Université Paris XII Val de Marne Ecole Doctorale Sciences de la Vie et de la Santé Doctorat de Pharmacologie Expérimentale et Clinique Laurence LUCATS LA FONCTION CONTRACTILE REGIONALE DU MYOCARDE POST-ISCHEMIQUE : ADAPTATIONS PHYSIOPATHOLOGIQUES ET PHARMACOLOGIQUES Soutenue le 15 décembre 2006 Membres du Jury : Monsieur le Professeur Alain Berdeaux Président Madame le Professeur Valérie Chetboul Rapporteur Monsieur le Professeur Jean-Jacques Mercadier Rapporteur Madame le Professeur Geneviève Derumeaux Examinateur Monsieur le Professeur Guy Heyndrickx Examinateur Monsieur le Docteur Bijan Ghaleh-Marzban Directeur A ma Famille, A mes Amis, Alice & Olivier, Claire, Soline & Olivier, Etienne, Caroline & Bruno, Cécile & Bernard, Aude, Marie-Agnès & Olivier, Elizabeth, Guillaume Pour nos bons moments et vos encouragements, Grâce aux quels, je ne suis pas El Desdichado. A Monsieur le Professeur Alain Berdeaux, Qui m’a ouvert les portes de son laboratoire, Qui m’a fait profiter chaque jour de sa grande culture scientifique Et qui me fait l’honneur de présider le jury de cette thèse. A Madame le Professeur Valérie Chetboul, Dont je suis fière d’avoir été l’élève pendant mes études vétérinaires, Qui m’a fait profiter de ses talents d’échocardiographiste pour mon travail de thèse, Et qui m’honore aujourd’hui en étant le rapporteur de ce travail. A Monsieur le Professeur Jean-Jacques Mercadier, Qui nous a fait profiter de sa maîtrise et de son savoir pour l’analyse et l’interprétation coordonnées des résultats de physiologie intégrée et de biologie moléculaire, Et qui me fait le grand honneur d’être rapporteur de ce travail. A Madame le Professeur Geneviève Derumeaux, Qui me fait le grand honneur d’être examinateur de ce travail. A Monsieur le Professeur Guy Heyndrickx, Qui me fait le grand honneur d’être examinateur de ce travail. A Monsieur le Docteur Bijan Ghaleh, Qui m’a appris chacune des étapes de la recherche avec précaution et rigueur, De l’élaboration de l’étude à la réponse au reviewing, merci. A Monsieur Alain Bizé, Qui m’a offert une aide constante et infaillible, toutes ses petites manies, minuties et précautions ont fait de lui un soutien indispensable. 2 A Monsieur le Docteur Renaud Tissier, Qui m’a accompagnée pendant ces quatre années au laboratoire, Qui, en plus de son contribution scientifique, a apporté à notre équipe ses qualités humaines exceptionnelles. Son bagout et sa bonne humeur nous ont soutenus de l’analyse scientifique aux petites réjouissances du quotidien, Qu’il soit assuré de ma plus grande admiration et de ma sympathie dévouée. A Madame le Docteur Virginie Chalvignac et Messieurs les Docteurs Nicolas Couvreur, Dominique Tessier et Xavier Waintraub, Avec qui j’ai eu le plaisir de travailler. A Messieurs les Docteurs Patrice Colin et Xavier Monnet, Qui ont apporté à ces travaux leur expérience et leur esprit critique. A Madame le Docteur Patricia Rouet-Benizeb et Monsieur Laurent Vinet, Pour l’experte collaboration qu’ils m’ont offerte. A Monsieur le Docteur Thibaud Damy, Qui m’a fait part de son grand savoir en matière de NOS, Sa sympathie, son écoute et ses conseils m’ont portée dans les moments difficiles de ce travail. A Messieurs les Docteurs Didier Morin, Jinbo Su et Roland Zini, Pour le précieux savoir-faire qu’ils ont apporté à ce travail. A Monsieur le Professeur Luc Hittinger, Dont l’acuité scientifique nous a aidés dans l’analyse ces travaux, Et dont les corrections ont amélioré nos manuscrits. 3 A Madame le Professeur Brigitte Enriquez, Qui m’a initiée à la pharmacologie, Pour sa gentillesse, son ouverture et son attention aux autres. A Monsieur le Professeur Jean-Louis Pouchelon, Pour l’intérêt qu’il a porté à mon travail. A l’ensemble de l’Unité de Cardiologie d’Alfort ; Vassiliki Gouni, Audrey Niccole, Carolina Carlos et François Serres, Pour leur aide attentionnée lors des examens échocardiographiques de ce travail. A Jean-Paul Vilaine et à l’ensemble de l’équipe des « Biological studies » du Laboratoire Servier : Florence Mahlberg-Gaudin, Pascale Gluais, Muriel Bouly et Romain Bos, Qui nous ont fait part de leur expérience de l’ivabradine. A Monsieur Georges Zadigue, Pour le soin qu’il a apporté aux animaux, Pour son aide généreuse, son altruisme et sa sérénité. A Monsieur le Professeur Jean-François Giudicelli, Qui m’a accueilli au sein du Laboratoire de Pharmacologie de Bicêtre, Qui a accompagné le commencement de ce travail, Et qui m’a laissé entrevoir l’étendue de son impressionnante culture. A Madame le Docteur Christine Richer, Pour les aimables discussions et l’attention qu’elle a portée à mon travail. 4 A Madame Joëlle Doukhan, Pour avoir toujours proposé son aide, A Madame Sandrine Bonizec, Pour sa gentillesse et son efficacité sans faille. Au Docteurs Sandrine Pons, Violaine Griol, Erij Messadi, Valérie Domergue et Marine Guimot, Qui ont assisté au début de ces travaux au sein de la cordiale équipe INSERM E00-01. Aux Docteurs Sandrine Pons, Alexandra d’Anglemont de Tassigny, Catherine Plin, Fatou O’Bame, Angelina Bertrand, Rana Assaly, Rym Derbassi, Fanny Lidouren, Corinne Deschênes, Lila Bendamèche, Hubert Dabiré, Rachid Souktani, Lucien Sambin, Emmanuel Cosson, Nicolas Mansencal, Philippe Le Corvoisier et Karim Aouam Qui ont fait de l’Unité 660 un lieu de réflexion et de convivialité. SOMMAIRE SOMMAIRE .............................................................................................. 1 GLOSSAIRE.............................................................................................. 9 INTRODUCTION................................................................................... 13 PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE CHAPITRE I PHYSIOLOGIE DE LA CONTRACTION CARDIAQUE .................................... 17 I. La contraction à l’échelle du ventricule ...................................................... 17 A. Le cycle cardiaque.................................................................................... 17 B. La systole : la contraction du ventricule................................................... 17 1. La contraction isovolumique ................................................................. 19 2. La phase d’éjection................................................................................ 19 C. II. La diastole : la relaxation et le remplissage du ventricule ....................... 21 1. Ralentissement de l’éjection et début de la relaxation. ......................... 21 2. La relaxation isovolumique ................................................................... 21 3. Le remplissage ventriculaire.................................................................. 21 a) Le remplissage précoce ..................................................................... 21 b) Diastase ............................................................................................. 22 c) La contraction atriale......................................................................... 22 Le couplage excitation-contraction............................................................ 222 A. Pivot du couplage excitation-contraction : les mouvements calciques. ... 23 B. Initiation du couplage excitation-contraction........................................... 25 1. L’ouverture des canaux calciques membranaires de type L.................. 25 2. Interaction subcellulaire des canaux calciques membranaires de types L et des récepteurs de la ryanodine.................................................................................. 27 C. Le récepteur de la ryanodine : élément central du « calcium-inducedcalcium-release »..................................................................................... 27 1. Composition et architecture................................................................... 27 a) Le récepteur de la ryanodine ............................................................. 29 b) Les protéines interagissant avec le récepteur de la ryanodine .......... 30 2 2. Fonctionnement du relarguage calcique ................................................ 33 3. La fin du relargage calcique .................................................................. 34 Mécanismes complémentaires initiateurs de la libération du Ca2+ du D. réticulum sarcoplasmique........................................................................ 35 E. La contraction des myofilaments ............................................................. 37 1. 2. Structure de l’appareil contractile ......................................................... 37 a) Structure du filament épais................................................................ 37 b) Structure du filament fin ................................................................... 39 c) Structure de la titine .......................................................................... 40 Origine moléculaire de la contraction ................................................... 41 La relaxation : pompage du Ca2+ cytosolique .......................................... 43 F. III. Cinétique et hétérogénéité de la contraction du ventricule gauche............. 45 A. La distribution de l’influx électrique et l’initiation de la contraction ...... 45 B. La contraction myocardique : à chacun son profil ................................... 47 C. La fin de la contraction et la relaxation.................................................... 49 1. Chronologie de la fin de la contraction ................................................. 49 2. La contraction postsystolique ................................................................ 49 3. La repolarisation .................................................................................... 52 D. Origine de l’hétérogénéité de la contraction du ventricule gauche .......... 53 1. Un environnement différent .................................................................. 53 2. Un support moléculaire différent........................................................... 54 CHAPITRE II LA SIDERATION MYOCARDIQUE, ALTERATION POST-ISCHEMIQUE DE LA CONTRACTION CARDIAQUE. ..... 55 I. II. Approche expérimentale de la sidération myocardique............................... 55 A. Description initiale de la sidération myocardique.................................... 55 B. Diversité des modèles de sidération myocardique ................................... 57 1. La sidération myocardique après un épisode ischémique unique ......... 57 2. La sidération myocardique après de multiples épisodes ischémiques... 58 3. La sidération myocardique de la zone viable dans le post-infarctus ..... 58 4. La sidération myocardique par ischémie totale ..................................... 58 5. La sidération myocardique consécutive à un exercice ischémique ....... 59 Mécanismes physiopathologiques ................................................................ 59 3 A. Importance des radicaux libres issus de l’oxygène .................................. 59 B. L’hypothèse calcique................................................................................ 60 1. La surcharge calcique ............................................................................ 61 2. Les protéases activées par le calcium (Calpaïnes) ................................ 62 3. La désensibilisation des myofibrilles au calcium .................................. 64 4. Les altérations de l’homéostasie calcique ............................................. 65 C. Approche génomique de la sidération myocardique ................................ 66 D. Hibernation versus sidération................................................................... 67 III. La sidération en clinique humaine ............................................................... 70 CHAPITRE III PRESERVER ET PROTEGER LA FONCTION CONTRACTILE POST-ISCHEMIQUE ................................................................................................................... 75 I. Stratégies pharmacologiques vis-à-vis de la sidération myocardique......... 75 A. Les agents inotropes positifs adrénergiques............................................. 76 B. Les β-bloquants ........................................................................................ 76 C. Les antagonistes des canaux calciques de type L et T ............................. 77 D. Les inhibiteurs sélectifs du canal If .......................................................... 78 E. Les agonistes des canaux potassiques ATP dépendants........................... 79 F. Les inhibiteurs des pompes Na+/H+ et Na+/Ca2+ ...................................... 80 G. Les sensibilisateurs du Ca2+ ..................................................................... 81 H. Les inhibiteurs du système rénine-angiotensine....................................... 81 I. L’adénosine .............................................................................................. 82 J. Les inhibiteurs de l’HMG CoA réductase................................................ 82 II. Le préconditionnement tardif : une voie de protection endogène................ 83 A. Définition ................................................................................................. 83 B. Pluralité du préconditionnement tardif..................................................... 87 C. Les mécanismes du préconditionnement tardif ........................................ 88 1. Les initiateurs du préconditionnement tardif......................................... 88 a) L'adénosine........................................................................................ 88 b) Le monoxyde d'azote ........................................................................ 88 c) Les radicaux libres oxygénés ............................................................ 89 d) La bradykinine .................................................................................. 89 e) Les agonistes adrénergiques .............................................................. 90 4 f) 2. Les voies de signalisation...................................................................... 90 a) Les Protéines Kinases C .................................................................... 92 b) Les Protéines Tyrosine Kinases ........................................................ 92 c) Les Mitogen Activated Protéines Kinases......................................... 92 d) Les facteurs de transcription ............................................................. 93 e) La voie des PI3K/Akt......................................................................... 93 3. D. Les récepteurs aux opiacés ................................................................ 90 Les Médiateurs ...................................................................................... 94 a) Les NO synthases et la cyclooxygénase-2 ........................................ 94 b) L'aldose réductase ............................................................................. 94 c) Les enzymes anti-oxydantes.............................................................. 95 d) Les protéines chaperonnes ................................................................ 95 e) Les canaux potassiques ATP-dépendants (KATP) .............................. 96 f) Le pore de transition mitochondrial................................................... 96 Le préconditionnement en clinique .......................................................... 96 1. 2. Les situations de préconditionnement ................................................... 96 a) Le phénomène de « warm-up » ......................................................... 97 b) L’angor pré-infarctus ........................................................................ 97 L'exploitation clinique du préconditionnement ..................................... 98 III. Le postconditionnement................................................................................ 98 PARTIE EXPERIMENTALE CHAPITRE IV OBJECTIFS DU TRAVAIL .......................................................................... 103 CHAPITRE V MATERIELS ET METHODES .................................................................... 105 I. Le modèle de chien éveillé chroniquement implanté.................................. 105 A. Cadre réglementaire ............................................................................... 105 B. Animaux ................................................................................................. 105 C. Instrumentation des animaux et paramètres mesurés ............................. 105 1. Phase chirurgicale................................................................................ 106 2. Mesures hémodynamiques .................................................................. 108 a) Mesure des pressions aortique et ventriculaire................................ 108 b) Mesure des débits sanguins régionaux myocardiques .................... 108 5 3. D. II. c) Mesure de la contractilité régionale ................................................ 108 d) Mesure du débit sanguin coronaire ................................................. 111 e) Recueil des données ........................................................................ 111 Analyses biochimiques ........................................................................ 111 a) Mesure des lactates myocardiques .................................................. 111 b) Mesure de la concentration sanguine de nitrites-nitrates ................ 111 Analyse statistique.................................................................................. 112 Le modèle de sidération myocardique par l’occlusion et reperfusion d’une artère coronaire chez le chien éveillé chroniquement implanté .............. 112 A. Réalisation de l’occlusion coronaire ...................................................... 112 B. Effet de l’occlusion coronaire sur la fonction contractile régionale postischémique............................................................................................. 113 C. Justification du choix du modèle............................................................ 114 III. Le modèle de préconditionnement tardif vis-à-vis de la sidération myocardique par l’occlusion/reperfusion d’une artère coronaire chez le chien éveillé chroniquement implanté...................................................... 115 IV. L’administration intracoronaire de ryanodine : exploration in vivo ciblée du récepteur de la ryanodine ........................................................................ 115 A. Administration intracoronaire de ryanodine .......................................... 115 B. Effet de l’administration intracoronaire sur la contractilité régionale myocardique.......................................................................................... 116 C. Justification du choix d’une administration intracoronaire.................... 116 CHAPITRE VI EPAISSISSEMENT POSTSYSTOLIQUE ET INTERACTION ENTRE LES PAROIS DU VENTRICULE GAUCHE AU COURS DE LA SIDERATION MYOCARDIQUE ... 119 I. Introduction................................................................................................ 120 II. Matériels et méthodes................................................................................. 120 A. Modèle expérimental.............................................................................. 120 B. Protocole expérimental........................................................................... 121 III. Principaux résultats ................................................................................... 121 IV. Commentaires............................................................................................. 123 CHAPITRE VII 6 EFFETS COMPARES DE L’ATENOLOL ET DE L’IVABRADINE SUR L’EPAISSISSEMENT POSTSYSTOLIQUE DU CŒUR SAIN, AU REPOS ET A L’EXERCICE ............................................................................................. 125 I. Introduction................................................................................................ 126 II. Matériels et méthodes................................................................................. 126 A. Modèle expérimental.............................................................................. 126 B. Protocole expérimental........................................................................... 126 III. Principaux résultats ................................................................................... 127 IV. Commentaires............................................................................................. 127 CHAPITRE VIII EFFETS COMPARES DE L’ATENOLOL ET DE L’IVABRADINE SUR L’EPAISSISSEMENT POSTSYSTOLIQUE AU COURS DE LA SIDERATION MYOCARDIQUE ........................................................................................ 129 I. Introduction................................................................................................ 130 II. Matériels et Méthodes ................................................................................ 130 A. Modèle expérimental.............................................................................. 130 B. Protocole expérimental........................................................................... 130 III. Principaux résultats ................................................................................... 131 IV. Commentaires............................................................................................. 131 CHAPITRE IX MISE EN EVIDENCE D’UN PRECONDITIONNEMENT TARDIF VIS-A-VIS DE LA SIDERATION MYOCARDIQUE INDUIT PAR UN ENTRAINEMENT ELECTROSYSTOLIQUE RAPIDE ............................................................................... 133 I. Introduction................................................................................................ 134 II. Matériels et méthodes................................................................................. 135 A. Modèle expérimental.............................................................................. 135 B. Protocole expérimental........................................................................... 135 III. Résultats ..................................................................................................... 136 IV. Commentaires............................................................................................. 136 CHAPITRE X 7 EFFET DU PRECONDITIONNEMENT TARDIF VIS-A-VIS DE LA SIDERATION SUR L’EPAISSISSEMENT POSTSYSTOLIQUE ............................................. 139 I. Introduction................................................................................................ 140 II. Matériels et méthodes................................................................................. 140 A. Modèle expérimental.............................................................................. 140 B. Protocole expérimental........................................................................... 141 III. Principaux résultats ................................................................................... 141 IV. Commentaires............................................................................................. 142 CHAPITRE XI MECANISME DE L’ADAPTATION CONTRACTILE AU COURS DU PRECONDITIONNEMENT TARDIF VIS-A-VIS DE LA SIDERATION MYOCARDIQUE ........................................................................................ 143 I. Introduction................................................................................................ 144 II. Matériels et méthodes................................................................................. 144 A. Modèle expérimental.............................................................................. 144 B. Protocole expérimental........................................................................... 145 III. Principaux résultats ................................................................................... 146 IV. Commentaires............................................................................................. 147 DISCUSSION GENERALE................................................................. 157 CONCLUSION ET PERSPECTIVES ................................................ 157 BIBLIOGRAPHIE................................................................................ 159 9 GLOSSAIRE ADP : Adénosine diphosphate AMPc : Adénosine monophosphate cyclique ATP : Adénosine triphosphate Bmax : nombre maximal de site de fixation du ligand CaM : Calmoduline CaMKII : Calmoduline Kinase II COX-2 : Cyclo-oxygénase 2 dP/dt : dérivée première de la pression ventriculaire gauche en fonction du temps. dW/dt : Vitesse d’épaississement systolique EDWT : épaisseur myocardique transmurale à la fin de la diastole ESWT : épaisseur myocardique transmurale à la fin de la systole FKBP 12.6 : FK-506 Binding Protein 12.6 HMG coA : 3-hydroxy-méthylglutaryl coenzyme A HRC : Histidine rich calcium-binding protein HSP : Heat shock protein i.c. : Voie intra-coronaire i.v. : Voie intra-veineuse IEC : Inhibiteur de l’enzyme de conversion IRM : Imagerie par resonance magnétique 10 JAK : Janus Kinase KATP : Canaux potassiques ATP dépendant KD : Affinité du récepteur pour le ligand LAD : Artère coronaire inter-ventriculaire gauche LCX : Artère coronaire circonflexe gauche LVP : pression ventriculaire gauche mAKAP : Protéine d’ancrage de PKA MAPKs : Mitogen activated protein kinases MHC : Chaine lourde de myosine MLA : Monophosphoryl lipide A MLC : Chaine légère de myosine Mn SOD : Superoxide dismutase MVG : Gradient de vélocité myocardique MVO2 : Consommation régionale myocardique en oxygène MyBP : Myosin binding protein NCX : Echangeur sodium-calcium NF-κB : Nuclear Factor-kappa B NHE : Echangeur sodium-proton NO : Monoxyde d’azote NOS : Monoxyde d’azote synthase Occ : Occlusion 11 PGE2 : Prostaglandine E2 PGI2 : Prostaglandine I2 PKA : Protéine Kinase A PKC : Protéine Kinase C PP1 : Protéine phosphatase 1 PP2 : Protéine phosphatase 2 PTK : Phosphotyrosine kinase ROCs : Receiving organazing characteristics RS : Réticulum sarcoplasmique RyR : Récepteur de la ryanodine SAP : Systolic arterial pressure SC : Sténose coronaire SERCA 2 : pompe calcique du reticulum sarcoplasmique ATP-dépendante STAT : Signal transcription and activators of transcription Tn : Troponine TNF-α : Tumor necrosis facteur α VLC : ventricular myosin light chain Wth : Epaississement systolique calculé en millimètre ou en % par rapport à l’épaisseur télédiastolique INTRODUCTION L’incidence croissante des maladies coronariennes fait de l’ischémie du myocarde un problème majeur de santé publique. L’ischémie du myocarde est à l’origine de dysfonctions endothéliales et contractiles, d’arythmies et à terme de la mort cellulaire lors de l’infarctus. De nos jours, la thrombolyse, l'angioplastie à la phase aiguë de l'infarctus et la chirurgie coronaire ont permis de faire considérablement régresser les infarctus transmuraux, mais la préservation du tissu ischémique d'une mort inéluctable a fait place à la « sidération myocardique », élément fonctionnel péjoratif des suites de l'accident ischémique. La sidération myocardique est un état de dysfonction contractile réversible du myocarde survenant au décours d'un épisode ischémique transitoire malgré la reperfusion complète du myocarde et en l'absence de toute nécrose myocardique (Braunwald et al., 1982; Heyndrickx et al., 1975). Elle s'observe également dans l'angor instable, l'angioplastie coronaire percutanée, la chirurgie cardiaque et dans les suites de la transplantation cardiaque. Par définition, le myocarde sidéré ne présente pas de lésions d’infarctus, et pourtant sa contractilité est très altérée malgré une reperfusion complète. Un raccourci trop fréquent tend à penser que ce myocarde est purement hypokinétique du fait des lésions consécutives à l’épisode ischémique sur l’appareil contractile cellulaire, cette vision excluant entre autre la contraction postsystolique observée sur le myocarde sidéré (Derumeaux et al., 2000). La contraction postsystolique est la part de la contraction survenant après la fermeture de la valve aortique (Takayama et al., 1988). Cette contraction paradoxale s’observe physiologiquement dans certains territoires myocardiques et lors de la sidération myocardique (Voigt et al., 2003b). Elle marque la dyskinésie du myocarde sidéré et l’asynchronie des différents segments du ventricule gauche (Ehring et al., 1990). Nos travaux se sont intéressés aux altérations du profil contractile du myocarde sidéré puis ont recherché les moyens de les prévenir ou de les corriger. Ainsi, notre premier objectif a été de décrire les altérations de la contractilité régionale lors de la sidération myocardique et le retentissement sur la cinétique de contraction du ventricule gauche en observant notamment l’évolution de l’interaction entre les parois ventriculaires. Ce premier travail nous a amenée à rechercher si des agents pharmacologiques pouvaient modifier ou moduler les altérations du 14 profil contractile du myocarde sidéré. Nous nous sommes alors tournée vers l’étude de deux substances anti-angineuses réductrices de la fréquence cardiaque : un inhibiteur du courant If , l’ivabradine et un β-bloquant, l’aténolol. Après cette approche pharmacologique, nous nous sommes intéressée à une cardioprotection physiologique, le préconditionnement tardif, en comparant le profil contractile du myocarde sidéré soumis ou non à un préconditionnement tardif. Enfin, nous avons recherché les adaptations moléculaires sous-jacentes du couplage excitationcontraction. Pour répondre à l’ensemble de ces objectifs, nous disposions d’un modèle de chien éveillé chroniquement implanté sur lequel la contractilité régionale peut être précisément étudiée au moyen de la sonomicrométrie. Ce modèle est particulièrement original car il permet de réaliser des occlusions coronaires de courte durée sur des animaux éveillés. 15 PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE 17 Chapitre I Physiologie de la contraction cardiaque I. La contraction à l’échelle du ventricule A. Le cycle cardiaque Le cycle cardiaque fut décrit pour la première fois par Wiggers en 1915. Cinq ans plus tard (1920), Lewis établit un diagramme complet montrant les phases du cycle cardiaque à partir de la mesure des pressions atriale, aortique, ventriculaire et jugulaire, de l’électrocardiogramme et des bruits du cœur, dont une partie est représentée sur la Figure 1. Ces observations princeps posent les bases du cycle cardiaque : (a) la contraction du ventricule gauche, (b) la relaxation du ventricule gauche et (c) le remplissage ventriculaire, dont les étapes sont schématisées sur la Figure 2. Ces observations se sont ensuite étoffées par la description des évènements qui rythment le cycle du ventricule droit, en de nombreux points similaires à ceux du ventricule gauche mais qui ne constituent pas notre propos. B. La systole : la contraction du ventricule Cette phase du cycle cardiaque tient son nom même de sa description puisque systole signifie contraction en grec. Cette contraction du ventricule est à l’origine de l’élévation de la pression ventriculaire qui aboutit à l’éjection du sang dans l’aorte. Sur l’électrocardiogramme, l’arrivée de la vague de dépolarisation qui ouvre les canaux calciques de type L dans le ventricule correspond au pic de l’onde R. Pressions aortique (AO), ventriculaire gauche (VG) et atriale (AO) mmHg 18 AO 100 VG 0 OG dP/dt mmHg/s 4000 0 -4000 12 mm Epaisseur myocardique du mur antérieur 9 Epaisseur myocardique du mur postérieur mm 13 9 Electrocardiogramme a b c d Figure 1 : Représentation des pressions ventriculaire gauche, atriale et aortique, de la dérivée première en fonction du temps de la pression ventriculaire gauche, des épaisseurs transmurales myocardique antérieure et postérieure et de l’électrocardiogramme sur un battement cardiaque d’un chien sain au repos. a, fermeture de la valve mitrale; b, ouverture de la valve aortique; c, fermeture de valve aortique; d, ouverture de la valve mitrale. 19 Dès que le myocarde se contracte, la pression ventriculaire croît et dépasse très rapidement la pression auriculaire gauche (5 à 10 mmHg), la différence de pression entre les deux cavités cardiaques provoque la fermeture de la valve mitrale, suivi par la composante M1 du premier bruit du cœur (B1). La relation exacte entre M1 et la fermeture de la valve mitrale est toujours sujette à débat. La fermeture de la valve mitrale est censée coïncider parfaitement avec l’inversion des gradients de pression, pourtant pour certains auteurs, elle est retardée par l’inertie des flux sanguins. 1. La contraction isovolumique La contraction isovolumique débute avec la fermeture de la valve mitrale et s’achève avec l’ouverture de la valve aortique. Le volume est alors constant. Ainsi toutes les forces contractiles centripètes appliquées par le myocarde aboutissent à une élévation rapide de la pression ventriculaire gauche. Son pic est toujours atteint au cours de cette phase (dP/dtmax). Sur la Figure 1, cette phase correspond à l’élévation de la pression ventriculaire survenant entre les marqueurs a et b. Entre ces deux marqueurs, la contraction est dite isovolumique car le volume ventriculaire reste inchangé. 2. La phase d’éjection Dès que la pression ventriculaire gauche dépasse la pression aortique, l’inversion du gradient de pression ouvre la valve aortique. Celle-ci marque la fin de la contraction isovolumique et le début de l’éjection. La contraction du myocarde est alors maintenant auxotonique, la contraction des cardiomyocytes change leur longueur et la force développée. Le myocarde s’épaissit et se raccourcit. Ces mouvements réduisent le volume de la cavité ventriculaire gauche et éjectent le sang vers l’aorte et la circulation périphérique. Le gradient de pression de part et d’autre de la valve et l’élasticité de l’aorte et des artères périphériques déterminent la vitesse d’éjection du sang. Sur la Figure 1, cette phase correspond aux modifications survenant entre les marqueurs b et c. 1-Diastole 2-Systole 3-Systole 4-Diastole Télédiastole Contraction isovolumique Ejection Relaxation isovolumique 5-Diastole Remplissage 6-Diastole Remplissage 7-Diastole Remplissage 8-Diastole Remplissage précoce rapide Diastasis Systole atriale Télédiastole Figure 2 : Représentation schématique de l’oreillette et du ventricule gauche au cours d’un battement cardiaque. 