Bibliographie Commentée 2015 04

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Bibliographie commentée
Version au 28/04/2015
Bibliographie commentée sur le business en Chine :
26 ouvrages lus pour vous
Dominique Jolly, Professeur à SKEMA Business School (Sophia-Antipolis, France),
Professeur Visitant à CEIBS (Shanghai, Chine)
En moins de dix ans, de nombreux experts de la Chine sont venus éclairer le lecteur qui veut faire des
affaires en Chine. Il est possible de distinguer au moins trois grandes catégories d’ouvrages.
-
Les livres de spécialistes sur une discipline donnée. Il y a d’abord les économistes ;
Françoise Lemoine, avec son ouvrage « L’Économie de la Chine » aux Editions de La
Découverte est un très bon exemple. Il y a aussi les sociologues ; Jean-Luc Domenach est l’un
des plus connus et l’un des plus prolixes sur le thème de la Chine et des Chinois. Il y a aussi
les spécialistes en géopolitique ou en histoire ; S. Balme & D. Sabbagh éclairent, par
exemple, sur la relation entre Chine et Etats-Unis. Jacqueline Tsai retrace l’histoire du luxe en
Chine. Jean Jolly fait un focus sur les Chinois en Afrique. Il ne faut pas non plus oublier les
démographes ; Isabelle Attané a ainsi livré récemment chez Fayard un ouvrage plutôt
accessible ;
-
Les livres d’opinion (d’universitaires ou de journalistes). Dans cette catégorie, il y les « proChina » et les « China non-compatibles ». Erik Izraelewicz, hélas disparu en 2012, est un bon
exemple de la première catégorie. Moins connus, A. Brunet & J.P. Guichard s’échinent à
montrer que la Chine n’est mue que par des ambitions hégémoniques dissimulées. Un autre
auteur, Philippe Massonnet (« Pour en finir avec le miracle chinois ») démonte
méthodiquement, sur plus de 300 pages, tous les ressorts du Parti communiste chinois.
Philippe Cohen & Luc Richard (« Le vampire du milieu ») font une critique en règle de la
politique des dirigeants chinois. Thierry Wolton (« Le grand bluff chinois ») est à peine moins
partial ;
-
Les livres de micro-management. Christophe Tanguy, Chloé Ascencio et Dominique Rey,
Benoit Ams, Anne-Laure Monfret sont de très bons exemples. Ces derniers s’attachent à
donner des clefs pour relever les défis opérationnels de motivation, de délégation,
d’interaction avec les Chinois. Ce sont de bons ouvrages susceptibles d’aider les cadres
expatriés dans leur quotidien.
*******
AMS Benoît (2008). Les nouvelles pratiques du business en Chine, Paris, Maxima – Laurent du Mesnil
Editeur, 266 p.
Ce livre prend appui sur l’expérience personnelle de l’auteur dans le management d’une PME
en Chine pendant plusieurs années. C’est cette légitimité entrepreneuriale qui rend le propos
convaincant, qui fait que l’auteur parle le langage des dirigeants de PME et qui fait de
l’ouvrage un excellent point d’entrée pour celles-ci. Le livre est donc court, éminemment
pratique, très concret, avec une constante mise en situation. Il est truffé d’exemples vécus par
l’auteur. C’est du « comment faire ? » très opérationnel. L’auteur ne livre pas vraiment des
outils, mais prodige plutôt une série de conseils et de recommandations pour l’action de tous
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les jours, la résolution de problèmes sur des aspects comme la réception de marchandises, la
facturation, la prise de commande, le recouvrement de créances, etc. Il s’agit d’éviter d’oublier
telle ou telle chose dans la relation au quotidien avec un partenaire chinois, ou encore lorsque
l’on conduit une négociation.
ASCENCIO Chloé, REY Dominique (2010). Être efficace en Chine – Le management à l’épreuve de la
culture chinoise, Paris, Pearson, coll. « Village Mondial », 266 p.
C’est un ouvrage sur le management des personnes marquées par un sens pratique aigu. Il est
centré sur l’action au quotidien dans les relations interpersonnelles manager/managé.
L’opérationnel de la gestion et de l’animation d’équipes chinoises est vu sous l’angle de
différentes questions telles que : comment déléguer ? comment habiliter les personnes ? les
faire participer aux décisions ? les motiver ? etc. Les auteurs différencient plusieurs types de
management selon le type d’entreprise considérée (publique, étrangère, familiale, groupe
privé, etc.). Il n’y a toutefois pas de différenciation des pratiques selon les fonctions,
marketing, vente, logistique, R&D, etc. Le livre repose sur une expérience de terrain
manifestement très riche. Le texte est fréquemment illustré de cas réels. Les deux premières
parties ont une approche plus holistique que la troisième rendant la lecture peut-être un peu
moins facile. Petite faiblesse : les schémas et autres illustrations ne sont pas toujours parfaits.
