HT4.C2 : LE PROJET D’UNE EUROPE POLITIQUE DEPUIS LE CONGRES DE LA HAYE (1948) Introduction : En 1945, l’Europe est en partie détruite, ruinée financièrement et divisée politiquement entre les deux superpuissances (Etats-Unis/URSS) concluant ainsi tristement des siècles de rivalités entre ces puissantes nations. L’Après-guerre est perçu, du moins à l’Ouest, comme étant une période de renouveau où la construction d’une Europe sûre et pacifiée serait un des gages fondamentaux de la stabilité mondiale. Comment les dirigeants européens vont engager leur nation dans un processus d’union régionale sans précédent ? Nous verrons que cette coopération se fera progressivement et ce, en trois étapes. Tout d’abord, entre le Congrès de La Haye et le Traité de Rome, les pouvoirs européens se mettent d’accord sur les principes de base de cette alliance politico-économique. Ensuite, la C.E.E. (Communauté Economique Européenne) tentera d’harmoniser les échanges intracommunautaires pour permettre l’élaboration d’un projet beaucoup plus globalisant et ambitieux : l’Union Européenne. * * * I- LES FONDEMENTS DE LA CONSTRUCTION EUROPEENNE (1948-1957) A) L’espoir de paix. Mai 1948 : Congrès de la La Haye = rassemblant des centaines d’associations pour l’unification européenne – l’idée des « Etats-Unis d’Europe » (évoqué par Victor Hugo et repris par Churchill lors de son discours de Zurich en 1946) commence à vouloir trouver une réelle signification. Churchill, en tant que président d’honneur, participe à cette réunion d’hommes politiques et d’intellectuels. Ces personnalités sont le plus souvent issues de la « Démocratie chrétienne » (plutôt de centre-droit) voulant une 3ème voie entre capitalisme et socialisme ou de la Social-Démocratie (plutôt de centre-gauche) voulant par cette construction européenne plus de progrès sociaux. Couple franco-allemand = moteur de la construction et de l’union. La RFA est créée en 1949. Cet état allemand et la France se réconcilient très officiellement lors du traité de l’Elysée (1963) entre De Gaulle et Konrad Adenauer (chancelier de l’époque). En parallèle, Robert Schuman déclare « L’Europe ne se fera pas d’un coup » en 1950, démontrant bien que ce projet ne sera pas si facile à mettre en place que cela. Néanmoins, cette construction se fera dans un cadre démocratique. On rentre ici 1 en rupture avec le déterminisme de ces deux puissances sous Louis XIV, Napoléon ou encore Hitler à vouloir créer une même et seule Europe. Déjà deux tendances politiques au sein de cette nouvelle Europe qui n’est pas encore créée officiellement : unionistes et fédéralistes. L’Unionisme souhaite créer une « Europe des Nations » (coopération économique mais sauvegarde des postes régaliens). Le Fédéralisme veut, petit à petit,un transfert de souveraineté de chaque état vers des institutions centralisées et communes (ce sont des supranationalistes). Le 5 mai 1949, création du Conseil de l’Europe (10 états dont R-U) : c’est une assemblée consultative sous autorité des ministres des affaires étrangères de 10 états. Ils rédigent la convention européenne des droits de l’Homme (1950), trouvent un drapeau (bleu aux 12 étoiles jaunes) et un hymne (9ème symphonie de Beethoven). La même année, la Cour européenne des droits de l’Homme est établie et surveille si les principes sont bien respectés chez les états membres. B) Le soutien américain. Nous sommes dans un contexte de Guerre froide. L’Europe de l’Ouest vit sous la menace des « chars de l’Armée rouge »placés de l’autre côté du « Rideau de fer ». Les Etats-Unis soutiennent et protègent ces pays qu’ils ont libérés entre 1943 et 1945. En 1947, le plan Marshall scelle cette coopération au niveau économique. Les pays de l’Est le refuse ce qui montre bien que la Reconstruction est politisée. Les pays européens signataires du Plan Marshall forment l’OECE (Organisation Européenne de Coopération Economique) : c’est l’embryon de la collaboration économique européenne. « Menace rouge » ou « red scare » : coup de Prague en 1948 + blocus de Berlin (4849) incitent à une politique commune de défense. 