CORRIGE BAC BLANC FEVRIER 2014 EPREUVE COMPOSEE Première partie : Mobilisation des connaissances (6 points) 1 – En quoi l’IDH (Indice de Développement Humain) constitue-t-il une amélioration par rapport au PIB par habitant ? (3 points) Le PIB par habitant, calculé comme une moyenne (valeur des biens et services produits sur le territoire national / population totale) peut constituer une première expression du niveau de vie (quantité de biens et services à la disposition des individus d’un pays). En tant qu’indicateur quantitatif, il est un instrument de référence efficace car il permet des comparaisons dans le temps (évolution chronologique de la situation d’un pays) et dans l’espace (entre pays). De plus, il constitue une donnée relativement aisée à relever par des économistes. Toutefois, le caractère quantitatif du PIB/habitant apporte également à cet indicateur ses propres limites dans l’évaluation du développement et du » bien-être » des sociétés. D’une part, sa nature de moyenne mathématique en fait un indicateur théorique, ne correspondant à aucune réalité observée, et indifférent aux inégalités de répartition des richesses. D’autre part, on constate qu’il a tendance à augmenter avec les « mauvaises nouvelles » (pollution, guerres, accidents, catastrophes…), sans comptabiliser par ailleurs de nombreuses activités contribuant au « bien-être » (bénévolat, travail domestique…) De manière générale, il s’avère problématique d’évaluer le « bien être », notion qualitative, avec un tel indicateur quantitatif. Devant ce constat, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) crée, en 1990, l’indice statistique IDH. L’amélioration principale de cet indice, par rapport au PIB/habitant, réside dans le fait qu’il prend en compte plusieurs dimensions (3 exactement) du « bien-être » des populations. Composite, l’IDH repose lui-même sur 3 indices évaluant respectivement : - La SANTE et la LONGEVITE, dimension mesurée par l’indice d’espérance de vie à la naissance - Le SAVOIR ou NIVEAU D’EDUCATION, dimension mesurée à l’origine (dès 1990) par le taux d’alphabétisation des adultes. Or, il est apparu que ce taux d’alphabétisation pouvait être aujourd’hui élevé dans une majorité de pays, sans vraiment traduire les inégalités de « bien-être » entre les pays. C’est pourquoi, en 2011, le PNUD modifie son critère d’évaluation du niveau d’éducation, remplaçant le taux d’alphabétisation des adultes par un indice d’éducation fondé sur la durée moyenne de scolarisation des adultes ET la durée attendue de scolarisation des enfants en âge scolaire - Le NIVEAU DE VIE, dimension mesurée par l’indice de Revenu National Brut/habitant En résumé, l’IDH, indicateur lui-même quantitatif (gradué entre 0 et 1), améliore l’analyse du développement et du « bien-être » par la prise en considération de critères, non seulement économiques (comme le fait le PIB/habitant) mais aussi sociaux 2 – Intérêt et limites du Pacte de Stabilité et de Croissance (PSC) ? (3 points) En 1992, le traité de Maastricht officialise l’Union Economique et Monétaire (UEM, phase ultime du processus d’intégration selon Bela Balassa) comme objectif de l’Union Européenne et définit, pour les Etats s’engageant dans la monnaie commune, les critères de convergence suivants : - Déficit budgétaire limité à 3% du PIB - Dette publique limitée à 60% du PIB - Taux d’inflation limité à 1.5 points maximum au-dessus de la moyenne des 3 pays les plus vertueux en termes de stabilité des prix (ceux ayant l’inflation la plus faible) - Taux d’intérêt de long terme limités à 2% maximum au-dessus de la moyenne des 3 Etats membres les plus vertueux en termes de stabilité des prix En 1997, afin de mieux coordonner les politiques budgétaires nationales des pays de la zone euro (leur politique monétaire étant vouée à s’unifier), ces derniers adoptent, par signature du traité d’Amsterdam, le Pacte de Stabilité et de Croissance (PSC). L’objectif central est de s’assurer que l’effort de discipline budgétaire des Etats membres se poursuivra après le passage à la monnaie unique. Il s’agit de limiter le risque de comportement de passager clandestin de la part d’un Etat membre (faire supporter l’effort budgétaire par les autres pays, tout en ayant soi-même une politique budgétaire laxiste) Concrètement, le PSC prévoit deux dispositions : - Une disposition préventive : Chaque année, les Etats de la zone Euro présentent leurs objectifs budgétaires au Conseil de l’Union Européenne « Ecofin » (Conseil des ministres de l’économie et des finances des Etats membres) - Une disposition dissuasive : lorsqu’un Etat membre dépasse le critère de déficit public de 3%, le conseil « Ecofin » adresse des recommandations pour que l’Etat mette fin à cette situation. Si rien n’est fait, le Conseil peut sanctionner l’Etat en question (obligation d’un dépôt sans intérêt auprès de la BCE, puis amende (de 0.2 à 0.5% du PIB) si le déficit excessif n’est pas comblé dans les 2 ans En l’absence de politique budgétaire européenne, l’intérêt de ce traité est de renforcer la convergence entre les politiques budgétaires nationales, afin de tendre, au-delà de la politique monétaire, vers un minimum de coordination des politiques économiques conjoncturelles au niveau européen. De même, le renforcement de l’obligation de respect des critères de convergence permet de renforcer la crédibilité des Etats de la zone Euro, lorsqu’ils empruntent sur les marchés financiers (des finances publiques vertueuses diminuant le risque de difficultés de remboursement). Crédibilité qui