RAPPEL DU PLAN SUIVI EN COURS pour l’étude du chapitre 1 bis : Hume 1- Hume et son œuvre 2- La transition humienne en économie politique 3- Réinterprétation 4- Distanciation 1- Les fondements : naturalisme et corps productif 2- L’artifice 3- Le désordre 4-L’harmonie 5- Le scepticisme Conclusion générale NB - Rappel : Cet exposé synthétise la partie correspondante du chapitre du cours publié Les paragraphes 1 et 2 ont été présentés à la séance du 05 Mars 2013. 3- Réinterprétation Le rapport de Hume à Vanderlint est présenté de manière critique et sévère par F. Engels : Hume plagie Vanderlint, et plus précisément : « Il suit pas à pas (…) le livre de Jacob Vanderlint ‘’MALT’’ » ». Cette influence est sensible dans les trois théories : a) Le « fonds de travail disponible » (FTD) b) La théorie quantitative de la monnaie (TQM) c) La Théorie de l’équilibre automatique de la balance des comptes (TEABC) Nous supposons dans l’exposé, « implicite » (ou évident) le rapport aux thèses de Vanderlint traitées au chapitre précédent. a) « Of commerce » : la conciliation des intérêts du Prince et ceux des sujets La citation principale : «La grandeur d’un Etat et le bonheur de ses sujets, si indépendants l’un de l’autre sous certains aspects, sont habituellement considérés comme inséparables en ce qui concerne le commerce… » Par là, Hume veut résoudre et démontrer la solution au vieux problème mercantiliste : comment concilier les intérêts du Prince et ceux de ses sujets. L’originalité de sa démonstration est de recourir à la population active totale, décomposée suivant les sphères d’activité. Sa méthode consiste à raisonner sans, puis avec « commerce extérieur », c’est-àdire « en statique » puis « en dynamique ». Si comme Hume l’on admet que : « Toute chose en ce monde s’acquiert par le travail ; et nos passions sont les seules sources du travail », alors on peut situer la solution recherchée dans la création d’un « fonds de travail disponible ». Le schéma représentatif de ces deux raisonnements (statique et dynamique) est donné cidessous : HPE2 – Cours – r.foudi – suite et fin du cours (chapitre 1 bis) : D. Hume –Page 1 sur 6 - 2012/13- La thèse de « of commerce » - 1758 – Ré f l e x i o n s u r l a prospérité et la grandeur des états liés au commerce de libre échange international En « dynamique » ou AVEC COMMERCE EXTERIEUR, La conciliation des intérêts est rendue possible par l’existence d’un « fonds de travail disponible » La démonstration forme un circuit fermé, partant de la dynamisation de l’activité par le commerce extérieur (bas du schéma). Elle concrétise la parabole de Vanderlint, d’un monde prospère constitué par l’échange, comme un « grand corps de marchands ». HPE2 – Cours – r.foudi – suite et fin du cours (chapitre 1 bis) : D. Hume –Page 2 sur 6 - 2012/13- Le fonds de travail disponible est donc : le surplus de main d’œuvre au-delà de la main d’œuvre nécessaire à la production des subsistances). C’est la distribution de ce surplus entre activités oeuvrant au bien être des particuliers (manufactures de luxe), et celles destinées au service du Prince (ou public), qui permet la conciliation des intérêts. D’où l’observation générale de Hume : « (…) Commerce et industrie ne sont réellement rien d’autre qu’un stock de travail (…) ». b) « Of Money » : la théorie quantitative de la monnaie (TQM) Les fonctions de la monnaie - D’une part, avec Hume, la confusion de la richesse avec le stock de métaux précieux est définitivement révolue. Sa conception de la monnaie signe en est la cause. Contre les tenants de la thèse de la « monnaie marchandise », Hume définit la monnaie comme une « convention », c’est-à-dire « ce par quoi on commerce » et non ce « pour quoi on commerce ». La monnaie signe (ou convention) a ainsi deux fonctions : mesure de la valeur, et intermédiaire des échanges. Elle est donc neutre. Une citation (absente du doc cours) qui l’illustre le mieux est la suivante : « Là où le numéraire est en très grande abondance, comme une très grande quantité de celuici est nécessaire pour représenter une aussi grande quantité de biens, il ne peut avoir aucun effet, ni en bien ni en mal, si l’on considère la nation en elle-même, pas plus que cela n’en aurait d’opérer une modification sur un livre de comptes si, au lieu de la méthode