1ère réponse : OTAN en 1949 (10 pays européens + USA, CND + Grèce et Turquie en 1950 + RFA en 1955). Parallèlement, les premières institutions européennes tentent de former une armée européenne : c’est le projet de la CED (= Communauté Européenne de Défense), d’inspiration gouvernementale française. Entre 1951 et 1954, de nombreux débats, souvent tendus en France, concernent ce projet « atlantiste » (alignement militaire sur les Etats-Unis) Le PCF (contexte de Guerre froide) et les Gaullistes (perte des souverainetés) s’y opposent. C) Les premières mesures. CECA (1951) : Jean Monnet (Français, Commissaire au plan) et Robert Schuman (ministre des Affaires Etrangères français) veulent une intégration des productions franco-allemandeset contactent le chancelier Konrad Adenauer. Ce projet concerne, tout d’abord, que le charbon et d’acier (matières premières pour la Reconstruction). 2 Ces contacts aboutissent à la signature du traité de Paris avec l’Italie de Gasperiet Paul-Henri Spaak (1er ministre belge) pour le Bénélux= union économique créée en 1944 entre la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. C’est la première structure supranationale de la future CEE et Union européenne. En même temps, une Cour de Justice (pour régler les litiges entre les pays signataires) est mise sur pied. Le prochain objectif est l’installation d’un marché commun. Ce nouveau projet, pas assez unioniste, provoque le retrait du Royaume-Uni. CED : début des votes aux assemblées en 1952. Alors que les autres partenaires européens (RFA comprise) ont accepté le projet, la France la rejette après un vote négatif du Parlement le 30 août 1954 (la peur d’un réarmement de l’Allemagne y est pour beaucoup … rappelons-nous que nous ne sommes qu’en 1954 !). La construction est bloquée pour la première fois. En 1955, la conférence de Messine (Sicile) réunit les ministres des Affaires Etrangères des 6 pays partenaires et se mettent d’accord pour le lancement d’un projet de coopération économique à plus grande échelle : la CEE. II- LA C.E.E. : UNE UNION DES NATIONS EUROPEENNES (1957-1992) A) Une union économique qui s’institutionnalise. Le 25 mars 1957 : signature du traité de Rome = créations de la CEE (Communauté Economique Européenne) et de la CEEA (Communauté Européenne de l’Energie libéralisme des accords du GATT (1947) Principes démocratique et décentralisateur : séparation des pouvoirs (Parlement : pouvoir législatif, Commission : pouvoir exécutif, Cour de Justice : pouvoir judiciaire) + séparation spatiale : Bruxelles = Commission (propose les projets aux conseils des ministres des pays membres qui décident ou pas de l’application), Parlement à Strasbourg (au départ juste consultatif : donne son avis), Cour de justice européenne à La Haye (veille au respect des traités) « L’Europe des 6 » : but = marché commun pour le 1er janvier 1968 (plus aucune barrière douanière pour les produits agricoles et industriels). Les échanges entre ces 6 pays avaient déjà quadruplé depuis 1958. En même temps, la création du FSE (Fonds Social Européen) en 1958 vise à lutter contre les problèmes sociaux, notamment le chômage, dans une période de presque plein-emploi (nous sommes au cœur des « 30 Glorieuses ») B) Les premières réalisations, les premiers compromis ? PAC (Politique Agricole Commune en 1962) : modernisation & productivité pour autosuffisance alimentaire de la CEE et pouvoir exporter (gains financiers et pourquoi 3 poids politiques = food power)pour concurrencer les Etats-Unis alors 1ère puissance agricole (et toujours actuellement). Le projet « Euratom »vise aussi à réduire la dépendance énergétique vis-à-vis des énergies souterraines en faisant la promotion de l’énergie nucléaire. Avec l’arrivée de De Gaulle au pouvoir en France, le projet Euratom sera plus ou moins malmené car le chef de l’état français veut développer par lui-même le nucléaire militaire français pour la France garde son leadership en la matière. La France gaullienne : un ralentissement dans la construction européenne ? Le général De Gaulle a toujours été pour une Europe des états (unionisme) du moment que cela profite à la France. Il est donc très opposé à la vision fédéraliste de certains hauts fonctionnaires européens de l’époque. En 1965, il pratique « la politique de la chaise vide » (= paralysie d’une institution pour faire pression dans les négociations pour avoir ou garder une meilleure place). Ici, il s’agit de protester contre le projet de modifier la façon de voter dans la CEE (passer de l’unanimité à la majorité qualifiée). En 1966, c’est le « compromis du Luxembourg » = unanimité est obligatoire sur les « gra de l’Elysée, De Gaulle montre de la bonne volonté vis-à-vis du « couple francoallemand ». Partisan de cette alliance, le chef d’état français est conscient que la construction européenne passe par