Cahier de la médiation scientifique POLES ET RECHAUFFEMENT Atelier Département Action Culturelle 2009 1 POLES ET RECHAUFFEMENT Préambule Fiches Produit et objectifs Scénario p.4 p.5 Déroulement Préparation Introduction Présentation des colis Distribution des colis synthèse Fiche technique et budget Fiche Ressources humaines p. 6 p. 7 p. 8 p. 9 p.13 p.17 p.18 Ressources connaissances de base Le milieu polaire La vie polaire p.19 p.31 Bibliographie, sites web, contacts p.41 Bilan des médiateurs Bilan de fréquentation p.42 p.43 2 PREAMBULE Ce cahier de la médiation scientifique est à la fois la mémoire d'une animation qui peut disparaître puis réapparaître, et un outil de formation pour permettre son appropriation par de nouveaux arrivants. Ce document retrace minutieusement le scénario et l’historique d’un produit de médiation. Il faut cependant garder à l’esprit que ce cahier est un support qui a ses limites : “ animer ”, “ faire une animation ” est un savoirfaire, une expérience humaine difficile à transcrire. Par conséquent ce cahier n’est pas une notice à suivre à la lettre mais un accompagnement à la découverte d’un produit de médiation. Pour s’approprier l’animation, il est indispensable de la suivre, de la pratiquer et de rencontrer l’équipe de conception. Ce cahier comporte trois parties : - - des fiches qui présentent le travail réalisé dans sa globalité, des ressources qui regroupent les pré-requis nécessaires à la pratique de l’animation, ainsi que des références bibliographiques, des bilans comprenant des remarques des médiateurs et une analyse issue d’un travail d’évaluation auprès du public. 3 PRODUIT ET OBJECTIFS Titre : Pôles et réchauffement Accroche : (sous-titre éventuel) Programme d’animation : Atelier présenté à la Cité des sciences et de l’industrie depuis octobre 2008 Type : atelier Publics : groupes scolaires du CM1 à la 5ème Capacité d’accueil : 30 personnes Durée : 45 min Lieu : Géolabo 1 Nombre d’intervenants : 1 médiateur CSI Matériels : présentation : un globe, des fiches de présentation de l’équipe de chercheurs, 2 photos satellite de la zone arctique en 1979 et en 2008. Un diaporama PowerPoint. - atelier 1 : 2 caissons de mesure de l’albédo (avec lampe, luxmètre et feuilles blanches et bleues). - atelier 2 : 10 photos satellite de 2008 de la zone arctique, 10 calques de la limite de la banquise en 1979, 10 crayons à papier, 10 crayons de couleur bleus. - atelier 3 : cartes de localisation des mergules et courants d’eaux, étiquettes mergules et étiquettes copépodes. Il est donné à chaque élève un livret de bord où il peut écrire ses conclusions. Objectifs : - découvrir l’impact du réchauffement climatique sur l’environnement au pôle Nord. - sensibiliser au rôle du pôle dans la régulation du climat de la planète 4 SCENARIO Trois colis sont arrivés ce matin en direct du Pôle nord où une équipe de chercheurs est en mission depuis 6 mois. Les élèves doivent exploiter les données qui ont été envoyées. Ils sont invités en petits groupes à découvrir plusieurs ateliers thématiques : impact de la fonte de la banquise sur la vie d’un oiseau (le mergule) estimation de la fonte de la banquise - mesure de l’albédo. La mise en commun permettra de formuler des conclusions quant à l’influence du réchauffement de la planète sur l’environnement polaire et sur l’impact de la fonte de la banquise dans le réchauffement climatique. 5 PREPARATION Préparation 15 minutes avant le début de l’animation : - - Sur l’ordinateur, ouvrir la page d’accueil « Pôle et réchauffement » . Pour l’atelier 1, disposer les caissons de mesure de l’albédo. Placer les colis sur la table de présentation. En amont : - Vérifier les stocks de calques. Vérifier les stocks de livret de bord. Après l’animation : - Ranger le matériel ! ! Eteindre le vidéo projecteur. Eteindre l’ordinateur. 6 INTRODUCTION 1. Introduction Situation géographique du pôle nord sur le globe. Définition de l’Arctique (un océan gelé entouré de continents : Alaska, nord Canada et Groenland) et de la banquise (couche de glace d’une épaisseur de 3 mètres environ qui couvre en partie l’océan glacial Arctique. Pourquoi avez-vous choisi cette animation ? Pourquoi «pôles » avec un S ? Sauriez-vous les placer ? On utilise le globe. Y a-t-il une différence entre les pôles ? Antarctique = terre / pôle nord = mer gelée. Si on fait fondre cette glace, il n’y aura que de l’eau. Cette eau gelée s’appelle la banquise. Quelle est son épaisseur ? Faire visualiser l’épaisseur avec un élève (2 fois sa hauteur). « Nous avons reçu du courrier de notre équipe de chercheurs du CNRS envoyés au pôle Nord (Spitzberg). Cette équipe surveille la banquise et étudie le climat de cette région du monde. Nous avons reçu 3 colis que nous n’avons pas ouvert, nous vous attendions. » On montre les Collègues et les autres photos. 7 PRESENTATION DES COLIS Présentation des 3 colis (à partir du diaporama PowerPoint) Activité 1 : Etudier les conséquences du changement de couleur au pôle due à la fonte de la banquise. Qu’est ce qu’un luxmètre ? Il mesure la lumière renvoyée par des objets. Qu’est ce que l’albédo ? C’est la quantité de lumière qui est renvoyée par les différentes surfaces, les différents objets. Quand des rayons arrivent sur l’objet, celui-ci décide de ne renvoyer qu’une partie, le bleu par exemple, la couleur arrive alors à nos yeux : il est bleu : il a gardé une partir des rayons pour lui. Si l’objet est foncé, il renvoie peu de lumières, il en garde beaucoup pour lui. Un objet blanc c’est le contraire : il renvoie toute la lumière. Un objet blanc ne garde rien un objet noir garde tout : la lumière et la chaleur. Un objet foncé est donc plus chaud qu’un objet clair. Activité 2 : déterminer la proportion de la banquise qui a fondu à partir de 2 photographies satellites (1979 et 2008) et d’un calque. Activité 3 : déterminer si un oiseau (le mergule) peut être un bio indicateur (et faire partie des outils d'évaluation de la qualité de l'environnement). Présentation du mergule et des copépodes. Place des mergules et des copépodes dans la chaîne alimentaire. 8 DISTRIBUTION DES COLIS Distribution des colis et travail en atelier des élèves : 15 minutes Le rapporteur de chaque groupe lit le colis et l’animateur montre la question à l’écran. Activité du colis n°1 : expérience Si la banquise fond, vue du ciel, la couleur de l’océan arctique passe du blanc au bleu foncé. Penses-tu que le changement de couleur a une conséquence sur la température au Pôle nord ? Pose la feuille blanche sous la lampe. Avec le luxmètre, mesure la lumière renvoyée. Calcule la différence avec la lumière émise par la lampe : c’est la lumière absorbée. Fais la même expérience avec la feuille bleue. Quelle couleur absorbe le plus de lumière et donc le plus de chaleur ? Expérience Le luxmètre permet de mesurer la lumière renvoyée LAMPE LUXMETRE Lumière émise Lumière renvoyée Lumière absorbée FEUILLE COLOREE Les mesures sont effectuées sur des feuilles colorées blanche (banquise) et bleue (océan). 