Directive cadre stratégie pour le milieu marin (DCSMM) Évaluation initiale des eaux marines Sous-région marine Méditerranée occidentale MINISTÈRE DE L’ÉCOLOGIE, DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ET DE L’ÉNERGIE Résumé à l’attention du public 16 juillet 2012 PRÉFECTURE MARITIME DE LA MÉDITERRANÉE PRÉFECTURE DE LA RÉGION PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR 2 E valuation initiale Sommaire Introduction 5 Partie 1 - Analyse des caractéristiques et de l’état écologique 7 7 7 10 11 13 13 14 16 Avant-propos 1. Caractéristiques physiques 2. Caractéristiques chimiques 3. Description des principaux habitats et leurs biotopes 4. Les biocénoses planctoniques et les biocénoses des fonds marins Les biocénoses planctoniques Les biocénoses des fonds marins 5. Présentation de quelques populations Partie 2 - Les principales pressions des activités humaines et leurs impacts sur l’état écologique des eaux marines Avant-propos 1. Perturbations physiques Destructions et dommages physiques aux habitats des fonds marins Perturbations sonores sous-marines Déchets marins Dérangement de la faune par les activités humaines Modifications hydrologiques (température, salinité, courants) 2. Perturbations chimiques Contamination du milieu marin par des substances chimiques Introduction de radionucléides Enrichissement excessif en nutriments et en matière organique - eutrophisation du milieu marin 3. Perturbations biologiques Introduction d’organismes pathogènes microbiens Introduction d’espèces non indigènes Extraction d’espèces (pêche commerciale et récréative) 4. Synthèse des impacts par composante de l’écosystème Partie 3 - Analyse économique et sociale de l’utilisation de nos eaux marines et du coût de la dégradation du milieu marin Avant-propos 1. L’utilisation des eaux marines en “Méditerranée occidentale” 2. Les coûts liés à la dégradation du milieu marin Quelle dégradation ? Quels coûts ? Analyse au niveau national Analyse et spécificités de la sous-région marine Méditerranée occidentale Conclusion - Identification des principaux enjeux issus des analyses de l’évaluation initiale Enjeux liés à l’état écologique Enjeux liés aux pressions s’exerçant sur le milieu marin 20 20 20 20 21 22 23 23 23 23 25 25 28 28 29 29 30 34 34 34 42 42 43 44 48 48 48 E valuation initiale 3 Castagnoles nageant au-dessus de l’herbier de Posidonie P. Robert / Parc National de Port-Cros 4 E valuation initiale Introduction L’évaluation initiale des eaux marines est le premier élément du plan d’action pour le milieu marin de la sous-région marine « Méditerranée occidentale ». Elle en constitue le fondement et vise notamment à dresser le bilan des connaissances existantes. L’évaluation initiale a pour objectif d’établir un diagnostic de l’état actuel des eaux marines et d’étayer la définition du bon état écologique. Elle sert de base à la fixation des objectifs environnementaux puis à l’élaboration du programme de mesures. Elle permet enfin d’identifier les lacunes en matière de données en vue d’alimenter la réflexion sur le programme de surveillance et les besoins en recherche. Cette évaluation est composée de trois parties : Partie 1 - une analyse des caractéristiques et de l’état écologique des eaux marines ; Partie 2 - une analyse des pressions et impacts des activités humaines sur l’état écologique de ces eaux ; Partie 3 - une analyse économique et sociale de l’utilisation de ces eaux et du coût de la dégradation du milieu marin. Le préfet maritime de la Méditerranée et le préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, autorités coordonnatrices, ont piloté l’élaboration de l’évaluation initiale en concertation avec l’ensemble des acteurs maritimes et littoraux, représentés notamment au travers du conseil maritime de façade de la Méditerranée. Ce document est basé sur les travaux scientifiques et techniques de nombreux experts nationaux appartenant aux établissements publics et autres structures compétents sur le milieu marin. Ces travaux ont été restitués sous forme de contributions thématiques1. Celles-ci intègrent notamment les données déjà recueillies pour la mise en œuvre de la directive-cadre sur l’eau, des directives « Habitats faune flore » et « oiseaux » ainsi que celles relatives à la politique commune des pêches. Ces contributions ont été intégrées et synthétisées dans un document de référence : l’évaluation initiale du plan d’action pour le milieu marin de Méditerranée. Le présent document a pour objet de résumer les éléments essentiels de l’évaluation initiale, sans pour autant abandonner la précision requise pour une mise en débat riche et constructive. Il reflète notamment l’approche retenue dans l’évaluation initiale. Celle-ci s’attache à mettre en avant les caractéristiques de la Méditerranée occidentale, en termes d’écosystèmes tout d’abord (présentation des caractéristiques physiques, chimiques, biologiques, et identification des zones particulièrement riches en biodiversité), puis en termes de pressions s’exerçant sur ces écosystèmes (identification des principaux impacts s’exerçant sur les écosystèmes de la sous-région marine), et enfin en termes d’enjeux économiques et sociaux (identification des chiffres clefs de l’économie maritime et littorale en Méditerranée occidentale et des coûts supportés par la société du fait de la dégradation des écosystèmes de la sous-région marine). 1. L’ensemble des contributions thématiques sont disponibles sur internet à l’adresse suivante : http://wwz.ifremer.fr/dcsmm/Documents-de-references/Niveau-francais/Evaluation-initiale/Contributions-thematiques E valuation initiale 5 Grande nacre dans un herbier de Posidonie N. Dalias 6 E valuation initiale Partie 1 - Analyse des caractéristiques et de l’état écologique Avant-propos La Méditerranée occidentale se caractérise par des fonds de grande profondeur et de faibles apports nutritifs, à l’exception remarquable du golfe du Lion. Ce dernier présente un plateau continental étendu, et bénéficie des nutriments apportés par le Rhône, ce qui en fait l’une des zones les plus riches de la Méditerranée. La courantologie est marquée par un « courant Nord » circulant de la Corse à l’Espagne et par des phénomènes plus locaux comme les remontées d’eaux (upwellings) ou les cascades d’eaux froides et denses. Les différentes thématiques de l’état écologique sont ici regroupées en cinq parties : •les caractéristiques physiques ; •les caractéristiques chimiques, naturelles ou résultant des activités humaines ; •les principaux biotopes ; •le plancton et les biocénoses des fonds marins ; •la description de quelques populations. 1. Caractéristiques physiques Les vents soufflant sur la sous-région marine, les débits fluviaux y entrant, les courants et les vagues sont autant de facteurs influençant les autres caractéristiques physiques, tels la bathymétrie, la nature des fonds, la température et la salinité, ou encore la turbidité. Les vents résultent des influences conjuguées de l’anticyclone des Açores, de la dépression d’Islande et de la dépression du golfe de Gênes. Des hautes pressions sur l’Espagne et le Sud-Ouest de la France, associées à des basses pressions sur le golfe de Gênes, favorisent le déclenchement des vents principaux comme la Tramontane et le Mistral. Ces vents sont canalisés par les reliefs (Fig. 1). La sous-région connaît également des poussées d’air chaud provenant des pays de sa rive sud. Figure 1 : Principaux vents locaux en Méditerranée occidentale. Source : Météo-France (2011). E valuation initiale 7 Les débits fluviaux correspondent à un bassin versant en France de 137 537 km² (soit un quart du territoire métropolitain) dans lequel vivent 14 millions de personnes. L’occupation des sols y est marquée par une proportion importante d’espaces naturels (un peu plus de la moitié de la surface correspondant à la sous-région marine), mais également un littoral fortement urbanisé (Côte d’Azur). La plus importante zone d’apports correspond au bassin du Rhône. Ce fleuve draine 75 % de la surface du bassin et représente 75 à 80 % de l’apport fluvial total. Le débit moyen annuel du Rhône est relativement stable sur la période 1990-2009, mais il présente des plages de variation pouvant être très importantes. Le Rhône est également marqué par des périodes de forts débits, qui ne sont pas limitées aux périodes hivernales. Les courants sont principalement générés par les échanges avec l’atmosphère (via les vents, surtout en hiver) et les apports en eau douce des fleuves. Le principal courant est le « courant Nord » (Fig. 2). L’effet de la marée est négligeable, et l’ouverture sur l’Atlantique n’affecte que la circulation de surface. En dehors du « courant Nord » lui-même, les principaux phénomènes observés sont ses intrusions sur le plateau, des tourbillons, des upwellings (remontées d’eaux froides) et des cascades d’eau dense. Figure 2 : Processus majeurs du golfe du Lion : le courant Nord méditerranéen, ses tourbillons et ses possibles intrusions (flèches vertes), la zone de dilution du Rhône (en rose), et les upwellings (dans les zones numérotées en bleu, la zone privilégiée de formation d’eau dense sur le plateau et sa plongée le long de la pente (en gris) et des structures tourbillonnaires temporaires (flèches noires). Source : SHOM (2011). Les vagues et la houle présentent des hauteurs moyennes relativement peu élevées en raison de la faible taille du bassin méditerranéen. Elles sont liées à la force du vent. Les houles viennent souvent du nord-ouest et de l’ouest. La température de la mer est plus élevée qu’en Atlantique. Elle alimente en vapeur d’eau, par évaporation, la masse d’air circulant au-dessus d’elle. Si cette dernière est froide, les conditions deviennent propices à la formation de systèmes générateurs de vents forts qui lèvent très rapidement une mer courte. 8 E valuation initiale La bathymétrie (Fig. 3) se caractérise globalement par un plateau continental très limité. Ce plateau plonge rapidement, par un talus abrupt, vers des fonds proches de 3 000 m. Sur la côte ouest de la Corse et la partie de côte située à l’est de Toulon par exemple, des fonds supérieurs à 2 000 m sont atteints en s’éloignant seulement de 10 à 20 km vers le large. A l’ouest, le plateau du golfe du Lion situé au large du Languedoc-Roussillon et des Bouches du Rhône s’étend au maximum à 100 km des côtes. La partie orientale de la sous-région marine s’achève sur un plateau au nord-est de la Corse allant jusqu’aux côtes italiennes. De nombreux canyons entaillent le talus. Ils peuvent subir des modifications en raison de l’instabilité due à leur pente. Les fonds des régions littorales présentent une dynamique qui peut être assez marquée, en particulier dans les zones sableuses ou fortement sédimentaires. Figure 3 : Bathymétrie de la sous-région marine Méditerranée occidentale. La nature des fonds marins est constituée de quatre grands ensembles, étagés sur une épaisseur beaucoup plus importante que dans les autres sous-régions marines : •le socle rocheux ; •une unité sédimentaire inférieure ; •une couche d’évaporite (datant d’environ 6 millions d’années et composée de sels marins déposés lors de la baisse de 1 500 m du niveau marin) ; •l’unité sédimentaire supérieure (façonnée par les variations du niveau marin lors des épisodes glaciaires). E valuation initiale 9 Les apports sédimentaires actuels proviennent des fleuves (érosion des reliefs montagneux des Pyrénées et des Alpes) et de l’érosion côtière. Les fleuves se prolongent dans le domaine marin par des canyons qui peuvent constituer des conduits privilégiés de transit sédimentaire vers les grands fonds. Les sédiments sont majoritairement fins (vases et vases sableuses) sur le plateau continental et les grands fonds. Le sable se retrouve sur la côte (barres sableuses d’avant-côte ourlant la presque totalité du golfe du Lion et une partie des côtes de la Corse), en bordure externe du plateau continental formant des dunes reliques, ainsi qu’au débouché des canyons du Var et de la marge corse. La roche affleure localement, essentiellement dans la partie orientale de la zone, de Marseille à la frontière italienne et sur le pourtour de la Corse. La température et la salinité sont, d’une manière générale, assez élevées. La couche de mélange de surface, de 20 à 30 m d’épaisseur, connaît des variations saisonnières importantes de température et de salinité. Ces variations sont notamment influencées, sur les plateaux continentaux, par les apports des fleuves et, en particulier, par ceux du Rhône. Dans les autres zones, les eaux sont disposées selon des couches séparées (stratification thermique). Les coups de vents, qui détruisent en été la couche de mélange ou font remonter des eaux profondes, génèrent en hiver des eaux froides et denses. Les turbulences (d’une taille de quelques kilomètres ou dizaines de kilomètres) participent également à la création de contrastes de température et de salinité qui peuvent être localement très forts. La turbidité générale est faible. Toutefois, des panaches turbides, présentant une grande variabilité, peuvent être rencontrés à l’embouchure des fleuves, en particulier du Rhône. 