QUELLE ORGANISATION LOGISTIQUE FACE A LA CONTRAINTE TEMPORELLE ? Thierry SAUVAGE AUDENCIA Nantes.Ecole de Management n°76 – décembre 2001 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 RESUME Une accélération des différents temps de l’entreprise s’est installée. L' imprévisibilité du consommateur associée à l' innovation permanente dans la conception des couples produits/service pousse l’organisation logistique à savoir gérer le changement et l' adaptation. Les solutions organisationnelles fondées sur la réactivité qui émergent exigent alors une forte intégration des partenaires internes et externes. Telle semble être une des missions essentielles du management logistique. ABSTRACT The unpredictability of the consumer together with the permanent innovation in product and service design are forcing organizations to manage the logistics of change. The reactive organizational solutions which are emerged demand a very tight integration between all partners, both internal and external. This is one of the major challenges of logistics management. MOTS-CLÉS - KEY-WORDS Supply Chain Supply Chain Logistique Logistics ECR Efficient Consumer Response Juste-à-temps Just-in-ime Intégration Integration © AUDENCIA Nantes.Ecole de Management - Cahiers de Recherche du CREA - 2001 Toute reproduction de ce document est interdite sans l’autorisation expresse de son auteur 2 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 La question posée dans cet article est de savoir s' il existe de la part de la firme un nouveau modèle de création de valeur en riposte à un environnement commercial exigeant sur le plan de la performance logistique de l' organisation. Le point de départ de notre raisonnement est le constat que l' entreprise est confrontée à de nouveaux facteurs de succès, commerciaux notamment, marqués par une surprenante accélération du temps et des flux entre tous les partenaires de la chaîne logistique. De nouveaux modes relationnels et de nouveaux comportements d' achat, aussi bien du consommateur que de l' acheteur professionnel, émergent et se structurent. La première section présente le contexte d’accélération des flux et définit le concept d’intégration. La seconde section examine les nouvelles valeurs logistico-commerciales auxquelles sont assujetties les entreprises industrielles. Deux secteurs illustrent les propos tenus : le secteur des produits de consommation courante et celui de l’automobile. Les modalités de l' intégration utilisée dans le cadre du Juste-à-temps, de l’externalisation logistique et de l’ECR sont analysées respectivement dans les quatrième, cinquième et sixième sections. I - ACCELERATION DES FLUX ET INTEGRATION DE L’ORGANISATION LOGISTIQUE Tiberghien (1998), Président de Chronopost, s' interroge dans ces termes : notre société "de plus en plus marquée par l' importance du temps", est orientée vers "une culture influencée par la rapidité, voire l' impatience". La nécessité de "synchroniser le temps de l' entreprise avec le temps de ses clients" émerge alors comme un objectif premier. Les firmes industrielles sont ainsi poussées vers de nouveaux modèles d' organisation logistique reposant sur l’accélération des flux et la gestion des cycles. Ces modèles "d' avenir" supposent de gérer au moindre coût et aux rythmes de la demande une large gamme de références innovantes. Ils impliquent une organisation de l' entreprise en réseau de partenaires pour pouvoir à la fois « customizer » l’offre aux goûts de chaque client, centraliser les stocks de base par famille de produits et desservir des zones géographiques élargies. L’importance du temps est à rapprocher d’une tendance générale à l' innovation-produit permanente, facteur clé de succès commercial dans bon nombre de secteurs industriels. L’élévation des rythmes d’innovation alimente l' obsolescence des stocks, dont la constitution devient risquée. Les parts de marché en deviennent plus volatiles. D’où la nécessité d’être capable de produire et de 3 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 livrer rapidement uniquement à la demande pour réduire au mieux les risques d' invendus. Cela exige la mise en place d' organisations logistiques réactives. La réactivité se définit comme la capacité d' identification puis de satisfaction des demandes non anticipées. Elle implique nécessairement la flexibilité qui est la capacité à percevoir à temps les changements du marché ou les nouvelles opportunités pour modifier les processus en-cours. La flexibilité globale d' une chaîne logistique est souvent associée à la notion d' agilité définissable quant à elle comme la capacité de reconfiguration rapide des ressources disponibles d' une extrémité à l' autre de la chaîne. Faute de réactivité, les surcapacités productives guettent et risquent de freiner les possibilités de déstockage des produits d' ancienne génération arrivant à péremption. Depuis le milieu des années 1990, la pression des délais est amplifiée par la dématérialisation des négociations et le développement du e-business dans les relations d' achat et d' approvisionnement interentreprises. Le développement des places de marchés sectorielles, c' est-à-dire la mise en place de clubs d' acheteurs ou de fournisseurs s' abonnant à des systèmes d' enchères, constitue une initiative qui débouche sous réserve d’une organisation logistique efficace sur une compression du délai global d’approvisionnement. Les tâches administratives non créatrices de valeur et les coûts associés à la confrontation physique et la négociation entre les acheteurs et les fournisseurs sont en effet minimisées. Le besoin d’accélérer les flux se matérialise par des innovations et solutions organisationnelles ayant toutes un même point commun quel que soit le secteur : un ancrage dans une approche globale des flux circulant entre les partenaires. Ce principe est souvent associé au Management Intégré des Processus Logistiques, plus communément identifié par l' appellation de Supply Chain Management (SCM), défini à l' origine par Cooper et Ellram (1993) comme une philosophie intégratrice permettant de gérer globalement l' ensemble des flux depuis le fournisseur jusqu' au consommateur final dans un contexte de partage des gains pour tous les partenaires et dans une optique de satisfaction du consommateur final. La compétition s' effectue alors chaîne logistique contre chaîne logistique. Nous émettons l’hypothèse que les solutions organisationnelles implémentées par les entreprises sont subordonnées à une condition nécessaire de forte intégration (des partenaires) de l’organisation logistique (figure 1). Faute de quoi, cette organisation ne peut répondre de manière satisfaisante à des demandes révélées sans cesse plus complexes (Handfiel et Nichols, 1999). 4 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 Figure 1 – Modèle d’interprétation de l’intégration de l’organisation logistique Facteurs de succès commerciaux Facteurs de succès logistiques Solutions organisationnelles créatrices de valeur Niveaux requis d' intégration de l'organisation logistique - consommateur - ressources internes - prestataires externes - fournisseurs Qu' entendre par Intégration ? Toutes les fonctions de l' entreprise sont plus ou moins concernées par l’organisation logistique, à des degrés différents selon les contraintes imposées par l' environnement. La qualité de l' ajustement entre l' offre et la demande, que l' on peut par exemple caractériser par le taux de service ou la réactivité à la commande, dépend de la gestion des interfaces entre la fonction achats en charge des approvisionnements, la direction industrielle en charge du développement produit et de la fabrication, la fonction commerciale en charge de la distribution et du service après-vente... L' intégration des partenaires de l' organisation logistique se définit ainsi comme la mise en œuvre d' une cohérence globale dans les prérogatives logistiques réparties entre les différentes composantes de l’entreprise. L' objectif de cette cohérence est l’élimination des non-conformités et des dysfonctionnements générateurs d’activités correctives ou redondantes, consommatrices de temps. L' intégration de l’organisation logistique permet de rationaliser les différents temps intervenant dans le cycle de vie du produit, de la Recherche et Développement en amont au retraitement des biens en aval. Elle ne peut alors que s' insérer dans une démarche collaborative globale fondée sur l' animation et la communication entre les réseaux de partenaires internes et externes, à laquelle la technologie ne fait qu’apporter un soutien. Le concept d' intégration dépasse la notion de coordination qui fait référence "au mécanisme formel permettant de rendre cohérent et de synchroniser les actions" (Helfer et al, 1998, p.237). L' intégration "prend en compte le comportement des individus et leur volonté de coopérer afin de résoudre les conflits ... au mieux des intérêts globaux". Différents mécanismes peuvent contribuer à l' intégration (tableau 1). L’intégration des partenaires ne constitue pas une finalité en soi. Elle représente la mise en œuvre de valeurs communes et d’une interopérabilité des systèmes. Elle permet l’épanouissement d’une efficacité de l’organisation indispensable dans un contexte logistico-commercial marqué par la rareté du temps. 5 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 Tableau 1 - Les mécanismes d'intégration D'après Helfer et al (1998, p.238) D'après Estampe et al (1999, p.8) Ajustement mutuel (autonomie) : efficace si volonté commune Unification de la chaîne logistique par des relations de de collaborer coopération Hiérarchie, supervision directe : efficace si demeure Adaptation des systèmes d' information pour faciliter les exceptionnelle processus Comités, groupes de travail : permet l' échange d' informations Partage des informations et des décisions communes Interface, agent coordonateur : joue un rôle de conciliateur Compatibilité à partir d' un format approprié, réactif et facilement utilisable par la chaîne logistique Responsable de projet "transversal" Standardisation avec mise en place de procédures communes pour faciliter et améliorer les process Responsable de produit : développe les stratégies produit Simplification des procédures Procédures : règles communes Adhésion des hommes Objectifs communs et transversaux Valeurs communes, normes culturelles : doivent être "partagées" Formation : permet de développer des référentiels communs II - DE NOUVELLES VALEURS LOGISTICO-COMMERCIALES Un mouvement global de reconfiguration des chaînes de valeur s' est amorcé depuis le milieu des années 1980. Les entreprises ont reconsidéré leur arbitrage entre d’une part l’importance du prix du produit comme facteur d’achat, et d’autre part l’importance de la valeur ajoutée au produit, en particulier la prestation logistique. Cette reconsidération s' est traduite par une réorganisation et un repositionnement pour mieux intégrer les attentes réelles du client final, notamment