SYNODUS EPISCOPORUM BULLETIN ASSEMBLÉE SPÉCIALE POUR LE MOYEN-ORIENT DU SYNODE DES ÉVÊQUES 10-24 OCTOBRE 2010 L'Eglise catholique au Moyen-Orient: Communion et témoignage. "La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme" (Ac 4, 32) Ce Bulletin est seulement un instrument de travail à usage journalistique. Les traductions n'ont pas de caractère officiel. MESSAGE AU PEUPLE DE DIEU Au cours de la Quatorzième Congrégation générale d’hier après-midi, vendredi 22 octobre 2010, les Pères synodaux ont approuvé le Nuntius , le Message au Peuple de Dieu en conclusion de l’Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Évêques. Nous publions ci-dessous la version française du texte intégral (rédigé en arabe, français, italien et anglais): « La multitude de ceux qui devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme » (Ac 4, 32) À nos frères les prêtres, les diacres, les religieux, les religieuses, à toutes les personnes consacrées, à tous nos bien-aimés fidèles laïcs et à toute personne de bonne volonté. Introduction 1. La grâce de Jésus Notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint soit avec vous. Le Synode des Évêques pour le Moyen-Orient a été pour nous une nouvelle Pentecôte. « La Pentecôte est l’événement originaire, mais est aussi un dynamisme permanent. Le Synode des Évêques est un moment privilégié dans lequel peut se rénover le chemin de l’Église et la grâce de la Pentecôte » (Benoît XVI, Homélie de la Messe d’ouverture du Synode, 10.10.2010). Nous sommes venus à Rome, nous les patriarches et les évêques des Églises catholiques en 1 Orient, avec tous nos patrimoines spirituels, liturgiques, culturels et canoniques, portant dans nos cœurs les soucis de nos peuples et leurs attentes. Pour la première fois, nous nous sommes réunis en Synode autour de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI, avec les Cardinaux et les Archevêques responsables des Dicastères romains, les Présidents des Conférences épiscopales du monde qui sont concernées par les questions du Moyen-Orient, et des représentants des Églises Orthodoxes et communautés évangéliques, et des invités juifs et musulmans. Nous exprimons à sa Sainteté Benoît XVI notre gratitude pour sa sollicitude et ses enseignements illuminant la marche de l’Église en général et celle de nos Églises orientales en particulier, surtout pour la question de la justice et de la paix. Nous remercions les Conférences épiscopales pour leur solidarité, leur présence parmi nous lors de leur pèlerinage aux Lieux saints et leur visite à nos communautés. Nous les remercions pour leur accompagnement de nos Églises dans les différents aspects de notre vie. Nous remercions les Organisations d’Église qui nous soutiennent par leur aide efficace. Nous avons réfléchi ensemble, à la lumière de l’Écriture Sainte et de la Tradition vivante, sur le présent et l’avenir des chrétiens et des peuples du Moyen-Orient. Nous avons médité sur les questions de cette région du monde que Dieu a voulu, dans le mystère de son amour, être le berceau de son plan universel du salut. De là, en effet, partit la vocation d’Abraham. Là, le Verbe de Dieu, Jésus-Christ, s’est incarné de la Vierge Marie par l’action de l’Esprit Saint. Là, Jésus proclama l’Évangile de la vie et du Royaume. Là, il mourut pour racheter le genre humain et le libérer du péché. Là, il ressuscita d’entre les morts pour donner la vie nouvelle à tout homme. Là, naquit l’Église et c’est de là qu’elle partit proclamer l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre. Le but premier du Synode est d’ordre pastoral, aussi avons-nous porté dans nos cœurs la vie, les souffrances et les espérances de nos peuples et les défis qu’ils ont à affronter chaque jour avec la « grâce de l’Esprit-Saint et son amour répandus en nos cœurs » (Rm 5, 5). C’est pourquoi nous vous adressons ce message, bien-aimés frères et sœurs, et nous voulons qu’il soit un appel à la fermeté dans la foi, fondée sur la Parole de Dieu, à la collaboration dans l’unité et à la communion dans le témoignage de l’amour, dans tous les domaines de la vie. I. L’Église au Moyen-Orient: communion et témoignage à travers l’histoire Cheminement de la foi en Orient 2. En Orient est née la première communauté chrétienne. De l’Orient partirent les Apôtres après la Pentecôte pour évangéliser le monde entier. Là, a vécu la première communauté chrétienne au milieu des tensions et des persécutions, « [assidue] à l'enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » (Ac 2, 42), et personne n’était dans le besoin. Là, les premiers martyrs ont arrosé par leur sang les fondations de l’Église naissante. À leur suite, les anachorètes ont rempli les déserts du parfum de leur sainteté et de leur foi. Là vécurent les Pères de l’Église orientale qui continuent à nourrir par leurs enseignements l’Église d’Orient et d’Occident. De nos Églises partirent, aux premiers siècles et aux siècles suivants, les missionnaires vers l’Extrême-Orient et vers l’Occident portant la lumière du Christ. Nous en sommes les héritiers et nous devons continuer à transmettre leur message aux générations futures. 2 Nos Églises n’ont pas cessé de donner des saints, des prêtres, des consacrés, et de servir d’une façon efficace dans les nombreuses institutions, contribuant à la construction de nos sociétés et de nos pays, se sacrifiant pour tout homme, créé à l’image de Dieu et porteur de son image. Certaines de nos Églises ne cessent aujourd’hui encore d’envoyer des missionnaires, porteurs de la parole du Christ dans les différents coins du monde. Le travail pastoral, apostolique et missionnaire nous demande aujourd’hui de penser à une pastorale pour promouvoir les vocations sacerdotales et religieuses et assurer l’Église de demain. Nous nous trouvons aujourd’hui devant un tournant historique : Dieu qui nous a donné la foi dans notre Orient, depuis 2.000 ans, nous appelle à persévérer avec courage, assiduité et force à porter le message du Christ et à témoigner de son Évangile qui est un Évangile d’amour et de paix. Défis et attentes 3.1. Nous sommes aujourd’hui confrontés à de nombreux défis. Le premier vient de nousmêmes et de nos Églises. Ce que le Christ nous demande c’est d’accepter notre foi et de la vivre en tout domaine de la vie. Ce qu’il demande à nos Églises c’est de renforcer la communion dans chaque Église sui iuris et entre les Églises catholiques de diverses traditions, de faire tout notre possible dans la prière et la charité pour atteindre l’unité de tous les chrétiens, et réaliser ainsi la prière du Christ : « Père, que tous soient un comme toi, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn 17, 21). 3.2. Le deuxième défi vient de l’extérieur, des conditions politiques et de sécurité dans nos pays ainsi que du pluralisme religieux. Nous avons exploré ce qui concerne la situation sociale et la sécurité dans tous nos pays du Moyen-Orient. Nous avons eu conscience de l’impact du conflit israélo-palestinien sur toute la région, surtout sur le peuple palestinien, qui souffre des conséquences de l’occupation israélienne : le manque de liberté de mouvement, le mur de séparation et les barrières militaires, les prisonniers politiques, la démolition des maisons, la perturbation de la vie économique et sociale et les milliers de réfugiés. Nous avons aussi réfléchi sur la souffrance et l’insécurité dans lesquelles vivent les Israéliens. Nous avons médité sur la situation de la ville sainte de Jérusalem. Nous sommes préoccupés des initiatives unilatérales qui risquent de changer sa démographie et son statut. Face à tout cela, nous voyons qu’une paix juste et définitive est l’unique moyen de salut pour tous, pour le bien de la région et de ses peuples. 