l`information, la recherche du consentement du patient lors des

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Institut de Formation de Professions de Santé
Formation infirmière
44 chemin du Sanatorium
25030 Besançon Cedex
Promotion 2011/2014
L’INFORMATION,
LA RECHERCHE DU CONSENTEMENT DU PATIENT
LORS DES SOINS D’HYGIENE
Formateur de guidance : SORDET Agnès
Présenté par :
BUCHAILLAT Lucile
CHAUSSALET Estelle
MAGNIN Lydie
SIMON Maud
UE 3.4.S6, UE 5.6.S6, UE 6.2.S6
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier notre directrice de mémoire, Mme SORDET, qui a fait
preuve de beaucoup de disponibilité et de patience tout au long de l'élaboration de notre
travail de recherche. De même, nous sommes reconnaissantes du soutien et du courage
qu'elle a su nous redonner dans nos moments de doutes. Elle a fait preuve d'une présence
aidante et rassurante.
Nous souhaitons remercier chaque membre du groupe de notre travail, pour
l'implication et le soutien de chacun ainsi que les bons moments partagés, malgré la difficulté
qu'imposait celui-ci.
De même, nous remercions les infirmières, les aides-soignantes et leur cadre qui ont
accepté de nous recevoir en entretien et pour nous avoir accordé du temps.
Nous remercions également Romain et Jean-Pierre pour leurs critiques et leurs
relectures.
D’autre part, nous témoignons de notre sincère gratitude aux documentalistes de
l’Institut de formation en soins infirmiers pour leur coopération et leur aide précieuse.
Enfin, merci à nos familles pour leur soutien et leur écoute, ainsi que leur
compréhension pour les moments que nous n'avons pas pu leur consacrer au cours de ces
trois dernières années.
LEXIQUE
Sonde de GPE : sonde de gastrostomie endoscopique percutanée.
Grille AGGIR : Autonomie Gérontologie Groupes Iso-Ressources.
IDE : Infirmière diplômée d’état.
AS : Aide-soignante.
Infirmière 1 : IDE exerçant en service de médecine : gériatrie.
Aide-soignante 1 : AS exerçant en service de médecine : gériatrie.
Infirmière 2 : IDE exerçant en service de médecine : néphrologie.
Aide-soignante 2 : AS exerçant en service de médecine : néphrologie.
SOMMAIRE
INTRODUCTION ................................................................................................................... 1
DEVELOPPEMENT…………………………………………………………………………………….
- L'INFORMATION AU PATIENT .................................................................................. 3
- LE CONSENTEMENT/REFUS DE SOIN .................................................................... 5
- LA PERSONNE SOIGNEE ......................................................................................... 8
- LES SOINS D’HYGIENE ............................................................................................ 9
- LA RELATION SOIGNANT-SOIGNE ........................................................................ 12
- CADRE LÉGISLATIF ................................................................................................ 14
CONCLUSION ..................................................................................................................... 17
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 19
ANNEXES ........................................................................................................................... 21
INTRODUCTION
1
INTRODUCTION
Durant un stage à l'hôpital en soins intensifs, une situation de soin a tout
particulièrement retenu mon attention.
Un après-midi je prends en charge Mr P. 68 ans, entré le 1/09/2013 suite à un
accident de la voie publique en tant que piéton, pour hémorragie méningée, n’ayant entrainé
aucun trouble cognitif. Il est trachéotomisé et a une sonde de GPE.
Pour communiquer, Mr. P utilise ses yeux, il a un visage très expressif et arrive à se
faire comprendre. Il peut mobiliser uniquement son bras gauche et ses membres inférieurs
mais ne peut pas se tenir debout.
Après avoir préparé le matériel nécessaire, je préviens Mr P que je vais réaliser un
soin de bouche. Je l’installe alors pour ce soin, et lui demande d’ouvrir la bouche afin
d’évaluer l’état de sa cavité buccale. Mr P ne réagit pas, et n’ouvre pas la bouche. J’essaye
alors de mettre l’abaisse langue au bord de ses lèvres pour qu’il comprenne la nécessité
d’ouvrir cette dernière. Mais, il sert les dents très fort et commence à lever son bras gauche
en serrant le poing. Devant son refus je lui explique l’importance de ce soin. Mais, il refuse
de nouveau. Je n’insiste donc pas, et le réinstalle.
Je me suis sentie désemparée par ce refus, c’est pourquoi j’ai ressenti le besoin
d’échanger avec l’équipe soignante.
Cette situation et ces constats nous ont amené à un questionnement.
•
Qu'est-ce que la recherche du consentement ? Comment y parvenir ?
•
Quels sont les droits des patients ?
•
En quoi une information claire, adaptée et précise nous amène-t-elle à obtenir le
consentement du patient ? Sur quoi porte l'information lors de nos soins infirmiers ?
•
En quoi la recherche du consentement du patient lors de nos soins infirmiers est une
étape clé dans sa prise en charge ?
•
Quels sont les impacts du refus de soin sur la continuité et la qualité des soins ?
•
Quels sont les facteurs pouvant conduire à une meilleure relation de confiance lors
de nos soins infirmiers ? Et à l’inverse qu’est ce qui pourrait la limiter ?
•
Comment est vécu le refus de soin par les soignants, le patient, et l’entourage ?
Suite à cette situation, nous nous sommes rendu compte que celle-ci est applicable
dans tous les domaines. C'est donc pour cela, que nous avons décidé de traiter ce thème.
En effet, l’information et le consentement sont essentiels lors des soins infirmiers. D’après le
code de la santé publique et le décret infirmier du 29 juillet 2004, il est du devoir du soignant
d’informer et de rechercher le consentement de la personne soignée.
2
Ensuite nous nous sommes interrogées sur ce que nous voulions mettre en évidence
dans notre travail. Nous voulions faire apparaître le rôle et la place de l’infirmière dans
l’information et la recherche du consentement du patient.
C’est pourquoi après réflexion, nous avons décidé d’orienter notre questionnement
sur les soins d’hygiène, base des soins infirmiers et sur l’impact du refus de soins sur la
relation soignant/soigné.