sa sensibilité croissante au temps (time sensitivity) ou à l’écologie. Attentes d' autant plus pressantes que ce consommateur fait preuve d' une volatilité sans cesse plus forte, que ce soit par rapport aux marques, enseignes ou formules de vente (Sauvage, 2000). Dans ce contexte, pour Emerson et Grimm (1998) le succès logistique prépare le terrain au succès commercial. Avec Christopher (1997), la logistique est source d' avantages marketing nécessitant un pilotage des processus logistiques par la demande. Dans tous les cas, le Management Logistique devient indissociable du 6 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 management de la relation avec le consommateur, plus généralement de la relation avec le client. L’adossement de la fonction logistique à l’analyse du marché peut être difficile à réaliser. La difficulté tient notamment à ce que les responsables d’entreprises acceptent mal l’idée qu’il puisse exister une incertitude sur la demande de leurs produits si forte qu’il faille la « couvrir » par une organisation logistique efficace. Fischer (1997) remarque que face à leurs actionnaires, les managers ne peuvent ouvertement donner de l’importance à des projets d’organisation logistique réactive qui constituent l' aveu d’une faiblesse potentielle de leur produit. Tableau 2 - L'évolution des stratégies logistiques 1960 – 1980 : Logique de développements capacitaires 1980 – 1990 : Logique de rationalisation et de réduction des coûts 1990 – 1995 : Logique de différenciation par le service 1995 – 2000 : Logique de réactivité dans un contexte d’innovation-produit et de mondialisation Historiquement, l' organisation logistique fondée sur les stocks qui prévalaient jusqu’au début des années 1980 (tableau 2), période de croissance économique, s' est assise, surtout pour les produits de consommation courante, sur des réseaux d’entrepôts multiproduits ou généralistes de couverture régionale ou interrégionale. Le dynamisme de la demande stimulait la multiplication des capacités productives et d’entreposage. La proximité des zones à livrer permettait la maîtrise des coûts de transport dans un contexte financier favorable de taux d' intérêt réels particulièrement faibles. A partir des années 1980, les stocks deviennent coûteux (figure 4). Des mouvements de rationalisation des stocks et de centralisation se sont alors développés, pour probablement atteindre des seuils limites en l’espace de 10 années. La décennie 1990 est marquée par le service, vecteur de différenciation. La faiblesse des stocks de proximité résultant de la phase de centralisation semble d’ailleurs perturbante pour la qualité des livraisons. Elle se révèle paradoxale au souci de fidéliser le client : le stock représente un confort pour livrer rapidement des clients impatients. En même temps, la multiplication, la personnalisation et le renouvellement rapide des références, associée à une élévation surprenante de la sensibilité du consommateur au temps pour reprendre Christopher (1997), rendent risqué le schéma d' organisation logistique fondé sur le stock. Fischer (1997) fournit une illustration tout à fait intéressante de ce paradoxe à partir du cas de la grande distribution. D' un côté, le distributeur fait preuve d’un excès de confiance dans les pratiques de prix promotionnels : il stocke de manière spéculative. De l' autre côté, il recourt à la démarque pour 7 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 éviter les invendus car le stock présente un risque fort. Fischer rapporte que le stockage pendant un an d’un produit acheté d’avance représente au moins 25% du prix d’achat de ce produit. De ce point de vue, la centralisation contribue à alléger la facture des stocks d’invendus. Le modèle de Wilson permet d’ailleurs de démontrer qu’une diminution de n à p entrepôts s’accompagne d’une réduction théorique du niveau du stock global dans un rapport de √(p/n) (Vallin, 1999). Les redéploiements au sein des infrastructures régionales de distribution physique présentent néanmoins une légitimité par rapport au souci de réactivité, surtout s' ils n' empêchent pas la poursuite éventuelle de la rationalisation de productions de base au niveau européen, voire mondial. Cette légitimité est accessoirement confortée par la baisse depuis 1995 des taux d' intérêt réels, c' est-à-dire du différentiel taux d’intérêt - taux d’inflation, rendant le coût d' opportunité des stocks de distribution un peu plus supportable (figure 2). Cette baisse ne remet pas encore en cause les logiques centralisatrices développées à partir des années 80. Le coût de l’argent immobilisé sous forme de stock reste encore important. Seule une inflation durable proche des taux d' intérêt des marchés financiers pourrait accroître les pressions en faveur de redéploiements massifs des stocks. Figure 2 - Evolution des taux d'intérêt réels 20 T a u x in té rê t 1 0 a n s (o b lg d' E ta t) T aux d' in fla tio n m o y e n 10 T a u x in té rê t ré e l 2002 2000 1998 1996 1994 1992 1990 1988 1986 1984 1982 1980 1978 1976 1974 1972 1970 1968 1966 1964 0 1962 5 1960 pourcentages 15 -5 années Le pilotage traditionnel de l' organisation logistique est focalisé sur les stocks et l’optimisation des flux. Il exploite les prévisions de vente et repose sur une certaine stabilité des comportements d’achat. Cette démarche est pertinente dans des contextes oligopolistiques ou pour des marchés captifs ; elle s’avère en revanche antinomique à des environnements à haut contenu d’incertitude 8 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 rendant les prévisions peu pertinentes. L’apport de Fischer (1997) est sur ce point essentiel : il présente l’incertitude commerciale résultant du rythme d’innovation-produit comme un élément devant déterminer l’organisation logistique. Fischer en déduit un modèle d’adéquation de la chaîne logistique au produit. Plus exactement, la création de valeur attendue pour le client détermine l' orientation en termes de création de valeur par l' organisation, elle-même constituant les perspectives de richesse pour l’actionnaire et donc le maintien des équipes dirigeantes. Selon Fischer, dans un contexte d’incertitude commerciale, la création de richesse pour l’actionnaire se révèle fondamentale à cause du risque pris par l’investisseur. Les investisseurs et propriétaires de l’entreprise attendent un management de la valeur qui se traduit par des profits permettant de rémunérer non seulement le capital mais aussi le risque lié aux investissements. Ce risque va de pair avec le degré d’incertitude de la demande. Dans un article stimulant sur ce thème, en comparant les performances actuelles des emprunts d’Etat et des actions, Christopher et Ryals (1999) notent qu’au Royaume Uni, la rémunération du risque est de l’ordre de 8.5% sur le long terme. Pour dégager une richesse suffisante à la juste rémunération d’un risque élevé, Christopher et Ryals (1999) considèrent que l’arbitrage entre coût et service devient hors de propos : il faut à la fois accroître le niveau de service, et réduire les coûts pour améliorer les cash-flows. Srivastava et al (1998) précisent que l' amélioration des cash-flows passe par leur accélération, leur accroissement, la réduction de leur vulnérabilité et l' accroissement de leur valeur résiduelle. L’accélération des cash-flows, qui a pour effet d' augmenter leur valeur actuelle nette, passe par une réponse rapide à la demande mais également par l’existence d’une relation de confiance à laquelle contribue la logistique et incitant le client à l' acheter sans hésitation le produit. L’accroissement des cash-flows repose sur la réduction des coûts, mais également sur le cofinancement des dépenses et le développement de nouveaux besoins chez les clients. Sur le plan logistique, une solution peut consister par exemple à mettre en place une organisation permettant de comprimer le temps dans l’ensemble de la chaîne logistique, en éliminant notamment toutes les activités non créatrices de valeur. La vulnérabilité et la volatilité des cash-flows dépendent du risque dont le coût est matérialisé par la rémunération consentie au capital. La vulnérabilité est réduite par la satisfaction, la loyauté et la fidélité des clients. Srivastava et al (1998) notent sur ce point que le recours massif aux ventes promotionnelles, en constituant une source d’instabilité de l’activité, accroît le niveau de risque lié au cash-flows. La valeur résiduelle correspond aux cashflows prévisionnels. Elle dépend de la qualité et de la profitabilité potentielles des clients. La 9 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 valeur résiduelle des cash-flows permet notamment de rassurer les investisseurs et de pouvoir lever les capitaux nécessaires à la croissance. L’organisation logistique contribuant à l’amélioration des cash-flows est nécessairement orientée vers l' accroissement de la valeur intangible du capital, plus exactement vers la qualité des relations avec les partenaires ou clients. La qualité du système relationnel participe indirectement à la fidélisation des clients et au détournement des prospects. Elle s’inscrit dans une logique de long terme, qui se révèle nécessairement humaniste : l' individu, le client aussi bien que l' employé, prenant une place centrale dans le processus de création de valeur. Pour Prahalad et Venkatram (2000), le client en particulier devient une source de compétences incontournables, dont l’exploitation exige la mise en œuvre d’une interactivité forte. Cette interactivité baignée par une imprévisibilité croissante du client implique le développement de la flexibilité organisationnelle qui permettra de « coller » au marché. La flexibilité semble fortement ancrée dans le capital humain de l’organisation. Senge et Carstedt (2001) prétendent que la pérennité de l' entreprise trouve sa source dans ce capital humain qui, une fois qu' il est stimulé et impliqué, permet notamment de transformer les idées ou les innovations en actions créatrices de richesse. La mise en œuvre d’un fonctionnement réactif de la chaîne logistique nécessite une remise à plat complète des systèmes relationnels de l' organisation au sens large que ce soit pour développer l’interactivité et la proximité avec l' individu ou pour assurer la connectivité et le décloisonnement avec les différents partenaires, internes et externes. Les nouvelles valeurs logistico-commerciales qui contraignent les organisations industrielles apparaissent dans les analyses sectorielles effectuées par Samii (1997). Deux secteurs en témoignent : le secteur des produits de consommation courante marqué par la forte influence des grands distributeurs, et l’industrie automobile marquée par la contrainte de l' innovation-produit. III - LES SECTEURS DES PRODUITS DE CONSOMMATION COURANTE ET DE L’AUTOMOBILE Le secteur des produits de consommation courante regroupe des produits de faible valeur : les industries du savon, de l’alimentation, des cosmétiques, de l’hygiène… Il correspond à des