20 21 C. La diastole : la relaxation et le remplissage du ventricule 1. Ralentissement de l’éjection et début de la relaxation. Après avoir atteint une valeur maximale lors de l’éjection rapide, la pression ventriculaire décroît. Au fur et à mesure le calcium cytosolique est repompé par le réticulum sarcoplasmique et les myofibrilles entrent en relaxation. La vitesse d’épaississement du myocarde diminue. Par conséquent, la vitesse d’éjection diminue mais l’éjection est maintenue en partie grâce à la distensibilité de l’aorte ; c’est l’effet Windkessel (Belz, 1995). Dès que la pression ventriculaire décroît au-dessous de la pression aortique, l’inversion du gradient de pression ferme la valve aortique, générant la première composante A2 du deuxième bruit du cœur (B2). 2. La relaxation isovolumique Après la fermeture de la valve aortique, et pendant le court instant qui précède l’ouverture de la valve mitrale, le ventricule se relaxe sans changer de volume, c’est la relaxation isovolumique. Dès que la pression ventriculaire descend au-dessous de la pression auriculaire gauche, la valve mitrale s’ouvre et le remplissage ventriculaire débute. Les modifications hémodynamiques propres à cette phase sont illustrées sur la Figure 1 entre les marqueurs c et d, ainsi que sur la Figure 2. 3. Le remplissage ventriculaire Le remplissage ventriculaire comprend trois étapes successives qui permettent de ramener le ventricule à son état télédiastolique initial. a) Le remplissage précoce Cette phase de remplissage, survenant juste après l’ouverture de la valve mitrale (marqueur d sur la Figure 1), assure la plus grande partie du remplissage, elle est dite : phase rapide ou précoce du remplissage. Elle est particulièrement efficace grâce à la relaxation active du ventricule qui provoque une « succion ventriculaire » : la pression ventriculaire gauche redescend brusquement en dessous de la pression auriculaire gauche et le sang pénètre 22 brusquement dans le ventricule. La combinaison de la relaxation active du myocarde et la pression de l’afflux sanguin distendent les parois du ventricule : le myocarde s’amincit, s’élargit et s’allonge comme l’illustrent les Figures 1 et 2. Le remplissage ventriculaire rapide peut alors être à l’origine d’un troisième bruit du cœur B3, plus particulièrement audible à l’exercice ou lors de tachycardie sinusale. b) Diastasis A l’issue de la phase rapide du remplissage, les pressions ventriculaires et auriculaires sont quasiment égales. Le ventricule ne se remplit quasiment plus et la valve mitrale se ferme partiellement. Le volume de la cavité ventriculaire change peu. Cette phase de remplissage lent voire nul est dénommée diastasis. Elle est raccourcie voire absente lorsque la fréquence cardiaque augmente. c) La contraction atriale A l’issue du diastasis, alors que le remplissage ventriculaire est quasiment terminé, survient la contraction atriale. Elle provoque une augmentation de la pression atriale, restaurant un gradient de pression entre l’atrium et le ventricule : la valve mitrale s’ouvre et le remplissage reprend. A ce moment, la vitesse du flux sanguin à travers la valve mitrale augmente et la contraction atriale se traduit par un sursaut des pressions ventriculaire et atriale tel que l’illustre la Figure 1. Lors de la télédiastole, la pression ventriculaire gauche atteint en moyenne, dans un cœur sain, 8 mmHg et un nouveau cycle est prêt à commencer. II. Le couplage excitation-contraction Le couplage excitation-contraction est le processus physiologique qui convertit l’excitation électrique du cardiomyocyte en contraction, énergie mécanique qui permet l’éjection du sang du ventricule vers l’aorte. Le second messager, le cation Ca2+, est l’élément central de l’activité électrique du cœur et est l’activateur des myofilaments, supports de la contraction. 23 A. Pivot du couplage excitation-contraction : les mouvements calciques. L’ion calcium Ca2+ est l’élément central du couplage excitation-contraction et ses flux entre les différents compartiments cellulaires rythment la contraction et la relaxation du cardiomyocyte comme l’illustre la Figure 3. Ces mouvements ioniques sont aujourd’hui bien décrits lors de la systole et de la diastole. Ils débutent avec l’entrée de Ca2+ extracellulaire via les canaux calciques membranaires de type L. Cette première vague de Ca2+ intracellulaire provoque une libération massive de Ca2+ par le réticulum sarcoplasmique via les récepteurs de la ryanodine (RyR) : il s’agit du « calcium-induced-calcium-release » (Fabiato et Fabiato, 1979). Cette seconde vague de Ca2+ intracellulaire déclenche la contraction des myofilaments, responsable du raccourcissement du cardiomyocyte, se traduisant par la systole à l’échelle du ventricule gauche. La phase de contraction s’achève par le repompage du calcium cytosolique et les myofilaments se relâchent : cela correspond à l’échelle du ventricule à la diastole. L’extraction du Ca2+ du cytosol est assurée par plusieurs voies dont la part relative varie selon l’espèce animale considérée (Bers, 2002). Cette phase de récupération diastolique assure la reconstitution de la réserve calcique alors disponible pour un nouveau cycle. 24 Dépolarisation membranaire Canal calcique type L Ca2+ Ca2+ RS 3 Na+ T-tubule Récepteur de la Ryanodine Ca2+ATPase Ca2+-ATPase Ca2+ Myofilaments Figure 3 : Représentation schématique du couplage excitation-contraction : la dépolarisation membranaire provoque l’entrée de calcium via les canaux calciques de type L. Cette première vague calcique déclenche le "calcium-induced-calciumrelease" au niveau des T-tubules du réticulum sarcoplasmique (RS). Ce second afflux de calcium cytosolique déclenche la contraction des myofilaments. La relaxation est permise par la recapture du calcium cytosolique par la calcium ATPase membranaire et du RS, ainsi que par l’échangeur Na+-Ca2+. 25 B. Initiation du couplage excitation-contraction 1. L’ouverture des canaux calciques membranaires de type L La concentration calcique extracellulaire (10-3M) est très supérieure à la concentration intracellulaire (10-7M au cours de la diastole) ; cette différence est possible car la membrane plasmique est virtuellement imperméable au Ca2+. L’activation des canaux calciques membranaires du cardiomyocyte ventriculaire est consécutive à l’importante onde de dépolarisation propagée par la conduction cardiaque. En effet comme l’illustre la Figure 3, le potentiel d’action induit des changements électriques de la membrane plasmique qui ouvrent les canaux dépendants du potentiel (« voltage-gated channels ») dont fait partie le canal calcique de type L du cardiomyocyte ventriculaire. A cause de sa lente vitesse d’activation, le courant calcique ne participe que faiblement à la phase rapide de dépolarisation du potentiel d’action du myocarde (phase 0) ; en revanche il est le principal acteur du plateau du potentiel d’action (phase 2). En effet, le canal calcique membranaire de type L est dit « lent » : il s’ouvre à partir du seuil critique de -35mV et le courant calcique a une amplitude maximale pour un potentiel de membrane compris -10mV et +10mV dans le ventricule pour une durée inférieure à quelques millisecondes. Il laisse alors pénétrer les ions calciques d’origine extracellulaire dans la cellule avec une conductance de 25pS (Triggle, 2006). Dans le cardiomyocyte, l’entrée de Ca2+ via les canaux calciques de type L est limitée par l’inactivation Ca2+-dépendante de ce canal. Lors du couplage excitation-contraction, le Ca2+ libéré par le réticulum sarcoplasmique active la calmoduline liée à la partie C-terminal des canaux calciques de type L. La calmoduline ainsi activée, inhibe l’entré de Ca2+ extracellulaire via les canaux calciques de type L (Zuhlke et al., 1999). 26 Phase 1 Phase 2 Phase 0 Phase 3 Phase 4 100 ms INa ICa,L INCX It0,f It0,s IKs IKr IK,slow ISS IKL IKATP Figure 4 : Potentiel d’action ventriculaire de l’Homme et représentation des courants électriques associés. 27 2. Interaction subcellulaire des canaux calciques membranaires de types L et des récepteurs de la ryanodine Si l’ion Ca2+ est le principal acteur du couplage excitation-contraction, son action est facilitée par l’architecture cellulaire. En effet, les canaux calciques de type L se concentrent en « plaques fonctionnelles » au niveau des tubules T. Ces derniers sont des invaginations de la membrane plasmique qui viennent « mettre en contact » ces canaux avec les récepteurs de la ryanodine, également regroupés en « plaques fonctionnelles » de cinquante à trois cents unités qui leur font face sur les citernes terminales du réticulum sarcoplasmique, comme le l’illustre la Figure 3 (Brette et al., 2003). Cette disposition crée des « espaces sousmembranaires » entre les tubules T et le réticulum sarcoplasmique dans lequel se concentrent les ions Ca2+ venant de l’espace extracellulaire via les canaux calciques membranaires de type L. Les ions calciques ne diffusent donc pas dans toute la cellule mais une élévation de 10-7M à 10-6M de leur concentration au niveau de l’espace sous-membranaire suffit pour déclencher le « calcium-induced-calcium-release » par les récepteurs de la ryanodine. Dans le ventricule de mammifère, les tubules T représentent 30 à 50% de la surface de la membrane plasmique alors que dans l’oreillette ils en représentent moins de 15% (Brette et al., 2003). De plus la proximité de ces deux plaques tournantes des mouvements calciques dans le cardiomyocyte leur permet d’assurer une communication physique via des protéines ponts telles que la sorcine participant à la rapidité et l’efficacité de l’activation des récepteurs de la ryanodine par les canaux calciques membranaires de type L (Meyers et al., 1998). En effet, il semble qu’un canal calcique de type L active à lui seul six à vingt récepteurs de la ryanodine (Bers et al., 1999). C. Le récepteur de la ryanodine : élément central du « calcium-inducedcalcium-release » 1. Composition et architecture L’idée initiale d’un canal calcique du réticulum sarcoplasmique, protéine simple, a fait place à la conception d’un complexe macromoléculaire responsable de la libération du 28 calcium (Bers, 2004). En effet comme l’illustre la Figure 5, ces canaux calciques du réticulum sarcoplasmique sont le point d’ancrage d’un grand nombre de protéines comme le FKBP 12.6, la protéine kinase A (PKA) et ses sous-unités régulatrices (RII), la protéine d’ancrage mAKAP, ainsi que les protéines phosphatases 1 et 2A (PP1 et PP2A, respectivement). Ces protéines participent à la fois à la régulation de l’entrée du Ca2+ dans le réticulum sarcoplasmique et à celle de sa libération. spinophiline PP1 PR130 PP2A FKBP mAKAP PKA CaM P P Sites de phosphorylation CaMKII et PKA Monomère de RyR 2 GIG M1 M2 M3 M4 Triadine Cytosol Jonctine Ryanodine CO2 Membrane du SR Lumière Ca Ca Ca Ca CSQ Ca Ca HRC Ca Ca Ca Ca Ca CSQ Ca Ca Figure 5 : Représentation schématique du complexe macromoléculaire entourant le récepteur de la ryanodine cardiaque (RyR 2) d’après Bers (2003). PP1, phosphatase 1 ; PP2A, phosphatase 2A ; FKBP, FK 506-binding protein ; PKA, protéine kinase A ; mAKAP, protéine d’ancrage de PKA ; CaM, calmoduline ; CaMKII, Calmoduline kinase II ; GIG, région putative du pore ; M1-M4, 4 domaines transmembranaires; CSQ, calsequestrine; HRC, protéine de liaison du calcium riche en histidine. 29 a) Le récepteur de la ryanodine Le canal calcique du réticulum sarcoplasmique, à proprement parler, est plus connu sous le nom de récepteur de la ryanodine (RyR) ainsi dénommé en raison de son affinité pour la ryanodine, un alcaloïde isolé de Ryana speciosa vahl. On dénombre 3 types de récepteurs de la ryanodine : RyR 1, présent essentiellement dans le muscle squelettique, RyR 2, présent dans le cœur et RyR 3, mis en évidence dans le cerveau, le muscle squelettique, certains muscles lisses et les cellules non musculaires (Meissner, 2002). RyR 2 est un homotétramère dont chaque sous-unité pèse 565kDa. Chacune d’elle est formée d’une large partie cytoplasmique N-terminale et de 4 segments transmembranaires en partie C-terminale qui formeraient le pore de passage du Ca2+. L’assemblage des domaines cytoplasmiques des 4 sous-unités compose une extension cytoplasmique ou « pied » sur lequel viennent se fixer les ions Ca2+ d’origine extracellulaire. Il semble que ceux-ci induisent un changement de la conformation de cette partie du récepteur qui serait le signal moléculaire de l’ouverture du canal calcique du réticulum sarcoplasmique (Bers, 2004). Le réticulum sarcoplasmique étant la réserve calcique de la cellule (concentration calcique de 10-3M), l’ouverture des récepteurs de la ryanodine provoque donc une libération massive d’ions calcium qui fait passer leur concentration cytosolique de 10-7M à 10-6M. Ce second afflux de calcium dans le cytosol n’est cette fois plus limité au seul espace sousmembranaire des tubules T mais diffuse à l’ensemble de la cellule et provoque alors la contraction des myofilaments (Fill et al., 2002). Le RyR 2 est riche en cystéine et présente donc une grande quantité de résidus thiols (84 résidus) susceptibles d’être nitosylés (Xu et al., 1998). Cette nitrosylation est d’ailleurs une voie de régulation de la libération de Ca2+ : in vitro la S-Nitrosylation de 12 de ces sites produit une activation de RyR 2 réversible par dénitrosylation. La S-Nitrosylation de 20 à 24 sites est sans effet mais l’oxydation de sites supplémentaires produit une activation irréversible de RyR 2 (Xu et al., 1998). Bien que difficilement évaluable in vivo, la SNitrosylation pourrait participer à la régulation du RyR 2 puisque son association avec la nNOS est un élément indispensable à son bon fonctionnement (Barouch et al., 2002; Bendall et al., 2004; Damy et al., 2004). 30 b) Les protéines interagissant avec le récepteur de la ryanodine (1) La calmoduline (CaM) La CaM est une petite protéine cytosolique de 148 acides aminés ayant une très forte affinité pour l’ion Ca2+. La stœchiométrie de l’association CaM-RyR 2 n’est pas complètement connue car elle semble Ca2+-dépendante (Balshaw et al., 2001). Cette question est d’autant plus complexe que la liaison de la CaM au RyR 2 varierait sensiblement au cours du cycle cardiaque, et que des variations de la concentration moyenne de Ca2+ et la compétition entre la CaM et d’autres ligands module cette interaction (Fruen et al., 2000). D’un point de vue fonctionnel, la liaison de la CaM au RyR 2 réduit sa probabilité d’ouverture et module l’activation par le Ca2+ de RyR 2 (Bers, 2004). Comme nous allons l’exposer ci-dessous, la CaM régule également RyR 2 en interagissant avec CaMKII. (2) Les protéines FKBP (FK 506-binding proteins) Les FKBP sont liées et co-précipitent avec les RyR aussi bien du myocarde (RyR 2) que du muscle squelettique (RyR 1). Dans le muscle squelettique, RyR 1 est entouré quasi exclusivement de FKBP 12 tandis que dans le myocarde, RyR 2 est associé à FKBP 12 et FKBP 12.6. Le part relative de ces deux protéines varie selon les espèces : le chien présente 20 fois plus de FKBP 12.6 que de FKBP 12, tandis que ce rapport est de 2,19±0,2 chez le lapin et 1,65±0,2 chez l’Homme (Jeyakumar et al., 2001). Quelle que soit l’espèce ou la FKBP considérée (12 ou 12.6), leur activité peptidyl-prolyl isomérase n’est pas leur moyen d’action sur les RyR. Un modèle maintenant admis propose que les FKBP stabilisent physiquement les RyR en les liant, de manière à les coordonner. Les RyR passeraient de façon synchrone de l’état fermé à l’état ouvert (Marx et al., 1998; 2001). La dissociation des FKBP 12.6 de RyR 2 lors d’hyperphosphorylation de RyR 2 par la PKA serait en partie responsable des fuites calciques du réticulum sarcoplasmique par les récepteurs de la ryanodine lors de l’insuffisance cardiaque (Marx et al., 2000; Wehrens et al., 2005) ou de tachycardie ventriculaire polymorphe familiale (Lehnart et al., 2004; Wehrens et al., 2004). 31 (3) PKA, CaMKII, PP1 et PP2A La PKA est liée au RyR 2 via sa protéine d’ancrage, la A kinase anchoring protein (AKAP). La phosphorylation de RyR 2 par la PKA dans les conditions physiologiques accélère la libération de calcium sans modifier la quantité totale de calcium libérée. En parallèle, la PKA activée phosphoryle de multiples protéines dont les canaux calciques de type L et le phospholamban. La phosphorylation des canaux calciques de type L provoque une augmentation de l’intensité du courant calcique de type L ; celle du phospholamban améliore la recapture des Ca2+ par la SERCA 2, ce qui augmente la charge calcique du réticulum sarcoplasmique. Ceci aboutit à une augmentation de la quantité de calcium libéré par RyR 2 lors du couplage excitation-contraction bien que la phosphorylation de RyR 2 par PKA n’ait en soi qu’un effet limité dans le temps et en intensité (Bers, 2004). La CaMKII phosphoryle également RyR 2. A ce jour, six sites de phosphorylation par CaMKII sont connus. L’effet de CaMKII sur le RyR 2 reste flou et varie énormément selon la préparation expérimentale étudiée. Néanmoins il ressort que la phosphorylation de RyR 2 par CaMKII active significativement la libération de calcium par le réticulum sarcoplasmique lors de la systole. Les effets de cette phosphorylation semblent bien plus conséquents que ceux induit par la PKA (Bers, 2004). Aux kinases répondent les phosphatases. Deux sont connus pour hydrolyser les liaisons phosphates sur RyR 2 : PP1 et PP2A. PP1 s’associe au RyR 2 via la spinophiline et PP2A via la PR 130 (Marx et al., 2000). 32 Situation physiologique RyR RyR FKBP 12.6 FKBP 12.6 Diastole Systole Libération coordonnée de Ca2+ Systole Libération désordonnée de Ca2+ Situation pathologique RyR RyR FKBP 12.6 FKBP 12.6 Diastole Figure 6 : Représentation schématique d’un « Cluster » (« amas ») de récepteur de la ryanodine assemblés par le FKBP 12.6. Cette organisation garantirait une ouverture coordonnée des RyR lors de la systole. Lors de situation pathologique telle que l’insuffisance cardiaque, le défaut de FKBP 12.6 serait responsable de fuite diastoliques de Ca2+ et une libération systolique moins synchrone (Marx, 2001). 33 (4) La calséquestrine, la junctine, la triadine et la protéine de liaison du calcium riche en histine. La calséquestrine est la protéine majoritaire assurant le stockage du Ca2+ dans la lumière du réticulum sarcoplasmique. Elle est localisée à la face luminale du RyR et comme elle présente une charge négative (64 charges négatives par protéine), elle peut lier les ions Ca2+ (environ 20 ions Ca2+ par protéine de calséquestrine). La triadine et la jonctine sont également des protéines intraréticulaires attenantes au RyR 2. Elles joignent physiquement la calséquestrine au RyR 2 pour former le complexe permettant le passage du Ca2+. L’interaction de ces protéines avec la calséquestrine est sensible au calcium. En effet, lorsque que la concentration calcique du réticulum sarcoplasmique diminue pendant le « calcium-inducedcalcium-release », la liaison de la calséquestrine à la triadine/jonctine est renforcée (Zhang et al., 1997). Cette sensibilité de la calséquestrine à la libération de Ca2+ permet la libération du Ca2+ de la calséquestrine et participe à la régulation de l’ouverture/fermeture des RyR à chaque systole. En effet, sur la base d’une étude électrophysiologique du RyR 2 isolé dans une bicouche lipidique, Györke et al. (2004) suggèrent que l’ouverture de RyR 2 (avec la jonctine et la triadine) est inhibée par la calséquestrine pour de basses concentrations de calcium dans le réticulum sarcoplasmique. Cette inhibition est levée pour de fortes concentrations de calcium. De cette façon, la calséquestrine participerait à la sensibilisation de RyR 2 à la concentration calcique intraluminale (Gyorke et al., 2004). Le réticulum sarcoplasmique contient aussi une protéine de liaison du calcium riche en histine (histine rich calcium-binding protein, HRC). HRC est également une protéine de charge négative participant au stockage du calcium dans le réticulum sarcoplasmique (Lee et al., 2001). Enfin, d’autres protéines comme la sarcoluménine, la calréticuline et la protéine Homer 1c ont été mises en évidence pour interagir avec RyR 2, mais leurs rôles demeurent mal connus (Westhoff et al., 2003). 2. Fonctionnement du relarguage calcique Les récents progrès en matière de microscopie à fluorescence ont permis de « visualiser » les flux calciques et ont notamment mis en évidence les étincelles de libérations calciques par les RyR, appelées « calcium sparks ». Ces données apportent un nouvel 34 éclairage sur la genèse du « calcium-induced-calcium-release ». Les « calcium sparks » sont des libérations spontanées et localisées de Ca2+ par quelques RyR 2 (Cheng et al., 1993). Ces « étincelles calciques » sont confinées dans le temps (environ 400 ms) et dans l’espace atteignant un pic de concentration calcique d’environ 300 nM (Lopez-Lopez et al., 1994; Shacklock et al., 1995). Cette observation est à la base d’une théorie dite de « contrôle local » qui serait le mécanisme de base du « calcium-induced-calcium-release ». Ses auteurs supposent que les RyR produisent chacun des libérations élémentaires de Ca2+ qui sont recrutés et rassemblés par le flux de Ca2+ d’un unique canal calcique membranaire de type L. Cette thèse remplace la précédente théorie qui proposait que la concentration moyenne du Ca2+ dans la cellule déclenchait le « calcium-induced-calcium-release » (Cannell et al., 1994; Wier et al., 1997). La libération massive de Ca2+ par le réticulum sarcoplasmique serait donc le fruit de la coordination des « étincelles calciques » (« calcium sparks ») par les canaux calciques membranaires de type L, phénomène dénommé « coupled gating » (« ouverture couplée »). Plus récemment, certains auteurs ont placé l’immunophiline FKBP 12.6 (autrement appelée Calstabin 2) au centre de ce phénomène (Marx et al., 1998). A chaque sous-unité de RyR est associée une protéine de FKBP 12.6 ; cette dernière relirait ainsi entre eux les différents RyR. Ces liaisons seraient les traits d’union élémentaire du maillage des RyR permettant le « coupled gating » comme l’illustre la Figure 6 (Marx et al., 2001). Ainsi, la progression de l’insuffisance cardiaque est associée à une perte progressive du « couple gating » et à des fuites calciques inappropriées en diastole, ce qui semble correspondre sur le plan moléculaire à une diminution de l’association des RyR 2 avec des FKBP 12.6 (Marx et al., 2000; Ono et al., 2000; Yano et al., 2000). 3. La fin du relargage calcique Le « calcium-induced-calcium-release » est un mécanisme pourvu d’un rétro-contrôle positif. Pourtant son arrêt est nécessaire pour permettre la relaxation et le remplissage du cœur. Trois mécanismes ont été proposés : l’attrition stochastique, la déplétion du réticulum sarcoplasmique et l’inactivation du RyR 2. L’attrition stochastique suggère que si les canaux calciques de type L et tous les RyR d’une jonction se ferment simultanément, la concentration locale de Ca2+ chuterait alors et interromprait l’auto-entraînement de la libération calcique. Cette possibilité est envisageable 35 si un canal calcique de type L était couplé avec un voire deux RyR, mais cette hypothétique synchronie devient improbable avec le prorata d’association (1 pour 10) (Lukyanenko et al., 2001; Lukyanenko et al., 1998). L’ouverture coordonnée (« coupled gating ») des RyR pourrait palier cette limite mais cela reste à démontrer. La déplétion du réticulum sarcoplasmique en Ca2+ ne peut également pas totalement expliquer la fin de la libération calcique puisque de très longues libérations sont possibles. Ainsi la diffusion de Ca2+ d’autres régions du réticulum sarcoplasmique peut limiter la déplétion locale de Ca2+. Toutefois la concentration globale en Ca2+ du réticulum sarcoplasmique diminue lors d’une libération calcique dans le cadre d’un cycle cardiaque : la concentration intraluminale de Ca2+ participant à la régulation de la libération de Ca2+, sa diminution peut contribuer à l’arrêt de libération de Ca2+ (Bers et al., 1998; Gyorke et al., 2002; Satoh et al., 1997). Enfin, deux types d’inactivation des RyR ont été décrits. D’une part le RyR présente une période réfractaire après son ouverture, et d’autre part l’adaptation, propriété par laquelle après une activation le RyR retourne à un état d’ouverture moins probable, mais pendant lequel il ne peut être activé que par une concentration plus élevée de Ca2+. La part relative de ces deux phénomènes demeure inconnue dans la mesure où les études portent sur l’un ou l’autre mais ne comparent pas les deux mécanismes. Le retour à la disponibilité de RyR se fait en deux temps : l’un rapide (100-300ms) et l’autre lent (quelques secondes) (Sham et al., 1998). L’inactivation pourrait être importante pour minorer les libérations inappropriées de Ca2+ entre les systoles (Schiefer et al., 1995). En résumé, il semble que l’inactivation des RyR et la déplétion partielle de Ca2+ dans le réticulum sarcoplasmique participent conjointement à l’arrêt de la libération de Ca2+. D. Mécanismes complémentaires initiateurs de la libération du Ca2+ du réticulum sarcoplasmique. L’entrée de Ca2+ via l’échangeur sodium-calcium (NCX) qui participerait au « calcium-induced-calcium-release » a aussi été évoquée. En effet les courants sodiques qui accompagnent le potentiel d’action peuvent engendrer une élévation de la concentration sousmembranaire de sodium. Cet excédent intracellulaire de Na+ pourrait activer le NCX, qui ferait alors entrer des ions Ca2+ pour exporter des ions Na+. Ce mécanisme est peu probable 36 dans la mesure où les NCX ne sont pas à proximité des RyR et les ions Ca2+ susceptibles d’entrer dans la cellule par le NCX sont alors peu enclins à déclencher le « calcium-inducedcalcium-release » (Levesque et al., 1994; Lipp et al., 1994). Ce courant calcique via NCX ne semble donc avoir qu’un rôle mineur dans le « calcium-induced-calcium-release » dans la mesure où cette entrée de Ca2+ est moins efficace et plus lente à provoquer la libération de Ca2+ par le réticulum sarcoplasmique. En l’absence de Na+, le Ca2+ peut pénétrer dans le cardiomyocyte par un courant calcique sensible à la tétrodotoxine qui a été attribué à une sous-population de canaux sodiques. Bien que ce courant puisse initier le « calcium-induced-calcium-release » dans certaines conditions expérimentales, son existence semble improbable aux concentrations sodiques physiologiques (Aggarwal et al., 1997; Lemaire et al., 1995). Enfin, en dépit des innombrables démonstrations de la nécessité de l’entrée de Ca2+ extracellulaire lors du couplage excitation-contraction, certaines études ont proposé une libération de Ca2+ dépendante du potentiel par le réticulum sarcoplasmique qui n’aurait pas besoin de l’influx de Ca2+ extracellulaire via les canaux calciques membranaires de type L (Ferrier et al., 2001; Piacentino et al., 2000). De plus, l’inositol-(1, 4, 5)-triphosphate peut initier la libération de Ca2+ du réticulum sarcoplasmique de muscle lisse et du réticulum endoplasmique dans de nombreux types cellulaires par le biais des récepteurs de l’inositol-(1, 4, 5)-triphosphate. Ces récepteurs sont présents dans les cardiomyocytes et d’importantes concentrations d’inositol-(1, 4, 5)-triphosphate engendrent une libération de Ca2+, mais le taux et la vitesse de libération du Ca2+ sont très inférieures à celle du « calcium-induced-calciumrelease » et le potentiel d’action n’inclut pas la formation d’inositol-(1, 4, 5)-triphosphate. Cette voie ne semble donc pas plausible (Lipp et al., 2000; Perez et al., 1997). En résumé, la libération de Ca2+ est initiée principalement par le « calcium-inducedcalcium-release » et le courant calcique via les canaux calciques de type L en est la principale source. Les autres mécanismes précédemment évoqués seraient susceptibles de le moduler légèrement ou d’intervenir comme système de réserve, leur rôle pourrait devenir relativement important lors de situation pathologique. 37 E. La contraction des myofilaments 1. Structure de l’appareil contractile Les cardiomyocytes comportent une vaste structure de contraction : le sarcomère. Au microscope optique, les myofibrilles apparaissent composées d’une alternance de bandes sombres (bandes A pour anisotropiques) et claires (bandes I pour isotropique), comme l’illustre la Figure 7. La bande I est traversée en son milieu par une ligne sombre ou strie Z (pour Zwischenscheibe) et la bande A est traversée par une zone claire ou bande H (pour Hensen), marquée en son centre par une ligne sombre M (M pour Mittlemembran) (Granzier et al., 2004). Le sarcomère est l’unité de contraction du cardiomyocyte définie par la zone comprise entre deux stries Z. Le raccourcissement du sarcomère au cours de la contraction se fait par rapprochement des stries Z. L’alternance des zones sombres et claires résulte de l’interpénétration de deux types de filaments : les filaments épais composés principalement de myosine (1,5 µm de long) et les filaments fins composés principalement d’actine (1 µm de long). Enfin un troisième filament, la titine relie l’α-actinine par sa partie N-terminale à la myosine par sa partie C-terminale (Opie, 1998). a) Structure du filament épais La myosine est une protéine hexamérique fibreuse composée de six sous-unités : deux sous-unités lourdes (MHC pour Myosin Heavy Chain) et quatre sous-unités légères (MLC pour Myosin Light Chain). L’enchevêtrement de ces sous-unités donne à la myosine une forme de crosse. La queue compose le centre des filaments épais tandis que la tête est le site d’interaction avec l’actine et de fixation de l’ATP. Les MLC sont situées autour de ces sites d’intérêt et régulent ainsi la formation des ponts avec l’actine (Rayment et al., 1993b). Au sein des filaments épais, la myosine est associée à d’autres protéines régulatrices dénommées : Myosin Binding Protein (MyBP). A ce jour, il en a été décrit trois : C, H et X. La protéine MyBP-X n’a pour l’instant été mise en évidence que dans certains muscles squelettiques et MyBP-H dans les cardiomyocytes des fibres de Purkinje. Dans les cardiomyocytes ventriculaires, seule la MyBP-C a un rôle reconnu. Elle interviendrait dans myofibrillogénèse et participe à la régulation de la contraction (de Tombe, 2006). 38 Demibande I Bande A Strie Z Bande H Ligne M Filament épais : Filament fin : Titine Myosine Actine Partie non extensible de la titine Troponines C, I et T Domaine extensible fait de 3 segments : Protéines C, H et X associées à la myosine (MyBP-C, MyBP-H et MyBP-X) PEVK Ig tandem N2A et/ou N2B Figure 7 : Représentation schématique du sarcomère cardiaque et de ses différentes composantes. 39 b) Structure du filament fin Le filament fin s’étend sur toute la longueur de la bande A à l’exception de la bande H comme l’illustre la Figure 7. Il est composé de chaînes hélicoïdales d’actine filamenteuse (actine-F issue de la polymérisation de monomères d’actine globulaire, actine-G) qui s’entrecroisent. Chaque molécule d’actine est stabilisée par un ion Ca2+ et par une molécule d’ATP hydrolysée pour donner la forme polymérisée (de Tombe, 2006; Opie, 1998). Dans la gouttière de l’actine-F se trouve une protéine filamenteuse, la tropomyosine (Tm) (1 molécule de Tm pour 7 monomères d’actine). Par encombrement stérique, la Tm bloque l’interaction des têtes de myosine avec l’actine, participant ainsi à la rigidité du filament fin et à la régulation de la contraction, comme l’illustre la Figure 5 (de Tombe, 2006; Opie, 1998). Tous les 40nm, la Tm s’associe à la troponine pour former le complexe troponinetropomyosine. La troponine est constitué de trois sous-unités : • la troponine I (Tn I) qui fixe l’actine qui empêche, en l’absence de Ca2+, l’interaction actine-myosine, • la troponine C (Tn C) qui fixe le calcium, • la troponine T (Tn T) qui se lie à la tropomyosine. La Tn C possède trois sites de fixation pour le Ca2+. Deux de ces sites ont une très forte affinité pour le calcium et une faible affinité pour le magnésium, tandis que le troisième est un site de faible affinité pour le calcium mais de haute affinité pour le magnésium. Ce dernier serait un élément clé de la contraction en permettant la levée de l’inhibition par la Tn I de l’effet activateur de l’actine sur l’activité ATPasique de la myosine en présence de calcium (Granzier et al., 2004). Il existe une dernière protéine au sein du filament fin : la tropomoduline qui se fixe au niveau de l’actine et de la tropomyosine. Elle est localisée à l’extrémité des filaments fins pour empêcher leur allongement excessif lors de la croissance (de Tombe, 2006). 