3.3. Nous avons réfléchi, dans nos réunions et nos prières, aux souffrances sanglantes du peuple irakien. Nous avons fait mémoire des chrétiens assassinés en Irak, des souffrances permanentes de l’Église de l’Irak et de ses fils déplacés et dispersés de par le monde, qui portent avec eux les soucis de leur terre et de leur patrie. Les Pères synodaux ont exprimé leur solidarité avec le peuple et les Églises en Irak et ont exprimé le vœu que les émigrés, forcés à quitter leur pays, puissent trouver là où ils arrivent les secours nécessaires, afin de pouvoir retourner dans leurs pays et y vivre en sécurité. 3.4. Nous avons réfléchi aux relations entre concitoyens, chrétiens et musulmans. Nous voudrions ici affirmer, dans notre vision chrétienne des choses, un principe primordial qui devrait gouverner ces relations : Dieu veut que nous soyons chrétiens dans et pour nos sociétés moyen-orientales. C’est le plan de Dieu sur nous, et c’est notre mission et notre vocation que de vivre ensemble chrétiens et musulmans. Nous nous comporterons dans ce domaine guidés par le 3 commandement de l’amour et par la force de l’Esprit en nous. Le deuxième principe qui gouverne ces relations est le fait que nous sommes une partie intégrante de nos sociétés. Notre mission, basée sur notre foi et notre devoir envers nos patries, nous oblige à contribuer à la construction de nos pays avec tous les citoyens, musulmans, juifs et chrétiens. II. Communion et témoignage au sein des Églises catholiques du Moyen-Orient Aux fidèles de nos Églises 4.1. Jésus nous dit: « Vous êtes le sel de la terre, la lumière du monde » (Mt 5, 13.14). Votre mission, bien-aimés fidèles, est d’être, par la foi, l’espérance et l’amour, dans vos sociétés, comme le « sel » qui donne saveur et sens à la vie, comme la « lumière » qui illumine les ténèbres par la vérité, et comme le « levain » qui transforme les cœurs et les intelligences. Les premiers chrétiens à Jérusalem étaient peu nombreux. Ils ont pu malgré cela porter l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre, avec la grâce du « Seigneur qui agissait avec eux et qui confirmait leur Parole par les signes » (Mc 16, 20). 4.2. Nous vous saluons, chrétiens du Moyen-Orient, et nous vous remercions pour tout ce que vous avez réalisé dans vos familles et vos sociétés, dans vos Églises et vos nations. Nous saluons votre persévérance dans les difficultés, les peines et les angoisses. 4.3. Chers prêtres, nos collaborateurs dans la mission catéchétique, liturgique et pastorale, nous vous renouvelons notre amitié et notre confiance. Continuez à transmettre à vos fidèles, avec zèle et persévérance, l’Évangile de la vie et la Tradition de l'Église, par le moyen de la prédication, de la catéchèse, de la direction spirituelle et du bon exemple. Consolidez la foi du Peuple de Dieu pour qu’elle se transforme en une civilisation de l’amour. Prodiguez-lui les sacrements de l’Église pour qu’il aspire au renouvellement de sa vie. Rassemblez-le dans l’unité et la charité par le don de l'Esprit Saint. Chers religieux, religieuses et consacrés dans le monde, nous vous exprimons notre gratitude, et avec vous nous remercions Dieu pour le don des conseils évangéliques - de la chasteté consacrée, de la pauvreté et de l’obéissance – avec lesquels vous avez fait le don de vousmêmes, à la suite du Christ, auquel vous désirez témoigner votre amour de prédilection. Grâce à vos initiatives apostoliques diversifiées, vous êtes le vrai trésor et la richesse de nos Églises et un oasis spirituel dans nos paroisses, nos diocèses et nos missions. Nous nous unissons en esprit aux ermites, aux moines et aux moniales qui ont consacré leur vie à la prière dans les monastères contemplatifs, sanctifiant les heures du jour et de la nuit, portant dans leurs prières les soucis et les besoins de l’Église. Vous offrez au monde, par le témoignage de votre vie, un signe d'espérance. 4.4. Nous vous exprimons, fidèles laïcs, notre estime et notre amitié. Nous apprécions tout ce que vous faites pour vos familles et vos sociétés, vos Églises et vos patries. Restez fermes au milieu des épreuves et des difficultés. Nous sommes remplis de gratitude envers le Seigneur pour les charismes et les talents dont il vous a comblés, et avec lesquels vous participez, par la force de votre baptême et de votre confirmation, au travail apostolique et à la mission de l’Église, imprégnant le domaine des choses temporelles avec l’esprit et les valeurs de l’Évangile. Nous vous invitons au témoignage d'une vie chrétienne authentique, à une pratique 4 religieuse consciente et aux bonnes mœurs. Ayez le courage de dire la vérité avec objectivité. Vous les souffrants dans votre corps, votre âme et votre esprit, les opprimés, les expatriés, les persécutés, les prisonniers et les détenus, nous vous portons dans nos prières. Unissez vos souffrances à celles du Christ Rédempteur, et cherchez dans sa croix la patience et la force. Par le mérite de vos souffrances, vous obtenez pour le monde l'amour miséricordieux de Dieu. Nous saluons chacune de nos familles chrétiennes, et nous regardons avec estime votre vocation et votre mission, comme cellule vivante de la société, école naturelle des vertus et des valeurs éthiques et humaines, et église domestique qui éduque à la prière et à la foi de génération en génération. Nous remercions les parents et les grands-parents pour l’éducation de leurs enfants et de leurs petits-enfants, à l’exemple de l'Enfant-Jésus qui « grandissait en sagesse, en taille et en grâce sous le regard de Dieu et des hommes » (Lc 2, 52). Nous nous engageons à protéger la famille par une pastorale familiale, grâce à des cours de préparation au mariage, et aux centres d’accueil et de consultation, ouverts à tous et surtout aux couples en difficulté, et par nos revendications des droits fondamentaux de la famille. Nous nous adressons d’une manière spéciale aux femmes. Nous exprimons notre estime pour ce que vous êtes dans les divers états de votre vie : comme jeunes filles, mères, éducatrices, consacrées et travaillant dans la vie publique. Nous vous rendons hommage, car vous protégez la vie humaine depuis son début, lui offrant soin et affection. Dieu vous a donné une sensibilité particulière pour tout ce qui se rapporte à l’éducation, au travail humanitaire et à la vie apostolique. Nous rendons grâce à Dieu pour vos activités et nous aspirons à ce que vous exerciez une plus grande responsabilité dans la vie publique. Nous vous regardons avec amitié, jeunes gens et jeunes filles, comme l’a fait le Christ avec le jeune homme dans l’Évangile (cf. Mc 10, 21). Vous êtes l'avenir de nos Églises, de nos communautés, de nos pays, leur potentiel et leur force rénovatrice. Faites le projet de votre vie sous le regard aimant du Christ. Soyez des citoyens responsables et des croyants sincères. L'Église se joint à vous dans vos soucis pour trouver un travail en fonction de vos compétences, ce qui contribuera à stimuler votre créativité, et à assurer l'avenir et la formation d'une famille croyante. Surmontez la tentation du matérialisme et du consumérisme. Soyez fermes dans vos valeurs chrétiennes. Nous saluons les chefs des établissements d’éducation catholiques. Dans l’enseignement et l’éducation recherchez l’excellence et l’esprit chrétien. Ayez pour but de consolider la culture de la convivialité, le souci des pauvres et de ceux qui souffrent de handicaps. Malgré les défis et les difficultés dont souffrent vos institutions, nous vous invitons à les maintenir pour assurer la mission éducatrice de l'Église, et à promouvoir le développement et le bien de nos sociétés. Nous nous adressons avec grande estime à ceux qui travaillent dans le secteur social. Dans vos institutions vous êtes au service de la charité. Nous vous encourageons et soutenons dans cette mission de développement, guidée par le riche enseignement social de l’Église. Par votre travail, vous renforcez les liens de fraternité entre les