Grâce au cours sur la question de départ ainsi que l’entretien avec notre directrice de
mémoire nous avons pu dégager une population cible et un environnement particulier. Nous
voulions axer notre travail sur une population que nous rencontrerons dans nos futurs
parcours professionnels et sur laquelle nous disposons de connaissances. Par conséquent,
nous avons choisi comme population cible, la personne âgée sans trouble cognitif.
Ensuite, ne voulant pas approfondir notre démarche sur les habitudes de vie et le
caractère des patients nous avons préféré orienter notre recherche sur la prise en charge
des personnes âgées au sein de services de court séjour où les connaissances sur la
personne soignée sont plus générales.
Notre question de départ : En quoi l’information et la recherche du consentement/
refus de soin chez la personne âgée sans trouble cognitif, lors des soins d’hygiène quotidien,
influencent-elles la relation soignant-soignée, dans un service de court séjour ?
Afin de répondre à ce questionnement, nous avons commencé par faire des
recherches théoriques sur les différents concepts mis en avant. Ensuite nous avons mené
des entretiens sur le terrain auprès d’infirmières et d’aides-soignantes (cf. document :
retranscription des entretiens réalisés). Il nous a semblé judicieux d’interroger ces
professionnelles car elles sont au contact direct de la population que nous étudions. Notre
choix s’était porté au départ, sur des soignants exerçant en médecine et en chirurgie.
Cependant pour des raisons de faisabilité et de disponibilité des soignants nous nous
sommes réorientées vers des professionnels de médecine uniquement.
La population interrogée était exclusivement féminine, âgée d’une trentaine d’années
et avec au minimum 3 ans d’expériences dans leur service respectif. Leur temps de travail
est variable, deux exercent à temps plein et deux à temps partiel.
DEVELOPPEMENT
3
L’INFORMATION AU PATIENT
Nous pouvons définir l’information comme une « action d’informer un groupe, de le
tenir au courant de quelque chose » [1]. Pour le soignant, informer c’est donner des
renseignements, des connaissances au patient dans le but de l’avertir sur les soins qui lui
sont dispensés. Cela relève du rôle propre de l’infirmière.
Lors de nos entretiens semi-directifs nous avons pu interroger ces professionnels sur
l'information lors des soins d'hygiène, comment ils délivrent cette dernière et ce qu'elle
comporte.
Nous leurs avons donc demandé que représentait l'information pour elles, à
l'unanimité l'information se traduit par le fait d'expliquer le déroulement du soin et de son
rôle.
L’information donnée doit être claire, loyale, individualisée et adaptée à la personne
soignée (cf. cadre législatif). C’est une aide à la prise de décision, elle redonne un sentiment
de contrôle au patient. Elle favorise l’adhésion au projet thérapeutique. [2].
Les fonctions sensorielles telles que la vue, l’ouïe sont garantes de la transmission
des informations en provenance de l’extérieur. Le vieillissement entraine des déficits
sensoriels importants, c’est le cas des personnes qui croient voir ou entendre quelque chose
et n’en comprennent plus le sens, le risque est donc un retrait ou un isolement de la
personne soignée. C’est pourquoi il faut prendre en compte leur pathologie lorsque l’on
délivre une information. [3,4].
La première infirmière insiste sur le fait qu’il faut être vigilant à parler fort et à
s'approcher d’eux, étant donné que souvent ces patients deviennent sourds et malvoyants.
Effectivement, adapter son discours à la population permet une meilleure qualité des
soins et améliore l’adhésion aux soins. [2].
D’après Grégoire MOUTEL, l’information est donnée différemment en fonction du
soignant. De plus la manière de délivrer l’information influe sur le consentement du patient.
Elle peut alors devenir un acte de relation ou peut contraindre le patient. [4]. La parole est un
moyen d’entrer en communication, c’est donc un outil de la relation. Elle sert à exprimer ses
émotions, à donner une information, à créer un contact. Elle peut aussi heurter.
4
C’est pourquoi, il faut être vigilant sur la manière de donner l’information, au ton de la
voix, à la forme verbale employée, à la façon d’aborder le sujet,…
D’ailleurs, il n’est pas facile de faire parvenir au patient les informations dont il a
besoin, et de les rendre compréhensibles. En effet, de nombreux refus de soin émanent d’un
manque d’information ou d’une incompréhension Il est donc essentiel de vérifier la
compréhension de la personne soignée après chaque temps d’échange. Toute l’équipe doit
être impliquée dans cette transmission de savoirs, en tenant un discours commun. [2].
Par la suite, nous les avons donc invités à nous en dire d'avantage quant à
l'explication du soin réalisé, pour l'infirmière 2 et l'aide-soignante 2, il est important de
resituer le patient dans le temps avant de commencer toute chose.
Néanmoins pour nos 4 professionnelles interrogées, il est nécessaire d'expliquer le
soin avant de le réaliser, le but de notre venue et nos gestes durant la toilette ; ceci est fait
de manière systématique et automatique. Cependant nous avons pu constater que pour
l'ensemble des collègues, il s'agit d'une information rapide avant et succincte pendant.
Toutefois, il faut du temps pour intégrer les choses, donc il semble pertinent, surtout
chez la personne âgée, de révéler les informations de manière progressive. Lors de la
toilette, le soignant doit informer au préalable le patient sur l’heure, sur le déroulement du
soin (gant de toilette, toilette au lavabo, douche,…) afin de renforcer le consentement au
soin et la relation soignant/soigné. [2].
Lors de nos recherches, il est également apparu qu'établir une communication avec
le patient soit indispensable, afin que le soin soit le plus agréable possible, car c'est un
moment d'échange et de partage dans la relation soignant/soigné.
En effet, le procédé le plus optimal pour transmettre l’information semble être la
communication. D’après le petit Larousse, communiquer est l’ « action de transmettre
quelque chose à quelqu’un ». [1]. Cette communication peut être verbale ou non verbale. En
outre, l’aspect non verbal est prédominant dans un contexte de soin, il passe par la
gestuelle, le ton de la voix, le faciès, le comportement, etc. [5].
On peut donc dire que la communication verbale ou non verbale fait partie de la
relation soignant/soigné, et joue un rôle important dans l'information au patient.
5
Il en résulte que c'est notre manière de délivrer l'information qui va permettre au
patient de se sentir comme un être à part entière et libre de ses décisions. L’information et la
communication sont deux outils indispensables de la relation de soin et ils induisent le
consentement ou le refus aux soins.
