7.2.B – ALLEMAND THÈME Le texte proposé était, de manière très traditionnelle pour ce concours, tiré du roman d’un auteur contemporain : cette année, il s’agissait de Biefnot-Dannemark, La Route des coquelicots (Le Castor Astral, 2015). Les difficultés de traduction étaient classiques, tant en ce qui concernait le vocabulaire, que la conjugaison du verbe ou la syntaxe : Vocabulaire : - préparer le repas : das Essen bereiten/kochen/zu-bereiten attendre que : warten, bis … se réveiller : auf-wachen (ne pas confondre avec auf-stehen : se lever) sortir : aus-gehen ; an die frische Luft... téléphoner : distinguer telefonieren = mit jemandem telefonieren et jemanden (acc.) anrufen (ie,u). promettre à quelqu’un de … : jemandem versprechen (i ;a,o), etwas zu tun Les nouvelles : die Nachrichten ; jn auf dem Laufenden halten (ie,a;ä)= tenir au courant se souvenir : sich erinnern (de quelque chose : sich an etwas (acc) erinnern). Attention à l’orthographe de ce verbe ! s’inquiéter : sich Sorgen machen la traduction du verbe demander : demander à quelqu’un de faire quelque chose : jemanden (acc) bitten, etwas zu tun. ajouter ( verbe déclaratif) : hinzu-fügen la jambe : das Bein la traduction de sinon : adverbe sonst Grammaire : (conjugaison, syntaxe, déclinaisons) - Les expressions de temps (en particulier la concordance des temps obligatoire dans la première phrase (principale au passé-simple (prétérit) → subordonnée introduite par la conjonction nachdem au plus-que-parfait). - Après avoir mangé …….Il est essentiel de maîtriser la distinction entre la préposition nach (après), qui peut seulement introduire un groupe nominal ( comme vor : avant)après le repas : nach dem Essen - , et qui ne peut en aucun cas introduire un groupe verbal à l’infinitif (différence fondamentale avec le français) et la conjonction de subordination nachdem, qui introduit une subordonnée comportant nécessairement un sujet et un verbe accordé avec ce sujet. Un entraînement régulier au thème grammatical et à la traduction de séquences comme : après avoir fait et avant de faire doit permettre d’assimiler ce mécanisme. - L’indicatif (plus-que-parfait, prétérit : verbes faibles, verbes forts, verbes mixtes, futur). - Le futur proche : je vais sortir, je vais téléphoner - L’infinitif, le groupe infinitif complément : demander de, promettre de - Le subjonctif : expression de l’irréel du présent (subjonctif 2 présent): ce serait : es wäre, ou de l’irréel du passé (subjonctif 2 parfait): je vous aurais accompagnées : ich wäre mit euch gekommen - Le gallicisme (cliveur) c’est…. que… : Impossible de faire un calque du français. Il suffit en allemand de placer l’élément clivé en tête de phrase pour le mettre en valeur. - L’extension du groupe nominal : le repas préparé par Ivanna. Deux solutions possibles : Subordonnée relative (rappelons ici que le pronom relatif s’accorde en genre et en nombre avec son antécédent et se décline au cas exigé par sa fonction dans la subordonnée relative.) → das Essen, das von Ivanna zubereitet/bereitet/gekocht worden war : le repas qui avait été préparé par Ivanna. Ou bien : das Essen, das Ivana zubereitet, gekocht hatte : le repas qu’Ivanna avait préparé ou groupe nominal participial, en respectant la structure récurrente de l’allemand : das von Ivanna zubereitete/gekochte Essen. ( traduction bonus) - La déclinaison des pronoms personnels : lui, les, vous, leur etc…. Le contexte ne permettait pas de savoir si les différents personnages se tutoyaient ou non. Nous avons donc accepté la traduction du vous par le pronom de la deuxième personne du pluriel : ihr ou par le pronom de politesse : Sie, à condition qu’il y ait une cohérence dans la traduction. Il fallait faire un choix et s’y tenir. - Le verbe müssen : Il exprime l’obligation, l’impératif catégorique kantien : il fallait attendre : man musste warten/ sie mussten warten (Revoir la conjugaison des verbes de modalité à l’indicatif présent et prétérit). Mais il peut aussi exprimer une forte probabilité, comme dans la séquence : Théo et lui doivent s’inquiéter, c’est sûr : Theo und er müssen sich ganz bestimmt Sorgen machen. Le verbe sollen ne convient pas ici. (Réviser avec précision les sens des verbes de modalité) La traduction était donc accessible pour tout candidat(e) qui s’exerce régulièrement pendant ses années de classes préparatoires. Le jury a récompensé par des points bonus les nombreuses tournures idiomatiques et variantes proposées ainsi que l’emploi judicieux des petits mots de discours. (Oh ne pouvait pas être rendu ici par Ach, ni par oh, réservé à l’expression de l’étonnement, mais plutôt par un adverbe du type : Übrigens, ... Nun, ... Seules les traductions non