Intervalles, Echelles, Tempéraments et Accordages musicaux

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Intervalles, Echelles, Tempéraments
et Accordages musicaux
De Pythagore à la simulation informatique
~L'Hannattan,2003
ISBN: 2-7475-4747-7
Jean LATTARD
Intervalles, Echelles,
Tempéraments
et Accordages musicaux
De Pythagore à la simulation informatique
Préface de Claude Valette
L'Harmattan
5-7, nIe de l'École-Polyteclmique
75005 Paris
FRANCE
L'Harmattan Hongrie
Hargita u. 3
1026 Budapest
HONGRIE
L'Harmattan Italia
Via Bava, 37
10214 Torino
ITALIE
TABLE DES MATIERES
1 Généralités
1.1 Définition de la gamme
..................
1.2 Gammes diatoniques et chromatiques...........................
1.3 Modes, altérations.
...................
1.4 Rappel des unités de mesure..........................................
1.5 Intervalles naturels.........................................................
13
14
15
17
19
2 Gamme de Pythagore
2.1 Origine, intervalles diatoniques...................................
2.2 Génération de la gamme chromatique.........................
2.3 Intervalles, échelle en commas.....................................
2.4 Aptitudes à la transposition..........................................
2.5 Modifications proposées par Archytas et Aristoxène....
21
22
27
31
33
3 Gamme de Zarlin
3.1 Dé fin i ti 0 n. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ,.
3.2 Gamme chromatique....................................................
3.3 Intervalles et possibilités de transposition...................
3.4 Cautions scientifiques
....
3.5 Variante de Delezenne.................................................
.............
3.6 Genres d'Euler
35
37
39
41
42
44
4 Gammes à degrés égaux
4.1 Définition
..........
4.2 Tempérament égal........................................................
4.3 Tempérament égal à quintes pures...............................
4.4 Echelles à degrés égaux à plus de douze intervalles.....
47
48
50
53
5 Tempéraments
5.1 Not ion de temp é ram en t. . . . . . . .. . . .. . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . .. . .. . . . . .. . .
5.2 Besoin et évolution.......................................................
5.3 Méthodes d'analyse......................................................
5.4 Mécanique du tempérament..........................................
5.5 Ecarts / pur, fréquences, battements..............................
5.6 Tempéraments réguliers................................................
5.7 Tempéraments irréguliers.............................................
57
58
60
64
71
76
89
6 Représentations graphiques, comparaisons
6.1 Utilité des diagrammes.................................................
6.2 Principe du diagramme utilisé......................................
6.3 Aptitudes à la transposition..........................................
6.4 Comparaisons, couleurs tonales....................................
101
102
107
108
7 Harmonie consonante
7.1 Tableau des accords purs..............................................
7.2 Diagramme circulaire....................................................
7.3 Particularités, problèmes de justesse.............................
7.4 Systèmes incomplets non tempérés...............................
113
115
117
122
8 Accordage des instruments à clavier
8.1 Généralités
.
8.2 Méthodes traditionnelles..............................................
8.3 Utilisation d'appareils électroniques............................
8.4 Composition,des sons musicaux .................................
8.5 Simulation mathématique de l'accord..........................
125
126
129
131
142
9
Annexes
T ab
Ann
les
des
e xes
ann
e xe
s ........................................ . . . . . . . . . ..
1 à 9. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Annexe 10.....................................................
Tableaux
des
tempéraments.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
Annexes Il à 14............................................................
Bib
I i 0 graph
i e. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Index alphabétique
...
157
158
169
179
207
235
239
168
177
205
234
237
241
PREFACE
Depuis toujours, la question des échelles de hauteur en musique a donné
lieu à une abondante littérature. Trop souvent malheureusement, au lieu de
décrire une pratique musicale, ces textes prétendent dévoiler" La Vérité" :
passionnés et polémiques dans le ton, ils sont contradictoires sur le fond,
signe de la nature non scientifique de la démarche qui les sous-tend. On
atteint parfois le pire quand s'échappe du discours une ineptie (j'ai des
exemples récents en tête, que je garderai pour moi par charité).