2. Caractéristiques chimiques La description des caractéristiques chimiques, acidification, concentration en oxygène, nutriments, chlorophylle, substances chimiques, complète le panorama des paramètres environnementaux soutenant la biologie. L’acidification est plus marquée que dans les océans ouverts. La valeur du pH des eaux de surface connaît toutefois de grandes variations spatiales et temporelles en relation avec l’activité biologique et les apports des fleuves. La sous-région marine se comporte comme un très léger puits de gaz carbonique sur la période 1998-2004. La distribution spatiale de la concentration en oxygène est régie par les apports d’eau douce des fleuves, par les apports d’eau salée venant de l’Atlantique, ainsi que par les mouvements circulatoires profonds. Ces influences peuvent être observées aux différents étages de la colonne d’eau. Les nutriments les mieux connus sont les nitrates et les phosphates. Cette sous-région marine présente une faible charge nutritive générale (mer oligotrophe). Cette charge nutritive décroît d’ouest en est, et présente un déficit de phosphore par rapport à l’azote. Dans ce contexte, le Rhône joue un rôle primordial. Il fait du bassin nord-occidental l’une des zones les plus riches de la Méditerranée. L’activité chlorophyllienne se poursuit tout au long de l’année dans le golfe du Lion. Elle y présente un pic de printemps. A cette période, on retrouve également, plus au large, une augmentation de la chlorophylle due aux remontées d’eaux profondes. 10 E valuation initiale Le traitement des données satellitaires et sur site permet de déterminer les contours de 3 zones : le golfe du Lion, les eaux profondes au large de ce dernier et de la mer Catalane, et les eaux côtières de l’ouest de la Provence et de la Corse. La présence de substances chimiques problématiques (métaux, organochlorés, hydrocarbures aromatiques polycycliques) dans le milieu marin est surveillée depuis plus de trente ans, dans le cadre de réseaux d’observations et de programmes de recherche, à partir de prélèvements dans les êtres vivants et les sédiments ou par échantillonneurs passifs. La contamination chimique concerne principalement des zones géographiques comme les grandes agglomérations, l’embouchure des fleuves et les aires confinées. Elle provient également d’apports atmosphériques, en lien notamment avec le trafic maritime. Certaines substances sont bioaccumulées dans la chaîne trophique, avec des concentrations élevées, en particulier chez les prédateurs supérieurs. Les niveaux de contamination sanitaire des mollusques bivalves montrent une fréquence de dépassement des seuils réglementaires (Règlement (CE) n°2006/1881 du 19 décembre 2006) pour cette sous-région marine (1,5 %) qui se situe entre celle du golfe de Gascogne (supérieure à 3 %) et celle de la Manche-mer du Nord (0 %). Les analyses de plomb se révèlent majoritairement non-conformes. Les concentrations de cadmium observées dans les mollusques bivalves sont, elles, nettement plus faibles que celles observées en Atlantique. Il conviendrait toutefois d’étudier plus en détail les éventuels « points chauds » responsables de ces dépassements, comme la rade de Toulon. 3. Description des principaux habitats et leurs biotopes Les habitats du milieu marin sont traditionnellement divisés entre habitats pélagiques (habitats de la colonne d’eau) et habitats benthiques (habitats des fonds marins). Ceux-ci sont traditionnellement classés selon une distribution verticale qui distingue les étages suivants : supralittoral, médiolittoral, infralittoral, circalittoral, bathyal et abyssal (Fig. 4 ). Figure 4 : Schéma représentant l’étagement marin de la sous-région marine Méditerranée occidentale – d’après Pérès, 1976, modifié. E valuation initiale 11 Figure 5 : Habitats physiques des fonds marins. Source : IFREMER (2011). La distribution des principaux biotopes des fonds marins repose sur une modélisation utilisant les données historiques existantes, telles, en particulier, profondeur, nature du substrat, transparence de l’eau, vagues et courants (Fig. 5). Près de la zone côtière, les données marines sont souvent précises et récentes. Dès que l’on s’éloigne de la côte, le niveau de précision est bien souvent faible (difficultés d’acquisition de données dans des grandes profondeurs) et les données plus anciennes. La distribution des principaux biotopes de la colonne d’eau est fonction de plusieurs paramètres : profondeur, salinité, température, chlorophylle a, matières en suspension, stratification des eaux. Elle fait appel à l’analyse de données physiques, hydrodynamiques et satellitaires, afin d’en déterminer des structures homogènes. Cette méthode conduit à l’identification de 10 paysages hydrologiques qui représentent des zones hydrologiques homogènes pouvant constituer des entités géographiques favorables au développement de certaines communautés pélagiques, démersales et benthiques (Fig. 6). 12 E valuation initiale Figure 6 : Distribution spatiale des paysages hydrologiques. Source : IFREMER (2011). 4. Les biocénoses planctoniques et les biocénoses des fonds marins Une biocénose est l’ensemble des êtres vivants coexistant dans un espace défini, le biotope. L’ensemble d’un biotope et de sa biocénose associée forme un habitat. Les biocénoses planctoniques Les communautés de phytoplancton sont soumises à un cycle saisonnier marqué. Elles présentent un maximum de production de décembre à mars, et un minimum de juin à septembre. Cette production connaît également une forte variabilité interannuelle. Deux types de régimes se succèdent : •en période hivernale, les mélanges verticaux, dus aux vents, entraînent l’installation d’un régime caractérisé par des taux de production et de sédimentation élevés, qui favorisent les efflorescences de diatomées ; •en été, le régime devient pauvre en éléments nutritifs dans les eaux du large, montrant une dominance des autres espèces de phytoplancton (dinoflagellés et nanoflagellés). E valuation initiale 13 Le zooplancton fait l’objet de travaux dont la localisation montre une grande hétérogénéité. Certaines zones ont été bien étudiées : mer Ligure, golfe du Lion. A contrario, aucun prélèvement n’a été effectué dans le domaine hauturier (Centre et Sud de la sous-région marine). Depuis 1996, l’essentiel des données provient de suivis temporels à long terme. Les travaux menés font apparaître des zones d’intérêt, comme les eaux lagunaires et côtières, le golfe du Lion, les zones de fort hydrodynamisme dû aux vents et aux courants, ainsi que le panache du Rhône. Les biocénoses des fonds marins Pour chaque étage, les biocénoses ont été étudiées en distinguant les fonds meubles, les fonds durs et, lorsqu’ils y ont été identifiés, les « habitats particuliers ». Ces « habitats particuliers » peuvent notamment être des habitats créés, sur les fonds meubles, par des espèces dites « ingénieurs » animales et végétales. Les espèces « ingénieurs » créent un habitat constituant des environnements propices à l’installation de nombreuses autres espèces. Ces habitats font l’objet de mesures de protection, en application de conventions internationales ou de réglementations européennes. Le médiolittoral Les biocénoses des fonds meubles correspondent à la moyenne plage. Elles comprennent : •la biocénose du détritique médiolittoral, plus fréquemment rencontrée dans l’est ; •la biocénose des sables médiolittoraux, présente dans toutes les anses et plages sableuses. La première est dominée par les détritivores et leurs prédateurs, la deuxième par des mollusques et des vers. Ce sont des zones de nourrissage des oiseaux. Les fonds durs abritent : •les biocénoses de la roche médiolittorale supérieure, mouillée épisodiquement par les embruns et les vagues, qui héberge Cystoseire S. Ruitton / Parc National de Port-Cros des ceintures d’algues ; •les biocénoses de la roche médiolittorale inférieure, plus régulièrement humectée par la marée et le ressac, où se développent des peuplements denses d’algues (dont des algues rouges calcaires) ; •les biocénoses des grottes médiolittorales, hébergeant notamment des cyanobactéries. L’infralittoral Les six biocénoses des fonds meubles de l’infralittoral, relativement bien documentées, se développent sur des habitats qui peuvent être schématiquement classés en trois catégories, selon le degré de finesse du sédiment : graviers, sables et vases. Dominées par des mollusques, des vers et des crustacés, ces biocénoses présentent parfois des richesses importantes d’espèces. Elles ont souvent un rôle fonctionnel majeur de nourricerie, mis en péril par certaines activités humaines. La biocénose caractéristique des substrats durs de l’infralittoral est la biocénose à algues photophiles, qui héberge une grande richesse, et pour laquelle plus de trente faciès ont été décrits. Herbier de Posidonie – Méditerranée B. Daniel / Agence des aires marines protégées 14 E valuation initiale L’habitat particulier est celui de l’herbier à posidonie, écosystème-pivot de la bande littorale méditerranéenne. Il occupe près de 900 km2 et abrite, de manière permanente ou temporaire, 20 à 25 % des espèces animales et végétales. Son état de conservation et son évolution sont variables. Les herbiers de Corse présentent le meilleur état général. En région Languedoc-Roussillon, il est jugé en limite géographique de répartition et présente par endroits une dynamique de régression sans explication scientifiquement avérée. Le circalittoral Les biocénoses des fonds meubles du circalittoral, inégalement connues selon les zones, se développent sur des cailloutis, graviers, sables, vases. Elles abritent aussi bien des espèces fixées que des espèces mobiles, globalement peu diversifiées et présentant une dominance d’échinodermes, de vers et de crustacés. Leur connaissance demeure inégale selon les zones. Les biocénoses des fonds rocheux du circalittoral sont, le coralligène mis à part, essentiellement celles des grottes semi-obscures ou à obscurité totale. D’accès difficile, elles comprennent principalement des éponges, des cnidaires, des bryozoaires, des crustacés et parfois des organismes de forte importance patrimoniale. L’habitat particulier de cet étage est le coralligène, fond édifié par l’accumulation d’algues calcaires vivant dans des conditions de luminosité réduite, d’une biodiversité remarquable, et paysage sous-marin typique Récif coralligène en Méditerranée. de la Méditerranée. Cet habitat est concentré Ifremer sur les côtes rocheuses. Il abrite de nombreuses espèces convoitées de poissons, de grands crustacés et des espèces de forte valeur patrimoniale. Sa connaissance est de nos jours jugée incomplète et insuffisante. Le bathyal et l’abyssal Les biocénoses des fonds meubles du bathyal concernent les grands fonds (pente du talus continental). La présence des animaux est influencée principalement par l’hydrodynamisme, les faciès principaux hébergeant des brachiopodes, gorgones et pennatules, mais également des grandes crevettes et des poissons profonds. Ces dernières espèces sont de grand intérêt commercial, et donc soumises à une importante pression de pêche. Au-delà s’étendent les biocénoses des fonds meubles de l’abyssal qui sont, quant à elles, bien moins connues. Les fonds durs étant localisés dans les canyons sous-marins, leur faune est encore peu connue en raison des difficultés d’accès et de prélèvement. Les principales espèces actuellement identifiées sont des gorgones, des huîtres géantes et des coraux profonds. Les habitats particuliers du bathyal sont peu connus. Certains d’entre eux, comme les massifs de coraux blancs profonds, font toutefois déjà l’objet de protections spécifiques, après avoir été reconnus comme affectés par les activités humaines. E valuation initiale 15 5. Présentation de quelques populations Les peuplements démersaux du plateau continental incluent des espèces benthiques (en contact régulier avec le fond), des espèces de pleine eau vivant régulièrement au voisinage du fond (espèces démersales), mais aussi des espèces pélagiques susceptibles de fréquenter plus ou moins occasionnellement cette tranche d’eau. Ils sont connus par des campagnes scientifiques réalisées sur deux entités géographiques : le golfe du Lion et, dans une moindre mesure, la façade orientale de la Corse (qui présentent une structure significative de plateau continental). La sous-région marine abrite un grand nombre d’espèces démersales. Une soixantaine d’entre elles sont régulièrement abondantes, et se répartissent en fonction de la nature des fonds, de la bathymétrie… Les plus fréquentes dans le golfe du Lion sont les tacauds, merlus, grondins, chinchards. Les espèces les plus présentes en Corse sont les petites roussettes, les pageots communs, les picarels, les serrans et les rougets. Au cours des quatre dernières décennies, la structure et la composition des communautés démersales ont peu varié, malgré les pressions exercées sur elles par les activités humaines. Les raies et les requins déclinent toutefois depuis les années 1980. Figure 7 : Biomasse 1994-2007 des principales petites (< 50 cm) et grandes (> 50 cm) espèces de la macrofaune observées dans les captures des campagnes MEDITS réalisées sur la côte orientale de la Corse. Source : IFREMER (2009). Les peuplements démersaux profonds, également connus par les campagnes scientifiques, sont dominés en biomasse par le merlan bleu, le chien espagnol, le sébaste chèvre et la baudroie commune sur la pente du plateau du golfe du Lion. La même composition est rencontrée au large de la Corse (Fig. 7). Les effets de la pêche sur la communauté ichtyologique ne sont pas estimés en Méditerranée française. Toutefois ils ne sont pas présumés forts car les populations profondes (au-delà de la rupture plateau-pente) sont actuellement peu exploitées. Les petits pélagiques trouvent, dans le golfe du Lion, une entité composée d’habitats favorables et indispensables au recrutement, à la croissance, à la reproduction et au maintien des populations d’anchois, de sardines et de dix autres espèces. Cette zone géographique réunit en effet trois conditions favorables à leur présence : l’enrichissement du milieu par les apports du Rhône et des cours d’eau côtiers, la concentration des proies planctoniques et la rétention des larves et juvéniles dans des zones riches. 