de cette
pathologie nécessite l’exploration des différents traitements pris par
le patient et l’arrêt ou la substitution des traitements connus pour
leur action néfaste sur la sexualité. Ces recommandations sont valables pour les patients insuffisants rénaux comme pour la population
générale [5, 33, 37].
Traitement spécifique de la dysfonction érectile
- Traitements par voie générale
Historiquement la yohimbine est la substance la plus prescrite dans
les troubles de l’érection. Le taux de réponse au traitement est évalué dans la population générale à 35 à 70% avec une très bonne
tolérance [17]. Cependant sa contre-indication chez les patients
insuffisants rénaux n’a pu permettre d’envisager un traitement per
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os de la DE. Une avancée considérable dans le traitement de la DE
est représentée par les inhibiteurs des phosphodiestérases de type
V [20]. Le sildénafil a largement été testé chez les patients insuffisants rénaux [11, 46, 52]. CHEN rapporte un indice de satisfaction
de 80% chez les patients traités avec une dose moyenne de 50 mg
de sildénafil [11]. Ces données sont confirmées par SEIBEL qui
retrouve une amélioration de la DE dans 85% des cas et 35% de
fonction érectile normale sous sildénafil [46]. Par contre aucune
amélioration du désir ni de la libido n’a été mise en évidence [46].
Cette efficacité, évaluée par la modification de l’IIEF sous traitement est identique quelque soit le mode d’épuration extra rénale
(54]. Il a été montré que les échecs de traitement n’étaient pas
dépendants du mode de dialyse, de l’age du patient, de la durée et
de l’étiologie de l’insuffisance rénale [11]. Par contre l’athérosclérose distale évoluée avec diminution du débit sanguin pénien à l’écho-doppler est un facteur de mauvaise réponse au traitement [52].
L’incidence des effets secondaires est identique chez les patients
insuffisants rénaux que dans la population générale. Ils sont principalement représentés par les rougeurs faciales, les céphalées, les
troubles visuels et les baisses de tension artérielle [11, 45, 52]. La
prévalence des accidents cardio-vasculaires n’est pas majorée par
rapport à la population générale [37]. Un incident particulier à
l’instauration du traitement a été rapporté par MOHAMED chez un
patient hémodialysé [30]. Celui ci a présenté une hypotension artérielle symptomatique. Le mécanisme avancé par l’auteur est l’accentuation de l’hypotension artérielle due à l’hémodialyse par le
sildénafil. Il recommande donc d’adapter la chronologie de la prise
du sildénafil de façon à éviter la prise les jours de dialyse [30].
Cependant l’imputabilité de cet incident au sildénafil reste controversée [47]. Aucune étude évaluant les autres inhibiteurs des
phosphodiestérases V (vardénafil, tadalafil) chez les insuffisants
rénaux chroniques n’a été réalisée.
- Traitements locaux
Les traitements locaux sont représentés à l’heure actuelle par l’administration par voie endo-urétrale ou intra-caverneuse (IIC) d’alprostadil (prostaglandine E1) ou de moxisylite. A l’heure actuelle,
aucune étude n’a évalué l’efficacité et l’innocuité de l’injection
d’alprostadil par voie endo-urétrale (système MUSE®) chez les
patients dialysés [36]. L’injection intra caverneuse de prostaglandine E1 (PGE1) est un traitement efficace avec une faible morbidité
de la DE, avec une efficacité de 94% dans la population générale
[25, 28]. L’IIC est un traitement efficace et peut être utilisée avec
précaution chez les patients insuffisants rénaux mais le risque d’effets secondaires pourrait être majoré en raison du risque de coagulopathie chez les patients en particulier en hémodialyse [5, 37].
Aucune étude n’a évalué l’effet et la sécurité de l’injection intracaverneuse d’alprostadil au sein d’une population de patients insuffisants rénaux.