marchandises vendues essentiellement par l' intermédiaire de la grande distribution non spécialisée des Carrefour et Auchan, et pour lesquelles le poids relatif du coût logistique reste important. La structure du marché est fondée sur la coexistence de quelques grands groupes multinationaux en 10 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 concurrence avec un tissu riche de PME ayant néanmoins des visées sur le marché mondial. Les produits de consommation courante sont confrontés dans les pays occidentaux à une stagnation des débouchés, à une "satiété" du consommateur selon Perez (1997). L’objectif n’est pas seulement de préserver ses clients et de trouver de nouveaux marchés, mais de subtiliser des parts de marché aux concurrents. Les efforts de productivité et de baisse des coûts ne suffisent plus. Perez (1997) décrit ainsi une nécessaire logique agressive de différenciation tous azimuts qui s’impose pour détourner le client de ses produits et marques habituels, pour l' exciter et le sortir de son assoupissement. Cette logique repose sur l' innovation, l’extension des gammes et la multiplication des opérations promotionnelles qui génèrent autant de contraintes logistiques supplémentaires à gérer. Les rythmes soutenus d’innovation et de renouvellement des références alimentent l' imprévisibilité du consommateur. Dans ce contexte, les risques d’échec commercial sont considérables et l’intégration des partenaires à l' organisation logistique commune permet de mieux gérer le coût de production de la diversité et de la richesse de l' offre. Cette intégration exige des chantiers de progrès spécifiques. Lorsque ces derniers s' accompagnent de difficultés sérieuses de mise en oeuvre, l' internalisation peut constituer une alternative sérieuse. Ghosh et John (1999) notent que dans le secteur des sodas marqué par un environnement commercial volatil, Coca-Cola a pris le parti de garder en interne tout le process d’embouteillage dans un souci de réactivité de l' organisation productive. En revanche, Pepsi qui a choisi la solution de franchiser des embouteilleurs indépendants, semblerait confrontée à des difficultés d' intégration et à une plus faible capacité d’adaptation aux soubresauts de la demande. Le contexte commercial de l’industrie automobile se révèle différent. Le secteur est fortement concentré du fait du caractère très capitalistique de l' industrie (Womack et al, 1992). Jusqu’au milieu des années 1990, le marché européen a évolué au rythme des années de crise et des quotas à l’importation imposés par les états. Les consommateurs, de leur côté, freinaient leurs besoins en véhicules neufs. Les industriels stockaient sur leurs parcs tout en réduisant leur production dans l’attente du début d’un nouveau cycle de consommation. La pression concurrentielle se révèle particulièrement vigoureuse aujourd' hui pour trois raisons. Premièrement, le remplacement des véhicules particuliers en circulation se heurte à un marché de l’occasion florissant. Deuxièmement, une surcapacité industrielle chronique s' installe avec la mondialisation, ainsi qu’avec la modernisation des outils de production en Europe de l’Est, manifestation d' un rattrapage technologique inévitable. La libéralisation de la distribution automobile européenne prévue pour 2002 selon le magazine Capital (2000) devrait amplifier les effets des surcapacités. Troisièmement, 11 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 Internet introduit un canal de distribution concurrent balayant les règles d' exclusivités territoriales des concessionnaires. Depuis 1997, le marché connaît une reprise de la demande, stimulée par un grand effort d’innovation dans les airbags de série, l’esthétique, les motorisations TDI ou HDI, la moindre consommation de carburant... L’innovation-produit se révèle capitale. Le secteur automobile est une industrie cyclique qui se caractérise par une organisation logistique qui doit s’adapter à de nouveaux cycles commerciaux, de plus en plus courts et tournés vers l’innovation-produit permanente, principal facteur de succès commercial. Les constructeurs ont également abordé le début du cycle de reprise de la consommation par le choix de s’implanter in situ, pour coller aux marchés et "mieux vendre". Aujourd’hui, 80 % des pièces des véhicules vendus en Europe sont fabriquées en Europe, y compris les marques japonaises (Samii, 1997). Selon Shimizu (2000, p.111), entre 1994 et 1998, la part des véhicules produits par les constructeurs nippons hors du Japon a augmenté de 26.6%. En 1994, les constructeurs japonais établis en Grande Bretagne fabriquaient 400000 véhicules/an. En 2000, ce chiffre devait dépasser le million selon Samii (1997). Ce type de redéploiements se retrouve chez tous les constructeurs européens, Volkswagen (Jürgens, 2000) aussi bien que Renault (Freyssenet, 2000). Les redéploiements d’outils de production s’intègrent dans une gestion globale des (sur)capacités productives intéressante en cas d’inversement de la dynamique sur certains marchés. Les constructeurs ont été marqués par le souvenir de leur captivité lors des années de récession par rapport à des marchés locaux saturés. Les redéploiements des capacités de production, en propre ou en sous-traitance, s’inscrivent dans des stratégies d’organisation mondiale de la production soucieuses de la complémentarité et de la cyclicité des débouchés. Les constructeurs asiatiques s’implantent en occident après avoir conquis le continent américain, leurs confrères occidentaux visant des implantations dans les pays d’Europe de l’Est. Pour les groupes ouest-européens comme Renault ou VAG sont à l’origine positionnés sur des marchés saturés où les parts de marchés sont très fluctuantes selon le succès des nouveaux modèles, l’Europe de l’Est est vite apparue comme une source de débouchés proches. Pour des populations comparables, l' Europe de l’Est capitalise 32 millions de véhicules particuliers, alors qu' à l’ouest le chiffre est de 350 millions. Et sur les 32 millions, seuls 2,5 millions sont produits par les industriels locaux. Une partie des productions localement excédentaire par rapport à la demande est temporairement réexpédiée vers l’Europe occidentale, où les capacités de production sont saturées en période de reprise forte de la consommation. L’approche globale du système productif permet de réduire considérablement le risque lié au surdimensionnement potentiel des investissements par rapport au pouvoir d’achat local et aux débouchés réels. Lorsque les débouchés 12 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 locaux s’affaiblissent les grands groupes internationalisés peuvent procéder à des réaffectations de ressources, aussi bien en hommes qu’en matériels. Les taux de change élevés de la Livre Sterling par exemple incitaient en 2000 les constructeurs à ralentir temporairement les productions en Grande Bretagne, peu compétitives pour l’exportation, au profit d’autres pays de la zone euro. Renault/Nissan annonçait dans le magazine La Vie Financière du 25 nov. 2000 (p6) avoir engagé une réflexion pour “rapatrier la production de la future Micra sur le continent, en France et en Espagne ”. Le rapprochement culturel entre les constructeurs et les marchés locaux s’exprime aussi par la revendication chez les fabricants d’une conscience citoyenne. L' attitude citoyenne consiste à contribuer à la préservation de la qualité du cadre de vie de la cité et de l' environnement. Elle constitue un axe de communication créateur de valeur. Les véhicules particuliers produisent 80% de la pollution de l’air dans les villes. Toutes industries confondues, moins de 10% de tout ce qui est extrait de la planète devient constituant d' un produit fini (Senge et Carstedt, 2001). Des positionnements "verts" se multiplient chez les constructeurs d’Europe occidentale. En Allemagne, les industriels veillent aujourd’hui à ce que toutes les pièces utilisées puissent être recyclées par le fournisseur d’origine. Pour être viable, ce recyclage suppose une rationalisation de la chaîne logistique des retours (Reverse Supply Chain), avec éventuellement le recours à des spécialistes externes. La nécessité d' organiser le recyclage des matériels périmés s' impose d' autant plus vivement que les volumes augmentent avec l’accélération des vitesses de développement des nouveaux produits. Pour Senge et Carstedt (2001), un naturalisme d' entreprise émerge et constitue un champ majeur d' innovations postindustrielles pour l' entreprise : conception de produits propres, systématisation du recyclage ou de la biodégration, réduction des déchets... Examinons les conditions d' intégration requises pour mettre en œuvre les deux solutions organisationnelles que sont le Juste-à-temps et l’externalisation logistique. IV - ORGANISATION EN JUSTE-A-TEMPS ET INTEGRATION DES SOUS-TRAITANTS La complexité des flux est une conséquence d’une organisation logistique fondée sur le Juste-àtemps. Entre 1987 et 1995, l’usine Renault de Sandouville a connu cette complexification : en 13 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 1987, 7,5% étaient de flux quotidiens, 7,5% des flux hebdomadaires et 17,5% des flux mensuels. En 1995, 18% étaient en temps réels, 44% multiquotidiens, 28% quotidiens et 10% hebdomadaires. Le juste à temps (JAT) a été développé à l’origine dans l’industrie automobile pour accroître la réactivité de l’organisation confrontée à des demandes de plus en plus diversifiées auxquelles les constructeurs souhaitaient apporter des réponses adaptées. Pour arriver à cela, une condition nécessaire est de produire avec des délais minimums et en petites séries. Le stockage pour chaque référence, d’un coût prohibitif, est abandonné. Le principe consiste à acheter et produire seulement ce dont on a besoin et quand on en a besoin. La baisse des stocks n’est alors qu’une conséquence de la recherche de la réactivité pour l’organisation toute entière (tableau 3). Tableau 3 - Le Juste à Temps (JAT) Le JAT est un principe d’organisation diffusé par l' industrie automobile japonaise au début des années 1980 et fondé sur la réactivité à la demande et donc sur la réduction des cycles de mise à disposition des produits finis. Il nourrit une création de valeur par la production d' une plus grande variété de produits. Les gains financiers peuvent également être conséquents. Le passage au JAT peut permettre une baisse de 10 à 25% du prix de revient, transformable en augmentation des parts de marché ou des marges. D' après Woomack et al (1992), le JAT peut générer une baisse de 75 à 95% des stocks, des temps de changement d’outils et des pannes, une réduction de 300% des défauts sur produits et une diminution de 50% de la surface utilisée. Le JAT suppose une série de propriétés caractérisant selon Béranger (1987) une organisation tournée vers la réduction des cycles. Produire ni plus ni moins que ce qui est commandé. Avoir des délais de production les plus courts possibles pour être réactif par rapport à la commande Développer une capacité à changer rapidement les outils et une rapidité des réglages (et ainsi pouvoir fabriquer en petites quantités) Acheter les fournitures et matières premières au dernier moment, en fonction de l' évolution des commandes clients. Eviter les gaspillages de temps : ne pas trop centraliser, ne pas rechercher trop de mise en commun des moyens pour ne pas créer des goulets d’étranglement. Fiabiliser les moyens : dispositifs de maintenance pour éviter les ruptures dans la production, appliquer une politique sociale pour prévenir les grèves et mouvements sociaux susceptibles d' affecter la continuité de la production. Limiter les déplacements de pièces consommateurs de ressources et de temps Contrôler systématiquement la qualité des achats des produits intermédiaires pour éviter les pertes de temps a posteriori (litiges d' approvisionnement., problèmes de fabrication...) Développer l’autonomie : pour cela, il faut assurer la polyvalence du personnel invité à assurer un éventail élargi de responsabilités opérationnelles. Selon Béranger (1987), une organisation en JAT nécessite une démarche globale reposant sur : - la simplification au maximum des flux de personnes, de matières, d’informations (exemple : la technique Kanban), impliquant une collaboration interentreprises, - la formation et la polyvalence, - une gestion de la performance fondée sur la réactivité et les délais. 