Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 1 naturellement À LA DÉCOUVERTE DE SA FLORE ET DE SA FAUNE Textes de : Rose-Line PREUD'HOMME Chargée de mission "Indicateurs de Biodiversité en milieu agricole" Département Ecologie et Gestion de la Biodiversité Muséum national d'Histoire naturelle Yann CORAY Ingénieur Ecologue Consultant biodiversité Illustrations : Patrice CAUMON Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 2 En arrivant sur un golf, on pense d’abord à sa partie, son jeu, ses partenaires… Et puis on regarde autour de soi pour se préparer. Ce livret n’est pas un manuel de golf, il n’a pas non plus vocation à vous distraire de votre partie. Il devrait vous aider à encore mieux profiter des moments à venir. Il s’agit d’une sélection de la flore et de la faune que vous pouvez observer au Golf National, selon l’heure et la saison. Les animaux et les végétaux ont été identifiés, répertoriés, décrits avec le concours du Muséum national d’Histoire naturelle. Leur beauté et leur fragilité nous invitent à les admirer et surtout à les respecter et les protéger. Sur ce site, sans ce golf, toute cette richesse n’existerait plus. La nature aurait été effacée. Cette vocation de conservatoire de la biodiversité, devait être mise en évidence. C’est l’intérêt de notre démarche. C’est aussi le gage de la pérennité et du développement durable du jeu de golf dans notre pays. Jêrome Paris Vice Président de la FFGolf Président commission environnement FFGolf 2 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 3 Protection de l’environnement, biodiversité, autant de termes utilisés parfois sans en connaître réellement le sens. La gestion d’un golf c’est, avant tout, comprendre que les départs, fairways, greens mais également le rough et les plans d’eau sont «vivants». Au Golf National, nous avons réellement pris la mesure des efforts à fournir, notamment, dans le domaine de la biodiversité, grâce au concours du Muséum national d’Histoire naturelle. L’inventaire réalisé a permis de recenser 782 espèces faunistiques et floristiques, inscrivant le Golf National dans un registre d’excellence ! Toutefois, nous ne nous satisfaisons pas de ce constat et avons déjà entrepris des aménagements et des actions favorisant le développement de la biodiversité que ce soit dans nos zones humides, nos espaces forestiers, même modestes, ou nos zones de rough (prairie) qui font la réputation du parcours de l’Albatros. Nous espérons vous accueillir nombreux au Golf National pour jouer nos parcours et ainsi découvrir sa richesse animale et végétale. Olivier Roche Directeur du Golf National 3 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 4 Le Golf National, qui avait organisé la signature de la Charte sur l’Eau en 2006 visant à réduire la consommation des Golfs en eau de 30 %, a réitéré son engagement en faveur de l’environnement au côté de la FFGolf en 2007 lorsque cette dernière a signé un partenariat avec le Muséum national d’Histoire naturelle. L’objet de cette convention était de réaliser un inventaire de la faune et de la flore le plus exhaustif possible d’un Golf. Les premiers résultats de cette étude ont permis de constater que le Golf National servait de niche et de réservoir à de nombreuses espèces. Ainsi c’est près de 70 espèces d’oiseaux, 20 de mammifères et de poissons et plus de 267 catégories de végétaux toutes strates confondues qui animent les 138 hectares de ce stade de Golf. Il devient évident pour les artisans du golf que nous sommes de placer l’environnement au cœur de la gestion des opérations d’entretien que nous menons tout au long de l’année. Nous avons pris réellement conscience du rôle et des responsabilités de chacun dans la réalisation de nos missions respectives. Géraud Doyotte Intendant de terrain du Golf National 4 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 5 «Toi, le golfeur, dessine-nous un golf, que l’on puisse le porter sur tous les plans généraux d’aménagement pour protéger 150 hectares du béton et du bitume» me demandèrent mes amis et confrères urbanistes de la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines, en 1980/81 pour limiter la boulimie de construction des maires de l’époque. Un peu plus tard, ce qui n’était toujours qu’un plan devint notre projet commun avec l’objectif conjugué de faire le Golf National tout en protégeant définitivement 5 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 6 l’urbanisation d’un grand espace. En 1987, début des travaux, ce n’était qu’un vaste champ, plaine à blé du Château de Versailles dont le Mérantais est justement l’une des portes, vigoureusement traitée aux désherbants sélectifs de l’époque. Le terrain était aussi plat que l’aérodrome voisin, nu en dehors des quelques chênes qui entourent les greens du 3 et du 13, sans la moindre zone aquatique. Même si un golf a besoin de surfaces de jeu engazonnées et entretenues, celles-ci ne représentent que 25 à 30 % de la surface totale. Tout le reste, tant pour le jeu que pour le paysage, est naturel ou tout au moins y aspire. Les vallonnements et plans d’eau créés, leur couverture végétale, les plantations ont petit à petit hébergé une faune nouvelle si je la compare aux seules compagnies de perdreaux levées lors de mes premiers contacts avec le site avant l’arrivée des camions de remblais. J’ai eu plaisir à modeler ce site pendant 3 ans pour y créer le golf que je souhaitais «naturel» et, bien que béotien de la biodiversité, j’avais, en dessinant une zone très peu profonde au début de la grande pièce d’eau des 15 et 18, espéré qu’elle serait peuplée et animée d’une faune variée. Aujourd’hui, j’ai plus de plaisir encore à voir que ce golf si «artificiel» présente un intérêt écologique tout en espérant aussi qu’il recevra un jour prochain la Ryder Cup. Hubert Chesneau Architecte du Golf National 6 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 7 Les parcours de golf, en raison d’une gestion intensive, sont souvent considérés comme des milieux pauvres en biodiversité. Pour connaître réellement l’intérêt écologique de ces espaces, la Fédération Française de Golf et le Muséum national d’Histoire naturelle ont signé une convention «Golf et biodiversité» en juillet 7 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 8 2007. Les inventaires menés au Golf National ont permis de recenser 782 espèces, tous groupes taxonomiques confondus. Plus de 2 600 données viennent ainsi enrichir l’Inventaire national du Patrimoine naturel. La biodiversité des parcours de golf est largement étudiée