- Vacuum
LAWRENCE a étudié l’efficacité du vacuum chez les patients dialysés, en association avec une correction de la testostéronémie. Le
vacuum a permis dans 73% des cas une amélioration des érections
et des rapports sexuels satisfaisants, sans effets secondaires majeurs
[24].
- Prothèse pénienne
La pose d’une prothèse pénienne reste le traitement de dernier
recours dans les DE rebelles aux autres traitements. La satisfaction
est estimée à 70 à 80%. Les complications sont surtout d’ordre
mécaniques et infectieux, et nécessitent une ré-intervention dans
15% des cas. Peu d’études existent sur la pose de prothèse pénienne chez les patients insuffisants rénaux et les quelques séries
publiées ne rapportent que peu de cas [2, 43]. Ces prothèses peuvent
être indiquées après échec des autres traitements, après normalisation des troubles endocriniens et réapparition d’un désir sexuel
important [5]. Les résultats semblent montrer un taux de complications identiques à celui des patients non insuffisants rénaux. Par
contre aucune étude n’a évalué l’efficacité ni la satisfaction après ce
type de traitement.
TRANSPLANTATION RENALE (TR) ET
DYSFONCTION ERECTILE
Epidémiologie
La transplantation rénale (TR) est le traitement de choix de l’insuffisance rénale terminale. Elle permet la normalisation des désordres
métaboliques et endocriniens liés à l’IRC. De nombreux travaux ont
évalué la prévalence de la dysfonction érectile au sein de la population des hommes transplantés rénaux [4, 9, 14, 26, 38, 44].
Les résultats de ces études sont assez controversés. Pour certains
auteurs la TR améliore la DE avec une meilleure rigidité pénienne
et une augmentation du temps d’érection [4]. Cette amélioration
varie de 15 à 63% [4, 9]. Pour d’autre, la prévalence de la DE varie,
selon les études, de 25 à 55% chez les patients transplantés rénaux
avec une fonction rénale normale [14, 26].
PESKIRCIOGLU rapporte dans une série de 65 patients transplantés
une amélioration de la DE dans environ 20% des cas, une absence
de modification dans 50% et une aggravation d’une DE pré-existante ou l’apparition d’une DE secondaire à la transplantation rénale dans 30% des cas [38]. Ces résultats sont confirmés par ceux de
RUSSO [44]. Ceux-ci ont aussi évalué chez 251 transplantés rénaux,
l’évolution après la transplantation d’une DE pré-greffe et retrouvent une disparition de la DE dans 20% des cas, une amélioration
dans 10% et une aggravation dans 5% [44]. Si l’effet de la
transplantation sur la DE est sujet à controverse, il admis par tous
que la TR améliore la qualité de vie et que à ce titre elle permet une
amélioration de la qualité de la sexualité. Cette amélioration de qualité de vie associée à une augmentation de la libido et à la correction des troubles endocriniens permet une amélioration de l’IIEF (9,
14, 44].
Cet effet de la TR sur la DE est d’autant plus important que la TR
est précoce dans l’évolution de la maladie [5]. L’hypothèse est que
le court délai entre TR et IRC empêche le développement de lésions
tissulaires endothéliales ou vasculaires, en partie responsable de DE
et non réversibles avec la TR [21].
Physiopathologie
La physiopathologie de la DE du patient transplanté rénale est différente de celle du patient dialysé mais elle reste néanmoins multifactorielle. En effet certains facteurs de DE ont disparu ou ont été
améliorés par la TR alors que d’autres facteurs de DE sont apparus
avec celle-ci.
Perturbations endocriniennes
La TR permet une nette amélioration des déséquilibres hormonaux
constatés lors de l’IRC. En effet la TR permet une normalisation des
taux de testostérone, de LH, de FSH et de PRL [3, 9]. Cette normalisation est responsable d’un réveil de la libido et d’une sensation de
“mieux être” permettant une amélioration de la qualité de la sexua451
F. Kleinclauss et coll., Progrès en Urologie (2005), 15, 447-456
lité [9].
avoir un rôle négatif sur la fonction érectile [1].