9 DISTRIBUTION DES COLIS Activité du colis n°2 : observation Nous savons que la banquise diminue un peu plus chaque année. Depuis 1979, nous avons l’impression que la moitié de sa surface a disparu. Est-ce vrai ? 10 DISTRIBUTION DES COLIS Activité du colis n°3 : hypothèse Nous étudions plusieurs groupes d’oiseaux qui vivent en Arctique : les mergules. Le groupe du Spitzberg se porte moins bien que celui du Groenland. Penses-tu que l’étude de cet oiseau peut nous donner des indices sur l’état de la banquise ? 11 DISTRIBUTION DES COLIS 12 SYNTHESE Colis n° 1 : Questions: Quels sont vos résultats ? Quelle manipulation avez-vous effectuée ? On montre la manipulation avec le luxmètre à l’écran. Qu’est-ce qu’on mesure avec le luxmètre ? Quelle couleur renvoie le plus de lumière ? Faire lire la réponse écrite sur le carnet de bord. Ce phénomène s’appelle l’albédo. On explique l’albédo à l’écran. Si la banquise fond, la couleur vue du ciel devient plus foncée : elle absorbe davantage de lumière et donc plus de chaleur. Plus la banquise fond, plus l’eau qu’elle devient absorbe de chaleur et plus cela fait fondre la banquise qui reste. Le phénomène alors s’emballe. La banquise (blanche) renvoie l'énergie solaire, alors que l'eau (qui apparaît bleue) la garde. Donc en remplaçant la banquise par des mers, on amplifie le réchauffement. 13 SYNTHESE DEROULEMENT SYNTHESE Colis n° 2 : On montre les cartes de 1979 et de 2008. En comparant la surface de la banquise en 30 ans, on remarque qu’elle a diminué de moins de la moitié (environ un tiers). On peut se demander combien de temps encore reste-t-il avant qu’elle ne disparaisse complètement. Questions : Combien de temps encore reste-t-il avant qu’elle ne disparaisse complètement. ? Faire le lien avec l’activité du colis n°1 : il a fallu 30 ans pour que la banquise diminue d’un tiers. Dans 30 ans, elle risque de disparaître complètement en raison de l’albédo. Quelles sont les conséquences sur les espèces ? Faire le lien avec l’activité du colis n°3. Y a-t-il un risque d’inondation si la banquise fond ? Avez-vous fait l’expérience avec un glaçon dans un verre d’eau ? L’eau ne monte pas. On le montre à l’écran. C’est différent pour les glaces hors de l’eau (Antarctique ou Groenland) qui provoqueront une élévation du niveau des mers si elles fondent. 14 lk SYNTHESE Colis n° 3 : On montre le mergule et les copépodes (flacon) et où il vit (Arctique). Le mergule est oiseau gros comme un gros pot de yaourt (150 g) qui vit dans la région du Groenland et du Spitzberg. Il se nourrit de copépodes. Les copépodes des eaux froides sont plus gros et plus gras que ceux des eaux chaudes. Les populations de mergules proches des eaux froides se portent donc mieux que celles proches des eaux chaudes. Si la banquise fond, les courants peuvent alors se modifier et devenir plus chauds. Si les courants se modifient, cela peut influencer la taille de copépodes et donc la nourriture des mergules et leur état de santé. En étudiant le mergule, on peut donc observer que, si sa nourriture change, les eaux changent de température et que la banquise fond. Mais ceci reste une hypothèse à vérifier dans le temps, nous en sommes au même point que les chercheurs du CNRS. Le mergule pourrait donc nous renseigner sur la fonte de la banquise et être un bio indicateur. L’état des populations de mergules aura des conséquences sur la chaîne alimentaire de l’Arctique. 15 CARNET DE BORD Un carnet de bord est remis à chaque participant. 16 FICHE TECHNIQUE ET BUDGET Matériel - 4 boîtes cartonnées bleues : les 3 colis des ateliers et un colis contenant le matériel de présentation. Des photos satellite de la banquise. Des calques du pourtour de la banquise. Des cartes de la zone arctique de l’Atlantique nord. Des étiquettes mergules et copépodes Des livrets de bord 2 luxmètres et 2 lampes montées sur 2 boîtiers menuisés (Pierron education SAS, 534 €) Crayons de couleur (35,11 €) 17 RESSOURCES HUMAINES Chef de projet, Médiateurs concepteurs de l’animation Nom poste e-mail Valérie LEROUYER Graciela BURCHARD Sandrine CHAUVEAU Laurence DENIS Audrey GARROUSTE Agathe SANINO Jean SUEUR Philippe WALTON 73 34 82 36 7206 80 99 82 65 83 89 36 95 74 26 [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] Agathe [email protected] [email protected] [email protected] Régie 0140057619 [email protected] Validation scientifique : Cahier rédigé par : Jean SUEUR Valérie LEROUYER 8298 7334 [email protected] [email protected] Coordination des cahiers de la médiation scientifique : Rémi MOUILLET 7887 [email protected] 18 LE MILIEU POLAIRE Les pôles, moteur du climat Que ce soit au niveau des paysages ou des écosystèmes, le changement climatique en cours fait subir aux régions polaires de profondes modifications. Ces régions de hautes latitudes sont non seulement d'excellents révélateurs du réchauffement global, mais elles exercent aussi une action majeure sur la machine climatique. Par exemple, un mécanisme de rétroaction fait que le recul généralisé des surfaces blanches est à la fois cause et conséquence du réchauffement à l'échelle de la planète. Explications : levier principal de la cryosphère sur le climat, l'albédo est la capacité de la glace à réfléchir les rayons solaires. «La Terre perd de l'énergie parce que le rayonnement n'est pas absorbé par les régions polaires et repart vers l'espace», rappelle Gerhard Krinner. D'où l'importance des glaces – dont l'albédo est quatre fois supérieur à celui de l'océan libre –, et en particulier de la banquise qui recouvre l'océan Arctique. Contrairement à celle qui se forme au Sud, celle-ci se maintient toute l'année. Mais pour combien de temps ? Car certains prévoient qu'en 2040, elle disparaîtra complètement en été. « Depuis 1977, les glaces de mer ont reculé de 2 millions de kilomètres carrés en été, soit de 10 à 15 pour cent. On pense qu'un tiers du réchauffement climatique global observé est dû au recul de la banquise arctique », affirme Frédérique Remy. Plus inquiétant : ces mêmes glaces de mer ont aussi beaucoup perdu en épaisseur et c'est donc tout un mécanisme important de refroidissement de la Terre qui est en train de disparaître. À combien estime-on l'amincissement ? C'est la grande inconnue. La seule donnée dont disposent les chercheurs provient de sous-marins américains circulant sous la glace et pour qui 40 pour cent de la banquise aurait déjà fondu. Cette conclusion alarmante, critiquée néanmoins par de nombreux scientifiques qui estiment les mesures trop parcellaires, a poussé les chercheurs à organiser des campagnes pour s'informer plus précisément