abouties ont été de facto pénalisées : notre conseil serait donc de ne pas hésiter, le jour du concours, et ce malgré les difficultés rencontrées, à traduire TOUT le texte, ce qui implique d’accepter d’utiliser des périphrases, plus ou moins proches du texte de départ. Il faut cependant renoncer à faire un décalque du français. Voici quelques exemples : - cent questions se pressèrent dans leur esprit : le verbe sich drücken était faux, et il était maladroit de traduire par le calque : in ihren Köpfen, in ihrem Kopf, in ihrem Geist, même en prenant la précaution d’employer le verbe kommen in + acc. Le jury a été cependant extrêmement indulgent pour cette séquence. - Vous les embrasserez de ma part : La difficulté vient de l’expression typiquement française : de ma part, qu’il est impossible de traduire par : von meinem Teil. Embrasser se traduit littéralement par le verbe umarmen ( verbe à particule inséparable), qui a un sens très (trop)concret. Küssen : faire un bisou. La traduction idiomatique : saluer qq de la part de est jdem Grüsse von jemandem aus-richten. - C’est le bon moment : le moment = der Moment, der Zeitpunkt, der Augenblick. L’adjectif gut ne peut pas être associé à ces substantifs. L’expression française signifiant le moment adéquat, le moment qui convient, on pouvait traduire par : der richtige Zeitpunkt, der richtige Augenblick, der geeignete Moment. - Tout va bien : alles ist in Ordnung, alles paletti (bonus!) - Ma jambe me fait un peu souffrir : En théorie, faire faire quelque chose à quelqu’un se traduit par lassen + infinitif. Il est évident que l’on ne pouvait ici avoir recours à cette traduction, car le sujet du verbe faire n’est pas une personne (ma jambe). La traduction : Mein Bein lässt mich heute leiden était donc un calque. faire souffrir quelqu’un (sens moral) : jdem Leid zu-fügen ne convenait pas non plus. Il était assez simple, finalement, d’utiliser le verbe weh-tun : faire mal Et voici ce que l‘on pourrait trouver sous les plumes des préparationnaires – même nonbilingues : Nachdem sie mit groβem Appetit das Essen gegessen hatten, das Ivanna zubereitet hatte,/ Nachdem sie mit groβem Appetit das von Ivanna zubereitete Essen gegessen/verschlungen hatten,/ kommentierten sie den Bericht von Olena,/ kommentierten sie das, was Olena ihnen erzählt hatte/, und weitere hundert Fragen drängten sich ihnen( noch) auf./ und es fielen ihnen hundert weitere Fragen ein./ Man musste aber warten, bis sie aufwachen würde/ bis sie aufwachte. Ich gehe einen Moment aus/ Ich gehe ein bisschen an die frische Luft, sagte Henriette. Ich möchte Quentin anrufen. Ich komme mit. / Ich komme mit dir/, sagte Flora. Ich will auch telefonieren. Du möchtest Stefanie anrufen/ Stefanie? fragte Lydie. Nein, Charles will ich anrufen. Wir haben ihm versprochen, Nachrichten zu geben/ ihn auf dem Laufenden zu halten, erinnert ihr euch (daran)? Es ist jetzt der richtige Moment dafür, nicht wahr/oder? Theo und er müssen sich ganz bestimmt Sorgen machen, sagte Henriette. Könnt ihr sie bitten/ Sie bitten sie, Herrn und Frau Dubreucq zu sagen / Herrn und Frau Dubreucq mitzuteilen/, dass alles in Ordnung/ paletti ist? fügte Lydie hinzu. Und könnt ihr von mir grüβen / Und grüßen Sie sie von mir?/ Und könnt ihr ihnen Grüβe von mir ausrichten?/ Heute tut mir das Bein ein bisschen weh / Mein Bein macht mir heute zu schaffen, sonst wäre ich gern mitgekommen/ sonst hätte ich euch/Sie mit groβer Freude/gern begleitet. Übrigens,/ Nun, da ihr ausgeht, wäre es vielleicht keine schlechte Idee / kein schlechter Gedanke, etwas einzukaufen, um das Essen für heute Abend zu bereiten? / um das Abendessen zu bereiten?/ etwas für das Abendessen zu besorgen? Nach Biefnot-Dannemark, La Route des coquelicots I) EXPRESSION ÉCRITE : Le jury donnerait ici un conseil de méthode : le/la candidat(e) a tout intérêt à commencer par la traduction et ne doit pas hésiter à aller jusqu’au bout du texte à traduire. Puis, il/elle peut lire les premières lignes du texte journalistique, en noter l’origine et le thème général, et, dans la foulée, lire les deux QUESTIONS : trop de candidat(e)s font, dans un premier temps, un résumé global du texte et, dans un deuxième temps, en guise de réponse à la deuxième question, reprennent ce même texte en le citant parfois. Or, Il s’agit en fait de : - répondre précisément et succinctement à la première question qui a trait au texte lui-même, - répondre à la deuxième question, qui est un essai, en se détachant du texte et en apportant ses propres références culturelles. Et puisque l’épreuve ne dure qu’une heure et demie, il semble tout à fait possible d’écrire directement le deuxième texte sans passer par un brouillon. Question 