LE CONSENTEMENT/REFUS DE SOIN
Selon le dictionnaire le petit Larousse, le consentement est « l’action de consentir »,
c'est-à-dire d’ « accepter que quelque chose se fasse », cela revient à donner son accord [1].
Lors des différents entretiens que nous avons mis en œuvre, nous avons questionné
les soignants sur le consentement ou le refus de soin, ce qui influence l’acceptation des
soins, leur comportement face à un refus et son impact.
Les professionnels nous ont donc renseignés sur ce qu’était le consentement aux
soins. Pour trois des soignantes interviewées, il correspond à un accord, une validation du
patient pour ces soins. La quatrième, l’IDE 1 ne donne pas de définition.
Avant tout, l’être humain a des droits concernant son corps. Selon le principe
d’autonomie : il fait ses propres choix concernant sa santé (cf. cadre législatif). De plus, on
ne peut pas porter atteinte à l’intégrité d’autrui sans son consentement, c’est le principe de
liberté. [6, 7].
Actuellement, le système de santé français valorise le patient en tant qu’acteur de sa
santé. Il reçoit une information adaptée et peut prendre des décisions en conséquence. Le
consentement est donc un élément fondamental de la relation de soin. Il impose le respect
des choix du patient et son information. De ce fait découle le droit de refuser tout soin. [2, 8,
9, 10].
Les patients revendiquent leur droit d’être informés et de décider pour eux-mêmes, ils
n’acceptent plus que l’on décide à leur place. Ce constat est souligné par Claude
CURCHOD, et nous avons également pu le remarquer lors de nos stages. [2].
Le refus de soin est souvent dû à un défaut de communication, ou de
compréhension. Un patient qui ne comprend pas, sera dans l’opposition. C’est aussi une
demande d’écoute. Noëlle CARLIN, à travers son article, indique que « peu de refus
6
persistent après une discussion ouverte, une information loyale et une prise en compte de
l’opinion du patient ». [11].
Lors d’un refus de soins, il est important de rechercher les raisons, le sens de celui-ci.
Il peut y avoir plusieurs raisons, notamment une peur, une méfiance, une angoisse par
rapport au système hospitalier ou encore une incompréhension des choix proposés. Le refus
de soin témoigne d’une souffrance, d’un désespoir, d’une révolte contre l’hospitalisation, une
marque de déni ou une façon de contrôler sa maladie. Il peut également être dû à un aspect
spirituel, religieux. Les raisons de ce choix peuvent être difficiles à comprendre et à trouver.
[3, 11, 12, 13].
De plus, le refus entraîne un tiraillement du professionnel de santé, entre respect du
choix du patient et devoir de veiller au respect de l’hygiène. Il suscite des questionnements,
voire même un sentiment d’impuissance, de culpabilité ; il n’est pas facile à accepter. [4, 14].
Selon Emmanuel HIRSCH, une formation adaptée aux besoins des soignants devrait leur
permettre de trouver la juste distance relationnelle pour accepter le refus de soin et ne pas
en être déstabilisés. [13].
En comparant les différents entretiens menés, les soignantes sont en accord sur le
fait qu’un refus occasionnel n’affecte pas la qualité des soins. L’infirmière n°1 précise que le
refus est rarement durable. Cependant, les aides-soignantes trouvent que le refus a un
impact sur le personnel, elles parlent d’ « échec », de « frustration ». Au contraire, les
infirmières ne le prennent pas personnellement puisque c’est un droit du patient. Elles
reconnaissent donc le droit du patient de refuser les soins, et libre de ses choix concernant
sa santé.
Chacune des soignantes interviewées s’est déjà retrouvée dans une situation où un
patient refusait les soins d’hygiène. Pourtant, des différences existent. En effet, au sein du
même service, l’aide-soignante 2 nous confie être souvent confronté au refus de soins
d’hygiène, tandis que l’infirmière 2 en constate peu. Les autres professionnels interrogés ne
nous donnent pas d’information sur cet aspect.
Une question se pose alors ; que faire face à un refus de soins ?
Selon les différents auteurs, il est primordial de laisser le choix au patient, de ne pas imposer
les soins infirmiers. Ce dernier a besoin de temps, ceci est d’autant plus vrai en présence
d’une personne âgée. [4]. Réexpliquer la nécessité du soin, et respecter le choix de la
personne soignée sont importants, tout en prenant en compte sa responsabilité
7
professionnelle. [12, 14]. Il est donc nécessaire de réaliser une évaluation de son autonomie
et de ses capacités.
D’autre part, il faut parvenir à construire une relation égalitaire, c'est-à-dire négocier
le projet de soin, prendre les décisions avec la personne soignée. [2, 11]. La recherche du
consentement lors des soins infirmiers favorise la reconnaissance du patient en tant qu’être
humain libre de ses choix.
Parler de ce refus avec ses collègues afin d’y trouver un autre regard, un soutien, une
aide peut nous permettre de comprendre les raisons de celui-ci. [12, 14, 15].
En recensant l’avis de toutes les soignantes, face à un refus de soin, elles sont toutes
orientées sur le fait de négocier avec le patient, de rechercher la cause de celui-ci,
d’expliquer l’intérêt du soin et sur le fait de pouvoir passer le relais à un collègue si besoin.
On remarque donc que l’équipe est un soutien pour les professionnelles et permet de se
questionner.
Néanmoins, les techniques divergent en fonction de la personnalité du soignant,
l’infirmière 1 procède par étapes, rassure le patient, s’adapte aux habitudes de vie, diffère les
soins. L’infirmière 2 s’axe essentiellement sur la communication, l’humour et le sourire.
L’acceptation du refus par les soignants et le respect du patient dans sa globalité, sont pour
elle primordiaux. Tandis que l’aide-soignante 1 prend son temps, s’adapte au rythme de la
personne soignée afin de favoriser son consentement et tient compte des habitudes de vie
de la personne, l’aide-soignante 2 essaie de parvenir à faire son soin, sans brusquer le
patient, tout en s’adaptant à ses souhaits, elle tente de négocier au minimum la toilette
intime.