16 E valuation initiale Les populations d’anchois et de sardines montrent toutefois des signes de dégradation, dont semble profiter le stock de sprat. Il n’y a pas à ce jour d’informations sur les populations de petits pélagiques des mers Ligure et Catalane, de la Corse ou du large. Les grands poissons pélagiques (thonidés comme le thon rouge et le thon germon, petits thonidés, espadon et requins) sont des grands migrateurs. Ils visitent des zones géographiques très distantes Denti ou Dentex dentex entouré de sars les unes des autres, et ne résident dans aucune JG Harmelin / Parc National de Port-Cros sous-région marine de manière exclusive. Leur état est apprécié par les données de pêche collectées au niveau international, très hétérogènes selon les espèces, complétées par des évaluations de stocks issues de modèles statistiques. Ces raisons font qu’il n’est pas possible aujourd’hui de se prononcer sur l’état de tous les stocks. Les zones de ponte ou de frai, comme les îles Baléares, constituent des zones sensibles pour le thon rouge, l’espadon et le germon, tout comme les zones de concentration des juvéniles. Le thon rouge connaît une amélioration récente de l’état de son stock, malgré une mortalité par pêche encore trop importante. Les populations d’espadons et de requins pélagiques en revanche ont considérablement décliné lors de ces dernières décennies. Les mammifères marins n’ont pas fait l’objet de travaux de synthèse récents en Méditerranée. Des travaux dispersés existent cependant. Les échouages sont actuellement la seule source d’informations couvrant l’ensemble de la sousrégion marine, complétée par des observations sur sites. Ces travaux font largement appel au tissu associatif. Les 7 espèces de cétacés dont la présence est jugée permanente sont le grand dauphin, le dauphin bleu-et-blanc, le globicéphale noir, le dauphin de Risso, le rorqual commun, le cachalot et la baleine à bec de Cuvier (Ziphius). Groupe de dauphins bleus et blancs M. Colombey / Parc National de Port‑Cros La plupart des espèces sont représentées par des populations dont les distributions s’étendent à une large portion, si ce n’est à la totalité, du bassin méditerranéen. Leur distribution dépasse donc largement les limites de la sous-région marine. Elle présente par ailleurs une forte saisonnalité, due, en partie, à la recherche de nourriture. Les tortues marines, espèces protégées, semblent peu fréquenter cette sous-région marine. Les tortues Caouanne et Luth sont les plus observées. Toutefois les données, peu nombreuses, ne permettent pas d’évaluer les effectifs, de dégager une tendance, ou de procéder à une évaluation précise de l’état écologique des espèces et des différents habitats. La Corse, l’embouchure du Rhône et les étangs et lagunes littoraux semblent représenter des habitats saisonniers potentiels, bien que leur fonction et leur importance pour les tortues marines ne soient pas encore identifiées. E valuation initiale 17 Les oiseaux marins se reproduisant le long des côtes françaises font l’objet de dénombrements, selon des périodicités variables en fonction des espèces. Certains effectifs peuvent fluctuer. Aucune tendance nette ne peut être dégagée, soit du fait du manque de précision des données, soit du fait de la grande mobilité des colonies, soit parce que l’accroissement récent peut n’être qu’un aléa passager. Le golfe du Lion abrite, dans ses eaux côtières ou du large, et en toute période de l’année, d’importantes concentrations d’oiseaux en Puffin des Baléares recherche alimentaire. Le secteur du large est PY Le Préau / CDL en revanche moins bien connu en Provence – Côte d’Azur et en Corse. Quatorze espèces d’oiseaux marins nichent régulièrement dans la sous-région marine Méditerranée, présentant des effectifs et des tendances contrastés : 6 espèces font l’objet de préoccupations mineures, 7 sont considérées comme en danger, vulnérables ou quasi-menacées. C’est le cas en particulier des puffins, peu aptes à défendre leurs sites de reproduction contre les petits mammifères prédateurs. Les populations ne se reproduisant pas dans les eaux françaises, mais que la sous-région marine est susceptible d’héberger, font l’objet d’un programme d’acquisition de connaissances. Les espèces introduites qui, lorsqu’elles présentent un caractère invasif, représentent l’une des causes d’altération de la biodiversité, s’élèvent, dans les eaux françaises de la sous-région marine, à 148 espèces répertoriées. Des algues, comme les caulerpes et la sargasse japonaise, ainsi que le poisson flûte sont connus pour entrer en compétition avec les espèces autochtones. Ces espèces sont mieux inventoriées aux abords des stations de recherche marine (Banyuls, Sète, Marseille, Nice, Villefranche, Monaco) et du parc national de Port-Cros que dans les zones qui en sont éloignées. Les tendances et impacts des espèces introduites sont décrits dans l’analyse des pressions et impacts, ci-après. 18 E valuation initiale Navires de plaisance au mouillage C. Gerardin / Parc National de Port-Cros E valuation initiale 19 Partie 2 - Les principales pressions des activités humaines et leurs impacts sur l’état écologique des eaux marines Avant-propos Les activités humaines engendrent des pressions très diverses sur le milieu marin. La faune, la flore et les habitats marins peuvent être affectés de manière plus ou moins importante et réversible en fonction de leur vulnérabilité et de leur capacité à se régénérer (ou résilience). Les impacts varient également en fonction de la nature des pressions, de leur intensité ou encore de leur durée. Les conséquences majeures sont la perte de la diversité biologique, la dégradation de la qualité écologique et sanitaire des eaux marines, la diminution des ressources naturelles et des services rendus à la société par le milieu marin. Les pressions générées par l’homme peuvent être classées en trois groupes : •les perturbations physiques (dommages causés aux habitats, apports de déchets, modifications hydrologiques…) ; •les perturbations chimiques (introduction de contaminants, enrichissement excessif en nutriments…) ; •les perturbations biologiques (introduction d’organismes pathogènes microbiens, extraction d’espèces…). 1. Perturbations physiques Destructions et dommages physiques aux habitats des fonds marins Diverses activités humaines se pratiquant sur le littoral, sur l’estran et en mer, interagissent directement ou indirectement avec le sol et les fonds marins, et peuvent exercer des pressions sur le substrat et sur la vie marine associée. C’est le cas notamment des aménagements côtiers, de la conchyliculture, des dragages portuaires ou encore de la pêche aux arts traînants (Tableau 1). Tableau 1 : Synthèse des activités humaines engendrant des perturbations physiques (destruction ou dommage) sur les habitats des fonds marins, et localisation de ces pressions. Source : évaluation initiale DCSMM (2012). Modification Modification Familles d’activités Colmatage Étouffement Abrasion Extraction sédimentaire de la turbidité humaines et maritimes Aménagement côtiers dont poldérisation Localisation des pressions Trait de côte, intertidal Nettoyage de plages Intertidal × Conchyliculture Rechargement de plages Dragages portuaires et des chenaux de navigation Clapages et immersions Zone de mouillage Câbles sous-marins Pêches aux arts traînants de fond 20 E valuation initiale × × × × × × × × × × × × × × × × × Proche côtier dont estuarien × × Côtier × × × × Intertidal à proche côtier Intertidal à proche côtier Côtier × Côtier et hauturier Côtier et hauturier Les pressions d’étouffement et de colmatage résultent majoritairement de constructions anthropiques permanentes localisées sur le littoral, comme les ouvrages de défense contre la mer et les infrastructures portuaires. L’immersion des sédiments issus des dragages portuaires est peu importante en Méditerranée occidentale, et concerne essentiellement les abords de Fos-sur-Mer. L’installation possible de parcs éoliens offshore pourrait induire une pression complémentaire de colmatage dans les années à venir. L’abrasion est un dommage physique consistant en l’usure ou l’érosion des fonds causée par l’interaction directe entre des équipements et le fond. En termes de superficie, l’abrasion est majoritairement induite par la pêche aux engins traînants de fond (chaluts et dragues) qui s’exerce essentiellement sur le plateau continental du golfe du Lion et le long de la côte orientale de la Corse. L’abrasion générée par les mouillages de navires ou par la pose de câbles sous-marins, est plus localisée mais potentiellement plus intense. L’abrasion provoquée par les mouillages de plaisance n’est pas négligeable sur certains habitats côtiers comme les herbiers de Posidonies et les habitats particuliers de type coralligène. Une dégradation des habitats peut résulter en outre des activités d’extraction de matériaux marins biologiques (corail rouge) ou minéraux comme l’exploitation des granulats (sables et graviers siliceux) et les dragages des ports et chenaux de navigation. Il n’y a pas actuellement d’extraction de granulats marins en Méditerranée occidentale. Cependant, les besoins importants en sable pour la gestion du trait de côte vont, à moyen terme, nécessiter d’importantes extractions de sables dédiées aux rechargements de plage. Des modifications de la turbidité et de la nature des sédiments résultent de l’action des activités humaines citées précédemment. Ces modifications sont des conséquences indirectes, qui s’exercent dans la colonne d’eau et sur le fond à des distances et sur des surfaces liées aux conditions hydrodynamiques. A l’échelle de la sous région marine « Méditerranée occidentale », les effets les plus notables (augmentation temporaire de la turbidité, changement de la nature des fonds) sont associés aux infrastructures et aménagements côtiers et aux activités de pêche aux arts traînants de fond, qui concernent de grandes étendues, notamment sur le plateau continental du golfe du Lion. Les effets liés aux autres activités sont le plus souvent localisés et d’intensité relativement faible. La localisation des pressions et leur saisonnalité sont déterminantes, puisqu’une modification de la turbidité ou de la nature des fonds, même faible, peut entraîner des impacts importants si elle concerne un écosystème sensible, et/ou si elle a lieu à une période de l’année où la turbidité naturelle est faible (période estivale). Les perturbations du type destructions et dommages physiques sont significatives en Méditerranée occidentale. Les zones côtières font l’objet de multiples activités humaines entraînant des destructions et dommages physiques aux habitats et espèces benthiques, mais, à ce jour, les impacts individuels et cumulés de ces pressions sont mal connus. Perturbations sonores sous-marines Les activités humaines en mer génèrent du bruit qui se propage facilement dans le milieu aquatique. Cette perturbation sonore est susceptible d’avoir un impact sur la vie marine. Ce bruit peut être de deux types : - le « bruit ambiant », relativement continu et permanent, produit par le trafic maritime et les activités nautiques. En Méditerranée occidentale, la pression due au trafic maritime est modérée à forte et se caractérise par des variations saisonnières significatives des niveaux de bruit ambiant ; E valuation initiale 21 - les bruits de forte intensité et de faible durée, générés par l’emploi des émetteurs acoustiques, la prospection