Les musiciens cependant, dans leur immense majorité, qu'ils soient
amateurs ou professionnels, sont confrontés à un problème beaucoup plus
concret: choisir et réaliser (facture, accordage, technique de jeu) une
échelle de hauteurs appropriée pour jouer telle ou telle musique dans les
meilleures conditions, compte tenu des données spécifiques du contexte
(mariage de tel et tel instrument, particularités de style, etc...). Dans toute sa
généralité, ce problème typique d'Acoustique Musicale, largement
pluridisciplinaire, est beaucoup trop vaste pour qu'on puisse espérer en faire
le tour dans une publication de taille raisonnable.
L'ouvrage de Jean Lattard a le mérite d'apporter sa pierre à l'édifice.
Après les indispensables généralités, on trouvera une étude rigoureuse et
précise des systèmes d'accord les plus classiques (une trentaine sont ainsi
décortiqués, ce qui suffira à faire face à toutes les situations que l'on
rencontre dans la pratique). Le livre se termine sur une étude du piano,
originale et passionnante à la fois. Le lecteur éprouvera autant de plaisir que
moi, j'en suis sûr, après s'être instruit sur les théories, à découvrir dans le cas
du piano la complexité des phénomènes qui entrent en jeu pour obtenir un
accord satisfaisant, et plus particulièrement le rôle fondamental que joue
l'inharmonicité des cordes. Le livre de Jean Lattard comble un vide et remet
utilement les idées en place.
Claude Valette
AVANT-PROPOS
Le présent ouvrage tente de rassembler, dans une présentation concise,
les éléments essentiels à la compréhension des nombreuses échelles
musicales utilisées par la musique occidentale depuis l'antiquité grecque.
Les aspects historiques et musicologiques, déjà largement traités par de
nombreux auteurs anciens et contemporains, ont été réduits ici au minimum.
Le développement considérable de l'informatique personnelle depuis
la parution, en 1988 ,du livre"Gammes et Tempéraments Musicaux
It,
Masson Editeur, (voir Bibliographie), a permis l'approfondissement des
nombreux calculs imposés par cette discipline.
Il m'a paru utile de préciser, dans certains cas, les formules à insérer
dans un tableur, outil informatique très répandu de nos jours, pour obtenir,
sans aucun travail de programmation, le logiciel adapté à tel ou tel travail
particulier.
Les passionnés du piano trouveront, parmi les nombreuses appendices,
un aperçu assez détaillé des éléments de définition des cordes de cet
instrument.
Egalement pour le piano, un procédé original de simulation mathématique
de son accordage, déjà publié dans deux revues scientifiques (voir
bibliographie), est décrit sur ses principes à la fin du chapitre concernant
l'inharmonicité, et sur sa réalisation informatique détaillée dans l'une des
annexes
Je dois des remerciements tout-particuliers à
Monsieur Claude Valette, Directeur de Recherche au C.N.R.S., Laboratoire
d'Acoustique Musicale à l'Université Pierre et Marie Curie, précieux
conseiller d'un premier livre, qui a bien voulu rédiger la préface de cet
ouvrage.
f>
Jean Lattard
1. GENERALITES
1.1
Définition de la gamme
Le Dictionnaire définit la gamme comme étant une succession de notes
dans l'ordre des hauteurs croissantes ou décroissantes. Chaque note, qui
forme un degré de la gamme, porte un nom distinct. Pour des raisons
évidentes le nombre de notes ainsi répertoriées ne peut être très grand. De
plus il est préférable, pour permettre une expression musicale détaillée, de
choisir un espacement sonore relativement faible entre les notes. Ces deux
conditions réunies font que la gamme n'occupe qu'un domaine de fréquence
limité. Elle peut cependant être répétée, avec les mêmes rapports entre
échelons, dans toute l'étendue du spectre sonore. On sait, en effet, que la
sensation musicale donnée par un groupe de notes, jouées mélodiquement
ou en accord, ne dépend que du rapport des fréquences de ces notes entre
elles et non pas de leurs valeurs absolues (note1).
L'ensemble des gammes superposées dans tout le spectre musical
permettra des transpositions: Tout motif joué dans un domaine sera entendu
à l'identique dans les autres (note2).
Le domaine de la gamme s'exprime par le rapport de fréquence choisi entre
les notes de même nom de deux domaines voisins. Le choix du rapport 2,
nommé octave, (la répétition du nom arrive en huitième position après le
départ), dans l'ordre des hauteurs croissantes présente un avantage
considérable:
Les sons "à l'octave" jouissent en effet d'une très forte parenté tonale
attribuée par Helmholtz dans sa théorie de la fusion des sons à la
communauté d'harmoniques accompagnant ces notes. La même phrase
musicale jouée dans toutes les octaves sur les notes de même nom n'est plus
simplement transposée mais appartient
à la même tonalité. Ce fait
d'évidence n'en est pas moins capital car il permet d'enrichir les sons par
addition d'octaves.