arabe de notation, qui ne demande qu’un petit nombre de caractères, on faisait usage de la méthode romaine qui en demande beaucoup ». Mais n’étudiant pas la valeur, Hume ne considère pas la troisième fonction, celle de « réserve de valeur » (l’épargne sous toutes ses formes). Aussi adopte t’il une conception subjective de la valeur des biens, déterminée par « les sentiments et les passions de chaque personne ». La TQM et le « paradoxe de Hume » - D’autre part, l’auteur enrichit (théoriquement) la TQM par l’adjonction de variables : l’inflation (∆p) est décomposée en (∆pb) et (∆pw), croissance des prix des biens et du travail. Cette décomposition lui permet de décrire les « effets bénéfiques de l’inflation. « Of money » contient un célèbre passage où l’auteur décrit (en termes de périodes) l’effet bénéfique d’un afflux d’or aux mains de négociants, qui est progressivement diffusé par la dépense dans l’économie, de classes en classes. La croissance générale des prix des biens et du travail, qui en est le terme et l’extinction, a néanmoins permis de dynamiser l’économie (emploi, revenus, dépense, épargne etc..) dans ce que Hume appelle « la période intermédiaire ». Ce phénomène connu en économie sous l’appellation « le paradoxe de Hume », est l’équivalent du « money flush » de Vanderlint. - Toutefois, comme Vanderlint il demeure un critique de la monnaie de crédit. _c) La Théorie de l’équilibre automatique de la balance des comptes (TEABC) Elargissant le principe quantitativiste à l’échelle internationale, comme Vanderlint, Hume en vient à la description (à la manière de Cantillon), du mécanisme d’alternance des phases de croissance (ou de prospérité) et de pauvreté des économies, considérées dans leurs relations mutuelles. Il reformule ainsi la théorie de l’équilibre automatique de la balance des comptes, mais sans considérer explicitement le problème du change. Par conséquent, s’agissant de l’appauvrissement éventuel de l’un des pays, Hume l’impute à la « la mendicité et à la paresse ». C’est que pour lui, l’emploi et l’ardeur au travail HPE2 – Cours – r.foudi – suite et fin du cours (chapitre 1 bis) : D. Hume –Page 3 sur 6 - 2012/13- constituent la véritable richesse d’un pays, et dépendent des « passions humaines » (voir plus haut). Conclusion A cette synthèse des essais économiques de Hume, il conviendrait d’ajouter sa juste conception (avant Smith) de l’intérêt comme part du profit (ou théorie réelle de l’intérêt). Sur cette question, Hume réexpose la thèse de J. Massie (1750). 4- distanciation 1- 2- L’artifice On comprend mieux le discours de Hume, si on le rattache à l’école philosophique à laquelle il appartient : l’école écossaise dite du « sens moral » (Lors Shaftesbury, Sir F. Hutcheson, T. Reid, et l’évêque J. Butler), suivant laquelle les idées de bien et de mal appartiennent à la nature humaine, dotée d’un sens moral. Hume se distancie de cette école (Hutcheson en particulier), et ce faisant de la définition de l’économie par Vanderlint. Pour Hume, la société est un artifice. Elle est une production de la nature, sous ses deux propriétés de nature restrictive et nature frugale (voir le schéma « anthropologie économique plus haut). On sait que pour d’autres auteurs, la nature est unique : soit « prodigue » (chez Rousseau, ou Vanderlint), soit à l’opposé « monstrueuse » (comme chez Diderot). HPE2 – Cours – r.foudi – suite et fin du cours (chapitre 1 bis) : D. Hume –Page 4 sur 6 - 2012/13- L’artifice se conçoit parce que dit Hume : « l’homme est le plus grand ennemi de l’homme » (Hobbes), mais la crainte de maux plus grands encore, l’incite à la préservation de la société ». Elle est une machine artificielle, régie par l’imagination, laquelle est seule à mettre la machine mentale en mouvement, puisque l’empirisme de Hume exclut l’intervention de la Providence (Dieu). Le rejet de toute métaphysique religieuse est radical chez Hume. 3- Le désordre Elle est donc un désordre dans lequel dominent les passions, exprimée par l’individualisme possessif (ou la « passion acquisitive » comme passion « compensatrice »). Une citation résume cet individualisme: « Rien ne peut être plus réel ou ne peut nous intéresser d’avantage que nos propres sentiments de plaisir et de déplaisir et s’ils sont favorables à la vertu et défavorables