Cependant l’infirmière 2 est pour insister légèrement, alors que les deux aidessoignantes seraient pour aller dans le sens du patient, ne pas le forcer afin de ne pas le
braquer.
Nous pouvons donc remarquer qu’en fonction du soignant, les méthodes utilisées
sont variées.
Concernant, les soins d’hygiène, ils sont très fréquemment rejetés par les personnes
âgées. Ce phénomène s’explique par la manière de faire ce soin, en considérant l’homme
comme un objet, c’est-à-dire en le deshumanisant La notion de pudeur, intimité ou encore
celle de la douleur et de la souffrance morale ont également leur influence. [16].
Parmi les soignants qui nous ont indiqués des facteurs influençant le refus, ceux-ci
remarquent que la fatigue, la douleur, la peur, l’univers inconnu, la chambre double, la
8
religion,… peuvent induire un refus. Il faut être d’autant plus attentif face à des personnes
âgées.
LA PERSONNE SOIGNEE
Ce ne fut qu'à partir des années 1970, que le terme de "patient" apparut après un
emploi récurrent du terme "malade". Le programme de formation en soins infirmiers privilégie
le soin d'un patient et non d'une maladie, d’où la prise en compte du côté psychologique.
Notre travail est ciblé sur les personnes âgées, nous avons donc axé nos recherches
sur cette population. En effet selon les professionnels rencontrés, la population soignée est
essentiellement des personnes âgées ayant plus de 75 ans, dont la plupart sont
dépendantes et peuvent présenter des troubles cognitifs.
Aujourd’hui, la population âgée est en augmentation, environ 1/6 des français ont plus
de 65 ans. Le vieillissement est un processus lent et progressif qui conduit à l'état de
vieillesse. Au cours de celui-ci l'individu rencontre non seulement des pertes, des crises mais
aussi des modifications de ses rapports avec la société et l'environnement. [17].
Le vieillissement de la population devient donc une préoccupation de santé publique,
les professionnels de santé ainsi que le système doivent s'adapter à cette nouvelle
population dépendante.
La dépendance, vient du latin « dependere »qui signifie « être suspendue à quelque
chose ». Dépendre de quelqu'un ou quelque chose sous-entend donc une relation de
nécessité ». [1, 3].
Une personne dépendante a besoin d'une aide pour réaliser les actes de la vie
quotidienne telle que la toilette. La dépendance peut être plus ou moins sévère, permanente
ou transitoire. A un âge très avancé, des polypathologies, une polymédication, ainsi qu'une
perte d'autonomie peuvent être des facteurs de vulnérabilité. Il faut donc s’adapter à chaque
patient pour d’une part palier ses déficits et de l’autre maintenir ses acquis. [17, 18].
Afin de réaliser des soins individualisés il est important d’évaluer la perte d’autonomie
du patient, pour cela plusieurs outils d’évaluation existent. Nous avons choisi de cibler nos
recherche sur les personnes âgées sans trouble cognitif c’est-à-dire les personnes ayant
conservé leur autonomie mentale mais ont besoin d’aide pour les actes de la vie
9
quotidienne, nous nous sommes appuyées sur la grille AGGIR (cf. annexe). C’est un modèle
qui permet d'évaluer l'expression de l'autonomie grâce à l'observation des activités que la
personne âgée effectue seule et de définir ainsi la perte d'autonomie. Nous avons axé notre
travail sur les personnes âgées de GIR 3 à GIR 6. [18].
Comme constaté précédemment, le patient est avant tout un être humain à part
entière avec sa propre identité et tout ce qui le constitue au quotidien (profession, place
sociale...).
A travers les soins infirmiers, la personne soignée se constitue autour de 3 dimensions :
·
La dimension biologique qui regroupe tout ce que l'individu manifeste à l'aide de son
corps (anatomie, biologie...).
·
La dimension psychique qui recouvre tout ce qui est du fonctionnement psychique de
la personne.
·
La dimension socio-culturelle qui correspond à tout ce qui est en rapport avec la
socialisation de la personne au sein même de la société. [18].
Par conséquent, nous pouvons dire que la description de la personne par les soins
infirmiers fait appel à la notion de l'être bio-psycho-social. Chaque dimension doit être prise
en compte lors d’un soin.
Pour conclure, d’après Isabelle LOLIVER, le patient est une personne avant tout et
chaque personne a sa propre histoire, sa personnalité et ses émotions. C'est pourquoi
chaque soin, chaque prise en charge est individualisée et qu'il n'existe pas de soins ou de
prise en charge commune. Tout est personnalisé. [19].
LES SOINS D’HYGIENE
D’après M.RAJABAT, auteur de : La toilette, voyage au cœur du soin, le rapport à
l’hygiène a beaucoup évolué avec le temps mais de nos jours elle est présente à chaque
moment de notre vie, de la naissance à la mort. Cet acte en apparence banal par la
simplicité des gestes et par sa fréquence, est un acte de soins à part entière. Relevant du
rôle propre de l’infirmière, il peut être effectué en collaboration avec l'aide-soignante
cependant l’infirmier, engageant sa responsabilité, est garant du bon déroulement du soin.
[16].
10
Suite à nos recherches, nous pouvons définir les soins d’hygiène comme une
thérapeutique permettant à la personne d’être propre et de maintenir une peau saine pour
que celle-ci assure son rôle de protection. Cependant la toilette comporte de nombreuses
autres facettes. Physiquement elle peut procurer un moment de bien être extrême et de
détente. Psychologiquement elle peut valoriser la personne et peut permettre de retrouver
son estime de soi. [16, 20].
Lors de nos entretiens, nous avons interrogé les soignants sur ce soin particulier.
Tout d’abord, nous avons constaté que dans les services ciblés, il y a un grand nombre de
personnes âgées ce qui implique de nombreux soins de nursing du fait de l’âge et des
pathologies des personnes soignées.
