Représentations irréductibles de GL(2, F ) modulo p. Marie-France Vignéras Résumé. This is a report on the classification of irreducible representations of GL(2, F ) over Fp when F is a local field of finite residual field contained in the algebraically closed field Fp of characteristic p. 1 Toutes les représentations des groupes seront lisses, i.e. chaque vecteur est fixe par un sous-groupe ouvert. Soit p un nombre premier, F un corps local complet pour une valuation discrète de corps résiduel fini Fq de caractéristique p ayant q éléments, F un clôture séparable de F et Fp une clôture algébrique de Fq . Soit n ≥ 1 un entier. Pour un nombre premier ℓ 6= p, la correspondance semisimple de Langlands modulo ℓ, est une bijection “compatible avec la réduction modulo ℓ” entre les classes d’isomorphisme des représentations irréductibles de dimension n du groupe de Gal(F /F ) sur Fℓ et les classes d’isomorphisme des représentations irréductibles supercuspidales de GL(n, F ) sur Fℓ , étendue de façon à inclure les représentations semi-simples de dimension n de Gal(F /F ), et toutes les représentations irréductibles de GL(n, F ) sur Fℓ [V2]. On s’intéresse au cas ℓ = p. On connait bien les représentations irréductibles de dimension finie de Gal(F /F ) sur Fp , mais quelles sont les représentations irréductibles de GL(n, F ) sur Fp ? La réponse est connue uniquement pour le groupe GL(2, Qp ); c’est un problème ouvert pour n ≥ 3 ou pour F 6= Qp . 2 Les représentations irréductibles de dimension n du groupe de Galois Gal(F /F ) sur Fp se classent facilement [V3] 1.14 page 423. 2.1 . Lorsque n = 1, l’isomorphisme de réciprocité du corps de classes, qui envoie une uniformisante pF de F sur un Frobenius géométrique FrobF , identifie les caractères (représentations de dimension 1) de F ∗ et de Gal(F /F ). Nous utiliserons systématiquement cette identification. Pour une extension finie F ′ de F contenue dans F , la restriction du côté galoisien correspond à la norme F ′∗ → F ∗ . 2.2 Les représentations irréductibles de Gal(F /F ) sur Fp de dimension n ≥ 2 sont induites par les caractères réguliers sur F du groupe multiplicatif de l’unique extension Fn de F non ramifiée de degré n sur F contenue dans F . Un caractère de Fn∗ est régulier sur F si ses n conjugués par le groupe de Galois Gal(Fn /F ) sont distincts. Les représentations ρ(χ), ρ(χ′ ) de Gal(F /F ) induites de deux caractères χ, χ′ de Fn∗ réguliers sur F sont isomorphes si et seulement si χ, χ′ sont conjugués par le groupe de Galois Gal(Fn /F ). Le déterminant de ρ(χ) est la restriction de χ à F ∗ . ∗ 2.3 On note OF l’anneau des entiers de F ; un caractère OF∗ → Fp s’identifie à un caractère de F∗q . L’uniformisante pF de F est aussi une uniformisante de l’extension non ramifiée Fn . Le caractère ωn de Fn∗ tel que ωn (pF ) = 1 et dont la restriction à OF∗ n ∗ s’identifie au plongement naturel ιn : F∗q n → Fp , est appelé un caractère de Serre; il est ∗ régulier. Pour λ ∈ Fp , on note µn,λ le caractère non ramifié de Fn∗ tel que µn,λ (pF ) = λ. On supprime l’indice n = 1 pour F ∗ . Le composé de la norme Fn∗ → F ∗ et du caractère n−1 ω, resp. µλ , est le caractère ωn1+q+...+q , resp. µn,λn . 1 ∗ Les caractères de Fn∗ sont µn,λ ωna pour un unique couple (λ, a) ∈ Fp × {1, . . . , q n − 1}. 2.4 Les représentations irréductibles de dimension n ≥ 1 du groupe de Galois Gal(F /F ) sur Fp sont Gal(F /F ) Gal(F /F ) ρn (a, λ) = µλ ⊗ indGal(F /F n) ωna = indGal(F /F ) (µn,λn ωna ) n pour les entiers a ∈ Z/(q n −1)Z tels que a, qa, . . . , q n−1 a sont distincts. Les isomorphismes sont les suivants ρn (a, λ) ≃ ρn (aq i , ζλ) ∗ pour les entiers 1 ≤ i ≤ n − 1 et ζ ∈ Fp avec ζ n = 1. ′ Le déterminant de ρn (a, λ) est ω a µλn où a′ ∈ Z/(q − 1)Z est l’image de a. Le nombre de représentations irréductibles avec det FrobF fixé est fini, égal au nombre de polynômes irréductibles unitaires de degré n dans Fq [X] [V1] 3.1 (10). Lorsque n = 2, ce nombre est q(q − 1)/2. 2.5 Lorsque F = Qp , les représentations irréductibles de dimension 2 du groupe de Galois Gal(Qp /Qp ) sur Fp sont Gal(F /F ) σ(r, χ) = χ ⊗ indGal(F /F ) ω2r+1 2 ∗ pour les entiers r ∈ {0, . . . , p − 1} et les caractères χ : Q∗p → Fp . On a σ(r, χ) = ρ2 (a, λ) avec χ = µλ ω b , a = (p + 1)b + r + 1. Le déterminant de σ(r, χ) est χ2 ω r+1 . Les isomorphismes sont les suivants σ(r, χ) ≃ σ(p − 1 − r, χ) ≃ σ(r, χµ−1 ) ≃ σ(p − 1 − r, χµ−1 ). 