dans les pays voisins. Ainsi, l’Association Européenne de Golf est dotée depuis 1994 d’une unité d’écologie. Cette dernière a coordonné, en 1995, l’inventaire floristique et avi-faunistique de huit golfs européens. Parmi eux, le Golf National avait été sélectionné pour son caractère «pionnier» et sa configuration novatrice. Malgré cela, la biodiversité des parcours de golf reste peu connue en France. Le Golf National est situé dans le département des Yvelines, à l’intérieur de la communauté d’agglomérations de SaintQuentin-en-Yvelines et sur trois communes : Guyancourt, Magny-les-Hameaux et Château8 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 9 fort. Ces deux dernières font également partie du Parc Naturel Régional de la Haute Vallée de Chevreuse. Le site est entouré, en grande partie, de milieux peu favorables à la biodiversité : zone urbaine à l’ouest et au nord, aérodrome de Toussus-leNoble et cultures intensives à l’est. Seule la forêt domaniale de Port-Royal, au sud, est écologiquement intéressante. Il est important de noter que le terrain occupé aujourd’hui par le golf était soumis à une forte probabilité d’urbanisation. Créé par l’architecte Hubert Chesneau, le golf ouvre en 1990, après trois années de travaux. Il est construit sur des terres agricoles et maraîchères du plateau de Saclay : 1,6Imillion de m3 de remblais pour présenter aujourd’hui un paysage vallonné. Trois parcours se partagent les 140 hectares du site : l’Albatros, l’Aigle et l’Oiselet. 9 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 10 Le Golf National présente une mosaïque d’habitats aux superficies très variées. Les zones de jeu (à forte, voire très forte, intensité de gestionI: départs, fairways, greens, bunkers et zones d’entraînement) couvrent 25 % de la surface totale du site, soit 35 hectares. Les prairies de fauche mésophiles à mésohygrophiles représentent environ 60 hectares soit 46 % de la surface du site. La fréquence de coupe et donc la hauteur de végétation diffèrent selon les secteurs et les exigences du jeu. Les roughs, où l’herbe est laissée la plus haute, constituent des obstacles pour les joueurs. Ils sont surtout présents sur le parcours de l’Albatros. Les massifs arbustifs sont le plus souvent plantés de Genêt d’Espagne (Spartium junceum L.) mais aussi d’Ajonc d’Europe (Ulex europaeus L.) ou rarement de Cotonéasters ornementaux. Ils hébergent une grande partie de la faune présente sur le site. Ils couvrent une grande surface du golf et ont un rôle paysager. 10 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 11 Les bosquets arborés sont composés d’espèces plantées de plus haut jet. Ils sont assez rares (contraintes dues à la présence de l’aérodrome) et plutôt localisés sur le site. On trouve plusieurs espèces de saules et des bouleaux (Betula alba L.) près des plans d’eau. Des bosquets plus denses sont présents aux alentours de la ferme de Villaroy et de la porte de Mérantais. Un bosquet de conifères (Pseudotsuga menziesii Mirb.) est encore présent au sud du site. Une haie champêtre composée d’arbustes épineux et à baie : prunelliers (Prunus spinosa L.), aubépines (Crataegus monogyna Jacq.) par exemple, borde au sud le parcours de l’Aigle. Elle fut plantée en 1996. L’ensemble des bosquets et de la haie couvre environ 5,2 hectares. Une petite chênaie-charmaie résiduelle persiste sur un hectare dans la partie la plus méridionale 11 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 12 du site. Elle ne présente plus de véritable sousbois caractéristique mais certaines espèces inféodées y sont encore visibles. Les plans d’eau et berges occupent environ cinq hectares du site, la plupart regroupés sur le parcours de l’Albatros. Les deux grands étangs présentent des fosses jusqu’à quatre mètres de profondeur et des berges abruptes parfois fixées par des palplanches verticales en bois. La pointe de l’étang de l’Albatros est peu profonde, ce qui a permis à une grande typhaie de s’y développer. Les mares, plus petites et moins profondes que les étangs, ont des berges moins abruptes et sont le plus souvent entourées d’une ceinture 12 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 13 de roselière (Typha sp., Phargmites australis (Cav.) Steud., Phalaris arundinacea L.). Les plans d’eau sont reliés entre eux, et avec le système hydrographique extérieur, par des petits cours d’eau ou rus et des fossés. Durant les périodes de forte pluie, un courant assez important peut y être observé mais ils peuvent aussi se vider en période de sécheresse. Les bâtis et parkings sont également à noter car ils possèdent une surface non négligeablei: 2,4lhectares, et peuvent être des refuges pour certaines espèces de mammifères (Chiroptères notamment), d’Arthropodes (cloportes, carabes) ou d’oiseaux. 13 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 14 BILAN FAUNISTIQUE ET FLORISTIQUE L’ensemble des prospections botaniques a permis de recenser 267 espèces sur le site. Il faut souligner une importante diversité de Fabacées avec 22 espèces herbacées comprenant des vesces, gesses, trèfles, lotiers ou luzernes. Parmi elles, deux sont particulièrement à relever : Latyrus nissalia L. et Lathyrus hirsutus L., respectivement très rare et rare en Ile-de-France. Quelques espèces exotiques semblent aujourd’hui se naturaliser dans la région. Leur présence spontanée est rare (seulement quelques observations en Ile-de-France jus14 Parmi les plantes que l’on peut trouver sur les golfs, les plus prestigieuses, et peut-être les plus spectaculaires sont probablement les Orchidées. Il suffira au golfeur averti sur le Golf National de regarder au bon endroit pour les observer : Ophrys abeille, Orchis bouffon, Spiranthe d’été, Helléborine, autant de noms, autant de formes différentes, autant de mystères à découvrir ! Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 15 Raiponce en épi (Phyteuma spicatum) qu’ici). C’est le cas de Doronicum willdenowii (Rouy) A.W. Hill. Les plans d’eau, fossés ou zones irrégulièrement exondées contribuent de manière non négligeable à la diversité floristique du site. Ils abritent quelques espèces intéressantes : Alopecurus géniculatus L. et Ceratophyllum submersum L. assez rares dans la région et Ranunculus peltatus Schrank, considéré rare. Il est important de noter aussi la présence de plusieurs espèces introduites envahissantes dont la Renouée du Japon (Reyoutria Japonica Houtt) et le Solidage du Canada : (Solidago canadensis L.). Quatre-vingt six espèces de lichens ont été recensées sur le site. Parmi elles, plusieurs sont intéressantes, notamment certaines attestant d’une influence méditerranéenne (Parmelia quercina Willd. par exemple) ou indicatrices de bonne qualité de l’air comme Ramalina fastigiata Liljeb. Le nombre de 46 Bryophytes rencontrées est également assez Le Golf National abrite plusieurs plantes qui, sans être protégées, sont considérées comme rares dans la région. C’est, par exemple, le cas de la Raiponce en épi, une plante cousine des Campanules bien connues. Comme son nom l’indique, ses fleurs blanchâtres ou bleues sont disposées en épi ; elles vivent en sous bois ou en lisière, où vous pourrez les admirer entre juin et août. La Fumeterre grimpante vit sur les murs et les talus. Ses fleurs d’une forme particulière sont également reconnaissables par leurs couleurs, de blanc pur et rouge profond mêlés. Vous pourrez admirer les feuilles pelucheuses et dentées de l’Epiaire d’Allemagne à partir de mai, jusqu’en septembre, au pied des haies. Fumeterre grimpante (Fumaria capreolata) 15 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 16 important pour un site comme celui-ci. Cryphaea heteromal L., espèce peu commune en Ile-de-France, est présente. Les lichens sont un drôle de mélange : un champignon qui accueille en son sein des algues… Ces algues apportent au champignon leur chlorophylle, permettant ainsi à l’ensemble formé par les deux, le lichen, d’effectuer la photosynthèse ! Les lichens pouvant se nourrir d’à peu près tous les types de substrats, sont donc adaptés à la vie dans presque tous les milieux terrestres du monde ! De nombreux lichens se développent sur le Golf National ; vous pourrez voir des Cladonia, des Lécidelles (dont certaines espèces sont des indicateurs de qualité de l’air), des Xanthoria (nommés ainsi en raison de leur couleur jaune-orangé)… Gouet maculé Arum maculatum 16 Campanule à larges feuilles (Campanula latifolia) Une plante à l’aspect étrange est le Gouet maculé, avec sa fleur unique qui constitue un piège à insectes : ceux-ci, attirés par les odeurs que dégage la base de la fleur (qui forme une cavité), vont s’y aventurer. Et ils vont y rester prisonniers ! En effet, le goulot d’étranglement est bordé de poils empêchant toute remontée des insectes. La plante s’assure ainsi que, si ses visiteurs sont passés par une autre fleur auparavant, ils déposent bien leur pollen sur les organes femelles opportunément matures à ce moment-là ! Ensuite, les organes mâles se développent, puis la fleur s’assèche et libère le passage aux insectes, libres alors d’aller en féconder d’autres fleurs ! Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Vesce cultivée (Vicia sativa) Millepertuis perforé (Hypericum perforatum) Page 17 Certaines plantes ont la faculté de se servir des autres pour aller chercher la lumière. C’est le cas, par exemple, des Vesces, des Gesses, de la clématite, du lierre… Toutes ces espèces disposent de moyens pour s’appuyer sur des supports, vivants ou non : crochets, vrilles, crampons…Ainsi la Gesse hirsute, qui vit au sein de plantes herbacées et s’en sert comme support pour aller chercher la lumière, par phototropisme. Notez que le lierre, qui dispose de crampons pour aller chercher la lumière, ne vole en aucun cas la sève aux arbres qui lui servent de support ! Il peut les alourdir un peu, et prendre la place des feuilles que ces arbres pourraient développer, mais n’est pas un parasite au contraire du gui. Les millepertuis sont reconnaissables à leurs feuilles contenant de nombreuses glandes à huiles essentielles. Quand on regarde une feuille de millepertuis à contre-jour, c’est comme si elle était percée d’une multitude de petits trous (d’où le nom de millepertuis : un pertuis était autrefois un trou ou un passage étroit)… Ce sont les vésicules à huile essentielle qui sont transparentes et qui donnent l’impression que la feuille est percée. Ces huiles essentielles contenues dans ses feuilles donnent aux millepertuis leurs propriétés médicinales, notamment antidépressives. 17 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 18 Parmi toutes les plantes que l’on peut rencontrer dans la nature, nombre d’entre elles sont comestibles ; nous avons oublié, dans la plupart des cas, d’où nous viennent nos légumes… Ainsi la Carotte, qui pousse naturellement dans nos régions, est présente sur le golf, comme son cousin le Panais, cette plante au goût très prononcé. C’est également le cas de l’Alliaire, une plante commune de sous-bois et de lisière, aux fleurs blanches disposées au sommet de tiges frêles et assez basses. L’Alliaire a la particularité de dégager la même odeur et d’entrer dans les mêmes saveurs que l’ail (elle peut d’ailleurs parfumer vos salades), d’où son nom ; mais ce qui est surprenant, c’est qu’elle est en réalité de la famille du choux et du colza… D’autres plantes comestibles sont présentes sur le golf : le Robinier faux-acacia, dont on se sert des fleurs pour faire des beignets, ou le Gléchome, une plante très discrète aux fleurs mauves qui était utilisée autrefois pour faire de la bière, dans les régions sans houblon. 18 Qui ne connaît pas le géranium, la plante la plus cultivée en jardinière ? En réalité, on devrait appeler cette ornementale Pelargonium, son nom exactl; les géranium, eux, sont ses petites cousines qui poussent naturellement chez nous. Il en existe de nombreuses espèces ; il n’y en a d’ailleurs pas moins de cinq sur le Golf National, dont certains ont des noms bien étranges : Pied de pigeon, Herbe à Robert… Tous les géraniums ont un point commun : leur mode de dissémination. En effet, les fruits sont constitués dans cette famille de deux parties : un long éperon surmontant une base renflée, qui contient les graines. L’éperon, au cours de la maturation du fruit, va se vriller sur lui-même, se transformant ainsi en une sorte de ressort, qui va bientôt être suffisamment fort pour faire se détacher violemment les graines de leur support, les projetant ainsi en l’air. Surmontées d’un support plumeux, les graines sont portées à quelque distance à la fois par la force de la projection et par le biais du vent, et vont donc germer un peu plus loin ! Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 19 MAMMIFÈRES Quatorze espèces de mammifères sont présentes, ce qui constitue un peu plus du quart de la faune mammalogique d’Ile-de-France. Sept d’entre elles sont protégées au niveau international. Les lapins de garenne sont très nombreux. Le piégeage a permis de noter que certains campagnols (Microtus arvalis Pallas) ou musaraignes (Crocidura russula Herm.) sont également bien représentés. Les chauve-souris, contactées par écoute des ultra-sons, ne sont pas toutes identifiées pour le moment. Seule, la présence de Pipistrellus pipistrellus L. est certaine, deux autres espèces au moins sont détectées. Campagnol Le Golf National abrite un mammifère d’un groupe un peu particulier puisqu’il s’agit de la Pipistrelle, une chauve-souris. Les chauvesouris sont les seuls mammifères à avoir conquis la voie des airs, à l’aide de la fine membrane qui relie leurs doigts. La Pipistrelle est la plus petite espèce européenne de chauve-souris ; la longueur totale de son corps ne dépasse pas la longueur de la deuxième phalange de votre pouce ! C’est l’espèce la plus commune de France. Elle va profiter des anfractuosités des roches ou de votre grenier pour hiverner et, en été, va chasser la nuit venue au-dessus des plans d’eau ou des zones éclairées. Musaraigne 19 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 20 OISEAUX Le Golf National est un refuge important pour les oiseaux. De nombreuses espèces, plus de 70, ont été relevées, dont la plupart potentiellement nicheuses. (Un nombre significatif d’espèces est inféodé aux milieux ouverts tels les friches et les pelouses). Des populations de densités exceptionnelles pour l’Ile-de-France, de Fauvette grisette (Sylvia communis Latham) et surtout de Traquet pâtre (Saxicola torquata L.), s’y rencontrent. Pipit farlouse (Anthus pratensis) 20 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 21 Le Traquet pâtre est un petit oiseau des prairies aux couleurs très contrastées : son poitrail rouge tranche sur le blanc de son cou, et sur le noir profond de ses ailes et de sa tête. On le nomme pâtre en raison de son habitude de se percher au sommet d’herbes hautes ou de branches, comme s’il voulait surveiller un troupeau ! Traquet pâtre (Saxicola torquata) La Cisticole des joncs est une habituée des roselières. C’est un petit passereau discret aux couleurs chamois, qui survole les roseaux en émettant son petit cri répétitif et très reconnaissable. Cisticole des joncs (Cisticola juncidis) 21 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 22 Certaines espèces d’intérêt patrimonial dans la région méritent d’être relevées, comme la Cisticole des joncs (Cisticola juncidis Rafi.), nicheuse occasionnelle en Ile-de-France ou encore le Grèbe castagneux (Tachybaptus ruficollis Pallas) et le Pipit farlouse (Anthus pratensis L.). Les plans d’eau représentent des haltes pour de nombreuses espèces piscivores. Ainsi, le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus L.), le Martin pêcheur (Alcedo atthis L.) et le Héron bihoreau gris (Nycticorax nycticorax L.) sont aperçus et s’y alimentent. Le Héron cendré (Ardea cinerea L.) est omniprésent sur le site. Fauvette grisette (Sylvia communis) 22 La Fauvette grisette préfère les zones buissonnantes où elle peut abriter son nid dans un fourré inextricable afin de le protéger des prédateurs en maraude comme les chats. Grisette, en raison du masque gris qui couvre le haut de sa tête jusque sous les yeux, audessus d’un corps blancchamois aux ailes brunes. Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 23 Chant des oiseaux Le Bouvreuil pivoine est un passereau si spectaculaire avec son poitrail écarlate et pourtant si discret. On a le plus de chance d’entendre son chant flûté et un peu mélancolique près des conifères du Golf, dont il affectionne les bourgeons ! Bouvreuil pivoine (Pyrrhula pyrrhula) Grive musicienne (Turdus philomelos) Hypolaïs polyglotte (Hippolais polyglotta) Tout le monde connaît le chant de la Grive musicienne, même sans savoir que c’est d’elle dont il s’agit…C’est un des premiers chants du matin, fait d’une répétition de strophes variées et très puissantes. Cette cousine du merle ne se cache pas pour chanter ; elle se perche au plus haut pour faire admirer son poitrail crème taché de noir. Au contraire, le Rossignol philomèle, également présent sur le Golf, fait tout l’inverse. Extrêmement discret la journée, même si on peut tout de même l’entendre chanter, il a l’habitude de chanter plutôt tard dans la soirée, quand le soleil est déjà couché. Et c’est un virtuose ! Que dire, également de l’Hypolaïs polyglotte, la biennommée…Ce petit passereau discret affectionne les fourrés alternant avec des milieux ouverts. Sa particularité est d’intégrer à son chant des imitations quasi-parfaites du chant des autres oiseaux ! Ce qui fait qu’on a parfois l’impression d’entendre un Merle, qui se muerait en Fauvette, pour finalement évoluer en un Accenteur ou un Troglodyte ! 23 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 24 TÉLÉOSTÉENS (POISSONS) Huit espèces de poissons ont été observées sur le site. Parmi elles, deux sont protégées : l’Able de Heckel (Leucaspius delineatus Heckel) au niveau international et le Brochet (Exox lucius L.) au niveau national. De plus, trois espèces sont exotiques : la Carpe amour (Cténophayngodon idella Val.), la Carpe miroir (Cyprinus carpio L.) et la Perche soleil (Lepomis gibbosus L.). Ces deux dernières sont également envahissantes. 24 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 25 25 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 26 Un déséquilibre des populations piscicoles est suspecté dans la plupart des plans d’eau. Les gros prédateurs semblent en nombre insuffisant face aux phytophages introduits volontairement. Cela permet à leurs proies potentielles, comme les Perches soleil, de pulluler. 26 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 27 AMPHIBIENS Sept espèces d’amphibiens sont présentes sur le Golf National (12 en Ile-de-France) : quatre grenouilles, un crapaud et deux tritons. Toutes ces espèces sont protégées juridiquement mais ont été classées de préoccupation mineure sur la liste rouge nationale. Cependant, la reproduction de Grenouille rousse (Rana temporaria L.) est intéressante. Une importante population de Grenouilles rieuses (Pelophylax ridiunda Pallas), espèce introduite, a envahi les plans d’eau du site. Les deux tritons (Lissatriton vulgaris L. et Lissotriton helveticus R.) se retrouvent dans les mares dépourvues de poissons au nord du golf. Tout le monde connaît les grenouilles, mais peu savent qu’il existe plusieurs espèces de Grenouilles vertes (par exemple, les Grenouilles rieuses et vertes), et moins encore connaissent l’existence des Grenouilles brunes dont il existe également plusieurs espèces, comme la Grenouille agile et la Grenouille rousse que vous pourrez voir sur le Golf. Elles vivent une partie de l’année sur la terre ferme, chassant en été les insectes de rencontre, et hibernant à la saison froide avant de chercher dès le redoux les points d’eau où elles se reproduiront. Malgré leur allure de petits dragons, les tritons sont inoffensifs ; en fait, ils sont très vulnérables à la destruction de leurs milieux, à tel point qu’ils sont désormais tous protégés. Comme tous les Amphibiens, les tritons sont dépendants des communications entre les milieux aquatique et terrestre.Ainsi, des berges trop abruptes les empêcheront d’accéder, le printemps venu, à la mare qui leur servira de lieu de reproduction. 