cette coopération. Il n’est donc pas contre le projet d’union économique … du moment que cela profite à la France ! D’un point de vue purement diplomatique, De Gaulle refuse à deux reprises l’entrée du Royaume-Uni en 1963 et 1967 en utilisant son droit de veto. Il jugeait la Grande-Bretagne « trop atlantiste » à son goût. Son successeur, G. Pompidou, ne fera plus barrage (1973 : entrée du R-U, de l’Irlande et du Danemark) Face à la crise des années 70 : après la remise en cause des accords de BrettonWoods par Nixon (15/08/1971), c’est la création du« Serpent monétaire européen » (1971) qui se transforme en Système monétaire européen en 1979. A cette date, il existe désormais une monnaie de compte commune facilitant ainsi les échanges interétatiques dans la zone : c’est l’ECU : EuropeanCurrency Unit). Cette décennie montre également les limites de la CECA face aux fermetures en chaine des industries métallurgiques européennes et des mines de charbon. Les limites de la PAC sont aussi révélées (surproduction = invendus = endettement et gaspillage). La politique agricole des pays de « l’Europe des 9 » (surtout la France) sera malmenée par l’arrivée de la Grèce (1981) puis de l’Espagne et du Portugal (1986). Pays agricoles, leurs produits concurrencent fortement les productions françaises surtout que leur arrivée dans la CEE avait des raisons beaucoupplus symboliques qu’économiques (fin des dictatures, alors qu’ils ne répondaient pas encore aux critères économiques). En 1975, pour reconvertir les régions européennes en difficulté, la CEE créée la FEDER (Fonds 4 Européen de Développement Economique et Régional). Cette nouvelle institution est ouvertement critiquée par la Grande-Bretagne : c’est le début de « l’europessimisme » dans ce pays et puissance. C) Vers une Europe politique ? Changement de contexte : Guerre froide qui se termine (bloc soviétique en grande européenne vers l’Est ? autonomie par rapport aux Etats-Unis ?Deux bonnes questions que les hauts fonctionnaires européens et les chefs d’état des pays membres se posent à la fin des 80’s. Au début des années 90’s, la Mondialisation est en marche. Il se pose donc également le dilemme suivant : protectionnisme et préférence communautaire (notamment pour la PAC) ou ouverture au Monde ? Face à tous ces questionnements, certains pays membres ou d’autres voulant y entrer hésitent et rejettent certaines initiatives. Refus du Royaume-Uni de Margaret Thatcher et du Danemark d’abandonner leur monnaie,deuxième refus norvégien pour l’entrée de ce pays dans la CEE. Les eurosceptiques et souverainistes semblent gagner du terrain. Depuis 1979, les eurodéputés sont éligibles et en 1992, la campagne, en France, pour la signature ou non du traité de Maastricht bat son plein. Le traité est accepté de justesse après un référendum (51% pour le « oui »), les danois doivent voter deux fois pour qu’ils acceptent finalement le traité transformant la CEE en Union européenne, dès le 1er janvier 1993. A partir de 1974, le Conseil européen (chefs d’état et de gouvernement) se réunit 3 fois par an. En 1979, le Parlement s’ouvre au suffrage universel direct dans tous les pays, à la même date. En 1986, la Commission avec à sa tête de Français Jacques Delors met en place « l’Acte unique européen » pour créer une « fédération d’EtatsNations ». Ce texte pose les bases de l’acceptation par les membres de la CEE du Traité de Maastricht avant 1992 pour créer un véritable « Marché unique » sans frontière interne le 1er janvier 1993 (libres circulation des hommes, marchandises, services et capitaux). En même temps, les accords de Schengen (signés en 1985, appliqués en 1995) facilitent la libre-circulation des personnes dans les états membres. III- L’U.E. : VERS UNE SUPRANATIONALITE ? (1993 A NOS JOURS) A) « L’Europe de Maastricht » Principes : Le couple franco-allemand reste un moteur important et les idéologies des « pères-fondateurs » sont respectées : capitalisme, libéralisme, démocratie, parlementarisme. Avec la signature de l’Acte unique européen (1986, effectif en juillet 5 1987), le rédacteur de ce texte administratif et fondateur, Jacques Delors, place « 4 libertés » supranationales comme objectifs : libre circulation des marchandises et des biens (plus de droit de douane depuis 1968), des personnes (travailleurs depuis 1968), des capitaux & la libre prestation) Objectifs : élaboration d’une union économique et monétaire avec une monnaie unique, l’euro (création 