3 Les représentations irréductibles de GL(2, Qp ) sur Fp avec un caractère central sont classées [BL2] [Br]. On dispose d’une liste pour GL(2, F ) lorsque F 6= Qp [V0], [Pa], probablement non complète. 2 3.1 Les représentations irréductibles de GL(2, Fq ) sur Fp sont (χ ◦ det) ⊗ Symr Fp ∗ pour un unique couple (r, χ) avec 0 ≤ r ≤ q − 1 et un caractère χ : F∗q → Fp ; on peut aussi remplacer χ par l’unique entier 1 ≤ a ≤ q − 1 tel que χ(?) =?a . On a le développement p-adique r = r1 + pr2 + . . . + pf −1 rf avec 0 ≤ ri ≤ p − 1, q = pf , et 2 2 Symr Fp = ⊗fi=1 Symri Fp ◦ Fri−1 2 où Fr est le Frobenius absolu ?p et pour tout entier r ≥ 0, Symr Fp est la représentation de GL(2, Fq ) sur les polynômes homogènes de degré r dans Fp [X, Y ] vérifiant a c b d X i Y j = (aX + cY )i (bX + cY )j 2 (i, j ≥ 0, i + j = r). 2 La représentation triviale et la représentation spéciale (ou de Steinberg) sont Sym0 Fp et 2 Symq−1 Fp . 2 La représentation irréductible Symr Fp s’identifie à une représentation irréductible de GL(2, OF ), ou à une représentation de Ko = GL(2, OF )pZ F triviale sur pF . On lui associe par induction compacte une représentation lisse de GL(2, F ) 2 E(r) = indG Ko Symr Fp . 3.2 Les représentations irréductibles de G = GL(2, F ) sur Fp sont : ∗ (i) Les caractères χ ◦ det pour les caractères χ : F ∗ → Fp . (ii) Les séries principales indG B (χ1 ⊗ χ2 ) induites par le caractère (χ1 ⊗ χ2 ) a b 0 d = χ1 (a)χ2 (d) ∗ du sous-groupe triangulaire supérieur B, pour les caractères distincts χ1 , χ2 : F ∗ → Fp , χ1 6= χ2 . (iii) Les séries spéciales (appelées aussi de Steinberg) Sp ⊗χ det, pour les caractères ∗ χ : F ∗ → Fp , où Sp est le quotient de la représentation induite indG B idFp du caractère trivial de B, par le caractère trivial de G. (iv) Les représentations irréductibles supercuspidales. Il n’y a pas d’isomorphisme entre ces représentations. La représentation spéciale ne se plonge pas dans une représentation induite parabolique; ses vecteurs coinvariants par le radical unipotent N de B est nul; elle est cuspidale sans être supercuspidale. Barthel et Livne ([BL2] prop.8) montrent que EndFp G (indG Ko id) ≃ Fp [T ] où T corre pF 0 spond à la double classe de h = ; les algèbres EndFp G E(r) sont canoniquement 0 1 isomorphes. Ils ont appelés supersingulières les représentations irréductibles supercuspidales ayant un caractère central, et démontrés ce sont les quotients irréductibles de V (r, χ) = (χ ◦ det) ⊗ E(r) T E(r) ∗ pour les caractères χ : F ∗ → Fp et les entiers 0 ≤ r ≤ q − 1; le caractère central de V (r, χ) est χ2 ω r . La représentation de G V (r, λ, χ) = (χ ◦ det) ⊗ E(r) (T − λ)E(r) ∗ (λ ∈ Fp ) est isomorphe à r r i) la série principale irréductible (χ ◦ det) ⊗ indG B (µλ−1 ⊗ µλ ω ) si µλ−1 6= µλ ω , i.e. si λ 6= ±1 ou r 6= (0, . . . , 0), (p − 1, . . . , p − 1), 3 ii) la représentation (χ ◦ det) ⊗ indG B µλ de longueur 2 non scindée, contenant χµλ ◦ det et de quotient (χµλ ◦ det) ⊗ Sp lorsque λ = ±1 et r = (p − 1, . . . , p − 1), iii) une représentation de longueur 2 non scindée contenant (χµλ ◦ det) ⊗ Sp et de quotient χµλ ◦ det lorsque λ = ±1 et r = (0, . . . , 0). 3.3 Dans le cas particulier mais important F = Qp , Breuil [Br] 4.1.1, 4.1.4, a montré que les représentations V (r, χ) sont irréductibles. Les représentations irréductibles supersingulières de GL(2, Qp ) sont les V (r, χ) pour ∗ 0 ≤ r ≤ p − 1 et χ un caractère F ∗ → Fp ; les isomorphismes sont : V (r, χ) ≃ V (p − 1 − r, χω r ) ≃ V (r, χµ1 ) ≃ V (p − 1 − r, χω r µ−1 ). 3.4 Breuil [Br] 4.2.4 en déduit une bijection unique “compatible avec la réduction modulo p” de la correspondance donnée par la “cohomologie étale des courbes modulaires” σ(r, χ) ↔ V (r, χ) entre les classes d’isomorphisme des représentations irréductibles de dimension 2 du groupe de Galois Gal(Qp /Qp ) sur Fp (2.5) et les classes d’isomorphisme des représentations irréductibles supersingulières de GL(2, Qp ) sur Fp (3.3), qu’il étend de façon à inclure les représentations semi-simples de dimension 2 de Gal(Qp /Qp ), G r r −1 ss χ ⊗ (ω r+1 µλ ⊕ µλ−1 ) ↔ (χ ◦ det) ⊗ [indG )] , B (µλ−1 ⊗ ω µλ ) ⊕ indB ((ω µλ )ω ⊗ µλ−1 ω notant ?ss la semi-simplifiée d’une représentation ? de longueur finie. Soit r ′ ∈ {0, . . . , p−2} congru à p − 3 − r modulo p − 1; le membre de droite est aussi (3.2): V (r, λ, χ)ss ⊕ V (r ′ , λ−1 , ω r+1 χ)ss . Le déterminant χ2 ω r+1 de la représentation galoisienne ne coincide pas par l’isomorphisme de la théorie du corps de classes avec le caractère central χ2 ω r de la représentation de GL(2, Qp ). 