Téléconsultation en psychiatrie, la première expérience

publicité
Téléconsultation en psychiatrie,
la première expérience
française.
F. M’Madi°, M. Lambotin*, P. Stab°,
D. Pringuey *, P. Rampal¨, P. Staccini¨,
° Hôpital de Tende
* Centre Hospitalier Universitaire de Nice
¨ Faculté de Médecine de Nice
Définitions de la
Télémédecine :
§ Pr L. lareng : « L’utilisation de tout moyen
technique et de toute méthode permettant à
distance la pratique médicale.
Elle a pour finalité l’amélioration de la qualité des
soins par l’utilisation optimale des moyens
techniques et des compétences médicales. »
§ Pr Brown : « L’utilisation de la vidéo interactive
entre médecin et patient. »
Définition de la
Téléconsultation :
§ L’évaluation d’un patient ou de données
le concernant via un système de
télécommunication :
- Téléconsultation de type I :
le patient consulte un médecin par un réseau de
communication interposé.
- Téléconsultation de type II :
le médecin consulté sollicite un avis diagnostique
(télédiagnostic) et/ou thérapeutique (télé-expertise).
Définitions de la
Télépsychiatrie :
§
Application de la télémédecine à la psychiatrie.
§
Téléconsultation ( ou plutôt télé-expertise) en psychiatrie).
§
APA : « l’utilisation des nouvelles technologies de
communication et d’information comme support aux soins
cliniques psychiatriques ».
§
Brown : « l’utilisation des nouvelles technologies de
télécommunication pour relier simultanément et en temps
réel un patient et un professionnel de santé mentale au
travers de la visioconférence permettant une activité
diagnostique, thérapeutique, formative ou toute autre activité
de soins ».
Historique de la télémédecine
dans le monde
§ terme inventé par Keneth BIRD, pionnier US.
§ naissance après la 2ème guerre mondiale, grâce
au développement des circuits intégrés et des
microprocesseurs.
§ dans les années 60, sous l’impulsion de la NASA,
quelles applications médicales pour les
technologies de communication?
Historique de la télémédecine
en France (1)
§ 1966 : première expérience régionale de transmission de pouls,
tracés ECG et mouvements respiratoires.
§ premières applications en médecine d’urgence, à l’aide médicale
en mer et en toxicologie (centres anti-poison).
§ 1989 : Institut Européen de Télémédecine (IET), Université
Paul SABATIER à Toulouse, pour promouvoir et réfléchir au
développement de la télémédecine en Europe.
Historique de la télémédecine
en France (2)
§ 1994 : l’Institut Européen de Téléchirurgie (IETS)
à Strasbourg, développer les nouvelles technologies
informatiques dans le domaine chirurgical.
§ projets nationaux :
- médecine périnatale - médecine d’urgence
- médecine en milieu carcéral
- formation chirurgicale aux techniques nouvelles
- prototypage des applications à partir des expériences
en cours
- élaboration d’un réseau inter-régional de télémédecine
pluridisciplinaire
Historique de la télémédecine
en France (3)
§ projets internationaux :
- IET : aide médicale en mer, aide médicale à distance,
toxicologie, télésurveillance des insuffisants respiratoires
chroniques, téléformation, télé-expertise.
- IETS : télé-staffs chirurgicaux, formation aux techniques
de laparoscopie, chirurgie assistée par ordinateur (opération
Lindbergh, N-Y/Strasbourg le 7/9/2001)
§ mais rien en psychiatrie jusqu’alors!
Télépsychiatrie mondiale
en 2001
§ 33 programmes de télépsychiatrie :
–
–
–
–
–
–
–
25 aux États-Unis
2 au Canada
2 en Australie
1 en Norvège
1 en Finlande
1 en Angleterre
1 en Irlande
Télépsychiatrie mondiale
§ États-Unis :
– Sur les 25 recensés, 3 programmes
rassemblent à eux seul plus de 1000
consultations par an (3 par jour)
∙
∙
∙
Centre médical de Norfolk
Université du Kansas (militaire)
Université du Montana (multidisciplinaire,
12 spécialités, 14 sites)
– Les problèmes de gestion et médicolégaux restent en suspens.
