COLLOQUE « Histoire de paradoxes – Paradoxes de l’Histoire » Samedi 25 Septembre 2010 – 15h00 – Eglise St Martin du Barry Conférence de Monsieur Michel Roquebert Historien La croisade albigeoise : Entre légalité et légitimité La croisade albigeoise dura vingt ans : de 1209 à 1229. Vingt ans de chevauchées, de sièges, d’assauts, de batailles rangées, d’incendies, de bûchers et de massacres en tout genre. Mais ce n’est là que la partie émergée de l’iceberg au sein duquel sont cachées les véritables clés du conflit. Ce ne sont pas en effet les armes seules qui s’affrontèrent au cours de ces vingt ans. Dès avant le déclenchement de la croisade, d’ailleurs, un étrange conflit opposa la légalité canonique élaborée par le Saint-Siège pour les besoins de sa cause, et la légalité féodale derrière lequel le roi de France tenta de se réfugier pour essayer d’empêcher cette croisade dont il ne voulait pas. S’il ne pût, finalement, l’éviter, le conflit perdura de façon plus ou moins larvée selon les circonstances, jusqu’à opposer juridiquement le chef de la croisade, Simon de Montfort, au suzerain à qui l’Eglise l’avait imposé comme vassal, le roi Pierre II d’Aragon. L’affrontement armé ne vint qu’ensuite. Quand la légalité canonique et la légalité féodale s’accordèrent enfin, ce fut sur le dos de la légitimité de la dynastie « raymondine », celle des comtes de Toulouse. Celle-ci réussit cependant à se restaurer au terme d’une dure guerre de libération. Mais elle entra alors en conflit ouvert avec la légalité qu’avait imposée la croisade victorieuse. Le Traité de Paris résolut en 1229 ce nœud de difficultés. Raymond VII, vaincu, vit sa cousine germaine Blanche de Castille reconnaître sa légitimité – mais dans le cadre très contraignant d’une légalité qui organisait le rattachement, à moyen terme, de tout le Languedoc au domaine royal de la Couronne de France.