Une gamme peut être définie par la fréquence exacte de chacune de ses
notes. Il est évidemment plus intéressant de la caractériser par les rapports
de fréquences entre notes consécutives, ou de chaque note comparée à l'une
d'entre elles prise comme référence (la plus basse ou la plus élevée). Les
intervalles d'une gamme peuvent être différents entre eux ou tous
semblables.
Pratiquement toutes les gammes qui ont été utilisées en Occident au
cours des siècles passés comportent douze notes par octave. Il est donc
possible de conserver pour toutes ces échelles la notation universellement
connue des sept notes diatoniques plus leurs altérations. On n'aura garde
d'oublier, cependant, que des intervalles musicaux de même nom
correspondront, suivant les types de gammes, à des rapports de fréquences
suffisamment différents pour que l'oreille humaine y soit tout à fait sensible.
Notel: Cette assertion n'est plus tout à fait valable dans le haut du spectre sonore ou l'oreille
humaine a tendance à réduire subjectivement quelque peu les rapports de fréquences. Ce
phénomène est très sensible sur un piano, ou une octave accordée juste dans l'aigu sonne
fausse à l'oreille a l'auditeur qui, généralement, la trouve trop étroite.
Note 2 : Si l'ensemble des échelons de la gamme devait dépasser nettement le domaine du
rapport 2 des fréquences, la superposition des notes de mêmes noms ,issus des domaines
voisins, produirait des dissonances très désagréables.
Dans la pratique cependant, un rapport d'octave légèrement supérieur à 2 est possible,
voire nécessaire:
- Pour remédier au défaut de l'oreille humaine signalé en nota 1 on agrandit légèrement et
progressivement le rapport d'octave des notes aiguës du piano. L'instrument ainsi accordé
parait plus juste et brillant dans ses fréquences élevées.
- L'inharmonicité présente dans le son des cordes vibrantes très tendues du piano a pour
effet d'élargir les intervalles musicaux, toutes choses égales par ailleurs. Une octave pure aura
un rapport très légèrement supérieur à 2.
- Monsieur S. Cordier propose, ( voir paragraphe
4.3), l'accord du piano selon une gamme dite 'tempérament à quintes justes', dans laquelle
toutes les octaves sont systématiquement agrandies à environ 2.004. Cette octave forte
(1203 cents) améliore d'après lui, mais avec d'autres conséquences discutables, la relation du
piano avec les instruments de l'orchestre.
14
1 . 2 Gammes diatonique et chromatique
La gamme antique comportait sept sons séparés par des intervalles de deux
types, appelés ton, et demi-ton, selon le schéma de la figure 1.1 :
Do_Ré _Mi_Fa _ Sol_La _ Si_Do
TT
t
TT
Tt
Figure 1.1: Gamme diatonique. T = ton, t = demi-ton.
Cette succession de notes est appelée gamme diatonique, littéralement:
procédant par tons. Comme dans de nombreuses autres gammes, le demi-ton
n'est pas égal à la moitié mathématique d'un ton.
Il est probable que la position des deux demi-tons dans la gamme est due
aux attirances:
de la sensible (7° degré = Si)
vers la tonique
(8° degré = Do),
ainsi que du 4° degré (Fa = sous-dominante) vers
le 3° degré (Mi = médiante).
Les nécessités de la transposition imposèrent ensuite l'augmentation du
nombre de sons de cette gamme. On imagina alors le système de l'altération
des notes existantes, qui permettait de créer des échelons supplémentaires à
l'intérieur de chacun des précédents intervalles de ton, sans avoir à leur
affecter de nouveaux noms. La nouvelle gamme, qui peut alors comporter
17, voire 25 échelons, est habituellement limitée à 12 notes pour son
utilisation sur les instruments à clavier. Elle est appelée gamme
chromatique, littéralement: procédant par demi-tons.
1 .3
Modes, altérations
Le Mode est l'ordre de succession des notes dans une gamme dont les
échelons sont irrégulièrement espacés. Une même série, ou combinaison de
notes jouées sur cette gamme donne, en effet, une impression différente
selon le premier degré utilisé.
