Discours de M. Robert Zougmoré, Coordonnateur du programme CCAFS à l’ouverture des journées de l’adaptation au changement climatique au Yatenga, 01-02 avril 2014, Ouahigouya, Burkina Faso Monsieur le Gouverneur de la région du Nord, Monsieur le Chef de programme de l’UICN Burkina, Monsieur le Maire de la ville de Ouahigouya, Mesdames et Messieurs, à vos titres, grades et rangs respectifs; C’est un réel plaisir pour moi de prendre la parole à cette importante rencontre de partage, mais aussi une rencontre qui va discuter du partenariat nécessaire pour mieux soutenir l’adaptation des communautés rurales aux défis environnementaux auxquels la région du Nord est exposée dans le contexte des changements climatiques. Comme vous le savez, la variabilité et le changement climatique constituent une menace sans précédent pour la sécurité alimentaire et les moyens d’existence de centaines de millions de personnes dans le monde. En Afrique de l’Ouest en général et au Sahel en particulier, la menace du changement climatique est plus que préoccupante car les populations sont en majorité pauvres et leurs moyens d’existence sont tributaires de ressources naturelles en constante dégradation. Aussi, les manifestations et les effets de la variabilité et du changement climatique sur les moyens de subsistance des populations sont déjà perceptibles dans notre sous-région (sècheresses longues, inondations, vents, etc….). 1 En effet, il a été largement prouvé que les changements climatiques interagissent avec un certain nombre de facteurs (politique, macroéconomique, croissance démographique, etc.) pour limiter les aspirations au développement et compromettre le développement durable en milieu rural. Les changements climatiques accroissent la variabilité inter-annuelle et la fréquence des événements extrêmes, conduisant à des rythmes accélérés de dégradation du sol et des ressources en eau, desquelles dépendent les communautés de producteurs agricoles et pastorales. Dans un tel contexte, les systèmes de production les plus vulnérables au changement climatique sont évidemment ceux qui sont déjà affectés par une gestion non durable et marqués par une dégradation des ressources naturelles pauvres. Il s’en suit que les tendances actuelles à la simplification des paysages conduisent aussi à une réduction des fonctions d’atténuation et de filtre, aggravant ainsi l’exposition des populations aux conséquences des changements climatiques. Il est donc nécessaire et urgent de développer des stratégies d'adaptation efficaces pour sécuriser les moyens de subsistance et le développement de nos communautés. Ainsi, la science a un important rôle à jouer car c’est fort de l’existence des connaissances scientifiques à jour qu’il sera possible de développer aussi bien des approches et outils d’adaptation transformationnel que de faire des prévisions climatiques raisonnées et utiles à la prise de décision par l’ensemble des gestionnaires du risque climatique. Cependant, force est de reconnaitre que la science seule sans les ingrédients qui permettent son absorption par les utilisateurs finaux, notamment les communautés à la base, la science seule dis-je, ne peut améliorer durablement les capacités d’adaptation des populations si un partenariat qui permette la synergie des efforts de tous les acteurs n’est mis en place et rendu opérationnel. 2 Honorables invités, Mesdames et Messieurs, Le programme de recherche du CGIAR sur le changement climatique, l’agriculture et la sécurité alimentaire (CCAFS) vise à identifier et développer des pratiques, des technologies et des politiques d’adaptation et d’atténuation pour les systèmes agricoles, en faveur des plus pauvres. Il vise également à établir un diagnostic et une analyse qui, du niveau sub-national au niveau global, soutiendront l’inclusion de l’agriculture dans les politiques liées au changement climatique, ainsi que celles des questions climatiques dans les politiques agricoles. C’est pourquoi le programme CCAFS s’engage avec l’ensemble des acteurs (chercheurs, décideurs politiques, ONGs, organisations de producteurs, secteur privé, partenaires financiers…), afin de partir de l’existant, des expériences et bonnes pratiques à tous les niveaux d’échelle, du local au régional, en vue d’intégrer