40 Troponine C Troponine I Tropomyosine Actine Troponine T Filament fin Filament épais Tête de myosine Queue de myosine Titine Figure 8 : Représentation schématique des ponts d’actine-myosine c) Structure de la titine Les filaments épais et fins sont connectés par la titine. La titine, encore appelée connectine, est la plus grosse protéine connue (environ 3MDa, elle tient son nom de son gigantisme en référence aux Titans), commune à tous les muscles striés. Son extrémité Nterminale la relie à l’α-actinine au niveau de la strie Z. Son extrémité C-terminale participe à la structure des filaments épais en tant que support de la queue de la myosine et de la MyBPC. A contrario, elle est relativement libre dans la bande I dans laquelle se concentreraient ses propriétés élastiques grâce aux trois principaux segments qui la composent (Granzier et al., 2004) : 1. un premier segment riche en résidus proline (P), glutamate (E), valine (V) et lysine (K), appelée segment PEVK, 2. un deuxième segment formé de domaines de type « immunoglobine », dite Ig tandem, liés en série, qui encadrent le segment PEVK, 41 3. un troisième segment composé de séquences uniques N2A et/ou N2B. Ces différents segments permettent à la titine d’agir comme un élastique moléculaire responsable de la rigidité myocardique. A une longueur de 2,3 µm, 80-90% de la rigidité myocardique est assurée par les cardiomyocytes, le reste étant dû au collagène (Granzier et al., 2004). Les différents segments de la titine sont responsables de la force dite « passive » ou diastolique. En l’absence de force extrinsèque, le sarcomère du cardiomyocyte au repos présente une longueur lâche (« slack length ») de 1,9 µm. L’étirement du sarcomère génère une force de résistance dite « force passive », due principalement à la partie extensible de la titine qui va de la strie Z au début de la bande A. Cette région de la titine est hautement flexible et en l’absence de contrainte, elle est tant repliée que sa longueur est quasiment nulle. L’étirement des sarcomères déplie cette région et diminue leur entropie structurelle suscitant ainsi la force passive qui tend à rapprocher les stries Z (environ 0 à 5 pN par molécule de titine). Cette force passive est corrélée au niveau d’étirement car un étirement croissant engage d’abord le dépliement des segments Ig tandem puis PEVK et enfin N2A et/ou N2B (Davison et al., 2000; Granzier et al., 2004). A l’opposé, la titine peut participer à la force dite « de restitution ». En effet, la partie extensible de la titine est séparée de la strie Z par le segment inextensible de titine proche de la strie Z, titin’s near Z-disc region. Lorsque le sarcomère est plus court que sa longueur lâche, la partie flexible de la titine et le début du filament fin pénètrent entre les parties inextensibles de la titine. En conséquence, les parties flexibles de la titine sont étirées mais dans un sens inverse à celui de l’étirement du sarcomère, elles sont alors à l’origine de la force dite de restitution qui tend à éloigner les stries Z pour retrouver la longueur lâche du sarcomère. Ces propriétés sont à mettre en parallèle avec l’élasticité du myocarde qui accompagne sa contraction et sa relaxation pendant le cycle cardiaque (Davison et al., 2000; Granzier et al., 2004). 2. Origine moléculaire de la contraction Bien que de nombreux groupes travaillent sur la contraction, il n’existe pas encore de modèle reconnu par tous permettant d’expliciter la conversion de l’énergie chimique fournie par l’hydrolyse de l’ATP en travail mécanique. La théorie des filaments glissants, 42 généralement admise, peut se résumer de la façon suivante : la formation de ponts d’actinemyosine par interaction de l’actine avec les têtes globulaires de la myosine, provoque le glissement des filaments d’actine entre les filaments de myosine et donc le raccourcissement du sarcomère. Les unités génératrices de force sont les ponts d’actine-myosine qui oscillent entre deux états (pont fort ou pont faible) en fonction de la fixation de l’ATP et de son hydrolyse (avec la libération de phosphore inorganique, Pi). Les ponts faibles (ne produisant pas de force) sont caractérisés par une oscillation rapide entre les états attaché et détaché. Les ponts forts (responsables de la force produite) sont caractérisés par une oscillation lente entre les états attaché et détaché (l’état attaché prédomine). Le passage d’un pont faible à un pont fort se fait lors de la libération de Pi. Lorsqu’une nouvelle molécule d’ATP se lie à la myosine, la myosine se dissocie de l’actine et un nouveau cycle peut démarrer. Le couplage excitation-contraction engendre une libération massive de Ca2+ dans le cytosol qui est à l’origine de la contraction et qui promeut la création de ponts forts. Lorsque la concentration est inférieure à 10-7 M (en diastole), le complexe troponine-tropomyosine masque le site d’interaction de la tête de myosine avec l’actine et aucune formation de pont n’est possible. Lorsque la concentration en calcium libre dans le cytosol augmente, le calcium se fixe sur la troponine C. Cette fixation change la conformation du complexe troponinetropomyosine, si bien que le site de fixation de l’actine sur la myosine est démasqué. Ce nouvel agencement du complexe troponine-tropomyosine permet la fixation d’un pont fort entre la tête de la myosine et l’actine. La force développée dépend d’un second mécanisme dont l’ATP est le moteur. Comme l’illustre la Figure 9, ce phénomène comprend cinq étapes (Davison et al., 2000; Moss et al., 2004; Rayment et al., 1993a) : • en se fixant sur la tête de la myosine, l’ATP provoque un changement de conformation de la myosine qui rompt l’état de rigor ; • ce changement de conformation transforme le pont fort en un pont faible et la myosine se dissocie de l’actine ; • la partie flexible de la myosine s’étend et positionne la tête de myosine en face d’une nouvelle protéine d’actine à laquelle elle se lie par un pont faible ; 43 • l’ATP est hydrolysé en adénosine diphosphate (ADP) par l’activité ATPase de la myosine et un phosphate inorganique est extrudé ; • cette hydrolyse provoque un changement de la conformation de la myosine et une libération d’énergie qui replie la tête sur le corps de la myosine. Ce nouveau changement de conformation déplace la molécule d’actine de 5 à 10 nm. Tout de suite après, l’ADP est libéré et le site de fixation des nucléotides est libre pour une nouvelle fixation et un nouveau cycle. Cette étape qui convertit une énergie chimique (hydrolyse de l’ATP) en mouvement, est l’aboutissement du couplage excitation-contraction. Pour que cette opération puisse se répéter au cours des 100 000 battements cardiaques qui composent la journée d’un homme, chacun de ces couplages excitation-contraction est suivi d’une phase de restauration de l’état initial : la relaxation (Davison et al., 2000; Moss et al., 2004; Rayment et al., 1993a). F. La relaxation : pompage du Ca2+ cytosolique A l’issue de la contraction le Ca2+ doit être retiré du cytosol pour permettre la relaxation. Plusieurs systèmes participent à cette étape, leur importance relative variant selon les espèces. Dans les cardiomyocytes du ventricule de lapin, la pompe calcique du réticulum sarcoplasmique ATP-dépendante (SERCA 2a) pompe 70% du Ca2+ cytosolique vers le réticulum sarcoplasmique et l’échangeur sodium-calcium (NCX) exporte 28% du Ca2+ cytosolique vers le milieu extracellulaire, laissant seulement environ 1% du Ca2+ cytosolique à la charge de la pompe calcique du sarcolemme ATP-dépendante et de l’uniport Ca2+ mitochondrial (Bassani et al., 1994). Ces deux derniers systèmes sont référencés comme « systèmes lents ». Bien que faible, l’importance fonctionnelle de l’entrée de Ca2+ dans la mitochondrie doit être soulignée : elle peut par accumulation induire de faibles changements de la concentration calcique mitochondriale susceptibles de stimuler les déshydrogénases qui augmentent la production de NADPH et d’ATP afin de satisfaire la demande énergétique croissante (Brandes et al., 1997; Brandes et al., 2002). Actine Actine Actine ATP ATP ATP Myosine Myosine Myosine Etape 1 : L’ATP se fixe sur la tête de myosine. Etape 2 : La myosine se dissocie de l’actine. Déplacement 5-10 nm Actine Actine ADP ADP Pi Myosine Myosine Etape 4 : L’ATP hydrolysée en ADP. Etape 3 : La myosine se déforme et se se place en regard d’une nouvelle molécule d’actine. est Figure 9 : Représentation schématique des cinq étapes du modèle des mécanismes de la contraction selon Rayment et al. (1993). ATP, adénosine triphosphate ; ADP, adénosine diphosphate. Etape 5 : Un pont fort s’établit. La myosine se fléchit et l’actine est déplacée. L’ADP est libérée, un ATP peut se fixer pour un nouveau cycle. 44 45 La part du Ca2+ extrait du cytosol par SERCA est plus importante dans le ventricule de rat que dans celui du lapin (due à une concentration plus importante de protéine) et celle extraite par NCX est moindre, environ de 7%, la SERCA 2a extrait 92 % et les systèmes lents extraient 1%. L’extraction du Ca2+ dans le ventricule de souris est proche de celle du rat tandis que la balance des flux calciques dans le ventricule du furet, du chien, du chat, du cobaye est similaire à celle de l’Homme (Hove-Madsen et al., 1993a; Hove-Madsen et al., 1993b). En conséquence, le rat et la souris sont de piètres modèles des courants calciques cardiaques de l’Homme (Bers, 2002). Pour rester en équilibre, la quantité de Ca2+ extraite du cytosol pendant la relaxation doit être la même que celle qui entre à chaque battement sans quoi le cardiomyocyte gagnerait ou perdrait du Ca2+ et ne serait alors pas stable. En effet, la mesure complémentaire des influx de Ca2+ et de sa libération du réticulum sarcoplasmique chez le rat et le lapin confirme cette logique d’équilibre. III. Cinétique et hétérogénéité de la contraction du ventricule gauche L’exploration de la contractilité régionale a remis en cause le modèle d’une contraction ventriculaire gauche unitaire et homogène. Au-delà de l’opposition entre le septum et la paroi libre, les murs antérieur et postérieur de la paroi libre obéissent à des cinétiques de contraction différentes. A. La distribution de l’influx électrique et l’initiation de la contraction Dans le myocarde des vertébrés, l’activité électrique est générée dans le nœud sinoauriculaire, puis atteint le nœud auriculo-ventriculaire et enfin le système de conduction ventriculaire. Ce dernier comprend le faisceau de His, avec ses branches droite et gauche et se termine par les fibres de Purkinje. Ces dernières, qui s’insinuent dans les parois du ventricule transmettent la dépolarisation aux myocytes qui se contractent. Comme l’illustre la Figure 10, le faisceau de His chemine dans le septum interventriculaire après un court faisceau commun 46 et se divise en deux branches : la branche droite qui continue dans la bandelette anisoforme du ventricule droit et la branche gauche (Benninghoff, 1944). Rapidement après cette division, la branche gauche se sépare en branche antérieure gauche et postérieure gauche qui assurent la distribution de l’influx au ventricule gauche (Opie, 1998). Cette propagation de l’influx dans le tissu cardiaque est très rapide. Elle atteint 2 à 3 m/s dans le système de His-Purkinje du cœur humain, mais cette vitesse est toutefois insuffisante pour provoquer une dépolarisation strictement synchrone de l’ensemble du ventricule et il est maintenant clairement reconnu que la dépolarisation débute à l’apex et chemine vers la base du cœur et ceci du sous-endocarde vers le sous-épicarde (Sengupta et al., 2006). Cette cinétique d’activation électrique génère des différences de charge à l’origine des enregistrements de l’électrocardiogramme (Opie, 1998). La mesure de l’activité électrique du ventricule gauche de chiens anesthésiés à thorax ouvert montre qu’il existe un délai de 8,8±3,3 ms entre l’activation électrique de l’apex et celle de la base (Prinzen et al., 1992). Veine cave supérieure Nœud sino-auriculaire Atrium droit Sinus coronaire Valve tricuspide Ventricule droit Septum interventriculaire Ventricule gauche Nœud atrioventriculaire Branche commune Branche gauche Branche droite Branche gauche antérieure Branche gauche postérieure Figure 10 : Système de conduction du cœur, illustrant l’anotomie du cœur (légende à gauche) et des voies de conduction (légende à droite), (modifié d’après Benninghoff, 1944). 47 Cette différence d’activation électrique s’accompagne logiquement d’une hétérogénéité de l’initiation de la contraction. L’apex commence en effet à se contracter avant la base (Prinzen et al., 1992; Sengupta et al., 2006; Zwanenburg et al., 2004). Chez le chien anesthésié à thorax ouvert, la base commence à se contracter 20,5±7,3 ms après l’apex (p<0.05) (Prinzen et al., 1992). L’analyse plus fine de la contraction par sonomicrometrie chez des porcs à thorax ouvert montre que ces délais de contraction semblent dépendre également du mouvement considéré (Sengupta et al., 2006). Dans cette étude, le raccourcissement longitudinal de l’apex est significativement plus précoce que celui de la base. Par contre, le délai de raccourcissement circonférentiel de l’apex tendait à être inférieur de celui de la base mais sans être statistiquement différent. Ces résultats ne sont pas un biais relatif à la préparation expérimentale dans la mesure où cette différence est retrouvée avec des méthodes non invasives. Zwanenburg et al. (Zwanenburg et al., 2004) ont observé des résultats similaires avec l’imagerie cardiaque par résonance magnétique chez des volontaires sains. L’évaluation du raccourcissement circonférentiel du myocarde montrait un délai de 9±8 ms entre la contraction apicale et basale. Une telle technique permet d’explorer la contractilité de l’ensemble des segments du ventricule gauche et les auteurs mettaient en évidence « une onde de contraction ». La contraction débutait dans les segments antérieurs et se poursuivait sur les segments adjacents pour toucher en dernier les segments du septum postérieur comme l’illustre la Figure 11. Les segments du septum postérieur commençaient à se contracter en moyenne 15±13 ms après ceux de la paroi antérieure. B. La contraction myocardique : à chacun son profil Une fois la contraction amorcée, l’hétérogénéité de la contraction se maintient : entre le myocarde sous-endocardique et le myocarde sous-épicardique et entre les différentes parois du ventricule gauche. Il existe un gradient transmural décrit de longue date. Le myocarde sous-endocardique développe en effet un épaississement plus rapide et plus important que le myocarde sous-épicardique (Villarreal et al., 1991). La différence de contraction entre les myocardes sous-endocardique et sousépicardique est un phénomène si familier à l’imagerie par Doppler tissulaire qu’elle est à la 48 base d’un indice essentiel de cette technique : le gradient de vitesse myocardique (myocardial velocity gradient, MVG) (Uematsu et al., 1995). A. Cinétique du début de la contraction Paroi antérieure Septum interventriculaire Derniers segments à se contracter Premiers segments à se contracter Paroi postérieure B. Cinétique de fin de la contraction Paroi antérieure Premiers segments à arrêter de se contracter Septum interventriculaire Derniers segments à arrêter de se contracter Paroi postérieure Figure 11 : Représentation schématique de la cinétique du début (A) et de l’arrêt (B) de la contraction du ventricule gauche mesuré par Zwanenburg et al., (2004) en imagerie cardiaque par résonnance magnétique. 49 Signalons par exemple que la vitesse systolique maximum de déplacement d’un segment sous-endocardique d’un chien anesthésié est en moyenne de 52±5 mm/s alors qu’au même instant le myocarde sous-épicardique a une vitesse de 18±2 mm/s (Derumeaux et al., 2000). Uematsu et al. (1995), montrent que chez des volontaires sains le mur postérieur du ventricule gauche a un gradient de vélocité myocardique plus important que le mur antérieur (3,28±0,67 s-1 vs 1,69±0,53 s-1, respectivement) (Uematsu et al., 1995). Cette observation est concordante avec les mesures du raccourcissement circonférentiel par IRM faites chez des volontaires sains (Zwanenburg et al., 2005). L’IRM qui permet d’explorer tout le ventricule gauche montre que les segments du mur libre postérieur ont un raccourcissement supérieur à ceux du mur antérieur. C. La fin de la contraction et la relaxation 1. Chronologie de la fin de la contraction La fin de la contraction est tout aussi hétérogène que son initiation. La chronologie de la fin de la contraction est proche de celle de son initiation mais il serait réducteur de la croire strictement superposable. Certes l’IRM montre que la paroi antérieure, qui commence à se contracter avant la paroi postérieure, finit également sa contraction avant la paroi postérieure mais les points de départ et de fin de l’arrêt de la contraction sont différents comme l’illustre la Figure 11 (Zwanenburg et al., 2004). Parallèlement, il persiste un gradient apico-basal. L’arrêt du raccourcissement longitudinal et le début de l’élongation longitudinale (relaxation) commencent à l’apex dans le sous-endocarde et s’achèvent à la base (Sengupta et al., 2006). Les derniers segments à se contracter achèvent leur contraction en moyenne 60±26 ms après le septum antérieur (Zwanenburg et al., 2004). 2. La contraction postsystolique La contraction postsystolique est donc la part de la contraction myocardique survenant après la fermeture de la valve aortique comme l’illustre la Figure 12. Elle a fait l’objet de 50 nombreuses études expérimentales et cliniques. Elle est présente dans environ un tiers des segments myocardiques des sujets sains, principalement dans le mur postérieur, alors que la majorité des segments du ventricule gauche ne présente pas de contraction postsystolique (Voigt et al., 2003b). Ce mouvement paradoxal de la paroi myocardique est strictement inefficace et il ne peut pas participer à l’éjection du sang dans l’aorte puisque la valve aortique est fermée (Sutherland, 2004; Takayama et al., 1988). Le mécanisme de cette contraction demeure discuté. Il pourrait s’agir d’une contraction active retardée ou d’un retour élastique de l’étirement du myocarde (Skulstad et al., 2002). Dans une étude menée sur des chiens anesthésiés à thorax ouvert, les auteurs ont évalué la contractilité régionale par sonomicrométrie et Doppler tissulaire lors de sidération, d’ischémie et d’infarctus myocardique (Skulstad et al., 2002). Ils ont démontré que ce mouvement nécessitait un travail du myocarde hypokinétique mais affirmaient également que le mouvement postsystolique survient de façon passive dans les segments dyskynétiques, i.e. dont le mouvement n’est pas en phase avec la cinétique de contraction du ventricule gauche. Au contraire, lors de dyskinésie, les segments étaient étirés par les segments adjacents qui se contractent pendant la systole, cet étirement conduisant à une restitution élastique passive : l’épaississement postsystolique. 0 ms 200 13 Épaississement postsystolique mm Épaississement systolique Amincissement protosystolique 8 Fin de diastole Minimum Fin de systole Maximum Épaisseur myocardique transmurale Figure 12 : Représentation de l’évolution de l’épaisseur transmurale sur un battement cardiaque. 51 La contraction postsystolique est un marqueur d’asynchronie du territoire myocardique considéré. La contraction d’une partie du myocarde après la fermeture de la valve aortique est un frein à la relaxation car plus la contraction persiste après la fermeture de la valve aortique, plus la relaxation est lente (Sengupta et al., 2006). Dans l’ischémie myocardique où la contraction postsystolique est augmentée, elle en devient même une entrave au remplissage (Urheim et al., 2003). L’augmentation de la contraction postsystolique lors de l’ischémie du myocarde est décrite de longue date (Rose et al., 1993; Takayama et al., 1988). Expérimentalement, la contraction postsystolique au cours de l’ischémie est positivement corrélée à la récupération post-infarctus précoce et tardive (Takayama et al., 1988) ainsi qu’en post-hibernation (Rose et al., 1993). Dans ces deux situations, les auteurs y voyaient un signe de viabilité myocardique. Malgré ces premiers résultats expérimentaux, l’exploitation clinique de ce paramètre a été bien plus tardive (Hosokawa et al., 2000). Elle a été rendue possible par l’apogée des nouvelles techniques d’exploration clinique mesurant la contractilité régionale, telles que l’imagerie par Doppler tissulaire ou l’imagerie cardiaque par résonance magnétique. Cliniquement, l’incidence de la contraction postsystolique de patients en phase aiguë d’un infarctus du myocarde est significativement et positivement corrélée à la récupération de la zone infarcie un jour, un mois, trois mois et une année après l’angioplastie percutanée (Hosokawa et al., 2000). Cette étude confirme les résultats obtenus expérimentalement. Cependant, la contraction postsystolique n’en est pas pour autant un paramètre d’usage routinier, son interprétation restant sujette à caution (Sutherland, 2004). Certes, plusieurs études constatent que le myocarde en ischémie aiguë présente une importante contraction postsystolique (Jamal et al., 1999; Jamal et al., 2001a; Jamal et al., 2001b; Kukulski et al., 2003; Voigt et al., 2003a; Voigt et al., 2003b), mais les limites de cet index viennent de son manque de spécificité. En effet, nous avons déjà dit qu’un tiers des segments du myocarde d’un sujet sain présentait une contraction postsystolique (Voigt et al., 2003b). La contraction postsystolique est présente dans 40% des segments non ischémiques d’un patient en phase aiguë d’un infarctus du myocarde, 79% des segments d’une cicatrice d’un infarctus (en moyenne survenu 32 mois avant l’étude) et dans 50 % des segments entourant cette cicatrice (Voigt et al., 2003b). Pour palier cette lacune, Voigt et al., (2003a) proposent de combiner ce paramètre avec un autre marqueur de l’ischémie : la chute de la fonction systolique. Cette démarche est fructueuse puisque le rapport de la déformation (« strain ») postsystolique sur la 52 déformation systolique identifie les segments ischémiques avec une sensibilité et une spécificité de 82 %. Plus récemment, une contraction postsystolique a été mise en évidence chez des patients insuffisants cardiaques (d’origine ischémique ou non) (Sogaard et al., 2002a; Yu et al., 2004a). La contraction postsystolique marquant l’asynchronie du ventricule gauche, il semble logique qu’elle soit augmentée avec la dysynchronie qui accompagne l’insuffisance cardiaque. Au-delà d’un marqueur de dysynchronie, les auteurs y voient une réserve contractile mobilisable par resynchronisation électrique du ventricule et proposent ainsi la mesure de l’étendue de la contraction postsystolique comme un facteur prédictif positif de la réponse à la thérapie de resynchronisation (Sogaard et al., 2002a; Sogaard et al., 2002b; Yu et al., 2004a). Dans la suite de leur raisonnement, la contraction postsystolique, marqueur de dysynchronie, peut servir au suivi des patients puisque sa réduction est corrélée à une amélioration de la fraction d’éjection du ventricule gauche (Sogaard et al., 2002b). Ces résultats sont issus d’une seule et même équipe ; ils ne sont pas partagés par le reste de la communauté médicale qui demeure septique voire critique vis-à-vis de la valeur pronostique de la contraction postsystolique, lui reprochant à nouveau son manque de spécificité (Lardo et al., 2005; Yu et al., 2004b). 3. La repolarisation De manière similaire à l’influx de dépolarisation, il existe une onde de progression de la repolarisation. Contrairement à la dépolarisation, elle n’emprunte pas de voie de conduction spécifique et se propage de proche en proche. La progression de la repolarisation est donc plus lente. Elle débute à la base du myocarde puis descend le ventricule et l’apex est la dernière partie du cœur à se repolariser (Sengupta et al., 2006). Il semble qu’il n’y ait pas de différence significative entre les myocardes sous-endocardique et sous-épicardique sur le porc anesthésié (Sengupta et al., 2006). A contrario sur une préparation de myocarde de chien, il semble que le myocarde sous-endocardique se repolarise plus lentement que le myocarde sous-épicardique (Laurita et al., 2005). 53 D. Origine de l’hétérogénéité de la contraction du ventricule gauche 1. Un environnement différent Le ventricule gauche est une structure hétérogène, le diamètre de sa cavité décroît de la base à l’apex, l’épaisseur de ses parois est variable, le septum subit les pressions des ventricules droit et gauche tandis que la paroi libre est entourée du péricarde. L’ensemble de ces facteurs entre dans le calcul de la contrainte pariétale (ou « wall stress ») d’après la loi de Laplace, élément déterminant de la contraction du myocarde (Moriarty, 1980). La contrainte est la force appliquée sur une surface. Plus la contrainte est importante, plus le myocarde doit déployer d’énergie pour se contracter contre cette contrainte. Selon la loi de Laplace, la contrainte appliquée sur la paroi myocardique se calcule ; Pression × rayon Contrainte = 2 × épaisseur transmurale myocardique Le rayon et l’épaisseur transmurale du myocarde étant en tout point différent, il en résulte que la contrainte pariétale est hétérogène dans le ventricule gauche (Role et al., 1978). A partir d’un modèle de calcul du stress basé sur le rayon et la courbure du myocarde, Beyar et al., (1993) montrent que la contrainte à la base est significativement plus importante qu’à l’apex en télésystole. Cette étude n’explorait cependant pas les différences éventuelles entre les parois antérieure et postérieure du ventricule gauche. Or les parois de ce ventricule sont pourtant soumises à des charges différentes. La diastole s’achève avec la contraction atriale qui propulse le sang dans le ventricule. Cette contraction atriale n’est pas uniforme et semble distendre le myocarde en un territoire précis : le mur postérieur du ventricule gauche (Zwanenburg et al., 2005). Cette pression localisée sur le mur postérieur provoque un amincissement et un allongement de ses segments. Les auteurs montrent que le pourcentage d’étirement est positivement corrélé au raccourcissement maximal, à la vitesse maximale de raccourcissement et au raccourcissement postsystolique (Zwanenburg et al., 2005). Ainsi pour cette équipe, la différence de fonction entre les murs 54 postérieur et antérieur que nous avons déjà mentionné, serait du à un mécanisme de FrankStarling du mur postérieur après l’étirement du à la contraction atriale. 2. Un support moléculaire différent L’étude de la contraction à l’échelon moléculaire montre que la différence de fonction des myocardes sous-endocardique et sous-épicardique correspond à un couplage excitationcontraction différent. Sortis du contexte ventriculaire, les cardiomyocytes ont une fonction qui reste différente selon leur territoire de provenance (Cazorla et al., 2005). Les cardiomyocytes issus du myocarde sous-endocardique de rat ont une plus grande sensibilité à l’étirement Ca2+dépendant que ceux issus du myocarde sous-endocardique. Pourtant sur le plan moléculaire, les cardiomyocytes ont un appareil contractile similaire (expression des mêmes isoformes de la titine, taux de troponine I et niveaux de phosphorylation) à l’exception de l’isoforme 2 de la chaine légère de la myosine ventriculaire (ventricular myosin light chain 2 isoform ; VLC2b). L’étirement provoque la phosphorylation de VLC2b uniquement dans les cardiomyocytes sous-endocardiques. Cette phosphorylation de VLC2b spécifique du sous-endocarde pourrait expliquer la différence de réponse à l’étirement dans la mesure où cette différence de réponse à l’étirement entre les myocardes sous-endocardique et sous-épicardique n’existe plus au décours d’un infarctus chez le rat et qu’ils ne présentent plus de phosphorylation spécifique de VLC2b (Cazorla et al., 2005). Des différences dans le niveau d’expression des protéines de l’homéostasie calcique accompagnent cette adaptation de l’appareil contractile sous-endocardique. Le récepteur de la ryanodine (RyR 2) est plus abondant dans le myocarde sous-endocardique que sousépicardique chez le chien (Hittinger et al., 1999). Parallèlement, le myocarde sousendocardique présente moins de pompes calciques du réticulum sarcoplasmique (SERCA 2a) (Laurita et al., 2003), ce qui est à l’origine d’un allongement de la transitoire calcique participant au retard de repolarisation du sous-endocarde (Laurita et al., 2005; Pruvot et al., 2004). L’hétérogénéité transmurale moléculaire est aujourd’hui reconnue. Par contre il n’existe à notre connaissance aucun travail étudiant le support moléculaire de la différence de contraction entre le mur antérieur et postérieur du ventricule gauche. 55 Chapitre II La sidération myocardique, Altération post-ischémique de la contraction cardiaque. I. Approche expérimentale de la sidération myocardique A. Description initiale de la sidération myocardique En 1975, Heyndrickx et al. ont soumis des chiens éveillés chroniquement implantés à une occlusion coronaire de 5 min et 15 min. Comme l’illustre la Figure 13, les occlusions coronaires provoquaient une ischémie sévère du myocarde attestée par l’élévation du segment ST sur l’électrocardiogramme. Ces ischémies entraînaient une chute du raccourcissement circonférentiel systolique et la contractilité de la zone privée d’oxygène était réduite à néant. La reperfusion de ces ischémies était accompagnée d’une amélioration de la contractilité mais une hypokinésie sévère persistait en l’absence de modifications électrocardiographiques et malgré un retour à la normale du débit sanguin coronaire. Toutefois la contractilité régionale revenait progressivement à son niveau initial en 6h ou 24h après les occlusions coronaires de 5 min et 15 min, respectivement. L’examen anatomo-pathologique démontrait que cette dysfonction contractile survenait en l’absence de lésion d’infarctus. 56 CONTROLE ECG OCCLUSION RECUPERATION 20 mV 20 mV 20 mV 0 0 0 250 PVG (mmHg) 0 6000 dP/dt (mmHg/s) 0 13,8 Longueur du segment (mm) 9,5 1s 1s 1s Figure 13 : Représentation des enregistrements d’électrocardiogramme (ECG), de pression ventriculaire gauche (PVG), de sa dérivé première en fonction du temps (dP/dt), et de longeur d’un segment circonférentiel d’un chien éveillé chroniquement implanté à l’état de base (contrôle), au cours d’une occlusion coronaire de 5 min (occlusion) et 5 min après la reperfusion de celle-ci (récupération), d’après Heyndrickx et al., (1975). Ce phénomène a fait l’objet d’intenses recherches et en 1982, Braunwald et Kloner l’ont appelé « sidération myocardique » ou « myocardial stunning ». Par définition, il s’agit de l’état de dysfonction contractile réversible qui suit un épisode ischémique transitoire alors que celui-ci n’a entraîné aucune nécrose et que les débits sanguins régionaux myocardiques sont revenus à la normale. Cette inadéquation entre une perfusion myocardique normale et une fonction contractile post-ischémique altérée, sans lésion anatomo-pathologique, est caractéristique de la sidération myocardique. Il s’agit d’une altération de la relation débitfonction. Toutefois, le myocarde sidéré conserve une réserve contractile lors d’une stimulation catécholaminergique endogène ou exogène. L’intensité et la vitesse de récupération de la dysfonction contractile dépendent évidemment de la sévérité et de la durée de l’épisode ischémique à l’origine de la sidération, mais les résultats varient également selon le modèle expérimental étudié (Shen et al., 1996). En effet, la multiplicité des espèces utilisées, de la souris au babouin, et des préparations, des 57 myofibrilles isolées à l’animal conscient, ont parfois donné des résultats discordants, rendant difficile l’explication de la sidération myocardique par un mécanisme physiopathologique unique et universel. Cependant des hypothèses ont pu être formulées. B. Diversité des modèles de sidération myocardique 1. La sidération myocardique après un épisode ischémique unique Chez le gros animal (chien, porc et babouin), une occlusion coronaire d’une durée inférieure à 20 min ne provoque pas de mort cellulaire au sein du myocarde mais génère à la reperfusion une dysfonction contractile réversible (Shen et al., 1996). L’observation de cette hypokinésie post-ischémique est la description originelle de la sidération myocardique par Heyndrickx et al. en 1975. La fonction contractile régionale a d’abord été étudiée par sonomicrométrie, comme l’illustre l’exemple de la Figure 14. Aujourd’hui, le développement de nouvelles techniques d’imagerie cardiaque telles que l’échocardiographie par Doppler tissulaire et l’imagerie par résonance magnétique offre également cette possibilité aussi bien Épaississement systolique (mm) chez l’Homme que chez les petits rongeurs. 4 3 Déficit contractile réversible 2 1 0 Absence de mort cellulaire Débits sanguins régionaux myocardiques normaux Base Occ 5' 10' 15' 20' 30' 45' 1h 2h 3h 4h 5h 6h 24h Figure 14 : Mesure de l’épaississement systolique en mm de 8 chiens éveillés chroniquement implantés à l’état de base, au cours d’une occlusion de l’artère coronaire circonflexe gauche de 10 min (Occ) suivie des 24 premières heures de reperfusion. 58 2. La sidération myocardique après de multiples épisodes ischémiques La répétition de brèves occlusions coronaires de 2 à 5 min provoque une dépression durable de la contractilité bien qu’il n’y ait pas de lésion myocardique irréversible. Comparée à une ischémie unique, la répétition d’ischémies courtes présente deux avantages : d’une part la dysfonction contractile se met en place graduellement et d’autre part ce protocole est particulièrement adapté aux espèces dépourvues de circulation collatérale native (Cohen et al., 1990; Sun et al., 1995). Cependant, la répétition d’épisodes ischémiques peut engendrer un préconditionnement précoce et introduire un biais même si le préconditionnement précoce ne protège pas de la sidération myocardique (Ovize et al., 1992). 3. La sidération myocardique de la zone viable dans le post-infarctus Chez le chien, la reperfusion d’une ischémie d’une durée supérieure à 20 min mais inférieure à 3h provoque en général un infarctus préférentiellement sous-endocardique. Le myocarde sous-épicardique adjacent ne présente pas de lésion d’infarctus mais une dysfonction contractile qui peut perdurer quelques jours voire quelques semaines (Rasmussen et al., 1977; Reimer et al., 1977). Bien qu’ayant une relevance clinique évidente, cette sidération a été peu étudiée à cause de problèmes méthodologiques. En effet, la proximité d’un infarctus en voie de remodelage rend difficile l’interprétation des mesures faites sur un myocarde sidéré. La dysfonction contractile observée confond alors les effets de l’infarctus et de la sidération myocardique, tant par leur addition que par leur interaction réciproque. 4. La sidération myocardique par ischémie totale Deux préparations composent ce modèle de la sidération : le cœur isolé et perfusé en préparation Langendorff (Gao et al., 1995) et le cardiomyocyte isolé (Louch et al., 2005). Dans un cas comme dans l’autre, il est souvent reproché à ces préparations de sortir la sidération de son contexte neuro-hormonal, mais cet isolement de l’organisme entier constitue également l’opportunité d’étudier finement les mécanismes de la sidération exempte de facteurs environnementaux confondants. L’exactitude de ces modèles de sidération est toutefois discutable en regard du non-retour à leur état contractile de base et de la conséquente mort cellulaire qui les compose (Dietrich et al., 1992; Louch et al., 2005). 