de la santé des glaces de mer arctiques. Ainsi, la plus importante est la mission européenne Damoclès, l'un des grands projets labellisés API et coordonnés par des chercheurs français. «Est-ce que toute la banquise va disparaître en été au cours de ce siècle ? Comment cette disparition va-t-elle influencer le climat ?», s'interroge Jean-Claude Gascard, chercheur au Laboratoire d'océanographie et du climat : expérimentations et approches numériques et coordinateur de Damoclès. Tandis qu'en ce moment même, une goélette, Tara, prisonnière de la banquise, a pour mission de recueillir des informations sur l'eau et l'atmosphère tout en mesurant les déformations subies par la glace. Outre Tara, les chercheurs déploient tout un dispositif qui comprend des bases flottantes, des réseaux de capteurs fixes ou dérivant avec la banquise, des ballons-sondes, des brise-glace, un suivi satellite… un effort considérable pour accéder à l'état de santé des glaces de mer, paramètre-clé qu'attendent tous les climatologues du monde. [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] 19 LE MILIEU POLAIRE L’Arctique : un océan gelé entouré de continents Le pôle Nord occupe à peu près le centre de cet océan, appelé « océan arctique » ou Glacial Arctique, couvert en grande partie par une banquise permanente. La frontière la plus communément admise est la ligne à l’intérieur de laquelle la température ne dépasse jamais 10°C pendant le mois le plus chaud (juillet). Cette limite isotherme correspond assez bien au passage de la taïga à la toundra. L’Arctique est donc composé d’une part de l’océan Arctique, qui s’ouvre d’un côté sur l’Atlantique Nord et de l’autre sur le Pacifique Nord par le détroit de Béring, et d’autre part des terres qui l’encerclent. Les terres arctiques sont formées par le « Grand Nord » des continents Américain (Alaska, nord du Canada et Groenland) et Eurasien (Laponie et Sibérie), et par les îles qui les jalonnent (Svalbard, Terre de François-Joseph, Nouvelle Zemble, Svernaïa Zemlia, archipel canadien..) L’océan Arctique, déversoir des fleuves géants Les eaux des grands fleuves du nord de la Russie et de l’Amérique se retrouvent dans l’océan Arctique, après avoir drainé des régions distantes de milliers de kilomètres. Les 3 plus puissants, l’Ob, la Lena et le Ienisseï, y déversent chacun plus de 500 km3 d’eau douce par an (35 fois le débit de la Seine), abaissant ainsi la salinité de l’océan. Le « cercle polaire » C’est le lieu des points à partir desquels le soleil ne franchit plus l’horizon aux solstices : il ne se couche pas le 21 juin et ne se lève pas le 21 décembre. Nuits et jours deviennent progressivement plus longs à l’intérieur de ce cercle, atteignant 6 mois au pôle même. Sa position est due à l’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre par rapport au Soleil. 20 LE MILIEU POLAIRE Surface de l’océan Arctique : 13 millions de km2. Surface totale de l’Arctique 21 millions de km2. (38 fois la France). 75% est recouvert de banquise permanente compacte, formée de glace vieille de plusieurs années. Elle dérive, entraînée par les vents, globalement dans le sens des aiguilles d’une montre. L’épaisseur de la glace y est normalement comprise entre 3 et 3,5 m. Les plaques de glace peuvent se chevaucher et former localement des crêtes de compression de 10 à 20m. Isotherme : ligne qui, sur une carte, relie tous les points du globe ayant la même température moyennne. Taïga : forêt de conifères. Toundra : végétation rase composée de lichens, mousses, plantes à fleurs basses et arbustes nains. 21 LE MILIEU POLAIRE L’Albédo Albédo est un mot latin (signifiant blancheur) qui décrit la luminosité de quelque chose. Connaître l'albédo terrestre est essentiel pour comprendre le climat. L'albédo est le rapport de la quantité de lumière réfléchie par un objet sur la quantité de lumière qu'il reçoit. Comme la lumière est composée de plusieurs couleurs, une partie d'entre-elles peut être réfléchie, et l'autre partie absorbée. Si toutes les couleurs sont réfléchies, l'objet est de couleur blanche. Si aucune n'est réfléchie (donc toutes les couleurs sont absorbées), l'objet est noir. Si un objet absorbe toutes les couleurs sauf par exemple le rouge, votre oeil verra la couleur rouge réfléchie et vous direz que l'objet est rouge. La lumière qui est absorbée sera naturellement transformée en chaleur: c'est pourquoi, en été, les objets foncés sont plus chauds que les objets clairs, car ils absorbent toutes les couleurs. Mesures Dans la pratique, un corps est perçu comme blanc dès qu'il réfléchit au moins 80% de la lumière d'une source lumineuse blanche. À l'inverse tout corps réfléchissant moins de 3 % de la lumière incidente paraît noir. Certaines matières ont un albédo très variable, comme les nuages. En revanche, les corps solides ont bien souvent des albédos fixes, qui caractérisent leur composition chimique. Par exemple, la lave a un albédo de 0,04, le sable entre 0,25 et 0,30, la glace environ 0,60, la neige (épaisse et fraîche) jusqu'à 0,90. L'albédo moyen terrestre est de 0,30 toutes surfaces confondues. Un indicateur climatique important La neige fraîche, avec un albédo très élevé, paraît très blanche L'albédo est l'un des indicateurs prévenant de la température de la surface de la terre. C'est un "baromètre" des variations climatiques qui influe sur la connaissance de l'amplitude de l'effet de serre en opposant une rétroaction positive sur la température en surface et des océans, en fonction de la variation du volume des glaces. Le refroidissement d'origine astronomique entraîne une extension des glaces continentales, de l'inlandsis, des glaciers, et donc une augmentation de l'albédo ; la planète réfléchit davantage le rayonnement solaire, en absorbe moins, ce qui amplifie son refroidissement. Le réchauffement a des effets inverses. Ce qui pose problème aujourd'hui : le réchauffement de la planète fait fondre la banquise polaire, ce qui diminue l'albédo et donc augmente la température de la planète. Source :Wikipedia. 