3.5 Une représentation irréductible avec un caractère central de GL(2, Qp ) est caractérisée par sa restriction au sous-groupe triangulaire B, qui est irréductible sauf pour une série principale où elle est de longueur 2; ceci est démontré par Berger [Be] lorsque F = Qp en utilisant les représentations de B(Qp ) construites par Colmez avec les (φ, Γ)-modules de Fontaine; une preuve non galoisienne est donnée dans [Vc] (voir 3.6) pour tout F , mais uniquement pour les séries principales et la Steinberg. Toute représentation irréductible W de Gal(Qp /Qp ) de dimension finie sur Fp , définit une représentation irréductible de dimension infinie ΩW de B(Qp ) sur Fp . Deux représentations W non isomorphes donnent des représentations ΩW non isomorphes. Les représentations irréductibles contenues dans la série principale ou la série spéciale (resp. dans les supersingulières) sont les ΩW pour dim W = 1 (resp. dim W = 2). Remarque. Notons P le sous-groupe mirabolique formé des matrices de seconde ligne (0, 1) dans B. Il est isomorphe au produit semi-direct du groupe additif Ga et du groupe 4 multiplicatif Gm (agissant naturellement sur Ga ). On identifie Ga au radical unipotent de P ou de B. Sur un corps algébriquement clos de caractéristique différente de p, le groupe mirabolique P (F ) a une unique représentation irréductible de dimension infinie τ ; les autres sont des caractères. La restriction à P (F ) d’une représentation irréductible π de dimension infinie de GL(2, F ) contient τ et π/τ est de longueur 2, 1, 0 selon que π est de la série principale, spéciale, ou est supercuspidale [V4]. 3.6 On peut décomposer les séries principales avec les arguments suivants [Vc] . La représentation naturelle ρ de P (F ) sur l’espace des fonctions localement constantes à support compact sur F et à valeurs dans Fp est irréductible; ceci utilise que l’algèbre de groupe complétée d’un pro-p-groupe sur corps fini de caractéristique p est locale. Joint au fait que les F -coinvariants de ρ sont nuls car un pro-p-groupe n’a pas de mesure de Haar à valeurs dans Fp , on obtient que la restriction à B(F ) de indG B χ1 ⊗ χ2 est de longueur G 2, de quotient le caractère χ1 ⊗ χ2 , et l’image de indB χ1 ⊗ χ2 par le foncteur de Jacquet (les U (F )-coinvariants) est χ = χ1 ⊗ χ2 . Cette démonstration n’utilisant pas l’arbre de P GL(2), est généralisable à GL(n). 4 Généralités. 4.1 On dit que V est admissible si l’espace V K des vecteurs de V fixes par K est de dimension finie pour tout sous-groupe ouvert compact K de G. Lorsque C = Fp , il suffit que ce soit vrai pour un seul pro-p-sous-groupe ouvert Ko de G. Voici la preuve simple et astucieuse due à Paskunas. La restriction de V à Ko se plonge dans (dimFp V Ko ) Inj 1Fp , où Inj 1Fp est l’enveloppe injective de la représentation triviale de Ko ; pour tout sousgroupe ouvert distingué K de Ko , on a (Inj 1Fp )K = Fp [Ko /K], donc la dimension de V K est finie. Toutes les représentations irréductibles de GL(2, F ) sur Fp connues sont admissibles, ont un caractère central et sont définies sur un corps fini. 4.2 Tout pro-p-groupe agissant sur un Fp -espace vectoriel non nul a un vecteur non nul invariant. Ceci implique qu’ une représentation admissible non nulle V de G sur Fp , contient une sous-représentation irréductible W . 4.3 Soit W une représentation lisse sur un corps commutatif C de dimension finie d’un sous-groupe ouvert K de G. On lui associe la représentation lisse indG K W de G, par induction compacte. L’algèbre de Hecke de (K, W ) dans G, H(G, K, W ) = EndCG indG KW s’identifie à l’algèbre de convolution des fonctions f : G → EndC W de support une union finie de doubles classes de G modulo K, satisfaisant f (kgk ′ ) = kf (g)k ′ pour g ∈ G et k, k ′ ∈ K; la condition sur F = f (g) ∈ EndC W est F (k −1 ?) = gkg −1 F (?) pour tout k ∈ K ∩ g −1 Kg. On associe à V le H(G, K, W )-module à droite HomCG (indG K W, V ) ≃ HomCK (W, V ), par adjonction. 5 4.4 Les algèbres de Hecke fournissent un critère bien utile d’irréductibilité [V0] Criterium 4.5 page 344. Si Ko est un pro-p-sous-groupe ouvert, une représentation V de G sur Fp engendrée par π Ko est irréductible, si π Ko est un H(G, Ko , idFp )-module simple. 