59 In vivo, l’ischémie globale chez l’animal est souvent suivie d’une dysfonction contractile durable mais réversible (Bashour et al., 1983). Bien que peu étudiée, cette hypokinésie peut être assimilée à la sidération myocardique dans certaines conditions. 5. La sidération myocardique consécutive à un exercice ischémique Si l’accroissement de la demande myocardique en oxygène lors de l’exercice n’est pas accompagnée d’une augmentation équivalente de son apport (dans le cas d’une sténose coronaire ou d’une hypoxie par exemple), le myocarde est en situation d’ischémie et présente une dysfonction contractile (De Curzon et al., 2001; Dorge et al., 1999). Cette dysfonction contractile persiste à la cessation de l’exercice quand bien même l’oxygénation appropriée du myocarde est restaurée. De façon similaire, le réseau coronaire de chien présentant une hypertrophie ventriculaire gauche ne satisfait pas les besoins du myocarde sous-endocardique à l’exercice ce qui participe au développement une dysfonction contractile transitoire (Hittinger et al., 1990). II. Mécanismes physiopathologiques A. Importance des radicaux libres issus de l’oxygène L’hypothèse radicalaire a été émise dès le début de l’étude de la sidération dans les années 1980. Cette mise en cause reposait sur la réduction de la dysfonction contractile postischémique consécutive à l’administration de piégeurs des radicaux libres tels que la superoxide dismutase et la catalase. Cette mise en évidence indirecte de l’implication des radicaux libres a été complétée quelques années plus tard par la mesure de la production de radicaux libres à la reperfusion par electron spin résonance (Bolli et al., 1988). Les radicaux libres sont inhérents à tous les tissus, car ils sont générés au cours de nombreuses réactions biochimiques intracellulaires et éliminés par différents systèmes. Au cours de la reperfusion d’une ischémie à l’origine de la sidération, la production accrue de radicaux libres et la défaillance progressive des systèmes cellulaires chargés de leur élimination contribuent à un « excédent » radicalaire. Ces espèces radicalaires sont alors capables d’altérer les constituants cellulaires et d’induire les lésions. Les radicaux libres oxygénés n’ont pas de cibles spécifiques connues mais sont susceptibles « d’attaquer » tous les composants cellulaires. Leur puissant pouvoir oxydant leur permet de réagir avec 60 pratiquement tous les substrats organiques comme les acides aminés, les sucres, les lipides, les acides organiques et les acides nucléiques. Leur réactivité avec les lipides et les protéines est à l’origine de la peroxydation des acides gras contenus dans les membranes, de la dénaturation des protéines et de l’inactivation des enzymes. Ces effets provoqueraient la perte d’intégrité des membranes de diverses organelles (Lefer et al., 2000). Dans le cadre de la sidération, le réticulum sarcoplasmique semble être une victime importante des radicaux libres (Gao et al., 1996; Holmberg et al., 1991; Holmberg et al., 1992; Temsah et al., 1999). En effet, in vitro, les radicaux libres altèrent la libération et la recapture du calcium par le réticulum sarcoplasmique. De plus il semble également que les radicaux libres participent à la perte de sensibilité au calcium des myofibrilles du myocarde sidéré. L’origine exacte de ces radicaux libres lors de la sidération myocardique demeure incertaine. Les expériences menées chez le chien et le rat ont démontré que les xanthines oxydases étaient une des sources des radicaux libres de la sidération alors qu’une origine granulocytaire pouvait être exclue (Lefer et al., 2000). Toutefois, une participation de ces enzymes à la physiopathologie de la sidération chez l’homme est difficilement envisageable dans la mesure où leur importance dans le myocarde humain reste discutée (Heyndrickx, 2003). Sans qu’il ait été clairement démontré que ces voies de production de radicaux libres participent à la sidération myocardique, il est envisageable que les voies de production traditionnellement mises en évidence dans l’ischémie participent à la sidération : en premier lieu, la dysfonction des chaînes respiratoires mitochondriales, puis l’activation des cascades arachidoniques et enfin l’auto-oxydation des catécholamines (Opie, 1998). B. L’hypothèse calcique La participation des radicaux libres à la physiopathologie de la sidération a été principalement établie à partir de modèles utilisant des gros animaux : le porc, le chien ou le babouin. Parallèlement, les expériences menées sur le petit animal ont porté leur attention sur les altérations de l’homéostasie calcique qui accompagnent la sidération. Toutefois les résultats obtenus à partir de ces espèces n’ont pas été retrouvés par la suite sur les gros animaux, des mécanismes différents entre rongeurs et grands mammifères pouvant être expliqués par des homéostasies calciques différentes (Bers, 2002). En effet, les travaux menés sur les petits animaux montrent une désensibilisation de l’appareil contractile au calcium lors 61 de la sidération tandis que les travaux sur le porc démontrent une atténuation des courants calciques intracellulaires (Kim et al., 2003a). Ces observations illustrent les deux versants de l’hypothèse calcique et insistent sur l’importance de la diversité des modèles utilisés et les durées d’ischémie et/ou de reperfusion étudiées. 1. La surcharge calcique L’hypothèse calcique a pour point de départ la surcharge calcique observée au tout début de la reperfusion (Marban et al., 1990), comme l’illustre la Figure 15. Cette altération de l’homéostasie calcique est la conséquence d’altérations ioniques cellulaires associées à l’ischémie. Il est admis que l’ischémie entraîne une acidose due en partie au dysfonctionnement des chaînes respiratoires mitochondriales. La reperfusion « lave » le milieu extracellulaire et le pH interstitiel remonte brutalement (Ferrari, 1995). Ce déséquilibre entre la concentration intra- et extra-cellulaire des ions H+ provoque l’activation de l’échangeur sodium-proton Na+/H+ (isoforme NHE-1 pour les cardiomyocytes) qui est une voie majeure de sortie des protons H+ lors de l’acidification. L’activation de l’échangeur Na+/H+ est associé à un flux entrant d’ions Na+, soutenue par l’ouverture du symport Na+HCO3-, autre mécanisme cellulaire alcalinisant (Karmazyn, 1999). Cette entrée de sodium dans le cardiomyocyte s’ajoute à celle permise par le courant sodique à inactivation lente (INaL) pendant l’ischémie. Ce courant peut être activé par la lysophosphatidylcholine, dont la concentration dans la membrane ou au voisinage de la membrane augmente au cours de l’ischémie consécutivement à l’augmentation d’acyl-carnitine d’une part, et à la diminution du pH d’autre part (Ducceschi et al., 1996). Ces courants sodiques conduisent à une accumulation intra-cellulaire de Na+ qui inverse le fonctionnement de l’échangeur Na+-Ca2+. L’inversion de l’échangeur fait entrer un ion Ca2+ pour extruder trois ions Na+. La surcharge calcique qui est en résulte semble être le point de départ des lésions de reperfusion (Ferrari, 1995). En effet, un grand nombre de manœuvres et d’outils pharmacologiques qui tendent à contrer l’accumulation cellulaire de calcium réduisent le déficit contractile associé à la reperfusion. En premier lieu, la reperfusion avec des solutions pauvres en calcium se sont relevées bénéfiques sur un grand nombre de modèles (Marban et al., 1990). D’un point de vue pharmacologique, les inhibiteurs calciques et plus récemment les inhibiteurs de l’échangeur Na+/Ca2+ améliorent la fonction systolique post-ischémique. Le mécanisme par lequel la 62 surcharge calcique altère la contraction myocardique semble pluri-factoriel. Sur un modèle de cœur de cobaye isolé en Langendorff, Matsumura et al. (1996) démontrent que la dysfonction contractile de la sidération est corrélée à la dégradation de la desmine, de l’α-actinine et de la spectrine, et que l’amélioration de la fonction par la reperfusion d’une solution dépourvue de calcium s’accompagnait d’une réduction de la dégradation de ces protéines. De tels résultats se retrouvaient avec l’administration d’inhibiteur de protéase : la leupeptin et d’un inhibiteur de la protéase I activée par le calcium, la Calpaïne I. 2. Les protéases activées par le calcium (Calpaïnes) Les calpaïnes sont présentes dans de très nombreux tissus dont le myocarde. Ces protéases Ca2+-dépendantes sont activées par une élévation de la concentration calcique et dégradent alors d’autres protéines. Leur mise en cause dans la sidération débute en 1993 avec l’amélioration par un inhibiteur de protéase, la leupeptine, de la pression développée par un cœur de cobaye isolé en Langendorff après une ischémie globale de 15 min (Matsumura et al., 1993). Puis cette démonstration pharmacologique est répétée sur le cœur de rat chez lequel la mesure de la quantité substrat de la calpaïne I était retrouvée supérieure dans le cœur de rat sidéré par rapport au cœur control (Yoshida et al., 1995). L’année suivante, Gao et al. (1997) démontrent sur le même modèle que la troponine I est dégradée au cours de la sidération et que cette dégradation peut être reproduite in vitro par la calpaïne I. In vivo, cette dégradation de la troponine I est inhibée par les inhibiteurs de calpaïne I et par une reperfusion de solution dépourvue de calcium. Cette première suggestion de la dégradation de la troponine I par la calpaïne trouve un appui pharmacologique : le MDL-28170, inhibiteur spécifique de calpaïne, réduit la désensibilisation des myofibrilles au calcium (Urthaler et al., 1997). 63 1- Ischémie : diminution du pH intra- et extracellulaire 2- Ischémie : entrée de Na+ par le courant sodique à inactivation lente H+ 9- Reperfusion : Dégradation protéique cibles par les Calpaïnes 8- Reperfusion : accumulation intra-cellulaire de Ca+2 active les protéases calciumdépendantes : Calpaïnes 7- Reperfusion : accumulation intra-cellulaire de Ca+2 H+ Na+ Dégradation protéique H+ élevé 3- Reperfusion : augmention du pH extra-cellulaire H+ 4- Reperfusion : activation de l’échangeur Na+/H+ et du symport Na+-HCO3- Calpaïnes activées Na+ H+ HCO3Na+ Ca+2 Ca+2 2 Na+ Na+ 5- Reperfusion : accumulation intra-cellulaire de Na+ 6- Reperfusion : inversion de l’échangeur Na+/Ca+2 Figure 15 : Représentation schématique et simplifiée des principales altérations ioniques au cours de l’ischémie et de la reperfusion. 64 Enfin l’avènement du transfert de gène en apporte une nouvelle démonstration en 2003 : la surexpression de la calpastatine humaine, inhibiteur endogène de calpaïne dans le cœur de rat améliore sa fonction contractile après une ischémie globale en préparation de Langendorff et réduit la dégradation de la troponine I (Maekawa et al., 2003). Chez l’homme, de nombreuses protéines des myofibrilles sont des cibles potentielles des calpaïnes mais la participation de cette dégradation à la sidération reste à démontrer (Barta et al., 2005) d’autant plus que la dégradation de la troponine I par les calpaïnes dans les modèles de gros animaux est contestée (Sherman et al., 2000; Thomas et al., 1999). En effet, une part des résultats exposés ci-dessus sont imputables à la préparation utilisée : en ischémie globale sur cœur isolé en préparation Langendorff, la pression ventriculaire gauche télédiastolique est très élevée (>30 mmHg) et peut conduire à une entrée de calcium dans les cardiomyocytes et activer les calpaïnes en l’absence de toute ischémie. Pour soutenir cette hypothèse, Feng et al. (2001) ont soumis des cœurs isolés de rat en Langendorff à une pression ventriculaire télédiastolique de 25 mmHg pendant 40 min en l’absence de toute ischémie. Cette expérience a aboutit à une dégradation de la troponine I dépendante des calpaïnes et similaire à celle mise en cause dans la sidération modélisée par l’ischémie globale du cœur isolé en Langendorff. Ces résultats remettent en cause l’intervention des calpaïnes dans la sidération, bien que de nombreux auteurs la considèrent malgré tout comme acquise. 3. La désensibilisation des myofibrilles au calcium La mise en évidence de la participation des calpaïnes à la sidération myocardique explique en partie les altérations de l’appareil contractile constatées avant la mise en évidence de leur participation. En effet, dès 1995, la dysfonction contractile du myocarde sidéré a été assimilée à une dégradation de l’appareil contractile puisque Gao et al. (1995) ont mis en évidence une réduction de la réponse au calcium des myofilaments sidérés, alors que les mouvements calciques demeuraient parfaitement normaux. Cette équipe a montré qu’une telle désensibilisation au calcium pouvait être reproduite in vitro en exposant les trabécules cardiaques aux radicaux libres (Gao et al., 1996). L’étude par Western blot des protéines d’actine, de tropomyosine, de troponines C et T et des chaînes légères de la myosine ne montre pas de différence entre les cœurs de rats sains et ceux sidérés suite à une ischémie en utilisant une préparation Langendorff (Gao et al., 1997) tandis que le Western blot de la troponine I révèle une bande supplémentaire plus légère chez les cœurs sidérés. Lorsqu’elle 65 est prélevée à partir d’un myocarde de porc sidéré et intégrée à une préparation de fibres musculaires squelettiques de lapin, cette troponine I dégradée décroît la sensibilité au calcium de cette préparation par rapport à celle issue de l’intégration de troponine I de cœur de porc sain dans des fibres musculaires de lapin (McDonald et al., 1998). En 2000, Murphy et al., développent une souris transgénique surexprimant le produit de la dégradation de la troponine I dont le phénotype de contractilité cardiaque est en tout point similaire à la sidération myocardique. Les animaux présentent une dilatation ventriculaire, une réduction de la sensibilité des myofibrilles au calcium et une diminution de la contraction cardiaque mais qui répond à une stimulation catécholaminergique. Malgré son attrait, la désensibilisation des myofilaments au calcium due à la dégradation de la troponine I reste cependant discutée pour expliquer les différents aspects de la sidération myocardique, car elle n’est pas retrouvée dans les modèles de gros animaux (Kim et al., 2003a). Dans un modèle porcin d’occlusion de 10 min de l’artère coronaire interventriculaire antérieure à thorax ouvert suivi de 60 min de reperfusion, le Western blot de la troponine I est inchangé entre le myocarde témoin et le myocarde sidéré (Thomas et al., 1999) et ne montre aucun produit de dégradation de cette protéine par la sidération. De même, chez le chien, la quantité de troponine I ne change pas avec la sidération mais le myocarde sidéré présente moins de troponine I phosphorylée que le myocarde témoin (Luss et al., 2000). Dans cette espèce, l’étude de la sidération entourant l’infarctus tend à montrer une dégradation de la troponine T mais aucune corrélation avec la fonction contractile n’a pu être établie (Colantonio et al., 2004). Chez le porc et le chien, l’enchaînement de l’activation des calpaïnes et de la dégradation de la troponine I est même écarté par certains auteurs qui prônent une altération des mouvements calciques pour expliquer la sidération myocardique des grands animaux (Kim et al., 2003a). 4. Les altérations de l’homéostasie calcique Kim et al. (2003a) démontrent sur un modèle de sidération myocardique par sténose coronaire chez le porc que les cardiomyocytes hypokinétiques présentent une réduction du courant calcique membranaire de type L et des transitoires calciques intra-cellulaires par rapport aux cardiomyocytes sains adjacents du même animal. Cette modification fonctionnelle des mouvements calciques n’était pas associée à un changement de la quantité de troponine I, de SERCA 2a et de phospholamban mesurées par Western blot. En revanche, une diminution de la phosphorylation du phospholamban accompagnait la sidération, prenant probablement part à l’altération de la relaxation observée lors de la sidération dans les grandes espèces. A 66 l’opposé, les mêmes mesures faites sur des cardiomyocytes sidérés de rat ayant subi une occlusion coronaire de 10 min montrent que les courants calciques sont inchangés lors de la sidération alors que les cardiomyocytes présentent un déficit contractile (Kim et al., 2003a). Cette observation conforte l’hypothèse d’une perte de sensibilité des myofibrilles au calcium comme mécanisme de la sidération chez les rongeurs tandis que celle des grands mammifères résulterait d’une diminution des courants calciques comme l’évoquent d’autres travaux. Lors d’une sidération induite par une occlusion coronaire de 10 min chez le porc à thorax ouvert, la probabilité d’ouverture et la densité des récepteurs de la ryanodine (RyR) est réduite ainsi que la recapture du calcium par SERCA 2a (Valdivia et al., 1997). Cette perte de fonctionnalité du réticulum sarcoplasmique n’est pas le fait d’une dégradation de ses protéines (SERCA 2a, phospholamban et calséquestrine) car leur quantité reste inchangée au cours de la sidération. Cependant, bien que cette possibilité n’ait pas été démontrée dans le cadre de la sidération, rappelons que le réticulum sarcoplasmique peut être la cible des radicaux libres pouvant perturber les libérations de calcium (Jabr et al., 1995). L’ensemble de ces mécanismes est rassemblé dans la Figure 15. C. Approche génomique de la sidération myocardique L’avènement des techniques de biologie moléculaire a permis d’envisager la sidération sous un nouvel angle. L’absence de mort cellulaire lors de la sidération myocardique peut correspondre soit à l’absence de signaux apoptiques soit au développement d’un programme de survie ou de résistance à la mort cellulaire du myocarde. La première hypothèse est peu probable dans la mesure où même de brèves ischémies activent les cascades de signalisation pro-apototique (Yin et al., 1997). La seconde hypothèse a été testée au moyen de l’hybridation soustractive de myocarde sidéré sur du myocarde sain de porc éveillé soumis à une sténose de l’artère coronaire interventriculaire antérieure de 90 min suivie de reperfusion. Les tissus ont été prélevés à la reperfusion, après 1h et 12h de reperfusion (Depre et al., 2001). L’hybridation soustractive montre qu’un tiers des gènes surexprimés participent au mécanisme de survie (anti-apoptotiques, cytoprotecteurs, croissance cellulaire). L’analyse par qPCR de quelques-uns de ces gènes (PAI-1, PAI-2, EGR-1, H11-Kinase, IAP et HSP 70) montre que leur expression est maximale 1h après la reperfusion puis revient à l’état de base à 12h. Ces résultats ouvrent une nouvelle conception de la sidération et autorisent à penser qu’une activation de ce programme de survie peut être une thérapie de l’ischémie du myocarde, d’autant plus qu’un programme de survie comparable a été mis en évidence dans 67 les tissus viables en hibernation autour d’infarctus du myocarde de patients coronariens et de myocardes de porcs en hibernation. (Depre et al., 2004). Ischémie réversible et reperfusion Surcharge sodique ? Stress Oxydatif Altérations des protéines de l’homéostasie calcique Surcharge calcique Activation des Calpaïnes ? Réduction des courants calciques Protéolyse de la troponine I Désensibilisation des myofibrilles au calcium Déficit contractile Figure 16 : Représentation schématique des mécanismes proposés de la sidération myocardique. D. Hibernation versus sidération L’hibernation myocardique est caractérisé par un état d’hypokinésie du myocarde resté viable qui résulte d’une adaptation fonctionnelle du myocarde à une réduction prolongée du débit sanguin coronaire et présentant des modifications histologiques caractéristiques (accumulation de glycogène) (Rahimtoola, 1989). Le terme d’"hibernation" a été choisi en 68 référence à la notion de réduction métabolique et il sous-entend donc que le myocarde est capable de réduire ("down-réguler") son métabolisme en réponse à une sténose coronaire, ce qui se traduit par un état d’hypocontractilité (Kloner et al., 2001). L’hibernation est donc souvent considérée comme un mécanisme permettant au myocarde d’échapper à l’apparition de foyers d’infarctus (Heusch et al., 1996) suite à une réduction chronique de la perfusion myocardique : la contraction du myocarde s’adapte à un débit coronaire réduit grâce à la relation débit-fonction ("perfusion-contraction matching") (Ross, 1991). La restauration d’un débit sanguin myocardique normal permet un retour à la normale de la contraction du myocarde reperfusé. Le myocarde hibernant est également caractérisé par des modifications lésionnelles potentiellement réversibles comme des pertes progressives du matériel contractile sans diminution du volume cellulaire (Borgers et al., 1993; Shen et al., 1996), la présence de nombreuses et petites mitochondries, ainsi qu’un remodelage de la matrice extracellulaire (Ausma et al., 1995). A contrario, la sidération myocardique est une dépression contractile en l’absence de lésions d’infarctus alors que la perfusion sanguine myocardique est normale. La relation débit-fonction est donc perdue. Cette opposition a récemment été remise en cause par certains modèles d’hibernation chez le porc soumis à une sténose de l’artère coronaire interventriculaire. L’adapatation métabolique est, d’après la définition de l’hibernation un moyen d’échapper à l’infarctus lorsque le débit cornaire est réduit par une sténose. Or, la réduction de 41±4 % du débit coronaire pendant 24h chez le porc provoquait une dysfonction contractile sévère et qui durait après la levée de la sténose coronaire. L’analyse histologique du myocarde révèlait des ilôts diffus d’infarctus dans le myocarde sous-endocardique (Kudej et al., 1998). Ces résultats remettaient en cause le concept d’adaptation métabolique du myocarde. Dans une autre étude, une sténose chronique ne modifiant pas le débit coronaire de base mais empêchait son augmentation lors de sollicitations (Shen et al., 1995). Vingt jours après l’implantation de l’améroïde, l’épaississement transmural était réduit de 56±6 % par rapport à sa valeur initiale. L’analyse des enregistrements pendant ces 20 jours montrait que les animaux avait présenté de multiples épisodes de sidération myocardique dès que leur activité cardiaque était accrue (élévation de la fréquence cardiaque et du maximum de la dérivée première en fonction du temps de la pression ventriculaire gauche) (Shen et al., 1995). Cette observation suggère que l’animal subissait des ischémies pour chaque accroissement de la demande en oxygène du myocarde, introduisant la notion de « sidération chronique ». Sur un 69 modèle similaire, Fallavolita et Canty démontrent que cette adaptation de la fonction du myocarde s’accompagnait au bout de 2 mois d’une augmentation du dépôt de 18-F-2deoxyglucose, adaptation métabolique caractéristique de l’hibernation myocardique (Fallavollita et al., 1999). A la suite de cette observation, Kim et al. (2003b) ont soumis des porcs à 6 sténoses coronaires à 12 heures d’intervalles en réduisant le débit dans l’artère de 30%. La première sténose réduisait la contractilité myocardique et la reperfusion de cette ischémie et était associée à une sidération myocardique. Cette dernière était assez prolongée et la contractilité du myocarde sidéré n’est pas revenue à sa valeur de base lorsque la sténose coronaire suivante survient. Progressivement, la réduction d’épaississement myocardique due aux sténoses coronaires diminuait et la récupération était de moins en moins complète, comme l’illustre la Figure 15. Si bien qu’à la sixième sténose coronaire, la contractilité déjà sous le coup d’une sidération, n’était quasiment pas réduite par la nouvelle ischémie, démontrant un découplage de la fonction au débit. Cette perte de la relation débit-fonction était alors pérenne puisque la reperfusion de cette sténose ne s’accompagnait pas d’une récupération contractile. Ainsi la répétition d’épisodes de sidération myocardique conduit à une dysfonction contractile chronique et à un remaniement tissulaire et cellulaire identiques à ceux l’hibernation (accumulation de glycogène, réduction de l’extraction par le myocarde des lactates). Cette observation suggère que la sidération et l’hibernation coexistent, voire que la sidération chronique est un point de départ de l’hibernation. Évolution de la contractilité régionale 70 Sidérations myocardiques Dysfonction contractile permanente 1ère SC 2ème SC 3ème SC 4ème SC 5ème SC 6ème SC Temps Figure 16 : Représentation schématique de l’évolution de la contractilité de porcs soumis à 6 sténoses coronaires de 90 min (SC) à 12h d’intervalle. (Kim et al., 2003) III. La sidération en clinique humaine Comme nous l'avons exposé, la sidération myocardique est un phénomène découvert et essentiellement étudié en recherche expérimentale. Cependant, il est maintenant clairement démontré que la sidération atteint le myocarde humain dans des situations cliniques variées et qu’elle a des conséquences néfastes pour les patients qui en souffrent (Bolli, 1992). Depuis plusieurs années, des méthodes ont été mises au point dans le but de mettre en évidence le myocarde sidéré chez l'Homme et quelques recherches cliniques ont tenté d'en évaluer le traitement. Il faut cependant insister sur la difficulté de diagnostiquer la sidération myocardique chez l'Homme et donc de mener des études cliniques sur ce phénomène. En effet, comme nous l'avons vu, la définition de la sidération suppose d'une part l'absence d'ischémie résiduelle après l'épisode initial, avec un retour à la normale de la perfusion coronaire, et d'autre part la réversibilité complète du phénomène. Ces deux vérifications indispensables sont difficiles à réaliser en pratique chez l'Homme : en présence d'une dysfonction ventriculaire durable chez un patient ayant eu au préalable une ischémie myocardique, il faut 71 prouver d'une part qu'il ne persiste pas d'ischémie résiduelle silencieuse, et d'autre part vérifier par une évaluation répétée de la fonction ventriculaire que celle-ci revient à la normale dans les heures ou jours suivants. Pour des raisons pratiques bien compréhensibles, ces pré-requis ne sont que rarement vérifiés et le risque de qualifier de sidération une dysfonction contractile due à une ischémie persistante ou à une nécrose irréversible est important. De plus, les méthodes disponibles pour évaluer la fonction ventriculaire chez l'Homme ne sont pas toujours appropriées à une étude segmentaire fine et précise. La difficulté de s'assurer de la reperfusion normale d'un territoire ischémique en clinique n'a été levée qu'en 1999 par Gerber et al. qui grâce à la tomographie par émission de positrons ont objectivé une dysfonction contractile associée à des débits sanguins régionaux normaux. Cette étude est la première à avoir démontré l'existence d'une sidération clinique conforme à sa description expérimentale. Toutefois, même si le retour à la normale des débits sanguins régionaux ne peut être démontré avec la même rigueur scientifique que chez l’animal, de nombreuses dysfonctions contractiles rencontrées en clinique humaine sont considérées aujourd’hui comme des stigmates de la sidération myocardique et certaines situations cliniques peuvent être associées à un modèle expérimental, comme le montre le Tableau I. Tableau I : Modèles de sidération myocardique et situations cliniques proches Brèves occlusions coronaires Angioplastie coronaire percutanée Vasospasme coronaire Angor instable Ischémie longue suivie de reperfusion Infarctus du myocarde reperfusé Sténose coronaire (Ischémie due à une demande métabolique importante en présence d'un faible apport sanguin coronaire) Ischémie induite par un stress (exercice, echocardiographie sous dobutamine) Ischémie myocardique globale Arrêt cardioplégique Transplantation cardiaque Hypertrophie ventriculaire gauche Sténose aortique Cardiomyopathie hypertrophique Répétition de cycles d'ischémie-reperfusion Sidération chronique Hibernation myocardique 72 En effet, le pendant clinique évident du modèle expérimental de brèves occlusions/reperfusions coronaires est l’ischémie myocardique associée à l’angioplastie coronaire. Si la fonction contractile régionale est « normale » au début de la procédure, tout déficit contractile à l’issue de la répétition d’occlusions coronaires secondaires à l’insufflation du ballonnet peut être assigné à de la dysfonction contractile postichémique, donc à de la sidération myocardique. Le niveau de dysfonction contractile dépend alors de l’étendue du myocarde ayant subi l’ischémie. De nombreuses études ont montré que l’ischémie produite par les courtes insufflations du ballonnet était trop faible pour provoquer une dysfonction contractile avec retentissement clinique. Dans ce contexte, la sidération myocardique apparaît être un élément mineur. En effet comme le montre le Tableau II, dans cette situation, la sidération myocardique est fugace alors que dans d’autres pathologies elle est un élément durable et délétère. Comme le montre le Tableau II, la sidération myocardique est retrouvée dans plusieurs entités cliniques avec des durées de dysfonction contractile très variables. Tableau II: Situations cliniques de sidération myocardique Situation clinique Durée de la sidération Références Angioplastie quelques secondes suite à la brève ischémie Visser et al., 1986 Angor instable plusieurs heures à plusieurs jours Jeroudi et al., 1994 Arrêt cardiaque quelques heures à plusieurs mois Deantonio et al, 1990 Chirurgie cardiaque selon la durée de l'ischémie opératoire Mangano et al., 1985 Leung et al., 1993 Reperfusion précoce d'un infarctus du myocarde quelques semaines à plusieurs mois Ito et al., 1993 Hypertrophie ventriculaire gauche quelques heures Fine et al., 1989 Récemment, Wittstein et al. 2005, ont démontré qu’un choc émotionnel était susceptible d’engendrer une dysfonction contractile sévère (fraction d’éjection 20 %, échelle interquartile 15 % à 30 %) revenant en 3 semaines (fraction d’éjection 60 %, échelle interquartile 55 % à 65 %). L’angiographie des patients à leur admission ne montrait pas d’altération de la perfusion myocardique. Deux patients présentaient une élévation du segment ST, alors que l’électrocardiogramme des 17 autres patients de l’étude n’affichait aucun signe d’ischémie. Les biopsies de myocarde sous-endocardique de 5 de ces patients ne 73 montraient pas de signes de nécrose ou de mort cellulaire massive. En revanche, l’ensemble des patients présentait un taux de catécholamines circulantes supérieur à la normale. Pour les auteurs, il est possible que cette décharge adrénergique soit à l’origine d’une vasoconstriction de la microcirculation coronaire ou soit directement responsable de l’altération de la contraction des cardiomyocytes. La part des deux mécanismes est difficilement discernable, toutefois, la description de cette situation clinique est compatible avec la sidération myocardique (Wittstein et al., 2005). En conclusion, il ressort de ce chapitre, que la sidération myocardique est une entité clinique incontestable mais dont les mécanismes et par conséquent la prise en charge demeurent complexes. 75 Chapitre III Préserver et protéger la fonction contractile post-ischémique L’incidence croissante des maladies coronariennes en occident fait de l’ischémie du myocarde un problème de santé publique majeur. Au-delà de la réduction de la taille de l’infarctus, soutenir et préserver la fonction contractile font partie de la prise en charge de l’ischémie du myocarde. En complément de l’approche pharmacologique traditionnelle, les manœuvres physiologiques telles que le préconditionnement tardif et le postsconditionnement sont de nouvelles opportunités. I. Stratégies pharmacologiques vis-à-vis de la sidération myocardique La physiopathologie complexe de la sidération myocardique laisse entrevoir de nombreuses possibilités dans l’approche pharmacologique de sa prévention et/ou de son traitement. La stratégie employée dépend avant tout de la chronologie de l’intervention pharmacologique. En effet, une fois la sidération myocardique en place dans la fenêtre postischémique, seule l’administration d’agents aux propriétés inotropes positives ou d’agents réducteurs de la fréquence cardiaque semble efficace. A l’inverse, des substances antiischémiques peuvent prévenir la sidération myocardique si elles sont administrées avant l’ischémie. Quoiqu’il en soit, la prévention et le traitement de la dysfonction contractile sont conditionnés par la compréhension des mécanismes conduisant à la sidération et à ce titre, de nombreuses classes pharmacologiques ont été étudiées. 