Stress et conflits (2 p.)

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Stress et conflits
Stress, anglicisme, pour tension et contrainte, avec risque de cassure.
Issu du latin stringere, serrer, qui en français a donné étreinte et détresse.
Une personne se dit stressée lorsque subjectivement elle se sent sous pression ;
quand ce qu’on exige d’elle — ou ce qu’elle exige d’elle-même — est perçu
comme n’étant plus possible. Les signes du stress peuvent être similaires à ceux
rencontrés dans les états d’anxiété et de dépression. Un sentiment de surmenage
et d’impuissance s’associe à de l’appréhension, de l’inquiétude, des ruminations
et une perte de maîtrise de soi. La personne éprouve un mal-être mental qui se
complète peu à peu par des troubles physiques : difficultés de sommeil,
instabilité du rythme cardiaque et respiratoire, tremblements musculaires, mal
au bas du dos…
Le burn out, ou épuisement, apparaît quand, au cours d’un état de stress
prolongé, la personne atteint le bout de ses réserves d’énergie, que toutes ses
batteries sont épuisées. On évoque parfois le terme de break down, si le patient
se sent cassé, est anéanti, qu’il ne parvient plus à faire quoi que ce soit dans
aucun domaine et qu’apparaît une forme de dépression grave, avec des idées
suicidaires. Les professionnels de santé parlent de décompensation psychique
pour mettre l’accent sur l’incapacité du patient de mettre en œuvre ses réserves
de mécanismes d’adaptation.
Toute situation éprouvée comme une tension n’est pas synonyme de stress. Si la
personne est motivée, une surcharge temporaire de travail, même intense et
épuisante, se déroulera avec volonté et dynamisme. Il suffira généralement
d’une période de repos pour que la fatigue de l’effort soutenu s’envole.
Certaines personnes motivées parviennent à assumer une activité lourde et sous
pression car elles adhèrent aux valeurs véhiculées dans ce travail — par
exemple des valeurs matérialistes ou idéalistes, artistiques, politiques, sociales
et humanitaires. Cette valeur partagée constitue une protection efficace contre
les effets néfastes de la pression. Le stress s’installe donc quand on se sent
contraint d’évoluer au-delà de ses capacités et en désaccord avec sa vision
personnelle des choses — en contradiction avec ses valeurs intimes. Dans un
couple, par exemple, il y a du stress quand une acceptation réciproque des
aspirations de l’autre ne se met pas en place. Dans une famille, les adolescents
peuvent être stressés quand, systématiquement, les parents ne se montrent pas
capables de répondre aux besoins d’autonomie de leurs enfants et qu’ils font
preuve de trop de directivité ; ou au contraire, s’ils se révèlent incapables de
donner de l’aide, de l’encadrement et de la protection. Dans les métiers à
vocation humaniste, de la santé, de l’enseignement, de l’action sociale,
apparaissent des processus de stress si les exigences administratives qui
semblent parfois absurdes se multiplient et si des récriminations incessantes et
agressives, voire violentes, de la part des usagers détériorent le travail et
l’ambiance sur le terrain.
C’est dans le registre du relationnel, qui est incontournable dans la plupart des
activités humaines, que le risque de stress est réel. De multiples conflits
s’enlisent si une compréhension adéquate des situations de stress n’est pas
recherchée. Il faut tenir compte de ce que subissent les personnes mais aussi de
ce qu’individuellement, elles sont à même de réaliser, en raison de leur
personnalité. Une personne pathologiquement méfiante et méticuleuse sera en
permanence stressée par des travaux que d’autres accompliraient de manière
décontractée. De même, tout ce qui ressemblera à de l’autorité pourra être
source de stress chez une personne manquant d’estime de soi. Ces éventuels
traits de caractère pathologiques doivent être identifiés chez les patients
stressés.
In : L’ami Psy, écouter, comprendre et soigner la souffrance psychique.
Isy Pelc, Editions Psymédic, Bruxelles 2009.
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