4.5 Nous donnons maintenant deux propriétés générales et techniques utilisées dans la démonstration par Barthel et Livne qu’une représentation irréductible V de GL(2, F ) sur Fp ayant un caractère central est quotient d’un V (r, λ, χ) (3.2), que nous expliquerons en (6.3). (i) Soit V irréductible tel que HomCK (W, V ) contienneun sous-H(G, K, W )-module de dimension finie sur C (vrai si V est admissible); alors il existe un H(G, K, W )-module simple à droite M tel que V est quotient de M ⊗H(G,K,W ) indG K W. (ii) Soit un quotient j : W → W ′ de la représentation W de K; l’application indG K (j) : G ′ W → indK W est surjective et induit une application injective indG K G G ′ ? ◦ indG K (j) : HomCG (indK W , V ) → HomCG (indK W, V ) ′ pour toute représentation V de G. Soit M ′ un sous-espace de HomCG (indG K W , V ) dont G G l’image par ?◦indK (j) dans HomCG (indK W, V ) est H(G, K, W )-stable. Si tout morphisme h′ ∈ H(G, K, W ′) se relève en un morphisme h ∈ H(G, K, W ) tel que h′ ◦ indG K (j) = ′ ′ indG (j) ◦ h, alors M est H(G, K, W )-stable. K La condition sur les algèbres de Hecke signifie que pour chaque g dans un système de représentants des doubles classes K\G/K, tout morphisme F ′ ∈ EndC W ′ vérifiant F ′ (k −1 ?) = gkg −1 F ′ (?) pour tout k ∈ K ∩ g −1 Kg se relève en un morphisme F ∈ ′ EndCK indG K W vérifiant la même relation tel que F ◦ j = j ◦ F . 5 Algèbre de Hecke du “pro-p-Iwahori” I(1). 5.1 L’image inverse dans K = GL(2, OF ) de B(Fq ) par la réduction K → GL(2, Fq ) est le groupe d’Iwahori I; celle du groupe strictement triangulaire supérieur est le pro−psous-groupe I(1); c’est un pro-p-Sylow de I. La Z-algèbre de Hecke du pro-p-Iwahori I(1) [V1] H(2, q) = EndZG Z[I(1)\GL(2, F )] ne dépend que de (2, q). La Z-algèbre H(2, q) a une grosse sous-algèbre commutative de type fini avec une action naturelle de S2 , style Bernstein, dont les S2 -invariants forment le centre de H(n, 2). L’algèbre H(2, q) est un module de type fini sur son centre. Le centre de H(2, q) est une Z-algèbre de type fini. 5.2 Un H(2, q) ⊗Z Fp -module simple (à droite ou à gauche) a un caractère central, est de dimension finie, et est défini sur un corps fini. C’est l’analogue pour l’algèbre de Hecke du pro-p-Iwahori de “une sous-représentation d’une représentation de type fini de G sur Fp est de type fini” et de “une représentation irréductible de G sur Fp est admissible définie sur un corps fini” (questions ouvertes). Cela résulte de: 6 5.3 Soit C un corps commutatif parfait, Z une C-algèbre commutative de type fini, H un anneau qui est un Z-module de type fini. Alors un H-module (à droite ou à gauche) simple est de dimension finie sur C. Preuve (implicite dans [V4] I.7.11): Un H-module M simple (à droite par exemple) étant un Z-module de type fini, admet un quotient Z-simple. Si C est algébriquement clos, un Z-module simple est de dimension 1 sur C; il existe donc un morphisme χ : Z → C tel que M (χ) = {mz − χ(z)m, (m ∈ M, z ∈ Z)} est distinct de M et M (χ) est stable par A. Comme M est simple, M (χ) = 0 i.e. Z agit sur M par χ; ceci implique que M est de dimension finie sur C. Si C est parfait, il existe une extension finie galoisienne C ′ /C et un morphisme χ : Z → C ′ tel que M ⊗C C ′ est distinct de (M ⊗C C ′ )(χ). Le H ⊗C C ′ -module M ⊗C C ′ est une somme directe finie de modules simples, conjugués par Gal(C ′ /C). L’un d’entre eux N est distinct de N (χ), donc N (χ) = 0 et N est de dimension finie sur C ′ . La dimension de M ⊗C C ′ sur C ′ est donc de dimension finie; c’est aussi celle de M sur C. 5.4 Définition d’un H(2, q)⊗Z Fp -module simple (à droite ou à gauche) supersingulier [V1]. Un caractère du centre de H(2, q) à valeurs dans Fp a nécessairement beaucoup de “zéros”. Lorsqu’il y a des zéros supplémentaires, le caractère est dit singulier (non singulier est appelé régulier). Le pire cas plein de zéros est appelé supersingulier. La terminologie s’étend à un H(2, q) ⊗Z Fp -module simple via son caractère central (5.3). Le nombre de H(2, q) ⊗Z Fp -modules simples supersinguliers de dimension n connus avec une action de pF fixée, est exactement le nombre de représentations continues irréductibles de Gal(F /F ) de dimension 2 avec le déterminant de FrobF fixé. 6 Nous expliquons le rôle du foncteur π → π I(1) des I(1)-invariants dans les démonstrations de (3.2), (3.3) et nous donnons des propriétés de ce foncteur [V0], [O]. 6.1 Le cas du groupe fini GL(2, Fq ) [BL2] [Pa]. Un p-groupe de Sylow est le groupe des matrices strictement triangulaires supérieures U (Fq ); le foncteur ρ → ρU(Fq ) définit une bijection des représentations irréductibles de GL(2, Fq ) sur Fp sur les modules simples de la Fp -algèbre de Hecke de U (Fq ). 