14 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 Chacune de ces exigences sous-entend un effort d’intégration des partenaires de l’organisation logistique. La simplification des flux a pour finalité que les délais de production et de distribution soient les plus courts possibles afin de mettre sur le marché à la demande et rapidement des produits sensibles au temps, innovants ou personnalisés. Les gaspillages de temps et les erreurs de conformité, sources de litiges ou de traitements redondants, sont proscrits. La simplification des flux implique souvent une qualité totale (au niveau des méthodes de production, des délais…) permettant l’éradication des gaspillages de temps. Elle nécessite un contrôle continu de la qualité (Total Qualité Control), dans lequel les sous-traitants jouent un rôle de premier plan. Pour garantir la qualité, en particulier dans le développement des composants de haute précision, les équipementiers sont fortement intégrés dans l’organisation des constructeurs, si ce n’est parce qu’ils doivent être « formés » par les constructeurs aux dernières technologies et aux nouveaux process. L’émergence d’une proximité technique et culturelle entre le sous-traitant et le constructeur contribue à la fiabilité. L’intégration des sous-traitants constitue l’antidote aux dysfonctionnements qui favoriseraient le mécontentement des clients ou des partenaires. L’intégration peut être facilitée par des stratégies d’essaimage visant à inciter des collaborateurs à la création d’entreprise de sous-traitance. Qui mieux qu’un ancien collaborateur connaît les exigences de qualité, les normes et les réseaux internes permettant de piloter la relation de soustraitance. Les prises de participations1 et les restructurations des portefeuilles de fournisseurs2 se multiplient également. L’idée sous-jacente est de favoriser la coopération et de fortes interactions avec des interlocuteurs en nombre limité adhérent à des valeurs et des normes communes. La simplification implique également une forte coordination et une centralisation décisionnelle. Le groupe VAG (VW, Audi, Seat, Skoda) a ainsi créé une fonction logistique centrale, le Konzern Logistik, permettant d’harmoniser les stratégies logistiques pour chaque marque (Samii, 1997). Cette fonction coordonne les méthodes propres à chaque marque, établit des plans d’approvisionnement transversaux à plusieurs marques pour chaque composant, gère les rapports entre les différentes marques, optimise les moyens de transport… La consolidation des flux des différentes marques a rendu pertinent pour VAG le recours au transport ferré, sous certaines conditions de desserte, dans un contexte de forte européanisation et de pressions écologistes 1 2 Le groupe Peugeot s’est par exemple renforcée en 2000 dans le capital des équipementiers Sommer-Allibert et Faurécia, la Snecma dans celui de Labinal. Nissan actionnaire de 27 équipementiers en août 2000 annonçait souhaiter se désengager d’une vingtaine d’entre eux... 15 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 (tableau 4). La centralisation des décisions au sein de la fonction logistique facilite par ailleurs la réactivité le long de la chaîne logistique grâce à une meilleure synchronisation des transferts des marchandises (produits, sous-ensembles, pièces détachées…). La fonction logistique gère dans cette perspective des réseaux de plates-formes régionales, souvent auprès de prestataires, permettant des livraisons multiquotidiennes. Seuls les flux de pièces de rechange déroge à cette règle. Les références sont trop nombreuses et peu vendues, légitimant un stockage sur un petit nombre de sites assorti d’un recours intensif aux transports express. Tableau 4 - Répartition modale chez VAG 1990 2000 (objectif) Rail Route Rail Route Approvisionnements 51% 49% 80% 20% En cours 66% 34% 80% 20% Véhicules finis 88% 12% 90% 10% Source : Samii, 1997 Devant le haut degré de complexité atteint, la formation et l’internalisation de compétences logistiques fortes sont nécessaires. Le travail à la chaîne qui existait jusque dans les années 1990 dans le Toyotisme a disparu pour laisser la place à un travail "humanisé" selon une expression de Shimizu (2000). L’humanisation ne correspond pas ici à des préoccupations sociales de type humaniste. Elle traduit surtout le souci de développer les compétences individuelles, l' autonomie et la créativité des groupes de travail, indispensables à la mise en œuvre du principe de réactivité. Autrement dit, les ambitions du juste-à-temps imposent une nouvelle organisation sociale. Elles reposent sur l’intégration du personnel interne dans une organisation logistique marquée par la simplification des niveaux hiérarchiques et par la polyvalence. L’innovation permanente et le sur-mesure imposent le pilotage de l’organisation logistique par des indicateurs mesurant les cycles et les délais. L’organisation en JAT suppose l’utilisation d’outils et de procédures de pilotage par les délais favorisant la réactivité de tous les partenaires. Un tel pilotage se révèle difficile à généraliser. Il n' est d’ailleurs que partiellement mis en œuvre dans le secteur automobile (Fischer, 1997). Résultat symptomatique, en France, le délai global de livraison demeure encore important ; il est en moyenne de quinze jours, décomposé en deux jours d’approvisionnement, une journée de production et deux semaines de distribution physique (Stratégie Logistique, 2000). Certains constructeurs semblent plus avancés. Nissan, en Angleterre, 16 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 fabriquerait et livrerait en dix jours et envisagerait, selon un dossier du magazine Capital (2000, n°109)), de ramener ce délai à trois jours : le Three days car program. La production automobile reste encore aujourd’hui pilotée non pas par la demande réelle mais par les commandes des concessionnaires. A l’arrivée, l’automobiliste obtient rarement le véhicule désiré : le concessionnaire s’échine à lui octroyer des rabais pour liquider les anciens modèles en stock. Ce qui est contradictoire avec la philosophie du JAT où la performance dépend de la qualité et du délai de la réponse à la demande du consommateur. L’intégration du consommateur, imprévisible, au centre de l’organisation logistique modifie ici la conception de la performance. Le stock ne devient alors qu’une conséquence du délai et du niveau de service souhaités par le client. V - EXTERNALISATION LOGISTIQUE ET INTEGRATION DES PRESTATAIRES Dans un contexte d’incertitude commerciale forte, le niveau de rémunération attendu par les investisseurs qui prennent un risque important est tel, qu’il peut être pertinent de recourir à l’externalisation ou à la location, le coût de l’investissement étant supérieur aux profits nets qu’il génère. De plus, des choix d' affectation des capitaux peuvent venir se greffer compte tenu des besoins de financement croissants, notamment en recherche et développement. Pour autant, le choix d' externaliser la logistique pose des problèmes spécifiques de coordination, interne et externe, et de fiabilité d' autant plus épineux que les chaînes logistiques sont tendues sous la pression d' exigences de délais courts. Les travaux d’Useem et Harder (2000) auprès de 423 entreprises nord-américaines insistent sur le rôle prééminent des compétences internes dans la préparation et le suivi d’une relation d’externalisation. Pour les auteurs, outre les compétences techniques, des qualités de négociation et d’animation se révèlent indispensables pour notamment faire « accepter » en interne le recours à des compétences externes. La coordination externe implique que les partenaires extérieurs soient intégrés à une organisation commune "virtuelle" fondée sur la collaboration et une communauté d' intérêts. La dimension collaborative ne se trouve pas nécessairement enracinée dans le contrat, simple recueil de garanties et d' obligations. Elle repose avant tout sur une intensité et une continuité temporelle de la relation. L' intégration idéale consiste à donner aux partenaires les moyens de gérer de manière autonome et de prendre seuls les bonnes décisions. Les gaspillages de temps si critiques pour la réactivité au marché s' en trouvent ainsi réduits. 