ATTANE Isabelle (2011). Au pays des enfants rares – La Chine vers une catastrophe démographique,
Paris, Fayard, 274 pages.
C’est un ouvrage très complet avec un focus clair tenu du début jusqu’à la fin. Le livre est
centré sur l’enfant dans la culture et la société chinoise moderne. L’auteur offre une analyse
détaillée de la maternité, de l’enfance, des rites, du système éducatif à travers le pays, des
différences entre riches et défavorisés, etc. Elle nous livre aussi un tableau de l’adolescence
chinoise. L’ancrage historique est fréquent. L’ouvrage est bien documenté avec un bon
nombre de données statistiques. L’auteur dresse finalement un tableau peu flatteur de la
situation de millions d’enfants qui ont eu le malheur de naître au mauvais endroit. Elle illustre
tout au long de l’ouvrage ses développements par des cas précis et concrets d’individus. En
s’appuyant systématiquement de la sorte sur des tranches de vie de personnes, l’auteur rend le
propos très réel, palpable et tangible. Elle met l’analyse démographique à la portée de tous.
Elle a de plus une plume agréable, qui glisse, qui est facile à lire.
BALME Stéphanie & Sabbagh Daniel (2008). Chine / Etats-Unis – Fascinations et rivalités, Paris,
Editions autrement, 173 pages.
C’est l’ouvrage de deux experts en géopolitique. Le travail de ces universitaires éclairés
témoigne de leur connaissance intime du sujet. Le langage est précis et l’argumentation étayée.
Le livre est court, mais dense ; il ne s’agit donc pas d’un ouvrage d’initiation ou de
vulgarisation. La référence historique est permanente tout au long de l’ouvrage : les auteurs
sont très attachés à éclairer la situation présente à partir de faits historiques. La relation ChineUSA est retracée dans le détail à partir de 1978. Deux thèses sont examinées, l’une selon
laquelle l’affrontement est inévitable, l’autre selon laquelle les deux géants cherchent à
cohabiter. L’examen est posé et en profondeur même sur des sujets très sensibles comme la
religion ou encore la censure. Au plan de la forme, quelques illustrations auraient été
bienvenues. Inversement, j’aurais aimé moins de notes de bas de page. De surcroit, en plus
d’être nombreuses, elles sont parfois volumineuses : lorsqu’il y a sur une page plus de texte
dans la note de bas de page que dans la page elle-même, le doute survient.
BERAHA Frédéric (2012). Apprendre de la Chine et s’y orienter, Paris, L’Harmattan, 206 p.
C’est un livre qui s’appuie sur l’expérience de l’auteur. Celui-ci est enchanté par les prouesses
du modèle chinois. Il assume totalement les contradictions du système. Dans à peu près tous
les chapitres, il se montre plutôt prochinois, toujours prêt à défendre les positions chinoises ;
les pages 104 et 105 sur la « démocratie » sont assez illustratives. Il faut tout de même mieux
connaître déjà un peu la Chine pour rentrer dans cet ouvrage ; le lecteur est supposé être déjà
au courant des cas d’entreprises étrangères qui se sont illustrées en Chine (en bien ou en mal)
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comme les grands faits et évolutions économiques qui marquent l’histoire récente. L’auteur
nous livre un examen qui n’a rien de superficiel. En substance, l’ouvrage s’ancre en
permanence sur des références – et notamment des références historiques. C’est le cas du
premier chapitre. Ces 40 pages de repères historiques (en démarrant à … 1900 avant JC) font
un quart de l’ouvrage ; elles sont pourtant conduites au pas de charge. Le livre se poursuit sur
une description du renouveau et des facteurs explicatifs de la réémergence. Puis, il compare le
modèle chinois aux modèles occidentaux. L’auteur s’attache à révéler les différences
profondes entre Chine et Occident - notamment au plan de la politique en, faisant un parallèle
entre le Parti et l’Empire. L’auteur explique et illustre le rôle et les attentes de la collectivité
vis-à-vis des entrepreneurs au chapitre 4 ; l’analyse de l’entreprise chinoise met de côté
l’accroissement du nombre de grèves et l’appropriation éhontée d’une large partie de la valeur
créée par la classe dirigeante. La lecture bienveillante du théâtre d’opération chinois
s’accompagne d’attaques à l’endroit des méthodes des cadres occidentaux (cf. par exemple :
pp. 92-93). L’auteur n’hésite jamais à élargir la perspective ; le chapitre 6 est un exemple.