Le mode, qui était dans l'Antiquité et jusqu'au Moyen Age, un élément
essentiel de l'expression musicale, a perdu beaucoup de son intérêt au profit
de la gamme chromatique dont le plus grand nombre d'échelons disponibles
a permis l'avènement des procédés de transposition et de modulation.
La transposition est la possibilité de faire entendre une phrase musicale
identique avec des notes de hauteurs différentes. La modulation est une
transposition temporaire à l'intérieur d'une composition musicale.
On a conservé cependant l'appellation de mode majeur à la succession
des notes diatoniques dans l'ordre des intervalles déjà indiqué par la figure
1.1. Des dispositions différentes, représentées sur la figure 1.2, ont été
nommées modes mineurs.
15
Mode mineur classique
ou harmonique
Do
Mode mineur mélodique
forme ascendante
Do
Mode mineur mélodique
forme descendante
Do
Figure
1.2
Ré
Mib
T
Ré
Mib
T
Lab
T
Sol
Fa
Sol
T
Sol
Si
Do
Si
Do
T+t
La
T
Fa
T
Modes mineurs harmonique
Lab
T
T
Sib
T
Fa
T
et mélodique.
T
Mib
T
Ré
Do
T
T = ton,
t = demi-ton.
L'altération est un code selon lequel il faut baisser ou élever la
fréquence d'une note connue, appelée note naturelle, d'une certaine quantité.
La note est bémolisée (b) dans le premier cas, et dièsée (#) dans le second.
Cette définition s'adresse particulièrement aux chanteurs ou
instrumentistes libres de faire varier continûment le son émis par leur
instrument:
un violon par exemple. Pour les instruments à clavier
l'altération peut être considérée comme l'indication d'une nouvelle note à
laquelle correspond une touche particulière.
Si l'amplitude du déplacement de hauteur commandé par l'altération est
différente, plus petite ou plus grande que la moitié, (en valeur de rapport) de
l'intervalle séparant deux notes naturelles formant un ton, deux notes
altérées distinctes sont créées entre ces notes naturelles: par exemple Do#
et Réb entre Do et Ré. Les notes altérées créent des demi-tons de deux types
- le demi-ton chromatique ==
intervalle séparant deux notes de même nom: ex. Do et Do#.
- le demi-ton diatonique =
intervalle séparant deux notes de noms différents: ex. Do# et Ré.
Un déplacement de fréquence supérieur à la moitié de l'intervalle de deux
notes naturelles formant un ton, produit un demi-ton chromatique plus grand
que le demi-ton diatonique.
C'est le cas dans la gamme de Pythagore, par exemple, ou l'ordre des
hauteurs croissantes des notes est: Do, Réb, Do#, Ré, ....
L'inverse produit un demi-ton chromatique plus petit que le demi-ton
diatonique, gamme de Zarlin par exemple, dans laquelle les hauteurs des
notes se succèdent dans l'ordre croissant: Do, Do#, Réb, Ré,.....
Si l'amplitude du déplacement est égale à la moitié de l'intervalle de
ton, les deux demi-tons deviennent égaux. Do# et Réb sont alors confondus,
c'est ce que l'on appelle l'enharmonie, dont l'exemple typique est donné par
toutes les altérations du tempérament égal, improprement appelé gamme
bien tempéré.
16
La figure 1.3, ci-dessous, illustre schématiquement les trois cas bien
tempérée.
Do
Réb Do#
Ré
demi-ton D
< - - - - - - - - >demi-ton C
< - - - - - ->
Gamme de Pythagore
Do
Do# Réb
Ré Do
Do#-Réb
Ré
demi-ton C < - - - - - - - ->< - - - - - - - ->
< - - - - - - - - > demi-ton D
=
=
<------>
Gamme de Zarlin
Tempérament Egal
Figure 1.3 : Altérations de différents types.
Les instruments à clavier, sur lesquels on ne peut raisonnablement
dépasser douze notes par octave, ne comportent qu'une seule touche de note
altérée entre les notes naturelles séparées par un ton. Sur nos pianos
modernes, accordés en tempérament égal, ces touches, de couleur noire,
correspondent à des altérations enharmoniques. On peut attribuer deux noms
à chacune d'entre elles: Do# ou Réb pour la première dans l'octave, ré# ou
Mib pour la seconde, etc. .