Ensuite, nous les avons invitées à nous parler de ce qu’étaient pour elles les soins
d’hygiènes. Pour l’aide-soignante 1, ce soin est en premier lieu une liste d’actes tels que la
toilette, le soin de bouche… qui doivent s’effectuer dans le respect des habitudes de vie du
patient. Les autres vont un peu plus loin dans leurs définitions : l’infirmière 1 souligne que
c’est un soin compliqué, qui demande beaucoup d’attention tant pour mettre à l’aise le
patient, que pour réaliser les surveillances qui relèvent de notre rôle (état cutané, état
général du patient…). La seconde aide-soignante complète encore, appuyant sur le fait que
ce moment intime particulier permet de réaliser un suivi de la personne et aussi de lui donner
un repère temporel. Enfin l’infirmière 2 précise que ce soin fait partie de notre rôle propre et
qu’il n’est pas forcément apprécié par les patients, il est donc de notre devoir de tout mettre
en œuvre pour qu’il devienne un soin confortable. En effet comme nos recherches l’avaient
montré, les soins d’hygiène comportent de nombreuses facettes toutes reprises par les
soignantes interrogées. [20].
La toilette permet également l'observation, la surveillance et l'évaluation de l’état
physique et psychique de la personne. L'infirmier a également un rôle dans le maintien ou le
recouvrement de l'autonomie du soigné, il doit favoriser cette dernière et laisser la personne
soignée actrice du soin. Tout cela est un travail d'équipe, c'est pourquoi, les transmissions
écrites et orales sont très importantes pour la continuité des soins. [16, 18].
Pour le soignant la toilette est un soin incontournable, propice à la communication, il
permet de créer un lien, la mise en place d’une relation soignant/soigné (cf. relation
soignant/soigné). Lors de nos entretiens, les différents soignants se rejoignent sur
l’importance de ce point. Cette relation de confiance s’établit souvent pendant ce moment
privilégié où l’on prend du temps avec la personne pour communiquer et apprendre à mieux
la connaître. Pour l’infirmière 1, le toucher est primordial lors de la communication afin
11
d’établir un réel contact surtout chez les personnes âgées où beaucoup d’entre elles sont
sourdes et malvoyantes.
De tous ces constats, une question en émane ; comment les soignants effectuent les
soins d’hygiène quotidiens?
Ceci dépend du niveau d’autonomie de la personne. Lorsque la personne n'est plus apte à
réaliser ses soins d’hygiène seule à cause d’une maladie ou d’une diminution de son état
général, l’aide d’un tiers se révèle alors nécessaire puisque ces besoins s'en trouvent
perturbés. Elle entre alors dans la dépendance (cf. la personne soignée). [18, 21].
Pour connaitre le plus rapidement possible le niveau de dépendance de la personne
et ses habitudes de vie, les soignants utilisent le recueil de données. S'appuyant sur la
théorie des 14 besoins fondamentaux de Virginia Henderson, celui-ci permet au soignant
d’identifier les besoins perturbés du patient, sa culture, ses rituels, ses valeurs, etc... [21].
L’un des besoins fondamentaux aborde les soins d’hygiène et permet d’informer le
soignant sur les habitudes de vie du patient afin qu’il puisse bénéficier de soins
individualisés. Par exemple s’il nécessite un aide, s’il préfère les douches… [21].
Sur le terrain, nous avons constaté que l’organisation du soin semble être
globalement similaire entre les professionnels. Les toilettes sont réalisées par une aidesoignante, par une infirmière ou par un binôme ; les plus lourdes étant davantage réalisées à
deux.
D’autres choses sont aussi à respecter lors de la réalisation de ce soin, comme le
besoin d'intimité et de pudeur des patients. Cette notion d'intimité a été précisée dans la
Charte de la personne hospitalisée (article 8, 2006, cf. cadre législatif) « la personne
hospitalisée est traitée avec égards, […] Son intimité est préservée ainsi que sa tranquillité »
lors des soins et à tout moment de son séjour hospitalier. Le soignant doit prendre en
compte cette notion d'intimité lors de ses soins d'hygiène car, du fait de leur proximité et de
la nécessité de toucher, ils peuvent heurter la sensibilité, voire même être ressentis comme
un viol. Le degré d'intimité dépend de la personne, de sa culture, de ses valeurs, de sa
religion, de ses sentiments, de ses choix... C'est pourquoi l'information et la recherche du
consentement sont essentielles avant de débuter le soin. [16, 18]. Un comportement adapté
(se présenter, être à l'écoute, lui expliquer le soin …) permet de gagner la confiance de la
personne soignée. Cette dernière aura donc plus de facilité à nous laisser entrer dans son
intimité. Le soin se déroulera plus aisément pour la personne soignée et le soignant. [16].
12
Concernant la pudeur, le soignant se doit de prendre toute les précautions possibles
pour préserver l’intimité du patient et atténuer sa gêne : fermer la porte, recouvrir la
personne avec une serviette, mettre un paravent dans une chambre double. [20].
Cette notion est également reprise par les soignantes interrogées. Effectivement, la
toilette nécessite d’entrer dans l’intimité du patient, celui-ci étant dénudé, la pudeur est donc
un enjeu incontournable à prendre en compte pour le soignant. Elle est accentuée chez les
personnes âgées qui semblent très pudiques d’être nues mais aussi d’être dépendantes.
En effet la manière de réaliser la toilette peut conditionner le déroulement du soin. Il
est donc important de prendre en compte les choix du patient concernant son hygiène.
Les soignantes interrogées confirment cette hypothèse, toutes insistent sur le fait de
respecter les habitudes de vie du patient lors des soins d’hygiène.
Pour conclure, chacune des soignantes relève des points différents étant
incontournables à toutes toilettes : le confort, le bien être, le respect du patient, de sa
pudeur, de ses habitudes de vie, la valorisation de ses capacités, la communication…
Quoique qu’il en soit toutes ces notions semblent indissociables de ce soin complet qui
nécessite un savoir, un savoir-faire et un savoir être afin de pouvoir s’adapter à chaque
situation.
Les soins d’hygiène font donc appel à un certain nombre de compétences techniques
mais surtout relationnelles car cette relation impacte sur le bon déroulement du soin.
LA RELATION SOIGNANT-SOIGNE
D’après Alexandre MANOUKIAN la relation se définit comme « une rencontre entre
deux personnes au moins, c'est-à-dire deux caractères, deux psychologies particulières et
deux histoires ». La relation soignant/ soigné est donc un échange entre la personne qui
propose le soin et la personne dans l'attente de celui-ci. [22].
