Analyse du phénomène de l`anglicisme dans les médias français

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Analyse du phénomène de l’anglicisme dans les médias
français
Mémoire pour l’obtention du master ès lettres
De GU Juehong
Sous la direction de Monsieur le professeur WANG Wenxin
Département de français
Université des Études Internationales de Shanghai
Décembre 2012
Remerciements
Tout d’abord, je voudrais exprimer mes reconnaissances à mon directeur,
Monsieur WANG Wenxin, qui m’a beaucoup aidée dans tout le processus de
la rédaction de mon travail. De la conception du sujet, à la recherche de
documents, jusqu’à la rédaction du mémoire, Monsieur WANG m’a donné
beaucoup de soutien et de conseils. Grâce à sa patience et son encouragement,
j’ai pu finalement fini ce mémoire.
J’adresse également mes remerciements à tous les professeurs du
département, qui nous ont enseigné et inspiré pendant nos études à SISU.
Sans leurs efforts, nous n’aurions pas pu faire tant de progrès.
Mes reconnaissances s’adressent aussi à Monsieur CAO Deming,
Monsieur CHU Xiaoquan et Madame HUA Xiulin qui ont consacré beaucoup
de leur temps précieux pour lire mon mémoire et me donner des conseils
précieux.
Finalement, je tiens à remercier ma famille et mes amis pour leur soutien
constant de mes études et de ma vie.
摘要
近几个世纪以来,随着英美两个英语国家实力的崛起,英语也日渐成为最有影响力的语言。
进入到其他语言中的英语词汇也变得越来越多 。“英语借词”的概念也逐渐形成。作为英国的邻
国,法国是最早受到这一影响的国家之一。英语借词也逐渐改变并影响着法语。作为一门充满活
力和生命力的特殊语言,法国的媒体语言忠实地呈现出了这一趋势,而媒体中的英语借词也成为
一项有意义的研究课题。
自产生以来,英语借词不断发展和多样化。如今,它不仅是一个语言现象,而且还涉及文化
领域。英语借词的分类很多,包括:语义性借词、词汇性借词、句法性借词、形态性借词、语音
性借词、假性借词,等等。借词不仅来源于语言的需要,更来自于文化和社会需求。当今,这种
对于英美文化的追崇,从法国媒体语言中数量众多的英语借词中就可见一斑。这一现象,在互联
网和广告语言中尤为明显。
法国媒体语言所代表的这股英语借词使用潮流对法语产生了深刻的影响。它对法语的发音、
句法和词形带来了新的变化,并且在一定程度上改变了法国人的某些语言习惯。
在这种趋势面前,法国社会表现出两种不同的态度和主张。保守派认为英语借词的入侵破坏
了法语的纯洁性,而宽容主义者则将此看作对这门优美语言的丰富和补充。甚至在某些媒体人当
中,使用英语借词成为他们自我区别,增添语言魅力的一种手段。然而,不管怎样,对于英语借
词的滥用现象,人们还是采取了必要的措施。不同的媒体在其各自领域采取了不同措施;相关的
委员会和组织纷纷成立;法国政府颁布了有关法律;语言学家和一些个人对此问题也提出自己的
看法;甚至普通法国人也对此作出自己的努力。
关键词: 英语借词,媒体语言,法语词汇,语言纯洁性
ii
Résumé
Avec la montée en puissance des pays anglophones de ces derniers siècles, surtout de
l’Angleterre et des Etats-Unis, la langue anglaise devient peu à peu la plus influante.
L’entrée de mots anglais dans d’autres langues tend à s’accroître, ce qui donne lieu à
l’apparition d’« anglicismes ». Etant un pays voisin de l’Angleterre, la France est un des
premiers pays à recevoir cette influence anglaise et celle-ci change doucement le
vocabulaire français et la langue française. Vivant et dynamique, le langage des médias
français montre fidèlement cette tendance et les anglicismes dans les médias constituent un
sujet d’études pertinentes.
Après son apparition, les anglicismes se développent et se diversifient. Aujourd’hui,
ils concernent les domaines linguistique et culturel, et ses catégories comportent
anglicismes sémantiques, anglicismes lexicaux, anglicismes syntaxiques, anglicismes
phonétiques, pseudo-anglicismes, etc. Les anglicismes viennent non seulement d’une
nécessité linguistique, mais aussi d’une demande culturelle et sociale. De nos jour, cet
attachement à la culture anglaise et américaine se prouve par la haute fréquence
d’anglicismes dans le langage des médias français, ce qui est surtout évident sur Internet et
dans les publicités.
