Rencontres franco-italiennes

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Le laboratoire Espaces et SOciétés (ESO-UMR 6590 CNRS) participe à
l’organisation des rencontres franco-italiennes de géographie sociale depuis
2008. Ces rencontres nourrissent l’axe transversal du projet scientifique d’ESO
« De la dimension spatiale des sociétés ». Elles ouvrent à « Penser,
questionner, enseigner la dimension spatiale des rapports à soi et aux autres ».
(projet ESO 2012-2016)
Après Parme en 2008, Naples en 2009, Caen en 2010, Rome en 2011,
Edition 2012 des rencontres franco-italiennes
de géographie sociale à Nantes
Des groupes à l’individu ?
Le format des rencontres mêle des interventions ciblées avec une large place
faite à nos collègues italiens et des temps de débats. Le choix d’une assemblée
restreinte a été favorisé. Il reste vingt places pour un public souhaitant
débattre et écouter.
L’inscription à ces journées est possible dès maintenant, les frais d’inscription
sont réduits, ils comprennent les frais de restauration du midi et les pauses
café. Le chèque doit être libellé à l’ordre de l’agent comptable de l’Université
de Nantes.
Pour s’inscrire : [email protected]
Ces rencontres se déroulent sur le campus de Lettres (Tertre) de l’Université de
Nantes dans le bâtiment de l’Institut de Géographie (IGARUN).
Géographie sociale : des groupes à l'individu. Théories et méthodes
5e rencontres franco italiennes de géographie sociale
Colloque international
Université de Nantes
Les 28, 29, 30 mars 2012
Dans un passé assez récent, on pouvait opposer de manière assez caricaturale une
géographie sociale, marxiste, holistique, structuraliste et privilégiant l’étude des espaces
sous l’influence des groupes sociaux (habitants d’un pays, d’une région, d’une ville, d’un
quartier) à une géographie culturelle donnant une place majeure à l’individu. Si aujourd’hui
cette distinction n’existe plus de manière aussi claire, de plus en plus de géographes
revendiquent une géographie à la fois sociale et le culturelle, la géographie dans son
ensemble reste néanmoins encore traversée par ces deux tendances, avec des nuances plus
ou moins importantes selon les auteurs. Le regard des chercheurs se renouvelle sous l’effet
des évolutions sociales. Face à des sociétés de plus en plus qualifiées comme étant
individualistes, la géographie sociale ne pourrait plus faire l’économie de l’analyse des
pratiques, inscriptions, marques spatiales des individus, pas plus d’ailleurs que les
aménageurs et les élus. De nouvelles méthodes seraient nécessaires pour saisir ces
changements.
Individualité, individualisme, individualisation sont des mots devenus très présents dans le
monde de la recherche en sciences sociales, tout autant qu’au sein des administrations
publiques. Que signifie l’apparition de nouvelles catégories impliquant les individus dans le
langage courant et dans les discours des élus ou des aménageurs : habitants, citoyens,
voisins, jeunes, seniors, handicapés, éco-citoyens, autoentrepeneurs, précaires etc. ? Parle ton d’individu ou de groupes ? Comment se situer entre individualité et appartenances
multiples ? Les pratiques de l’espace sont-elles modifiées ? Quels individus sont
instrumentalisés au service de projets d’aménagement ou de programmes d’intervention
sociale ? Aujourd’hui, est-il plus pertinent de parler de l’individu ou des individus ? Quel est
l’intérêt à utiliser les termes d’individualité, d’individualisme ou encore d’individualisation en
géographie ? Et d’individualisme sociétal ? Convient-il d’étudier les individus vus par euxmêmes, par les institutions ou vus par les groupes ?
L’individu semble s’imposer : s’agit-il d’un effet de discours ou d’un changement majeur de
méthodes et d’outils. Cet individu comment saisir sa parole, ses gestes et ses actes, dans une
perspective géographique, quelles paroles, quels gestes, quels actes ? Comment monter en
généralité à partir de cas singulier ? Existe-t-il d’autres manières de faire que d’utiliser les
figures archétypiques ? Quels sont aujourd’hui les défis méthodologiques posés aux
géographes pour prendre en compte l’individu ? Doit-on emprunter à d’autres disciplines ?
Faut-il privilégier les récits de vie, les approches biographiques, les groupes de discussion ou
encore l’analyse des images, des sons ou des odeurs ? Quelles innovations méthodologiques
imaginer pour mieux cerner le rôle de l’individu dans les changements géographiques et
dans une perspective de recherche-action ?
La montée annoncée de l’individualisme amène-t-elle à reconsidérer la manière dont
l’espace est produit, transformé et représenté ? L’apparente dissolution de certaines classes
sociales signifie-t-elle une moindre importance des entités collectives et de leurs rôles quant
à l’évolution de l’espace ? Dans les sociétés modernes occidentales, la culture individualiste
qui prône le « je » ou le « moi » induit-elle de nouveaux rapports aux espaces
géographiques ? Le passage, supposé, d’une société organisée en communauté à une
société des individus signifie par ailleurs une émancipation par rapport aux rigidités et
coercitions inhérentes aux sujets ou personnes auparavant assujetties. Quelles en sont les
conséquences spatiales ? Quels sont les droits des individus dans leurs stratégies ou tout au
moins dans leurs pratiques spatiales ? Faut-il sortir de l’opposition entre groupes et individu
pour arriver à mieux comprendre l’espace ? Et si oui, quelles postures théoriques, quelles
théories sociales et postulats doit-on retenir ? Enfin que signifie la promotion de l’individu
dans une société : quelles inégalités sociales, quels enjeux sociaux et de pouvoir cela révèlet-il ?