1999, mise en circulation 2002) + mise en place d’une citoyenneté européenne. Les accords de Schengen (1995) : libre circulation des personnes dans certains états-membres (mais pas au Royaume-Uni), ou non (comme Norvège, Islande) Ratification démocratique : Le 7 février 1992, début des signatures du traité de Maastricht par les états membres après un vote (référendum comme en France ou par voie parlementaire comme en Allemagne). La CEE va devenir officiellement l’UE. Une monnaie unique sera créée et obligera donc le transfert de certaines souverainetés vers la BCE (Banque Centrale Européenne). Les états membres s’engagent à respecter les critères c’est-à-dire, entre autres, ne pas dépasser un taux d’endettement de 60% par rapport à son PIB et de réduire le déficit public à 3% du PIB. Le texte permet également la mise en place d’une citoyenneté européenne ainsi que de la création de la PESC : Politique Etrangère et de Sécurité extérieure Commune dès 1999.En 2002, la mise en circulation de l’euro ne concerne pas la Grande-Bretagne, le Danemark et la Suède, ne voulant perdre cette partie importante de leur souveraineté. B) Elargissement ou approfondissement : le défis européen. Une nouvelle Europe : avec la chute du Mur (1989) et la fin de l’URSS (1991), l’élargissement des PECO (Pays d’Europe Centrale et Orientale) est devenu possible. Pour les hauts fonctionnaires européens et les chefs d’état des pays membres, c’est même devenu impératif ! En 1995, le 1er élargissement post-Guerre Froide permet l’entrée de pays neutres ayant de forts potentiels économiques comme l’Autriche, la Suède et la Finlande. En 2004, dix pays dont 8 PECO rejoignent l’UE puis, en 2007, c’est au tour de la Roumanie et de la Bulgarie (aux économies beaucoup plus faibles). Croatie et Monténégro en 2014 ? N’oublions pas que le Monténégro utilise déjà l’euro et à abandonner sa monnaie nationale. Quand à la Turquie, son entrée n’est plus d’actualité. La France et l’Allemagne ayant préféré mettre en place avec cette puissance du Proche-Orient un partenariat économique. Avec l’arrivée de tous ces états et les difficultés grandissantes, une majorité des citoyens européens émettent des doutes sur l’efficacité à 27 pays. 31% des Européens ont une opinion positive de l’UE en 2011. L’arrivée des PECO a permis la hausse de la demande pour les entreprises « de l’Ouest », mais les délocalisations à l’intérieur de l’UE ont provoqué une certaine désindustrialisation dans certains secteurs d’activités (automobiles notamment) Les 6 institutions devinrent alors inadaptées ou débordées par ce nouveau contexte et certaines conséquences négatives de ces entrées.Le traité de Nice (2001) permet de faire fonctionner provisoirement l’UE en attendant la rédaction d’un traité constitutionnel. Valéry Giscard d’Estaing et son équipe se mettent donc au travail ! En octobre 2004, 16 pays sur les 27 membres l’ont ratifié. En 2005, la France et les PaysBas (deux acteurs historiques de la construction européenne) rejettent par référendum ce projet de constitution (à 55% en France). Le Royaume-Uni annule alors le référendum prévu. Irlande refuse également plusieurs fois avant que le vote soit positif. Y a-t-il divorce entre les technocrates européens et les citoyens ?Evitant les référendums, la constitution, légèrement modifié, est représentée en 2007 et sera acceptée par les assemblées plutôt que par voie référendaire. Traité de Lisbonne (2007) : A partir de cette acceptation, il y aura un Conseil européen avec un Président élu pour 2 ans et demi (aujourd’hui Hermann Van Rompuy). Le Parlement de Strasbourgse verra renforcé aux dépends de la Commission (réduite de 27 à 9 membres, président Manuel Barroso depuis 2004). En ce qui concerne la PESC (politique étrangère de l’UE), elle est représentée par un « haut représentant de l’UE pour les Aff. étrangères : Catherine Ashton (depuis 2009). L’Europe politique est possible, l’Europe militaire reste encore une utopie : aucune action militaire commune en Bosnie dans les années 90, ni en Irak en 2003 (France, Allemagne, Belgique contre l’intervention américaine, GB, Italie, Espagne pour)De plus l’Eurocorps qui regroupe, en théorie, 60.000 hommes et présent en Afghanistan, n’a aucun commandement centralisé. C’est au bon vouloir des états en présence. P.ex : retrait des forces françaises d’Afghanistan courant 2013 alors que d’autres partenaires européens restent. C) L’UE en crise. La crise financière en 2008 révèle