1.5. Le champ de l`économie définie ne comporte que deux

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Précis d’économie objective / Propositions premières de science économique /
Chapitre 1 – L’économie
1.5. Le champ de l’économie définie ne comporte que deux
productions et aucune consommation.
1. Chez les assureurs, « la production » désigne la vente.
La vente en question est celle de garanties fournies en contrepartie de primes. En gestion
d’entreprise, l’usage de l’expression « production des ventes » est très répandu, cependant
que, toujours en entreprise, les autres productions sont économiques par destination. En
comptabilité, un « produit » provient toujours d’une vente effectuée (échange) ou d’une
subvention perçue ou à percevoir (transfert).
2. L’homme ne fait rien sans produire et consommer.
De ce fait, si produire autre chose qu’un échange ou un transfert économique et si
consommer quoi que ce soit sont des actes reconnus comme étant de nature économique,
alors tout acte humain est économique. Or si tout acte de l’homme est plus ou moins
réputé économique dans les milieux savants, la distinction d’un sous-ensemble des
activités économiques au sein des activités humaines s’efface dans ces milieux.
3. La distinction entre l’économique et le non-économique est respectée au
quotidien.
Dès l’âge de raison, nous considérons tous que la vie économique est l’un des aspects de
la vie, parce que nous constatons que nos agissements et ceux de nos semblables ne sont
pas tous relatifs à l’argent et aux moyens de s’en procurer. L’intuition de l’existence d’une
sphère homogène dont l’argent est un instrument principal s’accompagne bien sûr de
propos qui utilisent extensivement le qualificatif « économique », facilitant l’accréditation
de formulations qui ne sont pas de vraies définitions de ce qu’est cette sphère mais qui
n’en font pas moins fonction d’assertions réalistes.
4. Une large part des consommations humaines est d’origine économique.
Des biens et des services achetés entrent dans cette part, après avoir vendu des services
et des biens ou reçu une subvention. Ce n’est pas pour autant que consommer est un acte
économique. Quiconque considère que tout ce qui prend part à la possibilité et à la
décision d’acheter et de consommer, ou qui est susceptible d’y prendre part, est
économique, ne reste conséquent qu’en admettant que tout est économique puisque
n’importe quoi est susceptible de prendre part à cette possibilité comme à cette décision.
5. Productions et consommations ne sont très fréquemment rendues possibles
que par des échanges et des transferts économiques.
Admettre que produire et consommer ne sont pas, en eux-mêmes, des actes
économiques ne nie pas cette évidence. Qualités et quantités produites et consommées
dépendent largement de l’organisation de la pratique des échanges et des transferts
économiques. L’objet d’étude et de réforme constitué par cette organisation suffit à faire
le propre, l’utilité et l’importance de la science économique.
6. Cette délimitation, non seulement n’enlève rien ni à la spécificité, ni à
l’utilité, ni à l’importance de la science économique, mais tout au contraire les
renforce.
Partir de considérations sur la condition humaine et sur la notion d’utilité pour en tirer
les élucidations attendues de la science économique expose non seulement au risque de
mal philosopher, mais surtout de rater ces élucidations.
7. Une doctrine des causes subjectives de la pratique des échanges
économiques fait nécessairement grand cas des notions de besoin, de rareté,
d’utilité, de désir, de plaisir, de peine.
Quand une théorisation de l’économie repose sur une telle doctrine, les énoncés qui
tiennent lieu de définition de l’économie en sont extraits. Ces énoncés ne définissent rien
parce que toutes les activités humaines satisfont un besoin en comblant un manque ;
procurent un plaisir ; donnent de la peine. En amalgamant des notions arbitraires,
l’économiste en vient forcément à l’économie qui est tout et, par conséquent, rien en
particulier, contrairement à ce qui se produit au quotidien. Les portes sont alors grandes
ouvertes à des constructions imaginaires au moyen de pétitions de principe. En tout état
de cause, l’économie qui est tout, c’est n’importe quoi.
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