22 LE MILIEU POLAIRE Qu’est-ce qu’un luxmètre ? Un luxmètre est un capteur permettant de mesurer simplement et rapidement l'éclairement réel, et non subjectif. L'unité de mesure est le lux. Les luxmètres modernes fonctionnent selon le principe d'une cellule C.C.D ou cellule photovoltaïque ; un circuit intégré reçoit une certaine quantité de lumière (photons constituant le « signal » qui est une énergie de rayonnement) et la transforme en signal électrique (signal analogique). Ce signal est visualisé par le déplacement d'une aiguille, l'allumage d'une diode, l'affichage d'un chiffre... Une photo résistance associée à un ohmmètre jouerait le même rôle. Un filtre de correction de spectre permet d'éviter que les différences de spectre ne faussent la mesure (la lumière jaune est par exemple plus efficace que la bleue pour produire un électron à partir de l'énergie d'un paquet de photons). Les luxmètres peuvent avoir plusieurs échelles pour s'adapter aux faibles ou fortes luminosités (jusqu'à plusieurs dizaines de milliers de lux). L’unité traditionnelle de mesure est le lux, qui correspondait à la lumière portée par une flamme de bougie à 1 mètre de distance. Il a d'abord été utilisé par les photographes ou cinéastes, par les éclairagistes. Il est de plus en plus utilisé par les énergéticiens pour optimiser l'éclairage intérieur (20 à 60 % de l'électricité est consommée par l'éclairage) ou extérieur (qui gaspille souvent beaucoup d'énergie). On les utilise plus rarement aussi pour mesurer la luminosité du ciel en météorologie, pour mesurer la lumière reçue au sol en forêt ou dans une serre. Depuis quelques années, il est utilisé par des écologues, astronomes ou architectes « HQE » (Haute qualité environnementale) pour établir des indices quantitatifs de pollution lumineuse ou de l'intrusion lumineuse afin de les réduire par des matériels et stratégies d'éclairage adaptées. Source Wikipedia 23 LE MILIEU POLAIRE Une bibliothèque de glace Les données sur l'évolution du climat actuel ne sont pas suffisantes pour prévoir quelle sera l'ampleur du changement climatique en cours. Pour cela, les chercheurs doivent aussi se pencher sur le passé. Une histoire préservée notamment dans les glaces des calottes polaires qui archivent depuis des centaines de milliers d'années un bon nombre de paramètres climatiques. Pour accéder à ces données, la communauté scientifique internationale s'est réunie autour de très gros projets : des forages réalisés en Antarctique et au Groenland. L'exemple le plus éclatant en est le programme européen European Project for Ice Coring in Antarctica (Epica), qui a permis d'extraire de l'Antarctique de l'Est, à la base française du Dôme C, une carotte de glace de 3 kilomètres de long, véritable livre d'histoire du climat de ces derniers 800 000 ans 10. Une période deux fois plus longue que celle du précédent record, la carotte de Vostok extraite dans le cadre d'une collaboration franco-russe. Mais que trouve-t-on au juste dans ces carottes ? Les bulles d'air qui restent prisonnières des glaces contiennent une foule d'informations, comme la composition de l'atmosphère aux différentes époques successives, et notamment la teneur en gaz à effet de serre, CO2, méthane, dioxyde d'azote… On y trouve les températures régnant au-dessus de l'Antarctique et du Groenland grâce à la composition isotopique de la glace. Celle-ci contient aussi des poussières, des aérosols, du pollen qui témoignent à la fois des vents qui dominaient dans le passé et de l'aridité des continents, étant donné que la sécheresse favorise la présence de poussières dans l'atmosphère. Ce n'est pas tout. « Nous avons d'autres marqueurs importants, comme le béryllium 10, qui nous renseigne sur l'activité solaire et la force du champ magnétique terrestre, le rapport isotopique de l'oxygène contenu dans les bulles d'air, qui donne des indications sur l'activité biologique et le niveau de la mer, et les cendres volcaniques, qui nous éclairent sur l'impact que peuvent avoir sur le climat les éruptions volcaniques et nous servent de point de repère pour relier entre elles les différentes carottes », récapitule Frédéric Parrenin, chercheur au LGGE. Tous ces ingrédients permettent aux paléoclimatologues de reconstruire avec précision l'histoire du climat. (Suite page suivante) 24 LE MILIEU POLAIRE Les chercheurs commencent à peine à analyser les glaces de la carotte d'Epica, mais les résultats préliminaires sont déjà passionnants. On sait désormais que la concentration actuelle de CO2 et de méthane de l'atmosphère dépasse très largement tous les niveaux observés au cours des 800 000 dernières années. Vingt-sept pour cent de plus pour le CO2 et 230 pour cent de plus pour le méthane, autre gaz à effet de serre produit en quantité par l'élevage et l'agriculture. Mais il y a plus : « Les glaces d'Epica ont démontré que la corrélation entre une température globale élevée et une forte concentration des gaz à effet de serre ne s'est jamais démentie au cours de cette longue période », explique Dominique Raynaud, chercheur au LGGE. Le Groenland a connu lui aussi d'importants forages, comme celui de North Grip, qui a permis d'extraire plus de cent mille ans d'archives glaciaires, avec une résolution très faible de l'ordre de la décennie. « Dans cette carotte, nous voyons clairement des variations du climat extraordinairement brutales, caractérisées par une augmentation des températures en quelques décennies survenues lors des périodes glaciaires. Elles ont pu atteindre 10 à 15 degrés au Groenland. Ce sont les événements dits de Dansgaard-Oeschger », relate Dominique Raynaud. Ces mystérieuses sautes d'humeur climatiques sont suivies de refroidissements plus lents, sur quelques centaines d'années. Elles se seraient produites une vingtaine de fois lors de la dernière période glaciaire – qui a débuté il y a 115 000 ans et s'est achevée il y a 11 000 ans –, et trouveraient leur écho très loin au sud. Elles demeurent en effet lisibles dans les glaces de l'Antarctique, notamment dans celles de la carotte d'Epica. « Les épisodes d'augmentation des températures au Groenland sont répercutés par une perte de chaleur en Antarctique et vice versa »11, explique Valérie Masson-Delmotte, chercheuse au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE)12. Un jeu de vases communicants qui illustrerait « le rôle joué par les courants marins dans le transport de chaleur entre le Nord et le Sud ». D'où l'intérêt de mettre en relation les données recueillies à la fois au Nord et au Sud et de pratiquer des forages dans les deux hémisphères. Lors de cette quatrième API, les chercheurs étudieront d'ailleurs de nouveaux projets de forage, dans l'espoir de franchir la barre du million d'années d'archives glacées. ©Sebastian Escalon Le journal du CNRS Source : Vin Morgan © Australian Antarctic Division 2006 Kingston Tasmania 7050 25 LE MILIEU POLAIRE L’élévation du niveau des mers et la fonte des glaces On distingue deux sortes de glaces : les calottes posés sur les continents (glaces continentales, telles la calotte de l'Antarctique et du Groenland, pouvant atteindre plusieurs milliers de mètres d'épaisseur) et les banquises (glaces de mer, qui s'étendent dans l'océan Arctique et autour de l'Antarctique, pouvant atteindre 15 mètres d'épaisseur). UNE ELEVATION THEORIQUE DU NIVEAU MARIN DE 70 A 80 METRES... Le volume total des glaces continentales est estimé à un peu plus de 30 millions de kilomètrescubes, réparti essentiellement sur l'Antarctique : • • • Antarctique : 29 millions de km3 Groenland : 2,5 millions de