les faiblesses de certains partenaires de l’UE comme l’Irlande ou de la Grèce dans un premier temps. Avec la « crise de la dette souveraine », à partir de 2010, les pays européens comme la Grèce, l’Irlande, le bancaire de 2013) et dans une qu’il existe, en fait,une Europe à deux vitesses. Une crise ouverte éclate entre deux visions : la française (aider les pays en difficulté) et l’allemande (ne pas s’endetter à cause d’une mauvaise gestion d’un pays tiers) Sarkozy/Merkel puis Hollande/Merkel trouvèrent enfin un accord avec la mise en place d’un fond d’intervention où une aide est possible sous condition qu’il respecte une « cure d’austérité » engendrant souvent des manifestations plus ou moins pacifiques dans les pays devant s’y conformer. Il n’y a donc pas de gouvernement économique commun actuellement. Le FESF (Fonds 7 Européen de Stabilité Financière) a été refusépar les Anglais. De plus, les « petits pays » voient le renforcement de la France et surtout de l’Allemagne avec inquiétude. De trop nombreuses disputes internes : le cas anglais (pour une union économique mais pas politique et financière), « l’avarice allemande » dénoncée par les petits pays endettés face au géant économique et « bon élève » de l’UE, l’endettement de la France qui lui a fait perdre son « AAA ». Depuis, les pouvoirs publics français ne cessent de suivre une politique de rigueur malgré l’alternance politique de 2012 ope atlantiste et une Europe suivant sa propre voie diplomatique se sont affrontées. Prouvant ainsi que l’UE reste un « nain diplomatique et militaire ». La plupart des pays sont membres de l’OTAN, donc soumis au commandement américain (retour de la France en 2009). Les 510 millions de citoyens européens expriment de plus en plus leur mécontentement dans la rue, mais également dans les urnes de leur pays respectifs : fort taux d’abstention, progression des populistes ou eurosceptiques. Ce typer de revendicationsattirent de plus en plus l’attention de la part des hommes politiques nationaux qui doivent prendre en compte, bon gré, mal gré, ce que leur peuple exprime. Malgré tout, l’UE reste un des trois pôles de la Triade. 1er marché commercial du Monde = 510 millions de consommateurs avec un pouvoir d’achat important (il n’y a que 310 millions d’Américains et 130 millions de Japonais) L’UE reste une référence au niveau de la Démocratie et de la défense des droits de l’Homme dans le Monde. L’UE est également devenue un modèle au niveau de sa politique environnementale (initiatives écologiques malgré l’échec du sommet de Copenhague en 2009, face aux BRICS et aux USA) Pour ces derniers, l’Europe est souvent dénommé péjorativement le « Vieux continent »… * * * Conclusion : De 1948 à nos jours, la situation européenne a considérablement évoluée. Une poignée d’hommes politiques européens, fortement marqués par le désastre des deux guerres mondiales, a commencé à mettre en place le projet politique européen sur des bases démocratiques et libérales dans un contexte tendu de Guerre froide et de Décolonisation. Ces « pères fondateurs » ont permis l’élaboration de la CEE qui constitue une mise en route d’une politique économique commune. Avec le traité de Maastricht et la naissance de l’Union européenne, l’Europe occidentale a su évoluer vers des institutions supranationales croyant ainsi pouvoir combattre plus efficacement la concurrence mondiale. En Europe, comme dans le reste du Monde, les certains effets pervers de la Mondialisation néolibérale se font sentir. Les Altermondialistes (partisans d’« une autre Mondialisation ») ne cessent de faire progresser leurs idées beaucoup plus socialisantes. 8 HT4.C3 : LA GOUVERNANCE ECONOMIQUE MONDIALE DEPUIS 1944 Introduction : Alors que le Second conflit mondial n’est pas encore terminé, les Etats-Unis préparent déjà la gestion économique et financière de l’après-guerre. Ne voulant plus réitérer les problèmes liés à la reconversion économique d’après 1918, les nations alliées à la superpuissance américaine se décident de s’aligner sur le modèle capitaliste et libéral. A quelle hauteur les Etats-Unis gèrent-ils l’économie mondiale ? Il est certain qu’en tant que 1ère économie mondiale, la superpuissance américaine ne peut que jouer qu’un rôle majeur. Nous verrons tout d’abord que les Etats-Unis sont hégémoniques entre 1944 et 1971. Ensuite, le leadership mondial sera de plus en plus partagé d’abord avec la concurrence d’autres puissances économiques du Nord puis, à