6.2 Soit ρ une représentation irréductible de GL(2, Fq ); le poids de ρ est le caractère η de T (F ) sur les invariants ρU(Fq ) (qui est de dimension 1); le copoids de ρ est le caractère η ′ de T (F ) sur les invariants ρU(Fq ) (qui est de dimension 1); par adjonction, ρ est un quotient GL(n,F ) GL(2,F ) de indB(Fq ) q η et une sous-representation de indB(Fq ) q η ′ . Comme la contragrédiente GL(n,Fq ) de indB(Fq ) GL(n,Fq ) η est indB(Fq ) η −1 , les poids et copoids de la contragrédiente de ρ sont 2 (η ′ )−1 et η −1 . Explicitement, la représentation irréductible deta ⊗ Symr Fp pour 1 ≤ a ≤ 2 q − 1, 0 ≤ r ≤ q − 1 a pour contragrédiente det−r−a ⊗ Symr Fp , et pour poids diag(1, ?) →?a , diag(?, ?−1 ) →?r ; le poids est le caractère diag(x, z) → xc z d , les deux entiers 1 ≤ c, d ≤ q − 1 étant liés aux deux entiers a, r par les congruences d ≡ a (mod q − 1), c ≡ a + r (mod q − 1). Les représentations irréductibles non isomorphes 2 det a ⊗ Symr Fp , 2 det a+r ⊗ Symq−1−r Fp , 7 ont des poids conjugués par S2 ; le poids est fixe par S2 si r = 0 ou r = q − 1. Le nombre de caractères de T (Fq ) modulo l’action naturelle du groupe symétrique S2 , i.e. de représentations semi-simples de dimension 2 de F∗q sur Fp , est q(q − 1)/2 comme en (2.4). 6.3 Nous expliquons comment l’isomorphisme [BL2] prop.8: H(G, KpZ F , idFp ) ≃ Fp [T ]. et le résultat crucial [BL1] prop.15, [BL2] prop.18: si E 6= 0 est une sous-représentation de E(r), alors E I(1) est de codimension finie dans E(r)I(1) , et (4.5) impliquent qu’une représentation irréductible V de G = GL(2, F ) sur Fp ayant un caractère central est quotient d’un V (r, λ, χ) (3.2). Le premier groupe de congruence K(1) des matrices congrues modulo pF à l’identité dans K = GL(2, OF ), étant un pro-p-groupe, V contient une représentation irréductible de K triviale sur K(1). On en déduit qu’il existe r, χ comme en (3.2) tel que V est quotient de E(r, χ) = (χ◦det)⊗E(r)). On se ramène à χ trivial par torsion. Il existe un G-morphisme non nul E(r) → indG Bχ ∗ pour tout caractère χ : B → Fp , trivial sur diag(pF , pF ) et de restriction à T (OF ) le K(1) ≃ copoids η ′ de Symr (6.1), par adjonction [V4] I.5.7 et l’isomorphisme (indG B χ) GL(2,Fq ) indB(Fq ) η ′ . Donc E(r) est réductible; le résultat crucial implique que l’image de E(r)I(1) dans V I(1) est un sous-H(G, I(1), idFp )-module de dimension finie. Les algèbres de Hecke o H(G, I(1), id) et H(G, Ko , indK I(1) id) sont isomorphes et l’on a une surjection canonique 2 Z Z o indK I(1) id → Symr Fp . Les isomorphismes Fp [T ] ≃ H(G, KpF , idFp ) ≃ H(G, KpF , Symr ) et (4.5) impliquent alors que V est quotient d’un V (r, λ). 6.4 Structure de H(2, q) ⊗Z Fp et modules simples à droite [V0]. L’algèbre H(2, q) ⊗Z Fp est une somme directe ⊕η1 ⊕η2 H(G, I, η), paramétré par les représentations semi-simples η1 ⊕ η2 de dimension 2 de F∗q sur Fp (les ”poids modulo S2 ” (6.1)), où η = η1 ⊗η2 si η1 = η2 et η = (η1 ⊗η2 )⊕(η2 ⊗η1 ) si η1 6= η2 . Le nombre de facteurs est q(q − 1)/2 comme en (2.4). Les modules simples sont génériquement déterminés par ∗ leur caractère central; pour chaque facteur H(G, I, η), chaque (a, z) ∈ Fp × Fp détermine un ou deux modules simples “jumeaux”; l’uniformisante pF agit par multiplication par z. a) Pour η1 = η2 , le facteur H(G, I, η) est isomorphe à la Fp -algèbrede Hecke du groupe 0 1 0 1 d’Iwahori I; elle est engendrée par les fonctions S, T , égales à 1 sur , 1 0 pF 0 respectivement, de support une double classe modulo I, vérifiant les relations T 2 S = ST 2 , S 2 = −S; le centre est engendré par ST + T S + T, T ±2 . Les modules à droite simples sont génériquement les modules M2 (a, z) de dimension 2, déterminés par leur caractère central (ST + T S + T, T 2 ) → (a, z), où T, S agissent respectivement par 0 z 1 0 , 8 −1 0 a 0 . Les modules à droite simples sont (i) M2 (a, z) si z 6= a2 , ∗ (ii) les caractères M1 (a, −1), M1 (a, 0) tels que T → a ∈ Fp et S → ε ∈ {−1, 0} sont respectivement contenus et quotients du module M2 (a, a2 ); ce sont des “jumeaux”. b) Pour η1 6= η2 , le facteur H(G, I, η) est isomorphe à M (2, R) où R estla Fp -algèbre 0 1 commutative engendrée par Z ±1 , X, Y vérifiant XY = 0. En effet, normalise I pF 0 G et permute η1 ⊗ η2 et η2 ⊗ η1 , donc induit un isomorphisme indG