Chères consœurs, chers confrères, La CCVSI (chronic cerebrospinal venous insufficiency) se définit comme la présence d’anomalies du drainage veineux cérébro-spinal responsable d’un ralentissement du flux cérébro-spinal. La relation entre veines cérébrales et SEP n’est pas nouvelle ; elle est connue depuis Charcot. Mais la théorie du ralentissement du flux de drainage cérébro-spinal dans la participation des symptômes de la SEP a été récemment élaborée. Dans un article paru en 2009 dans the Journal of the Neurological Sciences, Paolo Zamboni et son équipe ont synthétisé leurs travaux précédemment publiés dans différents journaux (notamment Current Neurovascular Research). Il suggère par le biais d’une étude clinique randomisée que la CCSVI contribue au processus inflammatoire et neuro-dégénératif dans la sclérose en plaques ; la correction par voie endoveineuse des anomalies améliorant le handicap de ces patients. Lors du dernier congrès de l’American Academy of Neurology en avril 2010, l’équipe de Zivadinov (université de Buffalo) a constaté une prévalence de la CCVSI chez les patients atteints de SEP de 56,4% contre 22,4% chez les témoins sains (étude doppler uniquement). Tous ces travaux ont suscité des débats passionnels entre les pro et les anti Zamboni lors du dernier congrès de l’ECTRIMS (European Committee for Treatment and Research in Multiple Sclerosis) qui s’est tenu à Gothenburg (Suède) en octobre 2010. L’unanimité s’est faite sur la nécessité d’essais cliniques contrôlés complémentaires. Une recommandation concernant le traitement a été mise au point. Elle est la suivante : « tant que les risques et bénéfices des procédures traitant la CCVSI ne sont pas validés, le traitement de la CCVSI en dehors d’essais cliniques contrôlés n’est pas recommandé ». Par le biais de The Steering Committee of the Italian MS Foundation (FISM) je participe avec le Professeur Cluzel à un essai Clinique international contrôlé randomisé qui comprend 15 centres (USA(4), Canada(2), Hollande(1), Italie(1), Royaume-Uni (1), France(1)…) dont le but est « l’évaluation à court et long terme de l’efficacité et des risques des procédures de dilatation endoveineuse sur les symptômes et la progression de la SEP » Nous n’avons jusqu’à ce jour observé aucune complication sur les 102 patients traités ; les résultats à court terme sont très encourageants. Les procédures réalisées à la Pitié pour les patients français ne peuvent être effectuées en dehors du consentement du neurologue qui suit le patient et qui doit calculer son handicap (EDSS) avant la procédure, puis à 3,6, 12, 24 mois de la procédure. Le comportement des neurologues est très variable. Certains sont pour, d’autres ne sont pas contre (« car il n’y a pas de raison pour qu’en France des essais soient entrepris avec des molécules potentiellement dangereuses et soient interdits pour les thérapeutiques endo-veineuses »), d’autres ne connaissent pas, enfin certains sont contre préférant attendre les publications internationales. L’apport du doppler est important dans la décision thérapeutique. Cet examen n’est pas facile et nécessite une courbe d’apprentissage. Il conduit au calcul du score de CCSVI (cotation de 1à5) ou plus récemment au calcul du VHISS (venous hemodynamic insufficiency severity score). Pour compléter cette information, je dois signaler que je traite certains patients expertisés par les centres américains à l’Hôpital Américain (la liste d’attente aux USA pour accéder au traitement étant de 8000 patients). Cette mise au point objective m’a paru nécessaire pour clarifier la situation et éviter des considérations sans fondement. Amicalement, Milka GREINER Service de Radiologie vasculaire Pr CLUZEL [email protected] Unité 51 Hôpital Américain ([email protected])