C’est, comme le premier chapitre, un ancrage dans l’histoire. L’approche est aux antipodes des
livres de micro-management. On pourra toutefois reprocher une structure mal équilibrée. Ou
encore une articulation des thèmes et un enchainement des idées pas toujours convaincants –
l’auteur aime ouvrir des parenthèses. Le style d’écriture est un peu chinois ; on passe du coq à
l’âne d’une section à une autre. Le texte est ainsi plus une somme de notes indépendantes
qu’une progression. Ainsi, l’opuscule sur le marché du luxe n’est pas franchement connecté
avec le reste de l’ouvrage. Mais, l’auteur n’a pas de visées académiques. Il veut juste partager
son expérience.
BERGERE Marie-Claire (2013). Chine : le nouveau capitalisme d’Etat, Paris, Fayard, 310 p.
Ce livre propose un examen détaillé des rôles assumés par l’Etat chinois et la façon dont ceuxci ont été transformés au fil des réformes et des changements de dirigeants. L’auteur explique
comment la logique du marché a progressivement pénétré le tissu économique même si l’Etat
reste bien présent. Les avantages dont bénéficient les grandes entreprises d’Etat sont listés.
L’auteur souligne que le marché n’est pas l’institution économique dominante en Chine. Elle
procède aussi à une revue des profils des entrepreneurs chinois. Suit une analyse du rôle et des
fonctions du Parti dans la gouvernance du pays et de son économie. L’auteur n’hésite pas à
lister les situations où apparaît le caractère autoritaire du régime – quand bien même le
Chinois d’aujourd’hui a bien plus de libertés que le Chinois d’il y a quelques années. Elle
propose une analyse de la classe moyenne chinoise et un examen approfondi du sentiment
nationaliste. Elle ne fait pas l’impasse sur le pourrissement du pouvoir qu’illustrent les cas
avérés de corruption. L’auteur soulève l’intéressante question de l’existence d’un modèle
chinois, combinant libération de certains mécanismes de marché et régime politique
autoritaire, et de son exportabilité vers des pays en voie de développement en Asie, en Afrique
ou en Amérique Latine. L’ouvrage s’achève sur la présentation de trois scénarios : 1) la panne
de croissance ; 2) une révolution balayant le régime et 3) le maintien du régime à travers
« l’évolution du statu quo ». Pour un ouvrage avec des visées académiques (cf. une
bibliographie étendue), on regrettera cependant l’absence de tableaux et figures.
BRUNET Antoine & GUICHARD Jean-Paul (2011). La visée hégémonique de la Chine – L’impérialisme
économique, L’Harmattan, Paris, 207 pages.
Ce livre est un essai d’économistes. Les auteurs offrent une lecture historique du
développement du capitalisme en Chine. Ils mettent en perspective l’hégémonisme du
Royaume-Uni sur le commerce mondial au dix-neuvième siècle, puis des Etats-Unis au siècle
suivant, de 1940 à aujourd’hui. Royaume-Uni, USA et Chine auraient ainsi la même
inclinaison au « mercantilisme ». De fait, les USA ont été le premier producteur de produits
manufacturés dès la fin de la première guerre mondiale. Pour les auteurs, il existe quelques
parallèles à faire entre l’attitude américaine au début du vingtième siècle et la Chine du début
de vingt-et-unième siècle. Le Japon aurait aussi été une source d’inspiration, un modèle de
référence d’une croissance basée sur les excédents du commerce extérieur et un taux de
change sous-évalué.
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La thèse des auteurs est très claire : la Chine est un modèle de « capitalisme totalitaire ». La
restauration du capitalisme par Deng n’a pas permis comme beaucoup l’ont cru que la Chine
basculerait sur la démocratie. C’est un contrôle des changes avantageux au plan mondial qui
expliquerait la performance à l’export. L’entrée de la Chine à l’OMC en 2001 a levé le
protectionnisme douanier en Europe mais a maintenu un protectionnisme monétaire. Les
auteurs prêtent au pouvoir chinois des ambitions non avouées et non avouables de domination
de la planète. La Chine chercherait à enfoncer les Etats-Unis, à précipiter leur chute, à ravir
aux USA leur première place au monde et même à remplacer le dollar par le yuan comme
monnaie mondiale. Pour ces observateurs, l’ambition machiavélique délibérée du pouvoir
chinois serait l’hégémonisme. Son PIB serait déjà aujourd’hui très largement sous-évalué.