Il n'en va pas de même, pour un orgue ou un clavecin, accordé suivant
un tempérament à degrés inégaux: chaque touche de note altérée est
attribuée soit à un dièse, soit à un bémo, l'un ou l'autre suivant le choix
effectué pour sélectionner les seules douze notes de l'octave parmi les dix
sept possibles. Il n'y a pas enharmonie: la touche Mib peut être considérée
comme un Ré#, ou vice-versa.
1 .4
Rappel des unités de mesure
Il s'agit d'unités de mesure des hauteurs musicales. Elles sont, pour la
plupart, de type logarithmique, permettant de traiter les rapports de
fréquences par addition ou soustraction.
Le savart:
Un rapport numérique x = F2 / FI s'exprime en savart: y
par: y = 1000.Log10X
Inversement, le rapport x correspondant à y savart est: x = (10)
1 savart - (10)
1/1000
= 1.002305 = (2)
loctave = 301.029 savarts
17
1/303.03
y / 1000
Le cent:
Le cent est une unité environ quatre fois plus petite que le savart.
Elle a été définie en fonction du tempérament égal, de manière à ce que
les échelons de ce dernier, tous égaux à un demi-ton, valent 100 cents.
I / 1200
L'octave vaut 1200 cents, d'ou 1 cent = (2)
= 1.0005778
Un rapport numérique x = F2/ FI s'exprime en cent y par:
y cent = 1200. log2x = 3986.314 loglo x
y / 1200
Inversement, le rapport x correspondant à y cent est: x = (2)
y /3986.314
ou encore: x = (10)
Si F2 n'est que faiblement supérieure à FI, soit F2 / FI < 1.02 ,
l'expression simplifiée y cent = 1731. ( x-I) est utilisable avec
moins de 1 % d'erreur.
N. B. : Le coefficient 1731 s'obtient par x = 1.0005778 dans la formule: 1/ (x - 1)
.
Unités anciennes
Ces unités, correspondant à des intervalles caractéristiques importants,
apparaissent dans tous les développements classiques sur les tempéraments.
Leurs valeurs sont faibles, c'est à dire que les rapports dans lesquels elles
interviennent sont voisins de 1 . On les exprime maintenant en cent, tout en
conservant leurs dénominations de comma.
Le comma pythagoricien
C'est l'excédent relatif de 12 quintes pures (Qp) sur 7 octaves.
1 comma P = 12 Qp / 7 Oct. = 1.01364 = 23.5 cents.
Le comma zarlinien ou syntonique
C'est l'excédent relatif d'un ton majeur sur un ton mineur
dans la gamme de Zarlin.
C'est également le rapport entre une tierce majeure pythagoricienne
et une tierce majeure pure.
C'est aussi l'excédent relatif de quatre quintes pures sur une tierce
majeure pure augmentée de deux octaves.
1 comma S (ou Z) = 81 / 80 = 1.0125 = 21.5 cents.
18
Le Comma enharmonique
ou dièsis
C'est l'intervalle qui sépare le dièse d'une note du bémol de
la note supérieure, dans un ton mineur de la gamme de Zarlin.
C'est également l'excédent relatif d'une octave sur trois tierces
majeures pures.
1 dièsis = 128/125
= 1.024 = 41 cents
Le schisma
C'est le rapport entre 1 comma (P) et 1 comma (S).
.
12 19
1 schlsma= (3 12 )/(81/80)=1.0011292=1.950cent
C'est aussi, très sensiblement, le rapport d'une quinte pure
à une quinte du tempérament égal.
7/12
(3/2)/(2
) = 1.0011299=1.955cent
Le comma holderien
C'est l'intervalle élémentaire de la gamme théorique
comportant 53 niveaux égaux par octave.
1/53
1 comma H = 2
= 1.01316 = 22.6 cents
1 .5
Intervalles naturels
Ces intervalles, également appelés justes ou purs, sont caractérisés par
des rapports de nombres entiers. Deux sons simultanés, dont les fréquences
sont liées par de tels rapports, ne produisent aucun battement. Cette
propriété est mise à profit pour l'accord des instruments de musique, l'une
des deux notes de l'intervalle étant modifiée jusqu'à ce que le battement
s'annule, ou prenne la valeur voulue si l'intervalle doit être tempéré.