hommes, en servant les pauvres, les marginalisés, les malades, les réfugiés et les prisonniers, sans discrimination. Vous êtes guidés par la parole du Seigneur Jésus : « Tout ce que vous faites à l’un de ces petits, c’est à moi que vous le faites » (Mt 25, 40). Nous regardons avec espoir les groupes de prière et les mouvements apostoliques. Ils sont des écoles d'approfondissement de la foi pour la vivre dans la famille et la société. Nous apprécions 5 leurs activités dans les paroisses et les diocèses et leur soutien aux pasteurs en conformité avec les directives de l'Église. Nous remercions Dieu pour ces groupes et ces mouvements, cellules actives dans la paroisse et pépinières pour les vocations sacerdotales et religieuses. Nous apprécions le rôle des moyens de communication écrite et audio-visuelle. Nous vous remercions, vous les journalistes, pour votre collaboration avec l'Église dans la diffusion de ses enseignements et dans ses activités, et en ces jours pour avoir couvert les nouvelles de l'Assemblée du Synode sur le Moyen-Orient dans toutes les parties du monde. Nous nous félicitons de la contribution des médias internationaux et catholiques. Pour le Moyen-Orient, mérite une mention particulière le canal de Télé Lumière-Noursat. Nous espérons qu’il puisse continuer son service d’information et de formation à la foi, son travail pour l’unité chrétienne, la consolidation de la présence chrétienne en Orient, le renforcement du dialogue interreligieux, et la communion entre les Orientaux répandus dans tous les continents. À nos fidèles dans la diaspora 5. L’émigration est devenue un phénomène général. Le chrétien, le musulman et le juif émigrent, et pour les mêmes causes provenant de l’instabilité politique et économique. En outre, le chrétien commence à se sentir dans l’insécurité, bien qu’à des degrés divers, dans les pays du Moyen-Orient. Que les chrétiens aient confiance dans l’avenir et continuent à vivre dans leurs chers pays. Nous vous saluons, bien-aimés fidèles, dans vos différents pays de la diaspora. Nous demandons à Dieu de vous bénir. Nous vous demandons de garder le souvenir de vos patries et de vos Églises vivant dans vos cœurs et vos préoccupations. Vous pouvez contribuer à leur évolution et à leur croissance par vos prières, votre pensée, vos visites, et par divers moyens, même si vous en êtes loin. Gardez les biens et les terres que vous avez dans la patrie, ne vous hâtez pas à les abandonner et à les vendre. Gardez-les comme patrimoine pour vous et comme un morceau de la patrie à laquelle vous restez attachés, que vous aimez et soutenez. La terre fait partie de l’identité de la personne et de sa mission ; elle est un espace vital pour ceux qui y restent et pour ceux qui, un jour, y retourneront. La terre est un bien public, un bien de la communauté, un patrimoine commun. Elle ne saurait être réduite à des intérêts individuels, de la part de celui qui la possède et qui seul décide à son gré de la garder ou de l’abandonner. Nous vous accompagnons de nos prières, vous les enfants de nos Églises et de nos pays, forcés à émigrer. Portez avec vous votre foi, votre culture et votre patrimoine, afin d’enrichir vos nouvelles patries qui vous procurent paix, liberté et travail. Regardez l’avenir avec confiance et joie. Restez toujours attachés à vos valeurs spirituelles, à vos traditions culturelles et à votre patrimoine national, afin d’offrir aux pays qui vous ont accueillis le meilleur de vous-mêmes et le meilleur de ce que vous avez. Nous remercions les Églises des pays de la diaspora qui ont accueilli nos fidèles et qui ne cessent de collaborer avec nous pour leur assurer le service pastoral nécessaire. Aux migrants dans nos pays et nos Églises 6. Nous saluons tous les immigrés, de diverses nationalités, venus dans nos pays pour raison de 6 travail. Nous vous accueillons, bien-aimés fidèles, et nous voyons en votre foi un enrichissement et un soutien à la foi de nos fidèles. C’est avec joie que nous vous procurerons toute l’aide spirituelle dont vous avez besoin. Nous demandons à nos Églises de prêter une attention spéciale à ces frères et sœurs et à leurs difficultés, quelle que soit leur religion, surtout lorsqu’ils sont exposés à des atteintes à leurs droits et à leur dignité. Car ils viennent chez nous non seulement pour trouver les moyens de vivre, mais aussi pour procurer des services dont nos pays ont besoin. Ils tiennent leur dignité de Dieu et, comme toute personne humaine, ils ont des droits qu’il faut respecter. Il n’est permis à personne d’y porter atteinte. C’est pourquoi nous invitons les gouvernements des pays d’accueil à respecter et à défendre leurs droits. III. Communion et témoignage avec les Églises orthodoxes et les Communautés évangéliques au Moyen-Orient 7. Nous saluons les Églises orthodoxes et les Communautés évangéliques en nos pays. Ensemble nous travaillons pour le bien des chrétiens, pour qu’ils restent, croissent et prospèrent. Nous sommes sur la même route. Nos défis sont les mêmes et notre avenir est le même. Nous voulons porter ensemble le témoignage comme disciples du Christ. C’est uniquement par notre unité que nous pouvons accomplir la mission que Dieu nous a confiée à tous, malgré la diversité de nos Églises. La prière du Christ est notre soutien, et c’est le commandement de l’amour qui nous unit, même si la route vers la pleine communion reste encore longue devant nous. Nous avons marché ensemble dans le Conseil des Églises du Moyen-Orient, et nous voulons continuer cette marche avec la grâce de Dieu et promouvoir son action, ayant comme but ultime le témoignage commun à notre foi, le service de nos fidèles et de tous nos pays. Nous saluons et nous encourageons toutes les instances de dialogue œcuménique dans chacun de nos pays. Nous exprimons notre gratitude au Conseil Œcuménique des Églises et aux diverses organisations œcuméniques qui travaillent pour l’unité des Églises et pour leur soutien. IV. Coopération et dialogue avec nos concitoyens juifs 8. La même Écriture Sainte nous unit, l’Ancien Testament, qui est la Parole de Dieu à vous et à nous. Nous croyons en tout ce que Dieu y a révélé, depuis qu’il a appelé Abraham, notre père commun dans la foi, père des juifs, des chrétiens et des musulmans. Nous croyons dans les promesses de Dieu et son alliance données à lui et à vous. Nous croyons que la Parole de Dieu est éternelle. Le Concile Vatican II a publié le document Nostra aetate, concernant le dialogue avec les religions, avec le judaïsme, l’islam et les autres religions. D’autres documents ont précisé et développé par la suite les relations avec le judaïsme. Il y a d’autre part un dialogue continu entre l’Église et des représentants du judaïsme. Nous espérons que ce dialogue puisse nous conduire à agir auprès des responsables pour mettre fin au conflit politique qui ne cesse de nous séparer et de perturber la vie de nos pays. Il est temps de nous engager ensemble pour une paix sincère, juste et définitive. Tout deux sommes interpelés par la Parole de Dieu. Elle nous invite à entendre la voix de Dieu « qui parle 7 de paix » : « J’écoute. Que dit Dieu ? Ce que Dieu dit c’est la paix pour son peuple et ses amis » (Ps 85, 9). Il n’est pas permis de recourir à des positions bibliques et théologiques pour en faire un instrument pour justifier les injustices. Au contraire le recours à la religion doit porter toute personne à voir le visage de Dieu dans l’autre, et le traiter selon les attributs de Dieu et selon ses commandements, c’est-à-dire selon la bonté de Dieu, sa justice, sa miséricorde et son amour pour nous. V. Coopération et dialogue avec nos concitoyens musulmans 9. Nous sommes unis par la foi en un Dieu unique et par le commandement qui dit : fais le bien et évite le mal. Les paroles du Concile Vatican II sur les rapports avec les religions