Pour eux, l’excèdent commercial chinois déstabilise le monde et l’industrialisation de la Chine
induit mécaniquement la désindustrialisation des pays dits industrialisés. Leurs propos sont
très sévères à l’endroit de la Chine. Leurs analyses tendent à diaboliser les autorités chinoises.
Ils s’insurgent contre l’arrivée d’entreprises chinoises en France. La faute est attribuée aux
dirigeants des Etats occidentaux qui se refusent au protectionnisme contre le dumping sur les
changes. Le ton est souvent tendancieux, polémique, voire provocateur. On flirte à l’occasion
avec un vocabulaire extrême, excessif ou anxiogène. Par exemple, p. 12, les auteurs écrivent
que « Le déficit extérieur colossal que la Chine inflige aux pays du G7 affaiblit
considérablement la croissance de leurs économies. » Page 37, ils affirment que « La Chine
nage dans la prospérité économique et la stabilité sociale. » Ou encore, page 125, les EtatsUnis seraient la première « victime » des déséquilibres commerciaux. Incidemment, l’usage
récurrent des notes de bas de page tend à fatiguer le lecteur : la 280ième note est dure à
absorber.
BUCHALET Jean-Luc & SABATIER Pierre (2012). La Chine : Une bombe à retardement, Paris,
Eyrolles, 161 p.
Ce livre offre une lecture économique des problèmes actuels de la Chine. Il est très bien
argumenté ; les auteurs fondent quasiment toujours leur propos sur des données. Ceux-ci ont
manifestement une bonne maîtrise du sujet. Le texte est très court et se lit facilement. Il offre
une analyse détaillée des mécanismes de financement. Le livre est très axé sur l’économie ce
qui n’empêche pas les auteurs de considérer des aspects démographiques, politiques,
écologiques, etc.
CHEVALIER Michel & XIAO LU Pierre (2011). Le luxe en Chine, potentiel économique et approche
marketing, Paris, Editions Eska, 241 p.
Les deux auteurs sont des spécialistes reconnus du marketing des produits de luxe et de la
Chine. L’ouvrage est donc plus un ouvrage de marketing qu’un ouvrage d’économie.
Beaucoup d’attention est ainsi portée au consommateur chinois de luxe et à l’étude de son
comportement d’achat. Le livre offre une analyse tout aussi poussée des circuits de
distribution offerts aux entreprises étrangères et des moyens de communication accessibles.
L’analyse est conduite en profondeur. Le livre propose des statistiques émanant de plusieurs
sources. En bons marketeurs, les auteurs reportent les résultats très détaillées de toute une série
d’enquêtes et de sondages réalisés sur place. A l’occasion, quelques données comme celles sur
les Internautes auraient mérité des sources plus récentes. Le livre est très bien structuré, i.e.
selon le cadre habituel du marketing. Un autre intérêt de l’ouvrage tient dans ses sept études de
cas sur l’implantation de marques de luxe en Chine.
CHIENG André (2006). La Pratique de la Chine en compagnie de François Jullien, Paris, Grasset,
278 p.
Le livre porte sur le mode de pensée des Chinois, leur mode de fonctionnement et la façon
dont ils analysent une situation et prennent une décision. Il examine et cherche à expliquer les
différences d’approche entre Chinois et Occidentaux. Il montre toute la complexité de la
culture chinoise. L’auteur donne des clés pour comprendre les mœurs chinoises et éviter les
erreurs de jugement. Il cherche des explications dans le sens des mots, dans les présupposés et
dans l’histoire. Il aime raconter de petites histoires anciennes pour rendre son discours plus
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abordable. André Chieng a des racines chinoises et une éducation occidentale. Il manifeste un
intérêt pour la technique, l’économie et la philosophie. Il montre que les vérités sont souvent
multiples et cherche à montrer les différences entre Chine et Occident. S’il faut apporter une
critique, il semble que le recul pris par l’auteur se paye par un manque de leçons plus
immédiatement pratiques.
COHEN Philippe & RICHARD Luc (2010). Le vampire du milieu – Comment la Chine nous dicte sa loi,
Paris, Editions Mille et Une Nuits, 318 pages.
