Université du Québec à Montréal

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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL
PROGRAMME D’ÉDUCATION PRÉSCOLAIRE ET ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
TEXTE ARGUMENTATIF : POUR OU
CONTRE LA DÉROGATION?
Travail remis à
MESDAMES SOPHIE DESBIENS ET KIM GROMKO
dans le cadre du cours
DDM3551-20
Activité intégratrice de développement
par
CATHERINE COMTOIS MAROTTE
Hiver 2014
L’entrée à la maternelle est un passage très important pour tous les enfants qui auront à
développer leurs habiletés sociales, leur autonomie, leur débrouillardise, et bien d’autres
stratégies et connaissance pour s’épanouir. En effet, le préscolaire est une étape
primordiale et le programme de formation de l’école québécoise explique que chaque
enfant présente un développement unique, qui lui est propre. D’ailleurs, pour les parents,
l’entrée à la maternelle peut représenter un choix important. Effectivement, certains
désirent faire une dérogation pour que leur enfant entre plus tôt que prévu, et ce pour
plusieurs raisons. En 2003, La Presse a répertorié, dans une étude, que plus de 500
enfants sont entrés avant 5 ans, âge légal à la maternelle, au Québec. Ainsi, il s’agit d’un
sujet suscitant de nombreux questionnements et débats dans le milieu scolaire, mais selon
moi c’est une démarche à éviter. En effet, nombreuses sources et recherches prouvent que
l’évaluation psychologique est très difficile sur plusieurs plans, que les aspects
socioaffectifs sont à prendre en considération et, finalement, il peut y avoir des impacts
sur le niveau académique de l’enfant.
*Notez qu’il existe plusieurs types de dérogations pour retarder l’entrée à la maternelle, mais ce texte
portera sur la dérogation pour l’entrée à la maternelle en âge précoce et l’accélération scolaire seulement.
Premièrement, l’évaluation effectuée par les psychologues est un processus très difficile.
En effet, les parents doivent débourser des coûts faramineux pour avoir accès aux tests
qui doivent obligatoirement être réalisés par des professionnels, et ce, même pour la
simple ouverture d’un dossier. C’est donc un processus qui n’est pas à portée de main
pour les familles en milieu défavorisé. Comme le mentionne Natalie Côté collaboratrice
spéciale à La Presse, il faut savoir que tous les coûts doivent être assumés par les parents
et cela peut aller jusqu’à 900$. L’enfant fera différents tests pour être évalué sur le plan
moteur, affectif et social. Selon le centre de consultation psychologique et éducationnelle
de Montréal, des honoraires de 300$ doivent être déboursés pour les deux premières
étapes et ne seront pas remboursés aux parents même si l’enfant ne passe pas à la
prochaine étape. De plus, il est à noter que l’évaluation est très exigeante autant pour les
parents que pour l’enfant. Effectivement, toujours selon ce centre de consultation,
l’évaluation comporte plusieurs éléments et doit démontrer toute l’histoire du
développement de l’enfant. Ainsi, il devra faire de nombreux tests et questionnaires, en
plus de faire face à différentes situations d’observations. Tout cela peut certes lui faire
vivre de l’anxiété et de la pression, des sentiments qui ne devraient pas être vécus à son
âge. À travers ce processus, les parents seront amenés à vivre les mêmes émotions, car
l’évaluation psychologique peut être longue et laborieuse. Si on analyse tous les aspects
qui forment cette évaluation, obligatoire pour la dérogation, il me semble évident qu’elle
apporte de nombreux impacts chez l’enfant et sa famille et lui fait vivre des situations qui
ne sont pas nécessaires et des coûts non essentiels à son développement naturel.
Ensuite, certaines recherches prouvent que le niveau socio-affectif de l’élève ayant vécu
une dérogation est problématique. D’une part, le fait qu’il soit plus jeune que ses
camarades peut être difficile. En effet, selon Madame Mckenna, une femme qui a vécu
une dérogation pour son entrée à la maternelle, elle a toujours souffert de son âge à
l’école en se faisant traiter de « bébé » et se trouvait moins mature que ses amis. Madame
Gauthier, enseignante de première année, confirme cette affirmation dans une entrevue à
Radio-Canada, en mentionnant que l’enfant ayant eu recours à la dérogation peut
éprouver certaines difficultés d’adaptation dans le groupe en lien avec son retard de
maturité affective. D’autre part, le fait qu’ils vivront une entrée au secondaire difficile
aura un effet bouleversant. En effet, selon un article de Yoopa, un site de référence pour
les parents québécois, la reconnaissance sociale au secondaire sera pénible, car la puberté
de l’enfant sera tardive. Dans une entrevue à la Presse, Monsieur Emmanuel en témoigne.
Il a vécu, pour sa part, une accélération scolaire à la deuxième année et est entré au
secondaire à dix ans seulement. Sa première année au secondaire fut difficile, car il
n’avait pas d’ami et il était beaucoup trop petit selon lui. Tout ceci peut contribuer à un
impact majeur sur son estime en vivant des rejets, et cela, tout au long de son parcours
scolaire. Donc, il est à noter que l’enfant ayant eu une dérogation peut être moins mature
que ses pairs et subir des répercussions à long terme sur son développement social
affectif.
Par ailleurs, il faut prendre en considération les impacts sur le niveau académique et sur
les apprentissages de l’élève. À cet effet, on remarque par les résultats de différentes
recherches que les notes des élèves plus jeunes sont plus affectées. Notamment, selon un
article de La Presse recensant les résultats de la recherche de l’Université de Californie,
dans le cas de 19 pays, on a observé que tous les élèves plus vieux réussissent davantage.
Kelly Bedard, professeure d’économie à l’Université de Californie, joint à cela le fait
qu’ils ont moins de 10% de chance d’aller vers des études postsecondaires. Ainsi, l’élève
développerait des problèmes d’apprentissage tout au long de sa progression scolaire.
Durant les premières années de scolarisation, les élèves ayant eu recours à la dérogation
développent des difficultés d’attention, d’apprentissage, d’hyperactivité et d’anxiété,
analyse la revue des sciences de l’éducation. De plus, selon le même article de Yoopa
mentionné un peu plus haut, il y a de fortes chances que plusieurs élèves nécessiteront
l’aide d’une orthopédagogue, due à ce retard scolaire, et ce, même si d’autres élèves,
davantage dans le besoin, ne pourront y avoir accès. Il faut donc être à l’affût du niveau
académique de l’élève et de tout son processus d’apprentissage, car la dérogation peut
causer bien des impacts sur la réussite scolaire.
En somme, le phénomène de la dérogation n’est pas à prendre à la légère. Les parents et
l’enfant doivent faire face à une évaluation coûteuse et très longue. Elle influence son
développement social-affectif, sa maturité et sa reconnaissance social tout au long de son
cheminement scolaire. Finalement, sans aucun doute, l’élève éprouvera des difficultés
d’apprentissage et académiques, à long terme. Si les parents n’ont pas recours à une
dérogation, il faut comprendre que leur enfant ne perd pas une année, mais qu’il gagne
plutôt une année supplémentaire pour s’amuser, socialiser, développer sa maturité, etc. Il
reste à voir si la prématernelle, l’école alternative et les écoles à vocation particulière
seraient des options ou des solutions possibles à envisager pour contrer les nombreux
inconvénients de l’accélération scolaire et de la dérogation.
Bibliographie
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Webdiffusé].
Récupéré
canada.ca/radio/sansfrontieres/35426.shtml
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http://www.radio-
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