76 A. Les agents inotropes positifs adrénergiques Historiquement, l’une des premières solutions envisagées pour lutter contre la sidération myocardique a été d’administrer des agents inotropes positifs dans le but d’améliorer la récupération contractile du myocarde post-ischémique. L’administration d’un agoniste β-adrénergique comme l’isoprénaline, 1 à 3 h après un épisode de 10-15 min d’occlusion coronaire permet d’obtenir une récupération presque totale de la contractilité du myocarde en recrutant sa réserve contractile (Bolli et al., 1985). Cette action inotrope positive s’accompagne d’une augmentation de la MVO2 du myocarde sans altération de l’extraction des lactates, confirmant le fait que le myocarde sidéré n’est pas un myocarde ischémique. De même, une perfusion prolongée d’adrénaline restaure la contractilité du myocarde sidéré (Becker et al., 1986). L’utilisation de dobutamine comme agent inotrope positif a permis de mettre en évidence que la réversibilité de la dysfonction contractile par les agonistes β-adrénergiques était certainement liée au rétablissement de l’efficacité du transfert énergétique vers la contraction sans augmentation du métabolisme cellulaire. Cette amélioration n’est toutefois que transitoire et ne modifie pas les causes de la dysfonction contractile puisque l’action bénéfique cesse rapidement après la fin de l’administration de l’agoniste β-adrénergique. Cependant, ces agents peuvent accroître l’excitabilité ventriculaire du myocarde reperfusé et, en augmentant la MVO2, être délétères vis-à-vis des zones de myocarde ischémique qui coexistent fréquemment avec les zones de myocarde sidéré en pathologie humaine. B. Les β-bloquants Les β-bloquants possèdent des propriétés inotropes et chronotropes négatives qui concourent à diminuer la consommation d’énergie et d’O2 pendant l’ischémie (Kloner et al., 1985; Nagatsu et al., 2000). Dans le cadre de l’exercice musculaire effectué en présence d’une sténose partielle, les β-bloquants améliorent la distribution transmurale des débits sanguins régionaux myocardiques (Matsuzaki et al., 1984) et ce probablement par une diminution de la tachycardie d’exercice. En atténuant le stress ischémique qui précède la phase de sidération myocardique, les β-bloquants en atténuent la durée et l’intensité. Cependant, l’action bénéfique de cette classe pharmacologique ne s’exerce que de manière préventive : administrés pendant la phase de reperfusion ou à la phase de récupération, les β-bloquants 77 n’améliorent pas la dysfonction contractile (Soei et al., 1994). Au contraire, du fait de ses propriétés inotropes négatives, l’aténolol aggrave la sidération si ce β-bloquant est administré quand celle-ci est déjà installée (Monnet et al., 2004). C. Les antagonistes des canaux calciques de type L et T Les nombreuses propriétés pharmacologiques des antagonistes des canaux calciques de type L permettent d’expliquer leur efficacité dans la protection vis-à-vis de la sidération myocardique. En atténuant le stress ischémique donnant naissance à la sidération, ils en diminuent l’intensité. Cet effet anti-ischémique est dû pour une large part à leurs propriétés vasodilatatrices. Outre leurs effets anti-ischémiques préventifs, les antagonistes calciques permettent de lutter contre l’entrée massive de Ca2+ dans les cardiomyocytes et présentent également des propriétés anti-radicalaires (Koller et al., 1989; Weglicki et al., 1990). L’interprétation des résultats obtenus sur les modèles in vivo est compliquée par la prise en compte des effets hémodynamiques propres des antagonistes calciques. La baisse de la pression artérielle engendrée par ces substances diminue les conditions de charge du myocarde et donc la MVO2. Cependant, lorsque l’on contrôle la pression artérielle au moyen d’un ballon intra-aortique, l’administration de nisoldipine améliore la contractilité régionale post-ischémique, démontrant une action cardioprotectrice directe des antagonistes calciques sur les myocytes ischémiés (Ehring et al., 1992). Cette action cardioprotectrice pourrait être aussi expliquée par l’action bradycardisante modérée de la substance. L’hypothèse d’une action vasodilatatrice coronaire a également été avancée pour expliquer les effets bénéfiques des antagonistes calciques. La plupart des études réalisées n’ont pas mis en évidence d’augmentation des débits sanguins collatéraux (Ehring et al., 1992; Matsuzaki et al., 1984), mais il a été proposé que l’amélioration de la fonction contractile puisse résulter du « phénomène de Gregg » c’est-à-dire qu’elle soit consécutive à l’augmentation des débits sanguins lors de la reperfusion (Przyklenk et al., 1987). Cependant, l’utilisation des antagonistes calciques à des doses qui ne modifient pas le débit sanguin coronaire montre que ces substances sont encore cardioprotectrices (Lamping et al., 1985; Taylor et al., 1990). Comme celle des β-bloquants, la capacité des antagonistes calciques des canaux L à réduire la sidération myocardique dépend de la période à laquelle leur administration a lieu. 78 Administrés juste avant la reperfusion, les antagonistes calciques réduisent la dysfonction contractile par leurs propriétés anti-radicalaires et s’opposent à la surcharge calcique. Lorsque l’administration couvre la période ischémique, les modifications hémodynamiques se surajoutent à leurs propriétés anti-ischémiques. En revanche, lorsque la sidération est déjà installée, les antagonistes calciques sont inefficaces, voire même délétères à cause de leurs actions inotrope négative et hypotensive (Ehring et al., 1992). Enfin, le mibéfradil, antagoniste mixte des canaux calciques L et T atténue l’intensité de la sidération myocardique provoquée par une ischémie d’exercice chez le chien éveillé seulement s’il est administré avant l’exercice musculaire, c’est-à-dire s’il exerce un effet antiischémique préventif (Parent de Curzon et al., 2000). D. Les inhibiteurs sélectifs du canal If Les inhibiteurs sélectifs du canal If localisé au niveau du nœud sino-auriculaire sont des molécules originales qui inhibent de manière spécifique le canal If des cellules « pacemaker » du nœud sino-auriculaire. L’ivabradine (Procoralan) est la première substance de cette classe pharmacologique mise au point qui a obtenu l’autorisation de mise sur le marché en 2005. En effet, la zatébradine, qui la précédait, a montré des effets proarythmogènes, car elle augmentait significativement la durée du potentiel d’action des cellules du nœud sino-auriculaire et entraînait aussi un allongement de la repolarisation et donc le risque de torsades de pointe (Thollon et al., 1994). Cet effet délétère est à rapporter au fait que la zatébradine inhibait non seulement le courant If mais également le courant Ik (Bois et al., 1996). L’ivabradine, inhibiteur parfaitement sélectif du courant If, est dénué de ces inconvénients (Bois et al., 1996; Thollon et al., 1994). Le mode d’action de ces substances a été bien précisé, en particulier pour l’ivabradine qui bloque le canal If de façon très sélective, entraînant ainsi une diminution de la pente de dépolarisation diastolique lente, et donc une bradycardie dose-dépendante (Thollon et al., 1994). L’ouverture du canal If est modulée par l’AMPc; or, tout ce qui contribue à augmenter l’AMPc (augmentation du tonus sympathique) va accroître l’ouverture de ce canal If et, à l’inverse, tout ce qui concourt à diminuer l’AMPc (augmentation du tonus parasympathique) va tendre à le fermer. Dans ce contexte, le système nerveux autonome joue un rôle dans la réactivité du courant If. Toutefois la diminution de la fréquence cardiaque par l’ivabradine est indépendante du système parasympathique comme l’ont confirmé des études de liaison 79 (Vilaine et al., 2003). Ce mode d’action pharmacologique confère aux inhibiteurs de ce canal un pouvoir bradycardisant sélectif sans modifier de façon intrinsèque la pression artérielle, l’inotropisme ou la vasomotricité coronaire (Gardiner et al., 1995; Simon et al., 1995). L’ivabradine n’exerce pas d’effet propre sur la relaxation ventriculaire gauche, contrairement aux β-bloquants qui exercent des effets lusitropes négatifs (Colin et al., 2002). Enfin, Monnet et al. (2001) ont montré que l’effet anti-ischémique de l’ivabradine était responsable d’une diminution significative de l’intensité et de la sévérité de la sidération myocardique. De plus, administrée à la reperfusion, l’ivabradine atténue la sidération myocardique. Cet effet bénéfique est uniquement dû à la réduction de la fréquence cardiaque engendrée par cette substance. A contrario, pour une même réduction de la fréquence cardiaque, l’aténolol aggrave la sidération à cause de ses effets inotropes et lusitropes négatifs (Monnet et al., 2004). E. Les agonistes des canaux potassiques ATP dépendants L’ouverture des canaux potassiques ATP-dépendants est fonction de la teneur intracellulaire en ATP. Toute diminution d’ATP active ces canaux présents au niveau de nombreux tissus dont les cellules musculaires lisses vasculaires et les cardiomyocytes. Il en résulte une hyperpolarisation cellulaire qui diminue l’influx calcique via les canaux calciques dépendants du potentiel. Les agonistes potassiques réduisent donc la surcharge calcique du myocarde ischémique. Au niveau des artères coronaires, l’administration d’agonistes des canaux potassiques ATP-dépendants induit une vasodilatation et accroît les débits sanguins régionaux (Ghaleh et al., 1995). Du fait de ces effets sur l’ischémie initiale et sur la surcharge calcique, on conçoit que ces substances puissent présenter une action bénéfique sur la sidération myocardique. Les premiers résultats positifs obtenus avec les agonistes des canaux potassiques ATP-dépendants ont été décrits avec le nicorandil dans les modèles d’occlusionreperfusion (Gross et al., 1986). L’utilisation d’agonistes sélectifs des canaux potassiques ATP-dépendants (cromakalim, bimakalim) a confirmé leur action bénéfique sur la sidération myocardique (Auchampach et al., 1992a; Auchampach et al., 1992b) alors que le glibenclamide antagonise ces effets. De même, l’ouverture des canaux potassiques ATPdépendants est aussi à l’origine de l’amélioration de la fonction contractile du myocarde sidéré sous isoflurane (Kersten et al., 1996). 80 Le mécanisme intime de cette protection n’est pas totalement connu. En diminuant la surcharge calcique lors de l’ischémie, les agonistes potassiques protègent la cellule de la sidération. L’amélioration des conditions de charges du ventricule gauche peut aussi avoir un effet favorable. Quoiqu’il en soit, ces substances ne sont efficaces que si leur administration survient préventivement avant l’épisode ischémique et perdent tout effet bénéfique lorsque la sidération est déjà en place (Auchampach et al., 1992b). F. Les inhibiteurs des pompes Na+/H+ et Na+/Ca2+ Comme nous l’avons vu, l’activation de la pompe Na+/H+ participe à la surcharge calcique qui constitue l’un des principaux phénomènes à l’origine de la sidération myocardique. La cascade d’échanges ioniques initiée par l’acidose a conduit à envisager le blocage de la pompe Na+/H+ comme un moyen pharmacologique de limiter les conséquences de l’ischémie myocardique. Dans un modèle d’occlusion-reperfusion coronaire, les inhibiteurs de la pompe Na+/H+ réduisent la dysfonction contractile initiale et permettent une récupération plus rapide de la contractilité régionale (Sack et al., 1994). A contrario, dans un modèle où l’ischémie est induite par un exercice musculaire en présence d’une sténose coronaire, ces inhibiteurs sont inefficaces et ne parviennent pas à prévenir la sidération myocardique (Parent de Curzon et al., 1998). Il est probable qu’en maintenant un certain niveau de débit sanguin myocardique au cours de l’ischémie secondairement à la sténose, le renouvellement des couples tampons soit favorisé et que l’acidose soit réduite. Tout récemment, la pharmacologie s’est également tournée vers l’inhibition de l’échangeur Na+/Ca2+ pour limiter la surcharge calcique. Encore débutante, la pharmacologie de cet échangeur a pourtant montré que deux agents inhibant cet échangeur le KB-R7943 et le SEA 0400 (Takahashi et al., 2004; Yoshitomi et al., 2005) offrent une amélioration significative du raccourcissement segmentaire de chiens anesthésiés soumis à une occlusion coronaire de 15 min de l’artère coronaire interventriculaire antérieure suivie de reperfusion. Pour être efficace vis-à-vis de la sidération myocardique, ces deux substances doivent être administrées au plus tard 1 min (SEA 0400) ou 15 min avant l’occlusion (KB-R7943). Bien que touchant un échangeur ubiquitaire, ces deux substances présentent l’avantage de n’entraîner aucun effet hémodynamique systémique ou coronaire (Takahashi et al., 2004; Yoshitomi et al., 2005). 81 G. Les sensibilisateurs du Ca2+ Comme nous l’avons vu, un des mécanismes cellulaire responsable de la sidération myocardique est la diminution de la sensibilité des myofibrilles de l’appareil contractile au Ca2+ et plusieurs auteurs ont étudié les effets des agents pharmacologiques « resensibilisants » ce système. Bien des années avant l’émergence de l’utilisation de ce type de substances chez l’homme, Soei et al. (1994) ont ainsi démontré, sur un modèle de sidération myocardique induite par deux séquences d’occlusion coronaire de 10 min chez le porc, que le EMD 60263 administré dès la fin de l’occlusion entraînait une amélioration significative de la contractilité régionale de la zone sidérée. La MVO2 de cette zone n’était pas modifiée simultanément, c’est-à-dire que l’efficience mécanique du myocarde sidéré était améliorée par le sensibilisateur au Ca2+. Quelques années plus tard, des auteurs de la même équipe ont montré qu’un autre sensibilisateur au Ca2+, le EMD 57033 restaurait la fonction contractile du myocarde sidéré dans les mêmes conditions et améliorait également la fonction diastolique étudiée par l’élastance pariétale et la constante de relaxation τ (de Zeeuw et al., 2000a; de Zeeuw et al., 2000b). Cet effet n’était pas modifié si on assurait simultanément un blocage des récepteurs adrénergiques, ce qui excluait un effet inhibiteur des phosphodiéstérases également attribué à ce type de substances. Aujourd’hui le chef de file de cette classe pharmaceutique, le levosimendan, fait partie de la prise en charge de la sidération myocardique participant à l’insuffisance cardiaque aiguë (De Luca et al., 2006). H. Les inhibiteurs du système rénine-angiotensine L’activité de l’enzyme de conversion de l’angiotensine est accrue lors d’une occlusion coronaire, induisant une augmentation de la production d’angiotensine II et de la dégradation de la bradykinine. L’angiotensine II est un puissant vasoconstricteur et possède des propriétés inotropes positives. La bradykinine stimule, quant à elle, la production de la prostacycline et du NO. Ainsi, le blocage de l’enzyme de conversion de l’angiotensine I pourrait réduire la sidération en atténuant préventivement le stress ischémique préalable. De plus, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IEC) pourraient exercer sur le ventricule gauche sidéré des effets hémodynamiques et neuro-hormonaux bénéfiques identiques à ceux qui leur sont connus vis à vis des cardiopathies dilatées. 82 Peu d’études ont cependant été consacrées à la description de l’effet des IEC sur la sidération myocardique. Le captopril améliore la contractilité et la pression développée par le cœur dans un modèle où la sidération est provoquée sur le cœur de rat isolé perfusé soumis à 15 min d’ischémie (De Graeff et al., 1986). Dans un modèle d’occlusion-reperfusion in vivo, l’administration d’enalapril au moment de la reperfusion réduit de plus de 30% l’intensité de la sidération myocardique (Przyklenk et al., 1987). Ehring et al. (1994) retrouvent des résultats similaires et les attribuent aux effets des IEC sur la cascade signalétique de la bradykinine. Enfin, une étude a démontré la capacité d’un inhibiteur des récepteurs AT1 de l’angiotensine II à protéger le myocarde contre la sidération myocardique (Dorge et al., 1999). I. L’adénosine L’adénosine, métabolite ultime de la dégradation de l’ATP, joue un rôle important lors de l’ischémie myocardique au cours de laquelle elle est libérée dans le milieu interstitiel. L’adénosine possède des propriétés pharmacologiques qui peuvent potentiellement concourir à lutter contre l’ischémie et la dysfonction contractile qui en résulte (Forman et al., 1991). L’administration d’adénosine exogène induit une vasodilatation, une stimulation de la glycolyse et de la lipolyse ainsi qu’une stimulation de la synthèse d’ATP. L’augmentation des concentrations d’adénosine endogènes par l’administration intracoronaire d’un inhibiteur de l’adénosine-désaminase exerce une action protectrice vis-àvis de la sidération myocardique consécutive à une occlusion coronaire chez le chien anesthésié (Zughaib et al., 1993). L’administration d’un agoniste des récepteurs A3 de l’adénosine atténue aussi la sidération myocardique dans un modèle de cœur isolé de cobaye (Gardner et al., 2004). Cependant, lorsque l’adénosine est administrée au moment de la reperfusion, aucune protection n’est observée. J. Les inhibiteurs de l’HMG CoA réductase Les statines sont des inhibiteurs compétitifs de la 3-hydroxy-méthylglutaryl coenzyme A (HMG CoA) réductase et réduisent la formation d’acide mévalonique qui est un précurseur du cholesterol et de l’ubiquinone. L’ubiquinone est un élément important du métabolisme énergétique puisqu’il participe au transport d’électrons au cours de la phosphorylation oxydative (Satoh et al., 1995). Ceci explique pourquoi l’administration chronique de 83 simvastatine diminue le niveau intracardiaque de coenzyme Q10 et la genèse mitochondriale d’ATP. L’administration de lovastatine est susceptible d’induire une dysfonction contractile et une diminution des taux intracardiaques d’ubiquinone chez le chien et chez l’homme (Folkers et al., 1990). Ichihara et al. (1993) ont démontré que l’administration chronique de simvastatine aggravait la dysfonction contractile lors d’une sidération provoquée par occlusion coronaire chez le chien. Ces données étaient confirmées par les mêmes auteurs après l’administration d’atorvastatine, de fluvastatine et de cerivastatine, trois autres inhibiteurs hydrophobes de l’HMG CoA réductase. En revanche, ces effets délétères n’ont pas été observés avec la pravastatine, un inhibiteur hydrophile qui n’entre pas dans les cardiomyocytes. L’administration chronique (3 semaines de pré-traitement) de pravastatine n’affecte pas la sidération myocardique chez des chiens soumis à 15 min d’occlusionreperfusion coronaire. En revanche, la simvastatine (3 semaines de pré-traitement) majore fortement la dysfonction contractile post-ischémique et les niveaux d’ATP sont significativement réduits par rapport à ceux des animaux témoins (Ichihara et al., 1993). La simvastatine, contrairement à la pravastatine n’est pas sélective de l’hépatocyte et affecte la synthèse des stérols dans l’ensemble de l’organisme. Son effet délétère sur la dysfonction contractile post-ischémique pourrait être attribué à la diminution de synthèse d’ubiquinone qui altère l’énergie cellulaire. II. Le préconditionnement tardif : une voie de protection endogène A. Définition Le préconditionnement ischémique se définit comme l'induction par un stress ischémique sub-létal d'un état de tolérance du myocarde vis-à-vis d'un nouvel épisode ischémique. La première description de ce phénomène remonte à 1986, quand Murry et al. décrivent la réduction de la taille d'infarctus de chiens lorsque de brèves occlusions coronaires non nécrosantes sont réalisées juste avant l’occlusion coronaire de longue durée à l’origine d’un infarctus, comme l’illustre la Figure 18 A. Ces auteurs ont ainsi mis en évidence la capacité du myocarde à développer des mécanismes de cardioprotection endogène : le préconditionnement. 84 Occ 40’ Groupe Témoin Zone infarcie en pourcentage de l'aire à risque Groupe Préconditionné précoce 5’ 5’ 5’ 5’ 5’ 5’ 5’ 5’ Occ 40’ 40 30 20 * 10 0 Groupe Témoin Groupe Préconditionné précoce Figure 18 A : Description princeps du préconditionnement d’après Murry et al., (1984). Occ : Occlusion coronaire * : p<0,05 vs Témoin. Depuis 1993, les travaux menés ont permis de démontrer que le préconditionnement est en fait un phénomène biphasique : une cardioprotection précoce qui s'installe en quelques minutes après le stress ischémique initial et qui dure 2 à 3 heures, le préconditionnement précoce. Une cardioprotection tardive peut se révèler 24h après le stress ischémique initial et persister 3 à 4 jours, le préconditionnement tardif (Kuzuya et al., 1993; Marber et al., 1993). En effet comme l’illustre la Figure 18 B, de manière similaire au préconditionnement précoce, 4 cycles d’occlusion et de reperfusion de 5 min peuvent significativement réduire la taille d’un infarctus survenant 24h plus tard (Kuzuya et al., 1993). La même année, Marber et al. (1993) démontrent qu’un stress hyperthermique réalisé chez des lapins réduit également la taille de l’infarctus survenant 24h plus tard. 85 Occ 90’ Groupe Témoin Groupe Préconditionné tardif 5’ 5’ 5’ 5’ 5’ 5’ 5’ 5’ Occ 90’ 24h Zone infarcie en pourcentage de l'aire à risque 50 40 30 * 20 10 0 Groupe Témoin Groupe Préconditionné tardif Figure 18 B: Description princeps du préconditionnement ischémique tardif d’après Kuzuya et al., (1993). Occ : Occlusion coronaire * : p<0,05 vs Témoin. 86 S’il est maintenant clairement démontré qu’il est possible de préconditionner le cœur contre l’infarctus et la dysfonction endothéliale (Richard et al., 1994), la sidération myocardique ne peut pas être réduite par un préconditionnement précoce (Ovize et al., 1992). Seul le préconditionnement tardif réduit l’intensité d’une dysfonction contractile postischémique (Sun et al., 1995). En effet, comme l’illustre la Figure 19, la dysfonction contractile consécutive à la reperfusion d’une occlusion coronaire de 10min (J1) survenant 24h après une première occlusion de 10min est moins prolongée et moins importante que % variation de l'épaississement systolique celle survenant après la première occlusion coronaire de 10min (J0). 0 -20 * * * * * * * * * * * -40 -60 J0 J1 -80 -100 Base Occ 5' 10' 15' 20' 30' 45' 1h 2h 3h 4h 5h 6h Figure 19 : Variations (%) de l’épaississement systolique de la zone ischémique mesurées à l’état de base au cours de l’occlusion de l’artère coronaire circonflexe (Occ) et des 6 premières heures de la reperfusion à J0 et à J1. (n=7). * : p<0,05 vs J0. 87 B. Pluralité du préconditionnement tardif L'optique d'une exploitation thérapeutique du préconditionnement l'a placé au centre de nombreuses recherches. Ces travaux ont permis d'identifier des stimuli non ischémiques permettant de mimer le préconditionnement. Parmi ceux-ci, on distingue d'une part des stimuli non pharmacologiques comme le stress thermique (Currie et al., 1988), l'entraînement électro-systolique rapide (Kaszala et al., 1996), l'exercice (Yamashita et al., 1999), divers agents tels que les endotoxines (Brown et al., 1989), l'interleukine 1 (Brown et al., 1992), le tumor necrosis factor-α (TNF-α) (Nelson et al., 1995) et les radicaux libres oxygénés (Sun et al., 1996). Et d'autre part, les stimuli pharmacologiques, tels que les donneurs de monoxyde d'azote (NO) (Takano et al., 1998), les agonistes des récepteurs A1 et A3 de l'adénosine (Baxter et al., 1994), les dérivés des endotoxines tels que le monophosphoryl lipide A (MLA) (Yao et al., 1993) et les agonistes du récepteur δ aux opiacés (Guo et al., 2005) ont montré leur aptitude à induire un préconditionnement tardif. Le préconditionnement tardif est susceptible de protéger le cœur vis-à-vis de l’infarctus, de la sidération, des arythmies et de la dysfonction endothéliale, mais les différents stimuli protègent inégalement contre l’un ou l’autre des aspects de l’ischémie, comme le montre le Tableau III. Tableau III : Stimuli préconditionnant et cardioprotection tardive. Protège contre Stimulus Sidération Arythmies Infarctus Dysfonction endothéliale Préconditionnement non-pharmacologique Ischémie Choc thermique Entraînement électro-systolique rapide Exercice Endotoxine Cytokines Solutions génératrices de radicaux libres + ? + ? ? ? + + + ? ? ? ? + + + + + + ? + ? ? ? ? ? ? Préconditionnement pharmacologique Donneurs de NO Agonistes des récepteurs de l'adénosine Monophosphoryl lipid A et analoques Agonistes des récepteurs aux opiacés + + ? ? + + + + + + + ? + ? 88 C. Les mécanismes du préconditionnement tardif Comme l'illustre la Figure 20, le préconditionnement tardif résulte d'une conjugaison d'événements cellulaires complexes, qu'il est possible de diviser en trois grands groupes : (1) la mise en jeu au cours du premier épisode ischémique de molécules initiant le développement de cette cardioprotection endogène, les initiateurs de préconditionnement, (2) les voies de signalisation activées par les initiateurs du préconditionnement et (3) aboutissant à l'activation des éléments responsables de la protection vis-à-vis du second épisode ischémique survenant 24h à 72h plus tard : les médiateurs du préconditionnement. 1. Les initiateurs du préconditionnement tardif L'ischémie myocardique brève et la reperfusion qui lui succède provoquent de profondes modifications du métabolisme cellulaire à l'origine de la mise en jeu d'une grande variété de systèmes. Parmi ceux-ci, l'adénosine, les radicaux libres et le NO sont des initiateurs essentiels du développement du préconditionnement tardif. a) L'adénosine L'ischémie du myocarde provoque la libération par celui-ci d'adénosine (Vrobel et al., 1982), qui à son tour active ses récepteurs A1 et A3. Cette stimulation est nécessaire à la mise en place de la cardioprotection tardive vis-à-vis de l'infarctus mais pas vis-à-vis de la sidération, suggérant l'existence d'un mécanisme spécifique du préconditionnement tardif visà-vis de l'infarctus initié par l'adénosine et qui met en jeu, comme nous le verrons plus tard, les canaux potassiques ATP-dépendant (KATP) (Auchampach et al., 1997; Baxter et al., 1994; Guo et al., 2001; Maldonado et al., 1997). b) Le monoxyde d'azote Bolli et al. (1997 a et b) ont constaté que l'administration de Nω-nitro-L-arginine (L-NA), inhibiteur non spécifique des 3 isoformes de la NOS, (nNOS, eNOS et l'isoforme inductible de la NOS [iNOS]), avant le stimulus ischémique préconditionnant abolit la cardioprotection vis-à-vis de la sidération. Une étude similaire a étendu cette observation au 89 préconditionnement tardif ischémique vis-à-vis de l'infarctus (Qiu et al., 1997). En effet, la première ischémie à l'origine du préconditionnement tardif, provoque l'activation de la eNOS, qui produit alors une grande quantité de NO qui joue ainsi un rôle initiateur central dans le préconditionnement (Bolli, 2000; Dawn et al., 2002; Takano et al., 1998). Le NO, ainsi formé, assure l'activation des voies de signalisation du préconditionnement tardif en mettant en jeu la formation d'espèces radicalaires oxygénées. Il est donc possible d’initier pharmacologiquement le préconditionnement tardif chez l’Homme en administrant du NO exogène (Leesar et al., 2001). De manière réciproque il est impossible de préconditionner des souris déficientes (« knock out ») pour le gène de la iNOS (Guo et al., 1999). c) Les radicaux libres oxygénés Les radicaux libres sont des entités reconnues de la physiopathologie de l'ischémie. Ils résultent en grande partie de la dysfonction des chaînes respiratoires de la mitochondrie lors de la privation d'oxygène. Ils proviennent également des voies métaboliques dérivant du NO. Pourtant le rôle essentiel des radicaux libres oxygénés dans l'acquisition du préconditionnement a été démontré. En effet, l’administration de piégeurs des radicaux libres lors de l’initiation du préconditionnement prévient la mise en place de la cardioprotection (Sun et al., 1996; Tang et al., 2002; Yamashita et al., 1998). Cependant le mécanisme d'action cardioprotecteur des radicaux libres dans le cadre du préconditionnement reste inconnu à l'heure actuelle. En effet, il reste à déterminer s'ils ne sont qu'une branche du mécanisme du NO aboutissant à la genèse d'ions peroxynitrites (ONOO-) ou si les radicaux libres oxygénés participent à l'activation des médiateurs via des voies distinctes de celle du NO. d) La bradykinine La bradykinine est un médiateur bénéfique reconnu dans l’insuffisance cardiaque (Tonduangu et al., 2004). Comparativement, son rôle dans l’ischémie est moins étudié. L’administration de bradykinine offre une cardioprotection tardive au rat vis-à-vis de l’infarctus (Ebrahim et al., 2001) et cette réduction de la taille d’infarctus passe par le récepteur B2 à la bradykinine puisque l’icatibant abolit cet effet (Kositprapa et al., 2001). Cette cardioprotection par la bradykinine est pour certains auteurs à l’origine du préconditionnement tardif offert par les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (Baxter et al., 2002). 90 e) Les agonistes adrénergiques L’administration de phényléphrine ou de noradrénaline engendre une cardioprotection tardive vis-à-vis de l’infarctus du myocarde (Baghelai et al., 1999b; Meng et al., 1996a). Ce préconditionnement met en jeu les récepteurs α1-adrénergique et nécessite la synthèse de protéines dont la HSP 70 (Baghelai et al., 1999a; Meng et al., 1996a; Meng et al., 1996b). L’administration de noradrénaline est aussi capable de protéger tardivement contre la sidération myocardique mais ce bénéfice est terni par l’effet pro-arythmogène de la noradrénaline (Marktanner et al., 2003). f) Les récepteurs aux opiacés L’administration d’agonistes des récepteurs delta-1 aux opiacés offre une cardioprotection tardive au rat vis-à-vis de l’infarctus et l’administration d’antagoniste de ces récepteurs abolit cette cardioprotection (Bolli, 2000; Bolli et al., 2002; Guo et al., 2005; Stein et al., 2004). Il semble que la stimulation de ces récepteurs participe à la signalisation qui aboutit à la surexpression de la cyclo-oxygénase 2 (COX 2) (Bolli et al., 2002). 2. Les voies de signalisation Les initiateurs du préconditionnement tardif assurent la mise en place des médiateurs au moyen de voies de signalisation complexes au sein desquelles les Protéines Kinases C (PKC) et les Phospho-Tyrosine Kinase (PTK) jouent un rôle essentiel. 91 PRECONDITIONNEMENT PHARMACOLOGIQUE STRESS CELLULAIRE (donneur de NO, agonistes des récepteurs A1 ou A3 de l ’adénosine) (endotoxines, cytokines, radicaux libres oxygénés, ischémie subléthale, stress thermique, entraînement électro-systolique, exercice) JOUR 0 INITIATEURS • Adénosine • NO (eNOS) • Radicaux libres ACTIVATION DES KINASES • PKC (isoforme ε) • PTKs (Src/Lck) • MAPKs ACTIVATION DES FACTEURS DE TRANSCRIPTIONS • NF-κB TRANSCRIPTION DE GENES JOUR 1-3 MEDIATEURS KATP • iNOS • COX-2 (PGE2/PGI2) • Mn SOD • HSPs? REGULATION POST-TRADUCTIONNELLE PROTECTION • PTKs (Src/Lck) • MAPKs Figure 20 : Représentation schématique des mécanismes du préconditionnement tardif. Les stimuli pharmacologiques ou non mettent en jeu des initiateurs du préconditionnement qui activent des kinases. Ces dernières activent les facteurs de transcription qui promeuvent la transcription de gènes codant pour des protéines cardioprotectrices permettant de médier la cardioprotection. (NO : monoxyde d’azote; PKC : protéine kinase C ; PTK : phospho tyrosine kinase ; MAPKs : Mitogen Activated Protéines Kinases ; COX-2 : cyclooxygénase 2 ; PGE2 : Prostaglandine E2 ; PGI2 : Prostacycline ; Mn SOD : superoxide dismutase ; HSP : heat shock protéine, protéines chaperonnes ; KATP : Canaux potassiques ATP-dépendants). 92 a) Les Protéines Kinases C Au cours de l'ischémie préconditionnante, la première vague de NO résultant de l'activation de l'isoforme eNOS et l'intervention de radicaux libres provoquent la translocation et activation sélective de PKC ε. Cette activation est sélective et n’affecte pas les autres isoformes de PKC (Baxter et al., 1995; Ping et al., 1999a; Ping et al., 1999b; Ping et al., 1997; Ping et al., 1999c; Qiu et al., 1998). L'activation de PKC ε par le NO et les radicaux libres peut passer soit par oxydation directe soit par activation des phospholipases (Qiu et al., 1998). L'activation de PKC ε est alors la première étape d'une longue et complexe voie de signalisation. b) Les Protéines Tyrosine Kinases La multitude des proteines tyrosine kinase (PTK) identifiées (>1000) font de l'évaluation de leur participation au préconditionnement tardif une tâche gigantesque à peine ébauchée. Les travaux menés jusqu'à présent ont porté leur attention sur la famille de Src PTK (Dawn et al., 1999; Imagawa et al., 1997). Le préconditionnement tardif active via la PKC ε deux protéines de cette famille, les Src et Lck (Ping et al., 1999c). Xuan et al. (2001), ont montré que l’activation des Janus Kinases (JAK) 1 et 2 étaient indispensables à la mise en place du préconditionnement tardif. Elles participent à la signalisation du préconditionnement tardif en phosphorylant les facteurs de transcription comme STAT 1 et 3 (signal transducers and activators of transcription). c) Les Mitogen Activated Protéines Kinases Les Mitogen Activated Protéines Kinases (MAPKs) sont une autre cible de PKC. Les MAPKs participent de deux façons au préconditionnement tardif. D’une part elles intègrent la signalisation du préconditionnement tardif (Ping et al., 1999a; Ping et al., 1999b; Ping et al., 1999c; Weinbrenner et al., 1997) : après avoir été activées par PKC ε, Raf 1 phosphoryle la MAPK/extracellular signal-regulated kinase kinase 93 (MEK 1/2), cette dernière activant p44/42 MAPKs. Cette cascade d’activation aboutit à la sérine phophorylation de STAT 1 et 3 (Xuan et al., 2005). D'autre part, elles sont un médiateur indispensable du préconditionnement tardif (Dawn et al., 1999). En effet l'activation et la co-localisation de la PKC ε et des MAPKs sur la mitochondrie réduisent l’augmentation de la perméabilité des pores de transition mitochondriale lors de l’ischémie (Baines et al., 2003; Baines et al., 2002). d) Les facteurs de transcription Le recrutement par les initiateurs du préconditionnement tardif des PKC ε et Src PTK conduit à l'activation de IκKa et IκKb, sérine thréonine kinases qui phosphorylent Iκ-Bα, sous unité inhibitrice de NF-κB. Cette phosphorylation libère NF-κB qui migre vers le noyau (Li et al., 2000; Xuan et al., 1999) où il induit l'expression des gènes codant pour iNOS, la cyclooxygénase COX-2 et l'aldose réductase, tous médiateurs du préconditionnement tardif. L’activation de ces gènes est également assurée par STAT 1 et 3 lors du préconditionnement tardif (Xuan et al., 2001). Ces facteurs de transcription sont activés par les JAK 1 et 2 qui phosphorylent d’autres protéines sur le résidu tyrosine. En parallèle l’activation de PKC ε aboutit à la sérine phosphorylation de STAT 1 et 3 via une signalisation Raf1-MEK-1/2-p44/42 MAPK (Xuan et al., 2005). Ces deux phosphorylations sont nécessaires pour que STAT 1 et 3 soient activés et se fixent au site interferon-γ activation site (GAS) du site du gène COX-2 (Xuan et al., 2005). e) La voie des PI3K/Akt Parmi les initiateurs du préconditionnement tardif, nombreux sont ceux qui activent la voie de PI3K/Akt comme l’adénosine ou la bradykinine (Alloatti et al., 2004). Bien que les origines de l’activation de cette voie ne soient pas clairement établies, il a été démontré qu’elle participait à la signalisation du préconditionnement tardif puisque l’administration de wortmanine, un inhibiteur de la PI3K et donc de la phosphorylation d’Akt abolit la cardioprotection (Ahmad et al., 2006; Wang et al., 2004a). 