sismique, et les travaux offshores. La pression due aux émissions sonores impulsionnelles est modérée et plutôt en augmentation sur les dernières années. Les principaux impacts connus du bruit sur la faune marine concernent les mammifères marins. La Méditerranée occidentale constitue une zone fréquentée par de nombreuses espèces sensibles aux perturbations sonores comme par exemple les baleines à bec de Cuvier. Même si aucun incident majeur liant sonars et échouages de mammifères marins n’y a été répertorié, le manque actuel de connaissances scientifiques sur l’impact du bruit sur les espèces marines justifie de porter une attention particulière à la région. Déchets marins Les activités humaines génèrent de nombreux déchets qui se retrouvent dans le milieu marin, puis en partie sur les côtes. L’apport de déchets en Méditerranée occidentale est important, dû notamment à la forte fréquentation touristique sur le littoral et la proximité de grandes agglomérations. Les macro-déchets qui s’échouent sur le littoral méditerranéen français sont majoritairement en matière plastique et polystyrène (90 %). Les emballages alimentaires sont très largement Macro-déchets sur le littoral représentés. Les emballages et autres déchets Agence de l’eau Rhône-Méditerranée et Corse liés à l’hygiène et à la santé sont aussi présents en quantité significative. On y trouve également de nombreux jouets d’enfants, des boîtes d’appâts et du fil de pêche, indicateurs des activités de loisir. Les zones exposées aux vents dominants et à proximité de l’embouchure des fleuves sont les zones principales d’accumulation. Des zones de forte concentration de déchets sur le fond se situent en Corse Orientale, en marge du panache du Rhône, ainsi que dans tous les canyons côtiers sous-marins. De fortes accumulations de détritus se trouvent également en face des grandes métropoles ou de villes très touristiques. Le plateau continental du golfe du Lion montre des concentrations moindres. Même si la majorité des déchets est composée de matière plastique, de nombreux déchets sont également liés à l’activité de pêche. Les données récentes relatives aux déchets flottants en Méditerranée occidentale concernent essentiellement la zone de la Provence et du canal de Corse. La répartition des déchets en surface est fortement conditionnée par les courants marins (notamment le courant Liguro-Provençal dont la circulation est orientée d’est en ouest). Les déchets invisibles à l’œil nu, appelés microparticules, sont principalement issus de la dégradation des macro-déchets. L’analyse des microparticules flottantes en mer est très récente : une seule étude a été réalisée en 2010 dans le nord de la Méditerranée occidentale. Celle-ci a montré que la valeur moyenne de microplastiques rencontrés en Méditerranée est élevée. Deux zones d’accumulation apparaissent au nord-ouest de la Corse et au large du Var. Ces premiers résultats doivent être complétés par des mesures à plus grande échelle. Ces déchets marins peuvent avoir divers impacts sur les organismes marins (oiseaux, tortues, mammifères notamment) : piégeage, enchevêtrement, ingestion, pouvant conduire à une modification 22 E valuation initiale du comportement, voire à la mortalité des individus. Ils peuvent également augmenter le risque de transport d’espèces invasives. Ces impacts sont cependant mal quantifiés. Un autre impact écologique, indirect mais important, est causé par les activités de ramassage mécanique des déchets sur les plages, qui dégradent cet habitat. Enfin, les effets des microdéchets, restent mal connus. Leur impact écologique serait toutefois loin d’être négligeable au dire de certains experts. Dérangement de la faune par les activités humaines Bien que la question du dérangement de la faune (oiseaux, mammifères marins) ait fait l’objet de nombreuses études, cette pression et ses impacts écologiques restent en général très difficiles à quantifier. Le dérangement des oiseaux marins et côtiers fait l’objet de mesures de protection (principalement interdiction ou limitation de la fréquentation de certains sites de nidification) et de sensibilisation. Il reste toutefois une menace significative pour certaines espèces. Pour d’autres groupes d’espèces, le dérangement n’est pas un facteur de pression bien connu en Méditerranée occidentale. Quelques événements de collisions entre navires et grands cétacés ou tortues luth ont été rapportés. Des mesures de limitation du dérangement sont déjà prises pour certaines activités, comme la plongée ou l’observation des baleines (« whale watching »). Modifications hydrologiques (température, salinité, courants) En dehors des effets du réchauffement climatique, certaines activités humaines sont susceptibles d’induire des modifications hydrologiques directes sur le milieu. En ce qui concerne la température de l’eau, les rejets d’eau servant au refroidissement des centrales électriques sont, en ordre de grandeur, les sources de modifications thermiques les plus importantes. Toutefois, les rejets d’eau chaude des trois centrales installées sur le littoral de la sous-région marine génèrent des panaches d’influence très limités dans l’espace (de l’ordre du kilomètre), n’entraînant pas d’impacts écologiques connus. En ce qui concerne la salinité et les courants marins, aucun effet direct des activités humaines ne peut être mis en évidence à ce stade, excepté à des échelles très réduites. Il est toutefois possible que la modification du régime hydrologique des fleuves, liée à des activités anthropiques sur les bassins versants, soit apte à modifier la circulation régionale, par le biais d’une modification des salinités et des contrastes de densité. Par ailleurs, les aménagements en mer, comme les digues, modifient localement les courants ce qui affecte les transits sédimentaires et la nature du fond. Les impacts écologiques de telles modifications sont estimés comme minimes, à ce jour. Le développement potentiel des énergies renouvelables en mer, et notamment de l’éolien, pourrait être un facteur complémentaire d’impacts. Ceux-ci ne devraient cependant pas avoir une influence forte sur les courants moyens en dehors des parcs. 2. Perturbations chimiques Contamination du milieu marin par des substances chimiques D’usage très répandu dans notre société, les substances chimiques peuvent avoir une origine naturelle (ex. métaux lourds) ou synthétique (ex. solvants, plastifiants, détergents, médicaments, produits phytosanitaires). Certaines de ces substances sont considérées comme dangereuses car elles peuvent avoir des effets dommageables sur la faune, la flore et la santé humaine. En Méditerranée occidentale, la pression par contamination chimique est globalement plus forte dans les grands ports, au large des grandes agglomérations et dans la zone sous influence du panache du Rhône. A celle-ci, doivent être E valuation initiale 23 ajoutées les retombées atmosphériques et les pollutions accidentelles ou illicites liées au transport maritime pouvant concerner toute la sous-région marine. Les apports du Rhône et des cours d’eau côtiers sont majoritaires (Fig. 8). Ils représentent à eux seuls 88 % des apports en contaminants vers la mer. Ces apports concernent surtout des métaux, des contaminants semi-volatils organiques (ex. DEHP), des pesticides, des hydrocarbures, et des PCB2. Les apports des rejets urbains directs et des ports de plaisance sont comparativement mineurs. Les départements des Bouches du Rhône et des Alpes Maritimes sont les plus soumis à ces apports. Substances dangereuses 2% 0% 0% Rhône 10% Cours d'eau côtiers 20% Rejets urbains directs Bassin versant (pollution ponctuelle et diffuse) 68% Rejets industriels directs Ports de plaisance Figure 8 : Répartition des différentes sources d’apports en substances (arsenic et sept métaux lourds) vers la Méditerranée occidentale. Source : Agence de l’Eau Rhône Méditerranée et Corse. Les apports rhodaniens de cadmium et de mercure sont négligeables. Les flux en zinc ont fortement diminué entre 1997 et 2002, et semblent se stabiliser ces dernières années. Les apports fluviaux en cuivre et en plomb montrent de fortes variations interannuelles. Les apports en lindane (pesticide interdit depuis 1998) ont fortement diminué même si le milieu en présente encore des traces. Les apports atmosphériques en métaux, en pesticides et en PCB, bien que diffus, peuvent atteindre parfois des ordres de grandeur comparables aux apports par le Rhône (notamment pour le plomb et le lindane). En Méditerranée occidentale, les tendances de ces apports ne sont pas connues. En plus des apports d’origine terrestre et atmosphérique, la Méditerranée occidentale est exposée aux pollutions accidentelles et rejets illicites d’hydrocarbures et autres substances dangereuses. C’est en effet, la sous-région marine qui compte le plus de rapports de pollution enregistrés depuis les années 2000. La Corse et la Côte d’Azur sont les zones les plus touchées par ces pollutions. Néanmoins, celles-ci ont tendance à diminuer depuis 2005. Les accidents majeurs et les pertes de conteneurs sont rares dans cette sous-région marine. L’immersion de sédiments de dragage, ou clapage, peut constituer une autre source de contamination chimique. Les dragages d’entretien des ports et chenaux de navigation sont indispensables au maintien des accès par voie maritime, mais les sédiments dragués contiennent des contaminants chimiques, en plus ou moins forte concentration. En Méditerranée occidentale, presque la totalité des sédiments dragués est immergée en mer. L’immersion des sédiments fait l’objet d’une réglementation stricte basée sur des niveaux de référence permettant de caractériser la quantité de contaminants qu’ils 2. Les polychlorobiphényles (PCB) sont une famille de 209 composés que l’on trouve dans les produits industriels (isolants, peintures, encres) et urbains (incinération). 24 E valuation initiale contiennent et de guider la décision de la meilleure gestion qui en sera faite au vu de leur impact sur l’environnement. Entre 2005 et 2009, les dépassements des niveaux de référence en matière de contamination restent des cas isolés en Méditerranée occidentale. En termes d’impact, de nombreux indicateurs, notamment dans les sédiments et les organismes vivants, témoignent de la présence de contaminants dans le milieu. Une étude scientifique dans le golfe du Lion a par exemple révélé des concentrations anormalement élevées en PCB et en PBDE3, d’origine terrestre, dans la chair du merlu. Une autre étude a montré la toxicité de certains sédiments vis-à-vis des larves d’huîtres, au large des Bouches du Rhône. Ainsi l’ensemble du réseau trophique peut être localement touché par certains contaminants. Enfin, l’impact peut être également sanitaire et socio-économique, quand il concerne des espèces exploitées, destinées à la consommation humaine. Toutefois, l’état actuel des connaissances concernant les impacts de ces contaminants sur le vivant est aujourd’hui très lacunaire. Un important travail de développement méthodologique et scientifique apparaît nécessaire. Introduction de radionucléides Les radionucléides (ou éléments radioactifs) présents dans le milieu marin proviennent aussi bien de sources naturelles (dégradation de minéraux dans la croûte terrestre, action des rayons cosmiques) que de diverses activités humaines : exploitation des centrales nucléaires, usines de retraitement de combustibles nucléaires, installations pétrolières et gazières offshore et dans une moindre mesure activités médicales (radiologie, radiothérapie). Les apports de radionucléides à la mer sont liés principalement aux rejets liquides, puis aux déchets solides et aux émissions atmosphériques. Les installations nucléaires susceptibles de rejeter des radionucléides dans la sous-région marine Méditerranée occidentale sont situées sur les rives du Rhône. Il s’agit de centrales nucléaires (Bugey, Saint-Alban, Cruas et Tricastin), ainsi que du centre de retraitement du combustible usagé situé à Marcoule (Gard). Le Cobalt-60, indicateur spécifique des apports du Rhône, n’est détecté que sporadiquement à des niveaux très faibles, proches de la limite de détection. Les résultats des campagnes de surveillance dans les poissons et les mollusques, réalisées ces dernières années montrent que le Césium-137 est le seul radionucléide artificiel détecté régulièrement. Les résultats montrent une diminution régulière depuis 1996 de cet élément. Enfin, la distribution des radionucléides naturels tels que le Beryllium-7 et le Plomb-210 rend compte principalement des variations biogéographiques entre les différentes zones côtières. Enrichissement excessif en nutriments et en matière organique - eutrophisation du milieu marin Les nutriments, en particulier l’azote et le phosphore, sont essentiels à la croissance des plantes aquatiques qui constituent la base des chaînes alimentaires marines. Des processus naturels régissent l’équilibre entre la disponibilité des nutriments et la croissance des plantes et animaux marins dans les écosystèmes. Un excès de nutriments et de matière organique introduit dans la mer par les activités humaines peut perturber cet équilibre et accélérer la croissance des algues, entraînant des effets néfastes sur la qualité de l’eau, l’écologie marine (perte de la biodiversité…) et la santé humaine (contamination sanitaire via la prolifération des toxines produites par ces algues – phycotoxines…). Il s’agit du processus d’eutrophisation. 