Cette vogue d’emploi d’anglicismes représentée par les médias français exerce ses
influences sur la langue française. Elle apporte des modifications aux niveaux syntaxique,
graphique et phonologique et change en quelque sorte l’habitude de langage des Français.
Devant cette tendance, deux voix expriment des attitudes différentes dans la sociétés
française. Les conservateurs croient que cette tendance va ruiner la pureté du français et les
laxistes la regardent comme un enrichissement de leur belle langue. Parmi certaines gens
de médias, l’emploi d’anglicismes constitue une façon de se distinguer et un ajout de
charme de leur langage. Quoi qu’il en soit, les mesures ont été prises pour contrôler l’abus
d’anglicismes. Différents médias entreprennent des actions dans leurs domaines ; des
commissions et des organismes se forment ; l’Etat français promulgue des lois ; des
linguistes et des individus donnent leurs propres propositions sur ce problème ; même des
Français moyens font aussi leur efforts.
Mots clés : anglicisme, langage de médias, lexique français, pureté de langue
iii
TABLE DES MATIERES
Remerciements
摘要....................................................................................................................................... ii
Résumé..................................................................................................................................iii
Introduction............................................................................................................................6
Chapitre I Les anglicismes dans les médias...........................................................................8
1.1 La généralité des anglicismes....................................................................................8
1.1.1 Les emprunts et les anglicismes dans la langue française...............................8
1.1.2 La définition de l’anglicisme...........................................................................9
1.1.3 Les types des anglicismes..............................................................................10
1.1.4 L’origine des anglicismes..............................................................................12
1.1.5 L’anglicisme et l’anglo-américanisme..........................................................13
1.2 La généralité des médias.........................................................................................15
1.2.1 Le concept des médias...................................................................................15
1.2.2 Les médias et la langue.................................................................................16
1.3 Les anglicismes et les médias.................................................................................16
1.3.1 La situation en général..................................................................................16
1.3.2 Les anglicismes les plus utilisés dans les médias..........................................17
1.3.3 Les anglicismes et l’informatique.................................................................19
1.3.4 Les anglicismes dans la publicité..................................................................21
Chapitre II Pourquoi utiliser des anglicismes dans les médias ?..........................................25
2.1 Les raisons sur les plans social et culturel..............................................................26
2.1.1 D’un point de vue historique.........................................................................26
2.1.2 Les particularités des médias.........................................................................27
2.1.3 La demande professionnelle..........................................................................27
2.1.4 Une combinaison de l’anglicisme et de la demande professionnelle............28
2.2 Les raisons sur le plan linguistique........................................................................29
2.2.1 Des mots pour le dire.....................................................................................29
2.2.2 Les problèmes de traduction..........................................................................30
Chapitre III Les influences de l’emploi d’anglicismes par les médias..............................32
3.1 Les influences syntaxiques.....................................................................................32
4
3.1.1 Adjectifs en position adverbiale....................................................................33
3.1.2 L’inversion entre le déterminant et le déterminé...........................................33
3.1.3 La disparition des prépositions......................................................................34
3.1.4 Noms en position adverbiale.........................................................................34
3. 2 Les influences graphiques.....................................................................................35
3.2.1 L’influence typographique............................................................................35
3.2.2 L’influence de ponctuation............................................................................36
3.2.3 L’influence orthographique...........................................................................36
3.3 L’influence phonologique......................................................................................37
Chapitre IV Qu’est-ce qu’on fait face aux anglicismes ?.....................................................39
4.1 L’emploi des anglicismes dans les médias en général...........................................39
4.1.1 L’anglicisme superflu....................................................................................40