leurs connaissances et leurs besoins dans les outils et approches qui seront développés pour l’implémentation de la recherche action dont les résultats aideront à la prise de décision bien informée. Démarré en 2011 et prévu pour une période de dix ans, ce programme intervient en Asie du Sud, en Afrique de l’Est, et en Afrique de l’Ouest dont le Sénégal, le Niger, le Mali, le Ghana et le Burkina Faso sont les pays pilotes d’intervention. Honorables invités, Mesdames et Messieurs, Le partenariat au Burkina Faso grâce à la collaboration fructueuse et au dynamisme de certaines structures nationales telles que l’INERA et ses partenaires du développement, ont permis d’entamer une façon de faire la 3 recherche où les communautés sont à tout point de vue les décideurs de toutes les actions à entreprendre. Le but ultime de cette approche très participative est de créer des modèles de villages pratiquant une agriculture intelligente face au climat et ainsi, de contribuer à la sécurité alimentaire tout en sauvegardant de façon durable un environnement de vie sain. Cela requiert de nouveaux outils et approches de suivi-évaluation dont le partenariat avec l’UICN a permis très vite de s’en approprier mais surtout d’initier une planification participative et raisonnée des actions, en tenant compte de la vision des communautés pour leur milieu de vie dans le contexte actuel et futur du changement climatique. Les premiers résultats issus de ce partenariat fructueux entre le programme CCAFS et l’UICN sont très encourageants en ce qu’ils constituent une innovation dans le suiviévaluation des changements de comportement des personnes et des institutions impliquées dans le développement du partenariat pour l’adaptation au changement climatique dans cette région. Il n’y a pas de doute que c’est de cette façon que nous arriverons, à ce que les prises de décision au niveau national, soient bien informées par les évidences, les cas de succès, les desiderata des acteurs à la base, celles fournies par les communautés rurales en particulier. C’est pourquoi le programme CCAFS privilégie l’implication, la concertation et le dialogue, la mobilisation et l’information de tous les acteurs (producteurs, vulgarisateurs, chercheurs, organisations de la société civile, privés, décideurs politiques…) sur les actions possibles pour confronter les effets des changements climatiques, et s’assurer que les décisions concernant les politiques et les stratégies d’actions sur l’adaptation soient basées sur les meilleures données et informations disponibles et des 4 analyses et réflexions collégiales tenant compte des préoccupations de tous les acteurs. A cet effet, la plateforme national de dialogue entre chercheurs et décideurs pour l’adaptation des secteurs de l’agriculture et de la sécurité alimentaire au changement climatique dont le CONEDD est la structure point focale au Burkina, devrait jouer un rôle de plaidoyer, un plaidoyer basé sur les évidences de terrain, et que seul le suivi-évaluation des actions biophysiques mais surtout des changements de comportement induits par les actions pilotes d’agriculture intelligente face au changement et à la variabilité climatique, peut apporter l’éclairage nécessaire à chaque étape des consultations. Honorables Invités ; Mesdames et Messieurs ; Ces quelques exemples montrent à profusion combien les initiatives dans le cadre du programme CCAFS pourraient servir de tremplin pour la mise en place et le développement d’un partenariat régional au Nord, qui jouerait le rôle de courroie de transmission entre les niveaux communautaire et national pour une amélioration effective des capacités d’adaptation à la variabilité et au changement climatique au Burkina Faso. Le programme CCAFS ne ménagera aucun effort pour accompagner et poursuivre cette initiative, cela en collaboration avec tous les autres acteurs intervenant dans la région. Permettez-moi avant de terminer mon propos, de remercier les autorités de la région du Nord, en particulier le Gouverneur et le Président du conseil régional, le haut-commissaire, et le préfet, qui de tout temps ont 5 accompagnés et facilité la mise en œuvre des initiatives dans le cadre du programme CCAFS. Je souhaite plein succès à vos travaux. Je vous remercie ! 6