posent les bases des relations entre l’Église catholique et les musulmans : « L’Église regarde avec estime les musulmans qui adorent le Dieu un, vivant […] miséricordieux et tout-puissant, qui a parlé aux hommes » (Nostra aetate 3). Nous disons à nos concitoyens musulmans : nous sommes frères et Dieu nous veut ensemble, unis dans la foi en Dieu et par le double commandement de l’amour de Dieu et du prochain. Ensemble, nous construirons nos sociétés civiles sur la citoyenneté, la liberté religieuse et la liberté de conscience. Ensemble, nous travaillerons pour promouvoir la justice, la paix, les droits de l’homme et les valeurs de la vie et de la famille. Notre responsabilité est commune dans la construction de nos patries. Nous voulons offrir à l’Orient et à l’Occident un modèle de convivialité entre les différentes religions et de collaboration positive entre les diverses civilisations, pour le bien de nos patries et celui de toute l’humanité. Depuis la parution de l’islam au VIIe siècle et jusqu’à aujourd’hui, nous avons vécu ensemble, et nous avons collaboré à la création de notre civilisation commune. Il est arrivé par le passé, comme cela arrive aujourd’hui encore, quelques déséquilibres dans nos rapports. Par le dialogue, nous devons écarter tout déséquilibre ou malentendu. Le Pape Benoît XVI nous dit que notre dialogue ne peut pas être une réalité passagère. Il est plutôt une nécessité vitale dont dépend notre avenir. (cf. Discours aux représentants des communautés musulmanes à Cologne, 20.8.2005). Il est donc de notre devoir d’éduquer les croyants au dialogue interreligieux, à l’acceptation du pluralisme, au respect et à l’estime réciproques. VI. Notre participation à la vie publique : appels aux gouvernements et aux responsables politiques de nos pays 10. Nous apprécions les efforts que vous déployez pour le bien commun et le service de nos sociétés. Nous vous accompagnons de nos prières et nous demandons à Dieu de guider vos pas. Nous nous adressons à vous au sujet de l’importance de l’égalité entre les citoyens. Les chrétiens sont des citoyens originels et authentiques, loyaux à leurs patries et s’acquittant de tous leurs devoirs nationaux. Il est naturel qu’ils puissent jouir de tous les droits de la citoyenneté, de la liberté de conscience et de culte, de la liberté dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement et dans l’usage des moyens de communication. Nous vous demandons de redoubler d’efforts que vous déployez pour établir une paix juste et durable dans toute la région, et pour arrêter la course à l’armement, ce qui mènera à la sécurité et à la prospérité économique, arrêtera l’hémorragie de l’émigration qui vide nos pays de ses forces vives. La paix est un don précieux que Dieu a confié aux hommes et ce sont les « artisans de paix qui seront appelés les fils de Dieu » (Mt 5, 9). 8 VII. Appel à la communauté internationale 11. Les citoyens des pays du Moyen-Orient interpellent la communauté internationale, en particulier l’O.N.U., pour qu’elle travaille sincèrement à une solution de paix juste et définitive dans la région, et cela par l’application des résolutions du Conseil de Sécurité et la prise des mesures juridiques nécessaires pour mettre fin à l’occupation des différents territoires arabes. Le peuple palestinien pourra ainsi avoir une patrie indépendante et souveraine et y vivre dans la dignité et la stabilité. L’État d’Israël pourra jouir de la paix et de la sécurité au-dedans des frontières internationalement reconnues. La Ville Sainte de Jérusalem pourra obtenir le statut juste qui respectera son caractère particulier, sa sainteté et son patrimoine religieux, pour chacune des trois religions juive, chrétienne et musulmane. Nous espérons que la solution des deux États devienne une réalité et ne reste pas un simple rêve. L’Irak pourra mettre fin aux conséquences de la guerre meurtrière et rétablir la sécurité qui protègera tous ses citoyens avec toutes leurs composantes sociales, religieuses et nationales. Le Liban pourra jouir de sa souveraineté sur tout son territoire, fortifier son unité nationale et continuer sa vocation à être le modèle de la convivialité entre chrétiens et musulmans, par le dialogue des cultures et des religions et la promotion des libertés publiques. Nous condamnons la violence et le terrorisme d’où qu’ils viennent et tout extrémisme religieux. Nous condamnons toute forme de racisme, l’antisémitisme, l’antichristianisme et l’islamophobie, et nous appelons les religions à assumer leurs responsabilités dans la promotion du dialogue des cultures et des civilisations dans notre région et dans le monde entier. Conclusion: Continuer à témoigner de la vie divine qui nous est apparue dans la personne de Jésus 12. En conclusion, Frères et Sœurs, nous vous disons avec l’apôtre Saint Jean dans sa première épître : « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie - car la vie s’est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue – ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous. Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ » (1Jn 1, 1-3). Cette Vie divine qui s’est manifestée aux apôtres il y a deux mille ans dans la personne de Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, de laquelle l’Église a vécu et à laquelle elle a témoigné au cours de son histoire, demeurera toujours la vie de nos Églises au Moyen-Orient et l’objet de notre témoignage. Soutenus par la promesse du Seigneur : « voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20), nous poursuivrons ensemble notre chemin dans l’espérance, « et l’espérance ne déçoit pas parce que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné » (Rm 5, 5). Nous confessons que nous n’avons pas fait, jusqu’à maintenant, tout notre possible pour mieux vivre la communion entre nos communautés. Nous n’avons pas suffisamment fait pour vous confirmer dans la foi et vous donner la nourriture spirituelle dont vous avez besoin dans vos 9 difficultés. Le Seigneur nous invite à une conversion personnelle et collective. Aujourd’hui, nous retournons à vous pleins d’espoir, de force et de détermination, portant avec nous le message du Synode et ses recommandations, afin de les étudier ensemble et de les appliquer dans nos Églises, chacun selon son état. Nous espérons aussi que ce nouvel effort soit œcuménique. Nous vous adressons cet humble et sincère appel afin qu’ensemble nous commencions un chemin de conversion, pour nous laisser renouveler par la grâce de l’Esprit-Saint et revenir à Dieu. À la Très Sainte Vierge Marie, Mère de l’Église et Reine de la paix, sous la protection de laquelle nous avons mis nos travaux synodaux, nous confions notre marche vers de nouveaux horizons chrétiens et humains, dans la foi au Christ et par la force de sa parole : « voici je fais toutes choses nouvelles » (Ap 21, 5). [00208-03.06] [NNNNN] [Texte original: arabe] 25 - 23.10.2010 - LISTE FINALE DES PROPOSITIONS Par bienveillante décision du Saint-Père Benoît XVI, la Secrétairerie générale du Synode des Évêques est autorisée à publier la version non officielle des Propositions de la Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Évêques sur le thème L'Eglise catholique au Moyen-Orient: communion et témoignage. “La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme” (Ac 4, 32). Nous publions, ci-dessous, cette version provisoire, officieuse et non officielle en français. LISTE FINALE DES PROPOSITIONS INTRODUCTIO Propositio 1 Documentation présentée au Pontife Suprême Les Pères synodaux soumettent à l’attention du Souverain Pontife la documentation relative au Synode sur « L’Église catholique au Moyen-Orient: communion et témoignage. “La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme” (Ac 4,32)», à savoir les “Lineamenta”, l’ “Instrumentum laboris”, les Rapports “ante” et “post