partir des années 90, avec l’émergence industrielle de pays du Sud. * * * I- LA GESTION DES « TRENTE GLORIEUSES » (1944-1971) A) Le système monétaire international. Les économistes américains Keynes et Morgenthau planifient et mettent en place les accords de BrettonWoods (juillet 1944). Le but est la reconstruction pour retrouver rapidement une prospérité et de reconvertir l’économie de guerre en une économie civile sans passer par une période de récession (déjà vu après 1918 jusque 1922)Paix et développement = croissances des échanges dans une stabilité monétaire. Le dollar, monnaie forte, est devenu LA monnaie de référence pour les échanges internationaux : « as good as gold ». Avec 75% des stocks d’or mondiaux en 1945, les Etats-Unis sont, de loin, la première puissance économique mondiale (assurant 50% de la production mondiale en 1945). Pour encadrer le projet, le FMI et la BIRD, Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement, qui deviendra « Banque mondiale », sont créés en 1945. Le FMI devient le gardien de la stabilité et le prêteur aux pays en difficultés (il gère également la convertibilité du dollar en or jusqu’en 1971). La BIRD prête à long terme pour le développement et la reconstruction. 3 systèmes ou bipolarité ? Modèle capitaliste et libérale : modèle américain ou modèle socialiste de type soviétique : y a-t-il une alternative à ces deux modèles de développement et de reconstruction ? Lors de la Conférence de Bandung (1955), les pays du Tiers-Monde (nouvellement décolonisés) décident de mettre en commun leur force pour peser davantage dans le Monde contemporain. C’est un échec, la plupart de 9 ses pays, pauvres, choisiront soit le modèle communiste, soit le modèle capitalisme (c’est la néo-colonisation). En 1960, à Vienne (Autriche), est créée l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole). Cette association de pays du Sud connait alors un succès politique en 1973 où ils font pression sur les événements israélo-arabes en augmentant brusquement les prix du baril (contestation et pression économique sur l’Occident dépendant des importations pétrolières) B) L’ouverture des économies. Oct.47 : signature des accords du GATT (General Agreement of Tariffs and Tradejusqu’en1997). Le but est de favoriser la libéralisation des échanges en baissant, voire en abandonnant, les taxes aux frontières. Le GATT évolue à partir de grandes réunions multilatérales appelées « cycles » (rounds) : ce sont des négociations (23 pays en 1947 y collaborent, 154 dans les années 90). Les accords sont appliqués au bon vouloir des signataires sans contraintes (pas d’obligations, pas de sanctions). Les « 30 Glorieuses » : période de grande croissance permis par l’afflux des devises américaines (Plan Marshall). Elle relance les économies de l’Europe de l’Ouestet du 9% du PIB mondial est exporté en 1950 (25% de nos jours) Plan Marshall (1947) : les pays signataires forment l’OCDE (ex-OECE). Ce sont 48 pays à économie de marché (libéralisme politique et économique) dans un contexte mondial très politisé. Néanmoins, la croissance n’est pas uniforme chez ses membres. Environ 8 à 10% pour le Japon et l’Allemagne, 5% en France, que 3% pour le Royaume-Uni. C) Les désordres monétaires des années 1970. Dans les années 70, c’est le Tokyo round (entre 1973 et 79). Il y a 99 participants qui représentent 90% du commerce mondiale = réunion très représentative. Ils décident de baisser d’un tiers les droits de douane sur les produits industriels malgré la crise qui point et aggrave l’économie des pays de l’OCDE. Par contre, le Fordisme atteint ses limites. Avec la baisse de la productivité, les « droits sociaux » pèsent plus lourd sur les caisses des Etats. Les Etats-Unis connaissent leur premier déficit commercial et leur premier déficit public à la fin des années 60 (notamment à cause de la Guerre du Vietnam). A cause de ce conflit de type-Guerre froide, le Président Nixon remet en cause les accords de BrettonWoods. Les EtatsUnis peuvent « faire marcher la planche à billet », débutant ainsi la mise en route d’une période de désordre monétaire international : il n’y a plus de référence solide, plus de valeur fixe. 10 II- LA GESTION DES CRISES (1971-1991) A) La dérégulation. Au début des années 80, le néolibéralisme commence à être prôné avec des puissances économiques de premier ordre : Margaret Thatcher (conservatrice)arrive au pouvoir au Royaume-Uni en 1979, Ronald Reagan (républicain) en 1980. Les