km3 Autres glaciers : 0,2 millions de km3 La surface des océans représente à peu près 70 % de la surface terrestre (rayon 6 370 kilomètres, soit surface totale = 4 x pi x 6370 x 6370 = 510 millions de km2) c'est-à-dire 357 millions de km2... Donc, si tous les glaciers continentaux fondaient, les 30 millions de km3 de glaces élèveraient le niveau de la mer de 30 / 357 = 0,084 kilomètre, soit 84 mètres... En réalité, ce serait un peu moins, parce qu'une partie des glaciers de la partie ouest de l'Antarctique n'adhère pas partout au socle continental, qui est ici sous le niveau de la mer, et la fonte des glaces de mer (banquises) n'influence pas le niveau marin. En effet, comme les glaces de mer flottent, elles déplacent un volume d'eau de mer dont le poids est égal au poids de la glace (principe d'Archimède, 3e siècle avant J.C.). Si cette glace océanique fond, l'eau de fonte occupe exactement le volume d'eau de mer que la glace occupait, sans modifier le niveau marin. On peut tester cela en étudiant la fonte d'un glaçon dans un verre d'eau : le niveau d'eau dans le verre ne changera pas ! Par contre, la fonte d'un glaçon suspendu au dessus du verre fera monter le niveau d'eau dans le verre... 26 LE MILIEU POLAIRE QUE CONSTATE-T-ON DANS LES ARCHIVES DU PASSE ? Si on compare une époque chaude (période interglaciaire), comme celle qui existe actuellement et depuis 10 000 ans, avec une époque froide, période glaciaire, cela correspond à un réchauffement de 5 degrés en moyenne sur Terre, d'environ 10°C en Antarctique et 20°C au Groenland. On constate que : • • la calotte antarctique reçoit deux fois plus de neiges en période chaude et donc « gonfle ». la calotte groenlandaise, par contre, « fond » en période chaude et semble avoir été un peu plus réduite il y a 120 000 ans (où il faisait plus chaud de quelques degrés que maintenant) que durant l'interglaciaire actuel. A cette époque, le niveau des mers était plus élevé de quelques mètres (environ 6 mètres). QUE MESURE-T-ON ACTUELLEMENT ? On mesure une élévation globale du niveau de la mer, de l'ordre du millimètre par an. Augmentation du niveau des mers depuis 1860. Source : site Climat du CNRS. 27 LE MILIEU POLAIRE Par ailleurs, on mesure assez précisément le volume des glaces par altimétrie sur avion ou satellite. Au Groenland, les mesures montrent un amincissement probable des régions périphériques, mais avec des répercussions très faibles sur le niveau de la mer. L'élévation est en partie due à la fonte des glaciers de moyennes et basses latitudes, mais aussi et principalement à la dilatation de l'océan par réchauffement (expansion thermique), puisque la masse volumique de l'eau diminue avec l'augmentation de la température. QUE PREVOIENT LES SCIENTIFIQUES ? Dans un premier temps, en réponse au réchauffement océanique, l'accroissement possible des précipitations sur les régions polaires pourrait amener les calottes à grossir légèrement et à contrecarrer ainsi l'élévation du niveau de la mer liée à la dilatation des océans. A l'échelle de quelques dizaines d'années, le réchauffement de l'océan induit principalement une variation du niveau des mers par expansion thermique. Par contre, à l'échelle du siècle et des prochains siècles la fonte des glaces devrait prendre le pas et contribuer à l'augmentation du niveau de la mer. Si le réchauffement climatique n'est pas endigué ou s'il est stabilisé à +5 à 6°C sur le Groenland, certains modèles, qui ne sont qu'une approche de la simulation de la réalité, tablent sur une fonte totale ou de moitié du Groenland, à échéance de 5 siècles. Gilles Delaygue (Université Paul Cézanne/ Université de Provence/ CNRS) Jean Jouzel (CEA/CNRS/Université Versailles-StQuentin) Jean-François Minster (IFREMER) Jean-Louis Dufresne (Université Pierre et Marie Curie/ENS/Ecole Polytechnique/CNRS) Olivier Boucher (Université de Sciences et Techniques de Lille / CNRS) Marie-Antoinette Mélière (Université Joseph Fourier de Grenoble./CNRS). http://planet-terre.ens-lyon.fr/planetterre/XML/db/planetterre/metadata/LOM-fonte-desglaces.xml 28 LE MILIEU POLAIRE Banquise et courants marins http://www.ifremer.fr/lpo/cours/dynamique/diapos/sld002.htm Lorsque l’eau de mer gèle, le sel est en partie expulsé. Il traverse la glace et se retrouve sous la glace de mer, dans l’eau qui n’a pas encore gelé. L’eau sous la banquise est donc très froide et sur-salée. Cette eau très dense va plonger vers les profondeurs, ce qui crée un courant d’eau profonde froide qui parcourt les océans du monde. Lorsque la latitude diminue ce courant se réchauffe et fait surface dans le Pacifique et l’océan indien, puis reprend la direction de l’atlantique nord. Cet immense tapis roulant ou circulation thermo haline, régule le climat de la terre. Il permet l’échange de chaleur entre les régions tropicales et les pôles. La présence de la banquise est donc vitale pour l’équilibre du climat de la planète. Le réchauffement actuel pourrait interrompre la formation d’eau profonde et arrêter une partie de la circulation thermo haline. Ceci aurait des conséquences très importantes de refroidissement des régions réchauffées par le Gulf Stream. Gulf Stream : http://flynetweb.free.fr/gulf.htm Le Gulf Stream est un très grand courant océanique permanent et chaud de l'Atlantique Nord. Il est en fait une partie d'un plus grand courant, grossi par d'autres déplacements d'eaux affluents. Ce courant se forme dans le golfe du Mexique, où les eaux sont chaudes. Les courants permanents ainsi que les vents très puissants permettent d'amorcer des mouvements océaniques. Ce courant passe entre Cuba et la pointe de Floride. C'est à ce niveau que le courant atteint sa largeur maximale, d'environ 80km, et une profondeur de 640m. Sa vitesse varie alors de 100 à 150 km/j. Il longe la pointe de Floride vers le nord, puis il change de direction, vers le nordouest. Aux abords de l'Europe, il se sépare en deux ramifications; Une dirigée vers l'Islande, et l'autre vers l'île des Açores. Le Gulf Stream baigne de ses eaux chaudes une partie de la côte Atlantique de l'Europe du Nord Ouest, c'est à dire: - la façade Ouest du Royaume Uni. - la côte Atlantique en France. - le pays basque espagnol. - et de manière moins importante les côtes islandaises et norvégiennes. En 1855, un lieutenant de marine américain, Maurice Fontaine Maury, publia The Physical Geography Of The Sea and its Meteorology. Cet ouvrage connut un succès retentissant, il y affirmait que le Gulf Stream avait un rôle essentiel dans la régulation des températures sur l'ouest de l'Europe en hiver. 