17 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 Dans les produits de consommation courante, la concentration sectorielle est cruciale pour d’une part, comme le souligne Colla (1997), reconstituer un pouvoir de négociation fragilisé par les rapprochements dans la grande distribution, et d’autre part trouver de nouvelles économies d’échelle (publicité, recherche et développement, services après-vente…) dans un contexte d’extension des gammes et du nombre de références. Une course au gigantisme s' est engagée. Les groupes industriels sont à la recherche de la standardisation, mais en même temps ils doivent multiplier et produire des marques adaptées à chaque pays, voire à chaque consommateur. Par exemple, en Allemagne, la loi impose de préciser sur l’étiquetage si l’emballage est recyclable, pas en Italie ni en Espagne. Une solution s’est ainsi imposée : la "différenciation retardée" (postponnement) initialement définie par Bucklin (1965) comme la capacité à repousser au dernier moment la personnalisation du produit final. La finition s’effectue sur place par le recours notamment à des prestataires (logistiques) externes. La différenciation retardée permet de rationaliser la tenue des stocks en réduisant de manière sensible les risques d' accumulation de produits finis obsolètes. Ce schéma logistique se traduit souvent par une concentration des unités de fabrication des produits de base relayée par un réseau de sites régionaux, nationaux ou transfrontaliers, garantissant l’identité des habitudes de consommation locale. L’attribution de missions logistiques au niveau d’échelons locaux permet d' assurer la réactivité commerciale, plus exactement une proximité physique et culturelle avec le client. Pour les produits de consommation courante sensibles au poids du coût logistique, le stock physique local ne gonfle pas forcément, il est simplement transformer en un stock virtuel : l' échelon local n' intervient que dans des activités à valeur ajoutée comme la passation et le suivi des commandes, les emballages, le service aprèsvente... Le stock physique est réduit à un simple stock de sécurité, par exemple pour répondre à des besoins urgents des clients locaux. Le prestataire logistique s’érige ici comme un partenaire incontournable, sous réserve qu’il soit capable d’assurer efficacement les diverses activités de différenciation et de transferts des produits. Il ne peut assurer efficacement ces activités dans un contexte de flux tendus que s’il est intégré à l’organisation logistique globale. Cette intégration du prestataire passe par la normalisation de l’information logistique et l’interopérabilité des systèmes. Elle lui permet en particulier de gérer le recomplètement automatique des stocks (figure 3). Le degré d’intégration et de responsabilisation des prestataires logistiques dans les organisations de leurs donneurs d’ordres reste encore limité. Les conclusions de l' étude de Van Laarhoven et al (2000) sur l' évolution du rôle des prestataires entre 1993 et 1998 défendent ce point de vue : malgré des efforts de sophistication et de diversification conséquents, les prestataires n' ont toujours pas 18 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 réussi à devenir des partenaires autonomes et coresponsables. Pour autant, l’enquête de Gentry (1996) sur les transporteurs routiers nord-américains indique que plus les prestataires sont impliqués en tant que partenaires plus la performance de la relation est forte. Figure 3- L’intégration du prestataire logistique dans l’organisation de l’ECR Distributeur Firme industrielle Flux d'infos Prestataire logistique Points de vente Flux de produits L’intégration du prestataire logistique semble indispensable afin que ce dernier soit capable de traiter rapidement des commandes complexes. Dans les productions à haut contenu technologique comme l’informatique et l’automobile, cette propriété est critique compte tenu de la sensibilité des produits au temps nécessaire à leur mise à disposition sur le marché. Une commande d' unités centrales, câbles, écrans, cartes, composants ne peut être préparée localement que par un prestataire ayant intégré des compétences industrielles spécialisées. Le contrat signé en 1999 entre Géodis Logistics et IBM fournit une illustration de l' ampleur de l' intégration nécessaire : le prestataire français a du racheter à IBM 500000m² de surface d’exploitation et reprendre une partie du personnel, le tout financé par une augmentation de capital. La nécessité d’intégration des prestataires est encore plus forte dans l’automobile où le rythme de sortie des nouveaux véhicules s' accroît d' année en année. Dans ce contexte, les constructeurs adaptent leurs chaînes de production pour plusieurs modèles, et renoncent aux chaînes complètement dédiées à un modèle de véhicule. Dans cet élan de réorganisation autour du client, la tendance à externaliser certaines activités de production et de finition s’impose compte tenu du niveau des investissements à consentir pour produire par petites séries. Des prestataires externes sont ainsi commandités (ou créés de toutes pièces) pour effectuer des opérations d’assemblage pour le compte de plusieurs constructeurs à partir de chaînes de montage modulaires. L' effort d’intégration de ces partenaires externes doit permettre de faire en sorte que les flux, en particulier les cascades de commandes de pièces qui remontent, par étapes, toute la chaîne de la sous-traitance, soient traités le plus vite possible. Dans 19 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 ce schéma, l’intégration suggère des relations contractuelles complexes. En Europe de l’Est, l’inexistence de prestataires locaux suffisamment fiables et compétents impose un effort d’intégration exceptionnel de la part des constructeurs européens. Cet effort passe d’abord par une présélection des quelques sous-traitants susceptibles de pouvoir à terme produire selon les canons de l’industrie automobile moderne. Ensuite, les constructeurs comme Renault en Roumanie sont amenés à cofinancer les heureux élus qui n’ont pas les moyens et les ressources pour lancer seuls la fabrication de composants nouveaux. L’intégration de ces partenaires locaux vise enfin à les amener à l’esprit capitaliste du profit. Elle peut se traduire par des prises de participations minoritaires, par le détachement de personnel, et par la mise en place de chantiers de progrès copilotés. L’intégration des partenaires dans une organisation logistique commune n’est pas une démarche naturelle. Elle rentre souvent en conflit avec les avantages que supposent des relations clientfournisseur ou client-prestataire de type opportuniste. Seule l’évolution vers un contexte commercial et financier risqué consacrant la réactivité comme principe d’organisation essentiel place les efforts d’intégration sur le devant de la scène. L’exemple de l’ECR illustre ce propos. VI - L’INTEGRATION DES FOURNISSEURS PAR L’ECR DANS UNE PERSPECTIVE DE GESTION DU RISQUE L’Efficient Consumer Response (ECR) constitue une innovation organisationnelle majeure dans le secteur des produits de consommation courante (figure 4). Il se traduit par la mise en œuvre d’un recomplétement automatique des stocks du distributeur par le fournisseur pour mieux s’adapter aux attentes réelles des consommateurs. L‘ECR permet des processus simplifiés, par exemple l’élimination des bons de commande physiques avec les fournisseurs. Ces derniers n’envoient plus de factures à leurs clients, mais uniquement des relevés de compte mensuels. Des contrats d’achat avec des quantités et des dates de livraison réversibles sont le cadre général prédéfini en amont. La réactivité que promet le recours à l’ECR doit s’accompagner d’une fiabilité au niveau des délais de livraison. La perspective de ruptures de stock y est théoriquement impossible. Les distributeurs n' ont normalement plus lieu d’utiliser les dispositifs de bonus/malus, d’amendes, de pénalités ou de retenues, le manque à gagner dont ils seraient victimes. L' élimination des ruptures de 20 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 stocks constitue d’ailleurs un objectif important : les dates de mise à disposition des produits, surtout celles relatives aux opérations commerciales, représentent une partie de l' engagement contractuel du vendeur. 21 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 Figure 4 - l'ECR Le concept d’Efficient Consumer Response a été lancé lors de la conférence du Food Marketing Institute (FMI) en 1992. Cette technique est arrivée en Europe en 1994 dans le cadre de partenariats entre enseignes de distribution et industriels leaders sur leur marché (Coca-Cola, Mars, Danone, Nestlé,…). L’ECR, ou “ Efficacité et Réactivité au Service du Consommateur ”, s’applique à éliminer les tâches destructrices de valeur le long du cycle de commercialisation, de la production à la vente finale. L’objectif final est la réactivité pour satisfaire le consommateur en lui offrant une meilleure prestation de services (fraîcheur, disponibilité, qualité du produit). L' adaptation du linéaire peut se concevoir en fonction de l' heure de la journée et constituer un vecteur d’optimisation des moyens et d’assortiment efficace (Vandaele, 1998). L’ECR implique une extraction en temps réels de l’information commerciale et un traitement immédiat de telle sorte que les flux de marchandises soient accélérés et sans rupture. Le pilotage des flux s’effectue alors par la compilation des informations historiques et des informations factuelles (Martin, 1997). L’ECR s' assoit sur l' exploitation de systèmes d’information interentreprises permettant de transmettre l’évolution des ventes, via les données de sorties de caisses. Le développement de l’ECR bénéficie d’une baisse considérable du coût de traitement de l’information depuis quelques années. Selon Betbèze (2001), cette déflation peut être attribuée à trois facteurs concomitants : la chute du prix des équipements, la baisse du coût de transport de l’information avec le développement de la fibre optique et l’essor des réseaux électroniques d’acheteurs ou de vendeurs permettant de mutualiser les investissements. Plus spécifiquement, l’amélioration des techniques de scanning et d’identification électronique des références renforce la viabilité économique de l’ECR. La baisse des coûts de traitement de l’information se révèle essentielle pour les distributeurs, surtout les groupes internationaux comme Carrefour, qui travaillent avec une multitude de fournisseurs ayant chacun des systèmes d' information plus ou moins compatibles. Pour Colin et Paché (2000), le coût de ces investissements technologiques reste d’autant plus considérable qu’il s’accompagne d’une difficulté d’estimation des gains espérés. En cela, il constitue une barrière à l' implication des PME dans le système ECR : Wal-Mart et ses principaux partenaires ont dépensé l’équivalent de 2,5 milliards de francs pour connaître les ventes dans 2000 points de vente (Martin, 1997). L' enquête de Closs et Xu (2000) auprès de 3670 firmes européennes et américaines confirme que les technologies d' information logistique, en particulier l' utilisation des codes barres, des communications en temps réel et de l' EDI profitent surtout aux entreprises multinationales revendiquant un leadership logistique (World Class Logistics Firms) Traitement de la donnée Systèmes d' informations factuelles Systèmes d' informations historiques Ex : prévisions sur les transactions, les promotions, connaissance des saisonnalités Scanning point de vente Ex : inventaire permanent, bons de commande, réceptions, gestion des emplacements, gestion par catégorie, merchandising Systèmes d' informations opérationnelles pour prise de décision points de vente, plates-formes, et usines… Ex : Planification et ordonnancement des ressources Prévisions de vente Commande assistée par ordinateur Préparation des chargements... Source : à partir de Martin (1997) 22 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 Jusqu’au milieu des années 1990, l’ECR s' est heurté au côté opportuniste des transactions avec les grandes puissances d' achat. Opportunisme poussant le distributeur à spéculer, c' est-à-dire à se risquer à l' acquisition et au stockage de grandes quantités de produits. Les avantages de cette spéculation sont de trois natures pour