Situation initiale: les défis des années 90

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1re partie
Situation initiale
Situation initiale:
les défis des années 90
1. Evolution internationale
Le Conseil fédéral et l’administration ont recensé dans divers
documents les changements internationaux les plus importants qui peuvent avoir des effets sur la Suisse et qui influent
notablement sur les efforts visant à appliquer un développement durable. Le Rapport sur la politique extérieure 2000
décrit par exemple comment l’effondrement de l’Union
soviétique et les bouleversements qui secouent l’Europe de
l’Est depuis 1989 ont mis fin à la guerre froide et à la bipola-
Joignabilité permanente et mobilité sans frontière:
dans les années 90, la révolution des télécommunications et
de l’information a bouleversé nos modes de vie.
© Alessandro della Valle/Keystone
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La Suisse en route vers une politique de développement durable / Juillet 2001
risation mondiale. L’affirmation de nouvelles puissances
politiques et économiques – s’accompagnant de changements structurels – a remodelé les structures de la politique
internationale. Au titre des développements internationaux
ayant le plus d’importance, on peut par exemple évoquer ce
qui suit:
•
Mondialisation des marchés des biens et des capitaux.
La disparition d’obstacles politiques traditionnels a
favorisé la mondialisation dans tous les domaines, sur-
Situation initiale
tout dans l’économie. Dans ce contexte, il importe de
souligner avant tout la révolution des télécommunications et de l’information, ainsi que l’omniprésence de
l’informatique dans la vie et dans la société. La déréglementation des marchés est certes due en partie à la disparition d’anciens clivages politiques, mais elle a surtout
pris son essor après l’entrée en vigueur, le 1er janvier
1995, du nouvel accord sur le commerce (OMC). Dans
le même temps, on a assisté à la privatisation de prestations dans le domaine des infrastructures, qui étaient
autrefois assurées par les services publics. La mondialisation des marchés des capitaux impose par ailleurs de
nouveaux défis à la stabilité des marchés financiers et à
l’« architecture financière » internationale qui existait
jusqu’à ce jour.
Les effets de la globalisation dans les pays en développement et dans ceux en transition sont différents. Alors
que quelques Etats (au nombre desquels par exemple les
pays émergents d’Asie de l’Est) ont accédé à l’économie
mondiale, dans d’autres pays on constate plutôt une
stagnation politique et économique, voire certains
reculs. Il est en particulier notable à cet égard que l’accès
aux nouvelles technologies de l’information et l’utilisation de ces dernières diffèrent beaucoup dans les différentes parties du monde et que les inégalités qui existaient déjà risquent de s’accroître (« société numérique à
deux vitesses »).
•
Situation en Europe. La disparition du clivage politique
entre l’est et l’ouest de l’Europe a redynamisé la coopération sur notre continent et les divers changements
intervenus ont amélioré les chances d’instaurer dans
toute l’Europe un système fondé sur la démocratie et sur
l’économie de marché. En effet, d’une part l’intégration
de l’Europe occidentale a progressé (entrée en vigueur
du contrat sur l’Union européenne et achèvement du
marché intérieur, harmonisation croissante de la politique européenne d’immigration et d’asile, candidatures
à l’adhésion de dix pays d’Europe de l’Est et d’Europe
centrale ainsi que de Chypre et de Malte). D’autre part,
la collaboration entre l’Ouest et l’Est de l’Europe s’est
intensifiée à tous les niveaux. L’Europe de l’Ouest soutient ainsi la mise en place de structures démocratiques
et le passage vers une économie de marché en Europe de
l’Est. Enfin, de nombreuses organisations internationales centrées sur l’Europe jouent un rôle plus important (OTAN, OCDE, OSCE, Conseil de l’Europe, Commission économique pour l’Europe/Nations Unies).
•
Sécurité. Dès lors que la bipolarité ne régit plus l’ordre
mondial, la politique de sécurité tend à nouveau vers
plus de coopération. Depuis la fin de la guerre froide,
l’éclatement d’un conflit mondial, impliquant le recours
aux armes conventionnelles et nucléaires, est devenu
plus improbable. Paradoxalement, cette improbabilité a
plutôt ouvert la porte à des conflits conventionnels limités. Pendant que la guerre de type traditionnel, c’està-dire l’affrontement d’armées régulières sur un champ
de bataille, perdait en importance, le nombre de conflits
internes a fortement augmenté dans le monde entier. De
tels conflits sont souvent plus brutaux et ils violent les
règles fondamentales du droit international. On assiste
par ailleurs à l’apparition de nouvelles formes de
menaces, tels le terrorisme et le trafic d’armes.
L’entendement qu’on avait de la sécurité et qui reposait
autrefois sur la guerre traditionnelle ayant pour objet la
défense du territoire national et de la population du pays
contre des interventions hostiles en provenance de l’extérieur s’est adapté à l’évolution de la situation en matière de sécurité sur le plan mondial. Ce qui figure au
premier plan est à présent le « concept de sécurité humaine globale » (global human security). Ce concept ne
comporte pas seulement une « délivrance de la peur »
(programme en matière de sécurité), mais aussi un
« affranchissement de la misère » (programme de développement), et un « avenir durable » (programme environnemental). Il part de l’idée que les pays industrialisés
et les pays en développement ont des intérêts communs
vitaux et forment par conséquent tous ensemble une
communauté de sécurité ou de destin.
•
Nouvelles perspectives dans les relations Nord-Sud.
Sans parler des grandes différences de niveau de vie qui
subsistent, l’état de l’environnement s’est aussi dégradé
sur la planète durant les dernières décennies. Les inégalités entre hommes et femmes, mais également des pandémies, tels le sida, la malaria et la tuberculose, sont
davantage reconnus comme des problèmes mondiaux.
Ces questions ainsi que d’autres, nouvelles, ont été discutées lors de différentes conférences mondiales que les
Nations Unies ont organisées au cours des années 90.
Des objectifs ont par ailleurs été fixés à la coopération
internationale pour les prochaines années. Les conférences évoquées ont permis à la communauté internationale de se mettre d’accord sur des démarches en vue
de réduire la pauvreté et d’arriver à un développement
durable. Durant les années 90, l’endettement des pays en
développement pauvres a été reconnu comme l’un des
principaux obstacles à un développement durable, et
une action de désendettement a été entreprise sur le plan
multilatéral.
La Suisse en route vers une politique de développement durable / Juillet 2001
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