94 3. Les Médiateurs Le préconditionnement tardif implique une élévation des synthèses protéiques du myocarde puisqu’il est totalement inhibé par les agents cytostatiques (Stein et al., 2004). Ainsi le délai d'installation (24h) et la durée (3 à 4 jours) du préconditionnement tardif correspondraient respectivement au temps de synthèse et de dégradation de protéines pouvant intervenir dans la cardioprotection. Certaines de ces protéines médiatrices ont été identifiées. On peut citer l'iNOS, la COX-2, l'aldose réductase, les enzymes antioxydantes ou les protéines chaperonnes (Heat Shock Proteins, HSP). a) Les NO synthases et la cyclooxygénase-2 La transcription puis la traduction de l'isoforme iNOS est à l'origine d'une seconde vague de production de NO qui intervient 24h après le stimulus préconditionnant et qui persiste 3 à 4 jours (Bolli et al., 1997a; Guo et al., 1999; Takano et al., 1998; Wang et al., 2002). Cet afflux tardif de NO médie la protection du myocarde et participe à l'induction de la COX-2 (Voigt et al., 2003b). Les deux enzymes forment un complexe indispensable pour la production des prostaglandines cardioprotectrices I2 et/ou E2 (PGI2 et/ou PGE2) (Shinmura et al., 2000; Xuan et al., 2003). La durée de la cardioprotection offerte par le préconditionnement tardif (24 à 72h) semble reposer en partie sur une cinétique d’évolution différentielle des isoformes de la NOS mis en jeu : 24h après le stimulus préconditionnant, l’ARNm de la iNOS est augmenté et la cardioprotection est inhibée par le S-méthylisothiourée, un inhibiteur spécifique de la iNOS, ce qui démontre la médiation du préconditionnement tardif par la iNOS (Wang et al., 2004b). A contrario, ceci ne s’observe plus 48h à 72h après le stimulus préconditionnement. A ce moment, l’ARNm de la nNOS est augmentée et la cardioprotection est inhibée par le Npropyl-l-arginine et le S-ethyl N-[4-(trifluoromethyl)phenyl]isothiourée, deux inhibiteurs spécifiques de la nNOS (Wang et al., 2004b). Ces résultats démontrent que la cardioprotection est d’abord médiée par la iNOS puis par la nNOS. b) L'aldose réductase L'aldose réductase est le troisième médiateur du préconditionnement tardif (Shinmura et al., 2000). Son mécanisme cardioprotecteur demeure inconnu mais il pourrait exploiter ses 95 propriétés détoxificatrices des métabolites de la peroxydation des lipides, éléments important de la physiopathologie des lésions de l'ischémie-reperfusion (Kukreja et al., 1992; Srivastava et al., 1998). c) Les enzymes anti-oxydantes En 1993, des travaux menés chez le chien ont rapporté une élévation de l'expression et de l'activité de la superoxide dismutase (Mn SOD) 24h après un stress ischémique (Hoshida et al., 1993). Cette induction suit une cinétique parallèle à la cardioprotection offerte par le préconditionnement tardif (Kuzuya et al., 1993). A contrario, des études menées sur des porcs éveillés n'ont pas détecté d'élévation de l'expression ou de l'activité des enzymes antioxydantes (Mn SOD, Cu-Zn SOD, catalase, gluthation peroxidase) 24h après le stimulus ischémique alors que les animaux bénéficiaient d'une cardioprotection manifeste. La médiation du préconditionnement tardif par les enzymes antioxydantes reste donc à ce jour controversée (Tang et al., 1997; Yamashita et al., 1999; Yamashita et al., 1998 ; Dana et al., 2000). d) Les protéines chaperonnes La participation des HSP à la médiation du préconditionnement tardif est également discutée. Si le caractère cardioprotecteur de ces protéines est clairement établi (Marber et al., 1995; Plumier et al., 1995; Radford et al., 1996), il n'a pas été démontré que les préconditionnements ischémique ou pharmacologiques tardifs induisaient l'expression in vivo des HSP. Si certains auteurs (Knowlton et al., 1991; Liu et al., 2006) rapportent une élévation de HSP-70 au sein du myocarde 24h après un stimulus préconditionnant, d’autres ne constatent aucune modification des HSP lors d’un préconditionnement tardif induit par l'ischémie ou par le MLA (Yoshida et al., 1996). De plus une étude menée sur le rat soumis à un préconditionnement ischémique tardif a montré que les élévations de HSP-20 et HSP-27 n'étaient pas corrélées à l'intensité de la cardioprotection vis-à-vis de l'infarctus (Qian et al., 1999). Cependant sur des cultures de cardiomyocytes, il semble que le préconditionnement tardif soit associé à une redistribution de HSP-27 de la membrane plasmique vers le cytosol et à sa phosphorylation (Cumming et al., 1996). Dans la mesure où l'HSP-27 est un substrat de la Mitogen Activated Protein Kinase p38 (MAPK p38) qui est activée par le préconditionnement tardif, il est envisageable que des modifications post-transductionnelles de HSP-27 soient impliquées. 96 e) Les canaux potassiques ATP-dépendants (KATP) Les études pharmacologiques ont démontré clairement que les KATP sont indispensables pour la réduction de la taille d'infarctus lors d’un préconditionnement tardif induit par l'ischémie (Bernardo et al., 1999a), par le stress thermique ou par les agonistes des récepteurs A1 et A3 de l'adénosine (Bernardo et al., 1999b). La diversité des stimuli activant les KATP suggère qu'ils sont un élément commun terminal du mécanisme cardioprotecteur de la mort cellulaire. A l'opposé le préconditionnement tardif vis-à-vis de la sidération ne requiert pas l'activation des canaux KATP (Negroni et al., 2002; Takano et al., 2000), évoquant l'existence de deux mécanismes cardioprotecteurs distincts au sein du préconditionnement tardif. De nombreuses questions persistent sur les KATP car à ce jour les rôles respectifs des KATP mitochondriaux et cytoplasmiques demeurent indécis ainsi que leur mécanisme d'action. f) Le pore de transition mitochondrial Les lésions d’ischémie et de reperfusion induisent des changements de perméabilité du pore de transition mitochondrial. En effet, l’activation et l’ouverture du pore de transition lors de la reperfusion provoque entre autres la libération de cytochrome c et entraîne l’apoptose des cardiomyocytes (Halestrap et al., 1998). Le préconditionnement tardif augmente l’expression de Bcl 2 qui inhibe l’ouverture du pore de transition. La levée de cette inhibition abolit la cardioprotection du préconditionnement tardif, ce qui démontre le rôle essentiel du pore de transition dans ce phénomène (Rajesh et al., 2003). D. Le préconditionnement en clinique 1. Les situations de préconditionnement Si plusieurs situations cliniques se rapprochent des expériences de préconditionnement sur l’animal, il demeure tout de même de nombreuses questions sur les possibiltés de préconditionnement du myocarde humain, notamment en raison des facteurs confondants qui entourent chacune de ces situations. 97 a) Le phénomène de « warm-up » Lors d'une première épreuve d'effort, la douleur arrête les patients angineux à un effort sous-maximal. Si ceux-ci se reposent et reprennent l'exercice 24 h, 48 h ou 72 h plus tard, ils présentent une meilleure tolérance à l'effort et une moindre dépression du segment ST lors d’un effort similaire. Ceci signe une adaptation du myocarde humain à l'ischémie imputable au préconditionnement tardif (Bilinska et al., 2000). b) L’angor pré-infarctus En 1995, Kloner et al. notent que les patients ayant présenté des douleurs angineuses avant l’infarctus du myocarde présentent une plus petite taille d’infarctus. En effet, les patients avec un angor pré-infarctus ont une libération de Créatine Kinase moins importante ce qui signe des infarctus plus petits et leur électrocardiogramme présente une onde Q réduite (Kloner et al., 1995). Il est envisageable que les ischémies dues à l’angor engendrent un préconditionnement précoce et/ou tardif qui protège le cœur vis-à-vis de l’ischémie d’infarctus (Ottani et al., 1995). Il faut cependant noter que les patients angineux bénéficient d’un meilleur encadrement thérapeutique et médical du fait de leurs antécédents ischémiques connus. Ils reçoivent plus rapidement les traitements de thrombolyse et d’angioplastie (Andreotti et al., 1996a; Andreotti et al., 1996b) et la part imputable au préconditionnement tardif est donc remise en doute. De plus les ischémies répétées dues à l’angor peuvent stimuler le développement d’une circulation collatérale. Pour écarter ces facteurs confondants, Noda et al. (1999) ont étudié 25 patients hospitalisés pour infarctus aigu du myocarde qui ne présentaient pas de circulation collatérale lors de l’angioplastie. Parmi ceux-ci, les 11 patients ayant souffert d’angor dans les 24h à 48h précédents leurs infarctus avaient une taille d’infarctus plus petite évaluée par la libération de Créatine Kinase. De plus la récupération fonctionnelle évaluée par l’amélioration de la fraction d’éjection du ventricule gauche dans le mois qui suivait la reperfusion était significativement corrélée au délai entre le la crise angineuse et l’infarctus. Cette observation corrobore l’existence d’un préconditionnement tardif chez l’être humain avec une cinétique de mise en place similaire aux observations expérimentales (Kuzuya et al., 1993). En effet, un délai de quelques heures entre la crise angineuse et l’infarctus était insuffisant pour la mise en place d’un préconditionnement tardif et trop long pour proposer un préconditionnement précoce. Malgré ces résultats plaisants, il reste à souligner que l’angiographie est une méthode 98 très imparfaite pour l’évaluation de la circulation collatérale et son recrutement dans de telles circonstances ne peut être exclu. 2. L'exploitation clinique du préconditionnement Les agents pharmacologiques initiateurs de préconditionnement confèrent une cardioprotection du myocarde. D’une part, l'administration d'adénosine (Cleveland et al., 1997; Strauer et al., 1996), de bradykinine (Leesar et al., 1999) ou de nicorandil, un activateur des KATP (Patel et al., 1999; Yasuda et al., 2001), assure un préconditionnement pharmacologique précoce des patients subissant un pontage aorto-coronaire ou une angioplastie. D’autre part, l’administration intraveineuse de nitroglycérine 24h avant l’angioplastie réduit la dysfonction contractile, la douleur et la dépression du segment ST qui suivent le gonflement du ballonnet (Leesar et al., 2001), témoignant de la mise en place d’un préconditionnement tardif. Cependant le préconditionnement présente des limites quant à son utilisation clinique. En effet il s'est révélé impossible de préconditionner les patients âgés, qui représentent une part croissante des pathologies cardiaques (Wu et al., 2001). Cette lacune pourrait être la conséquence d'une baisse d'activité des KATP chez ces patients et il est établi que ces canaux sont essentiels pour le préconditionnement (Lee et al., 2002). En dehors de ces situations cliniques bien particulières, l’usage du préconditionnement tardif est limité par l’impossibilité de prévoir les accidents ischémiques. Face à cette impasse, le concept de postconditionnement offre une nouvelle alternative. III. Le postconditionnement En 2003, Zhao et al. observent sur des chiens anesthésiés à thorax ouvert que l’adjonction de 3 cycles de reperfusion (30s) et d’ischémie (30s) au décours immédiat d’une occlusion coronaire de 60 min confère une réduction de la taille d’un infarctus comparable à celle du préconditionnement précoce (Zhao et al., 2003). Cette observation princeps illustrée par la Figure 21 ouvre une nouvelle voie de cardioprotection. Les mécanismes mis en jeu impliqueraient entre autres la voie de PI3K/Akt (Tsang et al., 2004) ainsi qu’une protection vis-à-vis de l’ouverture du pore de transistion mitochondrial (Argaud et al., 2005). 99 Le bénéfice d’une telle manœuvre s’applique également à la dysfonction endothéliale (Zhao et al., 2003) ainsi qu’aux arythmies induites par l’ischémie (Galagudza et al., 2004; Kloner et al., 2006). Cette nouvelle opportunité de cardioprotection est aujourd’hui la plus prometteuse car il a rapidement été démontré qu’elle permettait de réduire la taille des infarctus chez les patients subissant une angioplastie lors d’infarctus aigu de myocarde (Staat et al., 2005). En revanche, le postconditionnement n’offre aucune cardioprotection vis-à-vis de la sidération myocardique. En effet sur un modèle de chien éveillé chroniquement implanté nous avons démontré que l’interruption transitoire et brève de la reperfusion par le postconditionnement au décours d’une occlusion coronaire de 10 min était sans effet sur la sidération myocardiaque (Couvreur et al., 2006). Pour parer à une éventuelle spécificité d’espèce et/ou de préparation (circulation collatérale native chez le chien), nous avons vérifié que le postconditionnement était inefficace vis-à-vis de la sidération sur un second modèle expérimental : le lapin anesthésié. Dans ces conditions, le postconditionnement réduisait la taille d’infarctus mais était sans effet sur la sidération myocardique (Couvreur et al., 2006). 100 Groupe Témoin Occ 60’ Reperfusion 3h 3 cycles de reperfusion 30’’ et d’Occ 30’’ Groupe Postconditionné Zone infarcie en pourcentage de l'aire à risque Groupe Préconditionné 5’ 10’ Occ 60’ Reperfusion 3h Occ 60’ Reperfusion 3h 30 20 * * Groupe Postconditionné Groupe Préconditionné 10 0 Groupe Témoin Figure 21 : Description princeps du postconditionnement d’après Zhao et al., (2003). Occ : Occlusion coronaire * : p<0,05 vs Témoin. 101 PARTIE EXPERIMENTALE 103 Chapitre IV Objectifs du travail La contraction du myocarde est un processus fin et complexe et elle est altérée par l’ischémie. A l’échelle cellulaire, l’ischémie désorganise le couplage excitation-contraction. Lorsque l’ischémie est de courte de durée, elle n’entraîne pas la mort cellulaire mais le retour à la normale du couplage excitation-contraction est responsable de la sidération myocardique, qui à l’échelle du ventricule, se manifeste par une hypokinésie sévère d’une durée plus ou moins longue mais toujours réversible. Comme nous l’avons exposé, la contraction du myocarde au cours de la systole est hétérogène au sein du ventricule gauche et l’éjection du sang dans l’aorte y est la conséquence d’une cinétique de contraction très organisée. Dans ce travail, nous souhaitions tout d’abord décrire et analyser les changements de cinétique et d’interaction de la contraction des parois du ventricule gauche lors de la sidération myocardique. Notre premier objectif était de répondre à la question : quelle est l’incidence d’une dysfonction contractile localisée sur l’orchestration de la contraction du ventricule gauche ? Nous nous sommes plus particulièrement penchée sur l’épaississement postsystolique, son évolution et sa signification à l’état de base et au cours de la sidération myocardique. De la partie bibliographique, il ressort également que la sidération myocardique peut être réduite grâce à différentes stratégies cardioprotectrices. Notre deuxième objectif a donc été de rechercher si les effets bénéfiques d’agents pharmacologiques ou le préconditionnement tardif mettaient en jeu une réorganisation de la contraction du ventricule sidéré : ⇒ dans un premier temps, nous nous sommes intéressée à deux substances connues pour leurs propriétés anti-angineuses. Nous avons décrit les effets d’un βbloquant, l’aténolol, et d’un inhibiteur du courant If, l’ivabradine, sur l’épaississement postsystolique du myocarde sain et du myocarde sidéré ; 104 ⇒ dans un second temps, nous avons répété cette démarche pour rechercher si des adaptations de l’épaississement postsystolique participaient également aux bienfaits du préconditionnement tardif. Pour nous assurer que nos observations étaient spécifiques de la cardioprotection et non pas un épiphénomène de l’ischémie, nous avons également mis au point un modèle non ischémique de préconditionnement tardif. Nous avons étudié celui-ci en parallèle du préconditionnement ischémique classique. Finalement, notre troisième objectif a été de rechercher les adaptations moléculaires de l’appareil contractile cellulaire qui sous-tendaient ces adaptations aux cours du préconditionnement tardif. Nous avons porté notre attention sur le récepteur de la ryanodine et les protéines qui l’entourent. 105 Chapitre V Matériels et Méthodes I. Le modèle de chien éveillé chroniquement implanté A. Cadre réglementaire Ce travail a débuté au sein du Laboratoire de Pharmacologie de la Faculté de Médecine Paris-Sud (Université de Paris XI), équipe INSERM E 00-01 puis achevé dans l’Unité Mixte de Recherche Cardiologique INSERM U660 de l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort et de la Faculté de Médecine de Créteil (Université de Paris XII). Ces deux structures étaient habilitées pour accueillir les travaux présentés dans ce mémoire Les expériences décrites ci-dessous ont été réalisées en accord avec la législation française selon les procédures recommandées par le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche (autorisation d’expérimentation A 94-168). B. Animaux Ces travaux ont été menés sur des chiens mâles holoxéniques pesant entre 20 à 30 kg provenant d’un élevage déclaré dans la production de chiens à visée expérimentale. C. Instrumentation des animaux et paramètres mesurés Le modèle animal utilisé est singulier car les mesures sont effectuées à l’état éveillé en l’absence d’agents anesthésiques susceptibles d’interférer avec les phénomènes étudiés. Pour ce faire, les animaux étaient chroniquement instrumentés : dans un premier temps, les chiens ont été instrumentés, puis, après un rétablissement post-chirurgical de trois semaines, les 106 animaux ont été étudiés au cours d’une phase « d’expérimentation » à proprement parler, en l’absence d’agents anesthésiques ou antalgiques. 1. Phase chirurgicale Les animaux ont subi une intervention chirurgicale dans le respect des règles strictes d'asepsie. Après une prémédication sédative de xylazine (2 mg/kg, IM), les chiens ont été anesthésiés avec du pentobarbital (30 mg/kg, IV), puis intubés et ventilés avec un volume courant de 20 ml/kg et à fréquence respiratoire de 12 cycles/min (respirateur Harvard, Holliston, MA, USA). Après curarisation (bromure de pancorunium : 4 mg, IV), les animaux ont subi une thoracotomie au niveau du cinquième espace intercostal. La réclinaison des lobes pulmonaires gauches a assuré la visualisation de l'aorte thoracique descendante sur laquelle a été implanté un cathéter rigide en Tygon (diamètre interne de 1 mm, Bioblock, Illkrich, France) comme l'illustre la Figure 22. Le péricarde a ensuite été incisé et attaché en plusieurs points à la paroi thoracique de façon à ce que le cœur soit suspendu sans torsion dans un berceau péricardique. Un cathéter souple en Silastic (diamètre interne 1 mm, Sedat, Irigny, France) a été inséré dans l’artère pulmonaire et un second cathéter rigide dans l'oreillette gauche. Un capteur de pression miniaturisé Königsberg P5A (Königsberg Instrument Inc., Pasadena, CA, USA) a été implanté dans la cavité du ventricule gauche et fixé à l'apex. Deux paires de cristaux piézo-électriques servant à la mesure de la contractilité transmurale des parois ventriculaires gauches antérieure et postérieure ont été implantées de part et d'autre de la paroi, l'un au niveau de l'endocarde et l'autre au niveau de l'épicarde. Les cristaux ont été placés l'un en regard de l'autre et leur bon alignement a été vérifié par la visualisation per-opératoire du signal ultrasonique à l'aide d'un oscilloscope (Hameg Instruments, Francfort, Allemagne). Enfin deux électrodes de stimulation ont été placées à la surface du ventricule droit pour permettre l'entraînement électro-systolique externe du cœur. Sur la partie proximale de l'artère coronaire circonflexe, une bague de mesure de débit (Transonic Systems Inc., Ithaca, NY, USA) ainsi qu'un ballonnet pneumatique (manufacturé dans le laboratoire) ont été implantés. Un second ballonnet pneumatique a été implanté autour de la partie proximale de l’artère coronaire interventriculaire antérieure. 107 Pression aortique Débit sanguin coronaire Cathéter intracoronaire Electrodes (ventricule droit) Ballonnets penumatiques Epaisseur (zone postérieure) Epaisseur (zone antérieure) Pression Ventriculaire gauche dP/dt Pression auriculaire gauche Figure 22: Schéma illustrant l’instrumentation des animaux et l’évolution des paramètres sur un cycle cardiaque. Chez les animaux inclus dans les protocoles nécessitant la mesure de paramètres myocardiques par différence artério-veineuse, un cathéter souple a été introduit dans le sinus coronaire (non représenté sur la Figure 22). Chez les animaux inclus dans l’étude nécessitant une administration intracoronaire, un cathéter souple (diamètre interne 0,1mm, Sedat, Irigny, France) a été introduit dans l'artère coronaire circonflexe afin de délivrer la substance étudiée localement et préférentiellement dans la zone postérieure du ventricule gauche (Hittinger et al., 1999; Kim et al., 1997). Après l'implantation de ce matériel, chaque plan chirurgical a été suturé et l'ensemble des cathéters et câbles électriques ont été tunnellisés dans le plan sous-cutané jusqu'au dos de l'animal et extériorisés dans la région interscapulaire. L'hémo-pneumothorax a été aspiré à la fin de l'intervention chirurgicale. Les animaux ont reçu un traitement antalgique [buprénorphine (15 µg/kg SC, deux fois par jour pendant 4 jours) relayé par une administration de flunixine (1 mg/kg en une prise orale quotidienne pendant 6 jours)] et une antibioprophylaxie [marbofloxacine (2 mg/kg en une prise orale quotidienne pendant 10 jours)]. Les animaux étaient alors inclus dans les différents protocoles 2 à 3 semaines après cette chirurgie initiale. 108 2. Mesures hémodynamiques a) Mesure des pressions aortique et ventriculaire La pression aortique a été mesurée à l'aide d'un capteur de pression Gould Statham P23ID (Statham Instruments, Oxnard, CA, USA) connecté à un amplificateur (Système 6, module 204, San Diego, CA, USA). La calibration externe du capteur de pression a été effectuée à l'aide d'un manomètre à mercure. La pression ventriculaire gauche (PVG) a été mesurée à partir du manomètre implantable (Königsberg P5A). La calibration du manomètre implantable a été faite in vitro à l'aide d'un manomètre à mercure et in vivo en prenant pour références les pressions auriculaire et aortique. b) Mesure des débits sanguins régionaux myocardiques La mesure des débits sanguins régionaux myocardiques a été réalisée à l’aide de microsphères fluorescentes (diamètre 15 µm). Celles-ci étaient injectées par le cathéter atrial gauche et le sang aortique de référence était simultanément prélevé à l’aide d’une seringue électrique (15 ml/120 s). A la fin de l’étude, des échantillons myocardiques sousendocardiques, intermédiaires et sous-épicardiques étaient recueillis et traités pour en extraire la fluorescence (De Curzon et al., 2001). Le rapport de cette fluorescence sur celle de l’échantillon de référence a permis de calculer le débit sanguin régional myocardique de l’échantillon corrigé par son poids. Le débit sanguin transmural est la moyenne des débits des trois « couches » myocardiques. c) Mesure de la contractilité régionale La mesure instantanée et continue des épaisseurs régionales myocardiques a été réalisée par sonomicrométrie, technique décrite pour la première fois par Rushmer (1954). Elle est basée sur la mesure du temps de transit du signal ultrasonique entre deux quartzs piézo-électriques, comme l’illustre la Figure 23. Les ultrasons produits par l'excitation d'un des cristaux piézo-électriques sont détectés à leur arrivée sur l'autre cristal. Le sonomicromètre (Système 6, module 201, San Diego, CA, USA) mesure le temps de parcours de l’onde entre les deux cristaux. En le multipliant par la vitesse de propagation des ultrasons (1580 m/s dans les milieux biologiques), le sonomicromètre calcule la distance entre les cristaux. Au cours des expériences, le signal ultrasonique a été contrôlé de façon permanente 109 à l'aide d'un oscilloscope, permettant de vérifier d'une part l'absence de modification de la qualité du signal, donc de la mesure, et de s'assurer d'autre part de la reproductibilité et de la répétabilité de la mesure. Myocarde SONOMICROMETRE Mesure du temps de parcours des ultrasons × Cristaux piézoélectriques Émission ultrasons Réception ultrasons Vitesse de propagation des ultrasons en milieu biologique (1580 m/s) Calcul de l’épaisseur myocardique Figure 23 : Réprésentation schématique de la mesure de l’épaisseur transmurale myocardique par sonomicrométrie. Sur un battement cardiaque, quatre paramètres obtenus à partir du signal d’épaisseur myocardique ont permis d’évaluer la contractilité régionale telle que l’illustre la Figure 24 : l’épaisseur télédiastolique (EDWT), l’épaisseur minimale en début de la systole, l’épaisseur télésystolique et l’épaisseur maximale. Chacune de ces mesures a été calculée de la manière suivante : ⇒ EDWT a été mesurée à la fin de la contraction auriculaire correspondant au pied de l'onde positive de la dP/dt. ⇒ La différence entre l’épaisseur télédiastolique et l’épaisseur minimale en début de systole a permis le calcul de l’amincissement protosystolique. La durée de cet amincissement représente le délai à l’épaississement de la paroi considérée, il a été mesuré et dénommé Tonset. 110 ⇒ L'épaisseur de la paroi de fin de systole (ESWT) a été mesurée au cours des 20 ms précédant le pic négatif de la dP/dt. ⇒ La différence entre l’épaisseur télésystolique et l’épaisseur télédiastolique représentait l’épaississement systolique. L'épaississement systolique du myocarde (Wth) était calculé comme tel en millimètre ou comme le pourcentage d’épaississement systolique selon la formule suivante : Wth = (ESWT - EDWT)/EDWT x 100 ⇒ L’épaississement postsystolique a été calculé comme la différence entre l’épaisseur maximale et l’épaisseur télésystolique. ⇒ La dérivation par rapport au temps de l’épaisseur transmurale myocardique a permis d’obtenir la vitesse d’épaississement transmurale du myocarde dW/dt et la valeur maximale systolique dW/dtmax a été relevée. 0 ms 200 13 Épaississement postsystolique Amincissement protosystolique mm Épaississement systolique Tonset 8 Fin de diastole Minimum Fin de systole Maximum Épaisseur myocardique transmurale Figure 24 : Représentation de l’évolution de l’épaisseur transmurale sur un battement cardiaque. 111 d) Mesure du débit sanguin coronaire Le débit sanguin coronaire a été mesuré à l'aide de la bague de débit implantée autour de l'artère coronaire circonflexe reliée à un module de mesure Transonic T206 (Transonic System Inc., Ithaca, NY, USA). e) Recueil des données L'ensemble des signaux mesurés a été simultanément enregistré en continu (fréquence d'acquisition : 500 Hz) et numérisé à l'aide d'un logiciel d'acquisition, les différents paramètres étudiés étant calculés et analysés sur tableur. Tout ceci a été réalisé à l'aide du logiciel d'acquisition et d'analyse HEM v3.5 (Notocord System, Croissy sur Seine, France). 3. Analyses biochimiques a) Mesure des lactates myocardiques Pour cette mesure, le sang a été simultanément prélevé dans le sinus coronaire et dans l’aorte au repos et après 20 et 30 min d’entraînement électro-systolique. Les prélèvements ont été immédiatement déprotéinisés par l’ajout d’un volume égal d’acide perchlorhydrique. Après centrifugation, la concentration de lactates a été déterminée dans le surnageant en utilisant la réaction basée sur la conversion enzymatique par la deshydrogénase de l’acide lactique en pyruvate dont la production était mesurée par spectrophotométrie (340 nm). Le pourcentage d’extraction lactique par le myocarde a été calculé par le rapport de la différence artério-veineuse sur la concentration aortique. b) Mesure de la concentration sanguine de nitrites-nitrates Le sang destiné à la mesure des nitrites-nitrates a été prélevé à l’aide de seringues héparinées. Après centrifugation, la concentration plasmatique des nitrites-nitrates a été déterminée par fluorimétrie après réduction et couplage par le diamino-naphtalène (Cayman fluorometric nitrate-nitrite assay kit, Ann Arbor, MI, USA). La différence artério-veineuse multipliée par le débit sanguin coronaire moyen a permis de calculer la production coronaire de nitrites-nitrates (nmol/l). 112 D. Analyse statistique Les résultats ont été exprimés comme la moyenne ± S.E.M. Les comparaisons ont été réalisées à l'aide d'une analyse de variance à deux facteurs pour mesures répétées, suivie si besoin d'un test t apparié de Student avec une correction de Bonferonni. Les droites de régression ont été calculées par la méthode des moindres carrés. Les seuils de sensibilité et de spécificité ont été calculés par analyse Receiver Operating Characteristics (ROCs). II. Le modèle de sidération myocardique par l’occlusion et reperfusion d’une artère coronaire chez le chien éveillé chroniquement implanté Ce travail a été intégralement mené sur le modèle de sidération par occlusion coronaire qui a permis la description initiale de la sidération (Heyndrickx et al., 1975). A. Réalisation de l’occlusion coronaire Les chiens étaient installés en décubitus latéral droit sur la table d’expérience. Pour parer à toute douleur pendant l’ischémie myocardique, les animaux recevaient préventivement une injection préventive de chlorhydrate de morphine (0,2 mg/kg). Il a été vérifié au sein du laboratoire que cette administration était sans incidence sur la sidération myocardique qui suivait. Après une période de stabilisation d’une demi-heure, les paramètres hémodynamiques et de contractilité régionale étaient enregistrés puis le ballonnet pneumatique entourant soit l’artère coronaire interventriculaire antérieure soit l’artère coronaire circonflexe gauche selon le protocole, était insufflé réalisant l’occlusion coronaire. La contractilité régionale du myocarde en aval de l’artère coronaire occluse, appréciée par sonomicrométrie, chutaient rapidement. Dès la première minute d’ischémie, la région myocardique concernée était akinétique, voire dyskinétique. L’occlusion coronaire était maintenue 10 min puis le ballonnet était progressivement dégonflé pour un retour progressif 113 de la perfusion afin de limiter le risque d’arythmies et notamment de fibrillation ventriculaire. Comme lors de toute ischémie, la reperfusion provoquait une hyperémie réactive. B. Effet de l’occlusion coronaire sur la fonction contractile régionale post-ischémique Après une occlusion coronaire de 10min, les débits sanguins régionaux myocardiques sont connus pour revenir à leur valeur de base après la phase d’hyperémie réactionnelle (Heyndrickx et al., 1975). Malgré cela, l’épaississement systolique du territoire ischémique restait très diminué en regard de la valeur d’épaississement pré-ischémique. Cette dépression de la contractilité régionale était réversible puisque l’épaississement systolique revenait progressivement à sa valeur de base en 10 à 24 h, démontrant la survenue d’une sidération % variation de l'épaississement systolique myocardique dans cette région, comme l’illustre la Figure 25. 20 0 -20 -40 -60 -80 -100 -120 Base Occ 5' 10' 15' 20' 30' 45' 1h 2h 3h 4h 5h 6h 24h Figure 25 : Variations (%) de l’épaississement systolique de la zone ischémique mesurées au cours de l’occlusion de l’artère coronaire circonflexe (Occ) et des 24 premières heures de la reperfusion de 7 chiens. 114 C. Justification du choix du modèle Notre travail visait à étudier la contraction du myocarde au cours de la sidération et du préconditionnement tardif. Notre volonté d’analyser finement la contraction myocardique nous obligeait à limiter les facteurs influençant la fonction ventriculaire. La mise en œuvre de ces travaux sur l’animal éveillé nous mettait à l’abri des facteurs confondants associés aux modèles expérimentaux d’animaux anesthésiés à thorax ouvert (Vatner et al., 1975). L’anesthésie modifie profondément la fonction ventriculaire (Safwat et al., 1991), et les expérimentations sur les préparations à thorax ouvert sont entre autres polluées par les traumatismes du geste chirurgical, la difficulté de préserver l’homéothermie, la déshydratation et une élévation des catécholamines circulantes. Parmi les espèces disponibles, notre choix s’est porté sur le chien car les grandes espèces de mamifères offrent également la possibilité d’une analyse fine de la contraction : 1) leur fréquence cardiaque proche de celle de l’Homme (entre 80 et 100 battements par minute à l’état de base pour le chien comparée à 600 battements par minute à l’état de base chez la souris) et 2) les dimensions conséquentes de leur cœur permettent d’y distinguer différents segments de contraction et de mettre en évidence leur interaction, élément central de la première partie de notre travail. La contractilité régionale est aujourd’hui abondamment étudiée en imagerie par Doppler tissulaire. Bien qu’elle offre une mesure et un suivi non invasif des mouvements du myocarde, nous lui avons préféré la sonomicrométrie car les cristaux de quartz piezoélectrique, une fois implantés, sont fixes et offrent un suivi invariable et reproductible d’un segment myocardique dont la mesure est opérateur-indépendant. Cependant, il est délicat d’implanter un grand nombre de cristaux sur le ventricule, et seuls un petit nombre de segments sont mesurables par cette technique. Pour étendre les observations faites en sonomicrométrie à de multiples segments, nous avons eu recours à l’imagerie par Doppler tissulaire. Cette technique nous a permis d’explorer plusieurs segments sur un même animal au cours d’une même expérience mais en réduisant le nombre de mesures répétées dans le temps. 