Neuropathie urémique
Troubles psychologiques
Il a été montré que la neuropathie urémique pouvait être en partie
réversible et améliorée par la transplantation rénale [55]. Cette amélioration qui touche le système sympathique et para-sympathique
est d’autant plus importante que la TR est précoce. Aucun travail
n’a évalué le rôle de la dysautonomie urémique dans la survenue
d’une DE mais la proximité physiopathologique avec la neuropathie diabétique laisse présager un rôle aggravant de cette neuropathie. Son caractère plus ou moins réversible après TR peut faire
supposer une amélioration de la DE.
Les troubles psychologiques sont nettement diminués après
transplantation rénale. En effet, seuls 2,5% de patients transplantés
présentent un syndrome anxio-dépressif alors que 25% des patients
dialysés présentent de tels troubles [38]. Cependant, PESKIRCIOGLU
a montré qu’environ 10% des patients transplantés présente une DE
d’étiologie psychogène [38].
Artériopathie et causes vasculaires
L’artériopathie distale apparaissant au cours de l’insuffisance rénale n’est pas la seule cause vasculaire de DE chez les transplantés
rénaux. Il a même été montré que l’artériopathie distale pouvait
régresser avec la TR si celle ci avait lieu précocement dans le développement de l’insuffisance rénale [21]. Le type d’anastomose artérielle au moment de la transplantation a été mis en cause dans la
survenue de DE après TR [1, 38, 50]. En effet l’une des techniques
de transplantation rénale utilise l’artère iliaque interne du receveur
(artère hypogastrique) qui est anastomosée en termino-terminale
avec l’artère du greffon [50]. Cette artère iliaque interne à destinée
du pelvis assure la vascularisation du pénis par ses branches, les
artères caverneuses. La ligature unilatérale de l’artère iliaque interne peut donc altérer la vascularisation du pénis et favoriser la survenue d’une DE [1, 38]. En effet les artères iliaques internes sont
des artères de petit calibre qui peuvent être atteintes par l’artériopathie distale de l’IRC. A l’extrême l’une de ces artères peut s’occlure plus ou moins distalement. La ligature au moment de la greffe de
l’artère iliaque interne controlatérale peut donc entraîner une insuffisance de vascularisation pénienne [38]. Cette hypothèse a été
confirmée sur le plan hémodynamique. En effet il été démontré que
l’anastomose termino-terminale utilisant l’artère iliaque interne
entraîne une diminution significative du débit sanguin pénien évalué par écho-doppler [1]. PESKIRCIOGLU a montré que la prévalence
de la DE était majorée en cas de deuxième transplantation avec
anastomose termino-terminale sur l’artère iliaque interne [38]. Pour
cette raison de nombreux auteurs préconisent la réalisation d’une
anastomose termino-latérale sur l’artère iliaque externe en particulier en cas de deuxième transplantation [1, 38]. L’implication de la
ligature de l’artère iliaque interne est controversée par certains
auteurs [26, 32]. MALAVAUD ne retrouve pas l’augmentation de fréquence de DE en cas d’anastomose de l’artère iliaque interne [26].
De même pour N’GHIEM la ligature de l’une ou des deux artères
iliaques internes ne perturbe pas l’hémodynamique pénienne [32].
Ces données ont été récemment confirmées par EL-BAHNASAWY qui
conclue à l’absence d’effet de l’utilisation de l’artère iliaque interne sur la DE [16].