anglo-américains ne veulent plus d’entraves au libre-échange et veulent limiter le nombre de fonctionnaires. Ils remettent en cause le rôle de la fonction publique au profit « du privé » (entreprises et/ou associations) et donc remettent en cause le statut de l’EtatProvidence. A la même période, en France, entre 1981-83, les socialistes font tout le contraire. Dans ce pays, la situation économique et la gestion des finances de l’Etat seront souvent stopper par une suite de mesures contradictoires dues aux périodes de cohabitation (jusqu’aux environs de 2002 !) Pour poursuivre une politique sociale, digne d’un Etat-Providence, les états s’endettent en empruntant sur les marchés financiers (banques privées, société de crédit). Ils ne sont plus obligés de passer par les banques d’état. Les bourses mondiales sont informatisées et internationalisées : il y a une interconnexion et une interdépendance entre les flux financiers. Il y a collaboration économique mais aussi « effet domino » quand la crise se déclare dans un des pays piliers. B) Le « poids de la Dette ». Avec la montée des prix des hydrocarbures, les pétromonarchies s’enrichissent (en $) et prêtent aux pays du Sud. Ces pays ne peuvent que rarement rembourser et la dette gonfle en $ car le taux d’intérêt par la FED (banque centrale américaine) est fort. C’est un « endettement mécanique » : en 1980, ces pays sont 10x plus endettés qu’en 70, 100 fois qu’en 1960. Le FMI met en place des PAS (Plan d’Ajustement Structurel) pour éviter la banqueroute de certains états. En échange, ils remboursent en nature(notion de périphéries exploitées). Certains pays sont qualifiés d’irrécupérables et n’arrivent même plus à payer les intérêts d’une dette astronomique.Outre, l’annulation de la dette de la part des créanciers, les plans Baker & Brady (1985 & 1989) mettent en place les obligations (reconnaissance de dette avec intérêts) : c’est la titrisation (= transformation de la dette en obligations) C) Les entreprises plus fortes que les états ? Avec le retrait de l’état dans la vie économique, les multinationales ou firmes transnationales ont pris de l’importance. Certaines entreprises ont des revenus dépassant le PIB de pays moyens. Ex. bénéfices de Microsoft en 2011 supérieur au 11 PIB du Cameroun (l’une des puissances économiques de l’Afrique subsaharienne). Ces entreprises mettent en place unelogique de division internationale du travail : c’est la mondialisation de l’économie (Nords = consommateurs, gestion, études, financements, constructions de produits à haute valeur ajoutée – Pays émergents : constructeur qui s’enrichissent – autres Suds : fournisseurs de matières premières) Ces multinationales ont aussi besoin de capitaux. Ils ouvrent le capital de l’entreprise aux actionnaires. Ces derniers veulent un retour sur investissement rapide, donc des résultats positifs rapides et des profits immédiats ce qui peut expliquer les plans sociaux ou des fermetures de site pourtant excédentaires (pas assez de profit, délocalisation). Début du XXI°s, 4% des actifs produisent 21% du PIB mondial. III- LA MISE EN PLACE DE LA « GLOBALIZATION » (1991 A NOS JOURS) A) Une économie liée à la spéculation. La globalisation financière fut effective grâce aux NTIC (Nouvelles Technologies liées à L’Information et à la Communication). Il y a 50 fois plus d’échanges de capitaux que d’échangesde biens et de services. Ces moyens de communication ont créé certes de la richesse, certainement plus qu’avant, mais la redistribution est très inégale dans les pays et entre les pays. Encore actuellement, il n’y a pas de gouvernance mondiale neutre de l’économie. Aucun « gendarme » ou organisme pouvant contraindre les marchés aux dérives et spéculations. Il y a eu une succession de crise : Krach de 1987 (1ère crise boursière propagée par ordi), crise asiatique de 1997, effondrement du NASDAQ en 2001 (bourse de New York sur les nouvelles technologies), crise des subprimes en 2007 (provoquant la crise bancaire de septembre 2008), crise de la dette souveraine en 2010. Finalement, le « capitalisme-roi », né de la chute de l’URSS, est créateur d’instabilité. En 1995, le GATT se transforme en OMC (Organisation Mondiale du Commerce). Le but est d’harmoniser la Mondialisation en accueillant les nouveaux pays partenaires (ex-pays communistes notamment). L’OMC tranche les différends et litiges commerciaux entre les états et les multinationales. Durant le « cycle de Doha » (Qatar), commencé