le distributeur : les opérations de différenciation sont réalisées à grande échelle, le nombre de transactions diminue et abaisse les coûts administratifs, les risques de rupture de stock se réduisent à tous les niveaux du canal (Filser, 1989). La généralisation de l’ECR avance lentement, symptôme d’une hégémonie commerciale nourrie par un sentiment d’essentialité des négociations commerciales. D' un côté, les industriels proposent des ristournes de 4% constituant une rétrocession partagée des gains internes de l’ECR (LSA, 1999). Cette ristourne vient s' ajouter à l' économie de frais logistiques du passage par la plate-forme de distributeur avoisinant les 2% du chiffre d’affaires (Colla, 1997, p.189). L' incitation financière totale est de l' ordre de 6%, niveau bien inférieur à celui des remises commerciales pouvant aller jusqu’à 15% voire 20%, obtenues grâce au regroupement des achats (Jallais et al, 1994). L’incidence des prix d’achat sur le prix de vente, jusque 80% pour les produits de consommation courante selon Colla (1997), pousse les distributeurs à rechercher des conditions commerciales toujours meilleures. L’incitation purement financière associée à l’ECR semble au premier abord limitée pour les grands distributeurs. Le fonctionnement réactif par rapport à l’écoulement réel des produits promis par l’ECR, suppose l’intégration des fournisseurs dans un système de gains partagés. Il implique l’abandon des habitudes d’achats spéculatifs souvent calées sur le phénomène des "promotions". Ces achats groupés sont perturbateurs et coûteux : ils posent des problèmes industriels et logistiques considérables résultant de la nécessité de produire et de stocker ponctuellement de grosses quantités de marchandises. La possibilité offerte aux partenaires de planifier et de lisser l' utilisation des ressources de production constitue cependant à elle seule une explication insuffisante du développement de l’ECR. D’autant plus que pour les industriels, selon LSA (1999), ce lissage débouche sur réduction considérable du niveau des réserves provoquant une régression à court terme du chiffre d' affaires des industriels pouvant aller jusqu' à 4%. Nous proposons l’idée que la force de l' ECR réside dans sa capacité à réduire les risques commerciaux et financiers liés à la détention de stocks de produits. Le risque commercial est relatif la probabilité de stocks d’invendus. Le stock présente un niveau de risque croissant exacerbé par le développement de l’innovation-produit et la multiplication des 23 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 références. Nous avons vu précédemment que le consommateur se révèle de plus en plus imprévisible et instable. Dans ce contexte, stocker longtemps des produits devient dangereux, la probabilité d’invendus étant en augmentation. Les risques de décision de déstockage à prix bradés, destructrices de richesse, s’accroissent sensiblement. En facilitant la connaissance instantanée pour les fournisseurs (l’amont) de leurs consommateurs (l’aval), l’ECR présente une légitimité commerciale. En calant la production des fournisseurs et les approvisionnements des distributeurs sur les mouvements réels de consommation, l’ECR évite les phénomènes de déstockage accompagnés de rabais et contribue donc à la stabilité des prix et des marges. Les risques commerciaux étant plus faibles, la vulnérabilité des cash-flows actualisés au sens de Christopher et Ryals (1999) se trouve améliorée. Un autre risque de nature capitalistique tient à l’immobilisation financière pénalisante que représentent les stocks spéculatifs aussi bien chez le distributeur que chez le fabriquant. Les niveaux de stocks demeurent très disparates selon les enseignes (tableau 5). Ces stocks participent à la contraction des cash-flows et des capacités d' autofinancement. Ils entrent de ce fait en contradiction avec un facteur clé de pérennité des firmes : l' internationalisation vers des marchés à forts potentiels. Mac Maid (1999) note à ce propos que les 100 premiers distributeurs mondiaux font preuve désormais d’une croissance deux fois supérieure à l' étranger que sur leur propre marché domestique. En 1996, ils ont réalisé un taux de croissance moyen de 19.5 à l' international, contre 11% sur leur propre marché. L’auteur poursuit en constatant qu’à ce rythme, leurs ventes internationales doubleront chaque 3 ou 4 ans. Or la constitution de stocks spéculatifs induit un risque financier qui pénalise les stratégies de développement international. En revanche, l’ECR est intéressant par l' amélioration des cash-flows et de la capacité d’investissement qu' il permet. La meilleure visibilité procurée aux fournisseurs par l’ECR et le renoncement aux achats spéculatifs peut par exemple servir à négocier des allongements dans les délais de paiement aux fournisseurs. Tableau 5 - Les grands distributeurs confrontés à leurs stocks Enseignes Casino nombre de jour de stock Stock moyen (milliards de ff) 42.5 7.5 Carrefour/Promodés 30.4 24.7 Métro 44.7 23.8 Tesco 13 5.7 Ahold 23.5 8.9 Référence : LSA (1999), Les meilleures méthodes pour réduire les stocks, n°1619, 42-50. 24 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 VII - DISCUSSION Le consommateur a changé et les couples produits/service qu' il attend ont radicalement évolué. Une accélération des différents temps de l’entreprise s’est installée. Elle induit une rupture avec les modèles traditionnels d’organisation logistique fondés sur l’optimisation et le contrôle des flux. Une gestion des risques commerciaux et financiers se substitue à la simple gestion des coûts. Les articles de Fischer (1997) et de Baldwin et Clarck (2001) semblent de ce point de vue fondateur d' une nouvelle approche que l' on pourrait qualifier de Logistique-Marketing ou de MarketingLogistique, constatant que le marché, par notamment les rythmes d' innovation-produit qu’il exige, détermine l' organisation logistique. Ghosh et John (1999) justifient cette subordination par la spécificité des investissements logistiques qu’exige de la part des partenaires le positionnement commercial choisi, par exemple le choix de se différencier par la qualité ou la finition du produit. Pour Min et Mentzer (2001), l’orientation "marché" est consacrée comme une caractéristique du Supply Chain Management. Les freins à l’intégration des partenaires externes dans une organisation pilotée globalement sont cependant nombreux. Ils expliquent que l’intégration n’est souvent que partielle, concernant uniquement certains objectifs jugés essentiels. Des relations conflictuelles peuvent ainsi subsister pour des activités simples comme le transport. Les freins peuvent tenir aux enjeux de pouvoir, mais aussi aux systèmes d' information qui se préservent tous une part d' étanchéité du fait de la coexistence d' intérêts convergents et divergents entre les partenaires d' une même chaîne logistique. Le pilotage et la coordination de la chaîne de partenaires s' en trouvent naturellement gênés. Les difficultés de mise en œuvre d' un pilotage global des processus logistiques expliquent souvent l’apparition d’une fonction institutionnalisée de Supply Chain Management, initiant des projets logistiques transversaux. Cette dernière est l’animatrice de groupes de travail interfonctionnels cherchant à repérer puis supprimer toutes les tâches inutiles ou redondantes qui ralentissent les flux entre les partenaires de la chaîne logistique. Sa légitimité est très forte. Premièrement, par les données factuelles sur l' écoulement en temps réel des produits qu’il exploite, elle est un nouvel informateur commercial incontournable. Deuxièmement, elle s' érige comme le synchronisateur et le consolidateur de flux complexes circulant à travers l' espace commercial mondial. Troisièmement, par la transversalité des flux qu' elle gère, elle se révèle comme un promoteur et un animateur de la cohésion interne et externe. 25 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 Il existe également des contextes commerciaux trop instables où l’opportunisme l’emporte sur les promesses de l’intégration et de la réactivité. Le secteur informatique, qui inclut l’industrie du Software, du Hardware, des périphériques et de la bureautique, fait probablement partie de ceux-là. Le rythme de l' innovation s' accompagne d' une obsolescence très rapide des produits rendant l’avantage technologique peu impliqué dans la création de l' avantage concurrentiel. Les microordinateurs sont sous l' influence de la loi de Moore : leur puissance double tous les 18 mois, toutes choses égales par ailleurs. Peaucelle (1999) ajoute qu' à technologie constante, la déflation des prix est de l' ordre de 30% à 40% par an. Le prix, donc la compétitivité par les coûts, reste de ce fait un élément essentiel du succès sous une contrainte de délai de livraison très forte. Les produits doivent être conçus, annoncés et livrés le plus vite possible. Le facteur-clé du succès commercial réside alors dans la capacité des entreprises à livrer rapidement des produits innovants et les moins chers possibles. Compte tenu de la volatilité des cours des composants, les constructeurs et assembleurs adoptent des comportements d’achat opportunistes sur le plan mondial pour profiter de l' obsolescence rapide des technologies. Les prix varient en fonction de l' arrivée des produits de nouvelles générations et des comportements de déstockage conjoncturels qui s' ensuivent, ou encore des taux de change. L’opportunisme des achats s’accompagne d’un renoncement aux relations stables et de long terme avec les fournisseurs. Le client opportuniste est épisodique et ponctuel. Les avantages tirés de l’expérience commune sont réduits. Dans ce contexte, l’intégration des fournisseurs n’est pas possible. En revanche, le problème de la fiabilité et des capacités des fournisseurs à pouvoir honorer des commandes se trouve aiguisé. La nécessité de garanties sur la fiabilité des partenaires devient essentielle, en particulier en termes de délais, de quantités et de qualité des livraisons. Ces garanties passent par la rationalisation des portefeuilles de fournisseurs, en retenant les plus solides dans le cadre de short-lists. Le référencement ne constitue pas un gage d’activité future, il ne signifie pas un effort d’intégration, il permet simplement de s’assurer que le fournisseur est suffisamment bien organisé et en bonne santé pour ne pas avoir à accepter des commandes qu’il ne saurait honorer. Si la volatilité des conditions commerciales reste raisonnable, l’intégration de l’organisation logistique et les solutions qu’elle permet constitue une bonne voie pour gérer l' élévation du rythme d' innovation des produits, l' accélération des cycles commerciaux et la mondialisation des marchés. Les gains et les moindres risques financiers générés peuvent alors contribuer à financer l’effort de croissance vers de nouveaux marchés, l’effort technologique ou une consolidation sectorielle. 