3. Polybromodiphényléther E valuation initiale 25 En ce qui concerne les apports en azote et en phosphore, les deux sources importantes sont les apports d’origine agricole (plus de 60 % des apports en azote sur l’ensemble de la sous-région marine) et les apports liés à la pollution d’origine pluviale (plus de 57 % des apports en phosphore sur l’ensemble de la sous-région marine). Le flux d’azote lié aux nitrates, vers la mer, est plutôt stable, tandis que les flux de phosphore diminuent (sauf en Corse). Le Rhône est la principale source d’apport en nutriments et matière organique vers la mer, compte tenu de son débit et de la taille de son bassin versant (Fig. 9). Les cours d’eau côtiers, dont le fonctionnement est intermittent, entraînent parfois des apports importants « concentrés » sur de courtes périodes, et liés à des effets de chasse en période de crue. Les bassins versants de proximité représentent une famille importante d’apports diffus, liés bien souvent au ruissellement pluvial des zones urbanisées, agricoles ou naturelles. Les rejets directs en mer d’eaux usées urbaines et d’eaux industrielles sont parfois importants, notamment au large des grandes agglomérations (Montpellier, Marseille, Toulon, Cannes, Nice…). La plaisance et les ports ne constituent pas une source importante d’apports à la mer. Les retombées atmosphériques sont également une source importante d’apport d’azote à la mer. Compte tenu des spécificités de la mer Méditerranée, mer « oligotrophe » (c’est-à-dire pauvre en sels nutritifs) et sans marée, les apports en matière organique et nutriments ne constituent pas un enjeu majeur pour son devenir. Seule la zone côtière du Languedoc Roussillon (de Sète à la pointe de l’Espiguette), exposée au panache du Rhône et au débouché de nombreuses lagunes, est relativement plus affectée par les problèmes d’eutrophisation que le reste des côtes françaises de la sous-région marine. 26 E valuation initiale Azote total 2% 0% 0% 6% 17% Rhône Cours d'eau côtiers Rejets urbains directs Bassin versant (pollution ponctuelle et diffuse) Rejets industriels directs 75% Ports de plaisance Phosphore total 1% 5% 0% Rhône 9% Cours d'eau côtiers Rejets urbains directs 32% Bassin versant (pollution ponctuelle et diffuse) 53% Rejets industriels directs Ports de plaisance Matières en suspension 0% 1% 8% 4% 0% Rhône Cours d'eau côtiers Rejets urbains directs Bassin versant (pollution ponctuelle et diffuse) Rejets industriels directs Ports de plaisance 87% Figure 9 : Répartition des différentes sources d’apports en azote, phosphore et matières en suspension vers la Méditerranée occidentale. Les matières en suspension sont des particules solides très fines et généralement visibles à l’œil nu. Leur mesure donne une première indication sur la teneur en matière minérale ou organique. Source : Agence de l’Eau Rhône Méditerranée et Corse. E valuation initiale 27 3. Perturbations biologiques Introduction d’organismes pathogènes microbiens La pollution du milieu marin par les micro-organismes (bactéries, virus) a notamment pour origine les rejets d’eaux usées d’origine domestique, traitées et non traitées à terre ou depuis les navires, les excréments d’espèces (sauvages et d’élevage), les rejets d’eaux pluviales souillées (lessivage de chaussées, mauvais branchements d’eaux usées domestiques). L’introduction d’organismes pathogènes a des conséquences essentiellement sanitaires, non négligeables pour l’homme, en affectant à la fois la qualité des eaux de baignade et la qualité des zones conchylicoles. 6 5 4 3 2 1 94 19 95 19 96 19 98 19 99 20 00 20 01 20 02 20 03 20 04 20 05 20 06 20 07 20 08 20 09 20 10 93 19 19 92 0 19 Taux de non conformité (%) La qualité des eaux de baignade en Méditerranée occidentale est en général (dans 98 % des cas en 2010) conforme aux normes sanitaires, avec 86 % des eaux classées en « bonne qualité ». Une amélioration sensible de la qualité des eaux de baignade a été observée de 1995 à 2000, en raison du développement des systèmes d’assainissement collectif en bord de mer (Fig. 10). Toutefois, il faut noter que la nouvelle directive européenne 2006/7/CE du 15 février 2006 concernant la gestion de la qualité des eaux de baignade impose des valeurs plus strictes concernant la pollution bactériologique, pouvant conduire à des modifications importantes dans le classement des eaux de baignade. Figure 10 : Évolution inter-annuelle du taux de non-conformité (zones de mauvaise et très mauvaise qualité) des eaux de baignade en Méditerranée occidentale, de 1992 à 2010. Source : Ministère de la Santé. La qualité microbiologique des zones conchylicoles (de production de coquillages) en Méditerranée occidentale, basée sur la détection de bactéries indicatrices Escherichia Coli, est en grande majorité classée « moyenne ». Sur les 10 dernières années, seuls deux points, situés au niveau du bassin hydrologique de la Camargue, témoignent d’une amélioration de la qualité microbiologique des coquillages. Concernant la présence de bactéries ou de virus directement pathogènes pour l’homme dans les coquillages, peu d’études récentes sont disponibles ; des études locales et ponctuelles suggèrent la présence dans les coquillages de norovirus qui sont susceptibles de conduire à des épisodes de gastroentérites chez les consommateurs (notamment dans l’étang de Thau), et dans une bien moindre mesure, de Salmonella, d’E.Coli producteurs de Shiga-toxines et de Listeria ». L’introduction d’organismes pathogènes a également des impacts sur l’état de santé des mollusques, dans les gisements naturels ou dans les zones conchylicoles, ainsi que sur les poissons (sauvages ou d’élevage). Des virus (herpes virus) et bactéries du genre Vibrio ont notamment été détectés chez 28 E valuation initiale l’huître creuse comme une cause probable des épisodes récents de surmortalités. Il est cependant souvent difficile de mesurer les impacts de ces agents infectieux, aussi bien sur les animaux en élevage que sur les stocks naturels, mais aussi de connaître les causes de leur présence ou de leur prolifération, qui résultent d’une combinaison de facteurs. Introduction d’espèces non indigènes Sont appelées espèces non indigènes les espèces transportées par l’homme en dehors de leur aire de répartition et de dispersion naturelle. A l’échelle de la Méditerranée occidentale, et plus généralement à l’échelle européenne, il semble que les eaux françaises soient parmi les plus touchées par l’introduction d’espèces non indigènes. Il semble également qu’au moins la moitié des introductions d’espèces marines non indigènes en Europe ait eu la France pour source de dissémination. En Méditerranée occidentale, près de 150 espèces non indigènes sont référencées. Les principaux vecteurs d’introduction sont les activités de cultures marines et le transport maritime. Les cultures marines sont un vecteur important d’introduction et de dissémination de nombreuses espèces non indigènes (ex. algues, mollusques, crustacés), notamment par les transferts réguliers de naissains et de stocks d’huîtres entre les différents sites ostréicoles. Les ports sont également des sites importants d’introduction d’espèces non indigènes, via les opérations de déballastage (vidage des eaux de ballast des navires) et les bio-salissures (organismes se fixant sur les coques). Les impacts les plus importants et répandus sont les modifications des habitats, des biotopes et des fonctions écologiques, ainsi que la concurrence avec les organismes indigènes pour la nourriture et l’espace. Certaines espèces non indigènes, qualifiées d’envahissantes, modifient profondément leur milieu de vie. C’est le cas notamment des caulerpes en Méditerranée occidentale (Caulerpa racemosa var. cylindracea et Caulerpa taxifolia). L’étang de Thau représente un exemple significatif d’impacts cumulatifs de la flore non indigène Caulerpes en Méditerranée. envahissante. Il constitue historiquement l’un Ifremer des sites ayant subi le plus d’introductions d’espèces marines non indigènes à l’échelle méditerranéenne. Cependant, la connaissance des impacts est un sujet complexe, qui nécessite un investissement sur le long terme pour être en mesure d’apporter des réponses et d’anticiper les évolutions à venir. Extraction d’espèces (pêche commerciale et récréative) Les espèces les plus fortement pêchées, en termes de tonnage débarqué, en Méditerranée occidentale sont la sardine, l’anchois et le merlu. Parmi les stocks halieutiques de Méditerranée occidentale qui font l’objet d’une évaluation scientifique complète, plusieurs d’entre eux (merlu et rouget de vase du golfe du Lion, thon rouge de la Méditerranée et de l’Atlantique Est, et espadon de la Méditerranée) sont exploités au delà des critères dits de « rendement maximal durable (RMD) », et sont donc considérés comme « surexploités » au regard des objectifs de la politique commune de la pêche (PCP). Cependant, l’étude des tendances sur les 10 dernières années suggère qu’une majorité de stocks évolue dans un sens favorable (mortalité par pêche en baisse). Par ailleurs, la Méditerranée occidentale est la sous-région marine où les rejets de pêche sont les plus faibles. Il est donc probable qu’ils aient peu d’impacts sur l’état des stocks des espèces ciblées par la pêche. E valuation initiale 29 L’activité de pêche contribue en outre à la mortalité par capture accidentelle d’espèces protégées ou emblématiques telles que les mammifères marins, les oiseaux ou encore les tortues marines. Des captures accidentelles de petits cétacés, notamment de dauphin bleu et blanc et de grand dauphin, sont observées, en raison de la pratique du chalutage pélagique ou de fond dans le golfe du Lion. Peu d’informations chiffrées existent à ce jour sur les captures d’oiseaux et de requins par l’activité de pêche. Des captures accidentelles de tortues marines ont été observées, notamment par des filets, chaluts et palangres. La pression exercée par la pêche engendre des effets à la fois sur les populations de chaque espèce (abondance et taille des individus), sur les communautés de poissons et d’invertébrés marins dans leur ensemble (abondance, taille moyenne et diversité), et sur la chaîne alimentaire. Ainsi, sur la période 1995-2006, une augmentation de l’abondance des prédateurs et une diminution relative des proies ont été observés. 4. Synthèse des impacts par composante de l’écosystème Élaboré dans le cadre d’ateliers scientifiques, le tableau ci-après (Tableau 2) présente de façon synthétique, l’intensité, pressentie ou avérée, des impacts engendrés par les différentes pressions traitées précédemment, sur différentes composantes de l’écosystème en Méditerranée occidentale. Tableau 2 : Intensité pressentie ou avérée, des impacts engendrés par différentes pressions sur différentes composantes de l’écosystème en Méditerranée occidentale. Légende : évaluation de l’impact de chaque pression et degré de confiance dans le diagnostic. + * ** *** 30 E valuation initiale Impact élevé Impact significatif Impact faible Pas d’impact (pas d’interaction, ou absence de la pression dans la sous-région marine) Interaction existante, mais impact non déterminé Interaction méconnue, impact non déterminé Faible confiance dans le diagnostic Confiance moyenne dans le diagnostic Forte confiance dans le diagnostic Dérangement, collisions Modifications hydrologiques Introduction d’espèces non indigènes Extraction d’espèces Contamination par des substances dangereuses Enrichissement excessif en nutriments et matière organique Introduction de pathogènes microbiens Déchets marins Espèces Habitats Perturbations sonores sous-marines Dommages physiques (abrasion, extraction de matériaux) Mammifères marins * * + * * * * * + * ** Oiseaux marins ** * + + * * * ** + *** + Reptiles marins (tortues) * ** ** + ** ** * + ** * ** Poissons et céphalopodes (espèces démersales) ** ** * * ** * ** * * * ** Poissons et céphalopodes (espèces pélagiques) ** ** * * ** * ** * * * ** Zooplancton ** ** * ** * *** ** + * + * *** Phytoplancton *** ** ** *** ** *** * ** *** * * *** Phytobenthos *** ** * *** ** *** ** + * ** ** Biocénoses du médiolittoral meuble * * * ** ** * * + * + * * Biocénoses du médiolittoral rocheux ** * * ** * * * + * + * * Biocénoses de substrat dur, infralittoral et circalittoral ** ** * + ** * * + * + *** * Biocénoses de substrat meuble, infralittoral ** ** ** + ** ** * + * + ** ** Biocénoses de substrat meuble, circalittoral ** ** ** + * *** * + ** + *** ** Biocénoses bathyales et abyssales *** ** * * ** *** *** + * * * * Poissons et céphalopodes exploités * ** * * * * ** * * * * ** Crustacés exploités * * * * * * * * ** * ** ** Coquillages exploités (y compris aquaculture) * * * * ** ** * * * ** * ** * * * * * * * ** * * ** ** *** *** *** *** * *** *** ** * ** * *** Impact sur : Espèces exploitées (D3) Modification turbidité et sédiment Pertes physiques d’habitats (étouffement, colmatage) Pression Réseaux trophiques Santé humaine * E valuation initiale 31 Exemple d’impacts cumulatifs et synergiques Les mammifères marins sont soumis à diverses pressions qui les affectent de façon plus ou moins directe. Les captures accidentelles par la pêche, la collision avec des navires sont des causes de mortalités directes. Les mammifères marins sont également soumis à des pressions moins directes : contaminants, organismes pathogènes, bruit, dérangement par l’homme sont autant de pressions pouvant entraîner des changements de comportement, voire à terme des hausses de la mortalité. Les cétacés de Méditerranée occidentale sont largement contaminés par Cachalot T. Houard / Parc National de Port-Cros les polluants organiques transmis par voie alimentaire. Aujourd’hui, les effets cumulatifs de ces différentes pressions sont très difficiles à appréhender et à quantifier. Globalement, les impacts des activités humaines sur les mammifères marins sont sans doute sous-estimés. 