Dans le milieu hospitalier, tout acte de soin se situe au sein d'une relation
soignant/soigné. L'infirmière est l'une des professionnelle de santé qui passe le plus de
temps auprès du patient, la relation qu'elle établit avec ce dernier est primordiale pour sa
prise en charge globale. [2, 22].
13
L’importance de cette relation a été mise en avant lors de nos entretiens par les
quatre professionnelles de santé interrogées.
C'est une relation d’aide, un moyen d'aider le patient à vivre sa maladie et ses
conséquences. Elle est basée sur une relation de confiance entre le soignant et le soigné.
Pour cela, elle doit respecter certaines règles comme la considération, l'authenticité,
l'empathie et l'absence de jugement. [22].
Cette relation est influencée par des facteurs sociaux tel que l'âge et la culture, des
facteurs physiques avec l'aspect physique de l'interlocuteur, la perception, mais aussi par
des facteurs psychologiques : les préjugés, les émotions et les représentations. [2].
Par conséquent, il est important de tenir compte du vécu du patient. Plus les
émotions sont fortes, moins le patient sera en capacité d'écouter nos conseils, d'accepter
notre aide. De plus, la pathologie du patient peut le renvoyer à une difficulté, une fragilité.
Certains patients sont parfois dépressifs, révoltés ou dans le déni Ces réactions
émotionnelles se nomment : mécanismes de défense. Ceux- ci sont involontaires et
inconscients et surtout spécifiques à chaque individu. Le soignant doit donc prendre en
charge la personne dans sa globalité (son ressenti, ses émotions, sa pathologie et son
environnement). [2, 15, 22].
En effet, l'aide-soignante 2 nous précise que cette relation doit prendre en compte
l'humeur du patient, l'aide-soignante 1 nous explique que le soignant doit s'adapter, pour une
communication simple et personnalisée. Grâce à ces approches misent en place, comme le
précisent nos quatre soignantes interrogées une relation de confiance s’installera. Elle
permettra alors une meilleure relation et aboutira surtout à une meilleure coopération des
soins.
Mais parfois la relation peut être difficile. Le malaise, les peurs et les événements de
leur vie peuvent entraîner un refus du réconfort, de l'aide ou des soins. Le soignant se sent
dérouté et sa fonction est remise en question. La relation devient alors une négociation. [2,
18].
La relation pourrait aussi être freinée d'après l'infirmière 1 par le non-respect de la
personne comme par exemple entrer sans frapper, ne pas dialoguer, ne pas prendre en
compte la douleur. L'aide-soignante 2 précise aussi qu’une charge de travail trop importante
ne permet pas d'établir toujours la relation que l'on voudrait.
14
De plus le soignant peut lui aussi faire preuve d'émotions. Celles-ci ne doivent pas
porter préjudice à la relation. En effet, il exerce son métier en fonction de ses propres
valeurs, de sa conception de la notion de santé et de son idéal professionnel. [2, 3, 15].
Par ailleurs, à la suite de nos recherches, il est apparu que la relation soignant/soigné
avec les personnes âgées est importante. D'après BELMIN, le but de cette relation est de
redonner confiance à la personne âgée, l'aider à faire des choix sur son projet de vie et de
préserver au maximum son autonomie. D’où l’importance de ne pas materner ni trop aider la
personne car cela impactera sur la qualité de soins. [18].
A propos des soins d’hygiène, ceux-ci apparaissent comme un moment privilégié au
sein de la relation soignant/soigné. C’est pourquoi, l'aide-soignante 2 tient à préciser que les
soins d'hygiène sont pour elle un moment clé de la relation car c'est à ce moment-là que l'on
peut prendre le temps de parler avec le patient.
La relation soignant soigné est donc comme nous pouvons le voir un outil primordial
pour une bonne continuité des soins, elle est fondée sur de la communication verbale et non
verbale.
CADRE LÉGISLATIF
Dès 1979, la Charte européenne du malade usager de l’hôpital, annonce que « le
malade […] a le droit d’accepter ou de refuser toute prestation de diagnostic ou de
traitement ». De plus il « a le droit d’être informé de ce qui concerne son état. C’est l’intérêt
du malade qui doit être déterminant pour l’information à lui donner ». [23].
Selon la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et de la qualité du
système de santé : « Toute personne a le droit d’être informée sur son état de santé. Cette
information porte sur les différentes investigations, traitements ou actions de préventions qui
sont proposées, sur leur utilité, leur urgence éventuelle, leurs conséquences, les risques
fréquents ou graves normalement prévisibles qu’ils comportent ainsi que sur les autres
solutions possibles et sur les conséquences prévisibles en cas de refus ». « Cette
information incombe à tout professionnel de santé dans le cadre de ses compétences et
dans le respect des règles professionnelles qui lui sont applicables. Seules l’urgence ou
l’impossibilité d’informer peuvent l’en dispenser » (Art. L. 1111-2). [9, 24].
15
Concernant le consentement, « l’obligation d’information a pour corollaire le droit au
consentement pour le patient ». De plus, « toute personne prend, avec le professionnel de
santé et compte tenu des informations et des préconisations qu’il lui fournit, les décisions
concernant sa santé ». A cela s’ajoute qu’« aucun acte médical ni aucun traitement ne peut
être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne, et ce consentement peut
être retiré à tout moment ». Par ailleurs « le médecin doit respecter la volonté de la personne
après l’avoir informée des conséquences de son choix […] et doit tout mettre en œuvre pour
le convaincre d’accepter les soins indispensables » (Article L 1111-4). [9, 24, 25].
En 2006, ces idées sont précisées dans la Charte de la personne hospitalisée. En
effet celle-ci affirme que « l’information donnée au patient doit être accessible et loyale. La
personne hospitalisée participe au choix thérapeutiques qui la concernent ». Elle ajoute que
tout acte de soin « ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé du patient.
Celui-ci a le droit de refuser tout traitement ». [23].
Concernant plus particulièrement l’infirmière, elle « s’assure que l’individu reçoit
suffisamment d’informations pour donner ou non son consentement, en pleine connaissance
de cause, en ce qui concerne les soins et les traitements qu’il devrait recevoir » (Code de
déontologie pour la profession d’infirmière).