26 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 Autrement dit, croissance de la firme et intégration des partenaires semblent liés dans un contexte d’incertitudes raisonnables sur la demande réelle et sur le rythme d' obsolescence des produits. Bibliographie C. Y. Baldwin, K. B. Clark, "Managing in an Age of Modularity", Harvard Business Review, septoct, p.84-93, 1997. J. P. Betbèze, "Les logiques fondatrices d’internet", Le Monde, Dossiers et documents, n° 295, p1, 2001. L. P. Bucklin, "Postponnement, Speculation and the Structure of Distribution", Journal of Marketing Research, Vol.2, p.26-31, 1965. M. Christopher, Marketing Logistics, Butterworth-Heinemann, Oxford, 1997. M. Christopher, L. 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Stratégie Logistique,“ Un projet pour être meilleur que le meilleur ”, Vol.23, p.32-39, 2000. 29 LISTE DES CAHIERS DE RECHERCHE DU CREA Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 LISTE DES CAHIERS DU CREA 2001 76 Thierry SAUVAGE Quelle organisation logistique face à la contrainte temporelle ? 2000 75 Blandine LABBE-PINLON Analyse comparative de la mémorisation des prix en franc et en euro - Recherche menée en partenariat avec le groupe Système U 2000 74 Blandine LABBE-PINLON Anticipation des comportements futurs des consommateurs, en situation d’achat sur le lieu de vente face à une offre en euro 1999 73 1999 72 Dominique GEYER Information technology : outsourcing in France and Germany 1999 71 Patricia COUTELLE & Blandine LABBE-PINLON L’image prix, variable clé du positionnement des distributeurs : définition et déterminants 1999 70 Chris de MARCO & Emmanuel DION Do long and repetitive questioning lead to information loss ? ***** Michel CLAESSENS Determinants of strategy orientation in French small and medium business firms : competence-building approach vs. problem-solving approach of strategy ***** 1998 69 Pascal NGUYEN Minimum norm, minimum variance portfolios and mean-variance portfolio policies 1998 68 Pascal NGUYEN - Roland PORTAIT Dynamic mean variance efficiency and strategic asset allocation with a solvency constraint 1998 67 Emmanuel DION How to compare standard deviations free of trend 1998 66 Salim CHAHINE La liquidité, l’effet prix et la fréquence de l’échange sur la place de Paris 1998 65 Salim CHAHINE L’effet taille et la liquidité des marchés financiers : une étude empirique sur la place de Paris ***** 1997 64 Thierry GONARD Learning at the public research/industry interface : two case-studies 1997 63 Pierre LACOIN Les critères de mesure de la liquidité, revue des variables identifiées et des causalités 1997 62 Thierry GONARD & Michel LOUAZEL Comprendre les processus d’innovation technique à l’aide du concept de réseau : un programme de recherche 1997 61 Véronique GENIN Une synthèse des méthodologies utilisées pour expliquer l’effet PER 1997 60 Danielle BOUDER-PAILLER Consommation de théâtre, variable explicative : proposition de mesure 1997 59 Géraldine CARMINATTI Crédibilité d’un gouvernement dit « laxiste » : un jeu entre agents économiques privés et gouvernement ***** 31 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 1996 58 Samuel DZEVER Reforming China’s industrial structure : implications for sino-European economic relations 1996 57 Emmanuel DION & Pascale QUESTER The Impact of Scaling Numerical Variables on Information Retention : an Appraisal of Morrison’s Work 1996 56 Emmanuel DION & Pascale QUESTER The Impact of Scaling Numerical Variables on Information Retention : an Appraisal of Martin’s Work 1996 55 Thierry GONARD Efficiency conditions in current innovation 1996 54 Thierry GONARD & Matthieu REMY Innovations techniques et organisationnelles : première approche de la valorisation des déchets industriels banals (DIB) 1996 53 Dominique PEYRAT-GUILLARD & Mohamed MERDJI Etre cadre au féminin : une carrière inscrite dans une logique d’anticipation 1996 52 Véronique GENIN Business cycles and bank-specific closure-condition parameters ***** 1995 51 Michel KALIKA & Mohamed MERDJI Décision d' embauche d' un cadre et innovation organisationnelle dans la PME : l' impact d' une aide publique 1995 50 Emmanuel DION La disjonction des modalités de réponses à proposer dans une enquête par questionnaire 1995 49 Emmanuel DION Les apports conceptuels de la théorie de l' information à l' enquête par questionnaire 1995 48 Joël JUSTIN L' évaluation des aspects non-financiers de la performance industrielle : quelques illustrations pratiques 1995 47 Samuel DZEVER Perspective épistémologique sur les méthodes de recherche en marketing 1995 46 Samuel DZEVER Un modèle empirique du comportement d' achat industriel 1995 45 Rogatien GUIHARD Marche au hasard des cours boursiers : l' hypothèse d' indépendance des rendements 1995 44 Thierry GONARD Public research-industry relationships : case studies of efficiency conditions of relationships with SMFs 1995 43 Georges PANIGYRAKIS Service quality criteria in different custodian markets. Maximizing potential in the emerging markets in Asia 1995 42 Pascale QUESTER Impact of Brand. Experience on Consumer' s coupon. Redemption intentions 1995 41 Pascale QUESTER & Jodie CONDUIT Standardisation, centralisation and marketing in multi-national companies 1995 40 Pascale QUESTER & Phaa YEOH Country-of-Origin influence and shelf labels : is there a POS-COO effect ? 1995 39 Pascale QUESTER, John WILKINSON & Simon ROMANIUK A test of four service quality measurement scales : the case of the Australian Advertising Industry 1995 38 Véronique GENIN Bank-specific closure thresholds for depository institutions 1995 37 David READ L' organisation, l' individu et l' environnement interculturel. Etude exploratoire de la littérature 32 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 1995 36 Jacques HERMANT L' évolution des relations de travail dans l' entreprise japonaise 1995 35 Samuel DZEVER Japanese trading companies and their impact on industrial buying in Japan : a case study of 14 organizations ***** 1994 34 Véronique GENIN & Ken JOHNSON The weekend seasonality and the existence of option markets 1994 33 Véronique GENIN The US banking system : what are the issues ? A literature review 1994 32 Thierry GONARD & Thomas DURAND Les relations recherche publique/industrie : quelle efficacité ? 1994 31 Christophe ROUX-DUFORT Crises organisationnelles et industrielles : synthèse théorique et perception des dirigeants 1994 30 Serge MEUNIER & Christophe ROUX-DUFORT La monographie d' entreprise : de l' approche in vitro à l' expérience in vivo de l' organisation dans l' enseignement du management : récit d' une expérience 1994 29 Christophe ROUX-DUFORT Les processus d' amplification des crises sous l' effet des rumeurs : une étude de cas dans le secteur bancaire 1994 28 Jean-Luc CASTRO Regards épistémologiques sur la GRH 1994 27 Rogatien GUIHARD Marche au hasard des cours boursiers : l' hypothèse de distribution gaussienne des rendements 1994 26 Jean-Luc CASTRO Contradictions du passage de la classe préparatoire HEC à la grande école de gestion ***** 1993 25 Samuel DZEVER Industrial product positioning strategy in the Japanese market : the case of foreign suppliers 1993 24 Samuel DZEVER Towards an integrated conceptual model of organizational buyer behaviour analysis 1993 23 Christèle BOULAIRE & Serge MEUNIER Pour un meilleur équilibre dans la formation en aide à la décision avec recours aux outils quantitatifs : quand la rigueur côtoie la pertinence 1993 22 Samuel DZEVER Perspectives on organizational buyer behaviour literature : a needed integration 1993 21 Michel KALIKA La recherche en sciences de gestion dans les écoles de gestion 1993 20 Brynjulf TELLEFSEN Orientation toward customer and supplier markets ; effects on profitability 1993 19 Dominique PEYRAT-GUILLARD & Mohamed MERDJI Etre cadre au féminin... 1993 18 Brynjulf TELLEFSEN Market orientation in a macro-, micro- and executive perspective : theory, measurments and empirical evidence. 1993 17 Samuel DZEVER An empirical study of industrial purchasing practices in Japan 1993 16 Christèle BOULAIRE A stakeholder' s approach to MCDA 33 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 1993 15 Dominique PEYRAT-GUILLARD Pratiques de management des ressources humaines et implication des salariés : l' importance de la contingence organisationnelle 1993 14 Jacques HERMANT La méthode des cas 1993 13 Mark BENNION Modeling customer response in a European industrial commodity market 1993 12 Emmanuel DION Propositions pour un système de modération plus équitable 1993 11 Danièle BOUDER-PAILLER La consommation des produits écologiques : épiphénomène ou évolution structurelle de comportement ? Eléments empiriques 1993 10 Christophe ROUX-DUFORT Rumors and crises : a case study in the banking industry 1993 9 Chris de MARCO & David READ La perception des valeurs et comportements nord-américains par des étudiants en gestion français 1993 8 Joël JUSTIN Pilotage et contrôle de la performance industrielle de l' entreprise réactive : l' inadaptation du système de données comptable 1993 7 Jean-Marc LAUZANAS Le football et ses dirigeants : étude exploratoire sur les motivations et les transferts managériaux 1993 6 Hervé RAVILY La problématique de l' assurance de portefeuille : une synthèse 1993 5 Hervé RAVILY Analyse de l' efficacité des stratégies d' assurance par duplication d' options ***** 1991 4 Jean-Pierre GOURLAOUEN Un nouveau service financier : les swaps de taux d' intérêt. Yves PEREZ Les avantages stratégiques de la concentration industrielle pour les entreprises européennes Emmanuel DION Les systèmes de modélisation marketing (SMM) : un point de vue critique et descriptif 1991 4 Astrid FALTA, José GONZALEZ, Chris de MARCO, Philip MINKOFF, David READ, Uwe SUPPER Réflexions sur l' architecture de l' enseignement et cultures internationales dans une école de management. ***** 1989 3 Jean-Pierre GOURLAOUEN Cascades, bulles et marottes Pierre PHILIPPOT Consulting in strategic management : theory and practice Yves PEREZ Veille technologique et flexibilité stratégique de l' entreprise Henry LAMAIRE-MARINGER Typologie des défauts des systèmes de contrôle de gestion dans les entreprises Mohamed MERDJI Nouvelles technologies, formation et emploi : présentation d' une étude en cours de réalisation 34 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 José GONZALEZ Le mini-cas d' entreprise en cours de langue ***** 1986 2 EP Aïssa DERMOUCHE Maturité industrielle et développement de la PME sous-traitante André BARBOT La gestion prévisionnelle et la PME Christophe LETELLIER Pérennité - spécialisation : une relation forte pour les SSCI Florence GOURDON L' entreprise artisanale : croissance et innovation : quels enjeux ? Marion GUILLOU & Aïssa DERMOUCHE Les petites et moyennes entreprises s' intéressent à la technologie Jean-Pierre GOURLAOUEN La couverture des risques de change : le cas des entreprises des Pays de la Loire William GUTH & Renato TAGIURI Valeurs personnelles et stratégie d' entreprise ***** 1984 1 EP Jean-Christophe CLERGET