32 E valuation initiale Falaises plongeant dans la mer H. Bergere / Parc National de Port-Cros E valuation initiale 33 Partie 3 - Analyse économique et sociale de l’utilisation de nos eaux marines et du coût de la dégradation du milieu marin Avant-propos Cette analyse décrit dans un premier temps l’importance économique et sociale des usages, marchands et non marchands, associés au milieu marin. Sont considérées les activités maritimes proprement dites ainsi que d’autres activités qui génèrent des pressions sur le milieu marin et/ou qui dépendent d’un bon état du milieu. Dans un second temps, l’analyse recense les coûts supportés par la société du fait de la dégradation du milieu marin. Des données nationales et des données relatives à la sous-région marine ont été utilisées. 1. L’utilisation des eaux marines en “Méditerranée occidentale” Les indicateurs économiques associés aux différentes activités sont récapitulés dans les tableaux 3 et 4. Des cartes synthétisant la répartition spatiale de certaines activités sont présentées en figures 11 et 12. Transport maritime et ports Dans la sous-région marine Méditerranée occidentale, le trafic maritime est caractérisé en 2010 : - par des mouvements de navires en transit dans les eaux sous juridiction française. Ces mouvements s’effectuent notamment en direction ou en provenance des ports italiens (Gênes, Livourne), via le canal Corse par exemple ; - par des mouvements de navires en direction ou en provenance du port de Marseille (principalement). Marseille est le seul grand port maritime de la sous-région marine et constitue le premier port français pour le trafic de marchandises (en majorité du vrac liquide et notamment des hydrocarbures). Il concentre 89 % du trafic de marchandises de l’ensemble des ports français de Méditerranée (sur un total de 96 millions de tonnes). En matière de trafic passagers, cette zone maritime représente 30 % des mouvements recensés au niveau national (soit environ 10,3 millions de passagers). Cette importance s’explique par les liaisons maritimes avec la Corse et l’Afrique du Nord. Les ports de Bastia et de Marseille figurent parmi les plus dynamiques de France avec un nombre de mouvements de passagers en 2010 qui s’élève à un total d’environ 5 millions. Travaux publics maritimes Les travaux publics maritimes (construction et rénovation d’ouvrages portuaires en contact avec l’eau, dragages pour garantir un accès sécurisé aux infrastructures portuaires, travaux de protection contre la mer, travaux divers en mer) présentent des enjeux socio-économiques conséquents. Le volume d’affaires du secteur, dont la conjoncture est fortement influencée par les projets d’investissement portuaires, est estimé, pour 2009, à 154 millions d’euros pour un nombre total d’emplois de l’ordre de 320 personnes en Méditerranée occidentale. Les données disponibles fusionnent toutefois travaux maritimes et fluviaux, rendant difficile l’analyse économique de la seule filière maritime. Services financiers maritimes Ce secteur d’activité rassemble : - l’assurance des pertes et dommages subis par les navires et des risques sur les marchandises transportées par voie maritime, en France et hors de France ; - les services bancaires qui financent des projets d’énergie offshore, d’infrastructures portuaires ainsi que de construction de navires et d’équipements associés. 34 E valuation initiale Cinquièmes mondiales en part de marché de ce secteur, les entreprises françaises réalisent un chiffre d’affaires qui avoisine 1,4 milliard d’euros en 2009. Il n’est pas possible de distinguer la part de la Méditerranée occidentale dans cette activité, couvrant par nature tous les océans du globe. Construction navale La sous-région marine figure en deuxième position au niveau national en matière de construction navale. Cette position est due en particulier à l’activité du port de Toulon pour la construction de navires de défense. La réparation et maintenance navale est moins développée que sur les autres littoraux, malgré la présence de sites de réparation de navires de défense et de plaisance dans le Var et dans les Bouches du Rhône (notamment à la Ciotat, Toulon et bientôt Saint-Mandrier). L’ensemble de la filière construction et réparation navale emploie plus de 5 000 personnes (données 2009). L’essentiel de l’activité de démantèlement et de recyclage des navires de commerce est localisé à l’étranger et peu de chantiers de démolition-recyclage de navires de plaisance et de pêche sont situés dans la sousrégion marine. Câbles sous-marins Les marchés de fabrication, de pose, de maintenance et de réparation des câbles sous-marins sont avant tout internationaux. Les activités de transmission d’énergie électrique et de télécommunications relèvent de techniques de fabrication et de logiques de croissance différentes, avec des cycles marqués. Sur ces deux créneaux, les entreprises françaises sont très actives. Elles emploient en 2007 un total d’environ 1 400 personnes et présentent un volume d’affaires de 760 millions d’euros au niveau national. La part relative à la Méditerranée occidentale ne peut être isolée. La répartition des câbles installés est présentée en figure 11. Extraction de matériaux marins L’extraction de granulats marins concerne en Méditerranée uniquement les sables utilisés pour le rechargement de plages. Pour des raisons de coût de transport, le matériau de rechargement provient soit de carrières terrestres proches, soit de gisements de sables littoraux ou marins en aval de la zone à recharger ou d’une zone voisine en accrétion. Des rechargements ont été pratiqués en région Provence-Alpes-Côte d’Azur (par exemple à Menton et à Nice) dans les années 1970. Ils s’effectuent en complément d’ouvrages de protection des plages et en fonction de besoins, variables selon les années. Le rechargement en Languedoc-Roussillon est plus récent et plus massif. Il s’inscrit dans un programme combiné de gestion du trait de côte, impliquant des aménagements de protection et de maintien des matériaux. Production d’énergie Sur le littoral méditerranéen, la production d’électricité concerne uniquement la centrale au fuel de Martigues qui emploie 141 personnes en 2009. La production en mer est inexistante à ce jour. La seule énergie marine ayant atteint la phase industrielle (en dehors de l’énergie marémotrice) est l’énergie éolienne offshore qui fait l’objet d’un appel à projets au niveau national avec un coût total estimé à environ 10 milliards d’euros en 2011. Aucun site n’a été désigné en Méditerranée. Toutefois, parmi les espaces jugés propices à l’implantation d’éoliennes posées (compte tenu des contraintes techniques et des niveaux de sensibilité définis) figure une zone de 250 km² située au large de la limite séparative des départements de l’Aude et de l’Hérault. Un projet de démonstrateurs d’éoliennes flottantes est également en préparation dans le golfe de Fos. La conception de prototypes flottants permettrait de s’affranchir des contraintes bathymétriques, et d’élargir les zones propices au-delà de celles retenues pour l’éolien posé. E valuation initiale 35 Activités parapétrolières et paragazières offshore Essentiellement située à l’international, l’activité française occupe en 2009 le quatrième rang mondial. Sur le territoire national, l’essentiel de l’activité est situé à terre. Malgré l’échec de 11 forages entrepris dans la sous-région marine depuis les années 1970, un intérêt persiste pour l’exploration de nouveaux gisements d’hydrocarbures dans le golfe du Lion. Cette permanence s’explique notamment par la présence avérée de gisements de pétrole au large de l’Espagne (en face de l’embouchure de l’Ebre). Au 1er janvier 2011, un seul permis de recherche avait été déposé en Méditerranée occidentale. Figure 11 : Carte de synthèse de diverses activités maritimes de la sous-région marine Méditerranée occidentale. 36 E valuation initiale Filière produits de la mer En Méditerranée occidentale, la pêche professionnelle est une activité économique de grande importance. Les navires immatriculés sur la façade contribuent à environ 15 % du chiffre d’affaires et 25 % de l’emploi du secteur national des pêches maritimes en 2009. Les navires de la façade, souvent polyvalents, font usage de divers engins de pêche dont les principaux sont le filet, l’hameçon ainsi que le verveux – capéchade. L’activité des navires de la façade se concentre majoritairement près des côtes, dans les 12 milles. La conchyliculture représente de loin le premier secteur d’aquaculture marine. Les principales productions sont issues de l’ostréiculture (huîtres) et de la mytiliculture (moules), les autres productions étant plus marginales. La conchyliculture méditerranéenne est pratiquée essentiellement dans les étangs littoraux. La pisciculture marine, productrice de bars, daurades et salmonidés, compte 20 entreprises en Méditerranée occidentale. En 2009, l’ensemble de la filière aquacole compte 471 entreprises et représente 14 % des emplois, et 8 % de la valeur ajoutée de l’aquaculture française métropolitaine. Son chiffre d’affaires s’élève à 72 millions d’euros. Au niveau national, le bilan d’approvisionnement de la filière des produits de la mer (pêche et aquaculture) révèle une consommation apparente de 2,2 millions de tonnes représentant une valeur de 4,7 milliards d’euros. Le solde national du commerce extérieur est très largement déficitaire, les exportations dépassant à peine les 0,4 million de tonnes pour 1,94 million de tonnes d’importations. Les activités de commercialisation et de transformation des produits de la mer sur la façade et/ ou utilisant des produits issus des eaux de Méditerranée occidentale constituent un secteur difficile à appréhender en raison de la complexité de son organisation et de la multiplicité de ses sources d’approvisionnement. Au sein de cette filière, les entreprises de mareyage réalisent des opérations de “première transformation” (nettoyage, filetage, conditionnement) et approvisionnent les commerces de gros, les commerces de détail (poissonneries, restaurants) et la grande distribution. Dans la sous-région marine, en 2009, celles-ci ont un chiffre d’affaires de 150 millions d’euros pour une valeur ajoutée de 16 millions d’euros. Ces entreprises emploient 341 personnes. Peu active dans la transformation des produits de la mer, la sous-région marine accueille 12 % des entreprises et réalise 6 % du chiffre d’affaire national du secteur, soit 220 millions d’euros. Agriculture Le bassin hydrographique Rhône-Méditerranée-Corse connaît une activité agricole aux orientations variées. En 2000, les régions du bassin comptaient plus 170 000 exploitations sur une surface agricole utile (SAU) de plus de 5 millions d’ha dont 160 000 ha en Corse. L’agriculture concerne en 2010 près de 200 000 emplois (équivalent temps plein). Les grandes cultures céréalières et de protéagineux occupent une part minoritaire de la SAU (moins de 30 %). Les cultures fruitières représentent 1/5e de la surface nationale (notamment en vallée du Rhône et dans la Drôme). Omniprésente dans le bassin, la viticulture revêt une importance économique et culturelle : le bassin représente plus de 60 % de la superficie du vignoble français. La présence de cultures particulièrement irriguées est notable dans le Sud du bassin, et l’élevage bovin est très présent dans le Nord du bassin. La surface toujours en herbe occupe 80 % de la SAU corse. Industrie En 2000, l’activité industrielle du bassin Rhône-Méditerranée est principalement composée d’industries de transformation. Le bassin concentre un tiers des effectifs