les cahier du bat mai 2012 Taille

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CHANTIER PREMIÈRE MISE EN ŒUVRE
ENVELOPPE
Du béton isolant structure
un ensemble de logements
Conjuguant performances thermiques
et structurelles, le béton de nouvelle
génération Thermedia 0.6 de Lafarge
a été choisi pour l’enveloppe d’un
immeuble dont les façades en porte-àfaux rendaient problématique la pose
de rupteurs de ponts thermiques.
D
Façade ITI sans rupteurs
thermiques
Sa formulation à base de billes expansées
d’argile, ponce et schiste, lui confère une
faible densité (1,4 t/m3 contre 2,4 t/m3 pour
un béton courant) et divise sa conductivité
thermique par trois par rapport à un béton standard (coefficient de conductivité thermique λ
de 0,54 W/m.k). Il n’en conserve pas moins une
résistance mécanique honorable de 25 MPa.
Permettant de répondre aux contraintes du projet, cette solution a été validée par le BET AB
Ingénierie en août 2011, alors que le Thermedia
0.6 était tout juste commercialisé et que le
chantier était sur le point de démarrer. Arrivé
in extremis, ce matériau aura finalement (•••)
N° 315 MAI 2012 • LES CAHIERS TECHNIQUES DU BÂTIMENT
(Doc.H-A Ségalen/Lafarge
ans le cadre d’un chantier de rénovation urbaine situé à Avrillé, en
périphérie d’Angers (49), trois bâtiments de logements collectifs en R+3
sont en cours de construction. Initialement, le
projet avait été envisagé de manière traditionnelle, avec un système constructif en béton
banché classique, une isolation thermique par
l’intérieur et des rupteurs de pont thermique
sur les linéaires voiles/voiles et voiles/planchers
pour répondre à la RT 2005.
Cette solution classique s’est cependant révélée
inadaptée pour l’un des trois bâtiments, du fait
de ses façades en porte-à-faux dès le premier
étage. Le ferraillage très important, nécessaire à
la réalisation de ces porte-à-faux – 100 tonnes
d’acier – présageait une pose des rupteurs longue
et compliquée. Devant ces futures difficultés,
l’entreprise Bonnel en charge du gros œuvre
a proposé aux maîtres d’œuvre et d’ouvrage
d’avoir recours au béton isolant Thermedia 0.6.
Développé dans le cadre d’un partenariat entre
Lafarge et Bouygues Construction – qui en a
détenu l’exclusivité d’utilisation pendant deux
ans – le Thermedia 0.6 est un béton thermique et
structurel spécialement destiné aux applications
en voile de façade.
Les 3 points clés
1. Le Thermedia 0.6. permet de réaliser des façades thermiquement performantes,
sans utilisation de rupteurs de ponts thermiques. D’où une simplification de mise en
œuvre et un gain de temps sur chantier.
2. Ses propriétés isolantes (λ de 0,54 W/m.k contre 1,6 pour un béton standard)
réduisent de 35 % les ponts thermiques aux liaisons entre façades et planchers et voiles
intérieurs.
3. Sa formulation à base de billes de matériaux naturels expansés le rend trois fois
plus léger (1,4 t/m3) qu’un béton standard. Une légèreté qui peut être mise à profit pour
réduire les fondations et le ferraillage d’un bâtiment.
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CHANTIER PREMIÈRE MISE EN ŒUVRE
(•••) permis de supprimer tous les rupteurs
de ponts thermiques hormis ceux des balcons.
Seuls quelques ajustements mineurs auront
été nécessaires afin de répondre correctement
à la réglementation thermique. En effet, alors
que les rupteurs de pont thermique présentent un coefficient de transmission linéaire ψ
de 0,28 W/m.k, le béton Thermedia 0.6 affiche
un ψ de 0,6 W/m.k. Pour compenser cette différence, la porte d’entrée du bâtiment prévue
initialement avec une résistance thermique
de 4,8 m².K/W et un simple vitrage, a été remplacée par une porte au R de 5,8 m².K/W.