29 LE MILIEU POLAIRE LA CIRCULATION PROFONDE THERMOHALINE En profondeur, les masses d'eau se déplacent sous l'effet de variations de densité dues aux modifications de la température et de la salinité en surface ; cette circulation des courants profonds est appelée circulation thermohaline. http://www.educnet.education.fr/obter/appliped/ocean/theme/ocean52.htm 30 LA VIE POLAIRE Qu’est-ce qu’un bio-indicateur ? Un bio-indicateur est un indicateur constitué par une espèce végétale, fongique ou animale ou par un groupe d'espèces (groupe éco-sociologique) ou groupement végétal dont la présence (ou l'état) renseigne sur certaines caractéristiques écologiques (c'est à dire physico-chimiques, microclimatique, biologiques et fonctionnelle) de l'environnement, ou sur l'incidence de certaines pratiques. Le principe est d'observer des effets, au niveau de l'individu et/ou d'une population. Ces effets doivent être mesurables via l'observation de divers degrés d'altérations morphologiques, comportementales, tissulaires ou physiologiques (croissance et reproduction), conduisant dans les cas extrêmes à la mort de ces individus ou à la disparition d'une population. Le lichen par exemple est un bio-indicateur de certaines pollutions de l'air dans une forêt ou une ville. Les principales propriétés d’un bon bio-indicateur sont premièrement d’être répandu sur un grand territoire et être relativement abondant. Il doit être le plus sédentaire possible pour refléter les conditions locales. Il doit aussi avoir une taille rendant possible l’étude de ces différents tissus et de leurs composantes (muscles, os, organes,…). Il doit ensuite tolérer les contaminants à des concentrations semblables à celles observées en milieu pollué dans l’environnement sans un effet létal. Il doit aussi survivre hors du milieu naturel et tolérer différentes espèces animales ou végétales comme bio-indicateurs ou espèces sentinelles du climat. Les changements climatiques sont susceptibles d’affecter grandement le fonctionnement des écosystèmes marins de l’Arctique. Afin d’évaluer leur impact es conditions de laboratoires (pH, température, …). Il doit finalement exister une relation entre la concentration en contaminants dans le milieu externe et la concentration dans l’organisme. Certains bio-indicateurs sont aussi des bio-intégrateurs ; ils peuvent être doublement utiles dans le cadre de programmes de bio-surveillance. 31 LA VIE POLAIRE Les espèces sentinelles du climat À l'instar des paysages polaires, le changement climatique bouscule les écosystèmes. Très fragiles, ils réagissent à la moindre variation de température ou de pluviométrie. D'où l'idée des chercheurs d'utiliser certaines espèces potentielles, Ce projet de recherche est intégré au programme API n°122 : ECOGREEN - Ecosystem West Greenland Le renard arctique : un exemple concret de la modification de l’écosystème nordique 166 projets scientifiques se déroulent actuellement dans le cadre de l’année polaire internationale. Le renard arctique est étudié intensément dans le projet Arctic WOLVES, un acronyme pour Arctic Wildlife Observatories Linking Vulnerable EcoSystems. Arctic WOLVES rassemble plus de 40 chercheurs de 9 pays. Le projet a deux objectifs principaux. D’abord mieux comprendre le fonctionnement de la chaine alimentaire de la toundra. La chaine alimentaire est le système nerveux d’un écosystème, sa source principale d’organisation. Le deuxième objectif est de mesurer les effets des changements climatiques sur la faune. Les animaux ne fondent pas au soleil comme un morceau de glace. Ils résistent, se déplacent, tentent de s’adapter. Pourtant la réponse de la vie arctique au réchauffement devient visible. À sa frontière sud la toundra se désagrège. Le renard arctique est le principal prédateur de la toundra, donc un maillon incontournable de la chaine alimentaire. À cause du réchauffement son territoire nordique se rétrécit et est envahi au sud par son compétiteur le renard roux. En Scandinavie le renard arctique a pratiquement disparu. Au Canada il est encore abondant mais recule. Dominique Berteaux, chaire de recherche du Canada en conservation des écosystèmes nordiques et Centre d’études nordiques, Université du Québec à Rimouski. 32 LA VIE POLAIRE Le mergule, un bio-indicateur ? David Grémillet, chercheur à l'Institut pluridisciplinaire Hubert Curien à Strasbourg, s'intéresse aux populations d'un petit oiseau arctique, le mergule nain. Ce poids plume de 150 grammes se nourrit de copépodes, un crustacé planctonique qu'il pêche au rythme de 65 000 par jour ! Or, plus la mer est froide, plus les copépodes sont gros, riches en lipides et faciles à attraper. En conséquence, si les eaux se réchauffent, le mergule aura plus de mal à se nourrir, lui et ses poussins. « Ces oiseaux sont une excellente espèce sentinelle car ils sont en prise directe avec la variabilité environnementale. Ils sont en quelque sorte la partie visible de l'iceberg qu'est l'écosystème », explique David Grémillet. Voilà pourquoi nos chercheurs se sont penchés sur des populations de mergules du Svalbard et de la côte orientale du Groenland et cela, dans le cadre du programme Adaclim. « La situation est effectivement très contrastée : au Groenland oriental, où la température de l'eau n'a pas tellement varié, les mergules sont en bonne santé. En revanche, au Svalbard on constate que les mergules peinent à s'alimenter, preuve du réchauffement des eaux », annonce le chercheur. © David GREMILLET IPHC (Université de Strasbourg I) Le journal du CNRS 33 LA VIE POLAIRE Des bio-indicateurs dans l’Antarctique De l'autre côté du globe, aux îles Kerguelen et sur l'archipel Crozet, l'équipe de Marc Lebouvier, ingénieur de recherche au laboratoire « Écosystèmes, biodiversité, évolution » (Ecobio7), cherche à faire le lien entre le réchauffement climatique et l'introduction par l'homme de nombreuses espèces animales et végétales. « Ces introductions ont bousculé les équilibres écologiques. Par exemple, l'arrivée des chats et des rats a fait des dégâts considérables dans les populations d'oiseaux marins. De même, les lapins ont dévasté la flore indigène », explique Yves Frenot, directeur adjoint de l'Institut polaire français Paul-Émile Victor (Ipev) et ancien responsable du programme aux Kerguelen. Mais quel est le rapport avec le réchauffement climatique ? « Les espèces introduites proviennent souvent de régions tempérées et ont dû s'acclimater à un environnement contraignant, mais qui l'est de moins en moins en raison de températures plus douces, affirme Yves Frenot. En cinquante ans, elles ont augmenté de 1,3 degré aux Kerguelen. Ainsi, des espèces qui restaient cantonnées à des zones restreintes, généralement sur les bases scientifiques, sont devenues aujourd'hui invasives. » Un exemple : l'arrivée aux Kerguelen de Calliphora vicina, la mouche bleue. Dans les années soixante-dix, elle vivait réfugiée dans les bâtiments chauffés des bases. Puis, dans les années quatre-vingt, le seuil de températures permettant son développement a été