Selon le décret du 29 juillet 2004, article R.4312-32, « l’infirmier ou l’infirmière informe le
patient ou son représentant légal, à leur demande, et de façon adaptée, intelligible et loyale,
des moyens et des techniques mis en œuvre ». [25, 26].
D’après l’article R. 4311-3 du Code de la santé publique, « relèvent du rôle propre de
l’infirmier ou de l’infirmière les soins liés aux fonctions d’entretien et de continuité de la vie et
visant à compenser partiellement ou totalement un manque ou une diminution d’autonomie
d’une personne ou d’un groupe de personnes ». L’article R.4311-5 précise que « dans le
cadre de son rôle propre, l’infirmier ou l’infirmière accomplit les actes ou dispense les soins
suivants visant à identifier les risques et à assurer le confort et la sécurité de la personne et
de son environnement et comprenant son information et celle de son entourage :
1. Soins et procédés visant à assurer l’hygiène de la personne et de son environnement
2. Surveillance de l’hygiène […] ». [26].
De plus, selon l’article R.4312-2 « l’infirmier ou l’infirmière exerce sa profession dans le
respect de la vie et de la personne humaine. Il respecte la dignité et l’intimité du patient et de
la famille ». [26].
16
Pour conclure, ces textes législatifs s’appliquent à nous montrer que le contenu de
l’information s’avère être un devoir du soignant et à l’inverse un droit du patient. Il s’agit de
donner au patient les renseignements qu’il est capable d’intégrer et qui lui seront
nécessaires à sa compréhension au regard de son état de santé et des soins qui lui sont
prodigués. En tant que professionnel de santé, nous avons pour obligation de protéger la
santé, de veiller au respect de la personne soignée, de sa liberté, et de sa vie privée.
CONCLUSION
17
CONCLUSION
Actuellement dans notre société il est constaté un vieillissement de la population.
Dans les différents services, la proportion de personnes âgées est importante. Du fait des
polypathologies et de la diminution de leur degré d’autonomie qui en découle, les soins
d’hygiène augmentent. Il est du devoir des soignants de préserver cette autonomie.
Chaque individu est particulier tout comme sa maladie. Il est donc important de
personnaliser notre prise en charge.
De plus, toute personne a des droits, notamment celui du respect de sa personne, de
son intimité, et de sa dignité. Elle est libre de prendre les décisions qui lui semblent justes, et
peut, par conséquent, accepter ou refuser la prise en charge proposée lors de son
hospitalisation. Elle est actrice de sa santé. Le soignant doit alors respecter cette volonté et
s’interroger sur ses motivations réelles. L’équipe soignante doit l’accompagner au mieux
pour l’aider à prendre sa décision en toute impartialité. Elle doit cependant essayer de
négocier, comme l’ont souligné les infirmiers interrogés, avec le patient. Elle peut adapter
son soin, expliquer son intérêt, proposer un soin adapté aux besoins et valeurs de la
personne, passer la main ou proposer un temps de réflexion,… Des informations claires et
données dans le respect de la personne pourront également l’aider à faire son choix. Si le
patient refuse toujours, le soignant doit respecter ses volontés et lui indiquer qu’il peut, à tout
moment, revenir sur son choix. En aucun cas, elle ne juge ou critique les valeurs de la
personne soignée. Elle est présente en tant qu’aide et soutien. Le patient lui accorde sa
confiance qu’elle aura su gagner grâce à son savoir, son savoir-faire mais essentiellement
grâce à son savoir-être. On se demande alors comment une personne à qui son
consentement n’a pas été demandé et à qui on a imposé un soin peut-elle encore faire
confiance aux soignants ?
Nous avons pu constater, tout au long de ce travail mais aussi à travers différentes
expériences de stages, que cette relation de confiance établie entre soignant et soigné est la
base des soins infirmiers. En effet cette confiance est incontournable lors de toute prise en
charge, et s’élabore principalement par le biais d’une communication adaptée. Le patient est
alors considéré comme un être à part entière. On peut alors s’interroger : qu’est-ce qu’une
communication adaptée ?
18
Comme nous l’avons vu précédemment, on distingue deux modes de communication.
D'abord, la communication verbale par le langage puis la communication non-verbale
comme le regard, le comportement, les mimiques, la position du corps etc. En effet, la
gestuelle, le son, l'intonation sont intimement liés au message que nous souhaitons faire
passer. C’est pourquoi nous ne pouvons pas ne pas communiquer. [5].
La communication contribue à informer le patient mais aussi à apaiser ses craintes,
ses angoisses. L'infirmière doit adapter sa façon de faire et son comportement afin de
faciliter la relation avec le patient. L'échange avec ce dernier nécessite donc au soignant
d'être à son écoute, c'est-à-dire attentif à ce qu'il dégage.
La question se pose alors : En quoi la façon d’aborder la personne, la communication
influencent-elles la relation de confiance au sein de la relation soignant-soignée ?
BIBLIOGRAPHIE
19
BIBLIOGRAPHIE
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12. BELFER Richard. A l’épreuve du refus. Infirmière magazine, septembre 2009, n°252, pp
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13. HIRSCH Emmanuel. Fins de vie, éthique et société. Edition Erès : Toulouse, 2012, pp
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14. PEYE Anne. Refus de soins d’hygiène et responsabilité soignante. Revue de l’infirmière,
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Oncomagazine, mai 2010, volume 4, n°2, pp 12-15.
16. RAJABAT Marie. La toilette au cœur du soin. Issy les Moulineaux : Masson 2003, 112p.
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18. BELMIN J, ALMALBERTI F, BEQUIN A.M. L’infirmière et les soins aux personnes
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20
19. LOLIVER Isabelle. La recherche du consentement aux soins. Santé mentale, octobre
2011, n°161, pp 20-30.
20. GARBAN Isabelle. UE 4.1.S1, Soins de confort et de bien-être. BESANCON, Institut de
Formation des Professions de Santé, 29 septembre 2011.
21. BLONDELLE Florence. UE 3.1.S1, Les besoins fondamentaux de Virginia Henderson et
Recueil de données. BESANCON, Institut de Formation des Professions de Santé,
septembre 2011.
22. MANOUKIAN Alexandre. La relation soignant-soigné. Rueil-Malmaison : Lamarre, 2008,
223p.