En bref, il faut lire ce livre plus pour les questions qu’il pose que pour les réponses qu’il
apporte. Le ton est donné dès l’introduction : on va « casser du Chinois ». Le trait est très
fréquemment grossi. Les auteurs ont le mérite de poser de très bonnes questions (e.g. que
veulent vraiment les dirigeants chinois ? dépasser les USA ou non ?) ; mais, ils n’apportent
pas nécessairement de réponses totalement convaincantes. Ils disent aussi des choses très
vraies. Ils exposent notamment un argument intéressant comme quoi les pays d’Afrique ou
d’Asie centrale qui se contentent d’exporter des matières premières et de l’énergie en direction
de la Chine et qui achètent en retour des biens de consommation à la Chine risquent fort de
mettre à mal leur industrie souvent déjà peu compétitive ; ces pays se transforment en « pays
rentiers » qui négligent leurs investissements manufacturiers et donc mettent en péril leur
futur. Pour les auteurs, la Chine se contente souvent en effet de capter les ressources naturelles
de ces pays sans les aider à bâtir une industrie. Ils soulignent aussi que la Chine a de moins en
moins besoin des pays développés. Les auteurs développent des attaques répétées contre ceux
qu’ils appellent les « sino-béats ». Il est vrai que le livre est très utile pour nous éviter de
sombrer dans la béatitude. Le chapitre 8 n’a pas été écrit pour se faire des amis. Les auteurs
alignent un après un ceux qu’ils appellent « les amis français de la Chine » - avec en toute
première place Jean-Pierre Raffarin qui fait l’objet d’une critique en règle – manifestement, il
n’y a pas grand-chose de bon chez lui pour les auteurs. Si les auteurs se gaussent des amis de
la Chine, ils se posent eux en ennemis de la pieuvre et de l’hégémonique puissance. La limite
du travail est atteinte lorsque les auteurs prennent un point discutable, en font la critique en
l’éclairant sous un angle choisi sans pour autant développer un autre angle qui pourrait tout
autant être développé. De plus, les auteurs contrôlent mal les statistiques qu’ils avancent. C’est
dommage qu’ils puissent assener à l’occasion quelques appréciations peu crédibles : « La
parité entre la monnaie chinoise et les autres monnaies n’a guère bougé depuis 1984. » (p. 41)
ou laisser glisser pas mal d’approximations, voire d’erreurs. Ils concluent leur chapitre 10 sur
une phrase : « L’économie chinoise est en train de se refermer » ; ce qui est totalement faux si
l’on regarde les IDE sortant, la propriété intellectuelle, l’économie privée et les efforts pour
devenir plus innovante. Le livre comporte aussi quantité d’affirmations non vérifiables – à
l’instar des développements (chapitre 9) sur les services secrets chinois ou les transferts de
technologie souterrains qui peuvent être totalement vrais ou totalement inventés ; la section sur
les services secrets chinois en France ne permet pas d’apprécier si ces activités sont plus ou
moins développées que nos propres services à l’étranger. Par ailleurs, la structure des chapitres
n’est pas exemplaire de rigueur.
DOMENACH Jean-Luc (2008). Comprendre la Chine d’aujourd’hui, Paris, Perrin, 342 p.
L’auteur nous livre une série de courtes notes indépendantes – dont la seule progression tient
au fait qu’elles ont été prises au fil du temps entre février 2002 et novembre 2006. Ces
éclairages, plutôt sympathiques, viennent donc de façon assez décousue en fonction des
expériences et de l’humeur de l’auteur. Ils dépeignent ainsi par petites touches la société
chinoise ; certaines sections peuvent à l’occasion verser dans le guide culturel, voire même
touristique. Très prosaïquement, ce format original autorise une entrée dans le livre totalement
aléatoire ; il peut se lire par petits bouts !
DOMENACH Jean-Luc (2009). La Chine m’inquiète, Paris, Perrin, 281 p.
Le livre défend plusieurs thèses sans concession. Il fait suite à un séjour en Chine de l’auteur
de plusieurs années. Il est construit essentiellement à partir de rencontres faites dans des
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contextes très peu contrôlés (collègues, amis, chauffeurs de taxis, relations, etc.). Il n’y a pas
un seul tableau de chiffres, mais beaucoup d’anecdotes vécues.
DUFOUR Jean-François (2012). Made by China – Les secrets d’une conquête industrielle, Paris,
Dunod, 166 p.
Ce livre présente une sélection de quelques entreprises chinoises dans une dizaine de secteurs
d’activité. Une mention spéciale doit être faite pour les chapitres sur la construction ferroviaire
et sur l’aéronautique qui témoignent d’une connaissance précise de ces secteurs d’activité.
C’est un livre court (166 p.), bien écrit, simple, direct et sans ambages. C’est là son premier
avantage : le livre est lu en deux ou trois heures. Le revers de la médaille est que pour aller
vite, l’auteur a dû prendre des raccourcis ; par exemple, le chapitre sur l’électronique met sur
le même plan les entreprises taiwanaises et chinoises alors qu’Acer et Lenovo ont des origines
bien différentes. Un autre attrait du livre est la série d’encarts proposés sur les patrons de
quelques-unes des entreprises chinoises analysées ; ces vignettes originales donnent un peu de
réalité, d’humanité à un examen des produits, des chiffres d’affaire et autres données un peu
froides.