Causes médicamenteuses
La cyclosporine (CsA), immunosuppresseur qui a bouleversé les
résultats de la transplantation rénale a été impliquée dans le développement de DE. En effet du point de vue physiologique, la CsA
est un inhibiteur puissant de la relaxation musculaire liée au NO
[34, 53]. Il a aussi été démontré que la CsA pouvait perturber le
métabolisme de la testostérone [9]. Peu d’études ont étudié le rôle
de la CsA sur la survenue de dysfonction érectile. Seuls Malavaud
et collaborateurs ont montré l’absence de corrélation entre la prise
de CsA et la DE [26]. Certains médicaments anti-hypertenseurs
(utilisés en post-greffe) notamment en association peuvent aussi
Facteurs de risque
La majorité des facteurs de risque de DE chez les transplantés
rénaux sont identiques chez les dialysés. Les principaux facteurs
sont donc l’age, le temps en dialyse, la présence d’un diabète associé [39].
Un des facteurs de risque spécifiques à la transplantation est la
transplantation itérative. En effet la prévalence de la DE augmente
chez les patients ayant bénéficié de transplantation itératives [21,
26, 38]. Cette augmentation de prévalence de DE peut s’expliquer
d’une part par un temps en dialyse plus long [25] et par un déficit
de perfusion pénienne [21, 38].
Traitement
Traitement par voie générale
Si la yohimbine est contre-indiquée en cas d’insuffisance rénale terminale, il n’existe pas de contre-indication chez les patients
transplantés. Cependant aucune étude n’a évalué l’efficacité et l’innocuité de la yohimbine chez ces patients. De nombreux travaux
ont testé les inhibiteurs des phosphodiestérase V (sildénafil en particulier) chez les patients transplantés rénaux [7, 18, 44]. Leur efficacité a été démontrée avec une variation selon les études de 66 à
92% [7, 18]. Le sildénafil permet une amélioration de la qualité de
l’érection mais améliore aussi le maintien et la fréquence des érections [7]. L’amélioration touche l’ensemble des domaines de la vie
sexuelle puisqu’ il est observé une amélioration globale de l’IIEF
mais aussi une amélioration de chaque domaine (c'est-à-dire fonction érectile, fonction orgasmique, désir sexuel, satisfaction des rapports, satisfaction globale) [7, 18]. Ces données sont confirmées par
le travail de RUSSO à l’exception de la fonction orgasmique qui
n’est pas améliorée dans leur étude [44]. 58% des patients ont rapporté la survenue d’effets indésirables. Ces résultats sont identiques
à ceux de la population générale. La gêne occasionnée par ces effets
secondaires a conduit moins de 10% des patients à arrêter le traitement [7]. Les principaux effets secondaires sont comme pour la
population générale des céphalées, les troubles de la vision, les rougeurs cutanées et les palpitations La dose de sildénafil utilisée dans
la majorité des études est 50 mg [7, 18, 44]. Cette dose peut être
modifiée en fonction de la réponse du patient sans majoration des
effets secondaires [7]. Cependant le sildénafil interagit avec certains immunosuppresseurs, en particulier la cyclosporine A (CsA) et
le tacrolimus [7]. En effet le sildénafil est un inhibiteur modéré du
cytochrome P450 CYP 3A4 impliqué dans le métabolisme de la
CsA et du tacrolimus. A la dose maximum de 100 mg le sildénafil
ne perturbe pas le métabolisme de ces immunosuppresseurs [7, 12].