23. GUIOT BONJOUR Michèle. Cours UE 1.3.S3 ; Législation ; les principaux textes.
BESANCON, Institut de Formation des Professions de Santé, 2012.
24. DEVERS Gilles. Lettre d’un avocat à une amie infirmière. Rueil-Malmaison : Lamarre,
2003, 79p.
25. www.legifrance.fr consulté le 10/04 à 13h.
26. Formation des professions de santé : Profession infirmier, Recueil des principaux textes.
Berger-Levrault, 2011, 203p.
ANNEXES
21
ANNEXES
Grille AGGIR :
Cette évaluation porte sur la cotation de 10 variables dites discriminantes (cohérence,
orientation, habillage, alimentation, transfert, déplacements à l'intérieur et extérieur,
communication à distance, toilette) décrivant chacune une cotation à 3 niveaux (A: effectue
seule les actes, B: avec une aide, C: ne les effectue pas).
GIR 1: personne qui a perdu son autonomie mentale, corporelle, locomotrice et sociale.
GIR 2: personne grabataire lucide ou démente déambulant.
GIR 3: personne dont l'autonomie mentale est conservée mais dont l'autonomie locomotrice
est partiellement dégradée.
GIR 4: personne n'assurant pas seule ses transferts, mais pouvant se déplacer seule ou
patient avec aide à la toilette et habillage mais qui mange seule.
GIR 5: personne avec aide ponctuelle pour toilette, transfert. S'alimente et s'habille seule.
GIR 6: autonome.
22
Entretien semi directif
Le thème de notre recherche est l’information, la recherche du consentement du
patient, lors des soins d’hygiène quotidiens auprès des personnes âgées.
Nous remercions par avance les infirmier(e)s, les aide-soignant(s), qui auront bien voulu
participer à un entretien (en service de gériatrie, chirurgie traumatologique/orthopédique,
urologique).
1. Déterminants sociaux :
Votre âge
Depuis combien de temps exercez-vous le métier d’infirmier(e)?
Votre ancienneté dans le service ?
Votre expérience professionnelle (autres services, parcours, formations
diverses,…) ?
Exercez-vous à temps plein, à temps partiel ?
2. Population rencontrée au sein de votre service
Quelle est la tranche d’âge des patients accueillis dans votre service ?
Leur degré d’autonomie ?
Ont-ils des troubles cognitifs ?
3. Que diriez-vous des notions suivantes :
-
de soins d’hygiène quotidiens
-
de troubles cognitifs
-
d’information
-
de consentement au soin / refus de soin
-
de relation soignant soigné
4. Lors des soins d’hygiène chez la personne âgée sans trouble cognitif :
-
Comment les organisez-vous (durée, personnels soignants présents, temps
consacré)
-
Qu’est ce qui est primordial, incontournable, pour vous, lors de ces différents
moments répétés ?
5. Le refus de soin
Avez-vous déjà été confrontée à un refus de soin ? Si oui, dans quelles
circonstances ? Relatez-nous !
23
Pour vous, qu’est ce qui, dans l’environnement du patient va influencer
l’acceptation ou le refus de soin ?
Que faites-vous pour faire adhérer et coopérer le patient aux soins ?
Est-ce que le consentement au soin comporte des différences lors d’une prise
en charge en urgence ou lors d’une intervention chirurgicale programmée ?
(question uniquement pour les services de chirurgie).
Quels sont les impacts du refus de soin sur la continuité, la qualité des soins,
le travail en équipe ?
Comment est vécu le refus de soin par vous, vos collègues soignants, le
patient, et son entourage ?
6. L’information donnée au patient
Que donnez-vous comme information au patient, avant de réaliser un soin
d’hygiène ?
Comment délivrez-vous l’information ?
7. La relation soignant-soigné
Quels sont les facteurs pouvant conduire à une meilleure relation de confiance
lors de vos soins infirmiers ?
Et à l’inverse qu’est ce qui pourrait la limiter ?
8. Aimeriez-vous revenir sur un point, notamment celui de vos « définitions » ?
ABSTRACT
Le consentement des personnes âgées lors des soins d’hygiène
L’information et le consentement du patient sont essentiels lors des soins infirmiers. En effet,
comme le précisent les textes législatifs, il est du devoir du soignant d’informer et de
rechercher le consentement du patient.
Cependant les professionnels rencontrent parfois des difficultés pour obtenir le
consentement des personnes âgées pendant les soins d’hygiènes. Le refus de soin est
fréquent dans ces situations impliquant d’entrer dans l’intimité du patient. Ce travail
s’interroge sur l’importance de l’information et de la recherche du consentement des
personnes âgées, dans le cadre des soins d’hygiène, et sur leur influence sur la relation
soignant-soigné. Pour répondre à ce problème, nous avons dans un premier temps réalisé
des recherches à la bibliothèque sur les concepts sous-tendant ce type d’actes. Dans un
second temps, nous avons soumis quatre professionnelles à un questionnaire semi-directif.
Nous avons ensuite comparé les pratiques de chacune et les concepts théoriques.
Les résultats montrent qu’une information claire et adaptée ainsi qu’une relation de
confiance entre le soignant et le patient influence le consentement de celui-ci. Ceci passe
par une communication adéquate. Nous nous interrogeons plus particulièrement sur l’impact
de cette communication sur la relation de confiance entre les professionnels de santé et les
patients.
The agreement of elderly persons about hygiene activities
Information and patient approval are essential during nursing care. In fact, as written in the
legislative texts, it is a nurse’s duty to inform and find patient’s approval.
However, professionals sometimes encounter difficulties to obtain the agreement of
elderly persons about hygiene care. The refusal of care is frequent in these situations insofar
the carer enters the patient’s intimacy.
The aim of this work is to analyse how far information and the search of agreement of
elderly persons during the hygiene activities influence on the patient-carer relationship. To
study this issue, first, we made some research at the library about the concept that underlay
the subject. Secondly, we interviewed four professionals with open-ended questions. Then,
we compared their practices to one another and to the theoretical concept.
The results showed that a clear and an adapted information but also a positive
patient-carer relation influences on the patient’s approval. This relies on a good
communication. We are then wondering if the communication has an impact on the
confidence relation between the health professional and the patient.
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