BACCALAUREAT GENERAL SESSION 2006-2007 (FRANCE METROPOLITAINE) ENSEIGNEMENT SCIENTIFIQUE SERIE ES Durée de l’épreuve : 1h30 Coefficient : 2 Usage de la calculatrice non autorisé Vérifiez que votre sujet comporte bien 4 pages. L’élève traitera les questions des deux thèmes obligatoires étudiés pendant l’année. Pages1/4 THEME OBLIGATOIRE LA COMMUNICATION NERVEUSE Traitement de l’analgésie congénitale Document 1 L’analgésie congénitale * est une maladie très rare. Les personnes qui en sont atteintes sont partiellement ou totalement insensibles à la douleur. Elles subissent des brûlures graves, se blessent, se mordent la langue sans s’en rendre compte. N’ayant pas de système d’alarme, puisque ne percevant pas les douleurs périphériques ou internes, elles meurent à un âge précoce. Parmi les multiples causes invoquées, certaines concernent les transmissions synaptiques impliquées dans la douleur. En injectant de la naloxone qui est un analogue structural** de l’enképhaline***, à des personnes atteintes d’analgésie, on constate que le seuil de stimulation (intensité de stimulation la plus faible) nécessaire pour faire naître la douleur est diminué. D’après BELIN ISBN 2-7011-2885-4 *congénital : né avec ; se dit d’un caractère physique ou organique apporté en naissant (par opposition à acquis) **analogue structural : molécule de même configuration spatiale ***enképhaline : neurotransmetteur inhibant la transmission du message nociceptif Vésicule présynaptique renfermant de l’enképhaline Document 2 Fente synaptique Axone Axone Bouton Bouton synaptique synaptique Terminaison d’un interneurone de la moelle épinière Membrane postsynaptique riche en récepteurs à enképhalines ZOOM Cellule postsynaptique Neurone nociceptif médulaire relié au cortex cérébral de la perception douloureuse Neurone postsynaptique Electronographie d’un contact synaptique médullaire (Microscope électronique à transmission. Grossissement : 75000) Page 2/4 Première question (10 points) L’hypothèse a été émise que la naloxone rétablit chez les malades la sensation de douleur en empêchant l’action de l’enképhaline. Saisir des informations 1) Recherchez dans les documents des arguments qui valident cette hypothèse. Mettre en relation des informations pour valider une hypothèse 2) Expliquez comment la naloxone agirait pour permettre aux malades de retrouver la sensation douloureuse. Deuxième question (10 points) Mobiliser des connaissances Présentez sous forme d’un schéma fonctionnel légendé le circuit neuronique du message « douleur » de la naissance au niveau d’un récepteur de la peau jusqu’aux centres nerveux supérieurs. Page 3/4 THEME OBLIGATOIRE DU GENOTYPE AU PHENOTYPE APPLICATIONS BIOTECHNOLOGIQUES Les gènes de l’obésité Depuis quelques années, on sait que les souris ayant les deux copies de leur gène ob mutées sont obèses. Normalement, ce gène code une « molécule de satiété », la leptine ; elle est produite dans le tissu adipeux. Quand la masse du tissu adipeux augmente trop, cette molécule agit sur un centre de la satiété* localisé dans le cerveau qui, en retour, inhibe l’appétit. Chez la souris, certaines obésités sont dues à des mutations du gène de la leptine (la molécule synthétisée est anormale donc inefficace). On a aussi montré que l’obésité résulte parfois de mutations du gène codant le récepteur de la leptine, localisé dans le cerveau ; dans ce cas, même si la molécule est normale et en quantité suffisante, elle est inefficace car son récepteur anormal ne transmet pas le signal de régulation pondérale**. A l’institut Cochin, des chercheurs ont trouvé chez trois personnes d’une même famille, une concentration anormalement faible en leptine. Le gène codant cette molécule contenait une mutation ponctuelle, et les trois personnes atteintes avaient les deux copies du gène ob mutées. Les autres membres des familles de ces personnes n’étaient pas obèses : elles avaient soit deux copies normales du gène ob, soit une seule copie mutée (la copie normale suffit alors à assurer une régulation pondérale normale). A l’institut Pasteur de Lille, des chercheurs ont trouvé chez trois sœurs obèses (pesant plus de 130 kilogrammes), dont le gène ob est normal, une mutation du gène du récepteur de la leptine. Cette anomalie génétique se traduit par une obésité précoce (13 ans et 19 ans) chez ces filles dont les deux copies du gène codant le récepteur de la leptine sont mutées. D'après : Les gènes de l’obésité. Extrait de Perspectives scientifiques « revue : Pour la science » n°247 mai 1998 *Satiété : Etat d’une personne complètement rassasiée (Manger, boire à satiété) **Pondéral : Relatif au poids Première question (10 points) Exploiter des documents Enoncez, en utilisant les informations du texte, les différentes origines génétiques de l’obésité chez l’homme (6points). Montrez qu’un même phénotype peut correspondre à