4.1.2 La question de différents domaines...............................................................41
4.2 Les opinions face aux anglicismes.........................................................................42
4.2.1 Les puristes....................................................................................................42
4.2.2 Les laxistes....................................................................................................43
4.2.3 Les opinions des Anglais...............................................................................45
4.3 La responsabilité des médias face aux anglicismes................................................46
4.3.1 Le rôle des médias face aux anglicismes.......................................................46
4.3.2 Une bonne connaissance de leur travail........................................................46
4.3.3 Les actions des médias..................................................................................47
4.3.4 Les principes des médias pour l’anglicisme..................................................49
4.3.5 Les mesures attendues...................................................................................51
4.4 Les efforts d’autres parties.....................................................................................52
4.4.1 Les organismes..............................................................................................52
4.4.2 Les commissions...........................................................................................52
4.4.3 Les lois..........................................................................................................54
4.4.4 Les dictionnaires............................................................................................56
4.5 Que font les Français moyens ?..............................................................................59
Conclusion............................................................................................................................63
Bibliographie........................................................................................................................64
5
Introduction
Dans presque toutes les langues humaines, il existe des emprunts et c’est la même
chose pour le français. Dans cette belle langue, il y a des mots d’origine de nombreuses
langues, telles que l’espagnol, l’anglais, l’allemand, l’italien, l’arabe, le chinois, le japonais,
etc. Parmi tous ces mots, les emprunts de l’anglais, soit les anglicismes, sont largement
utilisés dans le vocabulaire de beaucoup de domaines, par exemple, le sport, la technologie,
la mode, l’art, etc. En plus, ils sont présents dans toutes les occasions et tous les niveaux de
la langue. En effet, l’emploi des anglicismes est déjà devenu une vogue dans la société
française. On peut trouver des anglicismes partout et le phénomène d’anglicisme a déjà
suscité l’intérêt et l’attention des linguistes, de l’Etat français, même des Français moyens.
Les médias français, qui regroupent la presse écrite, la télévision, la radio, l’Internet,
montre l’actualité et la nouvelle tendance de la langue. Ils nous relèvent fidèlement les
anglicismes, leur évolution, leur emploi dans la langue française. L’apparition des
anglicismes enrichit la langue des médias et contribue au dynamisme du français. Il en
résulte plusieurs conséquences non seulement sur le niveau linguistique, mais aussi le
niveau social. Il faut dire que l’anglicisme n’est plus seulement une question de la langue,
elle est aussi un grand phénomène culturel.
Cependant, avec une accentuation de cette tendance, de nouveaux problèmes voient le
jour. Des mots d’anglais superflus, même l’abus des anglicismes apparaissent. Ce
phénomène est surtout marquant dans les publicités qui apparaissent partout dans les
différents médias. L’emploi des mots anglais devient une façon de se distinguer et des se
faire remarquer. En face de cela, certains linguistes commencent à le critiquer dans les
années 1950 et font appel aux Français pour résister à cette tendance. De plus en plus de
linguistes, de spécialistes et d’usagers communs qui se soucient de la pureté et de l’avenir
de la langue française se mobilisent et font leurs efforts pour résoudre ce problème. L’Etat
français lui aussi prend beaucoup de mesures pour contrôler et normaliser l’emploi des
anglicismes et protéger sa langue.
Les médias, beaucoup influencés par l’impact de l’anglicisation et la domination de la
langue anglaise, eux-aussi, font leurs propres efforts sur le problème de l’abus des
anglicismes. Cependant, dans la situation actuelle, qui manque de surveillance effective et
6
d’un système stimulant, il paraît que l’effet de ces efforts n’est pas assez satisfaisant.
Face au phénomène des anglicismes reflété par les médias français, quelles sont les
bonnes attitudes de l’Etat, des linguistes, des organisations tutrices de la langue, des
médias, des Français moyens, même de tous les francophones ? Quelle est la relation juste
entre le français et les anglicismes ou d’autres emprunts ? Quelle est l’avenir de cette belle
langue ?
7
Chapitre I Les anglicismes dans les médias
1.1 La généralité des anglicismes
1.1.1 Les emprunts et les anglicismes dans la langue française
Comme toutes les autres langues humaines, la langue française est toujours en
évolution. Etant une des langues les plus vivantes et les plus dynamiques, le français a une
capacité de se renouveler et de s’enrichir. Dans le lexique, en plus d’un autoenrichissement, les emprunts jouent un rôle essentiel dans ce processus. Le vocabulaire
français porte ainsi une marquante caractéristique exotique.
