JANVIER 2015 UNE ANALYSE ÉCONOMIQUE SUR L’ÉVOLUTION DE QUELQUES POSTES DE COÛT DES INDUSTRIES UN REPLI SENSIBLE DU PRIX DU BARIL DEPUIS QUELQUES MOIS Le cours du baril de Brent a chuté à partir de l’été d’une fourchette de 100$-110$ à moins de 70$ fin novembre et à environ 50$ début janvier 2015. Prudence dans la prévision du prix du pétrole : du point de vue statistique, l’évolution de son prix réel (c’est-à-dire corrigé de l’inflation) n’obéit à aucune régularité identifiable depuis 40 ans. Depuis les années 1970, il n'y a pas eu de tendance nette et durable à la hausse du prix réel du baril. Cela ne préjuge pas des décennies futures. Du point de vue économique, il est possible de distinguer 3 facteurs d’évolution du prix du pétrole : la demande mondiale, les game changers géopolitiques et l’offre mondiale. UN REPLI SENSIBLE DU PRIX DU BARIL DEPUIS QUELQUES MOIS Prix du pétrole nominal et réel (en €/baril) 100 90 80 Dernier point : prix courant, décembre 2014 : 51,1 € novembre 1979 : 81 € € constants (2007) 70 60 50 40 30 20 10 €courants 0 Sources : FMI, Datastream, le prix du pétrole est déflaté par l'IPC France UN REPLI SENSIBLE DU PRIX DU BARIL DEPUIS QUELQUES MOIS La demande mondiale de pétrole devrait décélérer graduellement à l’avenir par rapport à sa dynamique des années 2000. Le ralentissement actuel de la demande est un peu plus accentué que prévu, notamment en Chine où il devrait perdurer en lien avec des facteurs démographiques. Les politiques d’efficacité énergétique et de transition bas carbone pèseront sur la demande mondiale de pétrole à moyen-long terme. Des modèles suggèrent qu’une décélération de la demande mondiale de + 0,6 % par an (consensus de marché à l’été 2014 pour les 10 années à venir) à + 0,3 % est susceptible d’expliquer un repli du prix tendanciel du baril d’environ 15 à 20$. UN REPLI SENSIBLE DU PRIX DU BARIL DEPUIS QUELQUES MOIS Des événements géopolitiques par nature imprévisibles peuvent influencer sensiblement le prix du baril. En 2004, une grève générale paralysant le Venezuela, une insurrection bloquant les exports nigérians, l’ouragan Katrina empêchant la production dans le Golfe du Mexique ont contribué au relèvement du prix du baril à 40$-50$ dans les années 2000 (après 22$-28$ dans les années 1990). De façon plus générale, un accident politique majeur entraînant un repli (respectivement une hausse) de 10 % de la production mondiale peut renchérir (resp. peser sur) le prix du baril de 40$ (estimation AIE). UN REPLI SENSIBLE DU PRIX DU BARIL DEPUIS QUELQUES MOIS Offre mondiale de pétrole : Après le rattrapage du déficit de capacité de production des années 2000, l’offre mondiale ne progresserait à l’avenir que de façon relativement contenue. Aujourd’hui comme hier, les comportements de marché des gros producteurs peuvent transitoirement influencer le prix du pétrole de façon sensible. La réunion de l’OPEP de fin novembre 2014 montre que l’Arabie Saoudite reste au centre du jeu pétrolier mondial : en refusant d’ajuster son volume de production, elle pousse sensiblement le prix du pétrole à la baisse. Cette tactique ne devrait pas perdurer au-delà de quelques trimestres, le temps de parvenir à la faillite de nouveaux producteurs à coût d’extraction plus élevé. UN EFFRITEMENT DE L’EURO LIÉ NOTAMMENT À LA BONNE TENUE DE L’ÉCONOMIE AMÉRICAINE Aux États-Unis, consommation, investissement, emploi sont mieux orientés fin 2014. La Banque centrale a suspendu ses opérations non conventionnelles héritées de la crise financière. Les comptes publics devraient tirer profit de l’amélioration conjoncturelle. UN EFFRITEMENT DE L’EURO LIÉ NOTAMMENT À LA BONNE TENUE DE L’ÉCONOMIE AMÉRICAINE Emploi salarié non agricole PIB 6 300 % en rythme annuel milliers mm3m 5 4 3 2 200 1 0 -1 -2 100 80 -3 2013 2014 11 12 13 Sources : Bureau of Economic Analysis, Bureau of Labor Statistics 14 UN EFFRITEMENT DE L’EURO LIÉ NOTAMMENT À LA BONNE TENUE DE L’ÉCONOMIE AMÉRICAINE Taux de change 1.60 1€=…$ 1.50 1.40 1.30 moyenne depuis 1995 1.20 1.10 1.00 0.90 0.80 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 Source : Thomson Reuters Datastream UN EFFRITEMENT DE L’EURO LIÉ NOTAMMENT À LA BONNE TENUE DE L’ÉCONOMIE AMÉRICAINE Au niveau agrégé, l’effet de la dépréciation de l’euro sur le commerce extérieur pourrait demeurer limité, en lien avec une hausse tendancielle du contenu en importations des exportations européennes. La baisse de la devise européenne amortirait aussi une partie de l’effet favorable sur la croissance du repli des cours du pétrole. DES SALAIRES RIGIDES À LA BAISSE Salaires et productivité en France (industrie manufacturière) 150 début 2000 = 100 Salaire moyen par tête (masse salariale/emploi) 140 130 Productivité en valeur (VA en euros/emploi) 120 110 100 98 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 Source : Insee 13 14 DES SALAIRES RIGIDES À LA BAISSE Selon l’INSEE, le décrochage entre salaires et productivité traduit pour l’essentiel l’effet de rigidités salariales : Les salaires reculent moins en cas de chute de productivité qu’ils n’augmentent en cas de hausse de cette dernière. La rigidité salariale accentue donc la mauvaise conjoncture. La rigidité à la baisse des salaires est observable dans tous les secteurs d’activité en France. Elle serait plus importante dans les grandes entreprises, où les évolutions salariales semblent davantage lisser les à-coups conjoncturels. La rigidité à la baisse est particulièrement nette pour les basses rémunérations. Elle reflète l’effet d’un SMIC relativement élevé sur l’échelle des bas salaires. DES SALAIRES RIGIDES À LA BAISSE De façon générale, l’ajustement des salaires à l’activité est faible : selon l’INSEE, les salaires ne baissent que d’environ 1 % en cas de choc de 10 % sur l’activité. Conséquences : – – – Pertinence de soutenir les exercices de négociations salariales visant à rapprocher les augmentations de salaires des évolutions de la productivité ; Importance de souligner qu’en France les chocs économiques généreront du chômage tant que les salaires seront rigides et/ou le temps de travail pratiquement intangible ; Utilité de rappeler que la question du salaire minimum demeure un enjeu macroéconomique significatif aujourd’hui en France. CONCLUSION Quelques bonnes nouvelles en provenance du contexte international, susceptibles d’avoir un effet positif sur la croissance du PIB de + 0,4 % en moyenne annuelle en 2015… ... dont les effets favorables sur l’activité méritent d’être préservés au niveau national, notamment par une maîtrise de la progression des salaires. Les séries statistiques sont issues de la banque de données Thomson Reuters Datastream.