L'appellation juste, la plus répandue, n'est pas la meilleure car elle prête à
confusion. La justesse est, en effet, une notion plus large, liée à notre
éducation auditive, et ne correspond pas forcément à l'obtention du
battement nul d'un intervalle. Les vocables naturel ou pur sont plus
appropriés.
Les données concernant les principaux intervalles purs sont rassemblées
dans le tableau de l'annexe 1.
19
2. GAMME DE PYTHAGORE
(VIo siècle avant J. C.)
2 .1
Origine, intervalles diatoniques
Pythagore et ses disciples entreprirent à la fin du VIe siècle avant J.C.
l'étude de la gamme grecque née de la pratique des tétracordes, heptacordes
et octocordes. Les sept échelons existaient déjà, assez mal définis, et étaient
exploités suivant les modes grecs bien connus.
A cette époque, et pour longtemps encore, la monodie était seule
pratiquée, les sons simultanés n'étant que rarement émis. La légende prétend
que Pythagore eût l'intuition de sa théorie des intervalles après avoir entendu
des marteaux de forge sonnant à la quarte, à la quinte et à l'octave. Les
Pythagoriciens, beaucoup plus intéressés par la science des nombres que par
l'art musical, étudièrent alors sur leurs monocordes les longueurs de cordes
correspondants à ces intervalles. Dans ses écrits, Platon attribue la première
détermination de la gamme complète à Philolaos.
La théorie finalement mise sur pied définit les sept notes de la gamme
par l'empilage de six quintes pures superposées. Les rapports de fréquences
entre ces notes et le Do pris comme référence sont donnés sur la dernière
ligne du tableau suivant:
3/2
Fa
2/3
3/2
3/2
Do
1
Sol
3/2
3/2
Ré
(3/2)2
3/2
La
(3/2)3
3/2
Si
Mi
(3/2)4
(3/2)5
Figure 2.1 : Empilage des six quintes pures.
En replaçant ces notes dans l'ordre de leurs valeurs croissantes à
l'intérieur d'une même octave, par division par la puissance de deux
nécessaire, on obtient les intervalles présentés par le tableau de la figure 2.2.
1
Dol
9/8
Ré
81/64
4/3
3/2
27/16 243/128
2
Mi
Fa
Sol
La
Si
Do2
9/8
9/8
256/243
9/8
9/8
9/8
256/243
Figure 2.2: Intervalles diatoniques de la gamme de Pythagore.
L'intervalle de ton vaut 9/8 et forme une seconde majeure pure.
Le demi-ton 256/243 est un peu inférieur à la moitié d'un ton.
La quarte Do_Fa et la quinte Do_Sol sont pures. La tierce Do_Mi à
81 / 64 = 1.2656 est un peu plus large que la tierce pure 5 / 4 = 1.25. Les
Pythagoriciens considéraient cet intervalle comme dissonant.
2 . 2 Génération de la gamme chromatique
Jusqu'au Moyen Age la gamme de sept sons était utilisée pour le plain
chant selon les modes inspirés de la tradition grecque. Le problème de la
transposition à l'orgue d'accompagnement fut probablement l'un des arguments décisifs pour compléter cette gamme par des degrés chromatiques. La
justification de ces nouveaux intervalles eût recours également au cycle des
quintes.
Il suffit en effet de prolonger de part et d'autre la première série de six
quintes pures, ayant servi à définir les notes naturelles, pour faire apparaître,
parmi d'autres, les intervalles utiles. Le processus pourrait d'ailleurs être
continué autant qu'on le veut, mais sans intérêt, chaque quinte supplémentaire créant un nouvel intervalle différent.
Deux séries de douze quintes pures, de part et d'autre de la note Do de
référence, fournissent ainsi une gamme riche de vingt-cinq intervalles parmi
lesquels une sélection pourra être opérée suivant les besoins. Une manière
commode de représenter cette opération consiste à tracer (voir la figure 2.3),
à la même échelle logarithmique, deux progressions géométriques: l'une de
raison 2 pour les octaves, et l'autre de raison 3/2 pour les quintes.
Les deux progressions sont mises en coïncidence sur le Do de
référence, au milieu du diagramme, dont la moitié inférieure a été repliée,
pour occuper moins de place, vers le haut dans la partie gauche de la page.
Les quintes et les octaves croissent donc de bas en haut dans la partie droite
du diagramme (cycle des quintes ascendantes), et décroissent dans le même
sens (cycle des quintes descendantes) dans la partie gauche.
22
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