115 III. Le modèle de préconditionnement tardif vis-à-vis de la sidération myocardique par l’occlusion/reperfusion d’une artère coronaire chez le chien éveillé chroniquement implanté La seconde partie de ce travail avait pour objectif d’étudier les adaptations de la contraction myocardique au cours du préconditionnement tardif. Dans le cadre de la sidération, cette cardioprotection tardive est délicate à mettre en œuvre, de nombreux stimuli pharmacologiques pourtant très efficaces vis-à-vis de l’infarctus ne sont d’aucun bénéfice dans la sidération myocardique (Bolli, 2000). Nous avons reproduit les conditions expérimentales de travaux du laboratoire d’accueil démontrant l’existence d’un préconditionnement tardif d’origine ischémique vis-à-vis de la sidération chez le chien (De Curzon et al., 2001). Ainsi les chiens ont été soumis à une première occlusion coronaire de 10min, puis 24h plus tard, les animaux ont à nouveau subi une occlusion coronaire de 10min. Cette seconde ischémie survenait dans la phase de cardioprotection tardive initiée par la première occlusion. Ce bénéfice se manifestait par une réduction de l’intensité et de la durée de la dysfonction contractile post-ischémique, comme l’illustre la Figure 19. IV. L’administration intracoronaire de ryanodine : exploration in vivo ciblée du récepteur de la ryanodine A. Administration intracoronaire de ryanodine Les chiens étaient installés en décubitus latéral droit sur la table d’expérience. Après une période de stabilisation d’une demi-heure, les paramètres hémodynamiques et de contractilité régionale étaient enregistrés, puis la perfusion intracoronaire de ryanodine débutait. L’alcaloïde était solubilisé dans du sérum physiologique à une concentration de 1µg/ml, et était administré via le cathéter intracoronaire au moyen d’un pousse-seringue selon un débit de 1 ml/min soit 1 µg/min. 116 B. Effet de l’administration intracoronaire sur la contractilité régionale myocardique Le cathéter intracoronaire se trouvant dans l’artère coronaire circonflexe gauche, la perfusion intracoronaire de ryanodine irriguait donc le mur postérieur du ventricule gauche. La contractilité myocardique de cette région était évaluée par l’épaississement systolique transmural mesuré par sonomicrométrie. L’administration de ryanodine dans l’artère coronaire circonflexe provoquait une réponse inotrope négative dose-dépendante du mur % de variations de l’épaississement systolique postérieur du ventricule gauche, comme l’illustre la Figure 26. 0 -20 -40 -60 -80 Base 0.5 1 3 6 Ryanodine (µg, i.c.) Figure 26 : Variation (%) de l’épaississement systolique lors de l’administration intracoronaire (i.c.) de doses croissantes de ryanodine ; i.c., intracoronaire (n=4). C. Justification du choix d’une administration intracoronaire Le récepteur de la ryanodine est une structure ubiquitaire comme nous l’avons précédemment exposé. L’administration systémique de ryanodine est donc à l’origine de modifications hémodynamiques d’origines cardiaque et extra-cardiaque, notamment centrale via les récepteurs de la ryanodine de type 1 (Kalthof et al., 1995). Les conditions 117 hémodynamiques et la contraction myocardique étant inter-dépendants, la réponse du récepteur de la ryanodine myocardique à son ligand ne pouvait être étudiée qu’en limitant les effets systémiques. Nous étions donc contraints à une administration locale limitant la diffusion de ryanodine dans l’organisme. Nous nous sommes tournés vers la perfusion via un cathéter intra-coronaire car cette voie d’administration permettait de s’affranchir des effets systémiques (Hittinger et al., 1999). Toutefois lors de l’administration de doses élevées (>6µg), le déficit contractile était tel, qu’il retentissait sur l’hémodynamique générale. Ainsi, l’inotropie négative due à la ryanodine entraînait une augmentation de la fréquence et une diminution du dP/dtmax, deux raisons pour lesquelles nous avons choisi une dose maximale de ryanodine de 6µg. 119 Chapitre VI Epaississement postsystolique et interaction entre les parois du ventricule gauche au cours de la sidération myocardique Cette étude a fait l’objet d’un manuscrit soumis à publication : Regional and temporal heterogeneity of postsystolic wall thickening is associated with left ventricular asynchrony in normal and stunned myocardium. par Lucats L., Monnet X., Chetboul V., Bizé A., Pouchelon J.L., Hittinger L., Berdeaux A. et Ghaleh B. 120 I. Introduction Comme nous l’avons exposé dans le Chapitre I, l’épaississement postsystolique est la part de l’épaississement pariétal qui survient après la fermeture de la valve aortique (Rose et al., 1993; Sutherland, 2004; Takayama et al., 1988). Son étude a fait l’objet de nombreux travaux tant expérimentaux (Derumeaux et al., 2000; Jamal et al., 2001b; Rose et al., 1993; Takayama et al., 1988) que cliniques (Hosokawa et al., 2000; Kukulski et al., 2003; Voigt et al., 2003a; Voigt et al., 2003b). Ce mouvement paradoxal du myocarde a été proposé comme signe de viabilité du myocarde au cours de l’ischémie et donc comme facteur prédictif de la récupération post-infarctus du ventricule gauche d’abord expérimentalement (Rose et al., 1993; Takayama et al., 1988) puis sur la base d’une étude clinique (Hosokawa et al., 2000). Malgré ces résultats, l’utilisation de ce paramètre reste discutée (Sutherland, 2004), notamment pour son manque de spécificité. En effet, il est présent dans le myocarde sain, ischémique, reperfusé et dans les territoires controlatéraux d’un myocarde ischémique ou post-ischémique (Voigt et al., 2003b). Cette distribution hétérogène rend son interprétation délicate. Dans notre travail, nous nous sommes demandée si une partie de cette confusion n’était pas due à la localisation de l’ischémie et/ou à l’hétérogénéité de sa distribution à l’état de base. Dans les études expérimentales publiées à ce jour, les animaux sont soumis soit à une occlusion de l’artère coronaire interventriculaire antérieure soit à une occlusion de l’artère coronaire circonflexe mais aucune étude ne comparait les effets de ces occlusions sur le même modèle et dans les mêmes conditions (anesthésie, durée d’occlusion, durée de reperfusion…). Grâce au modèle du chien éveillé chroniquement implanté disponible au laboratoire, nous avons tenté d’apporter une réponse à cette problématique. II. Matériels et méthodes A. Modèle expérimental Nous avons utilisé le modèle de sidération myocardique induite par une occlusion coronaire de 10 min chez le chien éveillé chroniquement implanté. Deux groupes de 7 animaux ont été étudiés et suivis par un enregistrement classique de sonomicrométrie. Deux 121 groupes de 4 animaux supplémentaires ont été explorés grâce à l’imagerie par Doppler tissulaire pour l’étude de la fonction contractile régionale des animaux. En effet, l’appariement de sonomicrométrie ne nous permettait d’évaluer la contractilité régionale que dans deux segments myocardiques. L’imagerie par Doppler tissulaire nous a permis d’étendre notre champ d’investigation au myocarde basal, intermédiaire et apical des parois antérieure, intermédiaire et postérieure du ventricule gauche. B. Protocole expérimental Le premier groupe d’animaux a subi une occlusion de 10 min de l’artère coronaire interventriculaire antérieure. Cette ischémie a provoqué une sidération de la paroi antérieure (ci-après appelée : LAD stunning). Le second groupe a subi une occlusion de 10 min de l’artère coronaire circonflexe, cette ischémie ayant provoqué une sidération de la zone postérieure (ci-après appelée : LCX stunning). Les animaux ont été suivis jusqu’à 6h de reperfusion. Les animaux étudiés par échocardiographie ont subi le même type de protocole (n=4, pour LAD stunning, n=4 pour LCX stunning) mais l’évaluation de la contractilité régionale n’a été réalisée qu’à la base et à 30 min de reperfusion. III. Principaux résultats Comme d’autres avant nous, nous avons constaté en premier lieu à l’état de base que le mur postérieur présentait à l’état physiologique, un épaississement postsystolique alors que le mur antérieur n’avait pas de contraction postsystolique. Cette disparité se maintenait lors de la sidération myocardique. En effet, la sidération postérieure était marquée par un épaississement postsystolique important et persistant pendant la sidération, alors que la sidération antérieure était accompagnée d’un épaississement postsystolique modéré et fugace. Parallèlement, sur les zones controlatérales (zones non ischémiques), la sidération antérieure provoquait une réduction de l’épaississement postsystolique de la paroi postérieure. A contrario, la sidération postérieure était sans effet sur l’épaississement de la paroi antérieure. 122 En s’intéressant à l’initiation de l’épaississement nous avons remarqué que ce décalage de fin de contraction entre les parois était concomitant d’un décalage entre les débuts de l’épaississement comme l’illustre la Figure 27. En effet, à l’état de base, le mur postérieur commence à s’épaissir 20±4 ms après le mur antérieur. Lorsque le mur postérieur sidère, ce retard augmente ainsi que l’épaississement postsystolique. Lorsque le mur antérieur sidère, la chronologie des épaississements s’inverse : le mur antérieur débute son épaississement tardivement, si bien que le mur postérieur commence à s’épaissir avant le mur antérieur. Le mur postérieur finit son épaississement avant le mur antérieur. Il donne le « pas » de la systole et il se synchronise parfaitement avec l’ouverture et la fermeture de la valve aortique : tout l’épaississement intervient en systole et l’épaississement postsystolique disparaît dans le mur postérieur. Le mur antérieur sidéré est donc « en retard » sur la systole et une partie de l’épaississement survient après la fermeture des valves. Base Fin de diastole Fin de systole Sidération postérieure Fin de diastole Fin de systole Sidération antérieure Fin de diastole Fin de systole Epaississement Epaisseur antérieure retardé Epaississement Epaisseur postérieure retardé Retard postérieur La paroi postérieure s’épaissit après la paroi antérieure. Amincissement protosystolique paradoxal Retard postérieur accru La paroi postérieure s’épaissit après la paroi antérieure. Le retard est accru comparé à la base. Epaississement systolique Retard antérieur Le paroi postérieure s’épaissit avant la paroi antérieure. Epaississement postsystolique Figure 27 : Représentation schématique de l’asynchronie des parois ventriculaires à l’état de base et lors de la sidération myocardique de la paroi postérieure ou antérieure. 123 En analysant plus finement le début de la systole, nous avons constaté que le retard à l’épaississement était concomitant d’un amincissement paradoxal de la paroi. Dans chacune des situations où il était observé, cet amincissement de la paroi était significativement corrélé à l’épaississement postsystolique. L’analyse de ces résultats par Receiving Organizing Characteristics (ROCs) montrait que les valeurs seuil d’identification de l’ischémie et de la sidération par l’analyse du rapport épaississement postsystolique sur épaississement systolique étaient différentes entre les parois antérieure et postérieure (seuil d’identification de la sidération : 0.09 et 0.3, respectivement). Enfin, l’imagerie par Doppler tissulaire démontrait que ces résultats étaient observés sur plusieurs segments du ventricule gauche, à la fois à l’état de base et pendant la sidération des parois antérieure et postérieure. IV. Commentaires Cette étude a montré que l’épaississement postsystolique résulte de l’asynchronie des parois du ventricule gauche, physiologique à l’état de base ou pathologique dans le cadre de l’ischémie et de la sidération. Cette asynchronie entraîne un jeu d’interaction des murs du ventricule gauche. Au cours de la contraction isovolumique, il est raisonnable de penser que le myocarde qui ne se contracte pas subit des contraintes liées à l’étirement provoqué par la contraction du mur adjacent ainsi que des changements de conditions de charges locales. Ces forces engendrent un étirement de la paroi qui se traduit dans notre étude par l’amincissement de début de systole consécutif à un retard contractile. Cet amincissement est corrélé à l’épaississement postsystolique. Ce lien donne une indication sur l’origine possible de l’épaississement postsystolique, mais il n’éclaire pas sur le mécanisme de cette contraction paradoxale. Est-ce un simple retour d’élasticité ou une contraction active retardée et amplifiée par un phénomène de Frank-Starling ? Nos résultats ne permettent pas de discerner un mécanisme actif ou passif, mais il est permis de penser que les deux mécanismes participent à l’épaississement postsystolique. Ces résultats portent un nouvel éclairage sur l’interprétation clinique de l’épaississement postsystolique. Nos résultats soulignent l’importance de sa localisation, de 124 son évolution et de l’interaction entre les parois du ventricule gauche pour l’interprétation de l’épaississement postsystolique. Comme le démontre l’analyse ROCs de nos résultats, les seuils pathologiques du rapport de l’épaississement postsystolique sur l’épaississement systolique sont variables d’une région d’une paroi à l’autre. Un rapport de 0.2 reflète la sidération de la paroi antérieure alors que le même rapport observé sur un segment du mur postérieur indique une fonction normale. 125 Chapitre VII Effets comparés de l’aténolol et de l’ivabradine sur l’épaississement postsystolique du cœur sain, au repos et à l’exercice Cette étude a fait l’objet d’une publication intitulée : Differential effects of heart rate reduction with If inhibition and β-blockade on postsystolic wall thickening. British Journal of Pharmacology, 2006, Epub ahead of print par Lucats L., Ghaleh B., Colin P., Monnet X., Bizé A. et Berdeaux A. Ce travail correspond à une ré-analyse des données obtenues lors de l’étude : Differential effects of heart rate reduction and β-blockade on left ventricular relaxation during exercise. American Journal of Physiology, 2003, 282:H672-679, par Colin P., Ghaleh B., Hittinger L., Monnet X., Slama M., Giudicelli J.F. et Berdeaux A. 126 I. Introduction Pour poursuivre notre travail sur la contraction du myocarde sidéré, nous souhaitions décrire l’influence sur le profil contractile de la prise en charge pharmacologique de la sidération par deux anti-angineux : un β-bloquant, l’aténolol, et un inhibiteur du courant If, l’ivabradine. Dans un premier temps, il nous fallait redéfinir les effets de ces molécules sur les paramètres utilisés du cœur sain au repos et à l’exercice. Nous nous sommes donc penchée sur les effets de l’aténolol et de l’ivabradine sur la vitesse d’épaississement systolique maximum et sur l’épaississement postsystolique de la paroi postérieure chez des chiens éveillés chroniquement instrumentés au repos et à l’exercice. Ces deux substances ont été administrées à des doses équi-bradycardisantes (Colin et al., 2002). Pour discerner les effets inotropes propres de ces substances des effets liés à la fréquence cardiaque, nous avons mesuré leurs effets à fréquence spontanée et à fréquence imposée par un entraînement électro-systolique atrial au repos et à l’exercise. II. Matériels et méthodes A. Modèle expérimental Dans ce travail, nous avons réanalysé les enregistrements hémodynamiques obtenus grâce à un modèle de chiens éveillés chroniquement instrumentés soumis à un exercice musculaire sur tapis roulant (Colin et al., 2002; 2003). B. Protocole expérimental Après une période de stabilisation, les paramètres de contractilité régionale étaient mesurés à fréquence spontanée et à une fréquence imposée de 150 batt/min à l’aide d’un pacemaker externe connecté aux électrodes auriculaires gauches. Puis les animaux recevaient par voie intraveineuse soit une solution de NaCl 0,9 %, soit 1 mg/kg d’aténolol ou d’ivabradine. Un effet stable était observé 15 min après l’administration de ces substances et les paramètres de contractilité régionale étaient à nouveau mesurés à fréquence spontanée et à 150 batt/min. Enfin les animaux étaient soumis à un exercice physique de 10 min sur un tapis roulant à 127 12 km/h (pente 13%). Pendant cet exercice, les paramètres de la contractilité régionale étaient une dernière fois mesurés à fréquence spontanée et à 250 batt/min. Chacun des 6 animaux utilisés a subi les trois séquences dans un ordre aléatoire (NaCl 0,9 %, aténolol et ivabradine). III. Principaux résultats L’aténolol a réduit la fréquence cardiaque et la dP/dtmax au repos et à l’exercice. Pour une réduction de fréquence cardiaque similaire au repos et à l’exercice, l’ivabradine était sans effet sur dP/dtmax. Lorsque la fréquence cardiaque était corrigée par l’entraînement électrosystolique, la dépression de dP/dtmax sous aténolol persistait. L’étude de la contractilité régionale montrait que l’administration d’aténolol ralentissait l’épaississement du myocarde ; dW/dtmax était inférieure de -21±7 % et de -29±7 % respectivement au repos et à l’exercice à fréquence spontanée par rapport à la séquence NaCl 0,9%. Cette réduction de la vitesse d’épaississement n’était pas observée sous ivabradine, ni au repos ni à l’exercice. De plus, cet effet de l’aténolol persistait avec l’entraînement électro-systolique. Parallèlement, l’administration d’aténolol s’accompagnait d’une augmentation de l’épaississement postsystolique et d’une réduction de l’épaississement systolique au repos et à l’exercice par rapport à la séquence NaCl 0,9 %. Cette redistribution de l’épaississement de la systole vers la postsystole persistait avec l’entraînement électro-systolique. Comparativement, l’administration d’ivabradine ne modifiait pas la contractilité régionale pariétale. De façon concomitante, l’aténolol augmentait τ au repos et à l’exercice tandis que l’ivabradine était sans effet sur la relaxation. Le τ était significativement corrélé au rapport des épaississements postsystolique sur systolique lorsque l’ensemble des mesures des trois séquences étaient regroupées. IV. Commentaires Cette étude confirme que pour une même réduction de la fréquence cardiaque, l’ivabradine et l’aténolol affectent différemment la contractilité pariétale (Colin et al., 2003). L’aténolol réduit l’épaississement systolique mais augmente l’épaississement postsystolique. Cet effet sur la contractilité régionale est indépendant de la réduction de fréquence cardiaque 128 puisqu’il persiste lors de l’entraînement électro-systolique. Le report de l’effort contractile de la systole vers la postsystole est donc la conséquence de l’inotropie négative de l’aténolol. A contrario, l’ivabradine n’affecte pas la contractilité régionale pour une même réduction de fréquence cardiaque, corroborant par-là de précédentes observations Cette conséquence de l’inotropie négative de l’aténolol participe à sa lusitropie négative puisque l’augmentation de l’épaississement postsystolique est corrélée à un ralentissement de la relaxation. Il semble logique qu’un épaississement survenant lors de la relaxation isovolumique entrave celle-ci : si une partie du myocarde continue de se contracter alors que le ventricule se relaxe, il freine la chute de pression ventriculaire. En conclusion, l’atenolol réduit la part de l’épaississement consacrée à l’éjection et augmente celle survenant pendant la relaxation isovolumique, ce report est alors concomitant d’un ralentissement de la relaxation. Pour une réduction de fréquence similaire, l’ivabradine n’a aucun effet propre sur l’épaississement régional. 129 Chapitre VIII Effets comparés de l’aténolol et de l’ivabradine sur l’épaississement postsystolique au cours de la sidération myocardique Cette étude a fait l’objet d’un manuscrit soumis à publication : Conversion of postsystolic wall thickening into ejectional contractility with heart rate reduction. par Lucats L., Ghaleh B., Colin P., Monnet X., Bizé A. et Berdeaux A. Ce travail correspond à une ré-analyse des données obtenues lors de l’étude : Heart rate reduction during exercise-induced myocardial ischemia and stunning. European Heart Journal, 2004, 25:579-586 par Monnet X., Colin P., Ghaleh B., Hittinger L., Giudicelli J.F. et Berdeaux A. 130 I. Introduction Connaissant les effets de deux antiangineux, l’ivabradine et l’aténolol, sur la fonction systolique au cours de la sidération myocardique (Monnet et al., 2004) et sur l’épaississement postsystolique du cœur sain, nous nous sommes intéressée à leurs effets sur l’épaississement postsystolique au cours de la sidération myocardique. Nous souhaitions voir si leurs effets systoliques étaient accompagnés d’une modification de l’épaississement postsystolique au cours de la sidération myocardique. II. Matériels et Méthodes A. Modèle expérimental Nous avons analysé les enregistrements hémodynamiques obtenus grâce à un modèle de sidération myocardique induite par un exercice musculaire ischémique mise au point dans le laboratoire (De Curzon et al., 2001). Les chiens instrumentés étaient soumis à un exercice musculaire sur tapis roulant (14 km/h sur une pente à 13%) pendant 10 min en présence d’une sténose coronaire. Cette sténose coronaire était maintenue et ajustée pour que le débit coronaire moyen reste constant et identique à la valeur de base pendant tout l’exercice, i.e. inhibant l’augmentation physiologique du débit sanguin coronaire répondant à un accroissement des besoins dus à l’exercice. A la fin de l’exercice musculaire, la sténose coronaire était levée en 1 min environ. Dans ce modèle, les débits sanguins régionaux myocardiques reviennent rapidement à leur valeur initiale (De Curzon et al., 2001). Cette ischémie sévère mais relativement courte n’induit pas de lésions d’infarctus mais génère une sidération myocardique d’une durée de 10 à 24h. B. Protocole expérimental L’aténolol (1 mg/kg par voie intraveineuse), l’ivabradine (1mg/kg, suivi d’une administration continue de 0,5 mg/kg/h pendant 6h par voie intra-veineuse) ou de leur solvant (NaCl 0,9 %) ont été administrés à la fin de l’exercice ischémique. 131 Tous les enregistrements effectués à l’état de base, avant l’exercice et pendant la récupération ont été faits à fréquence spontanée puis lors de courts épisodes (1 min) d’entraînement électro-systolique à 150 batt/min afin d’individualiser les effets dus à la réduction de fréquence cardiaque de ceux liés aux effets inotropes intrinsèques des substances. Les séquences expérimentales ont été réalisées dans un ordre aléatoire et espacées d’au moins 5 jours. III. Principaux résultats L’aténolol et l’ivabradine provoquaient une réduction similaire de la fréquence cardiaque comparée à l’administration de NaCl 0,9 % (ex, à 30 min de récupération, respectivement 105±3, 104±6 vs 133±8 batt/min). Au cours de la sidération myocardique, l’administration d’ivabradine s’accompagnait d’une amélioration de la fonction systolique de la région sidérée (augmentations de l’épaississement systolique et de la vitesse maximale d’épaississement) tandis que l’aténolol aggravait la dépression systolique (diminutions de l’épaississement systolique et de la vitesse maximale d’épaississement). Parallèlement, l’ivabradine réduisait l’épaississement postsystolique si bien que l’épaississement total (systolique et postsystolique) restait inchangé par rapport à la séquence NaCl 0,9 %. Pour un même épaississement total, l’ivabradine permettait qu’une moindre part de celui-ci soit perdue en épaississement postsystolique inefficace. A contrario, l’aténolol diminuait significativement l’épaississement total mais ne modifiait pas la distribution de celui-ci entre la systole et la postsystole. Enfin, l’ensemble des effets de l’ivabradine disparaissait lors de la correction de fréquence par l’entraînement électro-systolique alors que ceux de l’aténolol persistaient. IV. Commentaires Cette étude montre que la réduction de fréquence par l’ivabradine permet une redistribution de l’épaississement pariétal de la diastole vers la systole, en convertissant un épaississement inefficace en contractilité éjectionnelle. Cette conversion participe à 132 l’amélioration de la fonction systolique et épargne en quelque sorte la diastole d’un épaississement paradoxal délétère. Cet effet de l’ivabradine est strictement dû à la réduction de la fréquence cardiaque puisqu’il est aboli par l’entraînement électro-systolique rapide. De plus, pour une même réduction de la fréquence cardiaque, cette conversion n’est pas observée avec l’aténolol. En effet, l’aténolol diminue l’épaississement total mais ne change pas la distribution de l’épaississement entre la systole et la postsystole. Bien qu’ils aient un mécanisme d’action commun, la réduction de fréquence, l’aténolol et l’ivabradine ont des effets opposés sur le profil contractile du myocarde sidéré. 133 Chapitre IX Mise en évidence d’un préconditionnement tardif vis-à-vis de la sidération myocardique induit par un entraînement électro-systolique rapide Cette étude a fait l’objet d’une publication intitulée : Rapid ventricular pacing induces delayed cardioprotection against myocardial stunning. Journal of Molecular and Cellular Cardiology, 2005:39:849-855 par Lucats L., Chalvignac V., Bizé A., Monnet X., Zini R., Hittinger L., Berdeaux A. et Ghaleh B. 134 I. Introduction Après avoir étudié la prise en charge pharmacologique de la sidération myocardique et son incidence sur l’épaississement postsystolique, nous avons souhaité caractériser les adaptations contractiles survenant au cours du préconditionnement tardif et analyser ses mécanismes moléculaires. Or, le préconditionnement tardif engendré par un épisode ischémique est susceptible de mettre en place des modifications non spécifiques de la cardioprotection tardive. Notre but était donc de pouvoir disposer de deux modes de préconditionnement tardif, un ischémique et un non ischémique, afin de nous assurer que nos observations étaient liées spécifiquement à la cardioprotection. Hormis l’ischémie, le préconditionnement tardif vis-à-vis de l’infarctus du myocarde peut être induit par des agents pharmacologiques tels qu’un agoniste du récepteur µ aux opiacées ou des donneurs de monoxyde d’azote (Bolli, 2000). Malheureusement, en testant ces stimuli pharmacologiques, aucun d’eux ne s’était révélé efficace vis-à-vis de la sidération myocardique dans nos conditions expérimentales. Parmi les stimuli non pharmacologiques connus, la tachycardie par entraînement électro-systolique est à l’origine d’un préconditionnement précoce contre l’infarctus du myocarde (Hearse et al., 1999; Koning et al., 1996; Macho et al., 2001) et un préconditionnement tardif vis-à-vis des arythmies induites par l’ischémie (Kaszala et al., 1996; Kis et al., 1999). Par conséquent, nous avons voulu savoir si la tachycardie par entraînement électrosystolique offrait une cardioprotection tardive vis-à-vis de la sidération. Comme la production de radicaux libres oxygénés est à la base du préconditionnement ischémique, notre second objectif était de mesurer leur rôle d’initiateur dans cette cardioprotection. Enfin notre dernier objectif était d’asseoir le caractère non ischémique de l’entraînement électro-systolique rapide en mesurant l’extraction des lactates par le myocarde et les débits sanguins régionaux myocardiques. 135 II. Matériels et méthodes A. Modèle expérimental Dans ce travail, nous avons utilisé le modèle du chien éveillé chroniquement instrumenté. En plus de ce montage, sur 5 des 12 chiens, un cathéter a été implanté dans le sinus coronaire pour effectuer les prélèvements sanguins en cours d’expérience. B. Protocole expérimental Le protocole de cette étude comprenait trois séquences expérimentales de deux jours consécutifs chacune (J0 et J1). Elles ont été faites dans un ordre aléatoire à une semaine d’intervalle. • Première séquence : Contrôle. Les animaux ont été soumis à une occlusion coronaire de 10 min suivie de reperfusion à J1 sans aucune expérimentation à J0. • Deuxième séquence : PC. Les animaux ont été soumis à un entraînement électro-systolique de 40 min à 240 batt/min, puis le lendemain, à J1, ils ont été soumis à une occlusion coronaire de 10 min suivie de reperfusion. • Troisième séquence : PC+MPG. La séquence PC a été répétée, mais l’entraînement électro-systolique était concomitant d’une administration de N(2-mercaptopropionyl)-glycine (MPG, 100 mg/kg/h) débutant 15 min avant et s’achevant 30 min après (Sun et al., 1996). A J0 de la séquence PC, des prélèvements de sang ont été effectués pour la mesure des lactates et des nitrites-nitrates au temps 0 puis après 20 min et 30 min d’entraînement électrosystolique. Enfin, les débits sanguins régionaux myocardiques ont été mesurés au temps 0 et à la 35ème min d’entraînement électro-systolique. Afin de vérifier que le MPG en lui-même n’avait aucune conséquence sur la sidération myocardique 24h plus tard, un dernier groupe de 4 chiens a été soumis à a) une occlusion 136 coronaire contrôle sans expérience la veille et b) à une occlusion coronaire précédée 24h auparavant d’une administration de MPG. III. Résultats A J1 et en comparaison à J0, la réalisation d’un entraînement électro-systolique rapide n’avait pas induit de modification de l’épaississement systolique du ventricule gauche à l’état de base sur les 8 animaux de cette étude. En revanche, lors de la sidération myocardique qui accompagnait la reperfusion, l’épaississement systolique était significativement supérieur par rapport à celui mesuré lors de la séquence contrôle. La sidération myocardique était donc moins sévère et plus courte. Par exemple, après 30 min de reperfusion, l’épaississement systolique était de 1,7±0,3 mm dans la séquence contrôle alors qu’il était de 2,3±0,4 mm 24h après un entraînement électro-systolique. Sur les 5 chiens soumis à la séquence PC+MPG, l’administration de MPG abrogeait le bénéfice de l’entraînement électro-systolique : les sidérations myocardiques contrôle et 24h après un entraînement électro-systolique concomitant d’une administration de MPG étaient superposables. La mesure des lactates myocardiques montrait que le myocarde ne produisait pas de lactates lors de l’entraînement électro-systolique rapide, mais que celui-ci était associé à une augmentation de la production coronaire de nitrites-nitrates par rapport à la valeur de base. Enfin, les débits sanguins régionaux myocardiques étaient augmentés par l’entraînement électro-systolique mais le rapport des débits régionaux myocardiques sous-endocardique sur sous-épicardique était conservé par rapport à la valeur de base (rapport Endo/Epi : 1,33±0,07 à la base et 1,36±0,09 après 35 min d’entrainement électro-systolique). IV. Commentaires Cette étude montre que l’entraînement électro-systolique rapide à 240 batt/min pendant 40 min engendre un préconditionnement tardif contre de la sidération myocardique. Cette cardioprotection est abolie par le MPG, ce qui signifie que les radicaux libres oxygénés sont un initiateur indispensable de ce phénomène. 137 Il était alors tentant de conclure que l’entraînement électro-systolique est une forme de stimulus ischémique tant la production de radicaux libres est abondante dans l’ischémie. Il s’agit là d’un raccourci inexact, puisque l’absence de production de lactates et la conservation du rapport endo/épi des débits sanguins régionaux myocardiques exclut toute ischémie lors de l’entraînement électro-systolique rapide. Notons que les radicaux libres peuvent être issus de la production accrue de monoxyde d’azote par la NO synthase endothéliale en réponse à l’augmentation des forces de cisaillement sur l’endothélium coronaire due à l’augmentation de débit qui accompagne l’entraînement électro-systolique. L’ensemble de ces résultats nous a donc permis de pouvoir disposer d’un stimulus non ischémique préconditionnant vis-à-vis de la sidération myocardique, l’entraînement électrosystolique rapide à 240 batt/min pendant 40 min. 139 Chapitre X Effet du préconditionnement tardif vis-à-vis de la sidération sur l’épaississement postsystolique Cette étude a fait l’objet d’une publication intitulée : Reduction in postsystolic wall thickening during late preconditioning. American Journal of Physiology, 2006 : Epub ahead of print. par Monnet X., Lucats L., Colin P., Derumeaux G., Dubois-Randé J.L., Hittinger L., Ghaleh B. et Berdeaux A. 140 I. Introduction Dans la première partie de notre travail (Chapitre VI), nous avons montré que la sidération myocardique était à l’origine d’une asynchronie de l’épaississement myocardique. Le myocarde sidéré présentait un épaississement postsystolique : paradoxalement l’épaississement se poursuivait au-delà de la fermeture de la valve aortique. Dans la suite de notre travail, nous avons souhaité étudier les conséquences du préconditionnement tardif sur la sidération myocardique et savoir quel était l’impact du préconditionnement tardif sur l’épaississement postsystolique au cours de la sidération myocardique. Le préconditionnement tardif passe-t’il par des adaptations contractiles qui modifient ce mouvement paradoxal qui accompagne la sidération ? Pour répondre à ces questions, nous avons comparé le profil contractile du myocarde témoin à celui du myocarde préconditionné à l’état de base et lors d’une sidération myocardique. II. Matériels et méthodes A. Modèle expérimental Nous avons utilisé le modèle de préconditionnement tardif induit par une occlusion coronaire de 10 min suivie de reperfusion et dont le bénéfice se manifeste par une réduction de la dysfonction contractile engendrée par la sidération myocardique consécutive à une nouvelle occlusion coronaire de 10 min 24 h après la première occlusion. La première partie de cette étude a été menée sur 7 chiens. En parallèle, 4 chiens ont été soumis à un entraînement électro-systolique rapide suivi 24h plus tard d’une occlusion de 10 min et reperfusion. Cette deuxième partie de l’étude correspond à un modèle de préconditionnement tardif non ischémique tel qu’il a été mis en évidence dans l’étude précédente. 