Les médias au Mozambique

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Les médias au Mozambique
Le Mozambique dispose d’un cadre politique et législatif plutôt favorable à la liberté d’expression et au
pluralisme des médias1 malgré les difficultés financières auxquelles ils doivent faire face. Ceux-ci sont
d’ailleurs largement considérés par la population comme honnêtes et crédibles, au même titre que les
organisations religieuses ou les ONG, et plus que le système judiciaire, la police ou le gouvernement.
Le secteur est théoriquement protégé de l’investissement étranger - la loi sur la presse limite à 20% du
capital la participation de partenaires étrangers dans les médias mozambicains - mais des contournements
auraient été observés.
Compte tenu de la pauvreté de la population, le média le plus développé reste la radio, la télévision se
développant toutefois rapidement ; la presse écrite est encore largement réservée à une micro-élite urbaine.
Le secteur doit se battre pour sa survie dans la mesure où il bénéficie de soutiens financiers publics très
limités et où les ressources publicitaires sont encore réduites compte tenu de l’étroitesse du marché
mozambicain.
Les médias audiovisuels sont de loin les plus influents
On compte aujourd’hui au moins une soixantaine de stations de radio et de télévision ayant obtenu une
licence de l’INCM (Institut national des communications du Mozambique). Le développement du secteur
reste toutefois freiné par le manque de financement et la faiblesse des moyens de production.
1. Les radios sont le seul média à disposer d’une large audience
La radio publique, RM (Rádio Moçambique), compte 14 chaînes et couvre près de 100% de la population la
nuit. Elle émet en 21 langues2, dont le portugais et l’anglais. Parmi ses stations, elle compte une chaîne
nationale, 9 stations provinciales, 2 stations urbaines à Maputo et Beira, la station Maputo Corridor Radio
(en anglais pour les Mozambicains des pays de la région) et RM Desporto (spécialisée dans le sport).
Après la radio publique, les stations communautaires regroupées au sein du FORCOM3, ainsi que les radios
rurales et religieuses ont également un impact important sur les populations locales.
En revanche, les radios commerciales privées, qui ciblent plutôt la jeunesse, ne touchent pratiquement que
les populations urbaines de Maputo et de quelques grandes villes4. Sont notamment basées à Maputo :
Le secteur des médias a été ouvert dans le cadre de l’adoption de la loi sur la presse en 1991 et s’est rapidement
diversifié par la suite.
2 60% de la population mozambicaine ne comprendrait pas le portugais.
3 Forum national des radios communautaires (www.forcom.org.mz), ONG créée en 2004 avec l’aide du projet média
de l’Unesco pour améliorer la coordination et le travail des radios communautaires. Ces stations toucheraient plus
d’un million de personnes dans les zones non couvertes par autres radios.
4 Les stations des deux principaux partis politiques du pays, Radio Terra Verde pour la Renamo et Radio Indico pour le
Frelimo, ne semblent pas avoir une audience importante.
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Rádio Cidade, 99 FM, S FM Soico, Rádio Miramar, qui appartient à l’Église universelle du Royaume de Dieu,
Rádio 99.3 FM, Rádio Capital, qui appartient à l’église méthodiste universelle, Rádio Savana et Rádio KFM.
SIRT (Sociedade de Informação de Tete) est basée à Tete et Rádio Progresso à Maxixe.
Les radios étrangères émettant depuis le Mozambique ont également une audience importante dans la
capitale. On peut notamment citer : BBC Africa, RFI, Rádio Portuguesa Africa, Voice of America (qui utilise
équipements de KFM) et Deutsche Welle (qui utilise les équipements de Radio Capital).
2. La télévision touche largement moins de la moitié de la population
Bien que sa couverture du territoire puisse être estimée à 80%, la télévision publique - TVM – couvre
essentiellement la population des centres urbains (Maputo, Beira, Nampula, Queliname, Tete, Pemba) ainsi
que des zones situées autour des capitales de district. En effet, seuls 26,5% de la population sont raccordés
au réseau électrique national et TVM n’utilisant que très peu les langues nationales, n’est pas accessible à
la majorité de la population.
Les sept chaînes privées existantes sont réservées à une élite urbaine :
•
STV (groupe Soico): couvre les capitales des provinces de Maputo, Gaza, Inhambane, Sofala,
Manica, Tete, Zambézia, Nampula, Cabo Delgado et Niassa, soit 40% de la population; elle bénéficie du
soutien technique de Globo Network (Brésil) ; la station se classerait en tête dans 8 provinces sur 11.
•
TIM : couvre Maputo, Beira, Quelimane, Nampula, Pemba et Tete.
•
TV Mana : possédée par l’Eglise Mana, couvre Maputo.
•
TV Miramar (groupe Record Internacional appartenant à l’Eglise universelle du Royaume de Dieu) :
couvre Maputo, Beira, Nampula, Tete, soit 40% de la population.