Par contre il a été démontré que le tacrolimus modifie le métabolisme du sildénafil [12]. On observe en effet une augmentation des
concentrations plasmatiques de sildénafil de l’ordre de 45%, un
doublement de la demi-vie et une augmentation de l’aire sous la
courbe (AUC) de 90%. Ces modifications pharmacocinétiques du
métabolisme du sildénafil sont sans répercussion clinique ou biolo452
F. Kleinclauss et coll., Progrès en Urologie (2005), 15, 447-456
gique, néanmoins les auteurs recommandent une dose maximum de
50 mg. Sur le plan de la physiologie rénale, le sildénafil entraîne
une diminution de la pression artérielle avec diminution des index
de résistance mais qui paradoxalement n’est pas associée à une
diminution de la filtration glomérulaire [27, 42]. Il existe au
contraire une augmentation de la filtration glomérulaire due à la
présence de phosphodiestérases V au niveau du rein. L’inhibition de
ces enzymes permet donc une relaxation des artérioles afférentes,
des tubules proximaux et des tubes collecteurs. Malgré la baisse de
pression artérielle il existe donc une augmentation du débit de perfusion rénal se traduisant par une augmentation de la filtration glomérulaire [42]. Pour les auteurs, ces modifications physiologiques
n’ont pas de répercussion clinique et ne nécessitent aucune précaution particulière [27, 42]. L’ensemble des travaux a donc permis de
conclure à l’efficacité et à l’innocuité du sildénafil chez les patients
transplantés rénaux. Aucun travail sur les autres inhibiteurs des
phosphodiestérase V dans cette population particulière n’a pour
l’instant été publié.
Injection Intra-caverneuse (IIC)
Seules les IIC de prostaglandines E1 ont été testées chez les patients
transplantés [28]. Ce traitement est efficace chez les patients
transplantés avec une réponse dans 57% des cas à la dose de 20µg
ou 40µg. 72% des patients non répondeur à la dose de 20µg ont
développé une réponse à la dose de 40µg. Dans un programme
d’auto-injection intracaverneuse, 90% des patients ont rapporté une
bonne qualité d’érection et une bonne qualité de vie [28]. Les effets
secondaires mineurs (principalement douleur au point d’injection)
ont été retrouvés dans 20% des cas. Aucun cas de priapisme n’a été
recensé [28]. Le traitement par IIC ne modifie pas le métabolisme
des immunosuppresseurs et n’entraîne aucune variation de la fonction rénale [28]. Ces résultats, malheureusement issus d’un seul travail, permettent de présager le caractère efficace et sûre du traitement par IIC de PGE1 mais doivent être confirmés à plus grande
échelle.
CONCLUSIONS
La dysfonction érectile est une pathologie fréquente chez les
patients insuffisants rénaux chroniques et transplantés. Ces troubles
de l’érection ne sont, la plupart du temps, pas isolés mais s’associent avec d’autres troubles, comme la baisse de la libido ou la fatigue extrême, pouvant perturber la sexualité de ces patients.
Les étiologies de la DE sont multiples et le plus souvent son origine est multi-factorielle, associant des facteurs organiques à des
troubles psychologiques.
La physiopathologie des DE présentées par les patients insuffisants
rénaux et par les patients transplantés est complètement différente
et il apparaît très clairement que la corrections des facteurs organiques par la transplantation ne permet pas toujours l’amélioration
de la fonction érectile.
La transplantation améliore donc la qualité de vie des patients, mais
elle n’améliore pas systématiquement la qualité de leur sexualité.
Si la mise au point des inhibiteurs des phosphodiestérases V a bouleversé le traitement de la DE, en offrant une possibilité de traitement simple, efficace, sure et bien accepté par les patients, les
patients insuffisants rénaux et les patients transplantés, ont eux
aussi bénéficié de ces progrès et peuvent maintenant profiter d’un
traitement efficace et adapté à leurs caractéristiques particulières.
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Prothèse pénienne
Comme chez les patients insuffisants rénaux, la pose de prothèse
pénienne chez les patients transplantés reste très anecdotique. Les
travaux sur ce sujet rapportent tous de petites séries dont les résultats sont difficilement interprétables. Pour une majorité de praticiens la pose d’une prothèse pénienne chez un patient transplanté,
donc immunodéprimé, est un geste qui peut être techniquement difficile et qui expose à un risque majeur de complications infectieuses [28]. Un cas de gangrène de Fournier d’évolution fatale après
pose d’une prothèse pénienne chez un patient transplanté a été rapporté [38]. Pour certains auteurs, la transplantation rénale n’est pas
une contre-indication à la pose d’une prothèse pénienne [13, 43].