A partir du 12e siècle, il y a surtout trois langues qui influencent le vocabulaire
français, l’arabe, le néerlandais et l’italien. Grâce aux contacts établis avec le monde
musulman, un grand nombre de mots dans le domaine de la médecine, de la chimie et des
mathématiques entrent dans la langue française. Plus tard, les rapports avec le monde
néerlandophone s’établissent à travers les affaires maritimes. Les mots empruntés à la
langue des Pays-Bas sont entrés dans la langue française, qui concernent surtout la pêche et
la navigation. Dès le 14e siècle, les relations commerciales entre la France et l’Italie
commencent à influencer la façon de parler des Français. Les Français utilisent des mots
qui désignent des produits italiens comme riz, sucre, citrouille, porcelaine, perle, etc. Avec
la qualité supérieure de ses peintres et de ses musiciens, l’Italie reste pendant les siècles
suivants le pays qui fournit le plus de mots au français.
Cette influence italienne dure jusqu’au 16e siècle. A partir du 17e siècle, la Grande
Bretagne prend sa voie d’un rapide développement, et sa langue commence aussi à s’élever.
Le rapport entre le français et l’anglais connaît un changement : Avant, c’était toujours le
français qui s’emportait sur l’anglais et prêtait ses mots à celui-ci. Mais depuis là, l’anglais
fournit ses mots au français et devient peu à peu le plus grand fournisseur d’emprunts au
français. D’après Monsieur De JULLEVILLE, auteur de l’Histoire de la langue et de la
littérature française des origines à 1990, « C’est l’Angleterre, qui, depuis le 18e siècle,
exerce sur notre langue l’action la plus constante, la plus considérable. Son industrie, son
commerce, ses idées politiques et économiques, sa vie de société, sa littérature nous ont
8
fourni quantité d’expressions utiles 1». Cependant, l’anglicisme n’est pas un phénomène
spécifique propre au français, il apparaît aussi dans les autres langues européennes ou
non-européennes. On peut même dire que l’anglicisme ou l’anglicisation est déjà devenu
un phénomène universel.
1.1.2 La définition de l’anglicisme
Qu’est-ce que c’est qu’un anglicisme ? Pour bien effectuer nos études, un des
problèmes importants est de définir le concept de l’anglicisme, ce qui pourra bien orienter
nos études et clarifier notre sujet d’étude.
Si nous cherchons le mot « anglicisme » sur Wikipédia, nous aurons instantanément
une définition : « Un anglicisme est un emprunt fait à la langue anglaise par une autre
langue2» . Dans notre cas, comme on étudie l’anglicisme dans le contexte de la langue
français, on peut le redéfinir plus concrètement : Un anglicisme dans la langue française
est un emprunt fait à la langue anglaise par le français. Cette simple définition n’est pas
faute. Cependant, elle n’a pas l’air d’être complète. La question est posée : Comment
peut-on distinguer un mot anglais qu’on utilise par hasard ou délibérément et un vrai
anglicisme ? C’est-à-dire, y a-t-il un critère pour juger si un mot anglais le reste toujours
dans la langue française ? Quand est-ce qu’on peut dire qu’il est francisé et qu’il est entré
dans la langue française ?
Pour répondre à cette question, la définition mentionnée ci-dessus est évidemment
insuffisante et il faut avoir secours aux définitions plus complètes et plus scientifiques.
Dans la préface du Dictionnaire des anglicismes de Josette Rey-Debove et Gilberte
Gagnon, on a cette définition : C’est un mot qui appartient à la langue anglaise
(d’Angleterre ou d’Amérique) et qui est passé en français où il est employé au même titre
que les autres mots, d’abord timidement avec des guillemets, de l’italique ou des
commentaires, par quelques personnes, puis sans précaution et plus ou moins massivement.
Nous croyons que cette définition de l’anglicisme est déjà assez claire. Mais en
1
2
Brunot-petit DE JULLEVILLE, Histoire de la langue et de la littérature française des origines à 1900, p VIII.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Anglicisme
9
consultant d’autres livres de référence, nous avons aussi trouvé une définition d’un point
de vue plus culturel et plus sociologique.
D’après Le Dictionnaire de l’Académie, nous avons cette définition : Les façons de
parler empruntées à la lange anglaise et transportées dans notre langue. On admet que cette
définition est assez brève et concise, même un peu trop simple. Mais elle montre un aspect
qui désigne notre réflexion, c’est-à-dire, l’anglicisme est un concept à la fois linguistique et
culturel.
En résumant ces différentes versions, on peut arriver à cette définition : un mot
anglais passé en français où il est employé au fur et à mesure au même titre que les autres
mots et la façon de parler influencée par ce mot.