27 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 28 L’Anax empereur est, lui, une grande Libellule commune, à l’abdomen turquoise ou verdâtre également orné de dessins noirs. Il est difficile de dire de lui qu’il est discret ! Très territorial, il patrouille sans arrêt «son» plan d’eau ou secteur de plan d’eau, et son aspect justifie le nom anglais des Libellules : Dragonfly, «Mouche-dragon». ODONATES Un inventaire de ce groupe a permis de répertorier dix espèces. L’une d’entre elles est protégée en Ile-de-France : l’Agrion nain (Ischura pumilio Charpentier). Elle a été observée sur un grand nombre de plans d’eau du site. Les Odonates sont connus pour être des indicateurs de la qualité de l’eau. Le Caloptéryx éclatant (Caleopteryx splendens Harris) semble rare sur le site et ne s’y reproduit probablement pas. Au contraire, des populations importantes d’espèces communes comme Coenagrion puella L. et même peu sensibles à la pollution des eaux comme Ischnura elegans 28 Il est bien rare qu’une pièce d’eau ou qu’un cours d’eau au printemps ne soit pas survolé par des Libellules, ou des Demoiselles. Ces deux groupes appartiennent tous deux à l’ordre des Odonates et on les différencie facilement : les Demoiselles sont souvent plus fines, et au repos, leurs ailes sont le long du corps, contrairement aux Libellules, plus fortes, et dont les ailes restent toujours perpendiculaires au corps. Tous les Odonates sont des prédateurs dont la particularité est d’avoir une mâchoire inférieure capable de se projeter en avant, pour capturer plus facilement des proies volantes. L’Agrion nain, est une des Demoiselles du groupe des Agrions, petits insectes fins, dont les mâles sont souvent bleus ornementés de noir. Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 29 V. Linden s’y développent. Il est intéressant de Le Lucane cerf-volant est assez connu en raison de noter la présence de Sympecma fusca V. Linden la morphologie du mâle ! qui est la seule libellule à hiberner à l’état adulte. Pour cela, elle possède comme habitat privilégié les zones humides entourées de friches ou de zones boisées. De manière générale, les petits plans d’eau du Golf National semblent des milieux très intéressants pour les Odonates. De nombreuses espèces paraissent s’y reproduire. Ses mandibules démesurées rappelant des bois lui ont valu son nom. Il a la parti- COLÉOPTÈRES Sur les 88 espèces recencées, aucune n’est protégée mais 2 sont intéressantes. La première est un petit Carabique commun (Anchomenus dorsalis), sensible aux traitements phytosanitaires et donc en régression dans la région. La seconde est Donacia Vulgaris, chrysomélidé inféodé aux milieux aquatiques et peu commun en Ile-de-France. La Coccinelle asiatique, espèce exotique envahissante, est très abondante sur le site. La cohorte dominante sur le Golf National semble être celle des espèces messicoles regroupant surtout des insectes communs comme Poecilus cupreus L., Pterostichus melanarius Illiger ou Pseudoophonus rufipes De Geer. Il s’agit d’espèces prédatrices et non floricoles. cularité de se développer, quand il est au stade de larve, dans le tronc des vieux arbres ou des arbres morts ; le fait de les enlever systématiquement est la principale raison pour laquelle cet insecte est en diminution depuis plusieurs dizaines d’années. Le Dytique est un coléoptère entièrement aquatique, un prédateur de grande taille capable de s’attaquer à des têtards ou à des alevins ! Sa larve est également une féroce consommatrice d’autres larves aquatiques. Les pattes de l’adulte sont bordées de cils, pour former une nageoire lui permettant de se déplacer, et il doit remonter souvent à la surface pour emprisonner de l’air sous ses élytres afin de survivre sous l’eau, un peu comme un scaphandrier qui transporterait sa bulle d’air. 29 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 30 LÉPIDOPTÈRES 87 espèces sont inventoriées. La majorité concerne des espèces communes. Cependant, la présence de Thymelicus lineaola O. est remarquable. En effet, cette espèce passait pour éteinte dans la région avant d’être retrouvée récemment à Gif-surYvette (Essonne). Quelques papillons peu communs sont également présents : certains typiques des friches héliophiles comme Tyria jacobaeae L. ou Ectypa glyphica L., d’autres des milieux humides tels Calamotropha paludella Hübner. et Witlesia pallida Curtis. L’Ancylolomia tetaccullea Hb., espèce des pelouses sèches, est rare en Ile-de-France. 30 Il existe de nombreuses espèces de papilons,, certaines très discrètes, comme le brun Tircis qui vit surtout en sous-bois. Comme tous les papillons, il pond ses œufs sur des plantes bien précisesl; en l’occurrence il s’agit surtout de Graminées communes. D’autres sont de véritables palettes de couleurs volantes, comme, par exemple, les Azurés. Ce groupe comporte de nombreuses espèces de petits papillons bleus éclatants que l’on peut admirer dans pratiquement tous les milieux. L’Azuré de la Bugrane, ou Argus bleu, a les ailes bleu vif ornées d’une marge blanche (chez le mâle en tout cas ; la femelle est brune avec des chevrons orange). Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 31 HÉTÉROCÈRES Les papillons nocturnes sont tout à fait dignes d’être regardés. Pour prendre un exemple présent sur le golf, l’Ecaille du séneçon est un petit papillon dont la chenille se nourrit aux dépens du séneçon, petite composée très commune. Les ailes noires aux taches rouges de ce papillon l’ont fait surnommer «Goutte de Sang». La Noctuelle (Noctua comes) a des ailes antérieures plutôt ternes, mimétiques : la meilleure protection pour un papillon. Par contre, ses ailes postérieures sont d’un orange éclatant orné d’une barre noire transversale. 