GRESILLON Gabriel (2015), Chine. Le grand bond dans le brouillard, Paris, Editions Stock, 274 p.
L’ouvrage reprend l’idée selon laquelle le modèle chinois est fragile (à l’instar de mon livre
« Colosse »). L’auteur relève un essoufflement de la machine économique. Il traite des risques
attachés aux surcapacités que ce soit dans l’immobilier ou dans l’industrie. Il s’arrête aussi sur
la pollution qui menace le pays, les écarts de revenus, ou les cas toujours plus nombreux de
soulèvements de populations manifestant leur mécontentement. Il explique de façon
convaincante les injustices du système et notamment la situation de faiblesse des ouvriers. Il
voit aussi un contrat politique qui se lézarde, une perte de l’avantage de coût qui atteint le
moteur exportateur. Le livre est aussi une approche illustrée des mécanismes financiers
fragiles du système bancaire chinois. La troisième partie offre un examen critique des
principes de fonctionnement des grandes entreprises publiques et du peu de place laissé au
marché. L’auteur donne aussi une analyse critique de la politique de Xi Jinping. Il défend la
thèse selon laquelle le Président s’est lancé dans une reprise en main autocratique et un retour
en arrière : moins de libertés, renforcement du parti, restrictions faites aux entreprises
étrangères, aux journalistes étrangers, etc. Au plan du style, l’auteur sait particulièrement bien
rendre les scènes de la vie quotidienne.
IZRAELEWICZ Erik (2005). Quand la Chine change le Monde, Paris, Grasset, 297 p.
C’est un vrai plaisir de lire ce livre. Le style d’écriture retenu par l’auteur permet de toucher
un grand nombre de lecteurs. Il n’est jamais trop technique. L’auteur a un sens très aigu du
titre percutant et une remarquable capacité à développer des images et des métaphores qui, là
encore, facilitent la lecture. Avec un jeu de mots par page, l’auteur est un champion hors
catégorie. Chaque chapitre se termine par une authentique conclusion.
IZRAELEWICZ Erik (2011). L’arrogance chinoise, Paris, Grasset, 254 p.
L’auteur développe une thèse limpide : la Chine a bien moins besoin de l’Occident que dans
les années 1980 et 1990 ; à force de succès, les Chinois ont repris confiance et deviennent de
plus en plus offensifs. L’auteur déroule plusieurs zones de fragilité dans l’organisation
politique de la Chine. Nullement anxiogène ou va-t’en guerre, encore moins ravi de la crèche,
l’auteur développe une critique posée sans agacement. Encore un très bel essai facile à lire.
Presqu’à la portée de tous. Toujours avec beaucoup d’illustrations, de mise en relations, de
comparaisons. L’auteur émaille son ouvrage d’exemples ancrés dans des univers connus de
tout un chacun qui suit un minimum l’économie. Cette simplicité de l’écriture cache une
connaissance en profondeur du théâtre d’opération chinois.
JOLLY Jean (2011). Les Chinois à la conquête de l’Afrique, Paris, Pygmalion, 328 p.
Le livre offre un éclairage détaillé sur l’engagement chinois en Afrique. La peinture est sans
concession. L’atout central est une constante mise en perspective de la relation Chine-Afrique
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par rapport à d’autres pays. Les deux premiers chapitres sont contextuels. L’ancrage historique
est rapidement traité en introduction. Les enjeux socio-politico-économiques sont brossés
succinctement au second chapitre. L’ouvrage ne démarre donc vraiment qu’au troisième
chapitre. Celui-ci détaille les opérations chinoises en Afrique : approvisionnement en pétrole,
approvisionnement en minerais, sans oublier l’acquisition de terres cultivables. Le quatrième
chapitre analyse de façon détaillée les moteurs de l’engagement chinois en Afrique. Une large
partie du cinquième chapitre est dédiée aux côtés obscurs des contrats – ce tableau des
disfonctionnements dépeint par l’auteur n’est guère un exemple pour les Africains. Le livre
fait le constat d’un effritement de la position française en Afrique, perte d’influence, perte de
contrats – notamment dans le BTP et les télécommunications.