1.1.3 Les types des anglicismes
Il existe plusieurs différents types d’anglicismes. D’après le Colpron, dictionnaire
des anglicismes qui est publié au Québec, nous pouvons classifier les anglicismes en six
catégories, soit :
L’anglicisme sémantique : l’attribution à un mot d’une acception qu’il n’a qu’en
anglais, ou la traduction littérale d’un idiotisme anglais. Exemples : développer une
maladie, définitivement.
L’anglicisme lexical : l’emprunt de mots ou d’expressions tels qu’ils le sont en anglais.
Il y a des exemples comme feedback, appréciation, commentaire.
L’anglicisme syntaxique : le calque de constructions propres à la langue anglaise, tels
que être en charge de.
L’anglicisme morphologique : des erreurs de suffixe ou de genre dans la formation de
mots. Exemple : les actifs d’une société.
L’anglicisme phonétique : des mots prononcés fautivement. Prenons comme
l’exemple le mot « zoo ». On le prononce à l’anglaise [zu] au lieu de [zɔo]
L’anglicisme graphique : l’emploi d’une orthographe ou d’une typographie qui suit
l’usage anglo-saxon. Par exemple, on utilise le point décimal au lieu de la virgule et des
guillemets anglais “ ” au lieu de guillemets français « ».
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Il faut dire qu’il n’est toujours pas facile de classer tous les anglicismes. Parmi les
linguistes et les lexicologues, les opinions sont diverses. Dans le livre de Michel D. Picone,
Anglicismes, néologismes and dynamic french, (ouvrage en anglais) il classe les
anglicismes en dix catégories :
Anglicisme intégral : la reprise de la forme et du sens d’un mot ou d’une expression de
l’anglais, tels que scanner, week-end.
Anglicisme sémantique : dans les mots où ce n’est que le sens qui est repris, comme
dans réaliser au sens de « se rendre compte ».
Anglicisme structurel : des mots comme tour-opérateur.
Pseudo-anligcisme : des mots qui semblent être empruntés à l’anglais, mais qui ont bel
et bien être forgés en français, tels que, new look, qui est créé par Christian Dior en 1947.
Anglicisme hybride : les mots dans lesquels un élément d’origine anglaise est combiné
avec une forme française et qui peut être considéré comme une sous-classe des
pseudo-anglicismes.
Anglicisme graphologique : comme Modern Hôtel et Rapid Service.
Anglicisme phonologique : l’emprunt de phonème, comme [ŋ] qu’on rencontre dans le
suffixe –ing, qui forme jogging, meeting, etc.
Anglicisme morphologique : –man, -land, etc, qui forment respectivement euroland,
badland, businessman, superman, etc.
Anglicisme de sigle et d’acronyme: tel que OK, laser (Light Amplification by
Stimulated Emission of Radiation), GMT (Greenwich Mean Time), etc. Dans cette
catégorie, on peut aussi trouver l’emploi de Mr au lieu de M. pour « Monsieur » et celui de
Pr au lieu de Prof. pour « professeur ».
Anglicisme de locutions et de phrases proverbiales du type Last but not least, fifty-fifty,
ou Time is the money.
En effet, même chez les linguistes ou les lexicologues, ils ne se mettent pas d’accord
sur la classification des anglicismes. Dans les livres sur les anglicismes, les auteurs ont
toujours leur propre façon de classification. En comparant les deux différents moyens de
classification mentionnés plus haut, on peut trouver qu’en essence, ils comportent tous les
deux la plupart des anglicismes et ne manquent pas de scientificité. Mais, il est aussi vrai
que la classification de Micheal D. Picone paraît peut-être plus complet et claire, qui
11
englobe aussi les pseudo-anglicismes, une catégorie rarement marquée par les autres
auteurs.
1.1.4 L’origine des anglicismes
Nous savons tous qu’entre la langue française et la langue anglaise, il existe une
relation assez proche et compliquée. Depuis plusieurs siècles, les deux langues
interviennent l’une dans l’autre. Avant le 17e siècle, c’est toujours le français qui l’emporte
sur l’anglais. Et il faut attendre le 18e siècle pour que l’influence anglaise sur le français
commence à se faire sentir. Le terme « anglomanie » est attesté dans la langue française
depuis 1754 et la résistance à l’anglomanie dans certains milieux français débute en effet
depuis cette époque-là, qui a été inspiré par un ouvrage intitulé Préservatif contre
l’anglomanie.
