x u qui courent a m Les Bulletin de santé publique, région des Laurentides, destiné aux professionnels de la santé Vol. 21 N° 6, août 2014 Les maladies entériques d’origine alimentaire Les maladies d’origine alimentaire, ou intoxications alimentaires, sont causées par l’ingestion de microorganismes pathogènes, le plus souvent des bactéries ou des virus, parfois des parasites. Des complications possibles Selon le microorganisme, l’inoculum et la susceptibilité des personnes, les symptômes digestifs des intoxications alimentaires peuvent être graves au point de causer de la déshydratation ou des rectorragies (E. coli O157:H7, Shigella). Il peut parfois y avoir une atteinte d’autres organes, tels que les reins, comme dans le cas du syndrome hémolytique urémique relié au E. coli O157:H7. Dans les cas graves, la giardiase est susceptible de causer une malabsorption des lipides et des vitamines liposolubles ainsi que des dommages aux cellules du duodénum et du jéjunum entraînant une intolérance au lactose, une perte de poids et un retard de croissance. Les Norovirus Les Norovirus sont des virus de la famille des caliciviridae. Ils sont présents dans les selles et les vomissures des personnes infectées qui sont contagieuses à partir du moment où elles commencent à être malades jusqu’à 48 heures après s’être rétablies. Les gouttelettes produites lors des vomissements ainsi que l’ingestion d’aliments manipulés par des personnes infectées sont la source de nombreuses éclosions. Très contagieux, ces virus se propagent facilement dans les lieux de rassemblement comme les écoles, les centres hospitaliers de soins de longue durée et les services de garde. Ils touchent tous les groupes d’âge et sont plus courants à l’automne et en hiver même si on les retrouve tout au cours de l’année. Des prélèvements de selles Lorsqu’une personne présente des symptômes d’une intoxication alimentaire, des cultures de selles peuvent permettre d’identifier l’agent causal. Lorsque plusieurs personnes reliées entre elles présentent de tels symptômes, une recherche de virus dans les selles est aussi indiquée, en plus de la culture. Toutefois, cette recherche ne sera effectuée que si on peut soumettre au laboratoire quelques spécimens provenant d’individus différents touchés par l’éclosion. L’identification d’un pathogène lié à une maladie à déclaration obligatoire ainsi que la déclaration d’éclosions de maladies d’origine alimentaire permettent aux professionnels de santé publique de cerner la source de l’infection, recommander les mesures de prévention appropriées et exercer la surveillance. Dans ce contexte, le Centre québécois d’inspection des aliments et de santé animale (CQIASA) du MAPAQ est un partenaire de la Direction de santé publique. Les inspecteurs du CQIASA visitent les établissements de restauration, émettent des recommandations et effectuent des analyses microbiologiques sur les aliments possiblement incriminés. Outre les maladies entériques à déclaration obligatoire par les laboratoires, les gastro-entérites épidémiques d’origine indéterminée sont aussi à déclaration obligatoire par les médecins. Cultures de selles de contrôle et exclusion Aucune culture de selles de contrôle n’est généralement recommandée sauf pour Shigella et Escherichia coli O157:H7. Deux cultures de selles sur des spécimens prélevés à 24 heures d’intervalle, 24 heures après la résolution des symptômes et 48 heures après la fin de l’antibiothérapie, le cas échéant, doivent être exemptes de bactéries avant que la personne puisse réintégrer le service de garde ou le travail, que ce soit comme travailleur de la santé ou manipulateur d’aliments. Dans le cas du Giardia, le retour de l’enfant au service de garde sera autorisé s’il ne présente plus de symptômes et que le traitement est amorcé. Pour la majorité des autres pathogènes, incluant les Norovirus, le retour au travail sera autorisé 48 heures après le rétablissement en s’assurant du respect rigoureux du lavage des mains. Le traitement En général, la plupart de ces maladies ne requièrent aucun traitement si ce n’est la réhydratation et la correction du déséquilibre électrolytique, s’il y a lieu. À noter que les anti-diarrhéiques sont contreindiqués et que l’usage des antibiotiques est réservé à certains cas particuliers. En effet, outre l’émergence de résistance, les antibiotiques peuvent prolonger de plusieurs semaines, voire même plusieurs mois, l’excrétion de la Salmonella dans les selles et augmenteraient le risque de syndrome hémolytique urémique dans le cas de l’Escherichia coli O157:H7. Par contre, puisqu’il suffit d’un petit nombre de Shigella pour être infecté et que l’excrétion de la bactérie peut durer jusqu’à 4 semaines, on recommande le traitement, selon l’antibiogramme, des personnes qui fréquentent un service de garde, qui travaillent auprès des malades ou comme manipulateurs d’aliments. En effet, l’antibiothérapie diminue la période d’excrétion de Shigella. Les maux qui courent Bulletin de santé publique, région des Laurentides, destiné aux professionnels de la santé Information Tél.: 450 436-8622 Téléc.: 450 569-6305 Des maladies plus rares Cryptosporidiose, choléra, Entamoeba hystolytica et hépatite A sont des maladies rares au Québec et souvent acquises en voyage. Si, pour le choléra, on appliquera les mêmes critères d’exclusion que pour Shigella et E. coli 0157:H7, on prolongera jusqu’à une semaine après le début de l’ictère l’exclusion d’une personne atteinte d’une hépatite A. Les réservoirs Les viandes, la volaille et les œufs constituent les principaux réservoirs des pathogènes à l’origine des maladies entériques d’origine alimentaire. Cependant, l’humain constitue le seul réservoir de Shigella et de virus tels le Norovirus et celui de l’hépatite A. Un humain infecté par l’un ou l’autre de ces pathogènes peut être la source de cas secondaires et d’éclosions. De là l’importance du lavage des mains, entre autres avant la manipulation des aliments. Les zoonoses Les oiseaux et les animaux domestiques, chats, chiens et animaux exotiques tels tortues, iguanes et poissons tropicaux, peuvent être porteurs de Salmonella et l’excréter. La transmission de la bactérie de l’animal à l’humain se faisant par voie fécale-orale, on doit recommander aux personnes qui possèdent des animaux de se laver minutieusement les mains après les avoir touchés et de laver et désinfecter régulièrement avec une solution d’eau de Javel les aquariums, terrariums, cages, litières ainsi que les mangeoires d’oiseaux. Responsable de la publication Denise Décarie, médecin Collaborateurs Jean-Luc Grenier, médecin Francine Levac, médecin Andrée Chartrand, infirmière Révision Gilles Chaput, communications Publication Direction de santé publique 1000, rue Labelle, bureau 210 Saint-Jérôme (Québec) J7Z 5N6 ISSN 1201-6276