I (η1 ⊗ η2 ) ≃ indI (η2 ⊗ η1 ). L’isomorphisme R ≃ H(G, I, η1 ⊗ η2 ) envoie Z ±1 ,X, Y sur les fonctions supportées sur pF 0 1 0 une doubles classe modulo I et égales à 1 sur p±1 , , respectivement. F , 0 1 0 pF L’automorphisme de R déduit de l’isomorphisme H(G, I, η1 ⊗ η2 ) ≃ H(G, I, η2 ⊗ η1 ) induit 0 1 par fixe Z et permute X, Y . pF 0 Les modules à droite simples M2 (xa, ya, z) de M (2, R) sont de dimension 2, déterminés ∗ par leur caractère central X → xa, Y → ya, Z → z, pour tout a ∈ Fp , z ∈ Fp et (x, y) = (1, 0) ou (0, 1). Si a 6= 0, les modules simples M2 (a, 0, z), M2(0, a, z) sont “jumeaux” ; ils n’ont pas le même caractère central. Si a = 0, on note M2 (0, z) = M2 (0, 0, z). L’isomorphisme R ≃ H(G, I, η2 ⊗ η1 ) aurait permuté les jumeaux. Comme les caractères η1 , η2 jouent des rôles symétriques, il faut regrouper les “jumeaux” si l’on veut rester canonique. On déduit de a), b): Les modules simples supersinguliers de H(2, q) ⊗Z Fp sont les modules M2 (0, z) pour ∗ chacun des q(q − 1)/2 facteurs de H(2, q) ⊗Z Fp , où z ∈ Fp est l’action de pF . On notera Mη,z le module simple supersingulier H(2, q) ⊗Z Fp de poids η modulo S2 où pF agit par z. 6.5 On donne les I(1)-invariants des représentations indG B χ, Sp, V (r, χ) de G sur Fp introduites en (3.2), en utilisant la classification des H(2, q) ⊗Z Fp -modules simples (6.4). ∗ a) Soit χ : B → Fp un caractère de B défini par un caractère χ1 ⊗ χ2 du groupe diagonal. On pose a−1 = χ1 (pF ), z −1 = χ1 (pF )χ2 (pF ), η? = χ? |OF∗ . I(1) est de dimension 2, s’identifie à un module Le H(2, q) ⊗Z Fp -module à droite (indG B χ) du facteur associé à η1 ⊕ η2 égal à M2 (a, z) si η1 = η2 et à M2 (a, 0, z) si η1 6= η2 pour le choix de l’ordre (η1 , η2 ). On a I(1) I(1) M2 (a, 0, z) ⊕ M2 (0, a, z) = (indG ⊕ (indG B χ1 ⊗ χ2 ) B χ2 ⊗ χ1 ) lorsque η1 6= η2 . b) On a 1I = M1 (1, 0) et SpI = M1 (1, −1) [BL1] lemma 26. c) L’irréductibilité des représentations V (r) = E(r)/T E(r) de GL(2, Qp ) , avec 0 ≤ r ≤ p − 1, se montre ainsi. La représentation V (r) étant engendrée par V (r)I(1) , il suffit 9 de montrer que V (r)I(1) est un H(2, p)-module simple. Breuil montre [Br] 4.1.2, 4.1.3: V (0) ≃ V (p − 1). puis pour 0 ≤ r ≤ p − 2, que l’image par l’application E(r)I(1) → V (r)I(1) des fonctions A, B ∈ E(r)I(1) concentrées sur une classe de GL(2, OF )pZ F , avec 1 0 r = Y r, A(id) = X , B 0 p−1 F forment une base de V (r)I(1) [Br1 3.2.4, 4.1.4]; il est facile d’en déduire que le H(2, Qp ) ⊗Z Fp -module V (r)I(1) est le module simple M2 (0, 1) du facteur correspondant à ω r ⊕ id. ∗ On tord par le caractère χ = ω a µλ avec 0 ≤ a ≤ p − 2, λ ∈ Fp , et l’on voit que le H(2, Qp ) ⊗Z Fp -module V (r, χ)I(1) est le module M2 (0, λ2 ) du facteur correspondant à ω a+r ⊕ ω a . 6.6 La décomposition des induites paraboliques indG B χ (3.2), l’irréductibilité des V (r) et les isomorphismes entre les V (r, χ) si F = Qp (3.3), se déduisent de (6.3), (6.5), en appliquant le critère d’irréductibilité (4.5). On obtient aussi les propriétés suivantes du foncteur des I(1)-invariants: (i) Le foncteur π → π I(1) définit une bijection des représentations irréductibles non supercuspidales de GL(2, F ) sur Fp , sur les H(2, p) ⊗Z Fp -modules simples non supersinguliers. (ii) Le foncteur π → π I(1) définit une bijection des représentations irréductibles de GL(2, Qp ) sur Fp ayant un caractère central sur les H(2, p) ⊗Z Fp -modules simples. (iii) Toute représentation irréductible de GL(2, Qp ) sur Fp où pF opère trivialement est admissible. 6.7 Pour G = GL(2, F )/pZ F et p 6= 2, Rachel Ollivier [O] a montré que la bijection (6.6 (iii)) provient d’une équivalence de catégories: (i) Le module universel Fp [I\G] d’un Iwahori I est projectif sur l’algèbre de ses Fp [G]endomorphismes. Le module universel Fp [I(1)\G] d’un pro-p-Iwahori I(1) est plat sur l’algèbre H(2, q)⊗Z Fp de ses Fp [G]-endomorphismes, si et seulement si q = p. (ii) Lorsque F = Qp et p 6= 2, la catégorie des représentations π de G sur Fp engendrées par π I(1) est abélienne et équivalente à celle des H(2, p) ⊗Z Fp -modules à droite sur lesquels p agit trivialement, par le foncteur des I(1)-invariants ?I(1) d’inverse ? ⊗H(2,p)⊗Z Fp Fp [I(1)\G]. (ii) est faux lorsque q 6= p ou lorsque p 6= 2 et F = Fp ((t)) est le corps des séries de Laurent en la variable t à coefficients dans Fp , car l’espace des I(1)-invariants de M ⊗H(2,p)⊗Z Fp Fp [I(1)\G] est de dimension infinie lorsque M est supersingulier. 