nationaux de chimie, pétrochimie et pharmacie. L’industrie du bassin crée 25 % de la valeur ajoutée industrielle nationale (66 milliards d’euros). Sur le bassin versant méditerranéen, la région Rhône-Alpes accueille 13 % des emplois industriels nationaux dont 75 000 emplois dans la métallurgie et la transformation de métaux. Les industries agroalimentaires E valuation initiale 37 sont aussi très présentes (31 000 emplois en région PACA, 14 000 emplois en Languedoc-Roussillon). Plus de 2/3 des 15 000 établissements industriels de la région PACA sont implantés dans les Bouchesdu-Rhône et dans les Alpes-Maritimes. Le littoral méditerranéen accueille plus de la moitié des 134 sites Seveso implantés sur le littoral métropolitain (dont 26 sites implantés dans les communes de Fos-sur- Mer et de Martigues). La majorité de ces sites sont classés à « risques associés majeurs ». Artificialisation des territoires littoraux En 2004, la part d’artificialisation du littoral de la façade méditerranéenne, 18,2% du littoral, est supérieure à la moyenne nationale. Le littoral artificialisé concerne notamment les ports, les remblais, et les digues. Tourisme littoral Le tourisme dans les espaces littoraux, correspond en 2007, au niveau national, à 29 % de la consommation touristique intérieure, soit l’équivalent de 34 milliards d’euros. Il constitue une activité primordiale de l’économie de la sous-région marine. Ce secteur d’activités regroupe, en Méditerranée occidentale, 40 % des effectifs salariés de l’ensemble des régions littorales de France métropolitaine. Il emploie en 2008 un total de 131 000 personnes. Majoritairement concentré en région PACA, l’emploi salarié du secteur est également très Fréquentation touristique du littoral présent, proportionnellement à la population, C. Gerardin / Parc National de Port-Cros en Corse. La fréquentation touristique, évaluée à partir du nombre de nuitées (Fig. 12), est particulièrement significative (45 % des nuitées sur le littoral métropolitain). Elle se trouve équitablement répartie entre l’hôtellerie classique et l’hôtellerie de plein air. La région PACA présente à elle seule 23 % des nuitées des régions littorales de métropole. La capacité d’hébergement touristique des communes littorales en Méditerranée constitue 45 % de l’offre en bord de mer en métropole et s’élève à 3,1 millions de lits en 2011. 38 E valuation initiale Figure 12 : Carte de synthèse d’activités liées au tourisme littoral et aux loisirs nautiques de la sous-région marine Méditerranée occidentale. Les activités de loisirs nautiques et littoraux Parmi les activités de loisir recensées sur le littoral figurent en particulier la baignade, la plaisance et les sports nautiques (comme notamment la voile légère et la plongée sous-marine). Ces activités sont concentrées sur les périodes de vacances (notamment en période estivale). Le littoral méditerranéen recense 38 % des zones de baignade (au sens de la directive sur les eaux de baignade) du littoral métropolitain (Fig. 12), localisées majoritairement dans le Var et les Alpes-Maritimes. En 2008, 206 plages dites exploitées sont dénombrées, sur lesquelles des activités marchandes ou non marchandes diversifiées sont proposées. Ceci représente l’offre la plus importante du littoral métropolitain dans ce domaine. E valuation initiale 39 La pêche de loisir revêt une importance socio-économique notable en Méditerranée occidentale : on estime que le montant total des dépenses directes et indirectes liées à la pratique de cette activité récréative s’y élevait en 2009 à 385 millions d’euros. La pêche du bord y est le mode de pêche le plus répandu. La pratique de la navigation de plaisance est très répandue en Méditerranée (41 % de la flotte immatriculée métropolitaine) et particulièrement en région PACA. Cette région compte, à elle Plongeur observant des Saupes seule, 61 % des embarcations immatriculées Y. Chocoloff (données 2010) et 65 % des places offertes dans les ports de plaisance en métropole (données 2008) (Fig. 12). La filière nautique française est très dynamique. Elle est composée d’un éventail de secteurs interdépendants, allant de la vente et la location de navires et d’équipements à l’offre de services tels que l’assurance et le convoyage. Son chiffre d’affaires s’élève à un total de 2,2 milliards d’euros au niveau national pour un effectif de près de 22 000 personnes. Plus de 80 % du chiffre d’affaires et des effectifs sont concentrés dans les régions littorales, tous secteurs confondus. Activités du secteur public D’autres secteurs d’activités dits « non marchands », et liés au milieu marin, s’exercent dans la sousrégion marine et génèrent une activité économique et des emplois. Il s’agit de : - action de l’Etat en mer : L’État agit de façon préventive sur le milieu marin par la surveillance du trafic maritime, le contrôle des pêches, la diffusion d’informations nautiques, le contrôle de sécurité des navires, par exemple. Il agit également de façon corrective, si nécessaire, par le sauvetage, l’assistance, le déploiement de moyens de lutte antipollution et la verbalisation des infractions en mer. La mise en œuvre des moyens d’actions maritimes et aériens est confiée au préfet maritime de la Méditerranée, basé à Toulon. Le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage de Méditerranée est situé à La Garde (Var), avec une antenne à Aspretto (Corse-du-Sud). - la Défense : En 2010, la Marine nationale dispose à Toulon de 50 % de ses effectifs (20 650 personnes), et 75 % de son budget d’équipement et de fonctionnement (2 050 millions d’euros). Egalement contributrice de l’action de l’État en mer (surveillance maritime et police des pêches, lutte contre la pollution et assistance aux navires en difficulté), la Marine nationale assure la protection des transports sensibles, la défense des approches maritimes et la neutralisation et déminage des engins explosifs. - la protection de l’environnement : Les dispositifs de protection des milieux littoraux et marins présentent des objectifs et des modes de gouvernance variés. La sous-région marine compte par exemple dans son périmètre deux parcs nationaux avec une partie marine [Port-Cros (Var) et les Calanques (Bouches-du-Rhône)], ainsi que le deuxième parc naturel marin créé en France métropolitaine et le premier en Méditerranée : le parc naturel marin du golfe du Lion. Les dépenses totales de protection des espaces naturels marins et littoraux en Méditerranée occidentale sont évaluées à 41,7 millions d’euros en 2011. La mise en œuvre de mesures de protection et de gestion de ces espaces est cruciale dans un contexte de forte croissance de la population des communes littorales (+ 31 % en 40 ans), de 40 E valuation initiale forte densité de population sur le littoral (361 habitants/km² en moyenne), et de forte artificialisation de celui-ci (18,2 % de la surface des communes littorales de la façade). - la recherche et développement : Elle concerne principalement : •l’océanographie, pour laquelle les besoins de connaissance sont croissants pour l’exploration des ressources marines et offshore •l’hydrographie, pour la sécurité en mer, la protection et la connaissance de l’environnement et des écosystèmes et les phénomènes liés au changement climatique. Divers organismes publics (Ifremer, GENAVIR, INSU, universités…) interviennent sur ces activités. Ils représentent 415 emplois dans la sous-région marine en 2011. - la formation maritime : Elle est essentiellement mise en œuvre par le réseau d’établissements spécialisés secondaires. Deux lycées professionnels maritimes se situent dans la sous-région marine (à Sète et à Bastia). Ils représentent 80 emplois équivalent temps plein et 375 élèves en 2010-2011. Un site de l’Ecole Nationale Supérieure Maritime (ENSM) est situé à Marseille. Tableau 3 : Indicateurs économiques des secteurs marchands ; ND = non déterminé ; SO = sans objet (non pertinent). ND ND ND ND Nb d’emploi National SRM 42 000 emND plois directs ND ND 154,1 ND ND 1 800 320 SO 508 SO 4 200 SO ND 1 228 ND 20 920 5 021 ND ND ND ND 6 539 140 758 ND 150 ND 1 419 ND Extractions de granulats 72,5 ND 27,7 ND ≈ 650 ND Pêche professionnelle 925 128 477 73 72 396 32 Marins embarqués : 10 675 ETP 10 063 150 237 16,5 220 808,5 ND ND Activités Ports de commerce Chiffre d’Affaires (M€) National SRM 4 500 dont 855 ND manutention 900 ND Ports de plaisance Travaux publics 450 maritimes Assurance maritime 1 387 et transport Construction navale 5 990 Production d’énergie Câbles sous-marins Aquaculture 759 Commercialisation des produits de la 1 717 mer : mareyage Commercialisation des produits de la 3 626 mer : transformation 34 000 (déTourisme littoral penses touristiques) Valeur Ajoutée (M€) National SRM Sources DGITM, UPF (CA national). DGITM FNTP, DGITM, INSEE FFSA, 2007 ESANE 2008, INSEE CLAP, 2009 EDF, ASN, CLI, conseil régionaux, 2009 INSEE, sources professionnelles, 2007 UNPG, entreprises et INSEE, 2009 et 2008 pour la valeur ajoutée 2 209 DCF, DPMA ; Ifremer SIH, 2009 1 368 DPMA/BSPA, 2009 4 590 341 OP, INSEE, DGAL, ALTARES, 2009 ND 15 590 ND France Agrimer, 2009 ND 332 420 130 886 INSEE/DGCIS- UNEDIC, 2008 SRM : sous-région marine E valuation initiale 41 Tableau 4 : Autres indicateurs d’activités marchandes et non marchandes ; ND = non déterminé. Trafic de marchandises 2010 (Mt) Trafic de passagers 2010 (Millions) Valeur National SRM 343,7 96 28,1 10,3 MEDDTL/DGITM MEDDTL/DGITM Production totale 2009 (kt) ~7 500 ND UNPG et entreprises 4 640 1 363 FPC 6 083 353 3 143 778 INSEE, SOeS 17,4 18,2 150,4 66 7,4 3.2 INSEE-DGCIS, 2011 429 206 MEDDTL, DDTM Finistère, CGEDD, IGA 456 56 Ministère chargé des sports 163 835 89 184 MEDDTL/DGITM 939 917 383 139 MEDDTL/DGITM Activité Nom indicateur Transport maritime et ports Extraction de matériaux Pêche professionnelle Habitation littorale Tourisme littoral Activités balnéaires Navigation de plaisance Pêche de loisir Nombre de navires 2009 (hors Corse) Population communes littorales (2006) Part (%) du littoral artificiel (2004) Nuitées touristiques (régions littorales), en millions Capacité d’hébergement touristique : millions de lits, communes littorales Plages « exploitées », 2008 Aires aménagées pour la baignade en mer, 2011 Capacité d’accueil ports de plaisance (nb places), 2008 Nb embarcations immatriculées, 2010 (régions littorales) Dépenses totales des pêcheurs de loisir en mer, 2009 (M€) [1 250 – 1 850] ~385 Source base de données Eurosion, 2004 ; traitement : Soes INSEE-DGCIS-partenaires régionaux, 2008 DPMA - Ifremer - BVA SRM : sous-région marine 2. Les coûts liés à la dégradation du milieu marin Quelle dégradation ? Quels coûts ? La notion de dégradation du milieu marin s’entend au regard d’une référence : le bon état écologique, décrit par la Directive-cadre stratégie pour le milieu marin. L’analyse porte ici sur 10 thèmes de dégradation : les déchets marins, les substances chimiques, les microbes pathogènes, les marées noires et rejets illicites d’hydrocarbures, l’eutrophisation, les espèces non-indigènes invasives, la dégradation des ressources naturelles biologiques exploitées (ressources halieutiques et ressources conchylicoles), la perte de biodiversité et d’intégrité des fonds marins, l’introduction d’énergie dans le milieu et les modifications du régime hydrologique. L’analyse du coût de la dégradation est traitée par l’étude des coûts supportés par la société et liés à une dégradation du milieu marin. Ainsi sont recensés les coûts liés à une dégradation du milieu marin qui peut être passée, présente, mais aussi potentielle. Elle permet de recenser un ensemble de chiffres et d’ordres de grandeur, économiques ou non, qui seront utiles pour la suite de la mise en œuvre de la Directive-cadre stratégie pour le milieu marin. Les coûts sont de quatre types différents et ne peuvent être additionnés entre eux : •les coûts de suivi et d’information : liés à la collecte d’information, à la recherche appliquée, 42 E valuation initiale aux suivis associés à une dégradation, à la mise en place de mesures de prévention et de gestion environnementale et au contrôle du respect de ces règles ; •les coûts des actions positives en faveur de l’environnement : liés à la prévention et à l’évitement de la dégradation du milieu marin, y compris les investissements, les incitations économiques et les mesures de gestion visant la protection du milieu marin ; •les coûts d’atténuation des impacts : associés à la restauration de la qualité du milieu marin et à la protection de la population humaine contre les impacts de la dégradation ; •les coûts liés aux impacts dits “résiduels”, qui subsistent bien que l’ensemble des mesures précédentes (suivi, actions positives et atténuation) aient été prises. Ces pertes marchandes et non marchandes liées à la dégradation du milieu marin ne sont pas ici estimées en termes monétaires, à l’exception des marées noires, pour lesquelles existe un accrochées par un filet système d’indemnisation permettant de les