plusieurs génotypes (4 points). Deuxième question (10 points) Mobiliser des connaissances Des transformations naturelles ou provoquées de l’information génétique peuvent modifier le phénotype. Exposez quelques conséquences et applications de ces modifications dans le domaine médical. Votre exposé correctement structuré ne doit pas dépasser une vingtaine de lignes Page4/4 CORRIGE : LA COMMUNICATION NERVEUSE Réponses attendues Traitement de l’analgésie congénitale : 10 points Question 1 : Partie I : Document 1 L’injection de naloxone diminue le seuil de stimulation nécessaire pour faire naître la douleur. La naloxone est une molécule qui possède un site chimique identique à la molécule d’enképhaline (= analogue structural). Document 2 Les neurones nociceptifs médullaires (postsynaptiques) présentent des contacts synaptiques avec des neurones à enképhaline : présence de vésicules présynaptiques contenant de l'enképhaline et de récepteurs spécifiques postsynaptiques. Partie II : D’après le document 1, Les personnes atteintes d’analgésie congénitale ne ressentent pas la douleur, ceci serait dû aux transmissions synaptiques impliquées dans la douleur. Or, d’après le document 2, la synapse impliquée dans le circuit de la douleur fonctionne avec un neurotransmetteur particulier : l’enképhaline. Il se trouve d’après le document 1 que pour diminuer le seuil de stimulation permettant la sensation de douleur, on injecte de la naloxone un analogue structural de l’enképhaline. La naloxone ayant la même configuration spatiale que l’enképhaline, elle peut donc agir à sa place au niveau de la synapse en se fixant sur les récepteurs à enképhaline présentés sur le document 2. En se fixant, elle va empêcher le rôle de l’enképhaline, c'est-à-dire l’inhibition du message nociceptif, puisque le seuil de stimulation entraînant la sensation de douleur diminue. On attend du candidat Barème Saisir des informations 2 De mettre en relation les informations apportées par les documents : -Mettre en relation la synapse du document 2 avec la synapse évoquée dans le document 1 -Mettre en évidence l’analogie structurale de l’enképhaline et de la naloxone et donc leur fixation sur le même récepteur de la synapse -Montrer que la naloxone empêche l’action de l’enképhaline 2 2 2 2 Le circuit neuronique du message « douleur » : 10 points Question 2 : -Fibre sensorielle avec extrémités sensorielles au niveau de la peau -Moelle épinière -avec ganglion contenant le corps cellulaire de la fibre sensorielle Un certain nombre de structures à représenter dans le schéma 4 -avec moelle épinière où s’établit une communication synaptique neurone nociceptif périphérique et le neurone médullaire nociceptif. -Neurone postsynaptique nociceptif avec axone vers le cerveau. -Propagation d’un message nerveux le long de la fibre sensorielle à la suite d’un stimulus nociceptif -Libération au niveau de la fente synaptique médullaire d’un neurotransmetteur de la douleur qui se fixe sur des récepteurs postsynaptiques spécifiques ; -Naissance d’un message nerveux au niveau du neurone postsynaptique; Actions (fonctionnalité du schéma) 4 Forme du schéma 2 -Conduction du message nerveux nociceptif par ce dernier jusqu’au cerveau. Titre et légendes CORRIGE : DU GENOTYPE AU PHENOTYPE Réponses attendues Origines génétiques de l’obésité : 10 points On attend du candidat Barème Question 1 : Partie I : Différentes origines génétiques de l’obésité chez l’homme (6points). Les différentes origines génétiques de l’obésité chez l’homme : - une anomalie du gène codant l’hormone de satiété (la leptine) : dans ce cas (manque de leptine), l’hypothalamus n’est pas stimulé et n’inhibe pas l’appétit. une anomalie du gène codant le récepteur de la leptine ; l’hormone de satiété est présente, mais ne peut agir : l’appétit n’est pas inhibé. Saisir des informations 3 3 Partie II : Un même phénotype peut correspondre à plusieurs génotypes (4 points). 2 2 Un même phénotype peut correspondre à plusieurs génotypes : Un individu non obèse peut être homozygote ou hétérozygote : Les transformations de l'information génétique : 10 points Question 2 : Notion de mutation : L’information génétique d’un être vivant peut être modifiée : Mobiliser des connaissances 4 par mutation du gène c’est à dire par modification spontanée de la séquence des nucléotides Notion de transgenèse : par transgénèse c’est à dire par introduction d’un gène (en provenance d’un autre individu de la même espèce ou d’une autre espèce) dans le génome de l’être vivant considéré. 4 Application de la transgénèse: production de nouvelles protéines (hormone de croissance, insuline…). 1 Diagnostic de certaines maladies : prédiction d’un phénotype à partir d’un génotype par détection de certains allèles ; diagnostic prénatal. Ouverture sur la portée et les limites, du point de vue scientifique, social et éthique. 1