disceptationem”, les textes des interventions, tant ceux présentés en salle que ceux “in scriptis”, et surtout des propositions concrètes que les Pères considèrent d’une importance capitale. Les Pères demandent humblement au Saint-Père de juger de l’opportunité de publier un document sur communion et témoignage dans l’Église au Moyen-Orient. Propositio 2 La Parole de Dieu 10 La Parole de Dieu est l’âme et le fondement de toute la pastorale, on souhaite que chaque famille ait une Bible. Les Pères du Synode encouragent la lecture et la méditation quotidienne de la Parole de Dieu, spécialement la lectio divina, la création d’un site Internet biblique, avec explications et commentaires catholiques à la portée des fidèles, la préparation d’un livret d’introduction à la Bible, Ancien et Nouveau Testament, avec une méthode facile de lire la Bible. Ils encouragent aussi les diocèses et les paroisses à promouvoir des sessions bibliques où l’on médite et explique la Parole de Dieu afin de répondre aux questions des fidèles, en vue de créer chez eux une familiarité avec les Écritures, un approfondissement de la spiritualité et un engagement à l’apostolat et à la mission. Propositio 3 Pastorale biblique Les Pères synodaux recommandent de travailler pour mettre l’Écriture Sainte avec ses deux Testaments, au centre de notre vie chrétienne, et cela par l’encouragement de son annonce, sa lecture, sa méditation, son interprétation christocentrique et sa célébration liturgique, à l’exemple de la première communauté chrétienne. On propose qu’une année biblique soit proclamée, après une préparation adéquate, et qu’elle soit suivie par une semaine annuelle de la Bible. I. LA PRÉSENCE CHRÉTIENNE AU MOYEN-ORIENT Propositio 4 Identité des églises catholiques en Orient Au milieu d’un monde marqué par les divisions et les positions extrêmes, nous sommes appelés à vivre en Église de communion, restant ouverts à tous, sans tomber dans le confessionnalisme. Nous serons capables de le faire si nous restons fidèles à notre riche patrimoine historique, liturgique, patristique et spirituel, ainsi qu'aux enseignements du Concile Vatican II et aux normes et structures du Code des canons des Églises Orientales (CCEO), du Code de Droit Canonique (CIC) et des droits particuliers des Eglises. Propositio 5 Partage de la Croix Tout en dénonçant, comme tout homme, la persécution et la violence, le chrétien se rappelle qu’être chrétien comporte le partage de la croix du Christ. Le disciple n’est pas plus grand que son maître (cf. Mt 10, 24). Il se rappelle la béatitude des persécutés pour la justice qui auront le Royaume en héritage (cf. Mt 5, 10). La persécution doit cependant éveiller la conscience des chrétiens dans le monde à une plus grande solidarité. Elle doit aussi susciter l’engagement à réclamer et à soutenir le droit international et le respect de toutes les personnes et de tous les peuples. Il faudra attirer l’attention du monde entier sur la situation dramatique de certaines communautés chrétiennes au Moyen-Orient, qui souffrent de toutes sortes de difficultés, allant parfois jusqu’au martyre. Il faut aussi demander aux instances nationales et internationales un effort spécial pour mettre fin à cette situation de tension, en rétablissant la justice et la paix. 11 Propositio 6 La Terre Vu que l’attachement à la terre natale est un élément essentiel de l’identité des personnes et des peuples et que la terre est un espace de liberté, nous exhortons nos fidèles et nos communautés ecclésiales à ne pas céder à la tentation de vendre leurs propriétés immobilières. Pour aider les chrétiens à garder leurs terres ou à en acquérir de nouvelles, dans les situations économiques difficiles, nous proposons par exemple la création de projets chargés de les faire fructifier, pour permettre aux propriétaires de demeurer chez eux dignement et essayer de récupérer ceux qui sont perdus et confisqués. Cet effort doit s’accompagner d’une réflexion en profondeur sur le sens de la présence et de la vocation chrétienne au Moyen-Orient. Propositio 7 Gestion des biens Afin d'assurer la transparence, il est nécessaire d’appliquer un système d’audit dans les affaires financières de l’Église, en distinguant clairement ce qui lui appartient et ce qui est propre à son personnel. De même, il faut préserver les propriétés et les biens de l’Église et de ses institutions. Propositio 8 Encourager le pèlerinage L’Orient fut la terre de la Révélation biblique. Très tôt, cette région devint but de pèlerinage sur les pas d’Abraham en Irak, sur les pas de Moïse en Égypte et au Sinaï, sur les pas de Jésus en Terre Sainte (Égypte, Israël, Palestine, Jordanie, Liban), sur les pas de saint Paul, des Eglises des Actes des Apôtres et de l’Apocalypse (Syrie, Chypre, Turquie). Le pèlerinage aux Lieux Saints a été encouragé par les Souverains Pontifes. Il est l’occasion d’une catéchèse approfondie, par un retour aux sources. Il permet de découvrir la richesse des Églises d’Orient, de rencontrer et encourager les communautés chrétiennes locales, pierres vivantes de l’Église. Propositio 9 Paix Nos Églises s’engagent à prier et à œuvrer pour la justice et la paix au Moyen-Orient, et appellent à la purification de la mémoire, et à favoriser le langage de la paix et l’espérance, plutôt que celui de la peur et de la violence. Elles appelleront les autorités civiles responsables à appliquer les résolutions des Nations-Unies concernant la région, en particulier le retour des réfugiés et le statut de Jérusalem et des Lieux Saints. Propositio 10 Consolider la présence des chrétiens Nos Églises doivent créer un bureau ou une commission chargée de l'étude du phénomène migratoire et de ses motivations pour trouver les moyens de le contrecarrer. Elles feront tout ce qui est possible pour consolider la présence des chrétiens dans leurs patries, et cela spécialement à travers des projets de développement, pour limiter le phénomène de la migration. Propositio 11 12 La Pastorale de l'émigration La présence de nombreux chrétiens d’Orient sur tous les continents interpelle les Églises pour une pastorale spécifique de l’émigration: 1. Les évêques de l’émigration visiteront les séminaires du Moyen-Orient pour exposer la situation et les besoins de leurs éparchies. 2. Formation des séminaristes à un esprit missionnaire, en les ouvrant sur les différentes cultures. 3. Préparation et accompagnement des prêtres envoyés en mission en dehors du territoire patriarcal. 4. Promotion d’une pastorale des vocations dans les communautés en dehors du territoire patriarcal. 5. Envoi de prêtres et établissement d’éparchies propres, là où les besoins pastoraux le requièrent, selon les normes canoniques. Propositio 12 Émigration et solidarité 1. Éveiller et renforcer chez les émigrés le sens de la solidarité et du partage avec les pays d’origine, en contribuant aux projets pastoraux ainsi qu'au développement culturel, éducatif, social et économique. 2. Éduquer les chrétiens de l’émigration à garder la fidélité à la tradition de leurs origines. 