141 B. Protocole expérimental Trois semaines après l’intervention chirurgicale (J0), les paramètres hémodynamiques et de contractilité étaient mesurés à l’état de base. Une première occlusion coronaire de l’artère circonflexe de 10 min était réalisée. Les paramètres hémodynamiques et de contractilité étaient mesurés durant les 6 premières heures de la reperfusion. Le lendemain (J1), les mêmes paramètres étaient à nouveaux mesurés puis une deuxième occlusion coronaire similaire à la première était mise en œuvre. Comme le premier jour (J0), les paramètres hémodynamiques des six premières heures de la sidération ont été enregistrés. Sur les 4 animaux complémentaires, les paramètres hémodynamiques et de contractilité étaient mesurés à l’état de base. Puis les animaux ont été soumis à un entraînement électro-systolique rapide à 240 battements par minute pendant 40 min. Le lendemain, les mêmes paramètres étaient à nouveaux mesurés puis une occlusion coronaire de 10 min était mise en œuvre. A nouveau, les paramètres hémodynamiques des six premières heures de la sidération ont été enregistrés. III. Principaux résultats A J0, l’occlusion de l’artère coronaire induisait une chute de l’épaississement myocardique et une augmentation de l’épaississement postsystolique dans la région postérieure du ventricule gauche. A la reperfusion, la sidération myocardique se traduisait par un déficit contractile systolique et un épaississement postsystolique augmenté par rapport à sa valeur de base. Alors que l’épaississement systolique revenait progressivement à la normale durant les 6h d’enregistrement, l’épaississement postsystolique diminuait. Ces deux paramètres avaient une évolution symétrique, dite « en miroir ». A l’état de base à J1, l’épaississement postsystolique était inférieur à celui observé à l’état de base à J0, i.e. 0,7±0,1 mm à J0 contre 0,2±0,1 mm à J1, alors que l’épaississement systolique était revenu à sa valeur de J0. De manière concomitante, cette réduction de l’épaississement postsystolique s’accompagnait d’une élévation de 18 % de la vitesse d’épaississement systolique maximale. De manière similaire, au cours de la sidération après préconditionnement (J1), l’épaississement postsystolique était réduit et la vitesse d’épaississement systolique maximale 142 était augmentée par rapport à J0. Cette constatation s’ajoutait à l’augmentation de l’épaississement systolique déjà connu et caractéristique du bénéfice engendré par le préconditionnement tardif au cours de la sidération. En d’autres termes, à l’état préconditionné, la contraction pariétale se produisait plus rapidement et une plus grande part de l’épaississement était dévolue à l’éjection. Cette adaptation du profil contractile se retrouvait également sur les 4 chiens soumis à un préconditionnement tardif non ischémique. En effet, ces animaux présentaient une réduction de l’épaississement postsystolique 24h après un entraînement électro-systolique rapide. IV. Commentaires Cette étude est la première à décrire l’évolution de l’épaississement postsystolique au cours de la sidération myocardique et à mettre en évidence son évolution en miroir de celle de l’épaississement systolique. D’une manière générale, l’adaptation contractile engendrée par le préconditionnement tardif se traduit par une augmentation de la vitesse d’épaississement systolique maximale et une réduction de l’épaississement postsystolique. A l’état de base, le myocarde préconditionné présente une réduction de l’épaississement postsystolique ainsi qu’une élévation de la vitesse d’épaississement systolique maximale sans modification de l’épaississement systolique. Dans ce contexte, le préconditionnement tardif se traduit par une amélioration du rapport de l’épaississement systolique sur l’épaississement total. Pour un épaississement total similaire, le myocarde préconditionné se contracte plus vite et une plus grande part de l’épaississement survient en systole, il y a moins d’épaississement perdu en postsystole. Cette adaptation du profil contractile n’est pas une conséquence non spécifique de l’ischémie. Elle est complètement imputable à la cardioprotection dans la mesure où elle se retrouve avec un préconditionnement tardif non ischémique (entraînement électro-systolique rapide). 143 Chapitre XI Mécanisme de l’adaptation contractile au cours du préconditionnement tardif vis-à-vis de la sidération myocardique Cette étude a fait l’objet d’une publication : The inotropic adaptation during late preconditioning against myocardial stunning is associated with an increase in FKBP 12.6. Cardiovascular Research, Epub ahead of print. par Lucats L., Vinet L., Bizé A., Monnet X., Morin D., Su J., Rouet-Benizeb P., Mercadier JJ., Hittinger L., Berdeaux A. et Ghaleh B. Et d’un manuscrit en cours de rédaction. 144 I. Introduction Comme nous l’avons démontré dans le travail précédent, le préconditionnement tardif vis-à-vis de la sidération myocardique induit une modification du profil contractile du myocarde. Dans cette dernière partie de notre travail, nous souhaitions identifier les mécanismes moléculaires sous-jacents. Si les voies de signalisation de cette cardioprotection endogène sont aujourd’hui bien connues, ses effecteurs finaux demeurent incertains. Or si le préconditionnement passe par une adaptation de la contraction régionale du myocarde, il semble logique qu’il engendre des modifications du couplage excitation-contraction, support moléculaire de cette contraction. Au sein de cet ensemble de protéines qui assurent la conversion de l’influx électrique en force mécanique d’éjection, nous nous sommes plus particulièrement intéressés au récepteur de la ryanodine (RyR 2) et la protéine FKBP 12.6. Nous souhaitions appréhender le mécanisme moléculaire de l’adaptation de la contraction au niveau du RyR 2 et FKBP 12.6. Pour ce faire, nous avons instrumenté des chiens pour étudier la réponse contractile in vivo et après préconditionnement en réponse à l’administration intracoronaire de ryanodine. Ex vivo, nous avons regardé si les préconditionnements tardifs ischémique et induit par un entraînement électro-systolique rapide, étaient associés à une modification des propriétés de liaison de la ryanodine. Puis nous avons étudié l’état de phosphrylation de RyR 2 et les quantités de FKBP 12.6, de calséquestrine, de SERCA 2a et de phospholamban. II. Matériels et méthodes A. Modèle expérimental Nous avons utilisé les modèles de préconditionnement tardif induit par une occlusion coronaire de 10 min suivie de reperfusion et par un entraînement électro-systolique rapide. En parallèle, deux groupes de 4 chiens équipés de cathéter intracoronaire dans l’artère coronaire circonflexe gauche, ont reçu par cette voie une administration de doses croissantes de ryanodine (0.5-1-3-6 µg) à l’état contrôle et 24h après une occlusion de 10 min suivie de reperfusion de l’artère coronaire circonflexe gauche pour le premier groupe tandis que le 145 second groupe avait reçu la même administration intracoronaire de ryanodine 24h après un entraînement électro-systolique rapide. Ces expériences ont eu pour but d’évaluer in vivo la réponse du RyR 2 à la ryanodine. B. Protocole expérimental Sur le premier groupe de 7 animaux, trois semaines après l’intervention chirurgicale (J0), les paramètres hémodynamiques et de contractilité étaient mesurés à l’état de base. Une première occlusion coronaire de l’artère circonflexe de 10 min était réalisée. Les paramètres hémodynamiques et de contractilité étaient mesurés durant les 6 premières heures de la reperfusion. Le lendemain (J1), les mêmes paramètres étaient à nouveaux mesurés puis une deuxième occlusion coronaire similaire était mise en œuvre. Comme le premier jour (J0), les paramètres des 6 premières heures de la sidération ont été enregistrés. Enfin, une semaine plus tard, les animaux étaient euthanasiés 24h après une occlusion de l’artère coronaire circonflexe et des échantillons de myocarde étaient prélevés en zone postischémique (myocarde préconditionné ischémique) et en zone controlatérale (myocarde témoin). Un deuxième groupe de 6 animaux était soumis à deux séquences dans un ordre aléatoire à une semaine d’intervalle. La première séquence soumettait les animaux à une occlusion coronaire de 10 min. Les paramètres hémodynamiques et de contractilité étaient mesurés durant les 6 premières heures de la reperfusion (sidération contrôle). Dans la seconde séquence, les animaux étaient soumis à une occlusion coronaire de 10 min, 24h après un entraînement électro-systolique rapide (sidération sous le bénéfice d’un préconditionnement tardif non ischémique). Enfin une semaine plus tard les animaux étaient euthanasiés 24h après un entraînement électro-systolique et des échantillons de myocarde étaient prélevés (myocarde préconditionné non ischémique). Sur le premier groupe des 4 animaux munis d’un cathéter intracoronaire, les paramètres hémodynamiques et de contractilité étaient mesurés à l’état de base. Puis les animaux étaient soumis une administration intracoronaire de doses croissantes de ryanodine. Après une période de « wash out » d’une semaine, les animaux étaient soumis à une occlusion coronaire de 10 min. Le lendemain de cette ischémie, sous le bénéfice du préconditionnement tardif, les animaux étaient à nouveaux soumis à l’administration intracoronaire de doses croissantes de ryanodine. 146 De manière similaire sur le deuxième groupe de 4 animaux munis de cathéter intracoronaire, la ryanodine était perfusée par voie intracoronaire à l’état de base et 24h après un entraînement électro-systolique. Le myocarde prélevé sur les différents groupes a permis de réaliser les expériences de liaison de la ryanodine et de Western blot de RyR 2, FKBP 12 et 12.6, de calséquestrine, de SERCA 2 et de phospholamban. III. Principaux résultats Comme dans le travail précédent, nous avons à nouveau constaté que le préconditionnement tardif ischémique était associé à une élévation de la vitesse d’épaississement systolique maximale à l’état de base avant toute ischémie. De manière similaire, cette adaptation du profil contractile était observée avec le préconditionnement tardif non ischémique, l’entraînement électro-systolique rapide L’administration intracoronaire de ryanodine provoquait une réduction dosedépendante de l’épaississement systolique à l’état de base. Lorsque cette administration intracoronaire était réalisée 24h après une occlusion coronaire de 10 min, pour induire un préconditionnement tardif ischémique, cette réponse inotrope négative du myocarde était retrouvée. Cependant, pour une même dose de ryanodine, le myocarde préconditionné présentait une réduction de l’épaississement systolique moins importante. Ainsi lors de la séquence contrôle, 1.16±0.18 µg de ryanodine intracoronaire provoquait une réduction de 40 % de l’épaississement systolique tandis qu’il fallait 2.57±0.73 µg de l’alcaloïde pour provoquer le même effet sur le myocarde préconditionné. De manière similaire, le préconditionnement tardif non ischémique provoquait une élévation de la dose provoquant 40% de réduction de l’épaississement post-systolique (respectivement 3,62±1,01 µg vs 1,39±0,16 µg, après un préconditionnement tardif non ischémique et à l’état de base). Ces déplacements de la courbe dose-réponse à la ryanodine n’étaient pas associés à une diminution du nombre de sites pour ce ligand (Bmax) ou de son affinité (KD) car les expériences de liaison ex vivo montraient que Bmax et KD n’étaient pas modifiés après préconditionnement. De façon similaire, le Western blot de RyR 2 et de sa forme phosphorylée P-S2809 ne montraient pas de différence entre les myocardes contrôles et préconditionnés. Par contre la quantification de FKBP 12.6 par cette méthode montrait que 147 cette protéine était en quantité plus importante dans le myocarde préconditionné par ischémie que dans le myocarde témoin. Le préconditionnement tardif était associé à une augmentation de 184±46% de la quantité de FKBP 12.6 par rapport au myocarde contrôle. Cependant, cette élévation de FKBP 12,6 n’était pas observée après un préconditionnement tardif non ischémique. La quantification de la calséquestrine, de la SERCA 2a et de phospholamban ne montrait aucune différence entre les myocardes contrôles et préconditionnés. IV. Commentaires Ce travail démontre que l’adaptation contractile en réponse au préconditionnement tardif est associée à une adaptation du couplage excitation-contraction et probablement de la libération de calcium via les RyR 2, même si nous ne l’avons pas directement démontré. En effet, la courbe dose-réponse à l’administration in vivo de ryanodine était déplacée vers la droite avec le préconditionnement tardif. Ce déplacement n’était pas du à une modification de la fixation de la ryanodine sur ses récepteurs puisque les expériences de liaison montraient que ni le nombre de sites ni leur affinité n’étaient affectés par le préconditionnement tardif. Donc le préconditionnement tardif passait donc par une adaptation fonctionnelle du RyR 2. Or la libération de calcium par le RyR 2 est un processus très finement régulé par le complexe macromoléculaire qui entoure le RyR 2. Au sein de ce complexe, le déficit en FKBP 12.6 a été mis en cause dans l’insuffisance cardiaque et certaines tachycardies ventriculaires, et le rôle de cette protéine de structure est essentiel pour la libération coordonnée du calcium par les RyR 2. Si le déficit de FKBP 12.6 a été décrit à plusieurs reprises, notre travail est le premier à évoquer une augmentation de FKBP 12.6. Il est raisonnable de penser que cette augmentation participe à l’amélioration de la fonction contractile et assure un certain degré de cardioprotection dans la mesure où la surexpression de cette protéine par transfert viral dans des cardiomyocytes (Loughrey et al., 2004) améliore le synchronisme de la libération de calcium et décroît l’amplitude, la durée et la fréquence des « sparks » calciques. De tels changements pourraient participer à l’adaptation contractile et à la cardioprotection observées au cours du préconditionnement tardif. Cette hypothèse est d’autant plus crédible que le gène FKBP 12.6 est potentiellement activé par les voies de signalisation du préconditionnement tardif. En effet, le préconditionnement tardif active la Protein Kinase C (PKC) (Banerjee et al., 1999), qui active à son tour plusieurs facteurs de transcription lors d’un stress myocardique dont Sp-1 (Galvez, 148 2006). La famille des facteurs de transcription Sp se fixe sur les GC-box (Suske, 1999), qui sont présents dans le promoteur de FKBP 12.6 (Nakazawa, 2005). Les résultats obtenus concernant FKBP 12.6 avec le préconditionnement tardif non ischémique contrastent avec ceux issus du préconditionnement tardif ischémique. Une telle opposition suggère deux mécanismes distincts, toutefois une telle hypothèse ne peut être avancée qu’avec réserve. En effet, soulignons que le préconditionnement tardif engendré par l’entraînement électro-systolique tardif n’offre qu’un bénéfice modéré comparé à un préconditionnement tardif ischémique. Il est donc possible que l’intensité de la cardioprotection ne soit pas suffisante pour provoquer une élévation décelable de la quantité de FKBP 12.6 bien que les mécanismes des deux préconditionnements soient identiques. De plus, il doit être précisé que le Western blot n’est pas une méthode de quantification optimale, car elle manque de sensibilité. Toutefois, si d’autres mécanismes d’adaptation fonctionnelle de RyR 2 doivent être proposés, il convient de rappeler le rôle essentiel du NO (Bolli et al., 1998) dans le préconditionnement tardif et les modifications de RyR 2 qu’il entraîne (Barouch et al., 2002; Meissner, 2002). La production de NO est accrue 24h après une occlusion coronaire (Kim et al., 1997), il est donc envisageable que le NO entraîne une nitrosylation des RyR 2 qui augmente leur probabilité d’ouverture et leur conductance telles que décrites dans d’autres situations (Barouch et al., 2002; Petroff et al., 2001). Un tel mécanisme pourrait également participer à la cardioprotection offerte par le préconditionnement tardif ischémique. Cet autre aspect de la régulation de RyR 2 dans la cardioprotection demeure inconnu et nécessite de nouveaux travaux. 149 DISCUSSION GENERALE 151 Le profil contractile du myocarde sidéré se caractérise par un épaississement retardé et diminué par rapport à l’état de base. Celui-ci commence plus tard et se poursuit après la fermeture des valves aortiques. Ce délai donne naissance à l’épaississement postsystolique, contraction régionale paradoxale et hémodynamiquement inefficace. Nous avons montré que l’amélioration de la fonction régionale par le préconditionnement tardif ou une intervention pharmacologique comme l’ivabradine, s’accompagnait d’une réduction de cet épaississement postsystolique. L’ivabradine améliore la fonction systolique du myocarde sidéré par conversion de l’épaississement postsystolique en épaississement systolique sans que nos résultats ne nous permettent de fournir une explication mécanistique de cette observation. L’allongement du temps de diastole permet d’assurer un meilleur remplissage et il est permis de penser que celui-ci sollicite un effet Frank-Starling mais rien ne l’affirme catégoriquement puisque l’ivabradine ne provoque qu’un amincissement télédiastolique non significatif. A contrario, l’ivabradine augmente la vitesse d’épaississement systolique maximale, cet index est très sensible et son augmentation peut signer un effet Frank-Starling bien que nous n’avons pas été en mesure de montrer des modifications de la dimension ventriculaire télédiastolique. Lorsqu’il est question d’épaississement postsystolique, la première question est de savoir si ce mouvement est une contraction active ou un retour élastique purement passif. Cette interrogation est des plus légitimes car elle sous-entend que si la contraction est active, l’épaississement postsystolique est une réserve contractile qui peut être mise à profit pour l’éjection. Plusieurs de nos constatations abondent dans ce sens. En effet, l’amélioration de l’épaississement systolique du myocarde sidéré par le préconditionnement tardif ou la réduction spécifique de fréquence cardiaque par l’ivabradine coïncide avec une réduction de l’épaississement postsystolique. Cette simultanéité peut être interprétée comme une conversion de l’épaississement postsystolique en contraction éjectionnelle car la réduction de l’épaississement postsystolique est en miroir de l’amélioration de l’épaississement systolique, à la fois en temps et en millimètre ; l’épaississement total (systolique et postsystolique) ne diffèrant pas entre les séquences témoins et préconditionnées ou après ivabradine. Lorsque le myocarde sidéré est protégé par un préconditionnement tardif ou par l’ivabradine, l’épaississement total est le même mais une part plus importante de celui-ci survient en systole. Cette conversion de l’épaississement postsystolique en contraction efficace de l’éjection est un des arguments issus de notre travail en faveur d’un mouvement postsystolique actif, même si une moindre restitution élastique ne peut être écartée. 152 Nous avons également observé que l’aténolol diminue l’épaississement postsystolique du fait de son pouvoir inotrope négatif. La réduction de l’épaississement postsystolique par l’aténolol est strictement proportionnelle à celle de l’épaississement systolique. Cette observation est un nouvel argument en faveur d’un mouvement à composante active car seul un mouvement actif est diminué par un agent inotrope négatif, à moins que les forces qui étirent le myocarde pour le mouvement postsystolique passif ne soient elles-aussi réduites par le β-bloquant. En effet, nous avons montré que l’épaississement postsystolique est corrélé à l’amincissement protosystolique du myocarde. Cet amincissement résulte des forces exercées par le reste du ventricule qui se contracte et fait monter la pression ventriculaire gauche : ainsi le myocarde sidéré qui ne se contracte qu’en retard se voit étiré pendant ce délai. Nous n’avons pas pu faire la part dans cette corrélation entre un mécanisme actif de Frank-Starling et celle d’un retour élastique passif. La réduction de l’épaississement postsystolique par l’aténolol ne permet pas non plus de trancher dans un sens ou dans l’autre. D’une part, une composante active est fortement diminuée par un agent inotrope négatif et d’autre part cet agent réduit aussi la contractilité des autres parois du ventricule gauche et la montée de pression ventriculaire gauche à l’origine de l’étirement qui génèrerait les mouvements postsystoliques par un retour élastique. Il est plausible que les deux phénomènes participent à l’épaississement postsystolique. Certains auteurs voient une différence de mécanisme selon la situation. Pour Skulstad et al. (2002) l’origine de l’épaississement postsystolique dépend du mouvement systolique du segment considéré. En se basant sur l’étude de la relation longueur du segment-pression ventriculaire gauche qui permet de calculer le travail du segment, les auteurs affirment que le mouvement postsystolique d’un segment dyskinétique est passif tandis que celui d’un segment akinétique ou hypokinétique est actif. Ces conclusions sont fondées sur l’observation de la contractilité du myocarde ischémique et sidéré d’un modèle de chien anesthésié à thorax ouvert, préparation connue pour modifier profondément l’inotropie du myocarde (Vatner et al., 1975), et plus particulièrement la contraction postsystolique (Kanaya et al., 1994). Dans nos conditions, le myocarde sidéré est à la fois dyskinétique et hypokinétique puisque la réduction de l’épaississement systolique est d’abord remplacée par un amincissement paradoxal, signant une double composante active et passive. La composante active de la contraction postsystolique du myocarde sidéré explique pour certains auteurs, sa réserve contractile. En effet Yo et al., (2002), ont montré que le myocarde de chien sidéré avait une consommation d’oxygène comparable à celle d’un myocarde sain pour un raccourcissement systolique très diminué mais avec un mouvement 153 postsystolique très important. De façon similaire à nos observations, lorsque ce myocarde sidéré répond à une stimulation inotrope positive, le raccourcissement postsystolique décroît au fur et à mesure que le raccourcissement systolique augmente (Yo et al., 2002). Ces auteurs y voient une conversion du mouvement actif postsystolique en contraction active systolique. Cette observation donne un argument supplémentaire pour penser qu’il peut exister des moyens pharmacologiques ou physiologiques pour permettre la conversion du mouvement postsystolique en contractilité éjectionnelle efficace (Yo et al., 2002). En effet, l’épaississement postsystolique est une perte énergétique pour le myocarde sidéré, et la survenue d’une contraction pendant la relaxation isovolumique est un frein au remplissage (Urheim et al., 2003). Rétablir un profil contractile synchrone au sein du ventricule gauche est donc un moyen évident de limiter les effets délétères de la sidération myocardique. De notre travail, il ressort que la réduction de fréquence cardiaque par l’ivabradine et le préconditionnement tardif sont des moyens de corriger ce défaut de fonction contractile régionale. Nos travaux sur le préconditionnement tardif nous ont permis de proposer un mécanisme participant à l’adaptation du profil contractile du myocarde préconditionné. Pour ne pas confondre les effets du préconditionnement tardif et ceux de la sidération, nous avons porté notre analyse sur les adaptations de la contractilité du myocarde préconditionné mais pas encore sidéré, i.e., 24h après un stimulus préconditionnant ischémique (occlusion coronaire de 10 min) ou non ischémique (entraînement électro-systolique rapide pendant 40 min) mais avant tout nouvel épisode ischémique. Dans cette situation, nous avons constaté que le myocarde préconditionné présentait une élévation de la vitesse maximale systolique d’épaississement et une réduction de l’épaississement postsystolique. Il est important de souligner que l’épaississement postsystolique est réduit avant même que le myocarde ne soit soumis à un nouvel épisode ischémique montrant que le bénéfice apporté par le préconditionnement tardif n’est pas nécessairement révélé par un nouvel épisode ischémique mais plutôt que la cardioprotection qu’il engendre, se traduit par une adaptation du profil contractile précèdant le nouvel épisode ischémique. Ici, il semble que le préconditionnement tardif n’induise pas de conversion de l’épaississement postsystolique en épaississement systolique à l’état de base puisque ce dernier reste inchangé entre J0 et J1. Ceci pourrait éventuellement être en faveur d’un mécanisme passif de ce mouvement postsystolique. Quoiqu’il en soit, cette adaptation pourrait être un moyen d’identifier le myocarde 154 préconditionné, mais cette possibilité reste limitée par le flou qui entoure la mesure et l’interprétation du mouvement postsystolique (Sutherland, 2004; Voigt et al., 2003a; 2003b). Cette adaptation contractile du myocarde préconditionné tardif peut être rapprochée de celle qui est observée d’un point de vue métabolique. En effet, Monnet et al. (2005) ont montré que pour un même travail cardiaque la consommation en oxygène du myocarde préconditionné était réduite aussi bien à l’état de base que lors d’une stimulation catécholaminergique. Affirmer que l’une est la conséquence de l’autre reste spéculatif mais il est permis de penser que la réduction de l’épaississement postsystolique en réduisant le travail total pourrait participer à la réduction de la consommation en oxygène observée au cours du préconditionnement tardif. L’adaptation phénotypique du profil contractile d’un myocarde préconditionné suggère une modification du couplage excitation-contraction. Au sein de celui-ci, nous avons porté notre attention sur le canal calcique du réticulum sarcoplasmique qui est bloqué par la ryanodine (Kalthof et al., 1995). Ce canal, ou récepteur de la ryanodine, est responsable du relarguage du calcium à l’origine de la contraction des myofibrilles qui conditionne la performance contractile systolique. Nous avons donc comparé la réponse contractile du myocarde à l’administration intracoronaire de doses croissantes de ryanodine avant et après préconditionnement. Cette technique permet d’étudier le blocage du canal par l’alcaloïde, elle est adaptée aux expériences in vivo chez le chien (Hittinger et al., 1999) mais ne permet pas d’exclure une réponse compensatoire. Cette technique nous a permis de constater in vivo que l’adaptation de la contractilité par le préconditionnement était concomitante d’une modification siégeant au niveau de l’homéostasie calcique en siégeant probablement au niveau de RyR 2 des cardiomyocytes. Les expériences de liaison et de Western blot ont montré que le déplacement de la courbe dose-réponse à l’administration intracoronaire de ryanodine par le préconditionnement tardif ischémique n’était pas associé à une modification de l’affinité ou du nombre de sites de liaison de RyR 2 à la ryanodine mais à une élévation de la quantité de la protéine FKBP 12.6. Cette immunophilline qui lie les récepteurs de la ryanodine dans les « clusters » assure une ouverture coordonnée des récepteurs de la ryanodine (Marx et al., 2001). Son déficit est mis en cause dans l’insuffisance cardiaque et certains troubles du rythme (Scoote et al., 2002), et la surexpression de cette protéine dans les modèles de ces pathologies prévient leur développement (Lehnart et al., 2004; Wehrens et al., 2004; 2005). A notre connaissance, 155 notre étude sur le préconditionnement tardif est la première à relater une augmentation de cette protéine dans une situation physiopathologique. In vitro, la surexpression par transfert viral de cette protéine dans le cardiomyocyte sain de rat réduit l’amplitude des fuites calciques (« calcium sparks »), augmente l’amplitude de la transitoire calcique et réduit le temps de sa décroissance (Gomez et al., 2004). Sur un modèle comparable de cardiomyocytes de lapin, Loughrey et al. (2004) observent des résultats similaires et montrent que ces modifications électro-physiologiques s’accompagnent d’une amélioration du raccourcissement des cardiomyocytes isolés. Ainsi, il est permis de penser que dans le cadre du préconditionnement tardif ischémique, l’augmentation de FKBP 12.6 pourrait engendrer des améliorations similaires du couplage excitation-contraction et expliquer les adaptations contractiles observées. En effet, l’augmentation de la transitoire calcique pourrait être mise en parallèle de l’augmentation de la vitesse maximale systolique d’épaississement. L’hypothèse d’une participation des FKBP 12.6 à la cardioprotection est d’autant plus importante qu’elle ouvre une nouvelle voie thérapeutique pour la prévention de la sidération myocardique. En effet la stabilisation des « clusters » de récepteurs de la ryanodine par le FKBP 12.6 peut être améliorée par un agent pharmacologique, le JTV 519 (Hasenfuss et al., 2003; Kohno et al., 2003). Cette molécule a d’ailleurs été développée pour ses propriétés cardioprotectrices avant que son rôle de stabilisation ne soit bien compris (Ito et al., 2000; Kawabata et al., 2000). Les adaptations exactes du profil contractile qu’elle entraîne restent à étudier et pourraient étayer nos observations et nos hypothèses. Si l’augmentation de FKBP 12.6 lors du préconditionnement tardif ischémique est susceptible de prendre part à toutes les adaptations contractiles observées, il n’en est pas pour autant le mécanisme exclusif. En effet, le préconditionnement tardif non ischémique par entraînement électro-systolique engendre des adaptations contractiles similaires qui ne s’accompagnent pas d’une augmentation de FKBP 12.6. Deux hypothèses peuvent expliquer cette différence : le manque de sensibilité de la quantification de la protéine par Western blot ou un mécanisme différent. La première hypothèse doit être gardée à l’esprit car les expériences de Western blot ne sont pas entièrement appropriées à une quantification fine de FKBP 12.6, et ceci est d’autant plus vrai que nos expériences de Western blot ont été réalisées sur des homogénats de protéines totales, nous exposant à une perte de sensibilité par rapport à celles réalisées sur une préparation de réticulum sarcoplasmique. Enfin, la cardioprotection offerte par le préconditionnement tardif non ischémique (entraînement électro-systolique rapide) est moins importante que celle offerte par le préconditionnement ischémique, ceci 156 pouvant suggérer une moindre augmentation de FKBP 12.6. Il est également envisageable que d’autres mécanismes soient à la base de la cardioprotection engendrée par l’entraînement électro-systolique. Dans nos expériences nous avons constaté que comme dans toutes les formes connues de préconditionnement tardif, les radicaux libres dont fait partie le monoxyde d’azote, ont un rôle incontournable (Bolli et al., 1998). Or, rappelons que le NO peut moduler le couplage excitation-contraction (Meissner, 2002) et tout particulièrement le récepteur de la ryanodine. Ce canal possède de nombreux résidus thiol (12 par sous-unités) dont la nitrosylation par le NO augmente la probabilité d’ouverture et la conductance du canal (Xu et al., 1998). De telles modifications sont compatibles avec les adaptations contractiles que nous avons observées puisque dans d’autres situations elles participent également à la stimulation de la fonction contractile des cardiomyocytes (Petroff et al., 2001). Cette éventualité est d’autant plus probable que le récepteur de la ryanodine est régulé par la NOS neuronale (Barouch et al., 2002; Xu et al., 1999) dont il a été récemment montré qu’elle participait à la médiation du préconditionnement tardif (Wang et al., 2004b). 157 CONCLUSION ET PERSPECTIVES Notre travail montre qu’il est possible de modifier la fonction contractile régionale pour prévenir la sidération myocardique ainsi que réduire son intensité et sa sévérité. Cet objectif peut être atteint soit pharmacologiquement en réduisant sélectivement la fréquence cardiaque soit en induisant une cardioprotection endogène, le préconditionnement tardif. Nous avons également montré que cette adaptation phénotypique contractile aboutissait à une modification de l’homéostasie calcique révélée in vivo par l’administration de ryanodine et in vitro par l’augmentation de FKBP 12.6. Il faut souligner que si l’utilisation aïgue de l’ivabradine aboutit au même type d’adaptation contractile, nous ne savons pas si l’administration au long cours d’ivabradine ne puisse pas, à terme, induire ce type de modifications bénéfiques au niveau de l’homéostasie calcique. D’autres voies restent également à explorer comme celle d’une adaptation siègeant au niveau des protéines du sarcomère. Enfin, les résultats obtenus avec la cardioprotection induite par l’entraînement électro-systolique ouvrent de nouvelles voies de recherche. Ainsi cette manœuvre pourrait suggérer qu’une tachycardie provoquée par un exercice physique régulier permettrait d’installer un état de préconditionnement tardif chronique accompagné d’un état d’adaptation contractile et peut-être de modification de l’homéostasie calcique. 159 BIBLIOGRAPHIE AGGARWAL, R., SHOROFSKY, S.R., GOLDMAN, L. & BALKE, C.W. (1997). 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Pour répondre à ces objectifs, nous avons utilisé un modèle de chien éveillé chroniquement implanté nous permettant une analyse fine de la contraction par sonomicrométrie. Le myocarde sidéré présente un retard à l’initiation et à l’arrêt de l’épaississement qui génère une dysynchronie contractile, manifestée par la présence d’un épaississement postsystolique. Cette part de la contraction paradoxale est inefficace puisqu’elle survient après la fermeture de la valve aortique. Lors de l’administration d’ivabradine, elle est convertie en épaississement systolique, la performance contractile efficace étant alors améliorée. Lors du préconditionnement tardif, elle est réduite et la vitesse maximale systolique est augmentée, traduisant à nouveau un centrage des efforts contractiles du myocarde vers la systole, aussi bien par le préconditionnement tardif ischémique (occlusion coronaire) que par un stimulus non ischémique de préconditionnement tardif que nous avons mis au point, à savoir l’entraînement électro-systolique rapide. Sur des chiens munis de cathéters intracoronaires, nous avons constaté que cette adaptation du profil contractile était concomitante d’un déplacement vers la droite de la réponse à l’administration intracoronaire de ryanodine qui permet de tester in vivo la fonctionnalité du récepteur de cet alcaloïde. Ce canal est l’élément central du couplage exciation-contraction puisqu’il libère le calcium du réticulum sarcoplasmique nécessaire pour la contraction des myofilaments. Les expériences de liaison montrent que ce déplacement n’est pas dû à une modification du nombre de sites du récepteur de la ryanodine ni de leur affinité pour le ligand. In vitro, les expériences de Western blot confirment ces résultats et montrent que le préconditionnement tardif ischémique est associé à une augmentation de la quantité de FKBP 12.6, une immunophiline qui stabilise et coordonne la libération de calcium par le récepteur de la ryanodine. Il ressort de notre travail que la correction des défauts contractiles du myocarde sidéré à savoir la réduction de l’épaississement postsystolique est un moyen de réduire la sidération myocardique soit pharmacologique avec la réduction sélective de fréquence cardiaque par l’ivabradine soit par le préconditionnement tardif qui augmente la quantité de protéine FKBP 12.6.