Télépsychiatrie européenne
§ Finlande :
–
–
–
–
45% du temps consacré à l’enseignement
26% à des consultations
23% à la formation
6% au travail administratif et autres tests
–
–
–
–
Télé expertise plutôt que téléconsultation
50% activité : staffs cliniques
30% activité : téléenseignement/formation
Le reste : tests de matériels
§ Norvège :
Télépsychiatrie européenne
§ Irlande :
– projet pilote arrêté entre l’île de Inishmore
(1 des 3 îles Aran, côte ouest) et le département
de psychiatrie de l’Université de Galway.
– Initié à la demande du généraliste de l’île.
– Le généraliste utilisait la visio pour avoir l’avis du
psychiatre de Galway, en présence du patient,
d’une infirmière ou d’un membre de la famille.
La première expérience
française
de télépsychiatrie
Un secteur difficile
Tende
800 m alt.
100 kms
1h30
Nice
Un secteur difficile
§ Soins assurés par 3 médecins généralistes
– Avec 1 infirmier libéral et 1 kinésithérapeute
– Avec leurs confrères de Breil sur Roya
§ 1 hôpital local
– 15 lits de long séjour, 58 lits de maison de
retraite, 5 lits de court séjour
§ 1 centre convalescence du CHU
– 200 lits : 80 lits de SSR, 40 lits de longue durée
et 80 lits de maison de retraite
Un secteur difficile
§ Soins médicaux spécialisés éloignés :
– les plus proches à Menton ou à Nice
§ Sur le plan psychiatrique :
– Secteur 13, sous la responsabilité d’un
praticien du CHS Sainte Marie (Nice)
– 1 journée consultation hebdomadaire
∙
∙
Matin : au centre de convalescence du CHU
Après-midi : à l’hôpital local
Un jeune médecin
§ Arrivé en remplacement en 1998
§ Face à des pathologies
– dépression, alcoolisme chronique
§ Besoin ressenti
– d’être aidé par un spécialiste psychiatre
§ Engage une démarche
– auprès du service de psychiatrie du CHU.
Un écho favorable
§ Un psychiatre consultant vacataire du
CHU
– Pratique thérapeutique :
chimiothérapie et psychothérapie
comportementale et cognitive
§ Accepte d’intégrer le projet
– après aval du chef de service
Utiliser le matériel existant
§ Centre de visioconférence de la Faculté :
matériel acquis et utilisé alors principalement dans
le cadre
– d’un programme de Formation Médicale
Continue
– entre praticiens hospitaliers et médecins libéraux
du haut-pays.
§ Hôpital local : équipement par l’ARH
(projet télémédecine PACA).
Site de Tende
Bureau technicien
Salle du conseil
aménagée en salle
de téléconsultation
cloison mobile
dispositif de visio
Entrée
hôpital
Accueil
Secrétariat
Site de Nice
bureau
studio
100 m2
hall
régie
Un double recrutement
§ Par l’intermédiaire des médecins
généralistes de la vallée.
§ Par le psychiatre référent
– qui proposait également le recours à la
téléconsultation aux patients originaires
de la vallée qu’ils suivaient déjà.
Déroulement
§
Consultation de médecine générale :
–
–
–
par le médecin généraliste qui l’adresse au
spécialiste,
proposition par le médecin généraliste,
de la possibilité d’une téléconsultation de
psychiatrie,
présentée comme « un plus » pour le suivi
(disparition des déplacements, conservation
du mode relationnel).
Déroulement
§
Consultation de médecine spécialisée :
–
–
–
en « face à face » au cabinet du psychiatre
ou au CHU (à Nice).
le psychiatre propose, en fonction de
l’évaluation psychiatrique, de revoir le patient
en téléconsultation / télésuivi.
une information est donnée et un accord écrit
du patient est demandé.
Déroulement
§
§
Les RDV ultérieurs par visioconférence
sont pris par le patient :
• auprès du service de psychiatrie du CHU, en précisant « RDV
de télémédecine »
• et en même temps à l’hôpital local.
RDV planifiés une fois par semaine :
• De 16h à 17h.
• Sur chaque site, le technicien établit la connexion, sort de la
pièce de consultation, mais reste disponible en cas de
problème technique.
• Le colloque singulier et l’intimité de la consultation sont
respectés.
Évaluation
§ Indicateurs de fonctionnement :
–
–
–
–
–
25 séances (nov. 99 à nov. 00).
18 heures de visioconférence.