3. Renforcer les liens de communion entre les émigrés et l’Église de provenance. Propositio 13 Émigration-Formation On recommande que les Églises d’accueil, dans leurs normes et pratiques sacramentaires et administratives, connaissent et respectent la théologie, les traditions et les patrimoines orientaux. Ceci favorisera la collaboration avec les Églises orientales présentes dans les pays d’émigration, dans la formation et la pastorale de leurs fidèles. Propositio 14 Immigration La situation des travailleurs immigrés au Moyen-Orient, chrétiens et non chrétiens, surtout les femmes, nous concerne au plus haut degré. Certains d’entre eux se trouvent dans des situations difficiles ou portant atteinte à leur dignité. Nous appelons les synodes patriarcaux et les conférences épiscopales, les institutions caritatives catholiques, notamment Caritas, les chefs politiques, ainsi que tous les hommes de bonne volonté, à faire tout ce qui relève de leurs compétences, pour que les droits fondamentaux des immigrés, reconnus par le droit international, soient respectés, quelles que soient la nationalité et la religion des immigrés, et pour les aider aux plans juridique, social et humain. Nos Églises doivent veiller à leur assurer l’assistance spirituelle nécessaire comme signe d’hospitalité chrétienne et de communion ecclésiale. Propositio 15 Églises d'accueil Pour un meilleur accueil et accompagnement des immigrés au Moyen-Orient, les Églises de 13 provenance sont appelées à établir des contacts réguliers avec les Églises d’accueil, qui les aideront à avoir les structures nécessaires : paroisses, écoles, centres de rencontres et autres. II. LA COMMUNION ECCLÉSIALE A. Communion au sein de l'Eglise catholique (ad intra) Propositio 16 La communion au sein de l’Eglise catholique «La sainte Église catholique qui est le Corps mystique du Christ, est composée des fidèles qui sont organiquement unis dans l’Esprit Saint par la même foi, les mêmes sacrements et le même gouvernement, et qui, en se fondant en diverses communautés dont la cohésion est assurée par la hiérarchie, constituent des Églises particulières ou rites. Entre ces Églises existe une admirable communion, de sorte que la diversité dans l’Église, loin de nuire à son unité, la met en valeur» (OE, n. 2). Pour consolider cette communion, nous recommandons de: 1.Créer une commission de coopération entre les hiérarques catholiques du Moyen-Orient, chargée de promouvoir des stratégies pastorales communes, une connaissance réciproque des traditions, des instituts inter-rituels, des organismes de charité communs. 2. Organiser des rencontres périodiques et régulières entre les hiérarchies catholiques du Moyen-Orient. 3.Pratiquer une solidarité matérielle entre les diocèses riches et les moins riches. 4.Créer pour les prêtres une association sacerdotale Fidei Donum pour favoriser l’entraide entre éparchies et Églises. Propositio 17 Les nouveaux mouvements ecclésiaux Plusieurs Pères reconnaissent que les nouveaux mouvements ecclésiaux de tradition occidentale, de plus en plus présents dans les Églises du Moyen-Orient, sont un don de l’Esprit à l’Église entière. Afin que ces mouvements soient reçus comme un charisme pour l’édification de l’Église, il incombe aux membres de ces mouvements de vivre leur charisme propre en tenant compte de la culture, de l’histoire, de la liturgie et de la spiritualité de l’Église locale. Pour atteindre cet objectif, ces mouvements sont priés instamment d’œuvrer en union avec l’évêque du lieu, et selon ses directives pastorales. Il serait souhaitable que la hiérarchie catholique dans chaque pays du Moyen-Orient ait une position pastorale commune vis-à-vis des mouvements en question, de leur insertion et de leur activité pastorale. Propositio 18 La juridiction des patriarches En dehors du territoire patriarcal, pour maintenir la communion des fidèles orientaux avec leurs Églises patriarcales, et leur assurer un service pastoral adapté, il est souhaitable que la question de l’extension de la juridiction des Patriarches orientaux aux personnes de leurs Églises partout dans le monde soit étudiée en vue de mesures adaptées. Propositio 19 Situation des fidèles catholiques dans les pays du Golfe 14 Dans un esprit de communion et pour le bien des fidèles, il serait souhaitable de former une commission regroupant des représentants des Dicastères compétents, des vicaires apostoliques de la région et des représentants des Églises sui iuris intéressées, qui serait chargée d’étudier la situation des fidèles catholiques dans les pays du Golfe, ainsi que la juridiction ecclésiastique, et de proposer au Saint-Siège les solutions qu’il jugera utiles pour favoriser l’action pastorale. Propositio 20 Pastorale des vocations La pastorale des vocations suppose: - de prier pour les vocations en famille, en paroisse, etc. -de promouvoir la vie chrétienne dans les familles en vue de favoriser l'éclosion des vocations. - de créer des comités de vocations dans chaque diocèse, qui englobent des prêtres, des religieux, des religieuses et des laïcs. Ces comités organisent des réunions pour les jeunes afin de leur exposer les diverses vocations dans l’Église en vue d'éclairer le discernement. - de concevoir un projet de formation spirituelle approfondie auprès des jeunes impliqués dans les mouvements ecclésiaux. - de sensibiliser les paroisses et les écoles aux dimensions des diverses vocations, sacerdotales, religieuses et laïques. - de maintenir ou d’établir des petits séminaires, là où c’est possible. - d’inviter les prêtres, les religieux et religieuses, à donner un témoignage cohérent entre leur vie et leurs paroles. - d’intensifier la communion ecclésiale sacerdotale, qui exige une ouverture aux différents besoins pastoraux des diocèses, pour répondre à leur manque de prêtres. - d’attirer les jeunes à la vie consacrée par l'exemple de vie spirituelle profonde, rayonnante et heureuse. Propositio 21 La langue arabe L’expérience du Synode pour le Moyen-Orient a mis en lumière l’importance de la langue arabe, surtout que celle-ci a contribué au développement de la pensée théologique et spirituelle de l’Église universelle, et plus précisément le patrimoine de la littérature arabe chrétienne. On propose d’intensifier l’usage de la langue arabe dans le cadre des institutions du Saint-Siège et de ses réunions officielles, afin que les chrétiens de culture arabe aient accès aux informations émanant du Saint-Siège dans leur langue maternelle. B. Communion entre évêques, clergé et fidèles Propositio 22 Subsistance du clergé Pour assurer au clergé une vie décente et une subsistance honorable, en particulier pour le troisième et le quatrième âge, il faudrait: 1. Mettre en place, conformément aux normes canoniques, un système de solidarité qui assure la même rémunération à tous les prêtres actifs et retraités. 2. En s’appuyant sur ce qui existe dans chaque pays, instituer un système de protection sociale qui devrait être étendu aux religieux et religieuses ainsi qu’aux épouses des prêtres mariés et à leurs enfants mineurs. 15 Propositio 23 Les prêtres mariés Le célibat ecclésiastique est estimé et apprécié toujours et partout dans l'Église catholique, en Orient comme en Occident. Toutefois, et afin d’assurer un service pastoral en faveur de nos fidèles, partout où ils vont, et de respecter les traditions orientales, il serait souhaitable d’étudier la possibilité d’avoir des prêtres mariés en dehors du territoire patriarcal. Propositio 24 Les laïcs Par le baptême, les laïcs participent à la triple fonction sacerdotale du Christ, ils deviennent prophètes, rois et prêtres. Le Concile œcuménique Vatican II a reconnu le rôle et la mission des laïcs dans son décret sur l'apostolat des laïcs ('Apostolicam Actuositatem'). Le Pape Jean-Paul II a convoqué un synode sur les laïcs et a publié l'Exhortation apostolique 'Christifideles laici' dans laquelle il exprime l'estime pour "la très importante collaboration apostolique que les fidèles laïcs, hommes et femmes, apportent à la vie de l'Eglise, par leurs charismes et par toute leur activité en faveur de l'évangélisation, de la sanctification et de l'animation chrétienne des réalités temporelles"(n. 23). Les Pères synodaux s'engagent dans la même ligne, d'autant plus qu'en Orient les laïcs ont toujours joué un rôle dans la vie de l'Eglise. Ils veulent leur faire une plus grande place dans la participation aux responsabilités de l'Eglise, les encourager à être apôtres dans leur milieu de vie et à témoigner du Christ dans le monde où ils vivent. Propositio 25 Formation des séminaristes Afin d’approfondir l’unité dans la diversité, les séminaristes