31 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 32 ORTHOPTÈRES Deux des onze espèces inventoriées sont protégées régionalement : le Grillon d’Italie, (Oecanthus pellucens Scop.) et le Conocéphale gracieux (Ruspolia nitidula Scop.). Ce dernier est également inscrit comme déterminant ZNIEFF en Ile-de-France, ainsi qu’une troisième espèce : Metrioptera roeselii Hgbch. La Grande Sauterelle Verte (Tettigonia viridssima L.) était particulièrement abondante en 2008. 32 Les Orthoptères sont un groupe d’insectes caractérisés par leurs grandes pattes qui leur permettent d’effectuer des bonds immenses proportionnellement à leur taille (ce n’est toutefois rien comparé au saut d’une puce). Vous les aurez reconnus : sous ce nom se cachent, entre autres, sauterelles et criquets. Les criquets ont des antennes courtes, et les sauterelles des antennes longues (plus de la moitié de la longueur du corps). Le Conocéphale gracieux est une sauterelle bien reconnaissable à sa tête en coin, et aussi à la longue excroissance que porte la femelle à l’arrière de son corps. Ne craignez rien ! Cette tarière ne sert qu’à déposer les œufs au bon endroit lors de la ponte. C’est d’ailleurs comme cela qu’on reconnaît une femelle de sauterelle : elles possèdent toutes une tarière, plus ou moins développée. Par exemple, la Grande Sauterelle Verte femelle en possède une, mais qui est souvent cachée sous les ailes qui sont très longues chez cette espèce. Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 33 MOLLUSQUES Trente et une espèces de mollusques ont été inventoriées au Golf National. Parmi les Gastéropodes, cinq sont dulcicoles, les autres sont terrestres, dont la limace : Deroceras agreste L. La plupart des espèces sont ubiquistes et se retrouvent fréquemment dans les espaces anthropisés. Parmi les espèces d’eau douce, Physa fontinalis L. semble assez rare dans la région. Il peut être aussi intéressant de noter les exigences de ces espèces face à la qualité des eaux. Ainsi, Ferrissia clessiniana Jickeli, est moyennement sensible à la pollution des eaux. Le Petit gris, bien connu, est présent dans toute la France, il est donc normal de le trouver au golf. On connaît bien sûr leur activité de consommation de salade et leur goût pour les lieux humides ; ce qu’on sait moins est que les Gastéropodes sont parmi les premiers animaux à avoir posé pied sur terre. En effet, leur vie dans le milieu aquatique leur a fait développer de nombreuses adaptations comme leur pied, justement, pour se déplacer. Leur coquille est également un avantage sélectif (elle les protège mais également maintient leur humidité) ; une partie s’est d’ailleurs transformée en un unique poumon. Enfin leur langue, une sorte de tapis roulant muni de dents, leur confère le titre de premier animal brouteur du monde. Tous ces caractères réunis leur ont permis il y a plus de 400 millions d’années de se hisser sur la terre ferme, en compagnie des insectes. 33 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 34 ARAIGNÉES Onze des 40 familles présentes en France sont observées. Deux familles sont prédominantes : les Liiniphydes et les Lycosides, caractérisées par un mode de vie au sol. Leur nombre de pattes vous paraît-il incongru ? Leur habitude de se fourrer dans les recoins les plus obscurs ou leurs mœurs carnivores vous répugnent-ils ? Les araignées ont mauvaise réputation. C’est une banalité, mais comment ne pas l’énoncer ? Elles ont la réputation d’être les meilleures fileuses du monde, et leurs ouvrages, qu’on les apprécie ou pas, sont des modèles de géométrie et de délicatesse. Mais nombre d’araignées ne filent pas ou très peu ! Ce sont les espèces qui courent au sol et chassent leurs proies à vue. On en rencontre plusieurs espèces sur le Golf National, comme les Pardoses, qui vivent dans les milieux herbeux ou boisés. 34 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 35 RÉSULTATS PAR MILIEU PRAIRIES DE FAUCHE Ces habitats représentent une grande surface sur le site du Golf National. Essentiellement composés de Poacées et Fabacées, ils sont intéressants s’ils ne sont tondus qu’une ou deux fois par an. Il s’agit, en effet, du milieu « naturel » qui voit sa surface en Ile-de-France diminuer le plus rapidement. Des espèces végétales intéressantes telles Lathyrus nissolia L. s’y développent ainsi que certaines orchidées, Ophrys apifera Huds. et Anacamptis pyramidalis L. La faune commune des espaces cultivés y est présente : Campagnol des champs, Perdrix grise, Faisan de Colchide, Coléoptères messicoles. Un certain intérêt réside dans ces milieux pour les 35 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 36 Orthoptères. Le peu d’espèces végétales floricoles, comme celles de la famille des Astéracées, est à déplorer. Une gestion différenciée les privilégiant serait à envisager. ZONES DE STOCKAGE Ces milieux sont assez riches en biodiversité. Ceci est dû à l’hétérogénéité à l’intérieur même de ces espaces. Ils offrent aux animaux une multitude de cachettes et aux plantes de nombreux substrats. Une importante richesse floristique est observée, le plus souvent très commune. On trouve, pourtant, Carduus tenuiflorus Curtis rare en Ile-de-France et Fumaria Capreolata. MEULIÈRES Ces constructions issues de remblais pourraient héberger une flore typique des milieux secs ou de rocaille ce qui ne semble pas être le cas. Les espèces qui s’y développent sont celles de terrains vagues. La mare située au début du parcours de l’Oiselet est bordée sur toute sa partie ouest de ces meulières. L’association de ces deux milieux pourrait potentiellement convenir au Crapaud accoucheur, (Alytes obstetricans Laurenti). CHÊNAIE-CHARMAIE RELICTUELLE Il est nécessaire de faire, ici, la distinction entre l’alignement des chênes centenaires et le «triangle» composé de chênes plus jeunes, charmes et châtaigniers au sud. Les vieux arbres peuvent constituer des habitats pour un nombre d’ani36 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 37 maux (oiseaux, mammifères comme les loirs, lérots, écureuils, chauve-souris ou encore Coléoptères saproxyliques). La partie boisée plus au sud semble plus typique. Il n’y a plus de sous-bois véritable mais quelques espèces particulières persistent comme Luzula forsteri Sm., Anemone nemorosa L. et même Phyteuma spicatum L., rare en Ile-de-France. Au niveau entomologique les espèces observées sont, de manière générale, moins ubiquistes (Grillon des bois, Collier de corail). C’est aussi ici que le Lézard des murailles a été aperçu. MASSIFS ET HAIES Les massifs épars de Genêt d’Espagne (Spartium junceum L.) ont un intérêt ornithologique certain. Ils permettent la nidification de nombreux oiseaux, parfois peu communs en Ile-de-France, voire