franchi. Elle a ainsi commencé à coloniser la région, soumettant la petite mouche autochtone sans ailes à une compétition déloyale pour l'accès aux ressources. « Il est important de bien connaître ces bouleversements, car ils risquent de se reproduire dans un futur proche sur la péninsule Antarctique. Celle-ci reçoit 45 000 touristes par an qui peuvent introduire sans le savoir de nouvelles espèces », s'inquiète Yves Frenot. [email protected] 34 LA VIE POLAIRE Le plancton arctique Le plancton : un monde minuscule insoupçonné Le mot "plancton" désigne l'ensemble des êtres vivants qui flottent en pleine eau, incapables de lutter contre les courants. L'univers planctonique possède ses végétaux (le phytoplancton, constitué d'algues unicellulaires) et ses animaux (le zooplancton : oeufs, larves, petits animaux, êtres gélatineux, etc.). Le phytoplancton, première étape de la vie marine Les algues du plancton poussent en surface, dans les premières dizaines de mètres, là où la lumière permet la photosynthèse ; en effet, comme pour les végétaux terrestres, le phytoplancton a besoin d’éléments minéraux et de lumière pour se développer. Par photosynthèse, ces minuscules plantes marines transforment l'eau et le dioxyde de carbone en molécules de sucre et en oxygène, celui que nous respirons! Il existe des milliers d'espèces d'algues planctoniques, toutes microscopiques : premier maillon de la chaîne alimentaire marine. Le phytoplancton est la base de la chaîne alimentaire océanique et forme la majeure partie de la biomasse. La combinaison de bonnes conditions de lumière et de température, associée à un apport suffisant de sels minéraux, favorise la prolifération du phytoplancton. Le zooplancton Dans le plancton, on trouve la plupart des groupes zoologiques marins : des animaux unicellulaires aux méduses, dont l'ombrelle peut dépasser 2 m de diamètre ! Cependant, les crustacés y ont une place de choix : les minuscules copépodes figurent même parmi les animaux les plus nombreux de la planète, sans oublier les "fausses crevettes" du krill polaire. Pour favoriser leur flottabilité et leur stabilité dans la masse d'eau, la morphologie de ces organismes s'est adaptée en s'armant de cils, d'appendices, de flotteurs, de bulles, et en développant des formes plates. Le krill, les larves de plusieurs espèces de poissons et les méduses font partie du zooplancton, mais 90 % du plancton serait composé de copépodes herbivores. 35 LA VIE POLAIRE Des crustacés rois du zooplancton : les copépodes On dit que chaque litre d'eau de mer contient de 1 à 10 copépodes ! Ces minuscules crustacés ont un corps en forme de grain de riz, portant des pattes en forme de rames, parfois un oeil relativement évolué - plus proche d'une lunette ou d'un télescope que de notre oeil humain - et des antennes démesurées. De moins d'un millimètre à plusieurs centimètres selon les espèces, bleus ou rouges, incolores ou luminescents, benthiques ou pélagiques, polaires ou tropicaux, on compte quelque 2 000 espèces de copépodes planctoniques. En raison de leur importance dans l'océan, les biologistes les observent avec beaucoup d'attention : identification des espèces, études des contenus stomacaux, estimation des rations journalières, recherche des facteurs de croissance, consommation d'oxygène, fertilité, etc. Source : Wikipedia 36 LA VIE POLAIRE Krill (Euphausia superba) Source : Wikipedia Le krill, de fausses crevettes Le krill est un mot norvégien qui désigne de fortes concentrations d'euphausiacés, petits crustacés à l'allure de crevettes - et autrefois classés parmi ces dernières - conservant de nombreux caractères des crustacés primitifs. On estime le stock de krill à quelque 500 millions de tonnes. Le krill n'est pas stricto sensu, planctonique, puisqu'il nage à 0,5 km/h en essaim et dépasse 2 km/h individuellement. Et à cause de cela, certains spécialistes le classent dans le macroplancton, alors que, pour d'autres, il fait partie du micronecton (du grec nektos, qui nage, comme les poissons, les cephalopodes, etc.). De plus, le krill effectue des migrations verticales dans les 100 premiers mètres de profondeurs, et parfois au-delà, pour rechercher sa nourriture en filtrant l'eau l'aide d'appendice en forme de peignes très fins. 37 LA VIE POLAIRE Un ours polaire sort de son bain. Très bon nageur, on le rencontre aussi bien à terre qu'en pleine mer. © Gilg&Sabard/GREA Le cas de l’Ours Ursus maritimus On compte entre 20 000 et 40 000 ours dans le monde et plus de 15 000 au Canada, notamment dans les territoires du nord-ouest canadien. Le royaume de l'ours polaire est immense : 12 millions de kilomètres carrés de terres et de glaces circumpolaires. On a déjà signalé sa présence très au nord, à 88° de latitude N. On l'observe parfois plus au sud, comme à Terre Neuve, dans le golfe du Saint-Laurent, en Islande et dans le nord de la Scandinavie. Rare dans la plupart des régions, l'ours blanc vit surtout le long des côtes de l'arctique canadien, du Labrador et jusqu'en Alaska. Il préfère les territoires comprenant des banquises, de l'eau libre et de la terre ferme. La banquise lui sert de refuge et d'aire de chasse, tandis que l'eau lui permet d'atteindre sa proie favorite : le phoque. La terre ferme lui permet de s'abriter, d’établir sa tanière et de compléter son approvisionnement quand les phoques manquent. A ce jour, aucune donnée n'est disponible pour connaître ses déplacements précis en période hivernale. La peau de l’ours Sous sa fourrure qui l’aide à se fondre dans le paysage, une couche de graisse, réserve énergétique, le protège contre le froid. Sa peau noire absorbe la chaleur "canalisée" par ses poils incolores qui l’emmagasinent. Ses petites oreilles et sa forme ramassée limitent les pertes de chaleur. Pour marcher sur la neige sans s’enfoncer, ses larges pattes s'étalent comme des raquettes. Sa plante de pied est couverte de poils, ce qui lui permet de s’isoler du froid et de ne pas glisser sur la glace. 