permet aux Etats membres d’emprunter à bas taux d’intérêt pour financer leurs dépenses publiques. Ces Etats étant tous, à des degrés divers, en situation de déficit budgétaire. Toutefois, cette diversité des situations est précisément une des limites du PSC : comment envisager la même discipline budgétaire dans 17 pays dont les fondamentaux économiques (croissance, emploi, inflation, finances publiques…) peuvent être radicalement différents entre eux ?... De plus, on constate que la recherche d’une convergence dans la vertu des politiques budgétaires nationales se traduit généralement par la difficulté, voire l’impossibilité, pour un Etat, d’envisager une politique budgétaire contra cyclique (de type keynésien) de relance, en cas de récession. Au pire, le PSC condamne, lorsqu’il est respecté à la lettre et au chiffre, les Etats membres à des politiques budgétaires restrictives, pro cycliques en période de récession, ce qui peut avoir tendance à renforcer la récession des économies, comme c’est le cas dans la zone euro depuis 2010. Somme toute, l’application du PSC s’est assez régulièrement heurtée à des conjonctures économiques difficiles (en 2005, en 2008) empêchant dans les faits la plupart des Etats européens de respecter les critères de convergence. Remarque : Si ce non-respect a été toléré au regard des conjonctures difficiles, voire, dans certain cas, considéré comme une politique de relance européenne de substitution (L’Union Européenne ne disposant pas de budget significatif), il n’a jamais été question, entre les Etats membres et les institutions européennes de faire évoluer officiellement et durablement les critères de convergences vers des niveaux moins contraignants. Au contraire, face aux inquiétudes générées, de 2010 à 2013, par les dérapages de la dette publique grecque, les Etats membres ont réagi par l’adoption du Traité de Stabilité de Coordination de Gouvernance (TSCG, appelé aussi pacte budgétaire européen), signé en 2012, en vigueur en 2013, contenant une « règle d’or budgétaire » prenant effet en 2014 et renforçant les sanctions envisagées par le PSC. L’esprit du PSC est donc renforcé. Il semble que les Etats membres de la zone Euro s’entendent pour garantir la stabilité de leur monnaie commune, quitte à supporter à moyen terme une certaine austérité, une croissance atone et insuffisamment riche en emploi Deuxième partie : Etude d’un document (4 points) Vous présenterez ce document puis analyserez l’importance relative de la Division Internationale des Processus Productifs (DIPP), ainsi que son évolution. Le document est un tableau statistique intitulé « Investissement directs à l’étranger (IDE) et production mondiale », issu de l’ouvrage d’El Mouhoub Mouhoud, Mondialisation et délocalisation des entreprises, aux éditions La Découverte, 2011. Il propose de montrer que la forme de la mondialisation économique, traditionnellement incarnée par la Division Internationale du Travail (DIT, conformément au modèle de spécialisation de RICARDO) évolue progressivement vers la Division Internationale des Processus Productifs. En effet, de 1982 à 2009 la richesse du monde (PIB mondial) est multipliée par un peu moins de 5 (de 12002 à 55005 milliards de dollars courants). Dans le même temps, la production des seules filiales étrangères des multinationales (production brute des filiales étrangères) a été multipliée par un peu moins de 10 (augmentation environ 2 fois plus rapide que celle de la richesse mondiale). Et la valeur des capitaux détenus par les multinationales (stocks d’IDE sortants) a été multipliée par 30 environ (de 627 à 18982 milliards de dollars courants). De même, si l’on compare les rythmes mondiaux de l’investissement, on constate qu’en 1982, la part des IDE dans l’investissement mondial [(Flux d’IDE sortants/ FBCF mondiale) x 100] est d’un peu plus de 1 % [(28/2611)x100]. En 2009, les flux d’IDE sortants représentent un peu moins de 10 % de la FBCF mondiale [(1001/12404)x100), soit presque 10 fois plus qu’en 1982 Il est à noter que cette participation de plus en plus importante des FTN dans l’investissement et la production mondiale ne se traduit pas nécessairement par une montée aussi importante dans le commerce international : en 1982 les exportations des filiales représentaient un tiers environ des exportations totales de biens et de services (688/2124) et elles en représentent toujours un tiers en 2009 (5786/15716) Troisième partie : Raisonnement documentaire (10 points) s’appuyant sur dossier Quelles sont les contributions de l’analyse économique à la définition d’une politique climatique ? Vous répondrez à cette question à l’aide du dossier documentaire et de vos connaissances PLUSIEURS PLANS POSSIBLES : 1) Objectifs des politiques climatiques / instruments économiques au service de ces politiques : I – Des débats sur les objectifs Un objectif : le bien être Soutenabilité faible / soutenabilité forte II – Des outils variés de politique climatique La réglementation Les écotaxes Les marchés de droit à polluer 2) Des modèles économiques distincts pour des politiques complémentaires : I – L’intervention de l’Etat Fondements théoriques de l’intervention de l’Etat (fonctions d’allocation, de régulation…) La réglementation Les écotaxes II – La coordination par le marché La « main invisible » et la libre concurrence « Clean Air Act aux Etats Unis (1990) Protocole de Kyoto (1997) Marché de droits à polluer européen 3) Trois modèles économiques différents : I – La réglementation II – Les taxes III – Les marchés de droits à polluer