7 Nous expliquons la construction par Paskunas [Pa] d’une représentation irréductible admissible ayant un caractère central de G = GL(2, F ) sur Fp , telle que le socle du H(2, q) ⊗Z Fp -module des vecteurs I(1)-invariants soit un H(2, q) ⊗Z Fp -module simple supersingulier quelconque (6.4). Une telle représentation est supersingulière (3.2), par (6.6)(i). 10 7.1 La construction part du principe que se donner une action de G sur un groupe abélien V est équivalent à se donner sur V de Ko = pZ F K où K = GL(2, OF ), une action 0 1 Z et une action de K1 = pZ qui coincident sur Ko ∩ K1 = pZ F I ∪ pF I F I, où I le pF 0 sous-groupe d’Iwahori supérieur. Ceci se démontre en utilisant l’arbre X de P GL(2, F ). Les groupes Ko , K1 sont les stabilisateurs dans GL(2, F ) d’un sommet et d’une arête contenant ce sommet; les actions compatibles de Ko et de K1 sur V définissent un système de coefficients V sur X qui est G-equivariant, d’homologie Ho (X, V) est isomorphe à V ; la représentation de G sur Ho (X, V) prolonge les actions de Ko et de K1 [Pa] 5.3.5. 7.2 Soit Mη,z le H(2, q) ⊗Z Fp -module à droite simple supersingulier, de poids η modulo S2 où pF agit par z (6.3). Soit ρη la somme directe des deux représentations irréductibles de GL(2, Fq ) de poids η modulo S2 (6.2), vue comme une représentation de K triviale sur K(1); on note ρη,z l’action étendue à Ko en faisant agir pF par z; les I(1) H(2, q) ⊗Z Fp -modules Mη,z et ρη,z sont isomorphes. Soit Inj ρη l’enveloppe injective de la représentation ρη de K; on note Inj ρη,z l’action étendue à Ko en faisant agir pF par z. Le point crucial est [Pa] 6.4 page 76: (i) Inj ρη,z est munie d’une action de K1 compatible avec celle de Ko , donc d’une action de G (7.1), telle que I(1) (ii) l’inclusion ρη,z ⊂ (Inj ρη,z )I(1) est H(2, q) ⊗Z Fp -équivariante. La représentation de G recherchée est la représentation πη,z engendrée par ρη,z dans la représentation Inj ρη,z de G (i). Elle est irréductible par l’argument suivant. Si π ′ est une sous-représentation non nulle de πη,z , le socle de π ′ |K est non nul et contenu dans le I(1) socle ρη,z de Inj ρη,z |K ; la simplicité de ρη,z comme H(2, q) ⊗Z Fp -module déduite de (ii), I(1) I(1) implique ρη,z ⊂ (π ′ )I(1) ; comme ρη,z et πη,z sont engendrés par ρη,z on déduit π ′ = πη,z donc πη,z est irréductible. I(1) Le socle du H(2, q) ⊗Z Fp -module πη,z est simple, isomorphe à Mη,z ; on ne sait pas I(1) si πη,z est égal à son socle. La représentation Inj ρη,z de G est admissible (4.2), donc πη,z est admissible. 7.3 Paskunas [Pa] 6.2 construit un autre système de coefficients G-équivariant Vη,z sur l’arbre tel que les I(1)-invariants de tout quotient irréductible de la représentation de I(1) G sur Ho (X, Vη,z ) contiennent Mη,z ; il est associé à une action de K1 sur ρη telle que I(1) l’inclusion ρη → ρη soit Ko ∩ K1 -équivariante; la représentation de K1 est isomorphe à 1 indK η , où η est relevé en un caractère ηz de IpZ F sur lequel pF agit par z. IpZ z F Toute représentation irréductible π de G sur Fp telle que π I(1) = Mη,z , est quotient de Ho (X, Vη,z ). Si p = q ou si le poids η est fixe par S2 , l’inclusion Mη,z ⊂ π I(1) suffit pour que π soit quotient de Ho (X, Vη,z ) [Pa] Cor.6.8, 6.10. 8 Nous montrons que la partie lisse de la contragrédiente d’une Fp -représentation irréductible lisse de GL(2, F ) ayant un caractère central et de dimension infinie, est nulle. ∗ 8.1 Une forme linéaire lisse sur indG B χ est nulle, pour tout caractère χ : B → Fp . Preuve. Pour tout entier n ≥ 1, on note K(n) le n-ième sous-groupe de congruence de GL(2, OF ). 11 Le caractère χ est trivial sur le pro-p-groupe gK(n)g −1 ∩ B, aussi pour tout g ∈ G, il existe une fonction fg,n : G → Fp de support BgK(n) égale à χ(b) sur bgK(n) pour tout b ∈ B. Comme K(n) normalise K(n + 1), on a fgh,n+1 = h−1 fg,n+1 pour tout h ∈ K(n) et X fg,n = fgh,n+1 pour h ∈ (g −1 Bg ∩ K(n))K(n + 1)\K(n). h Une forme linéaire lisse L sur indG B χ est fixée par un groupe de congruence assez petit. Il existe un entier r ≥ 1 tel que L(h−1 fP g,n ) = L(fg,n ) pour tout h ∈ K(n) et pour tout n ≥ r et g ∈ G. On en déduit L(fg,n ) = h L(h−1 fg,n+1 ) = 0, car les pro-p-groupes K(n) et (g −1 Bg ∩ K(n))K(n + 1) sont toujours distincts. Donc L = 0. 