devraient êtres formés chacun dans un séminaire de sa propre Église, tout en recevant sa formation théologique dans une faculté catholique commune. Dans certains lieux et pour des raisons pastorales et administratives, il est préférable aussi d’avoir un seul séminaire pour différentes Églises. Propositio 26 La vie consacrée La vie consacrée, apostolique, monastique et contemplative, est au cœur de l’Église. Les Pères synodaux manifestent une profonde gratitude envers les personnes consacrées pour leur témoignage évangélique. Ils font mémoire en particulier des martyrs d'hier et d'aujourd'hui. Ils demandent que la vie consacrée, renouvelée de façon adéquate, soit accueillie, encouragée et intégrée toujours davantage dans la vie et la mission de l’Église du Moyen-Orient. Nos Églises reconnaissent l’importance de la place des consacrées dans la société, en raison de leur témoignage de foi, de leur service désintéressé et de leur apport précieux au « dialogue de vie ». Propositio 27 Les femmes et les enfants Nos Églises prendront les moyens adaptés pour encourager et renforcer le respect, la dignité, le rôle et les droits de la femme. Le dévouement compétent et généreux des femmes au service de la vie, de la famille, de l’éducation et des soins de santé doit être hautement apprécié. Nos 16 Églises favoriseront leur intégration et leur participation à la pastorale. Les enfants sont le couronnement du mariage et un don spécial pour le monde. L'Église catholique et les parents catholiques ont toujours montré un intérêt particulier concernant la santé et l'éducation de tous les enfants. Tout effort devrait être fait pour sauvegarder et promouvoir le respect de leurs droits humains innés à partir du moment de la conception, pour leur assurer les soins de la santé et une éducation chrétienne. C. Communion avec les Églises et les Communautés ecclésiales (ad extra) Propositio 28 Œcuménisme L’unité entre tous les disciples du Christ au Moyen-Orient est avant tout l’œuvre de l’Esprit Saint. Elle est à rechercher dans un esprit de prière, de conversion du cœur, de respect, de persévérance et d’amour, loin de toute méfiance, crainte ou préjugés qui constituent des obstacles à l’unité. Nous souhaitons voir nos Églises renouveler leur engagement œcuménique à travers des initiatives pratiques: - Soutenir le Conseil des Églises du Moyen-Orient - Assurer une formation à l’esprit œcuménique dans les paroisses, les écoles et les séminaires qui mettent en valeur les acquis du mouvement œcuménique - Appliquer les accords pastoraux conclus, là où ils existent - Organiser des rencontres entre fidèles et pasteurs pour la prière, la méditation de la Parole de Dieu et la collaboration dans tous les domaines - Adopter une traduction arabe commune du « Notre Père » et du Symbole de NicéeConstantinople - Œuvrer pour l’unification de la date de Noël et de Pâques Les Églises Orientales Catholiques, vivant la communion avec l’Église de Rome dans la fidélité à leurs traditions orientales, ont un rôle œcuménique important à jouer. Les Pères synodaux encouragent ces Églises à instaurer un dialogue œcuménique au niveau local. Ils recommandent aussi que les Églises orientales catholiques soient plus impliquées dans les commissions internationales du dialogue, dans la mesure du possible. Propositio 29 Fête des martyrs Instituer une fête commune annuelle des martyrs pour les Églises d’Orient et demander à chaque Église orientale d’établir une liste de ses propres martyrs, Témoins de la foi. III. LE TÉMOIGNAGE CHRÉTIEN TÉMOINS DE LA RÉSURRECTION ET DE L’AMOUR A. La formation chrétienne Propositio 30 Formation Pour répondre aux besoins d’une formation de foi vivante des adultes, nos Églises du MoyenOrient proposent la création de centres de catéchèse, là où il n’y en pas. Il est nécessaire d’insister sur la formation permanente et sur la collaboration entre différentes Églises au niveau des laïcs, des séminaires et des universités. Il faudrait que tous ces centres soient ouverts à toutes les Églises. Les catéchistes, en particulier, doivent être bien préparés pour une formation 17 adaptée qui tienne compte des problèmes et des défis actuels. Tout baptisé doit être prêt à rendre raison de sa foi en Jésus-Christ et à avoir le souci de proposer l’Évangile sans timidité, mais aussi sans provocation. La formation visera la célébration des mystères, le savoir, le vivre et l’agir. L’homélie doit être bien préparée basée sur la Parole de Dieu et liée à la vie. Il est important que la formation implique l’apprentissage aux techniques modernes et à la science des communications. Les laïcs ont à témoigner fermement du Christ dans la société. Les fondements pour devenir de tels témoins se trouvent dans les écoles catholiques qui sont reconnues depuis toujours comme les moyens les plus importants de l'éducation religieuse pour les catholiques et la formation sociale en vue de la compréhension mutuelle de tous les membres de la société. Au niveau universitaire, nous encourageons la création d’une association des institutions de formation supérieure, avec une attention particulière à la Doctrine sociale de l’Église. Propositio 31 Agents pastoraux Pour la formation de cadres et d’agents pastoraux dans les différents domaines, on propose de fonder et de développer des Centres de formation inter-ecclésiaux dans chaque pays. On recommande qu’ils utilisent les nouveaux moyens audio-visuels de communication. Le matériel produit devrait être disponible sur Internet et sur des DVD, pour permettre la plus grande diffusion avec les moindres dépenses. Propositio 32 Ecoles et institutions éducatives Catholiques Les Pères synodaux encouragent les écoles et les institutions éducatives catholiques à continuer à être fidèles à leur mission d’éducation des nouvelles générations à l’esprit du Christ et aux valeurs humaines et évangéliques, à consolider la culture de l’ouverture et de la convivialité, le souci et l’accueil des pauvres et de ceux qui souffrent de handicaps. En dépit des difficultés, les Pères les invitent à maintenir la mission éducatrice de l’Eglise et à promouvoir le développement des jeunes, qui sont l'avenir de nos sociétés. On rappelle aux responsables la nécessité de soutenir ces institutions, vu l’importance de leur rôle pour le bien commun. Propositio 33 Media Les Pères synodaux ont relevé l’importance capitale des nouveaux moyens de communication pour la formation chrétienne au Moyen-Orient ainsi que pour l’annonce de la foi. Ils sont des réseaux de communication privilégiés pour propager l’enseignement de l’Église. Concrètement, les Pères synodaux recommandent d’aider et de soutenir par tous les moyens les structures déjà existantes dans ce domaine, telles que « Télé-lumière-Noursat », « la Voix de la Charité », et autres, afin qu’elles réalisent, dans un esprit ecclésial, les objectifs pour lesquels elles ont été créées. Certains ont même souhaité soutenir la création d’une cité médiatique pour Noursat régionale et internationale. Les Pères recommandent vivement aux responsables des structures audio-visuelles dans nos Églises: - Former une équipe spécialisée sur les plans théologique et technique. - Établir des programmes de formation biblique à usage pastoral. - Mettre un sous-titrage en turc et en persan à l’usage des chrétiens de Turquie et d’Iran. 18 Propositio 34 Mission Héritières d’un élan apostolique qui a porté la bonne nouvelle dans des terres lointaines, nos Églises Orientales Catholiques sont sollicitées de renouveler l’esprit missionnaire, dans la prière, par la formation et par l’envoi en mission. Elles sont interpellées par l’urgence missionnaire ad intra et ad extra. Propositio 35 La famille La famille, cellule de base et « église domestique », a besoin d’être accompagnée et soutenue dans ses problèmes et ses difficultés surtout dans les milieux