Gorgones J.G. Harmelin / Parc National de Port-Cros évaluer de manière approchée. Les coûts de suivi et d’information, ainsi que les coûts des actions positives, devraient augmenter avec la mise en place de la DCSMM. Les coûts d’atténuation et les coûts des impacts résiduels devraient, eux, diminuer du fait de l’atteinte du bon état écologique. Analyse au niveau national Nota : le présent résumé porte sur sept des dix thèmes traités dans l’évaluation initiale, en raison du manque de données agrégées au niveau de la sous-région marine permettant une restitution graphique aisée dans le résumé. Il convient donc de se référer à l’évaluation initiale pour compléter la lecture de ce résumé (coûts moyens, mesures identifiées mais non chiffrées à l’échelle de la sous-région marine, etc.) pour les thèmes suivants : déchets marins, espèces non-indigènes invasives, introduction d’énergie dans le milieu et modification du régime hydrologique. Au niveau national, et pour sept des dix thèmes de dégradation, il a été recensé, en moyenne annuelle : - 228 millions d’euros de coûts de suivi et d’information ; - 1 701 millions d’euros de coûts des actions positives en faveur de l’environnement ; - 72 millions d’euros de coûts d’atténuation des impacts. Ce dernier chiffre ne tient pas compte des coûts du ramassage des déchets, qui n’ont pu être évalués précisément mais sont probablement, à eux seuls, plus élevés que cette estimation. Les coûts des impacts résiduels ne peuvent être quantifiés monétairement. Seul le coût (annualisé) associé aux marées noires a été estimé, à 19 millions d’euros. Cette répartition montre donc une large prédominance des coûts des actions positives en faveur de l’environnement. Cela s’explique par le fait que ces coûts incluent une partie des dépenses liées au traitement des eaux usées des ménages et des industriels, qui, vu du milieu marin, est une action de prévention de la dégradation de ce milieu. La figure 13 présente la répartition des coûts recensés, par thème de dégradation, au plan national. Seuls sept thèmes de dégradation ont été analysés en raison du manque de données disponibles pour les trois autres thèmes (dont les déchets marins). On peut constater que parmi les coûts de suivi et d’information, ainsi que parmi les coûts des actions positives, plus des trois quarts sont liés à des E valuation initiale 43 dépenses relatives aux problèmes suivants : les microbes pathogènes, les substances chimiques, la perte de biodiversité et la dégradation des ressources halieutiques. Par ailleurs, hors coûts de ramassage des déchets marins, 41 % des coûts d’atténuation sont associés à la perte de biodiversité et d’intégrité des fonds marins (ex. mesures de compensation volontaire et réglementaire) et 25 % aux marées noires (ex. nettoyage). Figure 13 : Répartition des coûts comptables liés à la dégradation du milieu marin au niveau national : en % par thème de dégradation (seuls sept thèmes de dégradation ont été analysés en raison du manque de données disponibles pour les autres thèmes). Source : évaluation initiale DCSMM (2012). Analyse et spécificités de la sous-région marine Méditerranée occidentale En ce qui concerne les coûts de suivi et d’information liés à la dégradation du milieu marin (Fig. 14), les coûts liés aux suivis des substances chimiques et à la dégradation de la biodiversité sont les coûts majoritaires dans la sous-région marine. Figure 14 : Répartition coûts de suivi et d’information dans la sous-région marine Méditerranée occidentale. Source : évaluation initiale DCSMM (2012). Les coûts liés aux actions positives en faveur de l’environnement (actions de prévention et d’évitement) dans la sous-région marine (Fig. 15) sont majoritairement composés de dépenses liées au traitement de l’eau, en vue de limiter les microbes pathogènes (traitement des eaux usées domestiques) et les substances chimiques (traitement des eaux usées industrielles). La sous-région marine Méditerranée occidentale se distingue par une population littorale, et donc des coûts de traitement des eaux domestiques relativement plus importants que dans les autres sous-régions marines. En outre, les 44 E valuation initiale coûts des actions positives pour la préservation de la biodiversité (aires marines protégées, acquisitions foncières par le Conservatoire du littoral) sont relativement plus importants dans cette sous-région marine. Figure 15 : Répartition coûts des actions positives en faveur de l’environnement dans la sous-région marine Méditerranée occidentale. Source : évaluation initiale DCSMM (2012). Les coûts liés à l’atténuation des impacts constatés sur le milieu marin (Fig. 16) concernent notamment la préservation de la biodiversité. Ils sont associés aux mesures compensatoires et de restauration des écosystèmes volontaires dans la sous-région marine. Les dépenses associées au ramassage des déchets sur les plages n’ont pu être évaluées précisément (et ne sont donc pas présentées dans la figure 16). Ils peuvent toutefois être estimés à plusieurs milliers d’euros par kilomètre de plage et par an, et à des dizaines de millions d’euros à l’échelle de la sous-région marine, supportés essentiellement par les collectivités territoriales. Figure 16 : Répartition des coûts d’atténuation dans la sous-région marine Méditerranée occidentale (hors ramassage des déchets). Source : évaluation initiale DCSMM (2012). Les coûts liés aux impacts résiduels ne sont pas estimés en termes monétaires, à l’exception des marées noires. Afin de qualifier ces coûts, il est possible de distinguer les coûts liés aux : •pertes économiques (ex : manque à gagner) des activités marchandes : dans la sous-région marine, le secteur de la pêche est ainsi affecté par la dégradation des ressources halieutiques, le secteur du tourisme par la présence de déchets sur les plages. La valeur de ces pertes économiques est très difficile à quantifier. Beaucoup d’activités, et notamment la pêche et la production d’énergie, sont affectées par la présence de déchets en mer. Dans la sous-région marine, les pertes économiques dues aux marées noires sont très faibles (une seule marée noire en 1991 qui a surtout affecté l’Italie). Ce constat ne doit pas occulter la forte vulnérabilité de la sous-région marine aux conséquences E valuation initiale 45 potentielles d’une marée noire, en raison notamment de l’importance du tourisme littoral dans cette région et de l’importance de la population et des activités économiques qui y sont implantées ; •pertes d’agrément et de satisfaction (« pertes d’aménités ») : selon une enquête menée en 2011, les citoyens français se disent très majoritairement préoccupés par l’état de santé du milieu marin. Parmi les usagers du littoral de Méditerranée occidentale, la moitié environ estiment que la sousrégion marine est en « assez mauvaise » ou « très mauvaise » santé. Près de 80 % d’entre eux se disent gênés par les déchets, et 85 % par les traces de mazout sur les plages. 37 % des usagers de la Méditerranée occidentale déclarent avoir été confrontés à des pollutions ayant entraîné des interdictions de baignade. Ces mécontentements ne peuvent être traduits en termes monétaires, mais ils sont des leviers très importants d’action publique ; •impacts sur la santé et la sécurité humaine : malgré les suivis rigoureux et les dispositifs d’alerte et d’interdiction mis en place, il est avéré que des cas de maladies diverses interviennent à la suite de baignades en mer (cas probablement rares) ou de consommation de fruits de mer contaminés. Il est très difficile de dénombrer ces cas. D’autres impacts résiduels concernent la sécurité des activités maritimes, notamment la navigation qui peut être affectée par la présence de gros déchets flottants comme des conteneurs ; •impacts sur la biodiversité : la dégradation de la biodiversité, et des services « non marchands » qu’elle rend (ex : production d’oxygène, régulation du climat, protection contre les tempêtes, production de nourriture pour des espèces exploitées…) sont aussi des formes d’impact sur la société. Il est difficile d’estimer, en termes monétaires comme en termes strictement écologiques, cet impact, objet du volet « pressions et impacts » de l’évaluation (Partie 2). L’économie maritime et littorale française concerne un grand nombre de secteurs (marchands et non marchands) dont la valeur ajoutée est estimée à plus de 25 milliards d’euros et concerne plus de 450 000 emplois en 2007 (hors activités parapétrolières et paragazières offshore, principalement basées à l’international, et hors agriculture et industrie). Les coûts liés à la dégradation du milieu marin doivent également tenir compte des données qui ne sont pas exprimées en termes monétaires. Enfin, il est difficile de déterminer la part relative de l’économie maritime et des coûts liés à la dégradation à l’échelle d’une sous-région marine. 46 E valuation initiale Mérou brun S. Ruitton / Parc National de Port-Cros E valuation initiale 47 Conclusion - Identification des principaux enjeux issus des analyses de l’évaluation initiale Sur la base des éléments de connaissance disponibles dans l’évaluation initiale, il est possible d’établir une première identification des principaux enjeux environnementaux présents dans la sous-région marine « Méditerranée occidentale », issue d’un croisement des données concernant l’état des biocénoses et de celles concernant les pressions et impacts s’exerçant sur le milieu. Cette analyse aura vocation à être enrichie et amendée, au vu de l’amélioration des connaissances disponibles et des révisions ultérieures du plan d’action pour le milieu marin. Parmi les principaux enjeux identifiés, il est possible de distinguer des enjeux liés à l’état écologique et des enjeux liés aux pressions s’exerçant sur le milieu. Enjeux liés à l’état écologique •un enjeu fort sur les biocénoses riches des fonds côtiers, notamment le long du littoral des régions Provence Alpes Côte d’Azur et Corse. Les pressions (aménagements littoraux, mouillages des bateaux, usages en mer) s’exerçant sur ces zones marines sont les plus nombreuses et les plus impactantes ; •un enjeu - a priori fort - pour les têtes de canyons sous-marins, dont les premiers inventaires biologiques révèlent une richesse écologique importante. Cette diversité peut se trouver rapidement menacée par le développement d’activités anthropiques sur ces zones ; •un enjeu significatif pour le golfe du Lion et les zones côtières en matière de ressources halieutiques et d’avifaune marine ; •un enjeu en terme d’impacts cumulatifs et synergiques (collisions, prises accidentelles, contamination de la chaîne trophique) concernant les mammifères marins sur l’ensemble de la sous-région marine. Enjeux liés aux pressions s’exerçant sur le milieu marin •la grande importance du Rhône et des cours d’eau côtiers qui constituent la principale source d’apports polluants pouvant être à l’origine d’une contamination de la chaîne trophique (cas du Rhône et du merlu) ; •les apports plus locaux des grandes agglomérations, des complexes industriels et portuaires et de quelques villes littorales ; •les aménagements et les terrains gagnés sur la mer qui détruisent l’écologie et les habitats des petits fonds côtiers ; •l’action non négligeable des mouillages des navires et des arts traînants (y compris à de grandes profondeurs) sur les habitats sous-marins ; •la problématique des macro-déchets qui mérite une meilleure caractérisation pour en apprécier tous les enjeux ; •la présence de nombreux rejets illicites des navires au large de la Côte d’Azur et de la côte Est de la Corse. •un enjeu significatif, bien que difficilement évaluable compte tenu de l’état des connaissances, sur l’introduction d’espèces non indigènes envahissantes, centré sur les vecteurs d’introduction de ces espèces. 48 E valuation initiale Figure 17 : Principaux enjeux environnementaux issus de l’évaluation initiale en Méditerranée occidentale. E valuation initiale 49 Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie Direction de l’eau et de la biodiversité Sous-direction du littoral et des milieux marins La Grande Arche 92055 La Défense cedex Préfecture maritime de la Méditerranée BP 921 83800 Toulon Armées Préfecture de région Provence-Alpes-Côte d’Azur 2, boulevard Paul-Peytral 13006 Marseille Les autorités compétentes pour approuver par arrêté conjoint l’évaluation initiale des eaux marines de la sous-région marine Méditerranée occidentale sont le préfet maritime de la Méditerranée et le préfet de région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Les renseignements sur l’évaluation initiale peuvent être obtenus auprès de la direction interrégionale de la mer (DIRM) Méditerranée à l’adresse suivante : [email protected] juillet 2012 – Photo couverture : Gorgones rouges et corraligène - S. Ruitton / Parc National de Port-Cros L’Agence des aires marines protégées et l’Ifremer assurent la coordination scientifique et technique de la mise en œuvre de la DCSMM.