Pendant longtemps, beaucoup de géographes ne se sont pas intéressés à la notion d’individu
partant du principe que la géographie, discipline de synthèse, avait pour objectif de
généraliser et de fournir un cadre d’interprétation global des sociétés ou des espaces pour la
géographie générale qui ignorait les sociétés. L’étude de l’individu relevait d’autres
disciplines avec lesquelles il convenait de se distinguer clairement : sociologie, psychologie,
anthropologie, ethnologie. La position est particulièrement claire dans l’approche
quantitative où l’individu est un élément d’agrégat ou d’une population statistique. On
cherche à réunir des individus en fonction de similitudes : âge, sexe, profession, revenus, etc.
Pour l’approche qualitative, dans un tel contexte, l’étude des organisations collectives
suffisait à rendre compte des modifications spatiales ; un individu, seul, n’ayant pas de
pouvoir de transformation de l’espace. Les termes d’acteurs et d’agents désignent alors des
types ou catégories d’individus.
Ces changements signifient-t-ils qu’il ne faut plus faire cas des groupes ? Comment
s’articulent les travaux faisant coexister approches par les individus et par les groupes
sociaux ? La géographie des groupes sociaux existe-t-elle encore ? Comment ces groupes
sont-ils construits ? S’agit-il d’une objectivisation de la part des chercheurs (tels que les
professions et catégories sociales) ou des praticiens de l’aménagement qui identifient des
populations cibles appelées populations spécifiques pour leurs dispositifs ; ainsi en est-il
dans les programmes locaux de l’habitat qui désignent les seniors, les jeunes, les handicapés,
les ménages les plus modestes. Ou ces groupes sont-ils construits par les individus euxmêmes dans des contextes d’action, souvent conflictuels ?
Par ailleurs le terme de groupe désigne indifféremment des contours de taille restreinte
(famille, groupe de camarades, voisinage, etc.) où s’exercent des liens affectifs et un
sentiment d’appartenance à une totalité, ou plus importante tels que les partis politiques,
syndicats, associations, soit des groupes où les interactions se constituent dans l’action. Une
distinction entre groupe d’appartenance et de pairs et groupe de référence (groupe auquel
des individus se réfèrent sans lui appartenir en adoptant des comportements ou valeurs qui
leur servent de modèle normatif) complète ces éléments de précision. On comprend dans
ces conditions qu’un individu peut appartenir à plusieurs groupes, ce qui ne facilite pas
l’analyse des liens entre individu, groupe et espace géographique.
Le comité d’organisation : Isabelle Garat, Béatrice Chaudet, Claire Guiu, Sophie Vernicos
Rencontres franco-italiennes de géographie sociale
PROGRAMME
28-30 mars 2012
ESO - UMR 6590 CNRS – Université de Nantes
Mercredi 28 mars 2012 – 14h-18h
Isabelle Dumont Propos introductif sur les rencontres franco-italiennes
Equipe d’organisation du colloque, Points sur l’organisation matérielle
Individus et groupes en géographie sociale : nouveaux enjeux et perspectives ?
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Egidio Dansero, Université de Turin, Individui e nuovi movimenti sociali. Nuove geografie sociali
e politiche
Guy Di Méo, Université de Bordeaux 3, Quelle place pour l’individu en géographie sociale ?
Robert Hérin, Université de Caen, Individus, groupes, classes sociales : quelles entrées par la
geographie sociale ?
Raymonde Séchet, Université de Rennes 2, Géographies sociales anglo-saxonnes (sous réserve
de disponibilité)
Jeudi 29 mars 2012, 9h-12h
Les quartiers et périphéries de la ville : espaces de réseaux et d’identifications
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Fabio Amato, Université L’Orientale de Naples, Les frontières socio économiques dans les
périphéries urbaines, le cas de Scampia (Naples)
Isabelle Dumont, Claudio Cerreti, Université de Rome, Migrations de retour,
"communauté", territoires de substitution. Une proposition d'interprétation à partir d'un
secteur de la périphérie romaine ».
Nicolas Bautes et Marluci Menezes, Université de Caen et Université de Lisbonne,
Différents, semblables, mêlés : réflexion sur les individus, leurs rapports à l’espace urbain et
leurs représentations de la vie sociale
14h-17h
Nouveaux collectifs et reconfigurations de l’espace public
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Sophie Vernicos Université de Nantes, Face à la crise, mobiliser les rues et les places
Massimiliano Tabussi, Université de Sienne, L'espace est (ou peut devenir) une « arme »
sociale?
Valentina Albanese, Université de Parme, La reazione individualista allo spazio web: la
rinascita degli spazi pubblici
Alexandro Mengozzi, Université de Bologne, Lʼapplicazione dei concetti di
individuo/moltitudine, autorità e attore/i alla politica della partecipazione democratica
17h30-19h
L’entrée en politique du sensible et de la subjectivité : recompositions de l’action
publique
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Fabio Pollice, Université del Salento, Naples, Subjectivité territoriale et planification
stratégique
Guillaume Faburel, Université Paris-Est Créteil Val de Marne, Compétences et savoirs
habitants
Vendredi 30 mars 2012, 9h-12h30
Méthodes d’appréhension des individus et des groupes
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Geneviève Pierre, Université d’Angers, L’agriculteur, acteur central des projets d’autonomie
agricole, entre choix de vie, choix professionnel, et inscription dans des projets collectifs
et/ou de territoire
Charles Suaud, Université de Nantes, L’espace social, voie d’accès à la pratique individuelle.
Le cas de l’espace des sports
Marina Marengo, Université de Sienne, La géographie sur le terrain ou le terrain de la
géographie? Quelques réflexions sur les méthodes et le rôle du chercheur dans la
recherche aujourd'hui
Lina Calendra Université l’Aquila, La spatialisation des pratiques individuelles: enjeux et
difficultés pour une communication cartographique
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