38 LA VIE POLAIRE Un ours polaire sort de son bain. Très bon nageur, on le rencontre aussi bien à terre qu'en pleine mer. © Gilg&Sabard/GREA Particularités physiques L’ours est le plus grand des carnivores terrestres. Les mâles pèsent de 500 à 600 Kg pour 240 à 260cm de hauteur. Ils atteignent leur taille adulte à l’âge de 8-10 ans. Les femelles adultes sont deux fois plus petites que les mâles. Longévité moyenne inférieure à 30 ans. Evolution Il semble que l’ours blanc, qui descend de l’ours brun, se soit distingué de cette lignée il y a entre 100 000 à 300 000 ans. Il était alors de plus grande taille qu’aujourd’hui, et se rencontrait en Europe. Il arrive que des ours blancs et bruns se croisent et aient une descendance fertile. Relations humaines Sa chasse est encore autorisée pour les populations locales (Inuit) qui se servent de sa fourrure, de sa viande et de quelques substances leur servant à la médecine traditionnelle. L’ours polaire est potentiellement dangereux pour l’homme, mais les grands espaces où il vit sont très dépeuplés et les incidents rares. Prédateur des prédateurs Au sommet de la chaîne alimentaire, ce super prédateur laisse souvent derrière lui des proies entamées, et laisse ses reliefs aux renards et aux autres ours qui les récupèrent. Il lui arrive de manger des végétaux mais son système digestif n’est pas adapté à cette alimentation (contrairement à l’ours brun qui lui est omnivore). Il mange surtout les parties grasses de ses proies, comme la graisse de baleine ou de pinnipèdes (phoques, éléphants de mer…) à la grande valeur calorique. Il est remarquable en apnée, capable de rester plusieurs minutes en plongée, ses yeux lui permettent de voir relativement bien sous l’eau et de chercher ses proies entre les rochers. 39 LA VIE POLAIRE La nouvelle vie des Inuits Alors qu'on les vouait à disparaître absorbés par la modernité, les Inuits ont su réagir pour sauver leur identité et leur culture. Passer en seulement cinquante ans de l'âge de pierre à Internet, d'une vie en petites communautés nomades à la gestion de territoires plus vastes que l'Europe occidentale : c'est l'incroyable destin des Inuits. Ce peuple a colonisé depuis dix mille ans un espace qui va de la Sibérie orientale au Groenland. Ils sont aujourd'hui environ cent quarante mille, rattachés politiquement à quatre États : la Russie, les États-Unis, le Canada, et le Danemark pour le Groenland. Contraints d'abandonner leur mode de vie traditionnel, ils ont su s'adapter à la nouvelle donne sans pour autant renier leur culture et leur langue et en faisant entendre leurs revendications. « Ces populations se sont maintenues très isolées jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale. Dans les régions où l'accès était difficile par la mer, comme c'est le cas du Groenland oriental, les Inuits formaient de véritables isolats de population », explique Joëlle Robert- Lamblin, chercheuse au laboratoire CNRS « Dynamique de l'évolution humaine : individus, populations, espèces ». Puis, entre les années cinquante et soixante, tout change pour ce peuple : « C'est là que les populations locales reçoivent ce que l'on peut appeler la “civilisation obligatoire” : éducation occidentale, établissements de santé, commerce, religion. Les Inuits se sédentarisent et beaucoup de jeunes sont envoyés pendant leur scolarité dans les internats des grandes villes. Ceci produit un choc culturel parfois très douloureux, notamment au moment où ces jeunes reviennent dans leur communauté », poursuit la chercheuse. La société inuit est profondément déséquilibrée. On aurait pu croire que la culture inuit était condamnée à disparaître peu à peu, à l'instar de très nombreuses sociétés traditionnelles, notamment amérindiennes. Et pourtant, un véritable sursaut se produit. Très vite, les Inuits apprennent à revendiquer des droits sur leurs territoires, à défendre leurs intérêts et à négocier des accords avec les gouvernements de leurs pays de tutelle. Dès les années soixante-dix, les Inuits signent des accords pour réglementer l'exploitation des ressources, notamment hydroélectriques et pétrolières. En 1977, ils créent la Conférence circumpolaire inuit afin de promouvoir leurs droits et leurs intérêts à l'échelle internationale et d'assurer la protection de l'Arctique. En 1979, ils obtiennent une autonomie presque totale du Groenland vis-à-vis du Danemark. Puis en 1999, vient leur succès le plus spectaculaire : la création dans le Grand Nord canadien du Nunavut (« Notre Terre » en langue inuit), un territoire grand comme quatre fois la France, où 85 % des 29 000 habitants sont Inuits. « Le gouvernement du Nunavut est un gouvernement public. Il dispose des mêmes institutions que les autres territoires et provinces au Canada. Chacun peut prétendre y vivre et y travailler comme partout ailleurs dans le pays. Très ouverts au monde extérieur, ils ont adopté Internet, y voyant le moyen de rester nomades », explique Michèle Therrien, chercheuse à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Le journal du CNRS 40 BIBLIOGRAPHIE SITES WEB CONTACTS Livres : - L'Arctique et l'environnement boréal, P. Avérous - CNDP, 1995 - L'Antarctique et l'environnement polaire (2) "EREBUS" ,P. Avérous - Dossier pédagogique CNDP-1992 - Chercheurs sur l'Océan", P.Avérous - Hachette -1981 - Les missions de l'Antarctica : la traversée de Pacifique -1994 - Arctic Flora and Fauna : status and conservation (CAFF, Conservations of Arctic Flora and Fauna, Helsinski Edita, 2001) • Sites Web : • • • Le Journal du CNRS : http://www2.cnrs.fr/presse/journal/ • • • • • • Le site de Jean-Louis Etienne : http://www.jeanlouisetienne.com/ ALAIN BADART, LAURENT DUBOIS, Fondation polaire Internationale, Dossier pédagogique, mai 2003 : http://www.educapoles.org/ JACQUELINE GOY, Maître de conférences, Muséum d’histoire naturelle : Milieux pélagiques : www.cimnts.mnhn.fr/ S. GASPARINI, Observatoire Océanologique de Villefranche, Université Pierre et Marie Curie (Paris VI), Copépodes : http://www.obs-vlfr.fr/~gaspari/copepodes/ L’ours Blanc : caractéristiques, adaptation au milieu polaire : www.chambery.grenoble.iufm.fr/ Terre des prédateurs : l’Ours polaire, évolution, particularités, mode de vie, relations humaines : www.terresdepredateurs.org/ En savoir plus sur l’ours polaire : www.polarbearsalive.org/ L’adaptation des espèces au milieu polaire : www.chambery.grenoble.iufm.fr/ 41 BILAN DES MEDIATEURS Cette animation est une refonte complète de l’animation Mission banquise conçue autour des expéditions de Jean-louis Etienne qui dataient quelque peu. Le thème du réchauffement climatique est devenu central dans cette version, ce qui corrige le défaut principal de la précédente. Un carnet de bord permet aux participants de conserver une trace des activités. L’animation est réservée aux groupes scolaires (du CM1 jusqu’à la classe de 5e) et est particulièrement adaptée à un public jeune (cycle 3). Les participants sont placés en situation de recherche : à leur échelle ils agissent et réfléchissent comme des scientifiques. 42 BILAN QUANTITATIF % remplissage anim planifiées 88% 92% 90% 91% 60 122 28 210 1686 3231 709 5626 1483 2984 640 5107 26 25 23 25 Mission banquise Année scolaire 04-05 Année scolaire 05-06 Total Mission banquise 29% 43% 29% 119 3 122 3390 60 3450 968 26 994 8 9 8 Total 67% 332 9076 6101 19 Titre générique Saison Pôles et réchauffement Année scolaire 06-07 Année scolaire 07-08 Année scolaire 08-09 Total Pôles et réchauffement cap offerte Fréquentation Moyenne Fréqu en comparaison les mêmes chiffres de Mission Banquise. Les deux n'ont été proposées qu'au public scolaire. 43