Gain de temps sur chantier
Cette simple modification a permis de corriger
l’écart de déperdition thermique générée par
le changement et de retrouver le Ubat original, inférieur de 20 % à l’Ubat de référence
(0,644 W/m².K), les logements étant conçus
pour correspondre à la norme THPE.
Le système d’isolation par l’intérieur prévu à
l’origine n’a donc pas eu besoin d’être modifié.
Ainsi, le voile de béton de 18 cm d’épaisseur
est doublé d’un complexe 10+1 (10 cm de PSE
sous une plaque de plâtre) au R de 4,8 m².K/W.
En revanche, l’utilisation du Thermedia 0.6 a eu
un impact non-négligeable sur le déroulement
du chantier, puisqu’il a apporté gain de temps
et gain de productivité. S’il est innovant par
ses performances thermiques, il n’en reste pas
moins un béton fluide prêt à l’emploi, à mise
en œuvre traditionnelle. Le fait de remplacer
les rupteurs thermiques par ce béton aura fait
gagner une cinquantaine d’heures de travail par
plancher, soit environ 200 heures sur le temps
total de chantier. Un intérêt indéniable pour les
modes constructifs à isolation thermique par
l’intérieur, qui représentent aujourd’hui 90%
des logements collectifs construits en France.
Autre avantage, son faible poids, qui permet
la réalisation de façades légères, et donc la
réduction des dimensions des fondations et
armatures. N’ayant pu être mis à profit à Avrillé
à cause de l’élection tardive de la solution, cet
aspect sera à prendre en compte pour de prochains chantiers. o M.P.
L’EXPERT A
B
C
Logements
collectifs, Avrillé (49)
NATURE DU CHANTIER MAÎTRISE D’OUVRAGE LogiOuest (49)
MAÎTRISE D’ŒUVRE Cabinet Rolland
et associés (62)
ENTREPRISES GO SARL Bonnel (49)
BUREAU D’ÉTUDES TECHNIQUES BET AB Ingénierie (49)
A Les porte-à-faux des façades ont décidé l’entreprise
Bonnel à avoir recours au Thermedia 0.6. Une solution
qui a permis d’éviter la pose délicate des rupteurs et
d’accélérer le chantier. (Doc. M.P.)
B Fabriqué en centrale, le Thermedia 0.6 est livré sur
chantier prêt à l’emploi et ne demande pas d’adaptation
des méthodes constructives. Fluide, il se coule et se
vibre comme un béton classique. (Doc. H-A Ségalen/Lafarge.)
C 160 m3 de béton isolant Thermedia 0.6 ont été
utilisés pour les voiles de façade du chantier. Murs de
refends et dalles ont été réalisés en béton classique ou
Agilia de Lafarge. (Doc. H-A Ségalen/Lafarge.)
RENAUD BONNEL, gérant de l’entreprise Bonnel
« Une solution intéressante se substituant aux rupteurs »
l’arrivée de la RT 2012 et du BBC,
«les Avec
contraintes liées aux rupteurs de
ponts thermiques se sont multipliées.
Avant, nous n’en posions que sur les
balcons. Désormais, tous les linéaires
de voiles et de planchers sont concernés.
En raison des porte-à-faux présents sur
les trois bâtiments (A, B et C) de ce
projet, la mise en œuvre des rupteurs
s’avérait compliquée, avec des phases de
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coulage et de reprise de béton délicates.
Le Thermedia, arrivé sur le marché en
juillet 2011, nous a paru très intéressant
pour nous affranchir des rupteurs sur ce
chantier. Mais le timing était très serré.
Le chantier étant déjà en phase de
démarrage, la solution n’a pu être validée
que pour le bâtiment A. En effet, ce
dernier a juste nécessité un changement
de porte d’entrée, alors que pour les
bâtiments B et C, le BET demandait la
modification du système d’ITI, afin de
corriger l’écart de déperdition thermique
et retrouver un Ubat réglementaire. Le
manque de temps nous a empêchés de
trouver d’autres solutions d’ajustement.
Mais ce temps a été largement gagné
sur la construction du bâtiment A,
qui avance plus vite que celle
des bâtiments B et C. »
N° 315 MAI 2012 • LES CAHIERS TECHNIQUES DU BÂTIMENT
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