•
KTV (groupe Media Events appartenant à l’Eglise mondiale du pouvoir de Dieu) : siège à Maputo.
•
SIRT-TV : siège à Tete.
•
Rádio e Televisão de Portugal Africa : établie par accord intergouvernemental, couvre Maputo,
Sofala et Nampula, soit 15% environ de la population.
•
TV Sucesso est en lancement expérimental depuis décembre 2014.
Par ailleurs, quatre sociétés proposent au Mozambique une offre payante de télévision :
•
TV-Cabo, contrôlée par la société publique Telecomunicações de Moçambique et le groupe
portugais Visabeira qui diffuse les services de DStv (Afrique du Sud).
•
Zap TV (Angola).
•
GOtv (Afrique du Sud/Zimbabwe).
•
StarTimes Media Moçambique (Chine) offre un bouquet de base d'une vingtaine de chaînes.
Le passage au numérique pose un problème au Mozambique, qui a pris du retard dans ce domaine. Les
convertisseurs coûtent en effet environ 60 USD, alors que le salaire minimum mensuel s’établit autour de
100 USD, et sont donc inabordables pour la majorité de la population.
La circulation de la presse écrite reste très limitée
A partir de 1993, des centaines de publications (journaux et magazines) ont émergé au Mozambique. Leur
développement reste freiné par une circulation limitée5, le fort taux d’analphabétisme et la mauvaise
connaissance du portugais, les problèmes de distribution sur le territoire et la faiblesse de leurs moyens
financiers6. La presse écrite, dont une partie est reste donc limitée à une élite urbaine auprès de laquelle elle
La pénétration de la presse écrite toucherait au grand maximum à 5% de la population et sa diffusion serait limitée à
150 000 exemplaires par jour tout au plus.
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a un réel pouvoir d’influence. Elle est essentiellement basée à Maputo, ce qui fait dire localement que «
Maputo parle et le reste du pays écoute ».
Il existe trois journaux quotidiens, dont deux sont publics : Noticias (Maputo) et Diario de Moçambique
(Beira) et un privé, O País (Maputo). Les deux premiers sont édités par Sociedade Noticias SARL qui
appartient à diverses entités publiques, O País appartenant au groupe Soico (également propriétaire de
STV). Avec 30 000 exemplaires, il est le premier quotidien du pays.
De nombreux hebdomadaires sont également publiés. On peut citer Zambèze (8 000 exemplaires),
Independente (7 000), Canal de Moçambique (5 000), Savana (12 à 15 000), Publico (3 000), Escorpiao (5
000), A Verdade (50 000) et Desafio (12 000). Domingo (le plus ancien) et Desafio (sport) appartiennent à
Sociedade Noticias SARL. A Verdade, créé en 2008, a le plus fort tirage parce qu’il est gratuit.
Plusieurs lettres d’information diffusées par télécopieur ou internet ont également été créées au cours des
dernières années : Matinal, Canalmoz, Diario do Pais, Diario de Noticias, Diario Independente, Mediafax…
Le coût de l’internet à haut débit reste prohibitif et son utilisation limitée
aux entreprises et à une infime minorité de particuliers
Il est difficile de réduire la fracture numérique au Mozambique car les prix des prestations restent
particulièrement élevés comparativement au niveau de vie et la pénétration faible. Mi-2014, on comptait 26
500 abonnés à haut débit, soit un taux de pénétration dérisoire de 0,7%, largement inférieur à la moyenne
régionale et à celle de pays de niveau de développement équivalent. Merci de vous reporter à la fiche sur «
Le marché des technologies de l’information au Mozambique ».
Compte tenu de la faible pénétration des médias au Mozambique, le
marché de la publicité reste très limité
Les principaux annonceurs privés sont les sociétés de téléphonie mobile Mcel, Vodacom et Movitel ainsi que
les banques compte tenu du faible nombre d’entreprises de grande taille au Mozambique.
80% de la publicité publique va au journal Noticias, détenu par des entreprises publiques, ce qui aggrave les
difficultés des journaux privés. Une partie importante des paiements n’est jamais recouvrée, les autorités
locales refusant souvent de régler les factures.
Il existe une Association mozambicaine des entreprises de publicité (AMEP) créée en 1996 qui compte 21
associés, 272 professionnels et 305 annonceurs. Toutes les agences sont basées à Maputo. Le marché,
très éclaté, est estimé autour de 100 MUSD.
Clause de non-responsabilité - Le service économique s’efforce de diffuser des informations exactes et à jour, et corrigera, dans la
mesure du possible, les erreurs qui lui seront signalées. Toutefois, il ne peut en aucun cas être tenu responsable de l’utilisation et de
l’interprétation de l’information contenue dans cette publication.
Une partie de la presse écrite (Magazine Independente, A verdade, Savana, etc.) est imprimée en Afrique du Sud, ce
qui alourdit ses coûts.
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