8 patients dans la file active.
durée consultation 40mn (20 à 50 mn).
fréquence : 1 fois/mois à 1 fois/semaine.
Évaluation
§ Indicateurs cliniques :
– Âge varie entre 20 et 80 ans
– Pathologies :
∙
∙
∙
∙
Dépression et syndrome anxio-dépressif (6 patients
sur 8).
Alcoolisme chronique :1/8.
Agoraphobie avec attaques de panique : 1/8.
Épisode délirant aigu (consultation à visée
d’expertise).
Évaluation
§ Qualité de la prise en charge :
– Faculté d’interaction bonne (85%).
– Accessibilité et sentiment d’écoute du
spécialiste très appréciés.
§ Résultat de la prise en charge :
– Progrès ressenti en moyenne à 8/10.
– 85% patients satisfaits.
Évaluation
§ Qualité vidéo :
– Jugée satisfaisante à 70%
§ Qualité audio :
– Jugée satisfaisante à 40%
§ Synchronisation :
– Jugée satisfaisante à 40%
Évaluation
§ Comparaison téléconsultation et consultation
« face à face » :
– aucun patient ne préfère la téléconsultation à la
consultation en face à face.
– mais 85% préfèrent la téléconsultation
∙
∙
plutôt que de se déplacer sur Nice,
plutôt que d’attendre un RDV tardif.
Les patients
§ Avis globalement favorable.
§ Suppression du trajet
– un intérêt « majeur ».
§ Conservation du lien visuel et auditif
– la technique n’est pas vécue comme un
obstacle.
– la « présence sociale » du psychiatre est
conservée par son image.
§ L’âge ne semble pas être un facteur de
résistance à ce type de modalité.
Les patients
§ ceux qui étaient suivis et connus du
psychiatre :
• aucune différence avec la consultation
« classique »,
§ ceux pour qui cela a été la première
consultation psychiatrique :
• le colloque singulier s’est installé assez
rapidement
• mais appréciation mitigée…
Des
réactions…
§ 1 patient a refusé la téléconsultation :
– interprétation sur le secret médical et
l’utilisation d’un éventuel enregistrement des
consultations!
§ 1 patient a quitté la file active :
– après accumulation de dysfonctionnements :
mauvaise synchronisation des rendez-vous,
souhait de régler ses séances.
Le spécialiste
§ Avis globalement favorable.
§ la relation s’est installée malgré la technique.
§ la technique n’est pas un frein à la qualité du
colloque singulier lorsqu’il est installé.
§ deux réserves :
– l’impossibilité de pouvoir zoomer à distance et
d’apprécier au mieux la gestuelle, les mimiques, le
regard, la position du patient.
– La limitation des indications qui impose une sélection
des patients.
En conclusion
§ Étude limitée par le nombre de patients
et son activité
MAIS
§ Activité qui persiste, malgré l’arrêt du
recrutement sur place
§ Témoigne d’un intérêt manifeste de la
part des patients
En conclusion
§ La technique n’est plus (et ne doit pas être
considérée) comme un frein :
– Elle est déjà mais deviendra de meilleure qualité
§ Le problème culturel limitant :
– Concevoir et pratiquer le travail en réseau entre
professionnels de soins
– Un des moyens de « souder » des liens passe par la
téléformation
§ Nécessité d’un accompagnement pour démarrer :
– Médecin coordonnateur pour les patients de « première
fois » et la jonction entre professionnels
– Mais le télésuivi « s’autonomise » rapidement
Depuis cette période
11 patients (+3)
32 mois (+8)
43 téléconsultations (+18)
Amélioration de la prise des rendez-vous
et de la coordination entre les deux sites.
§ Le médecin coordonnateur remplace sur
Strasbourg!
§ Absence de coordonateur généraliste
dans la vallée.
§
§
§
§
Depuis cette période
§ Nécessité de promouvoir notre activité, de faire
connaître la télépsychiatrie afin de la pérenniser :
plaquette, site internet de l’hôpital, publications, réunions
d’information dans les communes de la vallée…
§ Proposer une offre plus large : 7j/7 ?, 24h/24 ?
§ Nécessité d’un cadre plus précis :
remboursement d’un acte hors nomenclature ?,
législation floue, responsabilités?
§ Merci de Votre ATTENTION
Téléchargement