remarquables. C’est égale37 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 38 ment dans ces milieux qu’est trouvée la plus grande diversité de micro-mammifères (campagnols, mulots et musaraignes). la haie plantée au sud du parcours de l’Aigle est particulièrement intéressante. Les arbustes à baies constituent une source de nourriture importante pour les oiseaux. La diversité entomologique y est plus grande que dans les massifs. L’intérêt de cette partie du site réside également sur sa disposition en linéaire sur près d’un kilomètre de long et sur son association avec une bande de deux mètres de large de friche relativement riche en espèces à fleurs (Heracleum sphondylium L., Daucus carota L., Senecio jacobae L.). ZONES HUMIDES Les plans d’eau sont les milieux les plus riches du site. Ils sont également ceux où les potentialités sont grandes. La majorité des espèces patrimoniales (et cela pour plusieurs groupes) se concentrent autour des plans d’eau. La présence de Donacia vulgaris Zschach, un coléoptère dont la larve vit dans l’eau en respirant via le parenchyme des roseaux, et celle de Dysticus marginalis L. sont particulièrement à noter. Parmi les autres invertébrés associés à ce milieu, remarquons l’Agrion nain, Odonate protégé en Ilede-France ou encore la Petite Limnée. Tous les Batraciens protégés sont inféodés aux zones aquatiques. La présence du Triton ponctué (Lissotriton vulgaris R.) retient l’attention. Parmi les poissons, l’Able de Heckel est également protégé. D’autre part, les plans d’eau sont des aires de nidification ou de nourrissage pour 38 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 39 un grand nombre d’oiseaux. Les Grèbes castagneux et huppés s’y reproduisent. Le Héron cendré vient souvent y pêcher. Un Balbuzard pêcheur y a même été aperçu venir s’alimenter. La végétation aquatique ou des bords des eaux est assez peu diversifiée mais quelques espèces remarquables sont présentes : Ranunculus peltatus L. par exemple. Grèbe castagneux À la périphérie des petits plans d’eau et au sud de l’étang de l’Albabros se trouvent des ceintures de roselières. Ce sont des habitats particuliers, riches et indispensables à la reproduction des Amphibiens, des oiseaux d’eau et des Odonates. La mare de Villaroy, irrégulièrement exondée sur une grande partie de sa surface, est un milieu particulièrement remarquable. Les deux grands étangs constituent des sites de chasse très appréciés des Chiroptères. Il semble qu’au moins trois espèces s’y retrouvent, alors que seule la Pipistrelle commune est notée ailleurs. 39 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 40 En conclusion, il est clair que le point fort du site réside dans la relative hétérogénéité des habitats qui le composent. Il est essentiel de retenir l’intérêt des zones périphériques, particulièrement la haie champêtre et la petite partie boisée au sud. Les milieux humides abritent de nombreuses espèces patrimoniales. La diversité des plans d’eau et la grande surface de roselières sont des atouts considérables. Il est, enfin, important de rappeler que la prairie de fauche est aujourd’hui le milieu en plus forte régression en Ile-de-France. ÉVALUATION DE L’INTÉRÊT ÉCOLOGIE DU SITE À PLUS GRANDE ÉCHELLE L’étude d’un site ne suffit pas à faire son diagnostic écologique. Il faut, le plus souvent comparer sa richesse avec celle des milieux adjacents ou celle de milieux semblables peu éloignés, et, si possible, travailler avec des études antérieures du site lui-même. Grèbe huppé 40 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 41 ÉTUDE TEMPORELLE Pour la flore et l’avifaune, le site a fait l’objet d’une étude en 1995 par la société Ecosphère ; la comparaison des résultats obtenus alors et ceux de 2008 permettent de tirer quelques conclusions. Au niveau ornithologique, la richesse spécifique supérieure de 2008 (72 espèces pour 43 en 1995) peut être seulement due à un effort d’échantillonnage plus important. Il convient tout de même de noter l’apparition de la Cisticole des joncs, espèce nicheuse occasionnelle dans la région. Six espèces observées en 1995 n’ont pas été retouvées : trois migratrices et trois nicheuses communes (Bouvreuil pivoine, Fauvette des jardins et Grive draine). Du point de vue botanique, les prospections réalisées en 2008 apportent un grand nombre de nouvelles espèces. Deux explications, entre 41 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 42 autres, sont possibles : la même que précédemment, ou le vieillissement du milieu. Ainsi, il est intéressant de noter l’apparition d’une dizaine d’espèces de Fabacées. Cependant, l’élément le plus informatif de cette comparaison est la disparition de la moitié des plantes à valeur patrimoniale. Sept des quatorze espèces (très rare, rare, assez rare ou assez commune) recensées par Ecosphère n’ont pas été retrouvées. Or, parmi elles, six sont des espèces aquatiques (Renoncules aquatiques, Potamots, Myriophylle). Ce résultat met à jour un dysfonctionnement dans l’équilibre de la gestion des milieux aquatiques. La cause de ces disparitions est, probablement, l’introduction de poissons phytophages dans le but de nettoyer les plans d’eau. ÉTUDE SPATIALE Le programme Vigie-Plantes a pour but de recenser la flore commune de la région Ile-deFrance (Anon, 2008a). L’une des parcelles est située à la périphérie du Golf National, au nord-est du parcours de l’Aigle. La comparaison des deux études est rendue possible par l’utilisation du même protocole. Les placettes situées à l’intérieur des champs montrent un intérêt floristique très pauvre de ces milieux (six espèces). Par contre, les chemins et fossés alentours possèdent une diversité spécifique plus importante comprenant des espèces ordinaires, communes aux friches du golf. De manière générale, la diversité floristique trouvée sur le golf par cette méthode est supérieure à celle du milieu adjacent (107 espè42 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 43 ces contre 73) et très supérieure à celles des zones cultivées proprement dites. La forêt de Port-Royal, située juste au sud du golf, fait actuellement l’objet de prospections naturalistes. Elle possède un intérêt floristique, de par sa «naturalité» et la présence d’espèces remarquables. L’intérêt du Golf National semble résider, à l’échelle spatiale supérieure, dans plusieurs constatations. Ses atouts sont, tout d’abord, la relative hétérogénéité des milieux qui le composent et sa nature de milieu ouvert, se raréfiant en Ile-de-France. Ce site apparaît comme intéressant face à certains de ses milieux adjacents comme les zones de cultures intensives ou la ville nouvelle. 