début 2001, n’a toujours pas abouti. Il y a une situation de blocage entre la Triade qui protège ses acquis, les BRICSqui ne demandent qu’à gagner des parts de marché et les PMA qui cherchent, avant tout, à se protèger de la néocolonisation de la part de la Triade mais aussi de certains BRICS (progrès des investissements chinois en Afrique = « Chinafrique ») 12 B) La formation d’unions économiques régionales. Face aux crises, face à la concurrence de plus en plus dure, certaines régions du Monde mettent en place un système économique pour se protéger plus efficacement. Ensemble pour être plus fort, émulsion interne entre partenaires, pour le développement d’une saine concurrence. Il existe 250 accords commerciaux interrégionaux dans le monde actuellement.L’ALENA ne fait que du libre-échange aux profits (presque unique) des Etats-Unis. Le MERCOSUR reste divisé car l’Argentine voit d’un mauvais œil l’hégémonie régionale du Brésil. Quand à l’ASEAN, cette organisation asiatique a peur de s’ouvrir aux « géants asiatiques » comme le Japon, la Chine ou même l’Inde. L’UE reste le projet d’union économique régional le plus abouti. Plus de 510 millions de citoyens au fort pouvoir d’achat avec une monnaie unique et la libre circulation des biens, des capitaux, des services et des personnes. Pourtant, il existe au sein de l’UE de nombreuses disparités Ouest/Est et même Sud/Nord. Les ex-Démocraties Populaires ont du subir une « thérapie de choc » dans lesannées 90 pour pouvoir y entrer. Les pays Méditerranéens se doivent désormais de subir une « cure d’austérité », dès les années 2010’s, car leur situation économique et financière déstabilise la santé globale de l’UE. De nombreuses rumeurs et même certains économistes ont même pensé à créer deux zones euros ou que certains pays, comme la Grèce, puisse quitter la zone euro. Le couple Sarkozy/Merkel a tout fait pour garder tous les états concernés au sein de l’UE. C) Une absence de régulation ? En septembre 2008, c’est la chute de la banque américaine LehmanBrothers. C’est un bon exemple montrant la remise en cause de cette mondialisation dérégulée, provoquant une crise mondiale.En 2009, c’est la première fois que le commerce mondial recule depuis 1945. Cette crise met en valeur l’endettement des états. Certains organismes financiers ont prêté tellement d’argent (sur informatique) qu’il n’existe pas l’équivalent papier ou or sur Terre = abus des prêts et des dettes = risques majeurs. L’ère est donc à la rigueur pour relancer l’économie sainement par la suite. Nous vivons dans une période d’incertitude, la confiance des marchés est au plus bas. Reprise ou « recrise » ? Qui peut réguler le monde économique ? ONU ? OMC ? (manque de réels pouvoirs économiques pouvant faire pression). Le G8 n’est pas assez représentatif (les Nords sont surreprésentés), le G20 est beaucoup plus divers mais beaucoup plus divisé. Localement, il y a une remise en cause globale du monde politique et de la politique mondiale. C’est la montée des populismes et des mouvements altermondialistes. C’est le « monde de Davos » (ultra-capitalistes, multinationales) contre le « monde de Porto 13 Alegre » (altermondialistes, ONG). Actuellement, le FMI tente de jouer le rôle de « gendarme économique ». Toutefois, ses fonds sont essentiellement issus de la Triade : le FMI sera-t-il vraiment objectif ? * * * Conclusion : De 1944 à nos jours, nous pouvons constater que la gouvernance économique mondiale ne cesse d’être partagée entre des partenaires ou concurrents commerciaux de plus en plus nombreux. Entre 1944 et 1971, les Accords de BrettonWoods permettaient aux Etats-Unis d’exercer un leadership incontestable en pratiquant la politique du « Dollar-roi ». La remise en cause de ces accords par les dirigeants américains eux-mêmes et l’addition de nombreuses crises ont fragilisé les marchés. A partir des années 1990, après la fin de la Guerre froide, la Mondialisation s’est mis en placeautour des trois pôles de la Triade puis de quelques pays émergents de l’ex-Tiers-Monde. Au niveau mondial, comme au niveau régional ou infranationale, les écarts entre les plus riches et les plus pauvres ne cessent de croître. Pour résister à la féroce concurrence commerciale que se livre le Monde néolibérale, les acteurs de la Mondialisation seraient plus tenter de défendre leur profit que de se préoccuper des nombreux clivages sociaux qui apparaissent. Peut-on parler d’une Mondialisation à deux vitesses ? 14