au vice, rien d’autre n’est requis pour régler notre conduite » (Traité : Section I, P.64). La morale de Hume est pour cela dite hédoniste (calcul égoïste des plaisirs et des peines) et utilitariste (voir glossaire –doc cours 3). En conséquence, tout schéma de type volontariste, celui du Droit Naturel notamment, est ainsi exclu. Ce qui prévaut est « l’habitus » ou « habitude », génératrice d’artifices. L’expression « Ni Dieu, ni Contrat » (que l’on rencontre dans le Document de cours N°3) résume donc bien ces deux refus, et le scepticisme de Hume 4- L’harmonie Toutefois, le phénomène de « sympathie » (qui est aussi un concept source de toutes les distinctions morales) exerce une fonction essentielle. Synonyme de : « attraction », « convergence », il devient celui de « finalité dans le désordre ». Ce qui revient économiquement à postuler « une harmonie involontaire des intérêts », donc la vertu du libre jeu des lois du marché. Cette interprétation ira de Hume à Smith (sous une forme atténuée : « l’harmonie naturelle des intérêts ») jusqu’à Hayek (sous la forme extrême : « l’ordre spontané »). 5- Le scepticisme • • • • Le « corps productif », c’est-à-dire l’économique est ici la seule justification de la société, car il est condition de la survie de l’espèce. Et l’économie politique est cet art visant le plus grand plaisir pour le plus grand nombre. Hume parvient ainsi à introduire dans les sujets moraux la méthode expérimentale (mécanique) de Newton. En conséquence, la société est dégagée de toute intervention de la Providence, donc de l’ainsi nommé « fatras metaphysico-religieux » » (D-P.114). Son « problème » est la régulation des passions, en vue d’assurer son auto-suffisance. A la métaphysique de l’ordre, Hume substitue donc l’histoire naturelle et constate le désordre, dont seuls les artifices (nécessairement individualistes) permettent l’atténuation. Son scepticisme débouche sur une position « a-théorique » relativement à la gestion de l’Economique. Il le conduit naturellement à prôner la modération. Il écrit : HPE2 – Cours – r.foudi – suite et fin du cours (chapitre 1 bis) : D. Hume –Page 5 sur 6 - 2012/13- « La pauvreté des gens du commun est un effet naturel, sinon infaillible de la monarchie absolue ; bien que je doute que le contraire soit toujours vrai et que leur richesse résulte infailliblement de la liberté ». Soit : la monarchie absolue entretient la pauvreté, mais rien ne permet d’assurer que la liberté conduise à la richesse. Conclusion générale La méthode de Hume n’est pas celle de Vanderlint et porte sur le même objet. La transition historique ainsi réalisée infléchit cependant la définition de l’économie politique. Savoir désormais rationnel, dégagé de toute métaphysique, elle a pour objet la conciliation des intérêts individuels (tandis que Vanderlint stratifiait la société) et la réalisation de l’intérêt général (tandis que Vanderlint pensait l’intérêt de l’espèce). • Selon Hume, la fragilité de la nature humaine laisse un doute sur son efficacité. C’est ce scepticisme que l’économie politique, devenue science du possible*, entendra dépasser, en identifiant les lois naturelles de l’accumulation du capital et donc celles du marché, à des lois de la nature. L’œuvre de Hume est donc bien une œuvre de transition et édifie le libéralisme. • L’évolution que Vanderlint appelait de ses vœux semble donc se réaliser. Il écrivait, rappelons le : « comme les principes du commerce, qui m’inspirent, trouvent leur fondement dans la nature des choses, et dans la constitution du monde lui-même, je ne doute pas en effet qu’ils soient susceptibles d’une stricte démonstration ..» (*synonyme de « certitude » cette fois (on ne pouvait mieux élever la connaissance et la pratique du marchand). L’opinion de Marx sur cette évolution en découle. Si le corps productif est « artifice » ou « construction par le marché », alors la science –empirique ou expérimentale- qui l’élabore est nécessairement particulière. Marx le dit en ces termes : Avec les chapitres 3 et 4, nous passons donc à toute autre manière d’appréhender ce corps productif. Celle-ci privilégie, non le marché ou l’échange, mais LA PRODUCTION. Non les prix, mais la VALEUR. HPE2 – Cours – r.foudi – suite et fin du cours (chapitre 1 bis) : D. Hume –Page 6 sur 6 - 2012/13-