43 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 44 ÉVALUATION DU RÔLE DU SITE COMME CONTINUITÉ ÉCOLOGIQUE La mise en place de la trame verte et bleue est une préoccupation actuelle comme l’a montré l’importance de ce sujet dans les thèmes étudiés au cour du Grenelle de l’environnement. Le site d’étude entre dans le projet de la ceinture verte d’Ile-de-France présenté par l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région Ile-deFrance. Le premier plan d’action de la Stratégie régionale pour la biodiversité concerne les continuités écologiques. Il a pour objectif de restaurer celles-ci selon le schéma directeur de la région Ile-de-France. La dernière révision de ce schéma date de 2007 et comprend cinq réseaux. Trois d’entre eux interviennent dans notre étude : le réseau des zones humides, le réseau herbacé et le réseau arboré. Le site d’étude du Golf National présente un intérêt local non négligeable. En effet, les plans d’eau du site peuvent former une continuité entre les deux vallées voisines : celles de la Bièvre au nord et de la Mérantaise du Sud. Plus localement encore, le réseau hydrographique du golf peut permettre des déplacements d’espèces entre la Rigole de Guyancourt et le Bois des Roches. Pour cela, des conditions particulières doivent être réunies (très bonne qualité de l’eau, peu ou pas de poissons, présence d’abris en branchages et pierres près des plans d’eau…). De plus, les prairies de fauches et les bosquets ou massifs peuvent s’inscrire dans les réseaux correspondants. La haie champêtre (aubépines, prunelliers…) au sud-est du parcours de l’Aigle est un élément constitutif remarquable du réseau arboré. 44 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 45 Cette étude constitue, à ce jour, l’inventaire probablement le plus complet réalisé sur un golf en France. Des prospections supplémentaires per-mettraient, cependant, de compléter les don-nées acquises. L’étude des milieux aquatiques seraient à approfondir. Cet inventaire montre que l’intérêt écologique du site d’étude est réel ; la position géographique de celui-ci, entre ville nouvelle et cultures, lui confère un rôle de refuge pour certaine espèces. Cette position présente également un intérêt au niveau des continuités écologiques locales. Cette étude aidera les gestionnaires du site à mieux appréhender les enjeux en termes de biodiversité et le suivi leur permettra de mesurer les résultats des méthodes de gestion mises en œuvre. Il existe une marge importante de progression dans la gestion des golfs vis-à-vis de la biodiversité. Les études de ce type mériteraient de se multiplier, les enjeux écologiques d’un parcours de golf se déterminant, en effet, au cas par cas. La localisation géographique du site doit être prise en compte, ainsi que l’occupation du sol des espaces périphériques et la nature du terrain originel. 45 Doc Plaq_FFGolf2009 46 8/07/09 17:56 Page 46 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 47 TERMES SCIENTIFIQUES : Bryophytes : mousses. Odnates : libellules. Chiroptères : chauves-souris. Orthoptères : sauterelles, criquets et grillons Dulcicole (espèce) : se dit d’une espèce d’eau douce. Patrimoniale (espèce) : se dit d’une espèce présentant un enjeu de conservation au niveau régional ( = espèce d’intérêt patri-monial). Entomologique (diversité) : diversité en Insectes. Exotique (espèce) : se dit d’une espèce lorsque celle-ci est observée hors de son aire de répartition naturelle ( = allochtone ou exogène ou étrangère). Gastéropodes : escargots. Habitat : milieu défini par des facteurs abiotiques et biotiques spécifiques où vit l’espèce à l’un des stades de son cycle biologique. (D’après la Directive. Habitats 92/43/CEE). Phénologie (en botanique) : étude des variations morphologiques des plantes en relation avec variations saisonnières. Rhopalocères : papillons de jour Trame verte : maillage écologique, local ou régional, regroupant les zones de connexion biologique et les habitats qu’elles relient. Ubiquiste (espèce) : se dit d’une espèce capable de coloniser des habitats très variés et qui de ce fait ne présente aucune inféodation à un type de biotope donné. Hétérocères : papillons de nuit Indicatrice (espèce) : se dit d’une espèce animale ou végétale dont la présence ou l’absence révèle certaines caractéristiques de l’environnement. Indigène (espèce) : se dit d’une espèce lorsque celle-ci est observée dans son aire de répartition naturelle. Invasive (espèce) : se dit d’une espèce exotique qui perturbe l’écosystème dans lequel elle s’est installée ou sa biodiversité indigène (envahissante). Lépidoptères : papillons. Messicole (espèce) : se dit d’une espèce inféodée aux zones agricoles Vernale (espèce végétale) : plante printanière ou précoce, qui disparaît en été. ZNIEFF : Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique. Programme d’inventaire national ayant pour objectif d’identifier et décrire des secteurs présentant de fortes capacités biologiques et un bon état de conservation. Une espèce déterminante ZNIEFF est : soit, protégée, soit rare ou menacée, soit à répartition particulière (endémisme, aire disjointe, limite d’aire…). L’inscription d’un site en ZNIEFF, se fait au cas par cas. La présence de l’espèce ne suffit pas toujours. Il faut prendre en compte, entre autres, les facteurs de fidélité au site d’abondance. De plus, les critères varient selon les régions. 47 Doc Plaq_FFGolf2009 8/07/09 17:56 Page 48 GOLF NATIONAL - NATURELLEMENT est une publication de la FFGolf - juin 2009 - tirage 60 000 exemplaires Gratuit - Ne peut être vendu - Directeur de la publication : Christophe MUNIESA - Rédacteur en Chef : Jérôme PARIS - Textes : YAN CORAY et Rose-Line PREUD'HOMME - Création : CAUMON - UNE BELLE AGENCE Illustrations : Patrice CAUMON - Ont collaboré à cet ouvrage : Hubert CHESNEAU, Géraud DOYOTTE, Olivier GARCIA, Basile LENOIR, Olivier ROCHE, Françoise VIRLOGEUX, la Direction de la Communication de la Communauté d'Agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, GENERALI FRANCE ASSURANCES. - Réalisation et coordination : Fédération Française de Golf - Tous droits de reproduction, traduction et adaptation réservés pour tous pays. - Imprimé en C.E par Label-pps chez Prenant sur papier éco-labellisé Certifié PEFC/ 10-31-1291 ISBN : 2-9524178-8-4 - EAN : 9782952147880 Golf National Avenue du golf - 78280 Guyancourt Tél : 01 30 43 36 00 - Fax : 01 30 43 85 58 - www.golf-national.com