urbains. Pour cela, il convient de renforcer les centres de préparation au mariage, les centres d'écoute et d'orientation, l’accompagnement spirituel et humain des jeunes foyers, le suivi pastoral des familles, surtout celles confrontées à des situations difficiles (conflits internes, handicap, drogue, etc …), et raviver la visite des Pasteurs aux familles ainsi que l’encouragement de la natalité et de la bonne éducation des enfants. Propositio 36 Jeunes « Les jeunes sont l'avenir de l'Eglise », disait Jean-Paul II. Sa Sainteté le Pape Benoît XVI continue à les encourager: « En dépit des difficultés, ne vous laissez pas décourager et ne renoncez pas à vos rêves ! Cultivez, au contraire, dans votre cœur de grands désirs de fraternité, de justice et de paix. L'avenir est entre les mains de ceux qui savent chercher et trouver de fortes raisons de vie et d'espérance » (Message pour la XXVème Journée Mondiale de la Jeunesse, n. 7, 28 mars 2010). En outre, il les appelle à être missionnaires et témoins dans leur société et dans leur milieu de vie. Il les engage à approfondir leur foi et leur connaissance de Jésus-Christ, leur idéal et leur modèle, pour participer avec lui au salut du monde. Les Pères synodaux s'engagent: - D'être à leur écoute pour répondre à leurs interrogations et à leurs besoins. - De leur assurer la formation spirituelle et théologique nécessaire, apte à les aider dans leur travail. - De construire avec eux les ponts de dialogue afin d'abattre les murs de division et de séparation dans les sociétés. - De mettre à contribution leur créativité et leur savoir faire, pour les mettre au service du Christ et des autres jeunes de leur âge et de leur société. Propositio 37 La Nouvelle évangélisation Nos Églises sont appelées à entrer dans la perspective de la Nouvelle évangélisation, en prenant en considération le contexte culturel et social dans lequel vit, travaille et agit l’homme d’aujourd’hui. Ceci exige une profonde conversion et un renouveau à la lumière de la Parole de Dieu et les sacrements, particulièrement la réconciliation et l’Eucharistie. Propositio 38 La Doctrine Sociale 19 Les Pères synodaux recommandent la diffusion de la Doctrine Sociale de l’Église, en général peu présente. Elle est partie intégrante de la formation de la foi. "Le Catéchisme de l’Église Catholique" et le "Compendium de la Doctrine Sociale de l’Église" sont des ressources importantes dans ce domaine. Les Pères synodaux recommandent que l’assemblée des évêques dans chaque pays, forme une commission épiscopale pour préparer et propager le discours social de l’Église, en se basant sur l’enseignement de l’Église, les positions du Saint-Siège concernant les problèmes actuels, et les circonstances réelles de chaque pays. Les Pères recommandent que les Églises orientales s’occupent des gens du troisième âge, des immigrés et des réfugiés avec leurs divers besoins sociaux, qu’elles prennent soin plus particulièrement des handicapés en leur créant des structures adéquates nécessaires et favorisent leur intégration dans la société. Dans la fidélité au Dieu Créateur, les chrétiens auront à cœur de protéger la nature et l’environnement. Ils appellent les gouvernements et tous les hommes de bonne volonté à unir leurs efforts en faveur de la sauvegarde de la création. B. La liturgie Propositio 39 Liturgie La richesse biblique et théologique des liturgies orientales est au service spirituel de l’Église universelle. Cependant, il serait important et utile de renouveler les textes et les célébrations liturgiques, là où il y a besoin, afin qu’ils répondent mieux aux besoins et aux attentes des fidèles sur la base d’une connaissance de plus en plus approfondie de la tradition et adaptée au langage d’aujourd’hui et aux catégories d’âge. C. Dialogue Interreligieux Propositio 40 Dialogue Interreligieux Les chrétiens du Moyen-Orient sont appelés à poursuivre le dialogue avec leurs concitoyens des autres religions, dialogue qui rapproche les esprits et les cœurs. Pour cela, ils sont invités, avec leurs partenaires, au renforcement du dialogue interreligieux, à la purification de la mémoire, au pardon mutuel du passé et à la recherche d’un meilleur avenir commun. Dans la vie de chaque jour, ils chercheront l’acceptation mutuelle malgré les différences, et œuvreront à édifier une société nouvelle où le pluralisme religieux est respecté et où le fanatisme et l’extrémisme seront exclus. Les Pères synodaux recommandent l’élaboration d’un plan de formation au dialogue, aussi bien dans les établissements d’enseignement que dans les séminaires et les noviciats, favorisant une culture de dialogue basée sur l'esprit de la solidarité. Propositio 41 Judaïsme Le judaïsme occupe une place de choix dans la déclaration ‘Nostra aetate’ du Concile Vatican II. Les initiatives de dialogue et de coopération avec les juifs sont à encourager, pour approfondir les valeurs humaines et religieuses, la liberté, la justice, la paix et la fraternité. La 20 lecture de l’Ancien Testament, et l’approfondissement des traditions du judaïsme aident à mieux connaître la religion juive. Nous refusons l’antisémitisme et l’antijudaïsme, en distinguant entre religion et politique. Propositio 42 Islam La Déclaration ‘Nostra aetate’ du Concile Vatican II, de même que les lettres pastorales des Patriarches Catholiques d'Orient, posent aussi le fondement des rapports de l’Église catholique avec les musulmans. Le Pape Benoît XVI a déclaré : « Le dialogue interreligieux et interculturel entre chrétiens et musulmans ne peut pas se réduire à un choix passager. C'est en effet une nécessité vitale, dont dépend en grande partie notre avenir » (Benoît XVI, 'Rencontre avec des représentants de communautés musulmanes', Cologne, 20.08.2005). Au Moyen-Orient, les chrétiens partagent avec les musulmans la même vie et le même destin. Ils édifient ensemble la société. Il est important de promouvoir la notion de citoyenneté, la dignité de la personne humaine, l’égalité des droits et des devoirs et la liberté religieuse comprenant la liberté du culte et la liberté de conscience. Les chrétiens du Moyen-Orient sont appelés à poursuivre le dialogue de vie fructueux avec les musulmans. Ils veilleront à avoir, à leur égard, un regard d’estime et d’amour, mettant de côté tout préjugé négatif. Ensemble, ils sont invités à découvrir leurs valeurs religieuses respectives. Ils offriront ainsi au monde l’image d’une rencontre positive et d’une collaboration fructueuse entre les croyants de ces religions, s’opposant ensemble à tout genre de fondamentalisme et de violence au nom de la religion. Conclusion Propositio 43 Suivi du synode Les Églises ayant participé au Synode sont appelées à prendre les moyens d’assurer le suivi du Synode, en collaboration avec le Conseil des Patriarches Catholiques d’Orient et les structures officielles des Églises concernées, et à impliquer plus les prêtres, les experts laïcs et religieux. Propositio 44 La Vierge Marie Marie, la Vierge de Nazareth, est le parfait modèle d'écoute de la Parole de Dieu, et fille bénie de notre terre. Dès le commencement de l'histoire chrétienne la réflexion théologique dans nos Églises d'Orient a contribué de façon décisive à définir Marie par le magnifique nom de 'Theotokos', Mère de Dieu. Dans les liturgies de toutes nos Églises, Marie occupe une place d'excellence et est entourée de l'affection de tout le peuple de Dieu. C'est cette fille de notre terre, que tous appellent bienheureuse, qui est à juste titre invoquée comme Mère de l'Église, surtout à partir du Concile Œcuménique Vatican II. Conscients des liens spéciaux qui, par dessein de Dieu, nous unissent à la Mère de Jésus, nous proposons que nos toutes Églises rassemblées confient, en un acte commun, tout le MoyenOrient à la protection de la Vierge Marie. [00209-03.02] [NNNNN] [Texte original: arabe] 21