Cependant le taux de complications, de l’ordre de 22%, est plus
important que chez les patients non transplantés [13]. La fréquence
des complications semble moindre lorsque la prothèse est posée
après la transplantation et non pendant la dialyse [43]. Paradoxalement le taux de complications infectieuses n’est pas différent, une
majorité des complications étant de nature mécanique en particulier
en cas de prothèse pénienne tri corps. L’une des explications est la
difficulté de l’abord du rétro péritoine après la transplantation pour
la mise en place du réservoir. Une des complications majeures à
moyen terme est l’impossibilité de dégonfler la prothèse pénienne
en raison du développement d’une fibrose extrêmement importante
autour du réservoir. Cette fibrose due aux abords multiples du rétro
péritoine empêche alors l’expansion du réservoir et interdit donc la
vidange des manchons péniens de la prothèse [13].
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transplantation.
Commentaire de Gérard Benoît, Service d’Urologie, Hôpital de
Bicêtre, Le Kremlin Bicêtre
Les auteurs ont fait une large revue sur la dysfonction érectile chez les
patients en insuffisance rénale chronique et les transplantés rénaux.
C’est un sujet important, mais il faut reconnaître que la demande des
malades insuffisants rénaux chroniques est faible tout comme celle des
néphrologues.
La fatigue, la situation sociale dominent chez ces malades, les problèmes sexuels sont secondaires.
Une meilleure information est probablement nécessaire mais elle passe
par une meilleure information des néphrologues.
La transplantation rénale est le traitement de choix des malades insuffisants rénaux chroniques surtout si elle peut être réalisée tôt, au début
de la maladie alors que celle-ci n’a pas encore pas provoqué des altérations physiques et psychologiques.
Chez les malades greffés qui souhaitent être pris en charge pour leur
dysfonction érectile, les nouveaux inhibiteurs de la phosphodiestérase 5 sont des traitements de choix, ils sont le premier test diagnostique qui permettra d’apprécier la perfusion des corps érectiles,
en cas d’échec les injections intra caverneuses sont le traitement de
2ème ligne.
Key-Words: Erectile dysfunction, renal failure, renal transplantation.
Les indications de prothèse pénienne sont tout à fait exceptionnelles.
Une meilleure prise en charge des dysfonctions érectiles chez ces
malades est une transplantation rénale précoce, au mieux pré emptive,
c’est-à-dire avant le recours à l’hémodialyse, au mieux à partir d’un
donneur familial qui permet la meilleure réhabilitation physique et
psychologique possible.
SUMMARY
Erectile dysfunction in renal failure patients and renal transplant
recipients.
The frequency of erectile dysfunction can be increased in certain populations, such as patients with renal failure in whom the incidence of
erectile dysfunction is estimated to be between 50% to 70% depending
on the stage of renal failure. In this population, even more than in the
general population, erectile dysfunction appears to be due to multiple
aetiologies, combining organic and psychological disorders.
Although renal transplantation is the treatment of choice for end-stage
renal failure, it appears to have very variable effects on erectile dysfunction, as it may improve erectile dysfunction in the same way as global quality of life. However, some authors have demonstrated the
aggravating role of renal transplantation on quality of erection, or even
de novo appearance of erectile dysfunction.
Progress in the fields of dialysis and renal transplantation have considerably improved the quality of life of patients with chronic renal failure. However, this improvement of quality of life does not always
concern the patient’s sex life.
The main causes of erectile dysfunction in haemodialysed patients are
endocrine disorders, uraemic neuropathy, tissue lesions related to chronic renal failure, and drugs. These factors of erectile dysfunction are
partially corrected by transplantation, but other factors can subsequently be involved, such as drugs or vascular causes.
The objective of this study is therefore to conduct a review of the literature on erectile dysfunction (epidemiology, pathophysiology, treatment) in patients with end-stage renal failure (dialysis) and after renal
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