En effet, la première vogue importante d’anglicismes dans le vocabulaire français a eu
lieu au moment où l’Angleterre obtient ses victoires politiques et militaires. Après le traité
d’Utrech et le traité de Paris, la France perd une partie de ses colonies et ne pourra jamais
défier la suprématie de l’Angleterre.
Ce sont des mots représentatifs de la bonne vie britannique qui entrent en français :
contredanse (country danse) ; boulingrin (bowling green), whist et football datent de cette
époque, ainsi que pudding, rosbif, rhum et punch. Le 18e siècle continue sur cette tendance
avec des mots comme cricket, malt, grog, whisky et humour. Il y a aussi des mots plus
politiques qui étaient introduits tels que, coalition, meeting, patriote, vote, congrès,
loyaliste, etc. Le 19e siècle est le siècle de la Grande Bretagne. Avec sa puissance
économique et politique, l’anglais devient la langue d’exportation. Dans les domaines de
technologie et de sports, des mots anglais affluent vers la langue française. Dans la
locomotion, le français doit à l’anglais des mots comme mail-coach, tilbury, victoria,
péniche, clipper, tramway, train, sleeping-car, dining-car, truck, etc. Dans d’autres
domaines de technologie, on a élévateur, watt, etc. Pour le vocabulaire de la nourriture,
l’influence de l’anglais n’est non plus négligeable. A cette époque-là, des mots comme
cocktail, pickles, sherry, sandwich, enrichissent le lexique de la langue française. Puis, à
12
partir du 19e siècle, des termes sportifs sont empruntées. Les mots comme tennis, rugby,
croquet, hockey, match, poker entrent dans la langue française. A la fin du 19e siècle, sous
l’influence de la mode sportive américaine, base-ball et basket-ball ont été aussi empruntés.
En plus, avec l’entrée des mots comme raglan, mackintosh, moleskine, leggings, polo, la
mode vestimentaire devient plus britannique.
Selon des statistiques, pendant tout le 19e siècle, les Français reçoivent 377 mots
anglais, qui représentent la moitié des emprunts anglais à l’époque. Selon des calculs de P.
Guiraud, jusqu’en 1900, il existe environ 600 emprunts anglais dans la langue française.
Cependant, par rapport au 20e et au 21e siècles, ce chiffre est assez modéré. D’après des
statistiques, le nombre d’anglicismes a plus que triplé durant un siècle, allant de 625 en
1900 jusqu’à 2000 à la fin du 20e siècle.
Avec la prospérité économique et la domination politique des Etats-Unis, l’importation
des mots américano-anglaise domine dans l’évolution du lexique française à partir du
siècle précédent. Des anglicismes reflètent les progrès dans les domaines de la technologie
et de la mode de vie américaine. Des mots comme laser, cantilever, cake-walk, bluff,
fashion, casimir, jeans, T-shirt, coca-cola commencent à apparaître dans le français. Parmi
tous ces emprunts, il faut noter un genre particulier : les termes de l’informatique. Des
exemples sont nombreux, et nous avons Internet, computer, bluetooth, wifi, etc. Il est vrai
que depuis le 20e siècle, les anglicismes produisent de plus en plus d’influence sur les
autres langues, non seulement sur le français, mais aussi sur l’allemand, l’espagnol,
l’italien, même sur les langues non-européennes, comme le chinois, le japonais. Dans notre
cas, les anglicismes représentent 1,7% du vocabulaire français, ce qui est prouvé par Le
Petit Robert et Le Petit Larousse de 2006. En même temps, les influences britanniques
commencent à dégrader. La plupart des anglicismes sont d’origine américaine au lieu de la
Grande Bretagne et certains lexicologues conseillent même d’utiliser le mot
« américanisme » pour distinguer les mots d’outre-atlantique des anglicismes d’origine
britannique.
1.1.5 L’anglicisme et l’anglo-américanisme
13
Nous savons tous que depuis la fin de la première Guerre mondiale, avec son rapide
développement économique, les Etats-Unis deviennent une des grandes puissances
mondiales. Dans les années 20s, les Etats-unis possèdent 33% des chemins de fer, 60% des
téléphones et 80% des automobiles du monde entier. Après la deuxième Guerre mondiale,
les Américains élargissent cette supériorité et établissent leur statut de super puissance.