L’ouvrage présente cependant deux faiblesses. L’enchaînement de sujets très variés laisse
l’impression que les choses sont livrées en vrac et rend la lecture compliquée. L’auteur colle
toute une série d’idées et de thèmes sans qu’il y ait quelque chose de faux. L’assemblage des
thèmes ne révèle pas une structure très limpide. Par ailleurs, la presse quotidienne est souvent
la source utilisée ; mais celle-ci offre moins de garantie que les sources statistiques officielles
(du type OCDE). Il n’y a pas un seul tableau. Il y a à l’occasion de imprécisions ; par exemple,
General Motors est crédité (p. 47) de la seconde place alors que l’entreprise est numéro un
depuis 2005. Parfois, de larges pans de l’ouvrage s’éloignent du sujet (ainsi, entre la page 25 et
la page 50, soit sensiblement la quasi-totalité du second chapitre, il n’y a quasiment rien sur
l’Afrique).
LEMOINE Françoise (2006). L’Économie de la Chine, 4e éd., La Découverte, coll. « Repères ».
C’est un livre très bien structuré. Il offre un examen systématique de tous les compartiments
de l’économie chinoise. Le propos est très bien argumenté et excellemment bien documenté. Il
y a beaucoup, beaucoup de chiffres – et, c’est très bien. L’écriture est dense ; elle ne laisse pas
de place au bavardage.
MASSONNET Philippe (2008). Pour en finir avec le miracle chinois, Arles, Editions Philippe Picquier,
307 p.
Cet ouvrage s’appuie sur une expérience de journalisme sur le terrain chinois pendant près de
quinze années. L’auteur présente sa vision critique et très personnelle de la vie politique
chinoise et du système en place. C’est une attaque en règle du système de parti unique. Pour
l’auteur, le système politique chinois est clairement dictatorial. Il prête régulièrement au
gouvernement de mauvaises intentions. Tibet et Xinjiang n’ont pas pour lui leur place en
Chine. Le livre est truffé d’exemples de cas peu glorieux pour le régime en place – mais,
l’auteur ne fait que rarement référence à des sources précises. Il n’offre pas vraiment de
démonstrations, mais des illustrations par des cas isolés, des anecdotes, de petites histoires
vécues, etc. Si ces relations d’expérience tangibilisent le propos, si les cas présentés sont très
concrets, ils ne peuvent être généralisés facilement. L’auteur cherche en fait à calmer les
ardeurs de ceux qu’ils qualifient d’adorateurs de la Chine. Il s’agit bien de tempérer la
fascination qu’exerce la Chine. L’auteur développe plutôt une vision pessimiste sur la Chine
d’aujourd’hui et de demain. Le parti unique : pas bon. L’armée : pas bonne. L’éducation,
l’enseignement supérieur : pas bon. Le système de santé : pas bon, etc. Films, littérature,
journalisme : censurés ! Le monde des affaires occidental opérant en Chine en prend
également pour son grade. Ce que l’on peut reprocher à l’auteur, c’est qu’à force de brosser un
tableau noir, il est devenu très yin et a totalement oublié le yang, i.e. le côté ensoleillé (ses
années en Chine l’ont-elles aigri ?). Ce livre est très riche ; mais il ne donne que des images de
l’ubac. Même si le livre se lit comme un roman, même si le style d’écriture est direct, imagé et
coloré – bien peu diplomatique, et flirte à l’occasion avec la causticité, on n’a pas envie d’aller
en Chine après l’avoir lu.
MAUREL Chloé (2008). La Chine et le monde. Constats et enjeux, Éditions Vocatis (Studyrama), 189
p.
Le livre est facile d’accès. L’auteur offre plusieurs repères factuels, un ancrage historique. La
lecture est essentiellement centrée sur les enjeux géo-socio-politiques – mais elle tend à
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délaisser l’économie. Les chiffres cités tendent toutefois parfois à dater – ce qui peut être
problématique dans un contexte aussi évolutif que celui de la Chine. Le plan n’est pas toujours
convaincant ; le livre souffre d’un manque de lien entre les sections et entre les paragraphes ;
le style est parfois un peu décousu ; les parties finissent souvent de façon abrupte (sans
conclusion). Le titre est par ailleurs un brin pompeux pour 185 pages – le traitement est en
surface, trop rapide car l’éventail des questions posées est trop large.
MONFRET Anne-Laure (2010). Comment ne pas faire perdre la face à un Chinois, Paris, Dunod, 159
p.
C’est un ouvrage éminemment pratique, orienté vers l’action immédiate. Le livre répond à un
vrai problème : ce qu’il faut faire et ne pas faire pour ne pas faire perdre la face à un Chinois,
ou encore mieux, pour lui donner de la face. L’auteur donne des clés pour faciliter la
compréhension des différences culturelles entre la Chine et nous. Elle nous prodige des
conseils précis en fonction des circonstances. Le texte fourmille d’anecdotes. Il se lit très
facilement grâce aux nombreux exemples, témoignages et une permanente mise en situation.