8.2 [L1] [L2] Une forme linéaire lisse sur E(0)/T E(0) (3.2) est nulle. Preuve. Soit Ko = pZ F GL(2, OF ). L’ensemble Xo des sommets de l’arbre de P GL(2, F ) est en bijection avec GL(2, F )/Ko . Une forme linéaire L sur E(0)/T E(0) s’identifie à une fonction f : Xo → Fp de somme nulle sur les voisins de chaque sommet. On note xo le sommet fixe par Ko et C(?) l’ensemble des sommets à distance ? de xo , pour tout entier ? ≥ 1; le sous-groupe de congruence K(?) fixe chaque sommet de C(?) et agit transitivement sur les sommets de C(? + 1) se projetant sur le même sommet de C(?); tout sommet x ∈ C(?) est voisin d’un unique sommet x− ∈ C(? − 1) (avec C(0) = xo ) et de q sommets x1 , . . . , xq ∈ C(? + 1). Si L est lisse, il existe un entier r ≥ 1 tel que L est fixe par K(r); alors pour tout x ∈ C(n + 1), on a L(x− ) + qL(x1 ) = L(x− ) = 0; donc L est nulle sur C(n) pour n ≥ r. Donc le support de L est fini. Le même argument montre que si L est nulle sur C(? + 1), alors L est nulle sur C(?) pour tout ? ≥ 0, car pour y ∈ C(?) il existe x ∈ C(? + 1) avec x− = y. Donc L = 0. 8.3 Il n’y a pas de forme linéaire lisse non nulle sur une représentation irréductible de dimension infinie de GL(2, F ) sur Fp ayant un caractère central. Preuve. Pour une série principale ou une représentation spéciale Sp par (8.1) et (3.2). Pour une supersingulière par (3.2), (8.2) et sa généralisation que nous admettons: pour 0 ≤ r ≤ q − 1, une forme linéaire lisse sur E(r)/T E(r) (3.2) est nulle (je ne l’ai pas vérifié, mais Ron Livné dit l’avoir fait). 8.4 Soit π une représentation irréductible de GL(2, F ) sur Fp de caractère central ωπ . Notons π ∗ = π ⊗ (ωπ−1 ◦ det). Avec les notations de (3.2), on a Sp∗ = Sp, G −1 −1 ∗ (indG B (χ1 ⊗ χ2 )) = indB (χ2 ⊗ χ1 ). Lorsque F = Qp , on a V (r, χ)∗ = V (r, ω −r χ−1 ). Pour π une représentation irréductible de GL(2, F ) sur Fp , la contragrédiente de π est isomorphe à π ∗ [Bu] 4.2.2. 8.5 Lorsque F = Qp , le dual de Cartier d’une représentation σ de Gal(Qp /Qp ) est son dual usuel tordu par le caractère ω (2.4). La correspondance σ ↔ π de Breuil (3.4) envoie le dual de Cartier de σ sur π ∗ et le déterminant de σ sur le caractère ωπ ω produit du caractère central de π par ω. 12 9 Remarques finales. Pour F 6= Qp , on s’attend à ce qu’il existe d’autres Fp représentations irréductibles supersingulières de GL(2, F ) que celles construites par Paskunas. Nous avons essayé de dégager les principes généraux des preuves de [BL], [Br], [Pa], dans le but d’une généralisation éventuelle. Certains résultats présentés ici sont déja étendus à GL(3) [O], ou à GL(n) ou même à un groupe réductif général. Bibliographie modulo p Barthel Laure, Livne Ron, [BL1] Modular representations of GL2 of a local field: the ordinary, unramified case. J. Number Theory 55 (1995), 1-27. [BL2] Irreducible modular representations of GL2 of a local field. Duke Math. J. 75 (1994), 261-292. [Be] Berger Laurent, Représentations modulaires de GL2 (Qp ) et représentations galoisiennes de dimension 2. Preprint 2005. [Br] Breuil Christophe, Sur quelques représentations modulaires et p-adiques de GL2 (Qp ). I, Compositio Math. 138 (2003), 165-168. [L1] Livne Ron, lettre à Joseph Bernstein Nov 1996 [L2] Livne Ron, lettre 31 oct 2000. [O] Ollivier Rachel, Modules sur l’algèbre de Hecke du pro-p-Iwahori de GLn (F ) en caractéristique p. Thèse 2005. [Pa] Paskunas Vytautas, Coefficient systems and supersingular representations of GL2 (F ). Mémoires de la S.M.F. 99 (2004). Vignéras Marie-France, [V0] Representations modulo p of the p-adic group GL(2, F ). Compositio Math. 140 (2004) 333-358. [V1] On a numerical Langlands correspondence modulo p with the pro-p-Iwahori Hecke ring. Mathematische Annalen 331 (2005), 523-556. Erratum: 333 (2005), 699-701. [Vc] Représentations lisses irréductibles de GL(2, F ). Notes de cours. http://www.math.jussieu.fr gneras/cours2MP22.pdf Bibliographie modulo ℓ 6= p [V2] Correspondance de Langlands semi-simple pour GLn (F ) modulo ℓ 6= p, Invent. Math. 144 (2001), 177-223. [V3] A propos d’une conjecture de Langlands modulaire. Dans “Finite Reductive Groups: Related Structures and Representations. Marc Cabanes, Editor. Birkhauser PM 141, 1997, 415-452. [V4] Représentations ℓ-modulaires d’un groupe réductif p-adique avec ℓ 6= p. Birkhäuser PM137 (1996). [V5] Induced representations of reductive p-adic groups in characteristic l 6= p. Selecta Mathematica New Series 4 (1998) 549-623. Bibliographie sur C 13 [Bu] Bump Daniel, Automorphic forms and representations. Cambridge Studies in Advances Mathematics 55 (1997). 14