ECOLE POLYTECHNIQUE − Promotion X2014 Laurent Sanchez-Palencia ([email protected]) web: http://www.uquantmat.fr/teachX-PHY562.html OPTIQUE QUANTIQUE (PHY562) Petite Classe 5 (6 février 2017) Etats comprimés du rayonnement Nous avons vu à la PC2 que les états cohérents de Glauber (états quasi-classiques) sont les états minimaux et symétriques au sens de la relation d’incertitude de Heisenberg, i.e. ∆EP = ∆EQ = Eℓ . Bien que l’on ne puisse pas réduire les fluctuations des deux quadratures à la fois, on peut réduire les fluctuations de l’une au détriment de l’autre. Nous étudions dans cette PC un processus non linéaire permettant de générer de tels états comprimés du rayonnement à partir d’états quasi-classiques. 1 Génération d’états comprimés Un cristal paramétrique est un milieu non linéaire dans lequel un photon de fréquence Ω (mode L) peut être converti en deux photons de fréquences ω et ω ′ (modes ℓ et ℓ′ ), avec Ω = ω + ω ′ . On considère ici le cas dégénéré pour lequel ℓ = ℓ′ . La conversion de photons est décrite par le hamiltonien Ĥ = Ĥ0 + V̂ avec Ĥ0 = ~Ω†  + ~ω↠â et V̂ = g Â↠2 + † â2 , où â et  sont les opérateurs d’annihilation d’un photon, respectivement dans les modes ℓ et L, et g est une constante de couplage. Le cristal est éclairé par un faisceau incident de fréquence Ω initialement dans l’état cohérent |α0 iL . On suppose que le paramètre α0 est réel afin de simplifier les notations. Le mode ℓ est initialement vide. On donne enfin quelques commutateurs qui pourront être utiles dans la suite : [â, ↠â] = â ; [â, (↠)2 ] = 2↠; [↠â, (↠)2 ] = 2(↠)2 ; [â2 , (↠)2 ] = 4↠â + 2. 1. Le faisceau incident est suffisamment intense pour n’être que très faiblement atténué par le processus paramétrique. Son état à l’instant t est donc approximativement l’état cohérent de paramètre α0 (t) = α0 e−iΩt (voir PC2). Justifier brièvement que si l’on ne s’intéresse qu’à l’état du mode ℓ, il est légitime de remplacer le hamiltonien stationnaire Ĥ par le hamiltonien dépendant du temps Ĥ ′ (t) = ~ω↠â + gα0 e−iΩt ↠2 + e+iΩt â2 . 2. On se place à présent en représentation de Heisenberg. Ecrire les équations d’évolution des opérateurs â(t) et ↠(t). On pourra introduire le paramètre γ = 2gα0 /~. 1 3. Ecrire les équations d’évolution à l’aide des opérateurs ã(t) ≡ â(t)e+iωt et ㆠ(t) ≡ ↠(t)e−iωt . 4. On introduit alors les opérateurs de quadrature réduits −1 â(t)e+iωt √ † +i â(t)e+iωt √ † √ √ + i â (t)e−iωt − i â (t)e−iωt . Q̂(t) = √ et P̂ (t) = √ 2 2 i i On pourra noter qu’ils correspondent, en représentation de Schrödinger, aux quadratures √ habituelles du mode ℓ avec θ = π/4, divisées par 2Eℓ (voir notations de la PC2). Montrer que l’évolution temporelle des opérateurs P̂ (t) et Q̂(t) est donnée par d Q̂(t) = −γ Q̂(t) et dt d P̂ (t) = +γ P̂ (t). dt 5. En déduire les expressions des valeurs moyennes, hQ(t)i et hP (t)i, et des fluctuations, ∆Q(t) et ∆P (t), des quadratures réduites en fonction du temps t. 6. Exprimer Q̂2 + P̂ 2 en fonction de l’opérateur nombre de photons dans le mode ℓ. Evaluer le nombre moyen de photons dans ce mode à l’issue de l’interaction. En déduire un critère de validité du traitement précédent en fonction des paramètres α0 et g et du temps t. 7. Soit T le temps total d’interaction dans le milieu non linéaire. Exprimer l’opérateur champ électrique après la traversée du milieu en fonction des quadratures Q̂(T ) et P̂ (T ), du temps t et de la postion ~r. Montrer que pour l’état du rayonnement préparé à la sortie du milieu non linéaire les fluctuations du champ électrique, ∆E, peuvent être plus petites ou plus grandes que dans le vide selon l’instant et la position auxquelles on les mesure. Représenter à un instant donné les fluctuations de l’amplitude complexe du champ électrique. 2 Réduction du bruit quantique dans une mesure On effectue une mesure des quadratures par détection homodyne à l’aide d’une lame semiréfléchissante (voir PC3). Pour cela, on injecte un état cohérent |αi dans la voie 1 de la lame et l’état |φi i dont on veut mesurer les quadratures dans la voie 2, puis on effectue des mesures de la différence des nombres de photons dans les deux voies de sortie 3 et 4 de la lame, via l’opérateur D̂ ≡ â†3 â3 − â†4 â4 . 1. Montrer que, dans ces conditions, on obtient hDi = − |α| hφi |ÊQϕ |φi i E et ∆D 2 = |α|2 hφi |(∆ÊQϕ )2 |φi i + hφi |N̂2 |φi i E2 où α ≡ |α|eiϕ . 2. En déduire une méthode pour mesurer les quadratures d’un champ quantique. 3. On injecte d’abord le vide dans la voie d’entrée 2 (|φi i = |0i). Déterminer les valeurs de hDi et ∆D 2 . Interpréter physiquement le résultat. 4. On injecte à présent dans la voie 2 l’état comprimé généré ci-dessus. Montrer que, pour un choix approprié du paramètre e2γT , on peut réduire considérablement le bruit sur la mesure de l’observable D̂. 2