1 : L’article proposé cette année était issu de « Focus-Magazin » du 18 avril 2015 et portait sur les bénévoles qui, dans la population allemande, apportent leur aide aux réfugiés. Le/la candidat(e) devait en quelques lignes (80 mots), avec ses propres mots, et sans jamais citer le texte, répondre précisément à la question qui comportait deux aspects : wer.... und wie.... . Il s’agit donc d’expliquer dans un premier temps quelles sont ces personnes bénévoles en Allemagne et dans un deuxième temps en quoi consiste leur action. Nul besoin pour cela de rédiger une introduction souvent longue et inutile, ni de réitérer la question posée : il faut répondre directement, sans oublier l’un ou l’autre des deux aspects à considérer. Le texte à rédiger étant plus court que les autres années (80 mots seulement, contre 120 mots les années précédentes !), il n’est pas non plus utile de reprendre les exemples du texte, ni tous les pourcentages. Les candidat(e)(s) qui ont cité le texte ou le titre très imagé ont été pénalisé(e)s. La majorité des candidats a bien compris la question et le texte, et a répondu avec sobriété et précision. C’est ce qui est attendu. Il faut juste éviter un comptage du nombre de mots trop apparent, gênant parfois la lecture. Question 2 (essai en 180 mots) : En concertation avec les jurys de langue, la Direction du Concours Mines Ponts a décidé à partir de cette année de donner davantage d’importance à cette deuxième question qui compte désormais autant de points que la traduction. Dans un essai, il est demandé au candidat/ à la candidate de formuler avec ses propres mots une problématique liée au sujet (ici, ce qu’apporte l’engagement civil à une société) et d’exprimer son opinion personnelle à travers une prise de position claire, au moyen d’un ou de plusieurs exemples pertinents. Trois types de défauts ont été repérés au fil de la correction, trois écueils à éviter : - la reprise des exemples ou des données chiffrées du texte journalistique proposé comme support pour la question 1. L’essai est indépendant du texte et demande un avis personnel, étayé d’exemples personnels. - l’essai trop bref (70 ou 100 mots) ou bien non terminé ! La durée de l’épreuve étant très courte (1 heure 30 pour les trois exercices), il est vrai que les candidats peuvent se laisser surprendre par le temps. Tout comme pour la traduction, un exercice régulier doit permettre de pallier ce genre de difficulté. - le hors sujet lié à une lecture trop rapide ou à une mauvaise interprétation de la question posée : bon nombre de candidat(e)s a traité de la crise des réfugiés en Allemagne, au lieu de considérer l’apport pour une société, ce qui amenait à un tout autre débat, beaucoup plus large. Plus ennuyeux est la mauvaise traduction de l’expression avec ‘bringen’: ce verbe signifie effectivement ‘apporter’, ou bien également ‘pousser à’ s’il est construit avec zu+datif. Mais dans la question posée, nous avons le datif seul ‘der Gesellschaft’. Il ne fallait donc pas traiter des motivations des citoyens qui s’engagent comme bénévoles ou des différentes formes d’engagement civil, mais bel et bien des retombées pour une société en général. Comme pour la question 1, plus l’entrée en matière est directe, mieux c’est. Nul n’est besoin de réitérer la question posée et il est très maladroit de poser une autre question ! En revanche une bonne accroche est valorisante, par exemple : Mit der globalisierten Welt hat man den Eindruck, dass sich das Zivilengagement immer mehr entwickelt... Ou bien en partant du terme central ‘Zivilengagement’ : Der Begriff Zivilengagement ist neu : Darunter versteht man oft Ehrenamt oder Freiwilligenarbeit von Bürgern und Bürgerinnen, die in Notsituationen handeln wollen und dabei den anderen ihre freie Zeit widmen, während unsere Gesellschaft sich als immer mehr individualisiert erweist... Le jury a valorisé les essais quand l’expression était riche et structurée, ce qui a été le plus souvent le cas : Les candidats ont proposé des exemples aussi variés que ceux de philosophes (Aristoteles : « Der Mensch braucht Gemeinschaft » ) ou Jürgen Habermas ou des organisations non gouvernementales – die nichtstaatlichen Organisationen - telles que « Ärzte ohne Grenzen » ou bien les nombreuses « Bürgerinitiativen » en Allemagne. Beaucoup d’essais étaient intéressants et bien présentés. Mention spéciale pour tous celles et ceux qui ont nuancé le propos en identifiant certains effets contraires de cet engagement civil, par exemple le désengagement de l’État, vécu dans certains pays comme une fracture dans la société. Enfin, comme pour la question 1, un comptage trop apparent du nombre de mots utilisés est gênant pour la lecture.