Incidemment, l’auteur adopte tout au long une posture très chinoise de modestie.
PAIRAULT Thierry (2008). Petite Introduction à l’économie de la Chine, Paris, Éditions des Archives
Contemporaines, 118 p.
Comme le titre l’indique, la préoccupation de l’auteur se focalise essentiellement sur
l’économie. Cependant, en faisant fréquemment référence à des économistes connus des seuls
spécialistes, l’auteur réduit implicitement son lectorat aux personnes qui ont reçu une
éducation sérieuse en économie. Plus ennuyeux, les interprétations proposées sont parfois
surprenantes – voire iconoclastes, sans pour autant être convaincantes. La structure du livre
n’est pas toujours convaincante non plus ; on peine à voir le fil conducteur. Finalement, en
centrant la conclusion sur une discussion sur les valeurs, l’auteur laisse celle-ci totalement
déconnectée du reste de l’ouvrage.
TANGUY Christophe (2008). Carnets d’un expatrié au cœur de la Chine, Éditions Maxima Laurent du
Mesnil, 319 p.
Il s’agit d’un récit d’expériences vécues par l’auteur en qualité de cadre expatrié pendant un
séjour professionnel de plusieurs années à Tianjin. L’auteur offre une plongée dans les us et
coutumes locales vues par un Occidental. Il nous fait vivre sa propre histoire, ses aventures et
ses mésaventures : au travail, dans la rue, au restaurant, dans les lieux de villégiature, etc. Le
tout est écrit avec une grande liberté de ton et de façon très détaillée. Avec ce niveau de détail,
l’auteur offre cependant un texte parfois un peu longuet et des récits qui peuvent finir par
lasser – même si le livre se lit sans effort. La lecture de l’ouvrage va raviver beaucoup de
souvenirs à ceux qui ont voyagé et/ou travaillé en Chine. Les autres pourraient se préparer à
leur futur séjour.
TSAI Jacqueline (2008). La Chine et le Luxe, Éditions Odile Jacob, 258 p.
Ce livre nous transporte dans l’histoire. C’est un ouvrage d’historien. Les trois premiers
chapitres sont une plongée dans le raffinement chinois. L’ouvrage offre une mise en
perspective. Le retour sur les traditions chinoises de la période impériale, et sur l’ancrage
Confucéen de la société, donnent quelques clés pour comprendre la société chinoise
d’aujourd’hui. L’histoire de Shanghai et de sa modernité est aussi éclairante. Les trois
chapitres qui suivent proposent une lecture plus contemporaine. Hong Kong est présenté
comme un cas particulier justifiant à lui seul un chapitre. Les valeurs entrepreneuriales, le
triomphe du capitalisme et un revenu par tête élevé y ont entrainé le développement du luxe.
L’auteur multiplie les citations d’auteurs chinois historiques (notamment de l’époque
impériale). Elle multiplie les angles de vue : un paragraphe sur Confucius, un autre sur le jade,
sur les lettrés, sur la coutume des pieds féminins bandés, sur les concessions du début du
XXème siècle à Shanghai, en passant par un détour du côté du qipao – la robe tunique fendue
portée par les élégantes chinoises des années 1920. L’enchainement des sections est souple.
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Les thèmes d’étude se suivent sans vraiment s’enchainer – ce qui laisse le soin au lecteur de
construire ses propres articulations.
WOLTON Thierry (2007). Le grand bluff chinois – Comment Pékin nous vend sa « révolution »
capitaliste, Robert Laffont, 185 p.
Ce livre est délibérément iconoclaste. La critique est déroulée dans différents champs : le
politique, l’économique, le commercial, etc. L’auteur procède à un examen systématique de
tous les travers du régime : monopole du Parti communiste chinois, corruption, restrictions
aux libertés individuelles, princes héritiers, etc. C’est une critique en règle des modes de
fonctionnement du Parti communiste chinois. L’auteur brosse un tableau noir et peu flatteur
pour les équipes dirigeantes chinoises. Il leur prête des intentions hégémoniques ; ils seraient
engagés dans une compétition avec les Etats-Unis pour le leadership mondial. L’ouvrage est
bien documenté : beaucoup de données et de références précises sont citées pour argumenter le
propos. C’est un livre court et bien structuré. Il est rédigé dans un style facile à lire, agréable,
ni trop sophistiqué, ni trop basic. Cette vision critique, publiée en 2007, commence toutefois à
dater. Ainsi, l’évolution technologique avérée met à défaut les critiques de l’auteur sur le
manque d’innovation technologique ou la faiblesse de l’éducation. Les limites du système
national d’innovation chinois relevées ont été dépassées depuis la publication du livre.
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