Recherche & pédagogie Interview de C. MAUFFRET, Secrétaire Général de la CCI de Nantes Réalités économiques régionales Jean-Pierre GOURLAOUEN Chômage, inflation, anticipations Aïssa DERMOUCHE Sens et conscience de l' innovation Michel BESNEHARD Types psychologiques du décideur et aide à la décision stratégique Jacques SANTINI Pays de Loire et économie mondiale Henri JAROUSSEAU Diriger c' est évaluer son entreprise 35 LISTE DES ENSEIGNANTS-CHERCHEURS ANNEE ACADEMIQUE 2001-2002 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 LISTE DES ENSEIGNANTS-CHERCHEURS ANNEE ACADEMIQUE 2001 - 2002 FACULTY MEMBERS ACADEMIC YEAR 2001 - 2002 Tamym ABDESSEMED Enseignant-chercheur en Stratégie Internationale Directeur de l’Institut Supérieur de Management (ISMA) Doctorat en sciences de gestion (Doctorat HEC) Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA) « Stratégie et Management » HEC (Spécialisation Economie, Banque) Alain AUNEAU Professeur de Systèmes d’Information et d’Aide à la Décision Responsable des enseignements Système d’Information et d’Aide à la Décision Ingénieur diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Strasbourg DESS CAAE - IAE de Nantes Jérôme BARTHELEMY Enseignant-chercheur en Stratégie Internationale Secrétaire Général de l’Association Internationale de Management Stratégique (AIMS) Doctorat en Sciences de Gestion (Doctorat HEC) DEA en Stratégie et Management - Université Paris X ESSEC Xavier BOUZIAT Professeur de Management et de Gestion des Ressources Humaines Responsable des enseignements de Management et de Gestion des Ressources Humaines Diplôme d’Etudes Supérieures de Doctorat en Sciences Politiques - Université de Dijon Maîtrise en Droit privé - Université de Clermont-Ferrand Jean-Luc CASTRO Professeur de Management Directeur Délégué aux Affaires Académiques Doctorat en Sciences de Gestion - Université de Paris IX Dauphine (en cours) DEA en Sociologie de l’innovation - Université de Rouen ESC Lyon Gilles CERTHOUX Professeur de Marketing Responsable du Centre d’Enseignement et de Recherche pour la Compétence Entreprise et Entrepreneurs 37 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 Doctorat en Marketing et Analyse des Comportements socio-économiques - Université de Clermont-Ferrand I DESS et DEA en Marketing - Université de Clermont-Ferrand DESS CAAE - IAE de Poitiers Salim CHAHINE Enseignant-chercheur en Finance Doctorat en Sciences de Gestion - Université d’Aix-Marseille III DEA en Banque et Finance - Université d’Aix-Marseille III Mastère d’Ingénierie Financière - Ecole Supérieure de Commerce de Marseille-Provence Jean-Marc CHARLOT Enseignant-chercheur en Système d’Information et d’Aide à la Décision Ph.D. en Sciences appliquées, Université de Sherbrooke, Canada Doctorat en Sciences, Université Paris XI - Orsay DEA d' électronique - Systèmes de traitement de l' information, INSTN - Orsay Jean CHARROIN Enseignant-chercheur en Contrôle de Gestion Luc CHATELLIER Professeur d’Education Sportive Responsable des enseignements Sport et des compétitions sportives Organisateur du Triathlon AUDENCIA Professorat d’Education Physique - CREPS de Bordeaux Maître Nageur Sauveteur Jeffrey Edmund CURRY Enseignant-chercheur en Contrôle de Gestion Ph.D. - International Management Dissertation: Global Commercial Negotiating PAC WESTERN UNIVERSITY 1994-95 Los Angeles, California M.B.A. Thesis: Brand Equity PAC WESTERN UNIVERSITY 1991-92 Los Angeles, California Didier DAGOURY Enseignant-chercheur en Contrôle de Gestion Co-responsable des enseignements Contrôle de Gestion 38 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 Christopher DE MARCO Professeur de Cultures et Langues Responsable des enseignements Culture et Langues PhD en Linguistique et Sciences de l’Education - University of Illinois Maîtrise en Linguistique Appliquée - Ohio University Gervaise DEBUCQUET Ingénieur de recherche attachée au Laboratoire LESMA Diplôme du Cours Supérieur d’Alimentation des Animaux Domestiques (CSAAD) – INA-PG Diplôme d’Ingénieur Agronome – Institut National Agronomique de Paris-Grignon (INA-PG) Aïssa DERMOUCHE Professeur Directeur Général d’Audencia Nantes.Ecole de Management Doctorat en Sciences de l’Information - option informatique Diplômé de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales - Paris DEA en Sciences Sociales DEA en Sciences de Gestion ITP Harvard (Stockholm School of Economics) Emmanuel DION Professeur de Marketing Responsable des Nouvelles Technologies Educatives Doctorat en Sciences de Gestion - Université de Clermont-Ferrand DEA en Géographie - Université de Nantes HEC Sam DZEVER Professeur en Marketing Industriel et Management de la Chaîne d’Approvisionnement Directeur du Master en Management de la Chaîne d’Approvisionnement PhD Dr. Econ Sandrine FREMEAUX Enseignant-chercheur en Sciences Juridiques Doctorat de droit privé DEA Droit privé de l' entreprise - Université de Nice Certificat d' Aptitude à la Profession d' Avocat Christophe GERMAIN Enseignant-chercheur en Contrôle de Gestion Doctorat Sciences de Gestion - Université Montesquieu-Bordeaux IV 39 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 DEA Sciences de Gestion - Institut de Gestion de Rennes. Dominique GEYER Enseignant-chercheur en Contrôle de Gestion Co-responsable des enseignements Contrôle de Gestion Doctorat en Sciences de Gestion - Université des Sciences et Technologie de Lille Diplômé en Economie Européenne - Institut Européen de Sarrebruck - Allemagne José GONZALEZ Directeur des Etudes et des Standards DESS CAAE - IAE de Nantes Programme Doctoral de Gestion FNEGE Licenciatura - Espagne Sylvie GUERRERO Enseignant-chercheur en Gestion des Ressources Humaines Responsable de la coordination de la Recherche Doctorat en Sciences de Gestion - Université Toulouse I DEA Sciences de Gestion – Université Toulouse I ESC Toulouse Christelle HAVARD Enseignant-chercheur en Stratégie Internationale Doctorat de Sciences Economiques, Université de Rennes II DEA de Sciences Sociales, Université de Rennes II Serge HENAFF Professeur de Droit Responsable des enseignements de Droit Directeur du programme ESCNA DES en Droit Privé - Université de Rennes Maîtrise en Droit Privé - Université de Rennes Jacques HERMANT Professeur de Stratégie Internationale Responsable des enseignements Stratégie Internationale Doctorat en Management Stratégique en cours - Université de Corte DEA en Sciences de Gestion - Stratégie - Université de Rennes MBA Indiana University 40 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 Patrice HOUDAYER Enseignant-chercheur en Stratégie Internationale Doctorat ès Sciences de Gestion, E.S.S.E.C. et Université de Paris X. D. E. A. Sciences de Gestion : spécialisation "Stratégie et Management", Université Paris X, H.E.C. et E.S.S.E.C. Maîtrise d' Economie d' Entreprise, Université de Paris X. Blandine LABBE-PINLON Enseignant-chercheur en Marketing Doctorat en Sciences de Gestion - Université de Montpellier DEA en Sciences de Gestion - Université de Montpellier ESC Montpellier Pierre LACOIN Professeur de Finance Responsable des enseignements Finance Banque Assurance ESCP Henry LAMAIRE-MARINGER Professeur de Finance HEC DECS Martial LE BERRE Professeur de Systèmes d’Information et d’Aide à la Décision Responsable du Service Organisation et Moyens d’Information Ingénieur diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure de Mécanique de Nantes (ENSM) DESS CAAE - IAE de Nantes Frédéric LEROY Enseignant-chercheur en Stratégie Internationale Responsable des Enseignements Transversaux Doctorat HEC - spécialisation en stratégie et management DEA en philosophie - Université de Paris I Ecole Normale Supérieure d’ULM Graeme LINDSAY Enseignant-chercheur en Marketing 41 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 Andrès MALAVE Jean-Pierre MATHIEU Professeur de Marketing Doctorat en Sciences de Gestion en cours - ESA - CERAG Grenoble DEA en Sciences de Gestion option Marketing - ESA Grenoble DESS en Marketing - ESA Grenoble Mohamed MERDJI Directeur du LESMA Professeur de Systèmes d’Information et d’Aide à la Décision Doctorat en Sciences de Gestion en cours - Université de Paris IX Dauphine Doctorat en Sciences Economiques - Université de Lille Philip MINKOFF Professeur de Cultures et Langues DEA en didactique de langues, cultures et civilisations nationales et étrangères - Université de Nantes Maîtrise en Anglais Jean-Paul MOLINARI Professeur en Stratégie Internationale Jean-Philippe MULLER Enseignant-chercheur en Marketing Responsable du Centre d’Enseignement et de Recherche pour la Compétence Analyse et Décision Doctorat en Sciences de Gestion, Paris X Nanterre - ESSEC DEA Stratégie et Management, Paris X Nanterre - HEC - ESSEC Jean-Louis NICOLAS Professeur de Marketing Responsable des enseignements Marketing Responsable du Centre d’Enseignement et de Recherche pour la Compétence Stratégies et Marchés Doctorat en Sciences de Gestion - Université de Clermont-Ferrand DESS en Marketing - Université de Clermont-Ferrand David READ Professeur de Cultures et Langues Directeur adjoint de l’Institut des Relations Internationales Doctorat en Sciences de Gestion en cours - IAE Poitiers DEA en Sciences de Gestion - IAE Poitiers DESS CAAE - IAE de Nantes 42 Les Cahiers de Recherche du CREA - n°76 – Thierry SAUVAGE – décembre 2001 Nathalie RICHEBE Enseignant-chercheur en Gestion des Ressources Humaines Doctorat en cours - Université Paris X-Nanterre EHESS/ Ecole polytechnique/U.Paris X - DEA " Economie des institutions" Thierry SAUVAGE Enseignant-chercheur en Système d’Information et d’Aide à la Décision Doctorat Sciences de Gestion - Aix Marseille II - CRET-LOG DEA " Transport " ENPC Paris 12 DESS 206 " Distribution, logistique et organisation commerciale " - Dauphine Stephan SCHUBERT Enseignant-chercheur en Stratégie Internationale Doctorat en Sciences Economiques (Paris XIII) DEA en Economie Internationale (Paris X) Diplôme Responsable en GRH (Groupe ESSEC) Diplom-Kaufmann (Maîtrise en Gestion, Université Dortmund) André SOBCZAK Enseignant-chercheur en Droit et Fiscalité Doctorat en Droit Social DEA de Droit Social - Université de Nantes Sandrine STERVINOU Chargée d’Etudes et de Recherche attachée au CREA Doctorat en Sciences Economiques – Université de Rennes I DEA d’Economie Industrielle – Université de Rennes I Seiko SUGITA Enseignant-chercheur en Cultures et Langues Assistante au sein de l’Institut des Relations Internationales Doctorat en Sociologie en cours - Université de Nantes DEA en Sciences Politiques Comparatives - IEP d’Aix-en-Provence Uwe SUPPER Professeur de Cultures et Langues Co-responsable des enseignements Cultures et Langues DEA en Civilisation et Littérature des Pays Germanophones - Université de Nantes Diplôme de traducteur (Allemagne) 43 Directeur de la publication : Aïssa Dermouche ([email protected]) Responsable de la rédaction : Sylvie Guerrero ([email protected]) AUDENCIA 2001 – Dépôt légal : 4ème trimestre 1983 – ISSN : 0989-9022 – ISRN : AUDENCIA-CREA/CR—76--FR