Durant le 20e siècle, les Etats-Unis constituent le leader du développement économique et
technologique. Dans ce contexte, les influences de sa langue s’imposent. Evidemment,
étant les descendants des explorateurs de la Grande Bretagne, les Américains héritent la
langue anglaise. Cependant, en cherchant une propre identité, les Américains veulent une
langue identitaire qui se distingue de l’anglais britannique. Par conséquent, des pionniers
commencent cet essai.
Dans ce processus, il faut absolument mentionner un personnage qui a fait une grande
contribution à cette entreprise : Noah Webster, lexicologue. En 1806, il publie son premier
dictionnaire, A Compendious Dictionary of the English Language. Dans la vingtaine
d’années suivantes, il ne cesse de travailler sur son dictionnaire pour le compléter et
perfectionner. En 1840, il finit finalement la deuxième édition du Dictionnaire en deux
volumes, qui établit les règles principales pour l’orthographe de l’anglais américain. Avec
les efforts des réformateurs comme Webster, on simplifie l’orthographe anglaise et crée un
système de prononciation bien américanisé.
Aujourd’hui, avec le temps et des efforts délibérés, la distinction entre l’anglais
britannique et l’anglais américain paraît de plus en plus marquante. L’anglais américain
devient même une marque de la puissance américaine. Comme le cas de la Grande
Bretagne aux 18e et 19e siècles, la puissance économique et politique fait valoriser sa
langue. D’après un sondage, en 2005, deux tiers des anglophones parlent l’anglais
américain. Aujourd’hui, l’anglais américain est plus populaire. Parmi les apprenants, c’est
l’anglais américain qui est préféré.
Dans le domaine de la linguistique, cette tendance fait aussi sa marque. Le concept
d’anglo-américanisme est apparu pour se distinguer de l’anglicisme britannique. En 1920,
Ferdinand Brunot a publié Anglicisme et l’anglo-américanisme dans la langue française,
qui explique l’étymologie et l’histoire des anglicismes. Dans ce dictionnaire, l’auteur fait
distinguer les mots d’origine britannique et ceux d’origine américaine.
14
Cependant, au sens général, on ne distingue pas souvent ces deux concepts. Dans la
plupart des cas, on utilise le mot anglicisme pour désigne un emprunt de la langue anglaise
sans considérer son origine. Dans notre mémoire, nous allons sûrement rencontrer cette
question. Pour le principe de concision, nous ne ferons pas délibérément la distinction, sauf
dans les cas particuliers où une distinction entre l’origine de la Grande Bretagne et celle
des Etats-Unis est nécessaire .
1.2 La généralité des médias
1.2.1 Le concept des médias
Dans le dictionnaire du Petit Robert de la version 2006, on donne cette explication du
mot « média » : abréviation de l’anglais mass media qui désigne moyen de diffusion, de
distribution ou de transmission de signaux porteurs de messages écrits, sonores, visuels
(presse, cinéma, radiodiffusion, télédiffusion, vidéographie, télédistribution, télématique,
télécommunication, etc.)
En étudiant le niveau d’étymologie, nous savons que le mot média est la forme
plurielle du mot latin medium, qui signifie milieu et intermédiaire. Etant un mot français,
média vient d’abord de l’anglais mass-media , soit un anglicisme. Le terme média signifie
les moyens de diffusion permettant la communication qui peut être un moyen naturel,
comme le langage, l’écriture, ou un moyen technique comme la radio, la télévision,
l’Internet, etc.
En effet, dans la langue courante, le terme média est très peu utilisé. On emploi
souvent la forme plurielle les médias au sens de média de masse (de l’anglais mass-media),
c’est-à-dire, l’ensemble des médias de communications modernes, y compris la télévision,
le cinéma, la vidéo, la radio, la photographie, la publicité, le journal, le magazine, la
musique enregistrée, les jeux d’ordinateurs et l’Internet. Selon différents critères, on peut
diviser les médias de différentes façons. Un établissement spécialiste divise les mass
médias en quatre catégories : les médias simples, les médias autonomes, les médias de
télédiffusion, les médias de télécommunication.
Dans notre mémoire dont le sujet principal est l’anglicisme, nous n’allons pas nous
15
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