La matière explique aussi bien que la pensée l`ordre du monde

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Dossier Le temps
IV – Philosophie de l’histoire : que signifie, à l’inverse, le refus de dieu ? … Comment
l’histoire est-elle conçue ?
La matière explique aussi bien que la pensée l'ordre du monde, Philon, op. cit.
Les textes
pp. 33-37
« En un mot, la révolution fondamentale qui caractérise la virilité de notre intelligence consiste
essentiellement à substituer partout, à l’inaccessible détermination des causes proprement dites, la
simple recherche des lois, c’est-à-dire des relations constantes qui existent entre les phénomènes
observés. Qu’il s’agisse des moindres ou des plus sublimes effets, de choc et de pesanteur comme de
pensée et de moralité, nous n’y pouvons vraiment connaître que les diverses liaisons mutuelles propres
à leur accomplissement, sans jamais pénétrer le mystère de leur production.
Non seulement nos recherches positives doivent essentiellement se réduire, en tous genres, à
l’appréciation systématique de ce qui est, en renonçant à en découvrir la première origine et la
destination finale ; mais il importe, en outre, de sentir que cette étude des phénomènes, au lieu de
pouvoir devenir aucunement absolue, doit toujours rester relative à notre organisation et à notre
situation.
En reconnaissant, sous ce double aspect, l’imperfection nécessaire de nos divers moyens spéculatifs,
on voit que, loin de pouvoir étudier complètement aucune existence effective, nous ne saurions garantir
nullement la possibilité de constater ainsi, même très superficiellement, toutes les existences réelles,
dont la majeure partie peut-être doit nous échapper totalement. Si la perte d’un sens important suffit
pour nous cacher radicalement un ordre entier de phénomènes naturels, il y a tout lieu de penser, et
réciproquement, que l’acquisition d’un sens nouveau nous dévoilerait une classe de faits dont nous
n’avons maintenant aucune idée […].
Il ne saurait exister aucune astronomie chez une espèce aveugle, quelque intelligence qu’on la
supposât, ni envers des astres obscurs, qui sont peut-être les plus nombreux, ni même si seulement
l’atmosphère à travers laquelle nous observons les corps célestes restait toujours et partout
nébuleuse. »
p. 49
« Nous avons, à vrai dire, l'expérience d'idées qui se disposent en ordre d'elles-mêmes et sans aucune
cause connue ; mais nous avons, j'en suis sûr, une expérience bien plus étendue de cas où la matière
en fait autant : comme il arrive dans tous les faits de génération et de végétation, où l'analyse exacte de
la cause passe toute humaine compréhension. Nous avons aussi l'expérience de systèmes particuliers
de pensée et de matière, qui ne présentent aucun ordre : pour la première, dans le cas de la folie ; pour
la seconde, dans celui de la corruption. Pourquoi dès lors penserions-nous que l'ordre est plus essentiel
à l'une qu'à l'autre ? Et s'il requiert une cause en toutes deux, que gagnons-nous à votre système, en
faisant remonter l'univers des objets à un semblable univers d'idées ? Le premier pas que nous faisons
nous entraîne à jamais. II serait donc sage de notre part de limiter toutes nos recherches à ce monde-ci,
sans regarder au delà. NulIe satisfaction ne saurait jamais être obtenue par ces spéculations, qui
passent de si loin les étroites limites de l'entendement humain.
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C'était l'usage des péripatéticiens, vous le savez, Cléanthe, quand on demandait la cause d'un
phénomène quelconque, d'avoir recours à leurs facultés ou qualités occultes, et de dire, par exemple,
que le pain nourrissait par sa faculté nutritive et que le séné purgeait par sa faculté purgative : mais on a
découvert que ce subterfuge n'était pas autre chose que le déguisement de l'ignorance, et que ces
philosophes, quoique moins francs, disaient en réalité la même chose que les sceptiques ou le vulgaire,
lesquels confessaient loyalement ne pas connaître la cause de ces phénomènes. Pareillement, quand
on demande quelIe cause produit l'ordre dans les idées de l'Être Suprême, aucune raison peut-elIe être
assignée par vous, anthropomorphite, sinon de dire que c'est une faculté rationnelIe, et que telle est la
nature de la Divinité ? Mais pourquoi une réponse semblable ne sera pas également satisfaisante pour
rendre compte de l'ordre du monde, sans avoir recours à aucun créateur intelIigent, tel que celui dont
vous soutenez l'existence, c'est ce qu'il est peut-être difficile de décider... »
Questions sur le deuxième texte :
- Qu’est-ce qui justifie la défiance de l’auteur à l’égard de la métaphysique ?
- Peut-on le qualifier d’athée ?
- Vers quelle appréhension du monde s’achemine-t-on ?
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